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03/02/2024

Raphaël Glucksmann, l’imposture de la gauche du dollar

Glucksman.jpg“Si vous votez pour nous, nous soutiendrons l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Si vous êtes farouchement hostile à cette adhésion, je vous propose de voter pour la liste du RN”. Tels ont été les propos tenus par l’essayiste et eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann, il y a quelques semaines.

Le chef de file, fraîchement investi, de la liste socialiste aux élections européennes de juin 2024, ne fait ici que pousser encore un peu plus dans les bras de l’extrême-droite une classe travailleuse désabusée par cinquante ans de fuite de son industrie.

Alors que le PS vient de valider une fois de plus son investiture pour les Européennes, focus sur l’un des champions de la bourgeoisie progressiste de façade, mais foncièrement réactionnaire et belliqueuse, égérie de la gauche caviar, atlantiste et libéral.

Glucksmann le va-t-en-guerre

Celui qui avait soutenu en 2003 l’intervention criminelle de Bush en Irak avant de souffler pendant près de quatre ans à l’oreille du dictateur géorgien Mikhaïl Saakachvili n’en démord pas aujourd’hui. Raphaël Glucksmann continue, alors que la menace d’une généralisation des conflits pèse sur le Proche-Orient comme sur l’Europe, de prêcher un discours résolument belliqueux, aux antipodes de la désescalade que tous les progressistes européens se devraient de porter aux élections de juin.

Au sujet de la situation coloniale en Palestine et de la réponse meurtrière d’Israël aux attentats du 7 octobre, Raphaël Glucksmann a voté à Strasbourg, où il siège depuis 2019 : 

  • contre la qualification de “crimes de guerre” de la réponse armée d’Israël sur la bande de Gaza, ayant conduit à la mort de près de 26 000 Palestiniens, dont près de la moitié sont des enfants
  • contre la libération de 5 200 prisonniers politiques palestiniens, à commencer par 170 enfants placés en détention par Israël en dépit du droit international
  • contre l’utilisation de la notion d’apartheid pour qualifier la situation de ségrégation institutionnalisée que subissent les Palestiniens en Cisjordanie
  • contre le soutien à la procédure entamée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice, visant à faire cesser l’offensive israélienne
  • contre la condamnation de l’intervention américano-britannique au Yémen qui risque d’intensifier et de régionaliser le conflit.
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Prétendant que la défaite de la Russie en Ukraine est un “intérêt vital” pour l’Europe, Raphaël Glucksmann rabâche également en boucle sur tous les plateaux depuis 2022 qu’il est nécessaire de livrer des armes, et toujours plus d’armes à Kiev, faisant ainsi le plus grand bonheur des marchands de canons. Invité dans C à vous en février 2023, il affirmait que la guerre était une “obligation” pour l’Occident, qu’il fallait livrer “plus d’armes à l’Ukraine” afin d’atteindre “l’objectif stratégique de la défaite totale de Poutine”, balayant l’idée de pourparlers et d’accords de paix qui permettraient de mettre fin à l’hécatombe.

L’enlisement du conflit a déjà conduit à la mort de plusieurs dizaines de milliers de civils et de soldats ukrainiens comme russes. La jeunesse française, européenne et plus largement internationale ne souhaite pas mourir sur le front, dans le seul intérêt des oligarques et des magnats de l’armement. Face à la guerre, la désescalade devrait être une priorité pour la gauche européenne.

Raphaël Glucksmann souhaite enfin intégrer l’Ukraine ainsi que d’autres pays (notamment la Moldavie et la Géorgie) à l’Union européenne, risquant dès lors d’intensifier encore davantage les tensions avec la Russie, en plus de laisser envisager une catastrophe pour l’industrie française ayant déjà souffert de précédents élargissements (comme l’intégration de la Bulgarie en 2007, où le salaire minimum est de 332 € par mois).

Glucksmann l’euro-béat libéral

Au-delà de son agressivité géopolitique et de son atlantisme forcené, Raphaël Glucksmann, ancien membre du parti libertarien Alternative libérale et soutien de Nicolas Sarkozy, est un ambassadeur d’une Europe fédérale et capitaliste.

Raphaël Glucksmann est un fervent défenseur du “saut fédéral” européen. Il est donc partisan de la disparition progressive de notre souveraineté nationale au profit de Bruxelles et de sa doxa néolibérale, doxa qui tend à détruire toujours plus l’État social, comme elle a par exemple coulé notre fret ferroviaire cet été, à imposer l’union douanière, responsable de la fuite de notre industrie et du chômage de masse, et qui assomme notre économie avec ses règles budgétaires depuis Maastricht. 

Raphaël Glucksmann, dont Xavier Niel, fondateur de Free, prédit déjà un bon score aux élections de juin, n’hésite pas à inciter les opposants à l’élargissement de l’Union européenne, notamment à l’Ukraine, à voter pour Jordan Bardella. C’est un jeu dangereux auquel il s’adonne, participant à banaliser un Rassemblement National affiché favori par plusieurs sondages.

Il est nécessaire de rappeler que le salaire minimum en Ukraine est inférieur à 200 € par mois, que son intégration conduirait dès lors à une explosion du dumping social et des délocalisations, que l’agriculture ukrainienne capterait près de 25 % du montant actuel de la PAC (Politique agricole commune), à l’heure même où nos agriculteurs réclament la possibilité de pouvoir vivre de leur travail.

Entre l’intégration de l’Ukraine et l’extrême droite, il y a pourtant une voix, celle d’une gauche de classe, qui sera portée aux élections européennes par le candidat communiste Léon Deffontaines. Face aux propos de Glucksmann, celui-ci a rappelé l’exemple de la délocalisation de l’usine Whirlpool, dans sa ville natale, à Amiens, partie produire en Pologne, où la main d’œuvre y est près de deux fois moins chère. Ce scénario, permis par l’union douanière, avait conduit au licenciement de près de 600 salariés. En ironisant à propos de Glucksmann, le candidat communiste avait déclaré : “On est passé de la gauche caviar à la gauche du dollar.”

Glucksmann le candidat de salon

Héritier du “social”-libéralisme d’Hollande et du tournant de la rigueur, Raphaël Glucksmann incarne aujourd’hui une gauche déconnectée de la classe travailleuse, de ses aspirations à la paix et à la justice sociale, et qui ne s’adresse en finalité qu’à une frange “progressiste” de la bourgeoisie des centres-villes.

D’après plusieurs sources, 100% des 10 à 15 places éligibles de sa liste seraient occupées par des CSP+ tandis que le premier employé arriverait en 40ᵉ position. Trois quarts des candidats éligibles seraient également parisiens.

Raphaël Glucksmann se réclame d’une gauche dépassée, va-t-en-guerre et destructrice socialement. Son projet politique ne saurait contenter que la classe dominante et ses intérêts. Il incarne dès lors une rupture, non pas avec l’ordre social établi, mais avec l’histoire d’une gauche sociale et pacifiste. 

Le Parti socialiste, qui mime depuis près de deux ans un semblant de radicalité, au point de s’être quasiment effacé de la vie politique nationale derrière la figure de Jean-Luc Mélenchon, après avoir amené François Hollande (contre qui Olivier Faure n’a jamais frondé, soit dit en passant) à la tête de l’État, se trahit de nouveau aujourd’hui en envoyant aux élections européennes l’agent de Bruxelles et de Washington qu’est Raphaël Glucksmann.

Loin est l’époque de la SFIO de Jaurès, qui clamait que “le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.” En ce sens, le fondateur de L’Humanité avait bel et bien raison, puisque Raphaël Glucksmann n’a rien, ni de socialiste, ni de pacifiste.

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26/12/2023

Une IA découvre les premiers nouveaux antibiotiques depuis plus de 60 ans

IA Antibiotique.jpeg

Une nouvelle classe d'antibiotiques pour les bactéries "Staphylococcus aureus" résistantes aux médicaments (SARM) a été découverte en utilisant des modèles d'apprentissage profond plus transparents.

L'utilisation de l'intelligence artificielle (IA) est en train de changer la donne dans le domaine de la médecine. La technologie vient de permettre à des scientifiques de découvrir les premiers nouveaux antibiotiques depuis 60 ans.

Cette découverte d'un nouveau composé capable d'éliminer une bactérie résistante aux médicaments qui tue chaque année des milliers de personnes dans le monde pourrait marquer un tournant dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques.

"L'idée était d'évaluerla capacité des modèles à prédire que certaines molécules seraient de bons antibiotiques", déclare James Collins, professeur d'ingénierie médicale et de sciences au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et l'un des auteurs de l'étude, dans un communiqué.

"Notre travail fournit un cadre qui permet d'économiser du temps et des ressources et qui est capable d'analyser la composition, du point de vue de la structure chimique, d'une manière que nous n'avions pas jusqu'à présent".

Les résultats ont été publiés aujourd'hui dans Nature et cosignés par une équipe de 21 chercheurs.

L'étude vise à "ouvrir la boîte noire"

L'équipe à l'origine du projet a utilisé un modèle d'apprentissage profond ("deep learning") pour prédire l'activité et la toxicité du nouveau composé.

L'apprentissage profond implique l'utilisation de réseaux neuronaux artificiels, qui permettent à une IA d'apprendre et de découvrir de nouvelles idées à partir de données sans programmation explicite.

Il est de plus en plus souvent appliqué à la recherche médicale afin d'accélérer l'identification de médicaments candidats potentiels, de prédire leurs propriétés et d'optimiser leur processus de développement.

Dans le cas présent, les chercheurs se sont concentrés sur le staphylocoque doré résistant à la méthicilline (SARM).

Les infections à SARM peuvent aller d'infections cutanées bénignes à des affections plus graves et potentiellement mortelles telles que la pneumonie et les infections sanguines.

Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), près de 150 000 infections à SARM se produisent chaque année dans l'Union européenne et près de 35 000 personnes meurent chaque année dans l'Union d'infections résistantes aux antimicrobiens.

L'équipe de chercheurs du MIT a utilisé un modèle d'apprentissage profond considérablement élargi à l'aide d'un immense ensemble de données.

Pour créer les données d'entraînement,environ 39 000 composés ont été évalués pour leur activité antibiotique contre le SARM. Par la suite, les données résultantes et les détails concernant les structures chimiques des composés ont été introduits dans le modèle.

"Ce que nous avons voulu faire dans cette étude, c'est ouvrir la boîte noire. Ces modèles consistent en un très grand nombre de calculs qui imitent les connexions neuronales, et personne ne sait vraiment ce qui se passe sous le capot", déclare Felix Wong, chercheur postdoctoral au MIT et à Harvard et l'un des principaux auteurs de l'étude.

Découvrir un nouveau composé

Pour affiner la sélection des médicaments potentiels, les chercheurs ont utilisé trois autres modèles d'apprentissage profond. Ces modèles ont été entraînés à évaluer la toxicité des composés sur trois types distincts de cellules humaines.

En intégrant ces prédictions de toxicité à l'activité antimicrobienne précédemment déterminée, les chercheurs ont mis en évidence des composés capables de combattre efficacement les microbes avec un minimum de dommages pour le corps humain.

À l'aide de cet ensemble de modèles, environ 12 millions de composés disponibles dans le commerce ont été passés au crible.

Ces modèles ont permis d'identifier des composés appartenant à cinq catégories différentes, classées en fonction de sous-structures chimiques spécifiques au sein des molécules, qui manifestent un certain type d'activité contre le SARM.

Par la suite, les chercheurs ont acquis environ 280 de ces composés et les ont testés contre le SARM en laboratoire. Cette approche leur a permis d'identifier deux candidats antibiotiques prometteurs appartenant à la même classe.

Dans des expériences impliquant deux modèles de souris - l'un pour une infection cutanée à SARM et l'autre pour une infection systémique à SARM - chacun de ces composés a divisé par 10 la population de SARM dans les hôtes.

Source EuroNews

18:26 Publié dans Actualités, Planète, Science, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ia, antibiotique, santé | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

21/12/2023

Monsieur le Président, ne promulguez pas la loi immigration !

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À l’initiative de l’Humanité, des élus, des syndicalistes, des intellectuels et des artistes exhortent Emmanuel Macron à renoncer à une législation qui « fracture les fondements de la République, en instillant le poison xénophobe de la préférence nationale ».

À la dernière élection présidentielle, des millions de voix se sont reportées sur Emmanuel Macron au second tour pour faire barrage à Marine Le Pen. « Ce vote m’oblige », avait assuré le président élu. La loi immigration, véritable marchepied à l’idéologie nationaliste de l’extrême droite, est une trahison de cet engagement solennel pris devant les Français.

Soutenu par le RN, ce texte, adopté sans réel débat au Parlement, fracture le camp présidentiel mais, surtout, les fondements de notre République. En instillant le poison xénophobe de la préférence nationale, en remettant en cause le droit du sol, il bafoue les principes d’égalité et de non-discrimination, socle de notre démocratie fraternelle.

Cette loi de haine et de division fait peser une lourde menace sur le sort de nos semblables, étrangers ou immigrés, donc sur la cohésion de notre société. Elle ouvre la voie au pire.

Face à ce danger, nous, citoyennes et citoyens soucieux du vivre-ensemble, appelons le chef de l’État à se ressaisir. Ne promulguez pas ce texte de tous les dangers !

Les 150 premiers signataires

Steve Achiepo Cinéaste, Fleur Albert Cinéaste, Mustapha Amokrane et Hakim Amokrane Chanteurs et musiciens,Nassim Amaouche Réalisateur, Swann Arlaud Acteur, Marine Atlan cinéaste, Danielle Arbid Cinéaste, Martine Aubry Maire PS de Lille, Étienne Balibar Philosophe, Chloé Bégou Metteuse en scène et directrice artistique de la colonie Bakakaï, Antoine Barraud Cinéaste, Matthieu Bareyre Cinéaste, Faouzi Bensaïdi Cinéaste, Patrice Bessac Maire PCF de Montreuil, Sophie Binet Secrétaire générale de la CGT, Laurent Binet Écrivain, Thomas Bidegain Cinéaste, Manuel Bompard Coordinateur national de la France insoumise, Bertrand Bonello Cinéaste, Nicolas Boone Cinéaste, Lucie Borleteau Cinéaste, Nicolas Bouchaud Comédien, Céline Bozon Cheffe opératrice, Guillaume Brac Cinéaste, Rachida Brakni Actrice, Ian Brossat Sénateur communiste, Mikael Buch Cinéaste, Fanny Burdino Cinéaste, Rodolphe Burger musicien, Laure Calamy Actrice, Robin Campillo Cinéaste, Éric Cantona Acteur, Sorj Chalandon Écrivain, Patrick Chamoiseau Écrivain, Jeanne Champagne Metteuse en scène, André Chassaigne Président du groupe GDR à l’Assemblée nationale, Carole Chassaing Productrice, Cyrielle Chatelain Présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Régine Chopinot Chorégraphe, Hélier Cisterne Cinéaste, Romain Cogitore Cinéaste, Christophe Cognet Cinéaste, Pascal Convert artiste, Laurence Cordier Actrice, Cécile Cukierman Présidente groupe CRCE-K au Sénat, Didier D’Abreu Cinéaste, Jean-Pierre Darroussin Acteur, Léon Deffontaines Tête de liste du PCF aux élections européennes, Carole Delga Présidente PS de la région Occitanie, Caroline Deruas cinéaste, Alice Diop Cinéaste, Valérie Donzelli Cinéaste, Laetitia Dosch Actrice et réalisatrice, Grégory Doucet Maire écologiste de Lyon, Samuel Doux Cinéaste, Claire Doyon Cinéaste, Raphaëlle Doyon maîtresse de conférence Paris-8, Jeanne Dressen Réalisatrice, Cécile Duflot Directrice générale d’Oxfam France, Richard Dumy Metteur·euse en scène et acteur·ice et chercheur·euse, Karine Durance Attachée de presse cinéma, Simon Duteil Codélégué général de Solidaires, Annie Ernaux Écrivaine prix Nobel de littérature, Laurent Escure Secrétaire général de l’Unsa, Camille Étienne Activiste pour le climat, Elsa Faucillon Députée PCF, Olivier Faure Premier secrétaire du PS, Léa Filoche Co-coordinatrice de Génération·s, Marine Franssen Cinéaste, Hélène Frappat Écrivaine, Nathalie Garraud Directrice du centre dramatique national des 13 vents, Laurent Gaudé Écrivain, Fabien Gay Sénateur et directeur de l’Humanité, Lisa Giacchero Cinéaste, Guillaume Gontard Président du groupe écologiste au Sénat, Yann Gonzalez Cinéaste, Julien Gosselin Metteur en scène, Pascal Greggory Acteur, Faïza Guène Écrivaine, Murielle Guilbert Codéléguée générale de Solidaires, Rachid Hami Cinéaste, Bérénice Hamidi professeure Université Lyon 2, Benoît Hamon Directeur général de Singa, Ted Hardy-Carnac Cinéaste, Myriam Harir Avocate spécialiste des droits des étrangers, Omid Hashemi performeur et chercheur, François Héran Titulaire de la chaire migrations et sociétés au Collège de France, Clotilde Hesme Comédienne, Anne Hidalgo Maire PS de Paris, Yannick Jadot Sénateur écologiste, Gaëlle Jones Productrice, Élisabeth Jonniaux cinéaste, Valérie Jouve Artiste, Patrick Kanner Président du groupe socialiste au Sénat, Baya Kasmi Cinéaste, Mohamed el Khatib auteur et metteur en scène, Héléna Klotz Cinéaste, Nicolas Klotz Cinéaste, Julia Kowalski Cinéaste, Judith Krivine Présidente du Syndicat des avocats de France, Alice Labadie Distributrice de cinéma, Jean Labadie distributeur de cinéma, Manele Labidi Cinéaste, Mathilde Larrère Historienne, Michel Leclerc Cinéaste, David Lescot Auteur et metteur en scène, Danielle Linhart Sociologue, Benjamin Lucas Député écologiste, Maguy Marin Chorégraphe, Philippe Martinez Ancien secrétaire général de la CGT, Bertrand Mandico Cinéaste, Henry Masson Président de la Cimade, Nicolas Mathieu Écrivain, Patricia Mazuy Cinéaste, Jean-Luc Mélenchon, Co-président de l’institut la Boëtie, Sébastien Menesplier Secrétaire général de la FNME-CGT, Guillaume Meurice Humoriste, Yasmine Modestine Actrice et autrice, Gérard Mordillat Écrivain et cinéaste, Sarah Moon Photographe, Léa Mysius Cinéaste, Corinne Narassiguin Sénatrice socialiste, Arthur Nauzyciel Acteur et metteur en scène, Stanislas Nordey Acteur et metteur en scène, Anna Novion Cinéaste, Erik Orsenna Écrivain et académicien, Mathilde Panot Présidente du groupe France insoumise à l’Assemblée nationale, Caroline Pascal Actrice, Agnès Patron Cinéaste, Patrick Pelloux Urgentiste, Élisabeth Perceval Cinéaste, Antonin Peretjatko Cinéaste, Alexandre Perrier Producteur, Nicolas Philibert Cinéaste, Just Philippot Cinéaste, Michel Pigenet Historien, Ernest Pignon-Ernest Plasticien et académicien, Monique Pinçon-Charlot Sociologue, Éric Piolle Maire écologiste de Grenoble, Marta Ponsa historienne de l’art, Caroline Poggi Cinéaste, Reine Prat Autrice, Gérard Ré Secrétaire confédéral de la CGT, Kim Reuflet Présidente du Syndicat de la magistrature, Philippe Rio Maire PCF de Grigny, Eve Robin Productrice, Johanna Rolland Maire socialiste de Nantes, Axelle Ropert Cinéaste, Pierre Rosanvallon Historien et sociologue, Fabien Roussel Député et secrétaire national du PCF, Michèle Rubirola Première adjointe écologiste de la mairie de Marseille, Katell Quillévéré Cinéaste, Arash Saedi Co-coordinateur de Génération·s, Thomas Salvador Cinéaste, Lydie Salvayre Écrivaine, Pierre Serna Historien, Marion Siéfert Metteuse en scène, Anthony Smith CGT ministère du Travail, Benoît Teste Secrétaire général de la FSU, Bernard Thibault Ancien secrétaire général de la CGT, Pacôme Thiellement Écrivain, David Tion Producteur, Marine Tondelier Secrétaire nationale des Écologistes-EELV, Marie Toussaint Tête de liste des Écologistes aux européennes, Marion Truchaud Cinéaste, Boris Vallaud Président du groupe socialiste à l’Assemblée, Najat Vallaud-Belkacem Présidente de France Terre d’asile, Marie-Christine Vergiat Vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme Virgil Vernier Cinéaste, Marie Vialle Actrice et metteuse en scène, Jean Vigreux Historien, Jonathan Vinel Cinéaste, Benoît Volnais Cinéaste, Bernard Wallet Écrivain et éditeur, Éléonore Weber Cinéaste, Serge Wolikow Historien, Alice Zeniter Écrivaine et cinéaste.

Plus de 1 500 autres citoyen.nes ont déjà signé cet appel. Nous allons publier au fur et à mesure leur nom, pour celles et ceux qui le souhaitent.

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30/11/2023

Cyberharcèlement : comment les trolls LFI passent à l'attaque

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Sur X, anciennement Twitter, de nombreux militants de La France insoumise s’en prennent avec virulence aux journalistes non complaisants et aux responsables qui ne sont pas dans la ligne. La méthode en dit long sur le fonctionnement d’un mouvement qui prône pourtant l’humanisme et la démocratie…

Françoise Degois est une journaliste de gauche. Sur les plateaux de LCI ou de Sud Radio, elle est connue pour défendre avec passion Jean-Luc Mélenchon et la Nupes. Parfois seule contre tous. De quoi ravir les militants insoumis. Mais le 7 octobre, tout a changé.

Dans les heures qui ont suivi les attaques du Hamas, LFI a renvoyé l’agresseur et l’agressé dos-à-dos, tout en refusant d’utiliser le mot terroriste : "J’ai trouvé cela insupportable et moralement indigne, ça m’a déconcertée et je ne me suis pas privée de le dire." De journaliste "amie", elle est subitement devenue une ennemie à abattre pour les militants insoumis qui déploient l’une de leurs armes favorites : le cyberharcèlement sur X (anciennement Twitter).

Sur X, anciennement Twitter, de nombreux militants de La France insoumise s’en prennent avec virulence aux journalistes non complaisants et aux responsables qui ne sont pas dans la ligne. La méthode en dit long sur le fonctionnement d’un mouvement qui prône pourtant l’humanisme et la démocratie…

Françoise Degois est une journaliste de gauche. Sur les plateaux de LCI ou de Sud Radio, elle est connue pour défendre avec passion Jean-Luc Mélenchon et la Nupes. Parfois seule contre tous. De quoi ravir les militants insoumis. Mais le 7 octobre, tout a changé.

Dans les heures qui ont suivi les attaques du Hamas, LFI a renvoyé l’agresseur et l’agressé dos-à-dos, tout en refusant d’utiliser le mot terroriste : "J’ai trouvé cela insupportable et moralement indigne, ça m’a déconcertée et je ne me suis pas privée de le dire." De journaliste "amie", elle est subitement devenue une ennemie à abattre pour les militants insoumis qui déploient l’une de leurs armes favorites : le cyberharcèlement sur X (anciennement Twitter).

Les comptes de militants LFI sont faciles à reconnaître puisqu'ils recourent aux mêmes éléments de langage et aux mêmes emojis (lettre phi, triangle rouge ou encore tortue en référence à Jean-Luc Mélenchon qui s'est autoproclamé "tortue sagace")

Haro sur les journalistes déviants…

Françoise Degois n’est pas la seule journaliste à subir ce traitement. C’est également le cas d’Elsa Margueritat. Au cours de sa jeune carrière, elle a pigé dans plusieurs médias. Certains sont classés à gauche (Le Vent se lève, Le Média, Marianne), d’autres plus à droite (Le Figaro). Attachée à sa liberté de ton, elle a plusieurs fois émis des réserves sur la stratégie de LFI en prenant un ton sarcastique.

Conséquence, elle aussi reçoit depuis plusieurs années un traitement "spécial". Si certains messages remettent en cause sa probité ou ses qualités journalistiques, d’autres vont encore plus loin : "J’ai par exemple reçu des allusions sur ma vie privée ou des appels au viol."

Les journalistes les plus harcelés sur les réseaux sociaux ont globalement un point commun que remarque Françoise Degois : "Ils sont plutôt marqués à gauche car ce sont les critiques venant de ce type de profils qui font le plus de mal." En somme, le cyberharcèlement vise moins l’opposition du centre ou de droite que ceux qui connaissent la maison et critiquent son fonctionnement. Cela vaut pour les journalistes, mais aussi pour les militants et les anciens responsables.

"J'ai reçu des allusions sur ma vie privée ou des appels au viol non sanctionnés par LFI"

… et les militants "traîtres à la cause"

Ce n’est pas Georges Kuzmanovic qui dira le contraire. Dans la galaxie Mélenchon, le quinquagénaire a longtemps fait figure d’historique. Il est l’un des premiers à rejoindre l’ancien socialiste lorsqu’il lance le Parti de gauche en 2008, intègre son service d’ordre puis devient le "Monsieur Défense et questions internationales" du triple candidat à la présidentielle avec qui il se lie d’amitié.

Puis survient l’après-campagne de 2017 et la question qui hante Jean-Luc Mélenchon : où trouver les 600 000 voix qui ont empêché l’accès au second tour ? Le chef insoumis estime qu’elles sont dans les banlieues et dans la jeunesse des grandes métropoles. La ligne idéologique change du tout au tout. De laïque, elle prend un tournant plus communautariste, abandonne les références à "l’ancienne gauche" pour s’ouvrir aux questions sociétales et aux idées en vogue dans la gauche anglo-saxonne. Ce qui fait tiquer la vieille garde victime d’une purge sur la période 2018-2019.

Les Charlotte Girard, Hélène Franco, François Cocq, Thomas Guénolé, Georges Kuzmanovic et autres compagnons de route sont excommuniés dans le bruit et la fureur. Puis immédiatement remplacés par des profils plus jeunes et malléables. Vindicte, mépris du Patron, fausses accusations d’agressions sexuelles, cyberharcèlements font partie des méthodes. "Dans les mois qui ont suivi mon départ, j’ai reçu des dizaines de messages chaque jour me traitant de traître, de nazi, de xénophobe, de facho. À la longue, c’est psychologiquement usant", se remémore l’ancien mélenchoniste qui a désormais créé son propre mouvement baptisé République souveraine.

"Il existe des groupes Discord ou Telegram dans lesquels les tweets considérés comme mauvais sont partagés, ce qui incite aux attaques"

Des attaques sur commande ?

En somme, les raids digitaux contre les personnalités portant un regard critique sur la stratégie du mouvement sont une arme en vogue chez les mélenchonistes. Restent les questions qui fâchent. Ces attaques sont-elles commanditées en haut lieu et coordonnées ? Les agresseurs sont-ils des chatbots ou de vrais militants ?

Pour le moment tout est flou, rien n’est prouvé mais certains témoignages sont troublants. Ainsi, Elsa Margueritat a noté qu’un message sur X peut passer plusieurs heures sans commentaires malveillants. Ces derniers arrivant d’un seul coup "par vague" avec les mêmes éléments de langage. "Il est troublant par exemple que le qualificatif de peste brune pour me désigner soit arrivé subitement et massivement."

Pour bien connaître les arcanes insoumises, Elsa Margueritat sait qu’il existe des "groupes Discord ou Telegram dans lesquels les tweets considérés comme mauvais sont partagés, ce qui incite aux attaques". En revanche, elle n’est pas en mesure de deviner si cela est téléguidé par des responsables LFI. Après plusieurs messages la menaçant de viol elle a tout de même alerté le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles du parti. "La responsable, très sympathique au demeurant, m’a indiqué qu’elle ne pouvait rien faire."

De son côté, Georges Kuzmanovic l’assure : "Oui, les opérations de cyberharcèlement étaient initiées par les responsables du parti." Décidé à ne pas se laisser insulter sans riposter, l’ancien ami de Jean-Luc Mélenchon a fait appel aux services d’une entreprise spécialisée pour le prouver. "Bon, il s’est avéré que les adresses IP d’où partaient certains messages venaient du bureau de deux députées LFI à l’Assemblée nationale, j’ai toutes les preuves." Preuves remontées directement à Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard en menaçant de tout déballer publiquement si la situation continuait. "Drôle de coïncidence, le lendemain, le harcèlement a cessé. À l’époque, c’était un truc d’amateur qui s’est professionnalisé."

Françoise Degois, de son côté, estime qu’un bon nombre d’attaques sont aiguillées par un certain Bastien Parisot, responsable des campagnes numériques de La France insoumise. "C’est lui qui coordonne la riposte numérique et la veille sur les réseaux sociaux. Même si je n’ai aucun moyen de prouver quoi que ce soit, j’ai des antennes dans le parti, je sais d’où ça vient", confie la journaliste qui a directement appelé l’intéressé. Si les attaques ont depuis baissé en intensité, elles existent toujours. La cause n’est pas les chatbots, un cabinet fantôme ou des usines à trolls. D’après tous les témoins interrogés, c’est le fonctionnement inhérent à LFI qui explique tout cela.

Haine de la presse, vindicte contre les camarades émettant des doutes, langage agressif sont des pratiques répandues dans les hautes sphères. Cela déteint sur les militants et favorise le cyberharcèlement

Copier le maître

D’une certaine manière, le fonctionnement de LFI est basé sur une imposture. Si le parti se présente comme démocratique, gazeux, pluraliste, il est en réalité très structuré, sans courants, sans adhérents. "Au sommet de la pyramide trône Jean-Luc Mélenchon et un petit cercle de très proches qui se renforce en s’épurant et exige une discipline totale pour monter dans les échelons", explique Georges Kuzmanovic, fin connaisseur des rouages insoumis.

Pour être bien vu des autres militants, obtenir des responsabilités dans l’organisation, mieux vaut être en symbiose avec Jean-Luc Mélenchon. Or, ce dernier a de longue date pris l’habitude de houspiller la presse et les journalistes. Mais aussi de se montrer impitoyable avec les personnes émettant de simples réserves stratégiques. Jean-Luc Mélenchon se veut également le chantre de la "conflictualisation" ou du "parler cru et dru".

Haine de la presse, vindicte contre les anciens amis émettant des doutes, langage agressif sont des pratiques répandues dans les hautes sphères. La sémantique mélenchoniste ruisselle chez les cadres moyens et les militants. Ce qui explique les offensives de la part de responsables qui ne prennent pas la peine de se cacher puisqu’ils se savent soutenus en haut lieu.

Un cas est particulièrement illustratif, celui de Mathieu Garnier, ancien candidat LFI en Seine-et-Marne aux dernières législatives, aujourd’hui assistant parlementaire de la députée Ersilia Soudais. Pendant des mois, il a envoyé à visage découvert des messages odieux et agressifs à des dizaines de journalistes, dont l’auteur de ces lignes. Ces pratiques ayant été dénoncées publiquement, il a fermé son compte mais reste toujours au service de sa députée qui semble n’y voir aucun problème.

Technique infructueuse

Ces attaques sont-elles efficaces ? Oui et non. Aucune des personnes cyberharcelées n’a l’intention de brider sa parole. Dans un style franc et sans filtre qui la caractérise, Françoise Degois assène : "Je m’en fous, ça ne me touche pas, je ne fais pas du journalisme pour flatter des militants et un appareil !" Idem du côté d’Elsa Margueritat qui partage avec Georges Kuzmanovic la même conviction : Le but du cyberharcèlement des Insoumis n’est pas de faire capituler les cibles mais de montrer aux militants ce qui arrive si l’on s’écarte du droit chemin et que l’on veut faire preuve d’indépendance d’esprit.

"Les militants vivent dans une bulle. Ils restent souvent entre eux, se suivent sur les réseaux, ont leurs propres médias, leur propre vérité, se sentent seuls contre tous"

Thérapie de groupe

"Les militants sont souvent très engagés, donnent énormément de temps à l’organisation, y ont la plupart de leurs amis, fréquemment leur conjoint", théorise Georges Kuzmanovic qui estime qu’un militant qui dévie risque de perdre ses proches et de se faire harceler. Pour avoir la paix, mieux vaut donc trouver des cibles et s’acharner avec la meute.

Elsa Margueritat abonde : "Ils restent souvent entre eux, se suivent sur les réseaux, ont leurs propres médias, leur propre vérité, se sentent seuls contre tous, ce qui crée une appartenance communautaire forte." Un vase clos propice au contrôle des camarades, à la violence verbale. Nul besoin d’usine à trolls et de faux profils. Jean-Luc Mélenchon a créé un cocktail parfait pour s’assurer la fidélité et la combativité de ses troupes : un zeste de management toxique en vogue dans certaines entreprises, une pincée de trotskysme lambertiste, un soupçon de "centralisme démocratique" communiste, un culte du chef dans les règles de l’art ! Dans une organisation de ce type, le cyberharcèlement est assumé et fait office de rite d’appartenance. Cocasse pour un parti qui prône l’humanisme et la démocratie…

Lucas Jakubowicz

Source Décideurs Magazine

17:46 Publié dans Actualités, Cactus, Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lfi, réseaux | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!