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29/10/2020

À Gaza : Ziad Medoukh, un géant de la non-violence

Ziad.jpgPortrait

Ziad Medoukh

Fondateur du Centre de la paix de Gaza

Directeur du département de français de l’université de Gaza, le Palestinien Ziad Medoukh apprend aussi à ses étudiants les armes de la non-violence.

  • Anne-Bénédicte Hoffner,

    « Mes poèmes ne soulagent point nos peines, mais ma poésie défend la vie./Elle est elle-même une résistance ! » Dès qu’il trouve un moment de calme, c’est en vers et en français que Ziad Medoukh s’échappe de Gaza, étroite bande de terre palestinienne, coincée entre la Méditerranée et les barbelés israéliens. « Je compose mes poèmes de Gaza ma prison :/Gaza est l’âme libre du poète/Gaza est le sourire brûlant des innocents/Gaza est l’étoile magique de l’espoir/Qui trouve dans la poésie l’échappatoire/Nécessaire à sa survie. »

    Géant débonnaire aux sourcils broussailleux et à la vigoureuse poignée de main, Ziad Medoukh est l’homme des contraires, des associations improbables. Le titre de son dernier livre en témoigne : Être non-violent à Gaza (1). Directeur du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza, récompensé par plusieurs prix littéraires et même les palmes académiques, il est un amoureux fou de la France et de la langue française qu’il a apprise en Algérie, en pleine décennie noire, auprès des Kabyles de Tizi Ouzou. Quelques années plus tard, un master en sciences du langage à Grenoble lui permit d’en parfaire la maîtrise, et, comme il l’avait déjà fait en Algérie, de parcourir l’Hexagone du nord au sud. « Je n’aime pas l’enfermement », résume-t-il.

    « La langue du témoignage et de la résistance »

    Depuis, le français est pour lui « la langue de la paix et de l’espoir, la langue du témoignage et de la résistance ». Son seul regret ? Ne pas avoir réussi à partager sa passion avec sa femme et ses cinq garçons, qui ont tous choisi d’apprendre l’anglais. « Ils ne me voient pas assez à la maison et ils pensent que c’est la France qui leur a pris leur père », confesse-t-il, mi-amusé mi-contrit.

    Lorsqu’il parvient à décrocher un permis pour voyager, « tous les trois ou quatre ans environ », c’est vers Paris qu’il s’envole, non plus pour visiter ses monuments ou goûter sa cuisine, mais pour participer à des colloques, retrouver ses nombreux amis, cinéastes, écrivains ou journalistes, et toujours défendre sa deuxième passion : « la résistance non-violente ».

    Lui qui vit au quotidien l’injustice et la violence a créé en 2004, au sein de son université, le Centre de la paix. Parce qu’il sait que, pour être efficaces, « les artisans de la non-violence doivent s’insérer profondément dans la vie socio-économique locale », il emmène ses étudiants aider les agriculteurs pendant la récolte des fruits et légumes, donner un coup de main aux pêcheurs, et il les invite à s’impliquer dans un programme de soutien psychologique aux enfants traumatisés. Le Hamas n’apprécie guère la mixité de mise dans toutes les activités mais Ziad Medoukh tient bon. Mieux, il partage ses initiatives sur une chaîne YouTube : « Gaza la vie ».

    « Je suis musulman, croyant et pratiquant, mais j’accepte l’autre »

    Dans une région où la religion est omniprésente, voire envahissante, il entretient avec elle un rapport de prudente distance. « Il y a trois questions que je ne pose jamais : l’origine, la religion et l’appartenance politique, raconte-t-il en riant, avant d’accepter de se livrer à ce sujet. Je suis musulman, croyant et pratiquant, mais j’accepte l’autre. C’est la force de mon islam, celui que mon père m’a appris. »

    Avec l’échec de la résistance armée palestinienne, Ziad Medoukh veut croire que le contexte est porteur. Il en veut pour preuve la Grande marche du retour, mouvement lancé le 30 mars 2018 dans le cadre de la commémoration de la Nakba, l’exode palestinien de 1948 lors de la première guerre israélo-arabe. Chaque vendredi dans la bande de Gaza, 10 à 15 000 habitants, parfois plus, se dirigent vers les « zones tampons » gardées par les soldats israéliens « non pas pour les affronter mais pour les défier, et exiger la levée du blocus », explique-t-il : ils s’y installent pour des pique-niques, agrémentés de concerts ou de danses.

    « Le gouvernement israélien redoute la non-violence palestinienne, car elle pourrait lui faire perdre la prétendue légitimité de ses représailles violentes », assure-t-il, tout en déplorant le manque de soutien de l’Autorité palestinienne comme des « factions » qui dominent Gaza. « Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, l’action non-violente est un choix plus difficile que la violence », reconnaît-il.

    Quant à lui, il semble imperturbable, un roc dans la tempête de violence et de désespérance. Il assure ne jamais pleurer « sauf parfois devant un film ». « Ma force ? Elle vient de l’intérieur, de la conviction que je suis à ma place là-bas. Même pour 1 million d’euros, je ne viendrai pas m’installer en France. Je ne vais pas laisser les jeunes affronter cette situation seuls. »

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    « La pierre est tombée de ma main »

    La découverte de la non-violence a été instinctive pour Ziad Medoukh. Jeune homme, il a suivi ses camarades de classe partis « lancer des pierres sur les soldats israéliens qui se trouvaient dans ma ville et répondaient par des balles réelles ». « Mais soudain, la pierre est tombée de ma main et j’ai commencé à réfléchir à d’autres moyens de résister contre les occupants de notre terre », raconte-t-il dans son livre. Après s’être documenté et avoir découvert les principes élaborés par Gandhi contre l’occupation britannique, Ziad Medoukh s’est promis de consacrer sa vie « à résister par l’éducation, la culture, la non-violence et le travail auprès des jeunes ».

    (1) Éditions Culture et Paix, 192 p., 13 €.

 

17:53 Publié dans Actualités, Entretiens, Histoire, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ziad medoukh | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

24/10/2020

Boualem Sansal écrivain Algérien : L’islamisme a déclaré la guerre au monde, aux pays musulmans, à l’Occident

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Après l’assassinat de Samuel Paty, l’écrivain algérien Boualem Sansal revient sur l’expérience du terrorisme dans son pays pour appeler les gouvernements occidentaux à prendre conscience de la menace sans céder aux sirènes de la division.

La Marseillaise : Comment avez-vous reçu la nouvelle de ce meurtre d’un enseignant en France ?

Boualem Sansal : J’étais horrifié, mais pas surpris. L’islamisme a déclaré la guerre au monde, aux pays musulmans, à l’Occident. Il a ciblé la France à partir des années 90 et a continué crescendo. Il y aura d’autres attentats, toujours plus horribles, pour briser toute résistance. Les politiques engagées pour le « domestiquer » sont ridicules, voire criminelles. L’islamisme veut la victoire totale, la soumission, rien ne l’arrêtera. Il faut l’éradiquer au plus vite, le pays ne peut indéfiniment vivre sous la menace et la peur.

Que peuvent les démocraties occidentales contre la montée de cet obscurantisme ?

B.S. : Pour elles, tout cela est nouveau, il faut le temps de l’apprentissage. Quand l’islamisme est arrivé en Algérie au début des années 80, nous avons passé des mois à nous demander ce qu’était cette chose. Eux se disaient les vrais musulmans, missionnés par Allah pour nous ramener à Lui. Après avoir longtemps tergiversé et tenté de l’amadouer en cédant à toutes ses demandes comme le fait le gouvernement français, le pouvoir algérien est passé à l’offensive de la manière qu’on sait : arrestations massives, internements, enlèvements, exécutions extrajudiciaires... Les démocraties occidentales ne peuvent évidemment pas user de ces méthodes, elles doivent inventer les leurs. À mon avis, trois choses sont à repenser : l’école, la question de l’islam de [et en] France, les relations avec les pays émetteurs d’islam et d’islamisme.

Vous disiez dans une interview en 2018 « pour les bien-pensants, critiquer l’islamisme, c’est critiquer l’islam ». Redoutez-vous aujourd’hui une stigmatisation des musulmans ?

B.S. : Évidemment mais en vérité, les musulmans français ne se sentent nullement stigmatisés. Un grand nombre d’entre eux sont laïques, à peine pratiquants, voire athées. Ceux qui parlent de stigmatisation sont les islamistes, fréristes, radicaux, salafistes, pour culpabiliser ceux qui les dénoncent, et les bien-pensants de la gauche qui ont trouvé un intérêt à faire ami-ami avec eux.

Que pensez-vous du traitement politique de ces sujets en France ?

B.S. : Je ne vois aucun traitement politique de l’islamisme en France. C’est le « wait and see », la politique de l’autruche, la pleurniche pour apitoyer les tueurs. Le Front national, lui, s’en est emparé pour les instrumentaliser, passant de la dénonciation de l’émigration à celle des musulmans. Cela lui a permis de dépouiller la droite et la gauche de ses troupes.

Que pensez-vous du projet de loi sur le séparatisme ?

B.S. : Encore une fois, le gouvernement se trompe de sujet, il n’y a pas séparatisme en France, il y a une guerre pour détruire la France et installer à la place une république islamique. Les islamistes ont réussi, ils ont semé une telle confusion qu’on ne sait plus qui est son ennemi. Le gouvernement accuse les habitants de certaines banlieues de séparatisme alors qu’il devrait se porter à leur secours pour les libérer de la tutelle des gangs et des barbus. Il est grandement responsable des malheurs du pays, il a manqué de vigilance, de courage, de compétence, il a mal nommé les choses. Il y a aussi le fait que les pays européens, dirigés par des technocrates, sont de simples satellites de l’UE, elle-même pilotée par des technocrates. Ces gens n’ont pas le sens du long terme dans lequel l’islamisme s’inscrit si naturellement.

Plusieurs de vos livres tentent d’expliquer ce qui a mené à la montée de l’islamisme en Algérie. Est-ce comparable avec ce qui nous arrive en France ?

B.S. : L’islam politique s’adapte à chaque pays. L’Algérie est un pays musulman à 100 %, gouverné par une junte militaire brutale et corrompue, avec une jeunesse révoltée et une économie fragile. Au vu de cela, il a opté pour une prise du pouvoir par la rue et par la guerre. Pour la France, il a opté pour une stratégie de prise du pouvoir par l’entrisme, l’agit-prop, le contrôle et l’élargissement de la communauté musulmane, le terrorisme ponctuel. C’est une stratégie de long terme.

À quoi pensez-vous quand vous parlez d’entrisme ?

B.S. : L’entrisme des islamistes, c’est l’infiltration de ses spécialistes dans les institutions sensibles ; c’est s’attirer la sympathie de certaines populations et les enrôler : enfants, étudiants, sportifs, artistes, intellectuels, syndicats, commerçants, délinquants dans les quartiers et les prisons ; c’est le contrôle de certaines activités pourvoyeuses d’argent, les trafics, le commerce du halal ; c’est parallèlement promouvoir un islam dit modéré, un islam des Lumières, pour séduire, convertir, ce qui permet de rendre les amalgames, les blasphèmes particulièrement odieux aux yeux des honnêtes gens.

Vous habitez en Algérie. Où en sont les islamistes là-bas ?

B.S. : Quand ils ont compris qu’ils ne réussiraient pas à prendre le pouvoir par les armes, ils ont changé de stratégie, ils ont accepté l’offre du pouvoir : déposer les armes et réintégrer la société en échange d’une amnistie et d’une indemnisation généreuse. Aujourd’hui, ils occupent le terrain, font fructifier leur trésor de guerre et continuent le djihad en construisant des milliers de mosquées, toutes bien équipées pour attirer les gens.

Comment réagissent la jeunesse, les intellectuels ?

B.S. : Les islamistes ont gagné, personne ne les conteste. En revanche, ils dénoncent massivement le pouvoir dans le cadre du Hirak. Ceux qui ne supportent pas de voir leur pays partagé entre islamistes et militaires essaient d’émigrer ou se marginalisent et vivent en vase clos.

Source La Marseillaise

10:24 Publié dans Actualités, Connaissances, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : attentat, islam, france, algérie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

04/10/2020

4 pistes pour réduire l'empreinte climatique du secteur aérien

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L’aviation civile française pèse, industrie aéronautique comprise, plus de 400 000 emplois. Elle coûte aussi au pays 7 % de son empreinte carbone. Si le secteur s’écroule, ce sera au prix d’une catastrophe sociale.

S’il progresse, comme l’envisagent les grandes compagnies, ses émissions de CO2 pourraient bientôt avaler à elles seules le budget carbone de la France : en 2050, l’aérien recrachera l’équivalent de l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre (GES) que le pays sera en droit d’émettre, tous secteurs confondus, pour pouvoir tenir les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris.

Icon AddDévelopper l’avion vert

De quoi parle-t-on ?

De remplacer le kérosène, principal facteur de pollution des avions, par d’autres carburants. Plusieurs options existent – entre autres, celle des agrocarburants. L’une vient d’être singulièrement mise en avant dans le cadre du plan de relance du gouvernement présenté mi-septembre, l’hydrogène vert, produit à base d’électricité décarbonée, autrement dit issue de l’éolien, du solaire, de l’hydraulique ou du nucléaire.

Bénéfice climatique

Côté émissions de CO2, l’hydrogène affiche une bonne performance : 0 % d’émission lors de la combustion en vol. Ce n’est pas forcément vrai concernant les autres GES. L’hydrogène rejette, par exemple, environ 2,6 fois plus de vapeur d’eau que le kérosène  (1). Encore faut-il qu’il s’agisse bien d’hydrogène vert. Pour l’heure, les 900 000 tonnes d’hydrogène produites en France sont toutes générées à partir d’hydrocarbures ou de charbon.

Impact sur l’emploi

Il est neutre pour les personnels d’Air France. L’emploi dans l’industrie aéronautique, en revanche, pourrait s’en retrouver boosté, et plus encore celui de l’industrie énergétique, quand tout, en France, reste à développer en matière d’hydrogène vert. Le plan de relance du gouvernement prévoit que le pays en produira 600 000 tonnes en 2030.

Faisabilité

Très léger et peu dense, l’hydrogène vert implique des réservoirs trois fois plus importants – et jusqu’à 100 fois plus chers – que ceux destinés au kérosène (2). Le retard de développement des ENR (énergies renouvelables – NDLR) en Europe rend sa production incertaine. Le recours au nucléaire risque, quant à lui, d’être très mal accepté par une partie de la population. In fine, le temps nécessaire à son développement et au renouvellement de la flotte aérienne rend peu probable qu’il soit largement opérationnel avant 2 050 (1).

Icon AddRéduire le trafic intérieur

De quoi parle-t-on ?

De supprimer, d’ici deux ans, les vols domestiques réalisables de façon satisfaisante en train, à savoir en moins de 4 h 30 et à une fréquence suffisante.

Bénéfice climatique

Bon : on estime que la mesure permettra d’économiser près d’1 million de tonnes de CO2 d’ici à 2025.

Impact pour les usagers et l’emploi

Réduire le trafic est évidemment le levier le plus délicat à manier. Tout dépendra des alternatives mises en œuvre à l’échelle nationale. Si beaucoup de lignes ferroviaires existent déjà, l’offre TGV actuellement disponible tend à se concentrer sur les liaisons les plus massives. Développer les liaisons transversales s’avère, dans un contexte de décroissance de l’aérien, impératif ; a fortiori ne pas les liquider, comme c’est la tendance aujourd’hui. Le secteur ferroviaire s’en trouverait conforté. Cela pourrait aussi permettre d’y transférer les compétences et une partie des emplois d’Air France, avancent plusieurs organisations, une option encore peu partagée par les personnels concernés.

Icon AddAméliorer les techniques

De quoi parle-t-on ?

De la décarbonisation des opérations au sol, en assurant le roulage des avions sur le tarmac grâce à des tracteurs électriques. De remplacer, aussi, les turbocompresseurs de petite capacité par des hélices, mais, surtout, d’améliorer l’efficacité énergétique des appareils.

Bénéfice climatique

La marge de manœuvre reste faible – l’efficience énergétique est le but recherché par les compagnies aériennes, dont c’est l’intérêt financier –, mais il y en a une. Les appareils les plus récents consomment déjà 15 à 20 % de moins que ceux de la génération précédente. Renouveler la flotte pour intégrer ces derniers, densifier les cabines, augmenter les taux de remplissage : au total, ces mesures permettraient d’économiser 2,7 millions de tonnes de CO2 d’ici à 2025 (1). Mais, pour être probant, l’avion de demain devra viser un gain d’efficacité énergétique important, de l’ordre de 25 % par rapport aux standards de 2020 (1). Tous ces efforts resteront sans effet positif sur le climat s’ils s’opèrent dans un contexte de libéralisation et de défiscalisation du secteur. L’histoire le prouve : tous les progrès réalisés jusqu’à présent l’ont été au bénéfice du développement du trafic (+ 4,1 % par an sur cinq ans pour le trafic français).

Impact pour l’emploi

L’industrie aéronautique peut tirer son épingle du jeu, si l’État soutient un programme visant à lancer la production, d’ici à 2030, d’un avion adapté aux nouveaux besoins. Le démantèlement de l’ancienne flotte est considéré comme une filière d’avenir. Son développement, entre autres pour Airbus, dont les salariés plaident pour la diversification des activités du groupe.

Faisabilité

À court et moyen terme.

Icon AddTaxer, réguler, casser les privilèges

De quoi parle-t-on ?

De taxer le kérosène, limiter les pubs et les low cost, supprimer les jets privés, les classes affaires, les systèmes de miles… bref, imposer un cadre au secteur de façon à l’empêcher de « surconsommer » au regard du budget carbone national et des besoins de mobilité.

Bénéfice pour le climat

Tout n’est pas mesurable – par exemple, les effets d’une réglementation renforcée de la publicité –, mais certains chiffres existent. En incitant à prendre moins souvent l’avion, la restriction des programmes de fidélité pourrait permettre un gain de 0,4 million de tonnes de CO2 d’ici 2025*. Autant pour l’interdiction des vols privés.

Impact pour les usagers et l’emploi

Non évalué.

(1) The Shift Project, juin 2020. (2) BL évolution, juillet 2020.
 

12:24 Publié dans Actualités, Economie, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

19/05/2020

Appel. Au coeur de la crise, construisons l’avenir

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Dans une longue tribune collective, 150 personnalités du monde politique, associatif, syndical et culturel appellent à " préparer l’avenir "" Nous ne sommes pas condamnés à subir ! " assurent-elles.  Elles  proposent qu’un grand événement, une " convention du monde commun ", réunisse dans les prochains mois " toutes les énergies disponibles ".

La France affronte un séisme d’une ampleur inouïe. Favorisée par la destruction de la nature, la pandémie a généré une crise économique de grande ampleur, une commotion sociale brutale, notamment pour les plus précaires, et une mise entre parenthèse du fonctionnement démocratique. Elle a révélé l’improvisation des pouvoirs publics face à cette crise majeure. L’engagement extraordinaire des soignantes et des soignants, le courage de celles et ceux qui n’ont cessé de travailler sans relâche au service de tous et le civisme de millions de personnes confinées dans des conditions difficiles appellent une reconnaissance unanime. Dès maintenant, il s’agit d’éviter le pire et de préparer l’avenir. La réparation des dégâts annoncés, la défense des libertés, l’obligation de préparer une société résiliente nécessitent de fortes dynamiques collectives. La crise confirme l’urgence radicale des grandes transitions. De cette impérieuse nécessité, faisons naitre une espérance. Nous ne sommes pas condamnés à subir ! 
 
Au coeur de cette crise, il nous faut tourner la page du productivisme. Il faut affronter les périls immédiats, s’accorder pour engager la transition écologique et dans un même mouvement les transformations sociales et économiques trop longtemps différées. L’impasse où nous ont conduits les politiques dominantes depuis quarante ans et le capitalisme financier exige une offensive résolue. Avec cette initiative commune, dans le respect de nos différences, nous nous engageons à la hauteur des principes que nos prédécesseurs ont affirmés dans la « reconstruction » qui suivit la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, en temps de paix, nous devons faire preuve d’une égale ambition, avec la volonté que les Français s’emparent de ces débats. 
 
L’état d’urgence sociale doit se déployer dès maintenant dans l’ensemble du pays, à commencer par les quartiers populaires et les territoires ruraux, partout où la crise remet à vif la grande pauvreté et les inégalités. Les familles déjà vulnérables, comme celles qui viennent brutalement de plonger dans le chômage et la pauvreté, se comptent par millions. La solidarité nationale doit intervenir pour aider les locataires, contribuer à payer les factures d’eau et d’électricité, par l’aide alimentaire et la fourniture gratuite de masques, par des soutiens exceptionnels individualisés pour que vivent décemment celles et ceux, y compris les jeunes, qui ont vu leur travail et leurs revenus disparaitre. Cette crise doit enfin imposer un basculement des politiques publiques : « sortir » des dizaines de milliers de personnes de la rue, c’est affaire de dignité d’abord, mais aussi d’ordre public sanitaire et social. 
 
Pour aller plus loin, la France, comme d’autres en Europe, doit imaginer et mettre en chantier dès cette année un nouveau modèle de protection sociale. Pour ces temps de grande transition, il y a urgence à assurer un revenu digne rendant possibles à toutes et tous la formation, l’accès à un nouvel emploi ou un projet professionnel. Compte tenu de la hausse explosive du nombre des sans-emplois, ce serait une faute historique de maintenir la « réforme » de l’assurance chômage de 2020. Il faut permettre dès maintenant à tous les territoires volontaires de mettre en oeuvre la belle initiative Territoires zéro chômeur de longue durée, inspirée des expériences du mouvement associatif. Quant aux travailleurs étrangers en situation irrégulière, soutiers plus anonymes encore de nos économies, leur accès au droit au séjour doit être facilité. 
 
Pour pouvoir mobiliser les énergies de toutes et tous, il faudra inventer et consolider des protections collectives plus adaptées à notre temps, combler les failles majeures que la crise a soulignées, agir pour l’accès à la santé et des retraites décentes. Certains, à l’inverse, manifestent déjà la volonté de réduire les droits sociaux à la faveur de l’émotion générale, notamment sur la question du temps de travail. Nous ne laisserons pas faire, et nous demandons qu’il soit renoncé définitivement au projet de réforme des retraites qui mine la cohésion nationale dont nous avons tant besoin. Face à la précarité ou aux inégalités femmes-hommes, tous les travailleurs et travailleuses, indépendants, artisans et commerçants, professionnels des plates-formes, salariés en CDD, intermittents ou intérimaires, doivent être dotés de droits sociaux individuels complets et d’une capacité réelle de négociation collective. 
 
Le statu quo n’est plus possible. Nous défendons une société de la reconnaissance, qui sache valoriser celles et ceux sans lesquelles elle ne tiendrait pas, dans la crise comme après. Travailleurs de l’aube et du soir, fonctionnaires de jour comme de nuit, soignants et enseignants dévoués, elles (très souvent) et ils sont en droit d’attendre bien sûr des primes immédiates et légitimes, mais aussi une amélioration significative et sans délai de leurs conditions d’emploi et de salaire, à commencer par le Smic. Lorsque ces personnes ont des enfants, la prise en charge par les employeurs des frais de garde, l’organisation de nouveaux centres de vacances dès 2020 avec les mouvements d’éducation populaire seraient aussi de justes rétributions. Le confinement a mis également en exergue la nécessité de reconnaitre le féminicide en droit français et de ne plus reporter un plan national d’ampleur contre les violences faites aux femmes et aux enfants, en doublant le budget alloué aux associations venant en aide aux victimes et aux lieux de prise en charge. 
 
Les Français vivent intensément les effets de l’affaiblissement de notre système de santé. Sous tension bien avant le tsunami du Covid19, l’hôpital public a été asphyxié par des années d’austérité budgétaire et la marchandisation de la santé. Une loi de programmation doit assurer au plus vite un financement pérenne des investissements des hôpitaux et des Ehpad, rompre avec la spirale des fermetures de lits et permettre la revalorisation des métiers de soignantes et soignants. Cette refondation permettra de retrouver une capacité de prévision et d’anticipation, et les moyens d’affronter collectivement les chocs de grande ampleur. Elle devra également garantir à tout moment la disponibilité des principaux médicaments sur le territoire national. Elle assurera enfin la réhabilitation des soins de premiers recours, efficients et réactifs face à de nouvelles crises et la fin des déserts médicaux, indignes de notre pays. 
 
L’avenir de notre économie et sa conversion écologique se jouent en ce moment. Le soutien public à la survie du système productif est vital. Il doit être associé à une conditionnalité environnementale et sociale exigeante. Des fleurons de notre économie sont au bord de la faillite, avec le cortège habituel de restructurations brutales et de chômage massif. Face à ces risques, la réaction de l’État en faveur de l’emploi doit être couplée à la mise en oeuvre accélérée de la transition écologique, à commencer par le respect des Accords de Paris sur le climat. C’est seulement ainsi que le sauvetage des emplois sera durable. Une politique industrielle crédible implique des choix stratégiques nationaux ; elle se construit dans chaque région avec toutes les parties concernées, entreprise par entreprise, branche par branche. La mobilisation doit intégrer pleinement les enjeux d’indépendance et de relocalisation, de recherche et d’innovation, mis en lumière de façon éclatante dans la crise actuelle. 
 
D’ici la fin de cette année, il appartient à la puissance publique d’identifier avec tous les acteurs les secteurs stratégiques à relocaliser au niveau français ou européen, les chaines de valeurs à contrôler et les productions à assurer au plus proche des lieux de consommation. Les événements récents confirment une fois de plus les fragilités de l’Europe quand elle se limite à n’être qu’un marché livré aux excès du libre-échange, renonçant à protéger son économie. La signature des traités qui amplifient cet abandon doit être stoppée, et ceux qui existent déjà révisés. Rien ne sera possible sans un pilotage ambitieux du système de crédit, avec un pôle public de financement et la BPI jouant enfin réellement son rôle. La mise en oeuvre de nationalisations là où il le faut doit permettre non de mutualiser les pertes, mais d’atteindre des objectifs d’intérêt général. Dans ce but, il faudra aussi miser davantage sur l’économie sociale et solidaire pour mieux ancrer l’économie dans les territoires et impulser le nouveau modèle de développement. 
 
Cette épidémie et sa propagation rapide sont liées à la destruction accélérée des habitats sauvages combinée à une mondialisation insuffisamment régulée. Elles renforcent l’urgence d’une remise en cause de notre mode de production et de consommation : la transformation écologique de la France est le nouveau défi de notre République au XXIème siècle. Cette prise de conscience des communs naturels à protéger et de l’impasse des modes de consommation actuels est essentielle, tout comme les combats de la gauche. Les propositions des participants de la Convention citoyenne pour le climat et sa méthode ont permis que progressent dans la société des projets d’une grande richesse. Les politiques publiques doivent être au rendez-vous de cette urgence planétaire. 
 
Nous proposons que soit discutée et mise en oeuvre rapidement une Prime pour le climat, afin d’éliminer en priorité les passoires thermiques et sortir les plus pauvres de la précarité énergétique. Elle accompagnera aussi les travaux de rénovation énergétique rendus obligatoires pour l’ensemble du bâti afin d’atteindre deux millions de logements par an, en privilégiant les rénovations complètes. Des dizaines de milliers d’emplois non délocalisables pourraient être ainsi créés. 
 
La France a besoin également de bâtir un plan ambitieux de transition vers une mobilité durable, pour soutenir l’électrification des motorisations, les modes de transports collectifs et partagés, la relance des réseaux ferroviaires, mais aussi l’extension du droit au télétravail dans des conditions protectrices pour les salariés. 
 
Conçue pour éviter un recours accru aux énergies fossiles, dont les prix baissent du fait de la crise, la Contribution Climat Énergie doit s’accompagner de mesures de redistribution de grande ampleur pour en compenser les effets sur les plus vulnérables. Une relance publique du soutien à la transition écologique locale est plus que jamais indispensable afin d’impliquer beaucoup plus les territoires et les citoyen.ne.s dans le déploiement des projets collectifs d’énergies renouvelables. Ces investissements supplémentaires dans la transition écologique devront être sortis des critères budgétaires européens. 
 
La refonte des aides de la PAC en soutien des petites et moyennes exploitations doit être accélérée, pour permettre une agriculture respectueuse de l’environnement, la croissance des productions bio, et pour développer le paiement des services environnementaux (stockage du carbone, arrêt des intrants chimiques...). Il faudra enfin donner toute sa place dans nos textes fondamentaux au droit de la nature et mettre en oeuvre de façon strict sur l’ensemble du territoire la politique du « zéro artificialisation nette » et la protection de la biodiversité. 
 
Ces investissements massifs, pour l’immédiat ou le futur, exigent un financement soutenable et équitable. L’engagement de l’Europe en est l’une des clés. C’est une nécessité qui conditionne la survie de l’Union, quand les forces de démembrement prospèrent grâce au manque de solidarité européenne dans chaque moment de crise. On attend de l’Europe qu’elle conduise durablement une politique monétaire à la hauteur du risque actuel, mais aussi qu’elle mette en oeuvre des formes inédites de financement en commun pour empêcher une hausse de l’endettement des États, en particulier les plus affectés par la crise sanitaire. Il faudra aussi dès les prochains mois engager le chantier de la restructuration des dettes héritées des crises successives. 
 
Tous les pays en ont en effet un urgent besoin pour permettre un nouveau départ et la transformation de leurs économies tellement interdépendantes. Ces financements européens ne sauraient être assortis des mesures d’austérité qui ont creusé entre les peuples des blessures encore inguérissables. Les conditionnalités aujourd’hui se nomment écologie, cohésion sociale et respect de la démocratie. Une transformation profonde des structures de l’Union européenne est indispensable pour rendre possibles ces politiques ambitieuses de solidarité. Cela implique la remise en cause du pacte budgétaire. 
 
Mais l’Europe ne pourra pas régler seule l’addition de la crise. Les États devront eux aussi apporter une réponse fiscale et budgétaire dans un esprit de justice. Pour corriger les inégalités creusées au cours des dernières décennies et aggravées par la crise, et pour prévenir l’effondrement de nos sociétés. La France doit rétablir un Impôt de solidarité sur la fortune, mettant à contribution les patrimoines les plus élevés, et renforcer la progressivité de sa fiscalité sur les revenus, notamment ceux du capital, largement érodée depuis 2017. Compte tenu de l’ampleur des dépenses engagées pour faire face à la crise, elle devra appeler une contribution anti-crise des citoyens les plus aisés. La taxation des secteurs qui ont bénéficié de la crise et de ceux qui ont décidé, au coeur de la tempête, de continuer à distribuer des dividendes ou à s’enrichir à l’abri des paradis fiscaux doit être proposée sans délai au Parlement. La maitrise à l’avenir des écarts de salaires au sein des entreprises participe de ces préalables de justice : au-delà d’un écart d’un à douze, il ne serait plus possible de déduire les rémunérations et les cotisations de l’impôt sur les sociétés. Ces choix sont inséparables d’une action ambitieuse pour que les bénéfices des sociétés multinationales cessent d’échapper largement à la fiscalité française, notamment en les obligeant à une totale transparence sur leurs activités et les taxes payées dans les pays où elles sont présentes. Cette reconquête ne sera complète que lorsque les géants du numérique contribueront par un impôt juste aux efforts d’investissement qui attendent la France et l’Europe. 
 
Ces mesures n’auront de sens et d’efficacité que si dans l’après-crise, une transition démocratique offre à tous la capacité d’agir pour un monde commun. La verticalité du pouvoir fracture la société. Elle alimente l’impuissance et la défiance. C’est l’échec de la Vème République. Seule une refondation de nos institutions permettra de le dépasser. Il est impératif de ne pas confier à un « sauveur suprême » ou au pouvoir technocratique « la sortie de crise », mais au contraire d’augmenter la participation des citoyen.nes aux décisions qui les concernent et cela à tous les niveaux. 
 
Réussir les transitions exige un développement des emplois publics partout où leur manque cruel se vérifie aujourd’hui. Il faudra aussi rénover l’action publique en inventant les outils, l’organisation, les métiers du secteur public de demain. Rien ne progressera sans des délibérations collectives, valorisant bien davantage les citoyens et leurs compétences, l’éducation, l’innovation sociale et la création culturelle, les territoires, villes et villages. 
 
Cet impératif s’adresse aussi aux entreprises : pour réussir la sortie de crise, il faut y faire entrer la démocratie en associant réellement les salariés à leur stratégie. Cela doit s’incarner dans une codétermination à la française avec la présence de 50% de représentants des salariés dans les conseils de surveillance ou les conseils d’administration des grandes entreprises et le renforcement des pouvoirs des représentants des salariés à tous les niveaux. 
 
Lourde de souffrances inédites, cette période ne doit pas confisquer les espoirs de changement, bien au contraire. Faisons place à l’action collective et à ces premières convergences. Pour être à ce rendez-vous de notre Histoire, nous proposons qu’un grand événement, une « convention du monde commun », réunisse dans les prochains mois toutes les énergies disponibles, les citoyennes et citoyens épris de profonds changements, les formations politiques, les forces associatives, les initiatives que portent syndicats et ONG. C’est une première étape cruciale et attendue pour une alternative démocratique, écologique et sociale. Nous voulons lui donner la force de notre engagement.
 
                                                                                       

Premiers signataires* :

Syamak Agha Babaei, Christophe Aguiton, Amandine Albizzati, Claude Alphandery, Nathalie Appéré, Guillaume Balas, Jeanne Barseghian, Marie-Laure Basilien-Gainche, Laurent Baumel, Romain Beaucher, Anne-Laure Bedu, Jacqueline Belhomme, Esther Benbassa, Patrice Bessac, Olivier Bianchi, Habiba Bigdade, Loïc Blondiaux, Alice Bosler, Maurice Braud, Rony Brauman, Axelle Brodiez, Ian Brossat, Philippe Brun, Julia Cagé, Sophie Caillat, Andrea Caro, Fanélie Carrey-Conte, Lucas Chancel, Pierre Charbonnier, Christian Chavagneux, Alain Coulombel, Annick Coupé, Jezabel Couppey-Soubeyran, Françoise Coutant, Thomas Coutrot, Cécile Cukierman, Ronan Dantec, Joël Decaillon, Carole Delga, Stéphane Delpeyrat, Laurianne Deniaud, Emmanuel Denis, Gregory Doucet, Marie-Guite Dufay, Cécile Duflot, Antoine Dullin, Jérôme Durain, Guillaume Duval, Timothée Duverger, Nicolas Duvoux, Anne Eydoux, Olivier Faure, Rémy Féraud, Aurélie Filippetti, Diana Filippova, Alain Foix, Didier Fradin, Philippe Frémeaux, Guillaume Garot, Karl Ghazi, Jean-Luc Gleyze, Raphael Glucksmann, Daniel Goldberg, Guillaume Gontard, Gaëtan Gorce, Aziliz Gouez, Bernadette Groison, Florent Gueguen, Denis Guenneau, Hélène Hardy, Jean-Marie Harribey, Anne Hessel, Catherine Hoeffler, Pierre Hurmic, Marie-Hélène Izarn, Pierre Jacquemain, Yannick Jadot, Hugues Jallon, Vincent Joineau, Régis Juanico, Nina Karam-Leder, Pierre Khalfa, Yazid Kherfi, Hella Kribi-Romdhane, Thierry Kuhn, Joël Labbé, Guillaume Lacroix, Delphine Lalu, Aurore Lalucq, François Lamy, Sandra Laugier, Pierre Laurent, Guillaume Le Blanc, Joël Le Coq, William Leday, Claire Lejeune, Corinne Lepage, Elliot Lepers, Nadine Levratto, Medhi Litim, René Louail, Benjamin Lucas, François Mandil, Bénédicte Manier, Edouard Martin, Gus Massiah, Nora Mebarek, Dominique Meda, Philippe Meirieu, Claire Monod, Beligh Nabli, Naïri Nahapetian, Alexandre Ouizille, Christian Paul, Renaud Payre, Willy Pelletier, Camille Peugny, Maxime Picard, Thomas Piketty, Eric Piolle, Dominique Plihon, Dominique Potier, Alexis Poulin, Angèle Préville, Audrey Pulvar, Valérie Rabault, Jean-Paul Raillard, Gilles Raveaud, Sandra Regol, Nadine Richez-Battesti, Martin Rieussec-Fournier, Jacques Rigaudiat, Marie-Monique Robin, Johanna Rolland, Barbara Romagnan, Laurence Rossignol, Muriel Rouyer, Virginie Rozière, Michèle Rubirola, Bernard Saincy, Eva Sas, Mounir Satouri, Frédéric Sawicki, Laurence Scialom, Sabrina Sebaihi, Aissata Seck, Gabrielle Siry, Emmanuel Soulias, Jo Spiegel, Olivier Szulzynger, Sophie Taille, Bernard Thibault, François Thiollet, Isabelle This Saint-Jean, Stéphane Troussel, Henri Trubert, Hulliya Turan, Boris Vallaud, Najat Vallaud-Belkacem, Shahin Vallée, Antoine Vauchez, Denis Vicherat, Anne Vignot, Patrick Viveret.
* à titre personnel
 
 

16:04 Publié dans Actualités, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : appel, gauche, avenir | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!