25/03/2016
Son titre en fait le « patron » du Parti communiste, mais Pierre Laurent ne croit en fait qu’à « l’intelligence collective »
C'est un lapsus qui ne trompe pas. Il a essayé à plusieurs reprises, mais non, Pierre Laurent ne parvient pas à parler d'homme (ou de femme) « providentiel », remplaçant chaque fois ce dernier adjectif par « présidentiel ».
C'est comme ça, chez le secrétaire national du Parti communiste français, invité hier après-midi des Rencontres Sciences Po- « sud Ouest », le collectif est décidément trop fort.
D'ailleurs, il ne s'est pas privé de souligner que, si beaucoup de choses rassemblaient les militants du PCF et du Parti de gauche, une au moins les différenciait : « le rapport au chef ». Jean-Luc, si tu nous écoutes… « On me présente comme le patron du Parti. En fait, j'aime les gens qui prennent leurs responsabilités, mais je n'aime pas les chefs. Pour moi, l'intelligence n'est que collective. »
Autant dire que la posture martiale et autoritaire de Manuel Valls impressionne assez peu Pierre Laurent. « Au Sénat, il a une attitude révélatrice, précise-t-il. Quand il parle, il tourne désormais le dos aux bancs de gauche, il ne regarde que les bancs de droite. » 2017, il en a bien sûr été question dans la bouche des étudiants de Sciences Po et de notre confrère Jefferson Desport. Pierre Laurent a ironisé sur tous ces candidats de gauche, dont Jean-Luc Mélenchon, qui ont déjà loué leurs starting-blocks. « Pas la peine de rajouter d'autres noms, y compris le mien. »
Pour lui, c'est d'abord un programme de gauche qu'il faut élaborer avant de trouver le ou la candidat(e) qui le défendra. Et, selon lui, c'est Myriam El Khomri, à l'insu de son plein gré, qui pourrait rassembler la gauche anti-Hollande, c'est-à-dire tous ceux qui défilent et manifestent contre sa loi.
« Aucun parlementaire de gauche ne pourra la voter », affirme le secrétaire national du PCF, qui parie sur une affluence considérable le 31 mars dans la rue. Une loi qui a, en tout cas, permis aux communistes de se rendre compte qu'ils avaient du retard pour la mobilisation via les réseaux sociaux.
S'il croit toujours à la lutte des classes et à la révolution, sans la voir comme le grand soir mais « en dépassant le système capitaliste qui permet à 1 % de la population mondiale d'être aussi riche que les 99 % restants », Pierre Laurent ne fait pas d'angélisme.
« Le seul boulevard qu'offre la crise économique, c'est le boulevard du racisme, dit-il. Quand il y a le choc des misères, difficile de faire passer le message de la solidarité », ajoute-t-il, reconnaissant avoir « un peu perdu la bataille idéologique contre l'extrême droite ». « Mais, depuis des années, on ne cesse de culpabiliser et dénigrer le monde ouvrier en désignant l'étranger. »
Pierre Laurent, lui, et c'est génétique, croit toujours à la fraternité. Celle qui l'unissait notamment à Charb et à d'autres dessinateurs de « Charlie » et qu'il a évoquée, à sa façon, d'un ton égal, sans effets de manches. « Ils nous ont manqué, à la dernière Fête de ‘‘L'Huma''. »
Benoît lasserre pour Sud Ouest
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23/03/2016
UNE JEUNESSE PARISIENNE EN RESISTANCE
Ce documentaire réalisé par Mourad Laffitte et Laurence Karrsznia propose de revenir sur l'histoire de la MOI parisienne et son engagement dans la Résistance ; parmi eux, Henri Krasucki, Paulette Sarcey, Roger Trugnan, Marcel Rayman, Julien Lauprêtre... Beaucoup sont arrêtés et connaissent alors le sort tragique de la torture, des exécutions ou de la déportation, marquant à jamais celles et ceux qui ont survécus.
Figure emblématique, Henri Krasucki aura été un militant du début à la fin de sa vie. Si l'on connaît bien son parcours syndical et politique, on ignore encore trop souvent le cheminement qui l'amena à jouer un rôle essentiel dans la Résistance parisienne ; un engagement qui le mena en déportation dont il confiera plus tard : « On peut subir des conditions pénibles à supporter et avoir une force intérieure augmentée de la capacité d'une force collective qui permet de se surpasser. »
A travers de nombreux témoignages et archives dont certaines inédites, ce film témoigne de ces parcours exceptionnels et met en lumière la culture, le courage, l'intégrité et la force de ces jeunes gens. Il aborde l'espoir et la volonté de toute cette jeunesse parisienne, souvent étrangère et issue du monde ouvrier, avide de faire vivre les valeurs humaines par-delà la xénophobie, l'antisémitisme et les risques encourus. Portés par la volonté d'un monde meilleur, ils dirent non à la barbarie nazie et la collaboration du gouvernement de Vichy en s'engageant, parfois jusqu'à en mourir.
Cette détermination leur a permis de se dépasser, de surmonter cette épreuve indicible et de jouer un rôle majeur dans la résistance parisienne.
Ce documentaire s'inscrit dans une volonté de compréhension, de transmission. Il participe du travail de mémoire tout en réinterrogeant notre présent, faisant écho aux questions d’actualité telles que l'éducation, la culture, les luttes sociales, la montée de l'extrême-droite... « Ni blasé, ni cynique, ni bloqué dans le passé ; tourné vers la vie. Je sais ce que coûte la guerre, le prix de la liberté, celui de la dignité et de la justice », Henri Krasucki. Un message d'une rare actualité.
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18/02/2016
« En avant vers le passé ! »
L'éditorial de Patrick Apel-Muller, journal l'Humanité
: "Tout cela dessine un ordre cohérent, le libéralisme autoritaire où le patron n’est pas seulement choyé par un premier ministre qui aime les entreprises, mais dont la toute-puissance s’édifie sur les vestiges de la République. À gauche, il est grand temps de rallier le mot d’ordre de Rimbaud : « Il faut être résolument moderne, tenir le pas gagné. » Et reprendre la marche vers le progrès."
Mais que restera-t-il à Nicolas Sarkozy ? Je n’évoque pas là ses malheurs judiciaires mais le pillage en règle dont il est victime. Après lui avoir ôté la part de copropriété qu’il détenait avec Marine Le Pen sur la déchéance de la nationalité, voilà que François Hollande et Manuel Valls lui dérobent son libéralisme forcené.
La loi, qu’ils ont chargé Myriam El Khomri de présenter, est une véritable bombe placée au cœur du monde du travail, pulvérisant le droit au repos, démantelant le droit syndical par le référendum d’entreprise et la primauté des accords d’entreprise sur la loi, hachant menu les protections contre les licenciements… Le site du Figaro hier soir éprouvait un ravissement au bord de la pâmoison et même de l’épectase. Voilà l’avènement de la loi du plus fort, celle du patron restaurée dans sa version la plus rétrograde. « En avant vers le passé ! », proclament les marquis du régime.
La même inspiration préside à ce démantèlement du droit du travail qu’au monstrueux gaspillage de fonds publics que constitue le pacte de responsabilité. Des dizaines de milliards d’euros sont jetés dans la fournaise des dividendes et des placements financiers. Calculez ce que 40 milliards auraient pu utilement financer : au moins 400 000 emplois annuels convenablement rémunérés, autant de chômeurs en moins, de consommateurs en plus relançant l’activité, de postes utiles pour l’éducation, la santé, la culture, la transition énergétique… Mais ils ont été détournés vers les profits, cette politique de l’offre et son corollaire, le démantèlement du modèle français, avec ses protections sociales et ses droits.
Tout cela dessine un ordre cohérent, le libéralisme autoritaire où le patron n’est pas seulement choyé par un premier ministre qui aime les entreprises, mais dont la toute-puissance s’édifie sur les vestiges de la République. À gauche, il est grand temps de rallier le mot d’ordre de Rimbaud : « Il faut être résolument moderne, tenir le pas gagné. » Et reprendre la marche vers le progrès.
09:59 Publié dans Actualités, Economie, Pour les nuls | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : code du travail, gouvernement, medef | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
11/02/2016
Absentéisme à l'Assemblée nationale. Mise au point du député communiste Gaby Charroux
Une nouvelle campagne très violente est engagée une fois de plus contre les parlementaires, et les élus en général dans les médias et les réseaux sociaux, relayée souvent par des dessins comme celui que nous publions. Ce n'est pas nouveau, déjà dans les années 30 il était l'oeuvre de l'extrême droite, dans les années 60 des Poujadistes. Ce qui est nouveau c'est qu'elle est relayée par des journalistes dont l'incompétence et la méconnaissance du fonctionnement du parlement est abyssal, ou leur mauvaise foi totale. Nous publions ici une lettre du député communiste Gaby Charroux à ses électeurs qui clarifie clairement la réalité :
LETTRE DU DEPUTE COMMUNISTE GABY CHARROUX
J'ai pu voir dans la presse et sur les réseaux sociaux qu'une nouvelle opération anti-parlementaire était en cours sur la présence des Députés lors de l'examen de la loi constitutionnelle "protection de la Nation".
Je n’étais pas en séance de nuit ce lundi lors de l’examen de l’article 1 du projet de loi. Le déchaînement orchestré ici et là sur l'absence de nombreux députés démontre à quel point le fonctionnement de la procédure législative est mal connu. Et certains l'entretiennent volontairement quand on sait à qui cela profite.
Certes l’article 1 a été voté mais ce qui est important ce n’est pas le vote article par article, c’est le vote de la loi elle-même et celui-ci est prévu ce Mercredi à 16 h 15 et, bien sûr, je serais dans l'hémicycle pour les explications de vote et le vote comme je l'étais vendredi pour la discussion générale. Car l’article 1 peut être voté, et même le 2 d’ailleurs puisque c'est le cas, mais si la loi n’est pas votée, ces votes ne comptent pas !
La tromperie souvent, c’est que la presse titre "l’inscription de l’état d’urgence dans la constitution est voté", "la déchéance de nationalité est votée" mais c’est tout simplement faux puisque la loi elle-même n’est pas votée !
Au delà, quand bien même ce texte serait voté ce mercredi, il va y avoir une lecture au Sénat qui va le modifier, puis une nouvelle lecture à l'assemblée, puis encore une lecture au Sénat... Bref, la procédure législative normale pour tout texte. Et celui-ci, de plus, à ceci de particulier que pour être appliqué, c'est à dire pour que soit inscrit dans la constitution les deux articles de la loi relatifs à l'état d'urgence et la déchéance de nationalité, il faut réunir le congrès (Assemblee + Sénat) qui doivent l'adopter aux 3/5ème des présents ce qui aujourd'hui est quasi impossible.
C’est vrai pour tous les examens de textes : un député ne peut pas être présent en séance du lundi 16h jusqu’au vendredi minuit. Il a d’autres activités de Député dans sa circonscription, des réunions, des permanences, des commissions… S’il était dans l’hémicycle toute la semaine, les habitants des circonscriptions, les associations, les représentants du monde économique, social n’auraient pas d’interlocuteurs et il serait dit de la même manière : « Le député n’est jamais là, on ne le voit jamais, il ne s’occupe pas de nos problèmes, il est toujours à Paris… ».
Ce qui est important c’est d’être représenté au sein de son Groupe et de participer à la discussion générale de début de texte, de défendre les amendements lorsqu’on en dépose et surtout les explications de vote et le vote final sur le texte. D'ailleurs, les discussions sur article sont impossibles à 577 car il faudrait des mois pour adopter le moindre texte. Ce sont les députés les plus concernés, délégués de leurs groupes, issus des commissions concernés qui sont chargés de ce travail.
Des Députés du front de gauche étaient présent et, permettez-moi de vous dire qu’avec un Groupe de seulement 10 députés, ce n’est pas toujours facile… Il y avait 3 députés du Front de gauche sur 10 lundi soir. Par comparaison, il y avait 10 Députés UMP sur 196…
Par ailleurs, nous n’avions pas déposé d’amendements sur ce texte et donc nous n’avions pas à en défendre pour la simple et bonne raison que nous rejetons ce texte en bloc car je l’estime dangereux pour nos libertés individuelles et collectives, inutile en terme d’efficacité et discriminant, donc contraire à l’esprit de notre constitution et de notre République.
Je serais présent mercredi pour voter contre ce texte et c’est là que tout se jouera, en première lecture, sur cette volonté de modification constitutionnelle.
Je m'adresse à vous car l'opération anti-parlementaire de ces deux derniers jours peut vous avoir interpelé ou posé des questions autour de vous.
17:19 Publié dans Actualités, Connaissances, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (5) | Tags : gaby charroux, pcf, parlement | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |