25/07/2018
ISRAEL PLONGE GAZA DANS LE NOIR QUASI PERMANENT
Ziad Medoukh, correspondant à Gaza
Depuis plus de trois jours, la bande de Gaza vit une véritable crise d’électricité, avec de longues coupures de courant, jusqu’à 21heures par jour, ce qui signifie que chaque maison et chaque quartier a le droit de deux à trois heures d’électricité par jour. Impensable !
Les forces de l’occupation israélienne ont décidé récemment de réduire la fourniture d’électricité à cette région sous blocus, afin de faire pression sur la population civile pour qu'elle arrête la Marche du retour.
Cette décision aggrave la crise humanitaire dans une région en souffrance permanente, et met en danger les infrastructures sanitaires et en particulier les hôpitaux.
Cette pénurie d’électricité a des conséquences grave sur tous les secteurs vitaux dans cette région qui a subi trois offensives militaires en cinq ans, sans oublier les agressions israéliennes au quotidien.
Vous imaginez ? Plus de deux millions habitants privés d’électricité pendant des jours et des jours ! Surtout durant cette saison d’été. Terrible !
La seule centrale électrique de Gaza qui a été bombardée lors de la dernière agression israélienne en 2014 fonctionne avec seulement 20% de sa capacité.
Outre ces coupures, en plein été, à Gaza, c'est la pénurie d’eau. Tous les puits municipaux qui approvisionnent les habitants fonctionnent à partir du courant électrique.
Vous imaginez ? Des foyers privés d’eau pendant des jours et des jours ! Incroyable !
Cette situation est liée au manque de fioul et de carburant qui entrent normalement dans la bande Gaza par Israël. La quantité qui entre par jour ne suffit pas à faire face à cette vague de chaleur.
Cette pénurie a des conséquences dramatiques sur la vie quotidienne des habitants de cette région sous blocus, et paralyse tous les secteurs économiques Imaginez-vous une terre sans électricité, sans eau et sans carburant ? Nous sommes en 2018 quand même ! Inimaginable !
Israël refuse l’entrée de matériel et de pièces de rechanges pour cette centrale endommagée par les multiples bombardements, notamment lors de sa dernière offensive contre Gaza en 2014.
Beaucoup d’usines ont fermé leurs portes, des milliers de travailleurs se retrouvent au chômage, ce qu'aggrave la situation déjà délicate des habitants de cette prison à ciel ouvert.
Les hôpitaux et les centres médicaux sont les plus touchés, beaucoup d’opérations chirurgicales sont annulées, beaucoup d’appareils médicaux sont en panne, la vie de centaines de patients est menacée.
L’état d’urgence a été décrété dans la bande de Gaza et même les quelques générateurs qui continuent de fonctionner vont être arrêtés, faute de fioul.
Les Palestiniens de Gaza même avec leur patience extraordinaire et leur adaptation avec ce contexte particulier, continuent leur souffrance à cause de cette crise.
Devant cette crise, les Palestiniens de Gaza s’interrogent :
Où sont les organisations de droits de l’homme ?
Où est le monde dit libre ?
Jusqu’à quand cette souffrance ?
Jusqu’à quand ce blocus israélien inhumain contre la population civile de la bande de Gaza ?
Et jusqu’à quand cette injustice ?
12:56 Publié dans Actualités, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaza, noir, électricité, israel | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
10/01/2018
Une année 2017 dramatique pour les Palestiniens de Gaza
De Ziad Medoukh, professeur de français, habitant Gaza
Depuis plus de douze ans, et à la fin de chaque année, les habitants de la bande de Gaza espèrent un changement de leur situation marquée par la souffrance, le maintien du blocus israélien inhumain, la poursuite des attaques israéliennes contre leur prison à ciel ouvert, et son isolement comme région oubliée.
Depuis le retrait israélien de la bande de Gaza et l’évacuation des colonies israéliennes illégales en 2005, et depuis le début du blocus israélien imposé contre cette région isolée en 2006, la bande de Gaza vit une situation terrible à tous les niveaux, une situation qui rend la vie de deux millions d’habitants de pire en pire.
En onze ans, la population civile a subi trois offensives militaires israéliennes qui ont fait des milliers de morts et de milliers de blessés, sans oublier la destruction massive de toute une région.
Onze années se sont écoulées, mais c’est difficile pour nous Palestiniens de Gaza d’oublier la guerre, l’enfermement, la souffrance, les massacres et les crimes commis par cette armée d’occupation, contre nos femmes et nos enfants, contre nos maisons et nos écoles, contre nos usines et nos routes, contre notre volonté et notre résistance.
L’ année 2017, a connu la poursuite des événements tragiques pour les habitants de cette région enfermée et laissée à son sort, une région abandonnée par une communauté internationale officielle complice. Mais surtout n’a connu aucun changement sur le terrain, malgré quelques initiatives locales et régionales.
L’année 2017 pour les habitants de la bande de Gaza, a été marquée par les dix événements suivants :
1-Le maintien du blocus israélien inhumain imposé de façon illégale par les forces de l’occupation depuis plus de onze ans, et la fermeture permanente des passages qui relient la bande de Gaza à l’extérieur.
Concernant les passages commerciaux : Actuellement, par jour, 300 à 340 camions entrent à Gaza via le seul passage commercial ouvert cinq jours par semaine, ce passage se situe au sud de la bande de Gaza, mais la moitié de ces camions sont pour les organisations internationales et leurs projets de reconstruction d'écoles et de stations d’eau. Parmi ces camions, 4 ou 5 seulement contiennent des matériaux de construction notamment le ciment. Ce passage se ferme sous n’importe quel prétexte, par décision israélienne, sans prendre en considération les besoins énormes de la population civile, en augmentation permanente.
Gaza n’a droit qu’à 110 produits au lieu de 970 avant le blocus, quelques produits et médicaments n’entrent pas, ce qui a aggravé la situation. Selon les estimations des organisations internationales, la bande de Gaza a besoin de plus de 1300 camions par jour pour répondre aux besoins énormes d’une population en augmentation permanente. Sans oublier la liste de 90 produits toujours interdits d’entrer par ordre militaire israélien.
Cette fermeture a empêché la libre circulation des importations et des exportations des biens et produits de Gaza, en particulier les matières premières et les produits semi-finis.
Le gouvernement israélien refuse l’ouverture des passages d’une façon régulière et maintient son blocus sur Gaza. Les organisations internationales n’arrivent pas à faire pression sur ce gouvernement, et les Palestiniens de Gaza sont dans l’attente.
2-Les projets de reconstruction public ou privé sont au point faible, trois ans et demi après la fin de la dernière attaque sanglante contre Gaza en été 2014. le comité national de la reconstruction de Gaza a annoncé que seulement 50% de réparation pour les maisons touchées partiellement par les bombardements israéliens, qui ont été faites.
Seulement 75% de l’argent promis lors de la conférence sur la reconstruction de la bande de Gaza les 11 et 12 octobre 2014 au Caire.- 5.6 milliards dollars promis- est versé soit directement à l’autorité palestinienne qui se heurte à d’énormes difficultés pour mener des projets de reconstruction dans la bande de Gaza, qui réellement n’y exerce aucun pouvoir, à cause des mesures israéliennes d’une part et des divergences politiques entre les différents partis palestiniens d’autre part, soit aux organisations internationales qui s’intéressent surtout à distribuer des aides alimentaires aux sans-abris plutôt que de commencer la reconstruction des maisons détruites.
On est passé suite à cette situation catastrophique dans la bande de Gaza d’une économie familiale non-violente à une économie dépendante d’Israël et des organisations internationales.
3-La poursuite des incursions, bombardements, malgré une trêve respectée par les factions de Gaza, jamais par l’armée d’occupation israélienne. On compte plus de deux cent violations israéliennes en 2017 : 90 bombardements, 77 incursions dans différentes zones frontalière au sud, au centre, et au nord de la bande de Gaza, 120 attaques contre les pêcheurs et leurs bateaux de pêche. 73 palestiniens ont trouvé la mort à Gaza suite à ces attaques et bombardements.
4-L’échec des efforts de la réconciliation inter palestinienne, malgré la signature d’un accord qui a mis fin de la division entre les deux partis rivaux : le Fatah et le Hamas en octobre 2017, ce qu’a aggravé la souffrance des habitants de la bande de Gaza.
5-La dégradation de la situation économique, le taux de chômage dépasse les 67% de la population civile, mais le phénomène le plus dangereux est la hausse du chômage chez les jeunes de moins de 30 ans, qui atteint 75%, en 2017, plus de 50.000 personnes s’ajoutent au chômage.
- La pauvreté. 72% de la population de Gaza vit en dessous de seuil de pauvreté
-L’augmentation du nombre de personnes qui dépendent des organisations humanitaires. 80% des Palestiniens de Gaza vivent sur des aides alimentaires. Selon les sources du bureau des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens –UNRWA- dans la bande de Gaza, plus de 1000.000 personnes ont bénéficié du programme de l’aide alimentaire géré par le bureau en 2017, ce programme a élargi ses services pour cibler les citoyens et non seulement les réfugiés.
Sur le plan économique, la situation ne cesse de s’aggraver avec les conséquences dramatiques du blocus et de la dernière agression qui ont causé l’augmentation du chômage, et du niveau de pauvreté, sans oublier l’incapacité de bâtir une véritable économie dans la bande de Gaza.
L’économie de la bande de Gaza souffre d’une crise très grave due aux agressions israéliennes et au blocus. Cette situation empêche tout développement d'une économie en faillite qui ne trouve pas les ressources nécessaires pour sortir d'une crise qui touche tous les secteurs.
Pour beaucoup d’économistes, l’année 2017 est considérée comme la plus catastrophique pour l’économie palestinienne depuis 20 ans
6-La déclaration du président américains Trump sur la ville de Jérusalem en décembre 2017, avec une réaction palestinienne très intensive sur le terrain avec des manifestations populaires sur les frontières de Gaza, avec des morts et des blessés côté palestinien, ce qu’ajoute d’autres préoccupation à la population de Gaza.
8-Aucune solution est proposée pour les problèmes de la bande de Gaza, soit de deux gouvernements palestiniens, soit des organisations internationales, voir des pays voisins ou autres. Les problèmes d’eau, d’électricité, d’infrastructure, de chômage, de pauvreté, de précarité et reconstruction sont toujours présents.
La seule centrale électrique qui a été bombardée lors de la dernière agression, fonctionne avec seulement 30% de sa capacité, chaque foyer à Gaza a le droit de 4 à 6 heures de courant électrique par jour.
9-Concernant l’eau : Les dommages causés aux canalisations d’eau et d’assainissement ont été immenses En décembre 2017, plus de la moitié des Gazaouis n’avait plus aucun accès à l’eau.
10-Aucun changement, rien ne change, rien ne bouge, la vie est presque paralysée pour cette population civile. Et ça dure depuis longtemps, sans aucune réaction nationale, régionale ou internationale. Les citoyens de Gaza vivent le jour au jour, ils essayent de s’adapter, de tenir bon, mais surtout d’y exister.
Les questions qui se posent au début de cette nouvelle année :
Jusqu’à quand ce blocus israélien inhumain contre la population civile de la bande de Gaza ?
Jusqu’à quand la souffrance des Palestiniens de Gaza ?
Jusqu’à quand cet impunité d’Israël ?
Jusqu’à quand le silence international officiel ?
Et jusqu’à quand cette injustice ?
La population civile se bat quotidiennement pour survivre digne sur sa terre.
la situation stagne, rien ne bouge et les gens, sur place, attendent et attendent, ils attendent une ouverture, ils attendent la levée de ce blocus inhumain, ils attendent une vraie réaction internationale afin de mettre fin à l’impunité d’Israël et fin à leur souffrance, ils n’ont pas d'autre choix que d’attendre, ils attendent avec un courage et une volonté remarquables. Mais surtout avec un message simple et claire : ici notre terre, nous partirons pas.
Mais la vie continue, ses habitants s’adaptent et montrent une patience extraordinaire devant le silence complice d'une communauté internationale officielle impuissante.
En attendant, les Palestiniens de Gaza tiennent bon, persistent, patientent, résistent, mais surtout, ils continuent d’espérer en un lendemain meilleur, un lendemain de liberté, de paix, mais, avant tout, un lendemain de justice.
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01/08/2017
Une journée ordinaire sans eau et sans électricité à Gaza
Témoignage de Ziad Medoukh Professeur de français, à l'université Al-Aqsa Gaza Palestine
C'est difficile pour moi citoyen palestinien de Gaza de décrire en deux ou trois pages la situation actuelle dans notre région abandonnée. Une situation catastrophique à tous les niveaux qui s’est aggravée récemment, notamment, avec la crise de l’électricité et ses conséquences dans tous les secteurs vitaux dans cette région sous blocus israélien depuis plus de dix ans.
Mais je vais essayer le plus succinctement possible de narrer une partie de mon vécu pendant des jours et des jours où Gaza était dans le noire total.
Actuellement, nous avons le droit à trois ou quatre heures d’électricité par jour, c’est insuffisant, mais on n' a pas le choix, on s’adapte avec cette situation même insupportable .
Je ne vous cache pas que, je me demande toujours, ainsi que tous les Palestiniens de Gaza: nous sommes nous un peuple anormal pour supporter cette situation inacceptable et cette souffrance qui dure et qui dure , et je me pose souvent les même questions : pourquoi nous à Gaza ? Pourquoi le monde officiel ne bouge-t-il pas? Et jusqu’à quand durera notre souffrance ?
Nous avons vécu des journées terribles dans la moitié du mois de juillet 2017, avec seulement une ou deux heures d'électricité par jour, et quelques fois, deux ou trois jours sans électricité et sans eau.
La crise a commencé en avril dernier, avec la décision israélienne de réduire la quantité d'électricité qui entre la bande de Gaza. Nous sommes passés de huit heures à quatre heures par jour, puis deux heures dès le début du mois de juillet.
Cette crise nous rappelle les événements tragiques de l'été 2014 vécus par la population civile de Gaza, même sans bombardements et sans bombes.
Ce qui aggrave notre souffrance c'est ce silence complice du monde officiel , la chape de silence que les médias entretiennent, et l'indifférence totale des organisations des droits de l'homme qui n'arrivent pas à condamner cette ignominie.
C'est vrai, notre volonté remarquable et notre patience extraordinaire, mais surtout notre adaptation avec ce contexte très difficile est un aspect très positif qui nous aide à supporter cette souffrance. Mais notre situation est de plus en plus délicate dans la bande de Gaza, une région occultée et laissée à son sort par une communauté internationale officielle sourde à nos souffrances!
Pour moi, dans ce contexte particulier, et comme deux millions de Palestiniens, nous avons vécu des jours et des jours très longs sans eau et sans électricité. J’essaie de faire mon devoir, d’envoyer des nouvelles au monde francophone, je résiste par les témoignages et le partage de notre vécu, même si difficile de répondre à tous les messages qui proviennent de beaucoup d'amis et de solidaires, car je tiens beaucoup à la solidarité internationale et le soutien indéfectible de ces solidaires de bonne volonté.
Pendant ces jours terribles, nous étions tous à Gaza sous pression, personnellement, je passais davantage de temps à mon travail à l’université. Car elle dispose d’un générateur, et durant ce temps, j’étais obligé de faire toutes les tâches de mon travail ,car chez moi, la batterie rechargeable a besoin de huit heures minimum par jour pour fonctionner. Mais avec deux heures, elle tombe souvent en panne, et pour la réparer ou en acheter une autre, qu'il faut charger, on a besoin de huit heures par jour.
Parmi les conséquences graves de cette crise, c’est le secteur de l’eau qui a été le plus touché. Ici tous les puits d'eau ont besoin d'un courant électrique pour remplir nos réservoirs qui se trouvent sur le toit de nos maisons. Pour que l'eau arrive dans les robinets à partir des réservoirs, on a besoin d'électricité. Le problème étant que parfois, même pendant le retour du courant électrique, l’eau était coupée!
Il nous est arrivé de rester plus de trois jours sans eau, inimaginable! Dans ce cas, on était obligé d'acheter de l’eau potable pour l’utilisation quotidienne. Auparavant, on achetait l’eau potable pour boire, car l’eau du robinet dans tous les foyers de Gaza n’est pas potable
On est obligé à s'adapter avec cette nouvelle situation, et il y a eu un changement dans les habitudes: par exemple on achète la nourriture au jour le jour, et on ne met rien dans les réfrigérateurs , souvent vides, on a envie de boire de l'eau fraîche avec cette vague de chaleur......mais en vain!
On ne dort pas assez, il fait très chaud, les ventilateurs et les climatiseurs ont besoin d’électricité pour fonctionner, tout est paralysé à Gaza.
Vous n'imaginez pas la joie de toute la famille, quand revient le courant électrique à n’importe quel moment du jour ou de la nuit. A n'importe quel moment, le retour du courant est une fête, tout le monde se réveille, soit pour faire fonctionner les appareils électroménagers, pour charger les portables, soit suivre les nouvelles, utiliser internet et les réseau sociaux! Dans notre contexte d’isolement, nous voulons garder le contact avec le monde!
Quand le courant électrique revient, à n’importe quel moment de la journée, le matin, le soir, à l’aube, même à 2h ou 3h du matin, un état d’urgence est décrété chez moi: personne dans la maison n’a le droit de me parler ou de me demander quoi que ce soit. La priorité est d’envoyer les nouvelles de Gaza aux amis solidaires et aux associations de soutien à la cause palestinienne. J’ai dû laissé tomber beaucoup d’obligations familiales, car je suis convaincu de l’importance de cette solidarité internationale. Je veux informer sur notre quotidien ,je n’avais pas le temps de m’occuper de mes enfants et de ma famille, ils n'osent pas me parler quand l'électricité revient!
J'ai de la peine pour mes enfants, les pauvres, ils ne vivent pas une vie normale. Pas de loisir, pas de vacances, ni de plage. La plupart des journées, ils sont dans leurs maisons ou devant leurs immeubles pour jouer et passer le temps. Bien que leur vacances scolaires aient commencé depuis deux mois, nous n'avons passé aucun jour sur la plage à cause de la pollution de la mer à Gaza.
Un aspect remarquable, est la solidarité familiale et sociale, les voisins s'entraident énormément pour fournir de l'eau, ou recharger les lampes pour les autres.
Le problème dans ce contexte : vous ne pouvez rien faire devant cette injustice, notre impuissance devant de telles souffrances, nous n’avons pas d’autre choix que de supporter et de résister en attendant un changement.
Le sentiment de l'enfermement et de l’isolement est un sentiment terrible! Et les Palestiniens de Gaza sont les mieux placés pour sentir ce sentiment , eux les enfermés dans leur prison à ciel ouvert depuis plusieurs années.
Le seul responsable de notre souffrance est l’occupation israélienne qui vise à briser la volonté remarquable et la patience extraordinaire de cette population civile de Gaza! Une population résistante et attachée à sa terre malgré toutes les mesures atroces de l’occupation contre la bande de Gaza.
On ne peut pas accuser les dirigeants palestiniens de Gaza ou de Ramallah d’avoir un rôle de responsabilité dans cette crise d’électricité, même si la division est une honte, car les deux sont impuissants et leur pouvoir sous occupation est illusoire.
Notre contexte est comme un verre où l’eau se mélange au sel comme pour donner un sens encore à l’espérance, qui nous rend forts comme le roc sur cette terre aux mille et une meurtrissures.
Les Palestiniens de Gaza sont privés de liberté sauf de leur liberté de penser. Leur seul droit est de respirer l'air souvent pollué par l'odeur des bombes de l'occupant.
En dépit de notre vécu tragique pendant cette période où Gaza a supporté l’insupportable, ce qui nous soulage est cette mobilisation et cette solidarité civile et populaire partout dans le monde avec la population de Gaza contre le blocus israélien. Nous sommes quasiment la seule région dans le monde en souffrance permanente; pour laquelle les solidaires organisent des manifestations et des rassemblements de soutien, ça calme notre colère
On peut dire qu’aucun objectif israélien de cette punition collective n' a été réalisé, notre population digne est toujours débout.
Après tout, malgré toute cette souffrance, mon message est toujours simple : c’est un message d’espoir au cœur de la douleur.
Je suis plus que jamais déterminé à continuer ma résistance quotidienne dans la bande de Gaza, comme ma population civile, à travers l’éducation et le travail avec mes jeunes pour une ouverture sur le monde. Avec le soutien des solidaires de notre cause juste, pour une Palestine de liberté et de paix durable, une paix qui passera avant tout par la justice.
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12/07/2016
Gaza, les vivants et les morts de l’été 2014
Les journalistes Anne Paq et Ala Qandil proposent un webdocumentaire sur des familles palestiniennes décimées lors de l’offensive israélienne à Gaza, en 2014. Bouleversante plongée dans cette guerre faite aux civils, leur travail livre des pistes pour demander justice.
« Comment se reconstruire quand vous avez perdu une partie voire toute votre famille, que votre maison a été détruite, que vous ne pouvez pas retrouver de travail, le tout dans des conditions matérielles impossibles et sur un territoire soumis au blocus ? »
À cette question que pose Anne Paq, le webdocumentaire #ObliteratedFamilies (Familles décimées) dont elle est la coréalisatrice, n’apporte pas de réponse. Il nous parle des morts et des vivants, des pertes irrémédiables, met des visages et des corps sur la guerre, donne à voir les traumatismes profonds et durables occasionnés par les bombardements, mais aussi la soif de justice du peuple qui les subit. Et c’est déjà beaucoup.
Le tribut des familles
Durant 51 jours, pendant l’été 2014, l’armée israélienne a mené dans la bande de Gaza une offensive militaire – "Bordure protectrice" – qui a coûté la vie à près de 2.200 Palestiniens, très majoritairement des civils, dont plus de 500 enfants, fait plus de 11.000 blessés, dont au moins 1.000 enfants aujourd’hui handicapés à vie, et laissé 100.000 Gazaouis sans-abris.
Après les opérations "Plomb durci" de décembre 2008/janvier 2009 et "Pilier de défense" de novembre 2012, c’était la troisième fois en six ans que le petit territoire subissait la violence (aérienne, terrestre, navale) de l’armée israélienne. « La confrontation armée est le terrain d’Israël, et il y excelle », résume la journaliste Amira Hass, dans son texte d’introduction au webdoc. Un terrain généralement jonché de cadavres lorsque "Tsahal" s’en retire, notamment dans la bande de Gaza. « Au sortir de la confrontation, il y a eu cette statistique effroyable donnée par les Nations Unies, qui m’a vraiment choquée, rappelle Anne Paq :
« En 51 jours de bombardements, 142 familles ont perdu au moins trois membres ou plus. Il y a toujours eu beaucoup de civils tués par l’armée israélienne, mais là c’est vraiment une caractéristique spécifique à cette offensive. C’est cela qui m’a conduit à mener ce travail en partant des familles. »
Journaliste-photographe française membre du collectif Activestills, un collectif établi en 2005 par des photographes et documentaristes pour qui « la photographie doit être un outil de changement social et politique » (à voir ici ), Anne Paq pratique la Palestine depuis une quinzaine d’année et a commencé à se rendre régulièrement dans la bande de Gaza en 2010. « Il m’a semblé important de passer du temps sur place pour parler du siège, des bombardements, documenter la situation ». En 2014, c’est d’Europe qu’elle suit la montée des tensions à l’approche de l’été. Dès que l’offensive militaire est déclenchée, elle se rend sur place. « J’y suis restée trois semaines, jusqu’à mon point de rupture. Je suis ensuite revenue à Gaza en septembre ».
L’histoire des victimes
Sur place, travaillant comme journaliste pour divers médias, elle est happée par la couverture de l’info, plongeant dans une « incessante série d’atrocités ».
« On est à l’hôpital, dans les morgues, il y a les corps qui défilent, les familles ravagées qui débarquent et c’est extrêmement frustrant de ne pas connaître l’histoire de ces personnes. En septembre suivant, pour moi, c’était important de retrouver certaines de ces familles ».
En compagnie de sa collègue Ala Qandil, journaliste palestino-polonaise, et avec le concours du Centre Al Mezan pour les droits humains (à voir ici) qui l’oriente sur d’autre pistes, elle va au final documenter l’histoire d’une cinquantaine de familles. Qui, un jour de juillet ou d’août 2014, en quelques secondes, ont basculé dans l’horreur. Le grondement d’un avion, le sifflement d’un missile, le fracas d’une bombe. Et dans le chaos des ruines fumantes, les corps des enfants, du père, de l’épouse, des frères, de la cousine. Parfois découpés en morceaux, brûlés. Les survivants racontent.
Parmi ces histoires, il y a celle de la famille Suheibar. Le 17 juillet, Afnan, huit ans, ses deux cousins Jihad et Wassim, dix et neuf ans, ont été tués par un missile tiré d’un drone. Ils étaient sur le toit de la maison pour nourrir les oiseaux. Des fragments du projectile ont permis d’identifier le fabriquant d’un composant, la société française Exxelia Technologies. Le 29 juin dernier, la famille Suheibar, soutenue par l’ACAT, a porté plainte en France contre cette société pour complicité de crime de guerre et homicide involontaire. Anne Paq explique pourquoi « Faire écho à de telles démarches fait partie de nos objectifs :
« Leur plainte permet de mettre en lumière les complicités avec Israël, d’établir des liens. Tout cela est important parce que si l’impunité d’Israël perdure, ça recommencera. Aujourd’hui d’ailleurs, la question n’est pas tant de savoir si la bande de Gaza sera de nouveau frappée mais plutôt quand... »
La colère et la justice
En attendant, #ObliteratedFamilies permet aussi de rappeler cette réalité : « Il n’y a jamais de retour à la normale à Gaza. Les attaques, c’est tragique, mais il y a un avant, un après. Durant l’offensive de l’été 2014, les hôtels du territoire étaient plein de journalistes. Lorsque je suis revenue en septembre, il n’y en avait plus un seul. Il faut pourtant montrer la lenteur de la reconstruction et dire que la situation de siège et l’omniprésence dans le ciel de chasseurs ou de drones sont anormale et injuste. Tout le temps. »
« La colère est là, bien sûr mais c’est surtout la soif de justice qui est exprimée, poursuit Anne Paq. Et ce d’autant plus qu’ils ne sont pas reconnus en tant que victimes par Israël, dont le discours est de renvoyer la responsabilité de tous ces morts aux Palestiniens eux-mêmes. Alors que rien ne peut justifier que l’on tue ainsi des civils : les principes de distinction entre civils et combattants et celui de la proportionnalité existent en droit international... »
Des principes évanouis durant l’été 2014, comme le montre ce webdocumentaire très abouti. Alternant textes, vidéos et photos (en arabe, anglais et français), #ObliteratedFamilies propose les histoires de dix familles ; cinq sont déjà accessibles, les suivantes le seront au fil des semaines, d’ici la fin du mois d’août. Un kit d’exposition téléchargeable et donnant des informations sur les autres familles rencontrées dans le cadre du projet devrait bientôt être disponible. Pour que « tous ceux qui le souhaitent puissent se saisir du sujet et l’exposer ».
20:15 Publié dans Actualités, Connaissances, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaza, 2014, vivants et morts | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |