06/05/2013
Vente des participations de l’Etat : une absurde stratégie à court terme
Jean-Marc Ayrault a confirmé que le gouvernement envisageait de réduire la participation de l'Etat dans le capital "d'un certain nombre d'entreprises publiques", pour consacrer ces sommes à l'investissement. C’est accepter de perdre son droit de regard sur certains choix industriels stratégiques, mais aussi sabrer une source de revenu pour l’Etat sur le long terme.
"Nous envisageons que dans un certain nombre d'entreprises publiques où le taux de participation de l'Etat en tant qu'actionnaire est très important, nous puissions dégager une partie pour financer l'investissement, pas pour boucher les trous du budget", a déclaré le Premier ministre dimanche soir au JT de TF1.
Et la vente des bijoux de famille a commencé. Rien que le mois dernier, le ministère de l'Economie a annoncé avoir vendu 3,12% du capital de Safran, soit 13 millions d'actions, ce qui lui a rapporté 448,5 millions d'euros. La vente de titres EADS a déjà rapporté près de 1,2 milliard d'euros à l'Etat français, en avril également.
Une double erreur
Une somme qui peut paraître importante, mais à comparer aux dividendes, « rente », que ces participations apportent à l’Etat s’élève ces dernières années entre 4 et 5 milliards d’euros annuellement (cf. projets de loi de finances). Un revenu que l’Etat ampute à chaque fois qu’il vend ses participations. Un des plus gros contributeurs au budget de l’Etat est GDF-Suez, 1,4 milliards en 2012. Et le gouvernement envisage d’en vendre une partie.
Vision économique à court terme, mais aussi erreur stratégique. Vendre des participations c’est s’enlever du pouvoir de contrôle sur les décisions du groupe. C’est la participation de l’Etat au capital de France Telecom qui a permit d’éviter de brader Dailymotion. C’est aussi ce qui aurait pu lui permettre, avec un peu de volonté politique, d’empêcher la stratégie de délocalisation à tout crin chez Renault…
Le Premier ministre entend utiliser ces sommes pour investir sur 10 ans, dans les domaines du numérique et nouvelles technologies, de la transition énergétique, de la santé et des grandes infrastructures. Le détail du plan sera dévoilé au cours des prochaines semaines. Privatiser pour investir sur l'avenir, c'est bien la preuve que le gouvernement est toujours dans sa logique d'austérité.
Cette annonce, le soir même de la grande marche du 5 mai, est aussi un message politique adressé à la gauche. Le signe que le gouvernement, s’il a entendu, n’a pas l’intention d’écouter.
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15:23 Publié dans Actualités, Connaissances, Economie, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : budget, entreprises, eads, gdf-suez, jean-marc ayrault, france télécom, privatisation | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
29/09/2012
Budget 2013: les marchés financiers grands gagnants (analyse)
Dix milliards d'euros d'économies, vingt milliards de recettes nouvelles, les mesures présentées ce matin en Conseil des ministres n’ont qu’un seul objectif: celui de réduire le déficit à 3% du PIB l'an prochain.
Un budget de « combat », a lancé le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à l’issue du Conseil des ministres. Des mots repris en boucle par les différents ministres. Un combat « contre la crise, la dette et les injustices », a précisé de son côté Pierre Moscovici, ministre de l’économie. Mais pour Nicolas Sansu, député communiste et membre de la commission des Finances, ce budget est avant tout celui « du traité et des 3%, dans lequel il y a des réductions de dépenses, des postes de fonctionnaire en moins et des collectivités qui vont être attaquées. »
- Un budget pour satisfaire les marchés...
Sans nier, Pierre Moscovici a d’ailleurs déclaré qu’il s’agissait là d’une question de « crédibilité » vis-à-vis des marchés et de ses partenaires européens, pour continuer à emprunter à des taux intéressants. Une crédibilité qui pourrait être vite entachée par une baisse de la croissance qu’entrainerait la baisse des dépenses publiques et le manque de relance. D’autant que la prévision de croissance à 0,8% pour 2013 est jugée très optimiste et que beaucoup d’économistes estiment que les 3% ne seront pas atteints. Le gouvernement a d’ailleurs prévu plusieurs collectifs budgétaires.
- .... sur le dos des fonctionnaires...
Le projet de loi de Finances présenté ce vendredi matin en Conseil des ministres comprend 10 milliards d'euros d'économies réalisées sur les dépenses. Si les ministères de l'Education, de l'Intérieur et de la Justice voient leur quotidien amélioré, les autres vont devoir se serrer la ceinture. L'Agriculture, la Culture, et l'Economie sont les grands perdants et voient leur crédit fortement baisser. Au total 12.298 postes seront supprimés et 11.000 créer. Ce seront donc 1.287 postes de fonctionnaires qui disparaîtront.
- ... et des collectivités locales
Des suppressions d’emploi qui s’accompagnent d’un gel du point d’indice des fonctionnaires pour la troisième année consécutive. Pis, pour la deuxième année consécutive les collectivités vont être mises au régime sec. L’Etat a décidé de geler leur enveloppe à 50,5 milliards d’euros en 2013. Puis de la réduire de 750 millions d'euros en 2014 et en 2015, selon le projet de loi de finances (PLF) pour 2013. Une catastrophe économique au moment où les collectivités, premiers investisseurs de France, ont du mal à se financer. Une catastrophe sociale quand les dépenses de solidarité sont assurées par ces collectivités et que le taux de chômage est au plus haut.
- Un budget qui corrige des injustices fiscales...
La stratégie fiscale va dans un autre sens et corrige les injustices laissées par la droite, puisque ce sont 15,8 milliards de hausses d'impôts qui seront ponctionnés principalement chez les ménages aisés et les grandes entreprises. Avec la création d'une nouvelle tranche de l'impôt sur le revenu à 45% et la « taxe exceptionnelle » de 75% sur les revenus d'activité au-delà d'un million d'euros en sont les signes les plus spectaculaires. Et s'accompagnent d'une forte hausse de la taxation du capitall'alignement de la fiscalité des revenus du capital sur celle des revenus du travail.
« L'impôt total versé par le 1 % des ménages les plus aisés augmentera de plus de 2,8 milliards d'euros », insiste Bercy. Côté grands groupes, le projet mise sur un coup de rabot de 7 milliards d'euros sur plusieurs niches fiscales afin de « réduire de 30% l'écart" » qui voit aujourd'hui les grands groupes bénéficier d'un taux d'impôt sur les sociétés à 8%, inférieur de vingt points à celui des petites et moyennes entreprises (PME).
- ... mais qui met à contribution les classes populaires
Reste que les classes populaires et moyennes seront également mises à contribution par le maintien du gel du barème de l'impôt sur le revenu, à l’exception des deux premières tranches, représentant une hausse de l’Impôt sur le revenu de 2%. A laquelle s’ajoute une hausse de la redevance télé de 4,5 euros par foyer. Des mesures qui seront complétées, lundi, par 4 autres milliards de prélèvements inscrits dans le budget de la Sécurité sociale (taxes sur la bière, une hausse de prélèvement de 0,15% sur les pensions des retraités imposables, etc.), pour parvenir aux 20 milliards de recettes supplémentaires annoncés par François Hollande. « La justice par le refus de l’optimisation fiscale est présente dans ce projet, salue Nicolas Sansu. Il manque le rôle incitatif de l’impôt qui contraint les entreprises, par exemple, à réorienter leur stratégie. »
- Des impacts négatifs sur la croissance et l'emploi?
Plutôt que « d’inverser la courbe du chômage », François Hollande risque de l’accroître en réduisant le filet de croissance qui perdure aujourd’hui. Selon l’Office français des conjonctures économiques, cette austérité supplémentaire « amputerait l’activité de 1%, avec un coût social catastrophique». « Le taux de chômage dépasserait la barre des 11 % dès 2014» et «coûterait plus de 160 000 emplois en cinq ans ». Et ce ne sont pas les 300 millions d'euros supplémentaires alloués au ministère du Travail qui vont empêcher la dégradation de l’emploi.
Publié par l'Humanité
20:00 Publié dans Actualités, Economie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : croissance, emploi, dette, budget, impôts, jean-marc ayrault, règle d'or, pierre moscovici, gouvernement, politique budgétaire, nicolas sansu, pacte budgétaire européen | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |