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20/01/2025

La doctrine Monroe, de la déclaration d’indépendance à l’interventionnisme

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Formulée en 1823 par le président américain James Monroe, la doctrine dite « Monroe » a initialement affirmé l’indépendance des Amériques face aux ingérences européennes. Mais cette doctrine a évolué au fil des siècles, devenant un outil d’expansion et d’interventionnisme.

Les principes fondateurs

Le message est clair, les États-Unis considèrent les Amériques (Nord et Sud) comme une sphère d’influence exclusive, fermée à toute nouvelle colonisation européenne. Ce principe, connu comme celui de la non-colonisation, est complété par une règle de non-ingérence mutuelle : en échange de cette reconnaissance, les États-Unis s’engagent à ne pas intervenir dans les affaires des puissances européennes.

Cette position repose sur un double fondement : d’une part, le souci de protéger les nouvelles républiques d’Amérique latine contre une recolonisation européenne  ; d’autre part, l’idéal isolationniste exprimé par George Washington, qui appelait à éviter les « enchevêtrements étrangers  ».

Ce principe vise ainsi à garantir la paix et la sécurité des États-Unis tout en affirmant la volonté de rester à l’écart des conflits européens. Mais cette doctrine s’est rapidement transformée en un instrument d’hégémonie américaine.

Un outil d’expansion et d’intervention

Au XIXe siècle, la doctrine Monroe a été mobilisée pour justifier l’expansion territoriale des États-Unis. Sous l’influence de la notion de « destinée manifeste », les Américains considéraient qu’ils avaient une mission civilisatrice et le devoir d’étendre leur modèle politique et économique. Cette vision a conduit à l’annexion de territoires comme la Floride, le Texas, la Californie et d’autres régions issues de la guerre contre le Mexique.

Avec le corollaire Roosevelt, introduit par le président Theodore Roosevelt au début du XXe siècle, la doctrine Monroe a servi à justifier les interventions américaines en Amérique latine. Roosevelt ajoutait que les États-Unis avaient le droit d’intervenir pour prévenir toute instabilité susceptible de menacer leurs intérêts. Cette posture a entraîné de nombreuses interventions militaires et politiques dans des pays comme Cuba, le Nicaragua ou la République dominicaine.

Pendant la guerre froide, la doctrine Monroe a été utilisée pour justifier la lutte contre les communistes en Amérique latine. Les États-Unis ont soutenu des régimes sanglants pour contrer l’influence soviétique, comme au Chili ou au Nicaragua.

Une doctrine toujours d’actualité ?

Au XXIe siècle, la doctrine Monroe continue d’influencer la politique étrangère des États-Unis, mais son interprétation varie selon les administrations. En 2013, sous la présidence d’Obama, le secrétaire d’État John Kerry a déclaré que « l’ère de la doctrine Monroe est révolue  », ce qui était un changement de ton vers un partenariat égalitaire avec l’Amérique latine. Peu de répercussions concrètes ont suivi cette annonce. Quelques années plus tard, la doctrine servait à D. Trump pour justifier des sanctions et des menaces d’intervention militaire, notamment contre le Venezuela.

En dépit des évolutions, la doctrine Monroe reste un symbole de la politique étrangère américaine, entre isolationnisme, expansionnisme et interventionnisme.

Le corollaire Roosevelt


Ajouté en 1904, le corollaire Roosevelt affirme que les États-Unis ont le devoir d’intervenir en Amérique latine pour maintenir l’ordre et protéger leurs intérêts. Cette réinterprétation de la doctrine Monroe a justifié des dizaines d’interventions armées.

Les critiques de la doctrine Monroe

Beaucoup d’États d’Amérique latine considèrent la doctrine Monroe comme une justification d’un « impérialisme américain ». Cette critique est alimentée par les nombreuses interventions armées et le soutien à des dictatures dans la région, au nom de la sécurité nationale américaine. Sous l’administration Trump, cette posture interventionniste a parfois été étendue à des thèmes connexes, comme les tensions avec le Canada ou l’intérêt renouvelé pour des infrastructures stratégiques telles que le canal de Panama, perçues comme essentielles à la sécurité nationale et à l’influence économique des États-Unis.

Source Liberté Hebdo

 

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12/01/2025

"Figures du fou, du Moyen Âge aux romantiques" au musée du Louvre

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Cette exposition, très attendue, présente toutes les figures de celui que l'on appelle, de façon générique, le fou. Du Moyen Âge au XIXe siècle, il a beaucoup inspiré les artistes. 

Article rédigé par Valérie Gaget
France Télévisions - Rédaction Culture

C'est une exposition ambitieuse que propose de la mi-octobre au 3 février 2025 le musée du Louvre, à Paris(Nouvelle fenêtre). Plus de 300 œuvres sont réunies dans le hall Napoléon, un espace d'expositions temporaires qui rouvre ses portes après un an et demi de travaux. Le parcours, chronologique, présente toutes sortes d'objets : des manuscrits enluminés, des sculptures, des coffrets en ivoire, des médailles, des gravures, des peintures sur panneau, des meubles...

Certains sont minuscules [prévoir une loupe ou des lunettes adaptées] et d'autres de taille monumentale comme les tapisseries ou les sculptures venues des tours de Notre-Dame de Paris. Ce mélange des genres et des tailles vise à souligner les multiples facettes de la figure du fou. L'une des deux commissaires de l'exposition, Elisabeth Antoine-König, explique que "le but est de donner une vision kaléidoscopique de ce personnage qui est tantôt symbolique, tantôt réel".

Elle ajoute que "les fous sont absolument partout. Ils permettent d'avoir une vision intime et rapprochée de la pensée, de la culture et de l'art du Moyen Âge et de la Renaissance, ce moment de passage vers les temps modernes. Le fou est une figure clé, témoignant de l'évolution de notre histoire". À l'entrée de l'exposition, comme un prologue, une salle introduit le visiteur au monde des marges. Le fou est un marginal au sens propre comme au figuré.

Des manuscrits enluminés montrent la naissance et le développement de figures bizarres, hybrides, grotesques, parfois comiques et parfois inquiétantes, dans les marges de ces ouvrages sérieux (des traités de philosophie, des livres de droit…). Ces figures sont littéralement en marge et viennent en contrepoint du texte, introduisant un monde renversé. À côté de l'ordre qui figure dans le texte, elles incarnent le désordre qui est dans la marge. Elles ont aussi une dimension humoristique, très présente dans la pensée médiévale.

L'amour ouf

exposition,fou,louvreTrès vite, les marges vont sortir des livres et se répandre dans l'espace public, par exemple sur le sol des églises, sur des vitraux et sur des sièges. Au Moyen Âge, la définition du fou est donnée par les Écritures, en particulier le premier vers du psaume 52 : "L'insensé a dit en son cœur : il n'y a pas de Dieu !" Ce n'est alors pas une question de santé mentale, mais de spiritualité. Celui qui refuse d'écouter la parole de Dieu se place en dehors du monde. La première image du fou au Moyen Âge apparaît dans les livres de psaume, les psautiers. L'amour ou le non-amour de Dieu est ce qui fait l'insensé.

À l'inverse, il existe aussi des "fous de Dieu", tel saint François. Ce jeune homme de la riche bourgeoisie d'Assise renonce à tous ses biens pour embrasser la pauvreté et le message du Christ. Il dira lui-même : "Je suis un nouveau fou de Dieu." La commissaire de l'exposition du Louvre explique que l'on assiste ici à un renversement : "L'insensé est dans le psaume 52, mais le christianisme est aussi une folie. C'est une notion qui est toujours ambivalente et que l'on peut renverser."

Particulièrement savoureuse, la deuxième section de l'exposition se concentre sur l'amour, les fous étant très présents dans la littérature courtoise, notamment dans les grands romans de chevalerie. "L'idée est que l'amour est une folie, une dépossession de soi qui entraîne l'homme vers des extrémités qui lui font perdre parfois son identité", surligne Elisabeth Antoine-König. Une statuette magnifique représente le philosophe Aristote à quatre pattes, rendu fou par son amour pour la belle Phyllis.

exposition,fou,louvreLe personnage du fou est celui qui dénonce les valeurs courtoises et met l'accent sur le caractère lubrique, voire obscène, de l'amour humain. "Le fou a un sourire ironique, sardonique, sarcastique et fait souvent des gestes obscènes. Il apparaît comme un personnage lubrique. Il devient alors un personnage allégorique qui symbolise la luxure", raconte la commissaire. Sa présence à l'arrière-plan d'un tableau montre que l'on assiste à une scène de débauche. Là encore, la figure du fou peut être renversée, comme une carte à jouer. Il est tour à tour transgressif ou moralisateur.

Au XIVe siècle, le fou se "politise". Il entre à la cour du roi et se fait bouffon. Ce personnage bien réel devient l'antithèse de la sagesse royale, celui dont la parole ironique ou critique est acceptée, voire sollicitée. Le plus connu était Triboulet, le bouffon du roi René d'Anjou.

Le fou est désormais représenté avec ses attributs : un costume bariolé (produisant un désordre visuel), un capuchon avec des oreilles d'âne (évoquant sa sottise), des grelots (parce qu'il a la tête vide) et une marotte (bâton surmonté d'une tête avec laquelle il dialogue, une parodie de sceptre).

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Quand les fous sont à la fête

La Renaissance sera l'âge d'or des insensés. Dans la rotonde rénovée du hall Napoléon, les fous mènent la danse avec toutes sortes de portraits et de sculptures. Ils jouaient un rôle essentiel dans les fêtes, ces moments de soupape où le désordre était temporairement autorisé.

Sur tous les objets, des plus quotidiens aux plus précieux, les artistes se sont mis à représenter des fous. On les trouve sur l'orfèvrerie, la terre cuite, la tapisserie... Et bien sûr dans l'œuvre du fameux peintre Jérôme Bosch dont l'univers est marqué par l'étrange et le mystère. Sur ses tableaux réapparaissent ces créatures des marges évoquées au début de l'exposition.

L'exposition présente également le travail de Pieter Bruegel l'Ancien chez qui le fou devient le témoin de la folie des êtres humains. La commissaire évoque enfin l'énorme succès de La Nef des fous, un ouvrage allemand paru à la fin du XVe siècle, illustré de gravures.

D'après elle, "c'était l'ouvrage le plus vendu après la Bible. Il a eu un fort impact sur la culture et notamment sur les arts visuels par le biais de ses gravures qui ont fixé l'image du fou avec son capuchon, ses grelots, sa marotte. Ils apparaissent à chaque chapitre qui dénonce un vice, un travers… Donc il y a des fous partout !"

La figure du fou va ensuite pratiquement disparaître des arts. Dans les cours d'Europe, il est remplacé par le bouffon et le nain. Dans les arts, d'autres personnages prennent le relais, entre autres ceux de la Commedia dell'arte. Le XVIIIe siècle verra un regain d'intérêt pour le bizarre, les créatures hybrides et le monde marginal. On pense particulièrement au peintre espagnol Goya. Au même moment, la psychiatrie va se développer.

Dans l'exposition, une immense toile, très marquante, signée Tony Robert-Fleury, montre l'épisode fondateur du Dr Pinel qui libère les aliénées de l'hôpital de la Salpêtrière en enlevant leurs chaînes. On entre alors dans une autre histoire de la folie où l'on ne va pas seulement enfermer les malades, mais tenter de les soigner. Les artistes vont alors développer un intérêt pour ces autres figures de fous, les malades en souffrance.

À la fin de l'exposition se trouvent aussi d'impressionnantes chimères venues des tours de Notre-Dame de Paris. Un hommage au roman de Victor Hugo qui s'ouvre sur la fête des fous. Quasimodo, le bossu, est élu "Pape des fous". Peut-être le plus touchant de tous.

"Figures du fou, du Moyen Âge aux romantiques" au musée du Louvre(Nouvelle fenêtre), du 16 octobre 2024 au 3 février 2025

Tarif : 22 euros (musée + exposition). Durée de visite d'environ 2 heures.

19:58 Publié dans Actualités, Connaissances, Exposition | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition, fou, louvre | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

08/01/2025

Le gaz de la liberté ? La dépendance mortifère de l’UE au GNL

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L’Union européenne, soucieuse de réduire sa dépendance au gaz russe, a massivement investi dans des terminaux méthaniers pour accueillir le GNL américain. Mais cette stratégie présente des défauts majeurs.

Contrairement au gazoduc, le GNL nécessite une énergie élevée pour être liquéfié, transporté et regazéifié. En moyenne, ces processus consomment deux fois plus d’énergie que le transport par gazoduc, augmentant de manière significative l’empreinte carbone. En outre, la distance parcourue par les méthaniers américains, souvent supérieure à 8 000 km, aggrave les émissions de gaz à effet de serre. Le GNL américain, issu du gaz de schiste, ajoute un autre niveau d’impact environnemental : la fracturation hydraulique, très polluante, qui est responsable de fuites de méthane, un gaz à effet de serre 28 fois plus puissant que le CO2 sur une période de 100 ans. À court terme (sur une période de 20 ans), son impact est encore plus important, étant environ 80 fois plus puissant que le CO2.

Enfin, les États-Unis présentent leur GNL sous le label de « Freedom Gas », une rhétorique qui associe cette ressource à l’indépendance énergétique et politique. Mais ce « gaz de la liberté » met l’Europe sous le contrôle des Américains, qui disposent du « robinet » et peuvent moduler les volumes et les prix en fonction de leurs intérêts stratégiques.

Une nouvelle dépendance à long terme

Cette orientation pose aussi des enjeux stratégiques et économiques pour l’UE. Les investissements massifs dans les terminaux méthaniers, qui pourraient porter les capacités d’importation à 400 milliards de mètres cubes par an d’ici à 2030, risquent de créer une surcapacité.

Les efforts pour réduire la consommation de gaz et les objectifs climatiques pourraient rendre ces infrastructures obsolètes bien avant d’être amorties. En parallèle, les contrats d’approvisionnement signés pour 25 à 30 ans verrouillent l’Europe dans une dépendance au gaz fossile au-delà de 2050, date que l’UE s’est fixée pour atteindre la neutralité carbone.

Sur le plan économique, cette dépendance a fait exploser la facture des consommateurs européens. En 2022, au pic de la crise énergétique, la facture mensuelle du gaz importé est passée de 5 à 27 milliards d’euros. Ces coûts profitent essentiellement aux États-Unis, devenus les grands gagnants de cette nouvelle configuration gazière. L’Europe s’expose donc à une dépendance financière accrue, avec une marge de manœuvre énergétique largement contrôlée par Washington.

Source Liberté Hebdo

 

12:35 Publié dans Actualités, Economie, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaz, gnl | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

04/01/2025

U E, les crises se multiplient en Belgique

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La Belgique, confrontée à une crise énergétique sans précédent et aux répercussions économiques de la guerre en Ukraine, voit son modèle social et économique vaciller. Entre flambée des prix, endettement et tensions sociales croissantes, le pays peine à maintenir l’équilibre.

Dette, inflation et coût de la vie

Depuis 2022, les coûts de l’énergie ont explosé, propulsant l’inflation à des niveaux records en Belgique. Cette flambée des prix, alimentée par la guerre en Ukraine, s’ajoute à une dette publique qui dépasse désormais 105 % du PIB. Conséquence directe : des investissements limités dans les infrastructures et des services publics sous-financés.

Pour les ménages belges, cette crise se traduit par une augmentation drastique des factures d’électricité et de gaz. De plus en plus de familles se retrouvent en précarité énergétique, contraintes de réduire leur consommation pour éviter des impayés. Si le gouvernement a mis en place des aides ciblées, celles-ci demeurent insuffisantes face à l’ampleur des besoins.

Les entreprises, en particulier celles du secteur industriel, ne sont pas épargnées. Confrontées à des coûts de production en forte hausse, certaines réduisent leur activité ou ferment leurs portes, aggravant le chômage dans des régions déjà fragilisées, comme la Wallonie. Dans la Flandre prospère, ces difficultés nourrissent un sentiment d’injustice face à une solidarité fédérale perçue comme déséquilibrée.

Les répercussions de la guerre en Ukraine

L’effort militaire européen qui a suivi la guerre en Ukraine pèse également sur les finances belges. Le pays a augmenté son budget de défense pour répondre aux exigences de l’OTAN, mais cela se fait au détriment d’autres priorités sociales et économiques. En parallèle, les sanctions contre la Russie ont perturbé les chaînes d’approvisionnement, augmentant les coûts des matières premières essentielles, telles que les céréales et les métaux.

Ces hausses se répercutent directement sur les consommateurs et sur les industries. L’agroalimentaire, par exemple, souffre de coûts accrus qui impactent les prix des biens de première nécessité. La Belgique fait également face à un défi humanitaire avec l’accueil de réfugiés ukrainiens. Bien que saluée pour sa solidarité, cette situation met sous pression des infrastructures déjà saturées, comme le logement et la santé.

Le coût de la vie, en forte hausse, alimente des mouvements de protestation réguliers. Grèves dans les transports, débrayages dans les hôpitaux, manifestations dans les rues : la colère s’exprime de manière de plus en plus visible. Les travailleurs des secteurs publics dénoncent non seulement leurs conditions de travail, mais aussi le manque de moyens pour répondre aux attentes des usagers. Dans le secteur privé, l’inflation rogne les salaires, renforçant le sentiment de déclassement d’une partie de la population.

Là où le compromis faisait jadis office de force, la fragmentation politique et économique entre la Flandre et la Wallonie complique la gestion de ces tensions. Le modèle belge est mis à rude épreuve, sans solution immédiate en vue.

Dossier Europe :

Source Liberté Actus

16:46 Publié dans Actualités, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : belgique, europe | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!