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02/08/2012

Dé-jeûner peut coûter cher

algérie, ramadan, religionLa photo de son torse et de son épaule tuméfiés a fait en quelques heures le tour des réseaux sociaux, suscitant l’émoi.

 Jeudi dernier, à la mi-journée, à Beni Douala, une bourgade kabyle proche de Tizi Ouzou, Slimane Rebaine, un homme de trente-six ans, a été roué de coups par des policiers qui l’avaient surpris en train de boire et de manger.

Un sacrilège, aux yeux de ces Tartuffe en uniforme, pendant le mois de ramadan. Joint hier par téléphone, le non-jeûneur était encore sous le choc. « Je n’ai pas voulu provoquer qui que ce soit.

Je buvais un peu d’eau et j’avalais un morceau de pain, en toute discrétion, dans un lieu isolé, lorsqu’ils me sont tombés dessus. Je comprends d’autant moins que de très nombreux jeunes, dans la région, n’observent pas le jeûne du ramadan. »

Menace de prison ferme

Après avoir été battu, Slimane a été conduit au commissariat, où il a été retenu durant trois heures, avant d’être relâché. Avec une menace : « La prochaine fois, ce sera la prison ferme ! » Certificat médical à l’appui, le non-jeûneur à l’épaule démise envisage d’abord de porter plainte contre ses agresseurs, fussent-ils policiers.

 Mais la publication de son témoignage sur le site d’informations Tout sur l’Algérie et l’écho médiatique rencontré par l’affaire lui valent de nouveaux démêlés. Dimanche, il est de nouveau conduit au commissariat. L’interrogatoire, qui dure deux heures, s’avère dissuasif, puisque la victime abandonne finalement l’idée de poursuivre ses agresseurs, sûre qu’une telle démarche ne lui vaudrait que des ennuis supplémentaires.

Dans une mise au point adressée à Tout sur l’Algérie, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) tente de minimiser l’affaire, en mettant en doute le témoignage de Slimane Rebaine et en assurant que « l’ensemble de ses agents respectent les règles de déontologie dans l’exercice de leurs fonctions ».

Le cas de Slimane Rebaine n’est pourtant pas isolé : les non-jeûneurs sont la cible d’un véritable harcèlement policier. Selon le journal électronique Le Matin, trois jeunes gens d’une vingtaine d’années, surpris en train de fumer une cigarette dans une maison abandonnée, loin des regards, ont été arrêtés vendredi par la police aux Issers, dans la wilaya de Boumerdès. Ils ont été présentés à la justice et placés en détention provisoire.

« Les patrouilles de police se muent, par endroits, en brigades de la vertu. Cela donne ce genre de paradoxes : on peut librement s’adonner au change de devises, expressément prohibé par la loi, sous les fenêtres du palais de justice d’Alger, mais on court un risque pénal à prendre un sandwich, un jour de ramadan, dans un village de montagne. Pourtant la loi ne l’interdit pas », s’insurge Mustapha Hammouche, éditorialiste à Liberté.

 

religiosité exacerbée

Ces dérives ne sont pas nouvelles. En 2010, un jeune homme surpris en train de manger pendant le jeûne avait écopé de deux ans de prison ferme et de 100 000 dinars (1 000 euros) d’amende. Dans une société où le poids social et politique de l’islamisme a installé un climat de religiosité exacerbée et même, disons-le, de bigoterie, s’assumer comme non-jeûneur pendant le ramadan est devenu périlleux.

algérie, ramadan, religion« En Algérie, la liberté individuelle n’existe pas. La non-observation du jeûne est presque considérée comme un crime par la société. Je suis obligée de me cacher, de jouer la comédie. Dans le meilleur des cas, on risque d’être mis en quarantaine. Au pire, cela peut conduire à la violence. Et pour une femme, c’est pire », témoigne Amel, une jeune Algéroise.

Plus encore que la peur de la répression policière, la pression sociale et familiale contraint les non-jeûneurs à la plus grande discrétion. « Si les membres de ma famille savaient que je suis athée et que je ne jeûne pas pendant le ramadan, ils le prendraient très mal et pourraient en souffrir », résume Aïda. « Mes proches et mes amis sont assez tolérants.

Néanmoins, j’essaie de ne pas brusquer les gens, car ne pas faire le jeûne peut être interprété comme une forme d’agression, regrette aussi Mehdi, un non-jeûneur de Skikda qui se définit comme agnostique. Dans notre monde musulman, l’individu est pensé d’abord par rapport à la communauté. »

L’opposition laïque s’inquiète

Pour la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (Laddh), les violences policières dont a été victime le non-jeûneur de Beni Douala relèvent d’une « grave violation des droits 
de l’homme et des libertés individuelles ». « Il est inadmissible 
que les agents de sécurité s’arrogent des missions de milice des mœurs en passant à tabac un non-jeûneur, violant ainsi 
la Constitution algérienne qui garantit la liberté de culte », 
affirme cette ONG dans un communiqué. « L’inquisition s’installe ! » s’insurge aussi le Rassemblement pour la culture 
et la démocratie (RCD), parti laïque d’opposition qui appelle 
à des « sanctions » contre les policiers mis en cause.

Rosa Moussaoui pour l'Humanité

16:15 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : algérie, ramadan, religion | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

29/07/2012

Le spectre d'une crise alimentaire plus grave qu'en 2008

afrique, Etats-Unis, agriculture, sécheresse, fao, G20, sahelLes mauvaises récoltes attendues de maïs, blé et soja dues à la sécheresse aux Etats-Unis font craindre l'envolée des prix aidée par la spéculation financière, ainsi que des crises alimentaires et des émeutes de la faim.

"Alors qu'il y a quelques semaines nous étions optimistes, la situation s'est retournée d'un seul coup et nous sommes maintenant inquiets", reconnaît Abdolreza Abbassian, économiste pour l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Sécheresse aux Etats-Unis

Principale raison: la sécheresse qui s'est abattue depuis début juin sur les grandes plaines des Etats-Unis, acteur agricole majeur qui représente plus de la moitié des exportations de maïs dans le monde, un quart de celles de blé et un tiers de celles de soja.

"Les stocks mondiaux de céréales disponibles sur le marché sont à leur plus bas niveau historique. Le garde-manger n'est plus aussi rempli", a reconnu Marc Sadler, un expert de la Banque mondiale. Les cours ont commencé à flamber: en un mois les prix du maïs, du blé et du soja se sont envolés de 30 ou 50% et ont atteint des niveaux proches ou même déjà au-delà de ceux de 2008, année où les pays importateurs les plus pauvres avaient été secoués par des émeutes de la faim.

"S'il est trop tôt pour s'inquiéter outre mesure, la Banque mondiale surveille la situation de près pour évaluer les impacts potentiels pour nos clients", a précisé M. Sadler.

Le riz résiste

Seul point positif, le riz, dont trois milliards d'humains dépendent, devrait enregistrer une production record cette année et les prix ne suivent pas ceux du blé et du maïs. "Nous allons avoir une saison difficile mais si cela ne se dégrade pas davantage nous devrions éviter la situation de 2008", estime M. Abbassian.

Mais si la sécheresse dure jusqu'à l'automne aux Etats-Unis, la situation alimentaire pourrait vite dégénérer. En mars, la FAO estimait déjà que la facture en céréales des pays pauvres importateurs atteindrait un niveau record en 2012. Avec des cours qui explosent et un taux de change défavorable, l'addition risque de devenir réellement insupportable pour ces pays.

Catastrophe pour l'Afrique

afrique, Etats-Unis, agriculture, sécheresse, fao, G20, sahelUne catastrophe pour les pays d'Afrique de l'Ouest, qui est "déjà dans une situation désastreuse", selon Malek Triki, porte-parole du programme alimentaire mondial dans cette zone. En juillet, les prix des céréales ont atteint leur plus haut niveau de l'année, mettant à mal les ménages dont les réserves ont été épuisées depuis longtemps.

"Alors que 18 millions de personnes souffrent déjà de la faim dans le Sahel, cette flambée est très alarmante", confirme Clara Jamart d'Oxfam France. Pour l'ONG, malgré la prise de conscience en 2008 après les émeutes de la faim et les tentatives du G20 rien n'a été réglé. "La situation alimentaire est tellement tendue qu'il suffit de n'importe quel aléa dans un grand pays producteur pour que tout bascule et que tout s'emballe. Nous n'avons pas réglé le problème et pour ne rien arranger la spéculation est toujours là".

Article publié par l'Humanité

23/06/2012

27 MILLIONS D'ESCLAVES DANS LE MONDE

esclave.jpgPrès de 27 millions de personnes seraient réduites en esclavage dans le monde aujourd'hui. C'est ce qu'a indiqué la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, au moment où les Etats-Unis dévoilait, mardi 19 juin, leur rapport annuel sur le trafic d'êtres humains.

Des progrès dans la lutte contre ce "fléau" ont toutefois été accomplis, grâce notamment aux poursuites engagées contre les trafiquants par un nombre croissant de gouvernements, relève ce rapport. Vingt-neuf pays ont ainsi remonté dans le classement. Mais sur les cent quatre-vingt-cinq pays étudiés, seuls trente-trois se conforment aux textes existants au niveau international instaurés pour mettre fin au trafic d'êtres humains, telle la Déclaration universelle des droits de l'homme.

LA SYRIE FAIT SON ENTRÉE DANS LA LISTE NOIRE

Parmi les dix-sept pays les moins bien notés, se trouvent l'Algérie, la République démocratique du Congo, la Libye, la Corée du Nord et l'Arabie saoudite. La Syrie, elle, a fait son entrée sur la liste noire des pays accusés de trafic d'êtres humains, car "le gouvernement syrien n'applique pas les mesures destinées à éliminer le trafic (d'êtres humains) et ne fait aucun effort en ce sens", explique le rapport américain.

L'abolition de l'esclavage aux Etats-Unis, en 1865, "et dans d'autres pays n'a malheureusement pas signifié la fin de l'esclavage" dans son ensemble, a estimé Mme Clinton. "En dépit de l'adoption de traités et de lois qui interdisent l'esclavage, les faits montrent que nombre d'hommes, de femmes et d'enfants vivent en esclaves des temps modernes en raison du fléau qu'est le trafic d'êtres humains", a souligné la secrétaire d'Etat. "Les victimes de l'esclavage moderne sont des hommes et des femmes, des fillettes et des garçons dont l'histoire nous rappelle de quels traitements inhumains nous sommes capables".

Le 1er juin, l'Organisation internationale du travail (OIT) avait annoncé que près de 20,9 millions de personnes, dont près d'un quart ont moins de 18 ans, sont en situation de travail forcé dans le monde, occupant des postes qui leur ont été imposés par la contrainte ou la tromperie.

Article publié par le journal Le Monde

13:08 Publié dans Actualités, Connaissances, Economie, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esclave, monde, rapport, enfant | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

13/01/2012

500 MILLIONS D'€ VOLES AUX FRANCAIS

epargne.jpgSuivant l'avis du gouverneur de la Banque de France, le gouvernement vient de décider de ne pas augmenter le taux du livret A de 2,25% à 2,75% comme le prévoit pourtant la loi. Explications.

Le gouvernement a décidé hier qu'il n'augmenterait pas le taux du livret A au 1er février. Une hausse pourtant prévue par la loi, qui lie l'évolution du taux du livret A (et du LLD, ex-Codevi) à celle du taux d'inflation, et aurait dû le faire passer de 2,25 % à 2,75 %.

En laissant le taux inchangé, ce sont plus de 500 millions d'euros d'intérêts qui ne seront donc pas reversés aux 60 millions de titulaires.

Pour se justifier, le ministre de l'Économie François Baroin a annoncé qu'il ne faisait « qu'appliquer la recommandation » de Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France. Ce dernier à, pour sa part, fait appel à des « circonstances exceptionnelles » - terme prévu dans la loi - pour justifier son avis : face aux « perspectives de baisse de l'inflation » dans les prochains mois, le maintien du taux permettrait « d'éviter une volatilité excessive ».

Éviter une baisse pas très populaire

En clair, ne pas augmenter maintenant éviterait d'avoir à baisser le rendement du livret A au 1er mai (les taux sont révisés le 1er février et le 1er août, et les 1er mai et 1er octobre en cas de fortes variations). Soit juste entre les deux tours de l'élection présidentielle. Et la baisse du taux du livret A n'étant jamais très populaire, certains analystes estiment que Christian Noyer, proche de Nicolas Sarkozy, aurait ainsi voulu protéger le Président.

Plus prosaïquement, d'autres économistes comme Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Épargnants, estiment qu'à 2,75 %, la rémunération des taux courts aurait été presqu'au même niveau que celle des taux longs. Conséquence, les assurances-vie, déjà en perte de vitesse, auraient perdu encore plus de terrain face au livret A. Et une épargne facile et attractive n'est pas un bon signal pour la consommation, déjà en berne.

Cette décision est critiquée par les associations de consommateurs, qui gardaient déjà en travers de la gorge la décision du gouvernement en novembre dernier de repousser au 1er avril - et non 1er janvier - la revalorisation des prestations sociales, et de limiter cette hausse à 1 %, alors qu'elle aurait dû suivre l'inflation à 2,3 %.

Mais elle est aussi contestée par les économistes qui prédisent que l'inflation ne baissera pas autant que prévu en ce début 2012, notamment à cause du relèvement du taux de TVA de 5,5 % à 7 % et des hausses des tarifs régulés (gaz, trains, taxis…). Et en cas de mise en place rapide de la TVA sociale, comme le promet le gouvernement, les perspectives de recul de l'inflation pourraient même être remises en cause. Ainsi, les chefs économistes de HSBC France et de la Société Générale prévoient désormais que l'inflation ne redescendra sous le seuil des 2 % qu'en décembre 2012.

Article publié par la Dépêche du Midi

17:19 Publié dans Actualités, Cactus, Connaissances, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!