04/09/2012
Pour Romney, le chemin de la Maison-Blanche passe par Jérusalem
Le candidat républicain à la présidence ne ménage pas ses efforts pour courtiser l'électorat juif, allant jusqu'à lier la domination économique d'Israël sur les Palestiniens à des différences culturelles.
Ses propos sur l'Iran, Jérusalem et les Palestiniens étaient autant d'attaques dirigées contre l'administration Obama. Mitt Romney serait un bien meilleur allié d'Israël que l'actuel président. Il serait plus ferme face à l'Iran. Il reconnaîtrait Jérusalem comme capitale de l'Etat hébreu [la communauté internationale, y compris les Etats-Unis, ne reconnaît pas Jérusalem comme capitale d'Israël]. Pour faire bonne mesure, le candidat républicain a également insulté les Palestiniens en déclarant que la domination économique d'Israël était liée à des différences culturelles, et non à des décennies d'occupation.
S'il n'est pas facile d'estimer l'impact de telles déclarations au cas où Mitt Romney serait élu, cela n'est guère encourageant. Ce discours musclé était surtout destiné aux Juifs américains et aux chrétiens évangéliques, dont un certain nombre accompagnaient le candidat durant cette tournée. L'ancien gouverneur du Massachusetts tente de gagner des voix et adopte une posture agressive pour plaire à ses soutiens de campagne comme le milliardaire Sheldon Adelson. Ce magnat des casinos fait en effet partie de l'aile dure du lobby pro-israélien et est prêt à dépenser quelque 100 millions de dollars [81 millions d'euros] pour battre Obama.
L'initiative n'est pas nouvelle
Contrairement à ce qu'affirme le candidat républicain, tous les présidents américains ont mené des politiques pro-israéliennes, y compris Barack Obama. On peut toutefois être pro-israélien sans faire sous-traiter la politique étrangère américaine par ses contributeurs financiers ou des dirigeants de l'Etat hébreu. Si certains ont applaudi aux déclarations de Mitt Romney sur Jérusalem capitale d'Israël ou le possible transfert de l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, de telles initiatives ne feraient que compliquer la tâche des Etats-Unis en tant qu'intermédiaire pour la paix au Proche-Orient.
Ce n'était pas rendre service aux Etats-Unis que de louer la réussite économique israélienne tout en passant sous silence les difficultés des Palestiniens de Cisjordanie et de la bande de Gaza. Mitt Romney a également révélé une ignorance troublante en minimisant les écarts de revenus entre Israël et les Territoires palestiniens voisins. D'après les chiffres de la CIA, le PIB par habitant s'élevait à 29 800 dollars [24 277 euros] dans l'Etat hébreu en 2009, contre 2 900 dollars [2 362 euros] en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.
Concernant le programme nucléaire iranien, Barack Obama et Mitt Romney sont tous les deux favorables aux sanctions et aux négociations et n'écartent pas l'option militaire. On ignore toutefois si Mitt Romney président utiliserait les sanctions différemment et jusqu'où il serait prêt à négocier. Un des conseillers du candidat républicain a déclaré que la stratégie de Barack Obama s'était soldée par un "échec". Le 29 juillet, le Premier ministre israélien Benjamin Nétanyahou semblait partager cette opinion. De son côté, Mitt Romney a exclu tout scénario se limitant à "contenir" la menace du programme nucléaire iranien sans l'éliminer et a réaffirmé le droit de l'Etat hébreu à intervenir en Iran au nom de sa sécurité.
Le président Obama reconnaît également le droit d'Israël à se défendre mais a demandé à son allié de ne rien entreprendre, au moins tant que les négociations se poursuivaient. La rhétorique offensive de Mitt Romney et de certains de ses conseillers fait craindre un plus grand risque d'opération militaire. Les ambitions nucléaires iraniennes constituent effectivement une menace pour les Etats-Unis, pour Israël, pour ses voisins arabes et pour le peuple iranien lui-même. Il ne faudrait toutefois pas se faire d'illusions quant au coût élevé d'une intervention en Iran et à ses bénéfices limités.
Les hommes politiques en campagne disent bien des choses qu'ils ne pensent pas ou qu'ils regrettent une fois élus, mais les électeurs ne peuvent juger un candidat que sur ses paroles. Plus Mitt Romney martèlera cette position agressive, plus il lui sera difficile de s'en distancer, surtout après avoir reçu 100 millions de dollars pour sa campagne.
11:24 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : romney, usa, israël, palestine, jérusalem | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
01/09/2012
Alimentation : Les Bourses préparent de nouvelles émeutes de la faim
Depuis mai, le prix du blé a augmenté de près de 40 %, celui du maïs de plus de 60 %. Le soja suit la tendance. Ces hausses spéculatives se traduiront par une flambée des prix alimentaires. Les paysans français, acheteurs de céréales pour leur bétail, sont les premiers à payer la facture.
Une spéculation durable est engagée sur le blé, le maïs et le soja depuis plusieurs semaines. Par effet de contagion, la hausse des prix touche aussi les céréales secondaires, comme l’orge et les oléagineux, et les plus cultivés en Europe : le colza et le tournesol. Depuis juin, le prix du blé a augmenté de près de 40 % et celui du maïs de plus de 60 % à la Bourse de Chicago.
La tendance est la même sur les autres places financières où s’échangent chaque jour des milliers de tonnes de grains sans bouger de leurs silos. Plus sidérant encore, les récoltes de 2013, 2014 et même 2015 peuvent être partiellement prévendues sur le marché à terme très au-dessus de 200 euros la tonne car une sécheresse sévère sévissant au États-Unis, en Russie, en Ukraine et au Kazakhstan pousse les spéculateurs à considérer que les prix resteront élevés plus longtemps que lors de la crise de 2007-2008, qui déboucha sur des émeutes de la faim dans près de 40 pays.
Pour le blé, la production mondiale pourrait être cette année de 662 millions de tonnes, auxquels s’ajoute un stock de report de fin de campagne de 177 millions de tonnes. Il n’y a donc pas de risque de pénurie. Mais les stocks sont inégalement répartis. Les pays structurellement déficitaires n’étaient guère enclins aux achats, ces dernières semaines, car ils voulaient connaître la qualité des blés récoltés avant de s’engager.
Dans le même temps, les trois gros pays exportateurs que sont la Russie, l’Ukraine et le Kazakhstan ont une récolte en baisse de 34 % par rapport à 2011. Dès lors, leurs capacités d’exportation seront moindres. La Russie a déjà beaucoup exporté cet été et le souci de stabiliser les prix des denrées alimentaires sur leur marché intérieur peut inciter ces trois pays à relever leurs stocks de sécurité. Il n’en faut pas plus pour qu’on anticipe d’énormes profits en spéculant sur les céréales dans les salles de marché.
S’agissant du maïs, les États-Unis tablent désormais sur une récolte de 273 millions de tonnes, au lieu des 375 millions de tonnes envisagés au mois de mai dernier. Comme ce pays utilise 40 % de son maïs pour produire de l’éthanol destiné aux véhicules, la part des réservoirs entre en concurrence avec celles de la consommation humaine et animale. Du coup, les spéculateurs tablent aussi sur une pénurie de maïs et sur des prix en forte hausse.
Selon les dernières prévisions de FranceAgrimer, rendues publiques le 10 août dernier, la production française de blé tendre sera de 36,5 millions de tonnes en 2012, contre 34 millions en 2011. Le rendement moyen sera de 75 quintaux à l’hectare, soit quatre de plus que la moyenne des cinq dernières années. La qualité des blés panifiables est tout à fait correcte en dépit de quelques aléas climatiques. Il en va de même pour le blé dur, destiné à la production de pâtes, ainsi que pour les orges, dont la production est en hausse de 30 % par rapport à 2011.
Beaucoup des ces céréales ont été vendues depuis plusieurs mois sur les marchés à terme par des agriculteurs ou par l’intermédiaire de leurs coopératives. Le prix effectif a souvent été de 170 à 180 euros la tonne, tandis que celui du blé rendu à Rouen s’affiche aujourd’hui à plus de 260 euros. Nul doute que la différence aura été empochée par les spéculateurs et autres réassureurs qui ne produisent aucune richesse mais font payer leurs interventions parasitaires au consommateur final.
En France toujours, les professionnels les plus malmenés par cette politique spéculative sont les éleveurs de volailles, de porcs, les producteurs de lait de vache, de chèvre ou de brebis et, dans une moindre mesure, les engraisseurs de bovins et d’agneaux. Les fabricants d’aliments pour le bétail répercutent l’augmentation du prix des céréales et des tourteaux de soja dans celui des aliments composés qu’ils livrent aux éleveurs. Mais ces derniers ne fixent pas librement le prix des animaux de boucherie ou du lait. Ces prix fluctuent selon la loi de l’offre et de la demande dans un bras de fer permanent qui oppose les distributeurs aux transformateurs, lesquels reportent leurs propres difficultés sur les éleveurs.
Aux dernières nouvelles, les États-Unis, la France et le Mexique envisageraient de réunir prochainement le Forum de réaction rapide, mis en place lors du G20 agricole de juin 2011 à Paris, afin de voir s’il est possible de freiner la spéculation sur les denrées alimentaires. Ce G20 parisien entendait « améliorer la transparence sur les marchés agricoles » et « coordonner les dispositifs d’observation satellitaires de la planète » en vue de « réduire les effets de la volatilité des prix pour les pays les plus vulnérables ». Il préconisait enfin de « favoriser l’accès à des outils de gestion du risque pour les gouvernements et les entreprises des pays en développement ».
À aucun moment il n’a été question de constituer des stocks publics céréaliers de sécurité lors de cette réunion du G20, alors qu’il s’agirait du seul dispositif susceptible de casser la spéculation. Il est vrai que les pays exportateurs net de céréales et de soja n’en voulaient pas, à commencer par les États-Unis et le Brésil. Dès lors, une prochaine réunion de ce « machin » se limitera à regarder les spéculateurs spéculer alors que, de l’aveu même du commissaire européen Michel Barnier (1), les échanges de « dérivés agricoles » sur les marchés boursiers ont été multipliés par quatorze entre 2002 et 2008, sans compter l’accélération des quatre années qui ont suivi.
Tout démontre désormais que le pilotage de la production agricole à partir d’un marché mondialisé perverti par la finance crée une situation ingérable économiquement, explosive socialement et dévastatrice pour les nécessaires équilibres écologiques. Nous sommes désormais sur une planète en phase accélérée de réchauffement qui doit impérativement réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Le moment de la « planification écologique » est arrivé, avec, pour reprendre une autre expression lancée par Jean-Luc Mélenchon lors de la campagne de l’élection présidentielle, la « règle verte » comme boussole.
Si on veut nourrir le monde au XXIe siècle, il faut pratiquer une agriculture « écologiquement intensive », que l’on peut caractériser par des associations de plantes dont certaines utilisent l’azote de l’air comme engrais, tandis que d’autres permettent de réduire les herbicides, les fongicides et les labours.
Il faut recréer des ceintures vertes autour de nos grandes villes afin de limiter les transports de denrées périssables comme les fruits et les légumes frais en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Il faut privilégier l’herbe dans la nourriture des ruminants alors que l’association du maïs ensilé et du soja importé fragilise les vaches, pollue les sols et conduit notre pays à dépenser de précieuse devises pour importer du soja.
Il faut aussi réhabiliter l’arbre nourricier (2), adapter à grande échelle et aux conditions de notre époque une forme moderne d’agriculture médiévale que de nouveaux pionniers ont commencé à mettre en route avec une variété déjà remarquable de produits de qualité. C’est le cas avec un arbre comme le châtaignier qui pousse sur les terres pauvres, acides, pentues et inculte, produisant des tonnes de nourriture à l’hectare pour les humains, les porcins et les petits ruminants que sont les brebis et les chèvres. Mais c’est aussi le cas de l’olivier, du noyer, du noisetier, de l’amandier, du figuier, des fruits dont la production est déficitaire en France alors que les terres susceptibles de les produire sont souvent en friche.
Le XXIe siècle sera aussi celui de la mise en place de l’agroforesterie, qui associe la production de bois d’œuvre aux cultures annuelles, céréalières et autres. Des essais de rangées d’arbres en plaine céréalière menés en France depuis une quarantaine d’années ont fait la démonstration de la pertinence de cette forme d’agroforesterie pour augmenter le rendement global des parcelles et améliorer la qualité des sols, tout en protégeant les cultures annuelles des dégâts spécifiques aux périodes caniculaires.
Nous ne sommes que dans la seconde décennie d’un siècle qui va se caractériser par la cherté des énergies fossiles, des engrais, par une plus grande rareté de l’eau. Il va falloir réapprendre à jardiner la planète, plutôt que de persévérer dans la fumeuse théorie des avantages comparatifs, théorisée voilà deux siècles par le spéculateur David Ricardo, quand la planète ne comptait encore qu’un milliard d’habitants.
Le soja sera de plus en plus cher : L’Union européenne (UE) importe chaque année 34 millions de tonnes de soja pour nourrir ses animaux d’élevage. Il entre dans la composition des aliments des volailles, porcins et bovins essentiellement. Le taux de couverture de l’UE en protéines végétales pour animaux d’élevage n’est que de 44 %, celui de la France de 65 %. Environ 30 % du soja exporté d’Amérique du Nord et du Sud part en Chine et 28 % en Europe. Les chiffres étaient de 38 % pour l’Europe et 18 % pour la Chine en 2004-2005. Avec 212 millions de tonnes produites en 2008-2009, la production mondiale de soja a été multipliée par 8 en cinquante ans avec une déforestation accélérée aux conséquences écologiques et climatiques préoccupantes. Il est à plus de 500 euros la tonne et sera de plus en plus cher.
(1) Le Monde du 11 août 2012.
(2) Ces rappels renvoient au dernier livre de Gérard Le Puill, Bientôt nous aurons faim, avril 2011, Pascal Galodé Éditeurs.
Article publié par le journal l'Humanité
17:59 Publié dans Actualités, Connaissances, Economie, Planète | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : famine, ukraine, émeutes, russie, etats-unis, sécheresse, michel barnier | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
23/08/2012
Alain Keler "Personne n’a jugé utile de s’intéresser aux roms, ils sont devenus des fantômes"
Des pays d’Europe de l’Est dont ils sont originaires aux bidonvilles de France, Alain Keler parcourt le continent pour photographier les Roms, « minorité des minorités ».
Depuis des années, le photographe reporter Alain Keler se rend en Europe de l’Est à la rencontre des minorités ethniques et en particulier des Roms. Une partie de ses reportages a été publiée dans la revue XXI sous forme de bande dessinée avec Emmanuel Guibert (le photographe), avant de sortir en livre (1) l’an dernier.
Vous avez réalisé de nombreux reportages auprès des Roms dans les villages d’Europe de l’Est. Pourquoi partent-ils ?
Alain Keler. Pour schématiser, il s’est passé la même chose dans tous les pays de l’Est : pendant le régime communiste, les Roms étaient obligés de travailler. À la chute du bloc de l’Est, des tas d’usines pas rentables ont fermé. Les premiers licenciés ont été les Roms, parce qu’ils n’avaient pas fait d’études et, surtout, parce qu’ils étaient roms... Avec la montée du chômage, ils n’ont jamais pu se faire réembaucher. Ils ont été mis à l’écart d’une société qui devenait de plus en plus compétitive. Sans doute, eux, se sont isolés aussi. Au début des années 1990, on a vu apparaître des pogroms contre des villages roms. Ça a été d’autant plus dur qu’il n’y avait aucune politique gouvernementale pour les aider. Notamment pour la scolarisation. En Slovaquie, les enfants roms sont jugés trop turbulents et mis dans des écoles spéciales pour handicapés mentaux. C’est terrible, on leur supprime dès le plus jeune âge toutes les chancesde s’intégrer dans la société.
En ex-Yougoslavie, la situation était un peu différente, non ?
Alain Keler. Au Kosovo, quand les Serbes ont quitté le pays fin 1999, la première chose qu’ont faite les Albanais a été de brûler les maisons des Roms qu’ils accusaient d’avoir collaboré avec les Serbes. Beaucoup sont partis, notamment en Serbie parce qu’ils parlaient la langue. Ils sont devenus des fantômes : sans papiers d’identité, ils vivaient dans des forêts près de Belgrade et travaillaient en récupérant du métal. Personne n’a jamais jugé utile de s’intéresser à eux et ça a duré comme ça une vingtaine d’années dans tous ces pays. Pendant que les gens goûtent aux plaisirs de la société ultralibérale, eux sont mis complètement à l’écart. En Roumanie, ils vivent dans des petits villages, loin de tout et très pauvres. Quelques-uns arrivent à s’en sortir, heureusement.
Comment réagissez-vous aux évacuations de campements menées en France ces dernières semaines ?
Alain Keler. Mal. J’ai été très surpris. Le discours est moins violent, mais on se retrouve dans le même cas de figure que sous Hortefeux et Guéant. Je pensais que le gouvernement aurait la sagesse d’organiser des rencontres entre associations et ministères pour essayer de trouver des solutions. Les Roms vivent dans des conditions épouvantables ; au niveau sanitaire, c’est terrible, il y a des rats, des épidémies. Je pensais qu’il y aurait une vraie réflexion pour supprimer les bidonvilles, pour que les familles soient mieux traitées et puissent se stabiliser.
Et pourtant, 80 % des Français se disent favorables aux expulsions de campements roms…
Alain Keler. L’opinion publique a été beaucoup manipulée par le précédent gouvernement. Quand je dis que je travaille sur les Roms, les gens réagissent souvent en les traitant de voleurs. C’est la fable des romanichels voleurs d’enfants qu’on raconte depuis toujours. Ils ne savent pas de quoi ils parlent et n’essayent pas de savoir pourquoi ces gens vivent ici dans des conditions dramatiques. Si on expulse tous les bidonvilles, ça ne résoudra pas nos problèmes ! De tout temps, les immigrés, qu’ils soient juifs, italiens ou maghrébins, ont été rejetés. Quand on leur laisse leur chance, ils enrichissent la société française.
Comment êtes-vous accueilli par les Roms en tant que photographe ?
Alain Keler. Plutôt bien, surtout dans les endroits où je retourne régulièrement. Il faut du temps, leur donner des photos, faire des échanges... C’est délicat, surtout quand ils sont à la une de l’actualité et que toute la presse y va. Ça les énerve d’être considérés comme des animaux en cage, ce que je peux comprendre. Si quelqu’un venait chez moi prendre des photos, je ne serais pas ravi…
(1) Des nouvelles d’Alain, d’Emmanuel Guibert, Alain Keler et Frédéric Lemercier. Éditions les Arènes, 95 pages, 19 euros.
Entertien publié dans le journal l'Humanité
12:10 Publié dans Actualités, Connaissances, Entretiens, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : roms, sans-papiers, europe, expulsions, roumanie, entretien, slovaquie | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
15/08/2012
Elle ont réussi une imposante mobilisation
Les femmes tunisiennes font plier les islamistes
Par : Imed O
La marche a bien eu lieu. Elles étaient des milliers à avoir manifesté avant-hier, dans la soirée, pour célébrer le code du statut personnel.
Le plus étonnant est que le nombre d’hommes semblait dépasser celui de la gent féminine. Et dans tout cet ensemble, il y avait, comme au temps de Ben Ali, plus de policiers que de manifestants en civil et en tenue.
L’avenue Habib-Bourguiba était inaccessible aux manifestants, et les passants qui l’empruntaient à partir de la fameuse horloge, à deux pas du ministère de l’Intérieur, étaient passés au peigne fin. Un impressionnant cordon de sécurité a été mis en place.
Les policiers procédaient même au contrôle de papiers. “Circulez, circulez svp !” priaient les policiers tout ce qui bougeait. Il est à préciser que deux rassemblements séparés ont eu lieu dans la capitale tunisienne, l’un autorisé, l’autre non.
Le premier a rassemblé plusieurs milliers de personnes face au Palais des congrès de Tunis avec pour mot d’ordre principal le retrait d’un projet d’article de la Constitution évoquant la complémentarité et non l’égalité homme-femme. Présente parmi la foule, Maya Jribi, secrétaire générale du Parti républicain, lançait : “L’avenir (de la Tunisie) n’est plus envisageable sans la femme.”
Les manifestants en une seule voix : “La Tunisienne est libre ! Hamadi Jebali, Rached Ghannouchi dehors !”
Alors que la deuxième manifestation a réuni pour la même cause quelques centaines de personnes à l’avenue Habib-Bourguiba, axe principal du centre-ville où la marche était interdite. Le rassemblement s’est achevé dans le calme et la foule s’est vite dispersée.
“L’égalité dans la Constitution”, “les membres d’Ennahda sont arriérés et des vendus”, scandaient haut et fort les manifestants. Dans la même soirée, une autre manifestation a eu lieu à Sfax, ville située à 260 km au sud de Tunis où quelques centaines de personnes se sont rassemblées dans les principales avenues de cette ville en scandant les mêmes mots d’ordre.
Ces manifestations à l’appel d’organisations féministes, de défense des droits de l’Homme et de l’opposition ont eu lieu le jour de l’anniversaire de la promulgation du code de statut personnel (CSP) le 13 août 1956, un ensemble de lois toujours sans équivalent dans le monde arabe instaurant l’égalité des sexes dans plusieurs domaines.
Ennahda fait des émules
Le parti islamiste Ennahda au pouvoir est au cœur d’une polémique provoquée par un projet d’article de la Constitution adoptée en commission le 1er août et qui n’évoque pas l’égalité des sexes.
“L’État assure la protection des droits de la femme, de ses acquis, sous le principe de complémentarité avec l’homme au sein de la famille et en tant qu’associée de l’homme dans le développement de la patrie”, y est-il indiqué.
Le parti islamiste, à la tête d’une coalition formée avec deux partis de centre-gauche, dément vouloir s’en prendre aux droits de la femme et souligne que l’égalité des sexes est mentionnée dans le préambule de la future loi fondamentale.
Dans un communiqué diffusé lundi, le mouvement a estimé que les reproches qui lui sont adressés sont le résultat “de confusion, voire même de provocation et d’exagération”.
Pulblié par Liberté Algerie
12:47 Publié dans Actualités, Connaissances, International, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tunisie, femmes, liberté, islamistes | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |