04/06/2013
Villepreux : « Le rugby français risque de perdre son âme »
Victoire du jeu restrictif, incertitude sportive gommée par la puissance financière, intérêts divergents entre rugby professionnel et équipe de France. L’ex-joueur, entraîneur, sélectionneur et directeur technique national répond aux maux de l’Ovalie.
Pierre Villepreux est certes l’un des plus beaux CV du rugby français (multiple champion de France et vainqueur du tournoi en tant que joueur puis entraîneur du Stade Toulousain et joueur et sélectionneur du Quinze de France). On avait surtout envie de demander à ce promoteur invétéré de l’intelligence de jeu de donner son avis sur la tournure que prend le rugby français. À l’entendre, il y a urgence à secouer l’Ovalie.
Pour parvenir en finale, Castres et Toulon ont éliminé respectivement Toulouse et Clermont, réputés pour leur jeu offensif. Le jeu défensif a-t-il pris le pas, cette saison ?
Pierre Villepreux. Les deux équipes qui étaient en finale n’étaient pas celles qui ont produit le meilleur rugby au cours de la saison. Pour moi et sur l’ensemble du championnat, c’est Clermont. Mais ce rugby n’a remporté ni la Coupe d’Europe ni le bouclier de Brennus. Pourquoi la domination des Auvergnats ne s’est-elle pas traduite par un titre ? Ont-ils évalué toute la complexité du championnat, avec des phases finales qui posent d’autres problèmes que ceux de la saison régulière ? Faut-il, par exemple, changer régulièrement de joueurs alors que les matchs couperet imposent de dégager une équipe type ?
Qu’est-ce pour vous que le « meilleur rugby » ?
Pierre Villepreux. Si on dit que c’est celui qui gagne, ce n’est pas ma façon de concevoir le sport. Le meilleur rugby est celui qui fait lever les foules, qui offre du spectacle par son intelligence de jeu. C’est celui qui, d’abord, donne envie d’aller voir un match. Ce rugby-là était jusque-là capable de gagner des titres. J’espère que nous ne revenons pas à un jeu restrictif où une défense resserrée et des points pris grâce à des pénalités suffisent à gagner.
Hormis Castres, neuvième budget de Top 14 (16 millions tout de même), les trois autres places de demi-finalistes étaient occupées par les trois plus gros budgets du championnat. Idem en Coupe d’Europe. La puissance financière est-elle en train de tuer l’incertitude sportive ?
Pierre Villepreux. L’économie est en passe de guider le résultat. Si l’on suit les discours de certains entraîneurs et présidents de club, on prend la direction d’une course à l’armement qui fait peu de place à la formation française. Tout le monde ne parle que d’aller chercher à l’étranger des joueurs qui ont déjà fait leur carrière, parce que les potentiels seraient insuffisants ici. Pour moi, une partie de la solution se trouve dans le jeu lui-même. Il faut lui permettre d’évoluer. Par exemple, en créant des points forts à un point donné, avec plusieurs joueurs qui accompagnent le porteur du ballon afin de lui apporter plusieurs solutions, donc de l’incertitude dans le jeu. Une autre solution se trouve peut-être dans l’évolution des règles. Par exemple, en conférant encore plus de points à un essai qu’à des points pris au pied. Pour la mêlée aussi, c’est l’état d’esprit qu’il faut changer. Aujourd’hui, elle ne sert qu’à obtenir une pénalité, alors qu’elle devrait offrir un lancement de jeu propre. On l’a fait pour la touche, avec la possibilité de lever le réceptionneur. On peut bien le faire pour la mêlée.
Les intérêts de l’équipe de France, dernière du tournoi 2013, et des clubs du Top 14, qui triomphent en Europe, sont-ils désormais irréconciliables ?
Pierre Villepreux. Nous sommes arrivés à un moment charnière. La course à l’armement des clubs, qui amène toujours plus d’internationaux étrangers en fin de carrière, laisse très peu de place à nos jeunes. La situation n’est pas irrémédiable. Mais l’équipe de France vient de partir avec quatre étrangers pour sa tournée en Nouvelle-Zélande. La tendance peut se poursuivre.
Même Toulouse se pose la question du bien-fondé de sa politique de formation…
Pierre Villepreux. Ce serait une évolution très dommageable. Ça changerait la donne. Si le système professionnel tend à cela, il ne faut plus se casser la tête avec la formation. Le rugby français risque d’y perdre son âme. Ce qui est dramatique, c’est de dire que l’on va chercher des joueurs ailleurs grâce à la manne du rugby français. Faire étalage de cet argent est indécent, surtout en cette période de crise.
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28/05/2013
La couleur d’origine / La vie d'Adèle : le point de vue de l'auteure : Julie Maroh
Voilà bientôt deux semaines que je repousse ma prise de parole quant à La vie d’Adèle. Et pour cause, étant l’auteure du livre adapté, je traverse un processus trop immense et intense pour être décrit correctement.
Ce n’est pas seulement à propos de ce que Kechiche a fait. C’est un processus à propos de l’idée de la répercussion de nos actes, d’écrire une ridicule histoire l’été de mes 19 ans et d’arriver à… « ça » aujourd’hui.
C’est un processus à propos de l’idée de prendre la parole et transmettre sur la Vie, l’Amour, l’Humanité en tant qu’artiste, de manière générale. C’est un processus à propos de moi-même et du chemin que j’ai choisi. Donc, oui… je suis traversée d’un sentiment indescriptible à propos de la répercussion. De se lever et de parler, et où cela peut mener.
Moi ce qui m’intéresse c’est la banalisation de l’homosexualité.
Je n’ai pas fait un livre pour prêcher des convaincu-e-s, je n’ai pas fait un livre uniquement pour les lesbiennes. Mon vœu était dès le départ d’attirer l’attention de celles et ceux qui:
- ne se doutaient pas
- se faisaient de fausses idées sans connaître
- me/nous détestaient
Je sais que certains sont dans un tout autre combat: garder cela hors-norme, subversif. Je ne dis pas que je ne suis pas prête à défendre cela. Je dis simplement que ce qui m’intéresse avant tout c’est que moi, celles/ceux que j’aime, et tous les autres, cessions d’être:
- insulté-e-s
- rejeté-e-s
- tabassé-e-s
- violé-e-s
- assassiné-e-s
Dans la rue, à l’école, au travail, en famille, en vacances, chez eux. En raison de nos différences.
Chacun aura pu interprété et s’identifier au livre à sa convenance. Je tenais toutefois à repréciser le point de départ. Il s’agissait également de raconter comment une rencontre se produit, comment cette histoire d’amour se construit, se déconstruit, et ce qu’il reste de l’amour éveillé ensemble, après une rupture, un deuil, une mort. C’est cela qui a intéressé Kechiche. Aucun de nous n’avait une intention militante, néanmoins j’ai très vite pris conscience après la parution du Bleu en 2010 que le simple fait de parler d’une minorité telle qu’elle soit participe à en défendre la cause (ou le contraire, selon.) et que cela nous dépasse complètement.
Le dégradé de la BD jusqu’au film
Kechiche et moi nous sommes rencontrés avant que j’accepte de lui céder les droits d’adaptation, c’était il y a plus de 2 ans. J’ai toujours eu beaucoup d’affection et d’admiration pour son travail. Mais surtout c’est la rencontre que nous avons eue qui m’a poussée à lui faire confiance. Je lui ai stipulé dès le départ que je ne voulais pas prendre part au projet, que c’était son film à lui. Peut-être est-ce ce qui l’a poussé à à me faire confiance en retour. Toujours est-il que nous nous sommes revus plusieurs fois. Je me souviens de l’exemplaire du Bleu qu’il avait sous le bras: il ne restait pas un cm2 de place dans les marges, tout était griffonné de ses notes. On a beaucoup parlé des personnages, d’amour, des douleurs, de la vie en somme. On a parlé de la perte du Grand Amour. J’avais perdu le mien l’année précédente. Lorsque je repense à la dernière partie de La vie d’Adèle, j’y retrouve tout le goût salé de la plaie.
Pour moi cette adaptation est une autre version / vision / réalité d’une même histoire. Aucune ne pourra annihiler l’autre. Ce qui est sorti de la pellicule de Kechiche me rappelle ces cailloux qui nous mutilent la chair lorsqu’on tombe et qu’on se râpe sur le bitume.
C’est un film purement kéchichien, avec des personnages typiques de son univers cinématographique. En conséquence son héroïne principale a un caractère très éloigné de la mienne, c’est vrai. Mais ce qu’il a développé est cohérent, justifié et fluide. C’est un coup de maître.
N’allez pas le voir en espérant y ressentir ce qui vous a traversés à la lecture du Bleu. Vous y reconnaîtrez des tonalités, mais vous y trouverez aussi autre chose.
Avant que je ne vois le film à Paris, on m’avait tellement prévenue à coups de « C’est librement adapté hein, ohlala c’est très très librement adapté », je me voyais déjà vivre un enfer… Chez Quat’Sous Films se trouvait tout le découpage des scènes filmées, épinglé au mur en petites étiquettes. J’ai battu des paupières en constatant que les deux-tiers suivaient clairement le cheminement du scénario du livre, je pouvais même en reconnaître le choix des plans, des décors, etc.
Comme certains le savent déjà, beaucoup trop d’heures ont été tournées, et Kechiche a taillé dans le tas. Pourtant, étant l’auteure du Bleu j’y retrouve toujours beaucoup du livre. C’est le cœur battant que j’en reconnais tout mon Nord natal tel que j’avais tenté de le retranscrire en images, enfin « réel ». Et suite à l’introduction de ma déclaration ici je vous laisse imaginer tout ce que j’ai pu ressentir en voyant défiler les plans, scènes, dialogues, jusqu’aux physiques des acteurs et actrices, similaires à la bande dessinée.
Donc quoi que vous entendiez ou lisiez dans les médias (qui cherchent souvent à aller à l’essentiel et peuvent facilement occulter certaines choses) je réaffirme ici que oui, La vie d’Adèle est l’adaptation d’une bande dessinée, et il n’y a rien de mal à le dire.
Quant au cul
Quant au cul… Oui, quant au cul… Puisqu’il est beaucoup évoqué dans la bouche de celles et ceux qui parlent du film… Il est d’abord utile de clarifier que sur les trois heures du film, ces scènes n’occupent que quelques minutes. Si on en parle tant c’est en raison du parti pris du réalisateur.
Je considère que Kechiche et moi avons un traitement esthétique opposé, peut-être complémentaire. La façon dont il a choisi de tourner ces scènes est cohérente avec le reste de ce qu’il a créé. Certes ça me semble très éloigné de mon propre procédé de création et de représentation. Mais je me trouverais vraiment stupide de rejeter quelque chose sous prétexte que c’est différent de la vision que je m’en fais.
Ça c’est en tant qu’auteure. Maintenant, en tant que lesbienne…
Il me semble clair que c’est ce qu’il manquait sur le plateau: des lesbiennes.
Je ne connais pas les sources d’information du réalisateur et des actrices (qui jusqu’à preuve du contraire sont tous hétéros), et je n’ai pas été consultée en amont. Peut-être y’a t’il eu quelqu’un pour leur mimer grossièrement avec les mains les positions possibles, et/ou pour leur visionner un porn dit lesbien (malheureusement il est rarement à l’attention des lesbiennes). Parce que – excepté quelques passages – c’est ce que ça m’évoque: un étalage brutal et chirurgical, démonstratif et froid de sexe dit lesbien, qui tourne au porn, et qui m’a mise très mal à l’aise. Surtout quand, au milieu d’une salle de cinéma, tout le monde pouffe de rire. Les hérétonormé-e-s parce qu’ils/elles ne comprennent pas et trouvent la scène ridicule. Les homos et autres transidentités parce que ça n’est pas crédible et qu’ils/elles trouvent tout autant la scène ridicule. Les seuls qu’on n’entend pas rire ce sont les éventuels mecs qui sont trop occupés à se rincer l’œil devant l’incarnation de l’un de leurs fantasmes.
Je comprends l’intention de Kechiche de filmer la jouissance. Sa manière de filmer ces scènes est à mon sens directement liée à une autre, où plusieurs personnages discutent du mythe de l’orgasme féminin, qui… serait mystique et bien supérieur à celui de l’homme. Mais voilà, sacraliser encore une fois la femme d’une telle manière je trouve cela dangereux.
En tant que spectatrice féministe et lesbienne, je ne peux donc pas suivre la direction prise par Kechiche sur ces sujets.
Mais j’attends aussi de voir ce que d’autres femmes en penseront, ce n’est ici que ma position toute personnelle.
Quoi qu’il en soit je ne vois pas le film comme une trahison. La notion de trahison dans le cadre de l’adaptation d’une œuvre est à revoir, selon moi. Car j’ai perdu le contrôle sur mon livre dès l’instant où je l’ai donné à lire. C’est un objet destiné à être manipulé, ressenti, interprété.
Kechiche est passé par le même processus que tout autre lecteur, chacun y a pénétré et s’y est identifié de manière unique. En tant qu’auteure je perds totalement le contrôle sur cela, et il ne me serait jamais venu à l’idée d’attendre de Kechiche d’aller dans une direction ou une autre avec ce film, parce qu’il s’est approprié – humainement, émotionnellement – un récit qui ne m’appartient déjà plus dès l’instant où il figure dans les rayons d’une librairie.
La palme
Cette conclusion cannoise est évidemment magnifique, à couper le souffle.
Comme évoqué dans mon introduction, tout ce qui me traverse ces jours-ci est tellement fou et démesuré que je ne saurais vous le retranscrire.
Je reste absolument comblée, ébahie, reconnaissante du cours des évènements.
Cette nuit j’ai réalisé que c’était la première fois dans l’histoire du cinéma qu’une bande dessinée avait inspiré un film Palme d’Or, et cette idée me laisse pétrifiée. C’est beaucoup à porter.
Je tiens à remercier tous ceux qui se sont montrés étonnés, choqués, écœurés que Kechiche n’ait pas eu un mot pour moi à la réception de cette Palme. Je ne doute pas qu’il avait de bonnes raisons de ne pas le faire, tout comme il en avait certainement de ne pas me rendre visible sur le tapis rouge à Cannes alors que j’avais traversé la France pour me joindre à eux, de ne pas me recevoir – même une heure – sur le tournage du film, de n’avoir délégué personne pour me tenir informée du déroulement de la prod’ entre juin 2012 et avril 2013, ou pour n’avoir jamais répondu à mes messages depuis 2011. Mais à ceux qui ont vivement réagi, je tiens à dire que je n’en garde pas d’amertume.
Il ne l’a pas déclaré devant les caméras, mais le soir de la projection officielle de Cannes il y avait quelques témoins pour l’entendre me dire « Merci, c’est toi le point de départ » en me serrant la main très fort.
Pour en savoir plus sur le film, vous pouvez télécharger son dossier de presse
Et concernant le porn lesbien, un petit lien
L’ombre du tournage -> http://www.lemonde.fr/festival-de-cannes/article/2013/05/...
10:25 Publié dans Actualités, Cinéma, Livre, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : julie maloh, la vie d'adèle, cinéma | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
23/05/2013
Un Français sur deux vit avec moins de 1610 euros par mois
"Les revenus et le patrimoine des ménages" - Insee Références - Édition 2013
L’Insee présente avec "Les revenus et le patrimoine des ménages" les principaux indicateurs et des analyses sur les inégalités monétaires, la pauvreté et le patrimoine des ménages. L’édition 2013 propose une vue d’ensemble qui fait le point sur les évolutions des inégalités de niveau de vie et de la pauvreté monétaire provoquées par la crise de 2008.
Deux dossiers étudient l’évolution du niveau de vie des personnes âgées entre 1996 et 2009 et l’endettement des ménages en 2010. Enfin, une trentaine de fiches thématiques complètent ces analyses en fournissant les derniers chiffres essentiels, commentés et illustrés, sur les revenus, le niveau de vie, la pauvreté, le patrimoine et l’endettement.
Même si 2010 signe, après le recul de 2009, une légère reprise de l’activité économique, « le niveau de vie de la majorité de la population stagne ou baisse », introduit l’Insee. Et la persistance des inégalités entre les ménages les plus riches et les ménages les plus modestes reste criante.
Ainsi, le taux de pauvreté monétaire, c’est-à-dire le nombre de personnes vivant dans un ménage dont le niveau de vie est en dessous du seuil de pauvreté (964 euros/mois) est passé de 13,5 % en 2009 à 14,1 % de la population en 2010, soit 440 000 personnes de plus. Cette hausse de la pauvreté, qui impacte à plus forte raison les retraités, les étudiants et les chômeurs, « touche particulièrement les familles », rappelle l’Insee, qui chiffre à 2,7 millions le nombre d’enfants qui grandissent dans des familles pauvres, en hausse de 278 000.
Par ailleurs, le niveau de vie médian, au-dessus et en dessous duquel se situent 50 % des Français, a chuté de 0,5 % (et seulement 0,3 % pour les plus riches) entre 2009 et 2010, pour atteindre 19 270 euros annuels (1 610 euros/mois). Les 10 % les plus pauvres survivent avec moins de 10 430 euros par an quand les 10 % les plus riches cumulent au moins 36 270 euros annuels. Un rapport de 1 à 3,5.
En comparant les effets de la crise actuelle à ceux des précédentes, l’Insee souligne que, si « le précédent ralentissement économique au début des années 2000 avait également pesé sur le niveau de vie du plus grand nombre, la crise actuelle affecte cette fois plus spécifiquement les personnes modestes ». Les 1 % les plus riches, eux, continuent de s’enrichir, grâce, entre autres, aux revenus de leur patrimoine, qui expliquent, en partie, la hausse de près de 5 % de leur niveau de vie en 2010.
Malgré tout, l’étude pointe que le système de protection sociale français, via le versement de prestations familiales, allocations logement, minima sociaux, a permis d’amortir la paupérisation des couches populaires. L’explosion du chômage a fait chuter la part des revenus du travail dans les ménages les plus modestes, augmentant mathématiquement celle des prestations sociales. Mais leur faible revalorisation menace plus que jamais les plus fragiles.
Plus de pauvres et des riches plus riches, cette étude de l’Insee matérialise une nouvelle fois, la fracture sociale d’un pays malade de ses inégalités.
14:51 Publié dans Actualités, Connaissances, Dossier retraites, Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : société, revenus, insee, économie, patrimoine | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
16/05/2013
Amnistie sociale: les députés PS jettent aux oubliettes "cette loi de justice"
Le groupe socialiste de l'Assemblée nationale, qui détient la majorité absolue à lui seul, a voté ce jeudi le renvoi en commission de la proposition de loi "d’amnistie des faits commis lors de mouvements sociaux et d'activités syndicales". Une décision fermement condamnée par les parlementaires Front de gauche qui craignent un « subterfuge » visant à enterrer définitivement le texte.
La proposition de loi du Front de gauche avait pourtant été adoptée par le Sénat le 27 février dernier. Le texte prévoit une amnistie pour les syndicalistes et les travailleurs condamnés pour certains délits lors de mouvements sociaux. Mais le gouvernement a cédé face aux attaques de la droite et du patronat et a finalement annoncé le 24 avril qu'il s'opposerait à ce texte, que la commission des Lois de l'Assemblée a ensuite rejeté.
Ce rejet ne faisait toutefois pas l'unanimité au sein du groupe PS de l'Assemblée, dont au moins un tiers des élus se disaient prêts à voter le texte. Le Front de gauche mais aussi le groupe écologiste, favorables au texte, ont voté contre ce renvoi.
- André Chassaigne, président du groupe Front de gauche, a à nouveau vivement défendu le texte devant les parlementaires:
« Cette loi défendue par les parlementaires du Front de gauche vise à rendre justice à ceux et celles qui ont décidé d’agir pour sauver leurs emplois et leurs entreprises. Elle vise à faire un geste en direction des salariés en lutte. Elle vise à donner raison aux militants et militantes qui ont agi pour le droit au logement et pour la dignité de tous les salariés. C’est la raison pour laquelle de nombreux militants, syndicalistes, associatifs, ainsi que de simples citoyennes et citoyens sont en ce moment même mobilisés devant notre Assemblée pour appeler à l’adoption de cette proposition de loi. […]
La gauche ne peut pas et ne doit pas abandonner ceux et celles qui se sont battus face au MEDEF et à la droite, et qui agissent aujourd’hui pour le bien commun et la relance économique de la France. C’est pour faire entendre ce message que nous appelons le Gouvernement et les différents groupes de la gauche à soutenir cette loi de justice. » L'intégralité de l'intervention d'André Chassaigne.
Jean-Luc Mélenchon a assisté au débat dans les tribunes de l'hémicycle avant de participer à la manifestation devant le Parlement où plusieurs centaines de syndicalistes CGT et FSU, protestaient contre ce renvoi. Pour lui, cette décision des députés socialistes est une "trahison" parce qu'elle revient à renvoyer l'amnistie "aux oubliettes".
Ce renvoi signifie que la commission des Lois devra retravailler le texte. Le groupe Front de gauche ne pourra pas le réinscrire à l'ordre du jour avant octobre prochain.
Article publié par le journal l'Humanité
Amnistie des faits commis lors de mouvements... par deputesCRCPG
17:48 Publié dans Actualités, ACTUSe-Vidéos, Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amnistie, députés, ps, front de gauche | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |