03/11/2021
PORTRAIT : SANDRA BLAISE MILITANTE COMMUNISTE DES VOSGES
Sandra Blaise, militante, communiste, juriste et chanteuse, a plusieurs cordes à son arc
La chef, c’était déjà le surnom que lui donnaient ses deux frères quand elle était petite. Sandra Blaise, secrétaire fédérale du Parti communiste dans les Vosges et conseillère régionale, a plusieurs cordes à son arc. Itinéraire d’une enfant de la vallée de la plaine, toujours engagée et déterminée.
La première manifestation que Sandra Blaise a organisée, c’était à l’âge de 10 ans dans son salon. « On voulait regarder une émission à la télé et on n’avait pas le droit. Alors j’ai dit à mes deux frères qu’on n’avait qu’à faire une manifestation comme papa le faisait aussi. On a fabriqué des pancartes, mon père a trouvé ça drôle et il nous a laissé regarder la télévision », sourit-elle.
Née à Raon-l’Étape le 24 août 1974, dans une famille communiste, avec un grand-père résistant, Sandra Blaise a grandi entourée de deux frères dans le village de Celles-sur-Plaine.
Une enfance heureuse à courir la forêt, près de la nature. « On ne trouvait jamais le temps long », se souvient-elle. Sportive, elle joue au foot avec les garçons de 5 à 11 ans. Ensuite, elle se met au judo et au collège, elle découvre l’athlétisme et le handball.
Ses deux frères l’appellent « la chef ». « C’est une vraie militante. Une personne de caractère qui sait ce qu’elle veut. Elle est pugnace. Petite, elle avait déjà beaucoup de caractère et ses idées. Elle est déterminée », estime son grand frère, David Blaise , qui est délégué syndical central du groupe Arcelor Mittal. « C’est une engagée complète », estime Jacob Charton , son meilleur ami. « Sandra est quelqu’un qui fait passer les autres avant elle. Son engagement est total. Elle porte ses idées de progrès social et souvent d’ailleurs, les gens se reposent sur elle, car elle n’a pas peur, elle y va. »
« Je voulais devenir chirurgienne »
Sandra Blaise grandit au milieu d’une famille modeste. Une maman au foyer et un papa ouvrier au sein de l’usine Autocoussin qui sera ensuite reprise par le groupe Bernard Faure et enfin Faurecia. Après l’école maternelle et la primaire à Celles-sur-Plaine, elle arrive au collège de Raon-l’Étape. Déjà déléguée de classe, elle siège au sein du conseil d’administration du collège. « À l’époque, je voulais devenir chirurgienne », se souvient-elle. À 12 ans, elle organise alors la deuxième manifestation de sa vie contre la loi Devaquet, un projet de réforme des universités qui avait à l’époque provoqué la révolte de la jeunesse et la mort de l’étudiant Malik Oussekine.
Petite, toujours, Sandra s’intéresse aussi à la musique. Enfant de chœur à l’église, elle se passionne pour l’orgue, mais la famille n’a pas assez d’argent pour les écoles de musique. C’est le curé du village qui lui prête un orgue électrique et qui viendra tous les mercredis lui donner des leçons et lui apprendre le solfège. « J’ai joué pendant huit ans sur l’orgue de l’église de Celles-sur-Plaine », explique celle qui continue aujourd’hui de chanter.
Pendant le premier confinement , elle chante tous les soirs sur Facebook en réseau avec ses amis de l’association « Nos voix nos guitares », basée à Raon-l’Étape. Avec l’envie de toujours progresser, Sandra a pris des cours de chant et s’est même mise à l’écriture de chansons avec toute une série de projets en cours.
Militante depuis l’enfance
Retour aux années lycée. La jeune fille choisit d’aller au lycée hôtelier de Gérardmer. « Parce que mon père aimait bien faire la cuisine. » C’est là, à 15 ans, qu’elle mène sa première bataille en tant que stagiaire. « J’étais affectée à l’hôtel en tant que réceptionniste et dans les étages. Mais on m’avait mis à la plonge. Je suis allée voir le directeur et je lui ai demandé pourquoi j’étais à la plonge alors qu’il y avait plein de personnes qui cherchaient du travail. Le lendemain, il avait embauché quelqu’un et je n’étais plus à la plonge »
Militante depuis l’enfance, membre de la CGT et du Parti communiste , conseillère prud’homale depuis 2002, Sandra Blaise est secrétaire fédérale du Parti communiste vosgien depuis 2017.
Depuis 2018, elle fait partie de l’exécutif national et depuis juillet 2021, elle a fait son entrée au sein de la région Grand Est en tant que conseillère régionale. Depuis, elle s’amuse du regard qu’on porte sur elle. « Je suis communiste et en plus je suis une femme », estime celle qui a un CV à faire pâlir pas mal d’hommes au sein de cet hémicycle.
« J’aime apprendre et me remettre en question »
Son père Jacky affiche sa fierté pour cette fille brillante qui n’a jamais cessé ses études. Boursière, Sandra Blaise a obtenu un Bac + 2 en import/export et droit international en 1997. Elle décroche une licence en droit en 2008 et un Master 2 en droit, option dialogue social en 2020-2021. « J’aime apprendre et me remettre en question à travers mon expérience de la vie et mes expériences syndicales et politiques. Ce master, c’est une concrétisation », estime-t-elle.
Son premier CDI, elle l’a décroché à Raon-l’Étape dans sa vallée au sein du centre d’appels Transcom. « J’ai attendu d’avoir un an d’ancienneté pour monter une section syndicale CGT. » Le centre d’appels ferme ses portes en 2013. En tant que déléguée syndicale centrale, Sandra fut la dernière personne licenciée.
Aujourd’hui, elle découvre les arcanes de la région Grand Est où elle siège au sein de l’opposition. Rarement invitée en tant que conseillère régionale aux grandes manifestations, elle est quelquefois prévenue à la dernière minute. « Je suis une communiste et une femme », répète-t-elle. « Pour eux, je suis une cruche. Je n’ai pas fréquenté les salons de la bourgeoisie vosgienne. J’ai toujours fréquenté le milieu ouvrier et j’en suis fière. Je sais ce qu’est la vraie vie. »
Elle se décrit comme très angoissée, mais c’est aussi cette anxiété qui fait sa force. Avec ses frères, Sandra Blaise a formé une cellule familiale très soudée autour du papa après le départ du foyer de la maman lorsqu’elle était adolescente. « C’est peut-être de là qu’on tire notre détermination », constate-t-elle.
En tout cas, elle est très fière, comme son papa Jacky, toujours à ses côtés, de son grand frère David, leader syndical chez Arcelor Mittal et de son petit frère Mickaël, directeur de recherche au CNRS en biologie cellulaire et moléculaire.
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01/07/2021
Jeanne 20 ans, communiste, intègre le conseil départemental du Doubs
Élue dans le canton de Besançon 4, Jeanne Henry sera la plus jeune élue de l’assemblée. Elle sera, également, la première élue communiste à retrouver un siège au conseil départemental, depuis 34 ans…
Il s’appelait Serge Paganelli, était le dernier communiste à avoir pu siéger au conseil départemental. 34 ans après, le défunt maire d’Audincourt a un successeur. Jeanne Henry, 20 ans, tout rond sera à la fois la plus jeune élue de l’assemblée, mais aussi la première communiste à siéger depuis plus de trente ans.
« J’étais la dernière à y croire… »
Dans le canton de Besançon 4, après un suspense de toute beauté, le binôme qu’elle constituait avec Georges Ubbiali, l’a finalement emporté. « Tout le monde me disait c’est bon, mais j’étais la dernière à y croire… »
Jeanne Henry est, bien logiquement, encore étudiante, à Besançon. Le communisme, elle l’a rencontré chez ses grands-parents. « Dans la famille, on trouve vraiment toutes les tendances. Mes grands-parents étaient professeurs, des gens droits dans leurs bottes, fidèles à leurs principes. »
« Je représenterai les jeunes »
Elle se destine à devenir professeure des écoles, « je prévois de me spécialiser vers des personnes qui ne parlent pas le français, pourquoi pas m’occuper de ceux qui sont en prison, ou des malentendants. D’ailleurs, j’apprends en ce moment le langage des signes. »
À l’assemblée départementale, où elle sera dans l’opposition, mais elle ne compte jouer à la jeune fille timide. « Je m’intéresse particulièrement à l’insertion, à l’égalité homme-femme, aux situations de handicap, mais aussi à la précarité, au RSA, on est complètement dans le sujet au Département. Si je suis là, c’est que l’on m’a accordé une vraie confiance, je ne compte pas juste faire partie du décor. Et surtout, je ne me sens pas toute seule. Ce soir de victoire, nous étions une cinquantaine de camarades à fêter cela ensemble. »
Toutes ses indemnités iront directement au parti
Comme pour les autres élus communistes, toutes ses indemnités iront directement au parti. « Après une indemnité est redistribuée. On prend en compte, aussi, le fait que je travaille. »
Jeanne Henry, Bisontine pur jus, représentera, bien sûr, les valeurs de son parti. Mais pas que… « J’ai été élu par des jeunes, je représenterai aussi les jeunes, leurs aspirations. D’après ce que j’ai compris, je vais un peu faire baisser la moyenne d’âge au Département ! »
Et hop, la manip ! Par la magie du tableau diffusé par FR3, Jeanne est devenue élue Mélenchoniste et LFI, heureusement que d'autres médias comme l'Est Républicain ou Mosaik Radios sont plus rigoureux et sérieux lorsqu'il s'agit des diffuser des informations !
12:05 Publié dans Actualités, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jeanne henry, pcf, doubs | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
29/06/2021
FLEUR NOUVELLE COMMUNISTE ET ELUE A STRASBOURG
Une élue communiste fait son entrée à la Collectivité européenne d'Alsace : une première depuis 1945
La recette du succès ? "La dynamique d'un collectif avec les écologistes et les forces de gauche, la cohérence de ce collectif" insiste Fleur Laronze. Bref, une union des forces et des idées qu'il va maintenant falloir tester à l'épreuve du mandat. "On est dans la minorité, on est conscient des limites, mais on peut imprégner l'assemblée d'un marqueur de gauche" explique Fleur Laronze. Cette universitaire qui a rejoint le PCF il y a un an seulement, affirme vouloir "inspirer le renouveau démocratique avec une autre façon de faire de la politique. Avant d'être communiste, je suis une citoyenne qui a envie d'agir en faveur des plus vulnérables, et ça prend tout son sens au sein de la collectivité européenne d'Alsace" affirme-t-elle
Le succès des "candidatures pastèque"
Ce mariage du vert et du rouge est-il viable? Oui, affirme sans ciller, Hulliya Turan, secrétaire départementale du PCF dans le Bas-Rhin. Depuis un an, elle est également adjointe à la maire verte de Strasbourg Jeanne Barseghian. En cinquième position sur la liste d’Eliane Romani (EELV/PS/PCF), elle pourra siéger dans l'hémicycle de la région Grand Est. Là aussi, c'est historique : c'est la première fois que qu'un élu communiste entre au conseil régional, mandaté par des électeurs alsaciens.
Hulliya Turan est donc dit-elle, la preuve incarnée que "les candidatures pastèque", comme elle les appelle, peuvent fonctionner car "on propose un autre récit" précise-t-elle "Il ne s'agit pas du "ni-ni" - ni droite ni gauche. Ce n'est pas non plus le "en même temps" d'Emmanuel Macron qui prône une start-up nation sans s'appuyer sur des valeurs. La gestion CAC 40, ça crée des bulles, et les bulles s'effondrent. Nous, on fait de la politique sur le temps long, avec les valeurs du service public comme colonne vertébrale" conclut-elle, en ajoutant qu'une dynamique vertueuse a été enclenchée avec les écologistes.
Un nouvelle génération
De mémoire de politologue, l'Alsace a toujours été une terre de mission pour les communistes. Les élus sont rarissimes. Une figure est sortie du lot : Francis Wurtz, élu PCF au Parlement Européen de 1979 à 2009. Un paradoxe. "J'ai été député européen, mais véritablement au service de l'Alsace, dit-il, surtout dans les premiers mandats. C'était la grande époque des mines de potasse".
Et au département? " L'élection de Fleur Laronze est une magnifique nouveauté" croit-il savoir, en tentant une explication : "C'est une nouvelle période, une nouvelle génération, qui a un style propre, une attitude qui colle plus aux réalités d'aujourd'hui" Avec un préalable : chasser les réflexes politiciens. C'est à ce prix que l'alliance avec les écologistes peut fonctionner, en s'appuyant sur l'échange de propositions" dit-il
Et à l'avenir? "L'appétit vient en mangeant" sourit-il, en nuançant aussitôt ses propos. L'appétit certes, à condition de ne pas dévorer le collectif.
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24/03/2021
Fabien Roussel : entretien accordé à Ouest France
ENTRETIEN. Fabien Roussel (PCF) : « Ma volonté n’est pas de prendre des voix aux Insoumis »
Candidat à l’élection présidentielle, le secrétaire national du parti communiste espère être adoubé par les militants le 9 mai 2021, tout en appelant à un « un pacte de gauche » aux régionales et aux législatives. Une stratégie qu’il assume.
Il sera fixé le 9 mai 2021, jour où les quelque 50 000 militants du parti devront choisir leur candidat à la présidentielle parmi trois prétendants, dont Emmanuel Dang Tran et Grégoire Munk. « C’est le jour du 40e anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Mitterrand, je n’ai pas fait exprès », fait remarquer Fabien Roussel. Cette date symbolique n’a pas échappé au député du Nord, secrétaire national du PCF, et autre candidat déclaré depuis le 13 mars. Pour la première fois depuis 2007, le PCF pourrait donc avoir son propre candidat et ne pas s’allier avec les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon. De passage à Caudan (Morbihan), où il est venu soutenir la manifestation des salariés de la Fonderie de Bretagne, il s’est aussi entretenu avec les militants morbihannais, à Lanester.
Une candidature communiste à la présidentielle, ça n’était pas arrivé depuis 2007, avec Marie-George Buffet. Jean-Luc Mélenchon ne serait plus, à vos yeux, le candidat idéal pour incarner cette partie de la gauche ?
Il y a eu un espoir avec son score de 19 % en 2017. Mais cette force, qu’il a incarnée avec nous, ne s’est pas traduite par des dizaines de députés insoumis et communistes à l’Assemblée nationale. Ça n’a pas abouti à des conquêtes sociales, ni à des rassemblements larges lors des élections qui ont suivi. J’ai ce regret. Ma volonté n’est pas de prendre des voix aux Insoumis, mais d’aller convaincre ceux qui n’y croient plus.
Votre ennemi, c’est d’abord l’abstention ?
Elle est de plus en plus forte dans le pays. Parmi ceux qui ne votent pas, beaucoup sont issus du monde de travail et de l’électorat de gauche, l’ouvrier des usines, le cheminot, l’enseignant, l’agriculteur, le fonctionnaire catégorie C. La gauche est faible à cause de ça. Je souhaite redonner envie de voter pour une formation de gauche sincère, authentique, qui n’a jamais trahi ses idéaux, et que les gens connaissent. Je veux susciter le désir de rendre majoritaires les valeurs de gauche (fraternité, solidarité, humanisme) dans mon pays. La solution de facilité, ce serait la candidature commune.
On vous reproche cette incohérence : prôner l’union de la gauche aux régionales et aux législatives, mais jouer en solo pour la présidentielle…
Pour moi, ça ne s’oppose pas. L’élection présidentielle, c’est la rencontre d’un homme, d’une femme, d’un projet avec le pays. Je le redis : les propositions que nous allons faire ont vocation à convaincre ceux qui n’y croient plus. Moi, je suis neuf. Je suis un député modeste du Nord, qui a une vie normale. Je n’habite pas à Paris, mais je ne suis pas anti-Parisien. Je veux conserver ce lien direct que j’ai avec les gens pour porter leur colère, leurs espoirs et leurs envies de changement.
Au-delà de l’exemple donné par les Hauts-de-France, l’union des gauches aux régionales est-elle possible ailleurs ?
C’est encore possible en Normandie, Grand Est et Paca. On espère même avoir deux têtes de liste avec Cécile Cukierman en Auvergne Rhône-Alpes et Sébastien Jumel en Normandie. C’est notre souhait aussi en Corse. Dans les autres régions, nous soutenons soit une tête de liste socialiste, soit une tête de liste verte, soit une tête de liste insoumise. Le PCF est un parti de rassemblement et l’a toujours été.
Justement, les régionales ne pourraient-elles pas servir de laboratoire et prouver que l’union est souhaitable aussi pour la présidentielle ?
Les deux modes de scrutin sont différents. Et puis, on verra le résultat. Ma crainte, pour les régionales, c’est que les forces de gauche unies plafonnent à un niveau qui ne sera pas assez élevé. Ça ne me réjouit pas. Dans la région Hauts-de-France, les sondages créditent les cinq forces de gauche à 25 %. 25 % seulement ! Si on ne s’attaque pas au problème de fond qu’est l’abstention, on va désespérer le peuple.
11:23 Publié dans Actualités, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabien roussel, pcf, présidentielle, morbihan | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |