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21/01/2011

LA LONGUE MARCHE DE ANDRE CHASSAIGNE

chasagne.jpgPour le communiste André Chassaigne, candidat à l'investiture du Front de gauche en 2012, ce n'est pas gagné! Le PCF soutient à peine ce drôle de "coco". Et la voix de l'Auvergne a du mal à passer face au très médiatique Jean Luc Mélenchon.

 André Chassaigne, 60 ans, admirateur de Karl Marx et d'Alexandre Vialatte, est un homme pugnace. Candidat à l'investiture du Front de gauche face à l'assourdissant Jean-Luc Mélenchon, le député communiste du Puy-de-Dôme bat la campagne, depuis l'été 2010, dans une semi-clandestinité savamment entretenue par la direction du Parti communiste, pour qui les urnes des scrutins présidentiels ne sont plus que funéraires, et par les médias nationaux, aveuglés par les têtes d'affiche de la politique spectacle.  

Moustache conquérante, verbe coloré, le grand timonier de Saint-Amant-Roche-Savine, 537 habitants, tourne donc dans les salles des fêtes quand le moindre éternuement de son rival du Parti de gauche tourne sur Youtube. "On suit toujours le sens de l'histoire quand on la pousse devant soi", écrivait Alexandre Vialatte. Alors, il pousse, le Dédé. Jusqu'à ce que les bras lui en tombent. 

Ah! Si la partie se jouait seulement entre les volcans d'Auvergne et ses chers monts du Forez... Ils ne sont pas nombreux, les villages de 500 âmes qui peuvent s'enorgueillir d'avoir abrité deux spécimens comme Alexandre Vialatte et André Chassaigne. Le premier se réfugia à Saint-Amant-Roche-Savine durant la guerre, où il rédigea en six semaines Le Fidèle Berger; le second y a entamé une carrière politique qui, ici, force le respect, et même l'admiration, droite et gauche confondues. 

André Chassaigne, monsieur 65 %

Il faut le voir, jour de marché, à Thiers, les joues rougies à force d'embrassades, trinquant au comptoir du Central avec son ami Chambriard, patron d'une grande coutellerie, pas franchement porté sur la révolution prolétarienne. "Ses scores aux dernières élections, c'est pas les voix du PC, c'est les voix à Dédé!" proclame le coutelier, en se resservant un coup de blanc. De fait, les résultats de André Chassaigne lors des scrutins des dix dernières années défient les lois de l'algèbre électorale et de l'inexorable déclin communiste.  

Elu député en 2002, réélu en 2007 avec plus de 65 % des suffrages, il s'est offert le luxe d'établir le record national des têtes de liste du Front de gauche, avec 14,2 % des voix au premier tour des régionales de 2010. Son secret? "Je vis mon communisme tel que je le conçois", explique ce fils d'ouvrier de Michelin, émancipé des dogmes du passé et des raideurs d'apparatchiks.  

L'ancien professeur de français, qui a préféré l'école normale des instituteurs à l'école du Parti, ne met jamais les pieds place du Colonel-Fabien. Il pousse même la singularité jusqu'à s'être découvert, sur le tard, un fort penchant pour l'écologie: après la lutte des classes, la fonte des glaces! En guerroyant, jour et nuit, à l'Assemblée nationale, André Chassaigne a donné son nom à un amendement anti-OGM. Un communiste vert, c'est nouveau, ça sort tout juste de terre. 

Le voici, maintenant, solidement calé dans le siège passager de sa 607 noire, au côté de Corinne, son attachée parlementaire, son chauffeur, sa boussole. La ferme de Marinette se cache au bout d'un chemin de terre, sur la route de Bertignat. La nuit va tomber, c'est l'heure de sortir la gnôle et les doléances. Au terme d'une vie de labeur, Marinette vient de passer le tablier à ses enfants. Elle touche royalement 540 euros de retraite. 

Jean Lasalle (MoDem) lui donne sa procuration

Denis, son fils, martèle la toile cirée en expliquant qu'il a renoncé à obtenir l'homologation européenne pour vendre ses fromages. Trop de paperasses à remplir quand on est encore à l'étable, pour soigner les vaches, après 10 heures du soir. Du coup, il n'a plus le droit de commercialiser sa fourme fermière à plus de 80 kilomètres de chez lui. Et le fromager de Vichy, à 87 kilomètres, se ravitaille désormais en Italie. "Il faut que je note ça, grommelle André Chassaigne. J'en parlerai à l'Assemblée." Et il en parlera. Il en parle toujours. C'est sa force.  

"A coup sûr, il figure parmi les dix députés les plus actifs de l'Hémicycle", souligne Jean Lassalle, son collègue et ami du Modem. Il fait le job, ''Dédé le rouge''. Il le fait si bien que c'est à lui que je donne procuration pour voter à ma place quand François Bayrou n'est pas disponible..." 

Au mois de juin prochain, la direction du PC soumettra au vote de ses militants le nom d'un candidat pour représenter le Front de gauche à l'élection présidentielle. André Chassaigne n'est pas dupe: Jean-Luc Mélenchon, "ce professionnel de la parole", a toutes les chances d'incarner l'homme providentiel. Au sein même de sa famille politique, l'élu du Puy-de-Dôme n'est soutenu que du bout des lèvres. Sa foi de laboureur peine à effacer les traces des humiliations subies par Robert Hue et Marie-George Buffet, en 2002 et en 2007, et son aura digne d'un Obama du Livradois-Forez ne brillera jamais jusqu'à Paris. 

Depuis cinq mois, il s'échine à faire passer le message d'une "candidature différente, porteuse de pluralité". Même dans L'Humanité, il a du mal à décrocher une interview. Les émissions politiques le snobent, les grands éditorialistes l'ignorent. Communiste et provincial, c'est beaucoup pour un seul homme dans la France de 2011. Il n'y a que les amuseurs pour s'intéresser à son cas. 

"Un plouc sympathique"

André Chassaigne, dont le pied-à-terre parisien est un lit de camp dans son bureau, a été invité chez Laurent Ruquier et chez Thierry Ardisson. A chaque fois, sa spontanéité, sa ferveur bonhomme ont crevé l'écran. Eric Zemmour lui a aimablement reproché de jouer au "plouc sympathique". Le plouc a diagnostiqué chez son interlocuteur "des crampes mentales", mettant les rieurs de son côté. 

Chaque jour, Jean Lassalle, qui a souffert, lui aussi, du dédain et de la condescendance, encourage son ami communiste à tenir bon. "La démarche de Chassaigne est pleine de panache, explique-t-il. S'il en bave, c'est qu'il y a un code pour exister sur la scène nationale. A Paris, la connaissance du terrain importe moins que la connaissance des règles du jeu..."  

Finalement, la vie de Dédé serait plus simple si les cadres de son parti couvaient sa candidature avec autant d'amour que ses opposants politiques. 

"Il pourrait faire un carton, façon Jacques Duclos"

Car Hervé Gaymard, l'ex-ministre UMP, lui aussi, est fan de André Chassaigne. Les deux hommes ont noué leur amitié sur les braises d'une même passion pour Alexandre Vialatte. "Dans notre société bling-bling, un type comme André Chassaigne, charpenté dans tous les sens du terme, représente quelque chose de vrai, souligne Hervé Gaymard. Je suis sûr que, dans l'opinion publique, il pourrait faire un carton, façon Jacques Duclos (NDLR: le candidat du PCF) en 1969." L'intéressé rosit sous le compliment. "C'est quelqu'un de bien, Hervé Gaymard. Je lui ai beaucoup téléphoné quand il a eu ses soucis d'appartement." 

Demain à Guéret, après-demain à Montluçon, au coeur de ces campagnes que les élites parisiennes finiront par moins connaître que la palmeraie de Marrakech, sa longue marche va reprendre. Au sortir de chaque réunion, André Chassaigne tentera de vendre quelques exemplaires de son livre, Pour une terre commune (éd. Arcane 17), grâce auquel il finance sa candidature autoproclamée. Il en a déjà écoulé 5 000. Un nouveau tirage est en cours.  

"A la librairie de Thiers, on ne le trouve plus. Il paraît que j'ai même battu Henri Potter!" relève-t-il avec une pointe de fierté. "Harry Potter...", corrige la fidèle Corinne, d'une voix faussement courroucée. Et c'est ainsi que Dédé est grand. 

ARTICLE PUBLIE DANS L'EXPRESS

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20/01/2011

LE DESSIN DU MOIS DE JANVIER

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18/01/2011

Le patron de l'Apec en révolte contre le Medef

verhaeghe.jpgEric Verhaeghe, membre du Medef et président de l'Apec, a démissionné de toutes ses fonctions mercredi. Il publie un livre décapant pour expliquer les raisons de ce coup de colère. Il y fustige, entre autres, les positions du Medef sur le coût du travail et la fiscalité.

A priori, Eric Verhaeghe n'a pas le profil d'un révolté. Enarque, ex-haut fonctionnaire, aujourd'hui directeur des affaires sociales de la Fédération française des sociétés d'assurance, il faisait partie des pontes du Medef, au nom duquel il avait été nommé président de l'APEC (l'association pour l'emploi des cadres), mais aussi administrateur de l'Agirc, de l'Acoss, de la Cnav, de l'Unédic et de Pôle emploi. Un habitué des cercles de pouvoir, donc, plus enclin à la discrétion qu'à la polémique. Eh bien, c'est ce même personnage qui vient de claquer la porte de l'organisation patronale avec pertes et fracas, et par la même occasion, de démissionner de tous ses mandats.

Raison de sa colère : un désaccord avec les orientations de l'organisation de Laurence Parisot. D'abord sur l'avenir de l'APEC, qui fait actuellement l'objet de négociations entre les syndicats et le patronat. « Mais cela n'était que le symptôme d'un malaise plus profond », a-t-il précisé mercredi au cours d'une conférence de presse. En réalité, la crise de 2008 lui a fait prendre conscience que les idées du Medef sur le coût du travail ou le poids de la fiscalité « mettait en danger notre pacte républicain et risquait de favoriser les extrêmes ».

* « Jusqu'ici tout va bien ! Enarque, membre du Medef, président de l'Apec, je jette l'éponge »

Eric Verhaeghe, Editions Jacob-Duvernet, 190 pages, 19,90 euros.

revenu.jpgPour expliquer le cheminement qui l'a amené à cette conclusion, il publie jeudi 13 janvier un livre* décapant. Point de départ de sa réflexion : la crise de 2008 et l'attitude des grands patrons, à ce moment surtout préoccupés, selon lui, par la préservation de leurs avantages (parachutes dorés...) : « Alors que les entreprises allaient mal, que des charrettes de licenciements étaient annoncées, une seule chose occupait les esprits : la situation juridique des dirigeants ». Ce constat est pour lui un véritable choc qui, de fil en aiguille, lui fait prendre conscience que « sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique et l'a capté à son profit ».

Le discours sur le coût du travail en France (trop élevé selon le patronat) en particulier, l'inquiète: « En pesant sur les conditions de vie des salariés, on pousse ceux-ci à s'endetter pour vivre. Or, la crise a démontré les dangers de l'endettement ». Il défend aujourd'hui l'idée que les « élites doivent assumer leur part d'effort » pour redresser la situation financière du pays : « Le niveau atteint par la dette ne permet plus de financer des baisses d'impôts ciblées sur les plus hauts revenus ». Des positions qui, on le comprend, rendaient difficile la poursuite de ses activités au sein du Medef. En revanche, à 18 mois des prochaines élections présidentielles, on peut parier qu'elles intéresseront nombre de politiques...

Stéphanie Benz - publié dans l’Expansion

16:50 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : eric verhaeghe, medef | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

04/01/2011

LES 35 H POUR LES NULS

psychologie4.gifContre l’ignorance totale de Manuel Valls et de quelques autres

15 questions-réponses rapides sur les 35 h pour ( presque) tout savoir sur les 35 h par Gérard Filoche 

1°) Est-ce que les 35 h sont « verrouillées » ?

Il n’y a aucun verrou. D’aucune sorte. Les 35 h ne sont que la durée légale du travail. Elles ne sont que le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Le seul verrou existant est la durée maxima qui est de 48 h hebdomadaires. Avec les 35 h il y a place pour 13 h supplémentaires hebdomadaires, davantage qu’avec les 39 h où il ne pouvait y avoir que 9 h supplémentaires par semaine.

2°) Est-ce que les 35 h n’existent déjà plus réellement ?

C’est malheureusement ce que dit Montebourg, député PS et lui aussi candidat aux primaires socialistes : « Les 35 heures n’existent plus, donc évidemment rouvrir ce débat est inutile ». Arnaud Montebourg n’y connaît rien non plus. Les 35 h existent. Elles s’imposent même à 100 % des salariés, à 100 % des employeurs. C’est une durée légale d’ordre public social valable dans toutes les entreprises, toutes les branches, tous les métiers, tous les statuts.

pinoc.jpg3°) Est-ce que les 35 h empêchent les Français de travailler davantage ?

Emballé par Valls, Yves Jégo déclare : « N’attendons pas 2012 pour déverrouiller les 35 heures qui plombent la croissance française depuis 10 ans et ouvrons à nouveau le débat du + travailler plus + et du + travailler mieux + comme Jean-François Copé l’a proposé à juste titre, suivi par Manuel Valls ».

C’est aussi stupide : la meilleure année depuis un siècle de la croissance française, de l’emploi en France, c’est l’année 2000, année de la mise en place des 35 h. 350 à 400 000 emplois de plus. C’est la meilleure année sociale de toutes les annales. Moins de précaires, hausse de la masse salariale, toutes les caisses de protection sociales étaient au vert… Ce, avant que la droite, depuis 8 ans, ne mène notre pays à la catastrophe économique et sociale en revenant en arrière.

4°) Est-ce que les 35 h empêchent de travailler deux ou trois heures de plus ?

Stupide aussi. Il y a place pour 13 supplémentaires mensuelles majorées par semaine.

Quant au contingent annuel maximum d’heures supp’, il était de 91 h dans la métallurgie en 1995, de 120 h en général lorsque le patronat signait l’accord du 31 octobre 1995 considérant que les heures supp’ devaient être « exceptionnelles et imprévisibles » et alors que se préparait la 1° loi De Robien finançant les 35 et les 32 h pour les entreprises « volontaires ». (Ce qui coûta très cher, mais resta limité à quelques milliers de salariés). C’est la droite qui a tenté la première loi de réduction du temps de travail, par accord.

EUROPE1.gif5°) Est-ce qu’à cause des 35 h on travaille moins que les autres pays ?

Mais non bien sûr ! Nous sommes dans la moyenne européenne : la durée hebdomadaire du travail en 2007 de l’ensemble des actifs était de 37 heures en France, pour 37,3 heures en moyenne dans l’Europe des 15. C’est presque une heure de plus qu’en Allemagne (36,2 h), une heure et demie de plus qu’au Danemark (35,5 h) et dans les pays Nordiques, et presque cinq heures de plus qu’en Hollande (32,2 h). Mais bien moins qu’en Gréce, au Portugal… (Cf. « Salariés si vous saviez, Ed. La découverte, 2008)

Car, surtout ce sont les pays les plus pauvres qui ont les durées du travail les plus longues !

Et les plus riches les durées du travail les plus courtes !

Le « Sortir de l’euro où sortir des 35 h » selon Gérard Longuet est donc une autre de ces phrases stupides qui ne veulent rien dire.

Nous avons en France le taux de productivité horaire le plus élevé au monde.

6°) Est-ce que le monde (du travail) a changé depuis 1997 ?

Bah oui. Il y a davantage de chômeurs, les records mondiaux sont battus. Le néo-libéralisme et la dictature de la finance tendent à ramener les durées du travail réelles au niveau du XIXe° siècle, avec souffrance, stress, contre la santé et contre l’emploi. Sarkozy est allé chercher le chômage avec les dents : les chiffres de décembre 2010 en France, c’est le plus haut niveau de chômage depuis 15 ans… Il n’y aura pas de réduction du chômage de masse, sans réduction du temps de travail.

7°) Est-ce que les 35 h sont une idée des années 70, 80, 90 ?

C’est un progrès historique. L’histoire du code du travail EST l’histoire de la réduction du temps de travail. De 1840 à 1920, il a fallu 80 ans pour passer de la journée de 17 h à la journée de 10 h. de 1936 à 200 il a fallu 70 ans pour passer de 40 h à 35 h : en 70 ans, on a réussi en pratique, dans les faits, dans la vie réelle, (malgré une guerre mondiale et deux guerres coloniales) 4 choses en même temps :

- produire plus

- créer plus d’emplois

- travailler moins longtemps

- gagner plus

Et Valls et Copé voudrait faire tourner la roue de l’histoire à l’envers ? Revenir avec la même logique demain sur les congés payés ? sur la Sécu ? Oui Copé le veut… Valls aussi ?

8°) Est-ce que les 35 h coûtent cher aux entreprises ?

Les 35 h ne devaient pas se faire à « profit constant » mais comme un moyen de redistribuer emplois et richesses. Mais non, le Medef a « mené la guerre » depuis 13 ans aux 35 h. Il ment en prétendant que ça coûte trop : en fait pour refuser de négocier les salaires. Mais ses profits n’ont jamais été aussi énormes, la France n’a jamais été aussi riche.

9°) Est-ce que les 35 h coûtent cher à l’état ?

Ça coûte à l’état qui prend sur les impôts que paient les salariés : parce que l’état redistribue d’énormes sommes au patronat. L’assistanat dans ce pays, c’est d’abord pour les patrons. Entre 30 et 45 milliards d’exonérations de cotisations sociales de 1 à 1,3 fois le Smic ce qui va en premier dans les poches du CAC 40. Pareille pour la loi TEPA qui enlève les cotisations sociales sur les heures supp’.

10°) Est-ce que les 35 h n’ont pas d’effet dans les petites entreprises ?

Mais si ! Elles s’imposent à toutes les petites, moyennes et grandes entreprises. Même Alain Vidalies ne rend pas compte de la vérité quand il écrit : « Par exemple, Valls met en garde [les socialistes] contre une généralisation des 35 heures aux PME. Mais c’est François Fillon, en 2003, qui l’a mise en place. » Alain Vidalies. Non !

10°) Est-ce qu’il est déjà possible de déroger aux 35 h ?

Oui, depuis la loi Bertrand, par « accord » avec des syndicats représentant une majorité des salariés concernés. Ce fut le cas à Continental et dans un certain nombre de cas phares où le patronat fit chantage à l’ordre public social, obligeant les salariés sous peine de chômage à travailler plus sans que les heures supplémentaires soient majorées… et puis les patrons de Continental, après avoir fait avaler cet accord, ont quand même fermé et licencié.

En fait c’est ce que Copé et Valls voudraient imposer à tout le pays, l’accord initial de Continental.

11°) Est ce que les RTT ont été supprimées ?

Oui, il y a eu certains textes pour faciliter les « forfaits » sans contrôle et avec moins de jour de RTT parmi les cadres notamment, avec parfois une définition extensive et contestable du statut de « cadre ». Cela a été repris dans des conventions collectives et autres (mauvais) accords sous la pression du patronat.

Mais cela n’existe pas par la loi mais dans des accords dérogatoires (loi Fillon du 4 mai 2004 et de Bertrand d’août 2008) si ces accords sont signés par des syndicats majoritaires (il faut pour cela qu’ils capitulent devant les employeurs), cela reste donc l’exception.

12°) Est ce que les 35 h n’existent plus pour les cadres ?

Les cadres sont aux 35 h, de droit commun comme tous les salariés. En fait, nul ne peut les faire travailler plus de 10 h par jour, ni plus de 48 h par semaine ! Les « forfaits » doivent être contrôlés, ils ne sauraient être implicites, ils doivent être écrits explicitement de façon détaillée avec calendrier si modulation et RTT, signés par des syndicats majoritaires, et ils ne peuvent servir à ne pas payer les heures supplémentaires. En cas d’annualisation, les heures supp’ dépassant le « forfait » doivent être comptabilisées et payées majorées.

Le contingent annuel d’heures supp’ fixé à 120 et 130 heures par la gauche a été porté à 180 puis 220 h par Fillon (avec possibilité de dérogation par branche, c’est 230 heures dans dans la poissonnerie, 380 h dans la restauration…) Au-delà du contingent, la majoration des heures supp’ était de 100 %… ce qui fait qu’en reculant la limite du contingent, la droite a fait travailler plus en gagnant moins.

13°) Et si on repassait aux 40 h ?

Faire machine arrière toute 70 ans en arrière, cela ne reviendrait qu’à une seule chose : abaisser les salaires

Car des millions de salariés perdraient la majoration de 25 % pour les heures entre 36 et 40.

ET il y aurait un million de chômeurs de plus au bas mot.

14°) Est-ce que supprimer les 35 h ça augmenterait les salaires ?

Ça les baisserait automatiquement pour ceux qui feraient des heures supp’. Et pour tous les autres qui auraient encore moins de travail à se répartir.

15°) Et s’il n’y avait plus de durée légale ?

C’est le rêve absolu du Medef. Il ne cesse de revendiquer cette « solution » … finale. Cela casserait tout repère, aussi bien pour la durée que pour les salaires. Plus de Smic à 151 h 66. Plus de « grilles de salaires « conventionnelles. Faire fluctuer, rendre confus, pour mieux couler tout le droit du travail.

Le blog de Gérard Filoche

18:15 Publié dans Actualités, Economie, Pour les nuls | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!