Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

28/10/2025

Au musée du Louvre, une exposition consacrée au peintre révolutionnaire Jacques-Louis David

David.jpg

En consacrant un événement au peintre et conventionnel Jacques-Louis David, auteur de Marat assassiné, le musée du Louvre renouvelle notre regard sur « un artiste pour notre temps ».

 

L’historien romain Tite-Live a décrit les Sabines arrêtant le combat entre leurs pères et frères et leurs maris romains, comme courageuses, au milieu des projectiles, leurs cheveux défaits et leurs vêtements déchirés. Le tableau de Jacques-Louis David, déplacé de la grande salle où il voisine avec le Sacre de Napoléon, du même David, est sans conteste l’œuvre la plus spectaculaire de l’exposition que le Louvre consacre à la figure du peintre et révolutionnaire.

Selon Sébastien Allard, cocommissaire et directeur du département des peintures du musée, David est « un artiste pour notre temps ».

Des femmes humaines face la violence guerrière des hommes

Il faut, pour cela, regarder les Sabines en se débarrassant de l’image d’une grande machine évoquant un épisode qui ne saurait nous concerner. On peut résumer rapidement l’histoire. Lors de la fondation de Rome, les Romains, qui veulent des épouses, finissent par enlever des femmes au peuple des Sabins. Lors de la guerre qui s’ensuit, les femmes parviennent à arrêter les combats et à instaurer la paix.

Alors regardons le tableau de David avec au centre celle-ci en blanc, les bras écartés pour stopper la fureur guerrière, celle-là agenouillée, toute au désarroi de ne pouvoir peut-être protéger ses enfants, et cette autre, ridée, se dépoitraillant comme pour dire « tuez-moi, tuez votre mère »… La nudité des hommes en fait des allégories de la violence guerrière. Mais les femmes sont humaines.

Qui est David quand il entreprend, en 1795, cette œuvre magistrale avec déjà à son actif les chefs-d’œuvre que sont le Serment des Horaces en 1785 et, bien sûr, dans son austérité confinant au sublime, Marat assassiné, en 1793, devenu l’une des images les plus puissantes de la Révolution dans l’imaginaire national ?

Des couleurs vives du rocaille, au clair-obscur dramatique et moral

Né en 1748 à Paris, déterminé à être peintre et pas n’importe lequel, il échoue à plusieurs reprises au Grand Prix de l’Académie et tente même de se suicider en 1772. Il est encore, alors, dans le registre léger du XVIIIe de Boucher, Fragonard. Touche enlevée, couleurs vives, ce qu’on appelle le style rocaille.

Mais, ce dont témoignent les premiers tableaux du parcours du Louvre, dont Bélisaire demandant l’aumône (1780), il se tourne vers le Caravage et ses suiveurs, le clair-obscur et la tension dramatique, puis vers une vision morale qu’incarne en 1785 le Serment des Horaces jurant devant leur père de défendre Rome contre les Curiaces de la ville d’Albe.

Peint avant la Révolution, le tableau va devenir une image de la vertu et comme une préfiguration du serment du Jeu de paume, que David entreprendra de peindre mais ne finira jamais. Le sort des personnalités qui auraient dû y être représentées ayant connu des fortunes diverses, pour le moins.

Quelques séjours en prison avant de peindre l’empereur et de s’exiler

David n’est pas que peintre, c’est un homme engagé et un politique. Député à la Convention, organisateur des fêtes révolutionnaires, proche de Robespierre, il sauve sa tête, quand bien même il n’échappe pas à quelques séjours en prison après la chute de ce dernier. Il se voue alors au portrait dont celui, célèbre, de la brillante Juliette Récamier, une reine de la période du Directoire, qu’elle refusera sans que l’on sache trop pourquoi.

Bonaparte, puis Napoléon dans ses premières années, apparaît encore en France et dans l’Europe des Lumières comme le continuateur de la Révolution, celui par qui, pour reprendre les termes de Hegel qui voit en lui « l’âme du monde », la raison avance dans l’Histoire.

David va devenir le peintre de l’empereur, au prix de quelques accommodements. En 1800, il peint Bonaparte passant les Alpes sur un magnifique cheval blanc cabré qui a pris la place d’une humble mule. Pour le Sacre de Napoléon (1804), il installe la mère de l’empereur dans la loge centrale alors qu’elle était absente.

La Restauration contraindra David à l’exil, à Bruxelles, où il mourra en 1825 en se refusant à revenir en France comme il aurait pu le faire au bout de quelque temps.

« Les Sabines » : une œuvre pour la paix

Mais revenons aux Sabines, une œuvre politique, invitant à la paix. Déjà, avec le Serment des Horaces, avec la Douleur et les regrets d’Andromaque sur le corps d’Hector dans la même période, le peintre fait une place particulière aux femmes.

Sébastien Allard écrit : « David retourne les valeurs liées à l’héroïsme viril en nous donnant à voir le prix que cet héroïsme implique, un prix tout entier payé par les femmes. » Au Salon de 1799 où sont accrochées les Sabines, David fait installer un miroir en face du tableau pour que les visiteurs soient, par leur reflet, inscrits dans le drame en cours. Ce sont eux qui font l’Histoire.

« Jacques-Louis David », jusqu’au 26 janvier 2026, au Louvre, Paris 1er. Rens. : louvre.fr. Catalogue édité par Hazan et le musée du Louvre, 370 pages, 49 euros.

11:19 Publié dans Actualités, Arts, Connaissances, Exposition | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean louis david | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

24/03/2025

« Alfred Dreyfus. Vérité et justice » : au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme

Dreyfus.jpgLe musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, à Paris, propose de revenir sur l’affaire Dreyfus en retraçant les événements et en racontant la mobilisation en faveur du capitaine. Cela nous fait découvrir un homme qui, loin de se résigner, s’est battu contre l’injustice et pour la reconnaissance de son innocence.

 

Près de vingt ans après « Alfred Dreyfus. Le combat pour la justice », qui commémorait en 2006 le centenaire de la réhabilitation du capitaine, le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme (Mahj) lui consacre une nouvelle exposition intitulée « Alfred Dreyfus. Vérité et justice ». « Vingt ans, c’est une génération », souligne son directeur, Paul Salmona, qui rappelle l’engagement de l’institution en faveur de la transmission de la mémoire. 

L’exposition a ainsi pour objectif de faire découvrir à travers Dreyfus l’histoire de l’émancipation des juifs de France, le combat contre l’antisémitisme et celui pour la République. Elle est une contribution à la défense des « valeurs de citoyenneté, de vérité, de justice, de laïcité… ». Paul Salmona pointe la menace que fait peser « un communautarisme de plus en plus prégnant » sur l’universalisme républicain et celle sur les droits de l’homme qu’entretiennent les « tenants du pragmatisme géopolitique » et « les défenseurs du relativisme ».

La violente répression des grèves et manifestations ouvrières

« Alfred Dreyfus. Vérité et justice » est aussi une réponse pédagogique au développement d’un antisémitisme « ordinaire » dans la société et sa banalisation, dont témoignent « la publication sans précaution » de textes de l’idéologue d’extrême droite et antisémite Charles Maurras ou le doute sur l’innocence de Dreyfus instillé par « un candidat d’extrême droite, à la fois juif et maurrassien ».

« L’affaire Dreyfus est le syndrome d’une société vacillante en proie aux populismes de toutes sortes, divisée et frileuse, qui retrouve son unité dans des cris de haine », expliquent les commissaires de l’exposition, l’historien Philippe Oriol et l’historienne de l’art Isabelle Cahn. L’exposition nous plonge ainsi au cœur d’« une belle époque (qui) ne l’est pas pour tout le monde ». Peintures et dessins à l’appui, elle décrit la violente répression des grèves et manifestations ouvrières, les lois scélérates qui visent à les étouffer, la montée du nationalisme et les tentatives de mettre à bas la République, dont celle du boulangisme.

Si depuis la Révolution, qui a accordé la pleine citoyenneté aux juifs, la France fait figure d’idéal pour ceux qui, venus d’Europe orientale, fuient les persécutions, l’exposition restitue la banalité de l’antisémitisme racialiste. En découvrant l’affiche électorale d’un candidat qui se revendique ouvertement antisémite, les journaux, les caricatures, les livres, dont la France juive, d’Édouard Drumont, qui fut un succès d’édition, le visiteur est saisi par le déferlement de violence et de haine.

Un opiniâtre combattant de l’injustice

S’appuyant sur un riche fonds documentaire en grande partie abondé par les descendants de Dreyfus et sur les travaux des historiens Vincent Duclert et Philippe Oriol, qui ont donné lieu à la publication en 2024 d’Alfred Dreyfus. Œuvres complètes (1894-1936), l’exposition rend justice au capitaine. Elle rompt avec l’image d’un homme dépassé par sa propre affaire et ballotté au gré des événements qui fut véhiculée par une partie des dreyfusards et entretenue par l’historiographie et la fiction.

Elle souligne au contraire qu’il fut un opiniâtre combattant de l’injustice dont il était victime et de la reconnaissance de son innocence. Le parcours de l’exposition débute sur une présentation de Dreyfus et de sa famille alsacienne, juive non observante et patriotique, qui choisit de conserver la citoyenneté française après la défaite de 1870. Elle raconte son enfance, sa jeunesse, la rencontre avec son épouse. S’ensuivent les différents développements de l’affaire, de l’arrestation jusqu’à la révision, en passant par sa dégradation en 1895. La machination dont Dreyfus est victime est rigoureusement démontée.

À chaque stade, les mots de Dreyfus accompagnent le visiteur. Ils témoignent de sa résistance aux terribles conditions de sa déportation à l’île du Diable, où, enfermé dans une case de 4 m2, il subit un drastique isolement et sa nourriture est sévèrement rationnée. « Il faut que tu vives pour crier ton innocence à la face du monde », écrit-il. Ses propos décrivent encore sa détermination quand, apprenant sa grâce, il déclare le 20 septembre 1899 : « Mon cœur ne sera apaisé que lorsqu’il n’y aura plus un Français qui m’imputera un crime qu’un autre a commis. »

Fort du soutien du musée d’Orsay et d’une trentaine d’autres institutions, le Mahj donne à voir de nombreuses œuvres d’art. Les peintures de Pissarro, de Vallotton, de Vuillard, de Degas, de Debat-Ponsan ou les dessins de Feuillet permettent de suivre l’affaire et ses protagonistes. Elles illustrent aussi le soutien apporté par certains artistes comme le maître verrier, céramiste et ébéniste Émile Gallé. L’exposition retrace la mobilisation des dreyfusards. En dépit de difficiles balbutiements et de l’âpreté du combat, vérité et justice ont pu triompher.

« Alfred Dreyfus. Vérité et justice », jusqu’au 31 août, au Mahj, hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, Paris 3e. Renseignements : mahj.org/fr

20:24 Publié dans Actualités, Arts, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

12/05/2024

Algérie, le fabuleux destin de Baya

Baya.jpg

Elle a connu Camus à l’âge de 15 ans, sympathisé avec Picasso à 16 ans, et ses toiles sont connues dans le monde entier. Le destin de Baya, icône de la peinture algérienne, reste méconnu chez ses compatriotes.

Baya. Pour ses compatriotes, c’est une icône. Ses œuvres illustrent des timbres, ses toiles et ses sculptures font l’objet de grandes expositions dans les musées et les galeries du monde entier, mais peu de gens connaissent le destin de cette artiste qui a accédé à la notoriété en 1947 alors qu’elle n’avait pas encore 16 ans.

C’est pourquoi, l’écrivaine, historienne, et professeur de langue françaises à l’Université de Yale, l’Américaine Alice Kaplan a voulu combler ce vide en lui consacrant un livre, Baya ou le grand vernissage (Éd. Le bruit du monde). Spécialiste d’Albert Camus (En quête de l’Étranger, Éd. Gallimard), Kaplan a travaillé sur les archives de Baya déposées à Aix-en Provence. Elle a interrogé des spécialistes et est partie sur les traces de l’artiste en Algérie pour interroger acteurs et témoins, dont des membres de sa famille.

baya,algérieNée Fatma en décembre 1931, Baya grandit aves ses parents et son frère Ali dans le douar Sidi M’hamed, à la périphérie du bourg nommé « Le retour des chasseurs », aujourd’hui Bab-Ezzouar, dans la banlieue est d’Alger. Elle a 6 ans quand son père Mohamed ben Haddad meurt dans un accident. Sa mère, Bahia Adli, se remarie et part avec ses deux enfants et son nouvel époux s’installer à Dellys, à une centaine de kilomètres d’Alger. Nouvelle vie miséreuse et d’autant plus instable que Baya doit vivre avec un beau-père violent et de nombreux demi-frères et demi-sœurs. Deux ans après son remariage, sa mère meurt en couches. Baya la veille à son chevet tandis qu’elle agonise dans d’atroces souffrances. Elle a à peine 9 ans. Elle est recueillie par sa grand-mère, qui l’arrache à cette existence de misère pour une autre non moins indigente à Sidi M’hamed. Toute la famille vit dans une seule pièce, au sol en terre battue. De cette vie, Baya dira plus tard : « Le froid, la faim, les poux, le froid, la faim, les poux… »

À une dizaine de kilomètre de Sidi M’hamed se trouve la coquette ville de Fort-de-l’Eau (aujourd’hui Bordj El Kiffan) avec ses villas, ses plages, son casino, son cinéma, ses restaurants et ses fermes que possèdent les riches colons. Depuis des années, la famille de Baya prête ses mains aux propriétaires terriens pour des salaires de misère. Pas encore pubère, Baya travaille dans la ferme d’Henri Farges, qui a quitté la Métropole dans les années 1920. Chez les Farges, on cultive une gamme de bulbes, des roses, des rhizomes de strelitzia (oiseaux de paradis). Baya travaille dans les champs, fait le ménage à la maison et sert les repas. Sur un cliché qui date du 14 juillet 1943 ou 1944, on voit l’ensemble de la famille Farges posant devant l’objectif du photographe. Dans une  robe qui tombe presque en haillons, un foulard noué sur les cheveux, Baya est accroupie à côté de son frère Ali. Est-ce dans cette ferme qu’elle commence peindre en copiant les robes des magazines de mode qui trainent dans la maison ? C’est ce que la légende raconte.

La providence s’invite avec Marguerite Caminat, sœur de la propriétaire de cette ferme horticole, peintre, et épouse d’un artiste anglais, bien introduite dans le milieu de l’intelligentsia française à Alger et à Paris. Marguerite Caminat recueille Baya chez elle, dans un quartier huppé d’Alger. La petite a 11 ans. Elle devient domestique. Marguerite Caminat lui apprend le français, lui donne des pinceaux et du papier pour peindre. Elle lui fournit aussi de l’argile, car Baya montre des aptitudes pour la sculpture. Illettrée, autodidacte, elle a un don. Elle peint des oiseaux, des fleurs, des femmes, des jardins aux couleurs intenses. Ses toiles et ses sculptures s’amoncellent dans l’appartement de la rue d’Isly, dorénavant rue Larbi-Ben-M’Hidi.

La providence s’invite de nouveau en la personne d’Aimé Maeght, célèbre marchand d’art qui accueille les œuvres de Chagall, Miró, Braque, Giacometti, Léger, Calder. De passage à Alger durant l’année 1947, Maeght est interpellé par l’un de ses amis qui tient à lui faire découvrir les œuvres d’une jeune fille. Séduit par les toilettes et les figurines en argile de l’adolescente, il décide de les exposer dans sa galerie parisienne. L’orpheline qui évoquait le froid, la faim et les poux va s’envoler dans la capitale française pour exposer ses œuvres !

Vendredi 21 novembre 1947, jour de vernissage sous le patronage de Kaddour Ben Ghabrit, recteur de la Grande Mosquée de Paris. Robe blanche, foulard blanc sur les cheveux, frêle, filiforme, timide et intimidée, Baya semble écrasée par le poids de cet événement et ses prestigieux invités. Albert Camus, Henri Matisse, George Braque, Michelle Auriol, l’épouse du président français, sont là pour admirer les 149 aquarelles et 10 figurines de la « petite Kabyle de 14 ans BAYA », telle qu’elle a été présentée dans le carton officiel d’invitation. Moment de gloire. Moment presque irréel pour celle, qui, quatre ans plus tôt, travaillait comme bonne dans la ferme des Farges.

À la fin de l’exposition, Albert Camus, tout en admiration prend sa plume pour écrire à son ami le cadi Mohamed Benhoura, personnalité imminente d’Alger, tuteur légal de Baya, qui épousera plus tard Marguerite Caminat. « Baya est en de très bonnes mains, écrit Camus. Son exposition est un succès et un succès mérité. J’ai beaucoup admiré l’espèce de miracle dont témoigne chacune de ses œuvres. Dans ce Paris noir et apeuré, c’est une joie des yeux et du cœur. J’ai admiré aussi la dignité de son maintien au milieu de la foule des vernissages : c’était la princesse au milieu des barbares. »

Moins d’un an après cette première exposition, à l’été 1948, Baya est invitée dans les ateliers Madour, à Vallauris, dans les Alpes-Maritimes, pour y travailler à des sculptures en terre cuite. Sur place, elle croise Picasso. Il passe dans son atelier et elle va le voir sculpter dans le sien. « Ils partagent un couscous », raconte Alice Kaplan. Baya a-t-elle plus tard influencé Picasso ou est-ce ce dernier qui l’a influencée ? Ni l’un ni l’autres tranchent les spécialistes. Mais ces rencontres et ces échanges à Vallauris seront déterminants pour la notoriété de la jeune artiste.

Arrive l’âge adulte et une nouvelle transhumance. La garde de la jeune artiste étant retirée à Benhoura, elle est livrée à Boualem Ould Ruis, professeur d’arabe au lycée français de Blida,  issu d’une grande famille de la région. L’homme décide alors de donner Baya en mariage à Mahfoud Mahieddine, musicien de tradition arabo-andalouse, dont la notoriété dépasse les confins de la ville des roses. Pourtant Mahfoud est déjà marié à une première femme qui lui a donné huit enfants. La religion l’autorisant à prendre quatre épouses, il épouse Baya en 1953. Il a 52 ans. Elle en a 20. Elle lui donnera six enfants. « Sa vie conjugale consiste à s’occuper des deux familles, jusqu’à ce que Mahfoud divorce de sa première épouse en 1958 », raconte Alice Kaplan. On ne sait si c’est à cause des tâches ménagères et des obligations familiales, alors que la guerre qui fait rage en Algérie, toujours est-il que Baya cesse alors de peindre et de sculpter.

La providence lui sourira néanmoins de nouveau. Cette fois-ci en la personne de Jean de Maisonseul. Peintre, ami de Picasso et du poète Jean Sénac, qui avait déjà organisé des expositions de Baya avant qu’elle ne se mette en retrait. Il est conservateur au Musée national des beaux-arts d’Alger lorsqu’il rend visite à Baya chez elle à Blida, en 1961. Il l’encourage alors à reprendre les pinceaux et la glaise. À l’indépendance de 1962, Maisonseul devient directeur du Musée national des beaux-arts d’Alger. Tandis qu’il négocie avec André Malraux le retour à Alger de toiles de Picasso, Delacroix, Degas, Renoir, Gauguin, pillées pendant la colonisation, il organise en 1963 une première exposition des œuvres de Baya. Une seconde interviendra un an plus tard. Baya continuera à peindre et à sculpter jusqu’à sa disparition, en 1998.

Source Jeune Afrique

19:54 Publié dans Arts, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baya, algérie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

31/03/2024

EXPOSITIONS IMPRESSIONNISTES PARIS, ORSAY, ET PLUSIEURS VILLES DE FRANCE

Impressioniste Paris2.jpg

En 1874, la première exposition impressionniste se tenait à Paris. Le musée d'Orsay revient sur cet art novateur et ses grands maîtres, dans une exposition inédite à voir du 26 mars au 14 juillet 2024. On est allé y faire un tour... 

Le musée d'Orsay fête un anniversaire très spécial, qui devrait parler à de nombreux amateurs d'art : le 15 avril 1874, la première exposition impressionniste était organisée à Paris. Refusant les normes et les traditions de leur époque, Monet, Degas, Pissaro, Renoir, Cézanne, Morisot et bien d'autres décidaient de créer leur propre exposition, mettant en avant leur mouvement artistique novateur, l'impressionnisme.

Du 26 mars au 14 juillet 2024, 150 ans après ce coup d'éclat, le musée d'Orsay revient sur ce moment charnière dans l'histoire de l'art. L'exposition Paris 1874, inventer l'impressionnisme rassemble 130 œuvres de ces grands maîtres pour raconter et expliquer cette période d'évolution et d'innovation en France. 

Au début des années 1870, à peine remise de la guerre contre la Prusse, d'importants conflits perturbent la France : plusieurs Communes ont lieu dans les grandes villes du pays, et des affrontements sanglants opposent les citoyens. Dans ce contexte de violences et d'incertitudes, de nombreux artistes décident de laisser derrière eux les règles du passé, pour créer un style plus adapté à ce monde en perpétuel changement. 

Diego DIAZNombre de pages : 449 €
Format(s) : Papier PDF EPUB MOBI

Cette jeune génération de créateurs rejette l'académisme conservateur, et choisit de s'intéresser aux scènes du quotidien, à la vie moderne telle qu'ils la voient, aux paysages, aux peintures en plein air, aux couleurs claires et aux techniques plus oniriques. Émotions, sensations, instant présent : les mots d'ordre de ces artistes ne manquent pas de faire grincer quelques dents. 

Impressioniste paris.jpgPour cette exposition, le musée d'Orsay met donc en lumière des grands noms du genre, quelques œuvres phares de cette période, mais aussi des artistes tombés aujourd'hui dans l'oubli. Pissaro, Cézanne, Monet, Manet, Sisley, Boudin, Morizot... Autant de monstres sacré de l'un des courants artistiques les plus connus au monde célébré ici. Et des toiles de légendes, à l'image d'Impression, soleil levant, des Coquelicots et de La Gare Saint-Lazare de Claude Monet, de La Classe de Danse d'Edgar Degas, du Chemin de Fer d'Edouard Manet, d'Une Loge aux Italiens d'Eva Gonzalès, ou encore du Bal du Moulin de la Galette et de La Balançoire d'Auguste Renoir.

Le parcours propose une petite reconstitution historique intéressante : d'un côté, on peut admirer certaines des toiles et sculptures présentées en 1874, lors de la première exposition impressionniste. Juste en face, le musée dévoile également des œuvres montrées au même moment au Salon officiel, la manifestation artistique de l'Académie des Arts. Avec ce face-à-face, le choc de l'ancien et du moderne, de la tradition et de l'innovation ressort avec force. On peut presque rejouer les querelles qui opposaient les artistes de l'époque, en découvrant ainsi leurs différences, mais aussi leurs points communs.

Avec cette grande exposition événement, le musée d'Orsay sait séduire tous les amoureux de l'impressionnisme et de l'art. À ne pas manquer !

Le Musée d'Orsay prêtera des tableaux à une quinzaine de musées dans toute la France pour que cette exposition soit décentralisée et visible partout y compris dans certains pays étranges.

Source Sortir à Paris

 

12:23 Publié dans Actualités, Arts, Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition, impressionistes, orsay | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!