31/07/2023
Aléas climatiques et souveraineté alimentaire
Alors que la récolte céréalière est en cours dans les pays de l’hémisphère nord, les difficultés que rencontre l’Ukraine pour exporter du blé risquent d’être utilisées par les spéculateurs internationaux pour s’enrichir sur le dos des consommateurs, à commencer par ceux des pays pauvres. Face aux spéculations que favorise la mondialisation, via les cotations et les achats à terme, la France doit agir pour mieux assurer la souveraineté alimentaire de son peuple en favorisant la production nationale.
Une réunion consacrée à la sécurité alimentaire mondiale s’est tenue à Rome au siège de la FAO du 24 au 26 juillet . Elle a été occultée par d’autres sujets à commencer par les incendies en Grèce, en Italie, en Algérie, en Tunisie et même en France. Au point qu’il était impossible de trouver la moindre information sur le sujet à la fin de la semaine dernière.
Avant même la tenue de cette réunion, le prix de blé sur les marchés internationaux était reparti à la hausse, suite à la suspension par la Russie de l’accord qui permettait de faire partir d’Odessa des cargos chargés de blé en direction des pays importateurs, dont beaucoup se trouvent en Afrique. Du fait de la guerre, la production céréalière de l’Ukraine devrait aussi baisser de 10 à 15% en 2023 par rapport à 2022.
Confusion entre milliers et millions de tonnes de blé
Lors du sommet Russie-Afrique qui s’est tenu la semaine dernière à Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine a suscité beaucoup de commentaires en Occident en déclarant ceci « Dans les mois qui viennent nous seront en mesure d’assurer des livraisons gratuites de 25.000 à 50.000 tonnes de céréales au Burkina Faso, au Zimbabwe, au Mali, à la Somalie, à la République centrafricaine, et à l’Erythrée ». Dans certains médias français, on a repris ces chiffres, mais en millions de tonnes ! Certes la Russie devrait produire 123 millions de tonnes de céréales cet été, dont 78 millions de tonnes de blé. Mais on la voit mal donner la moitié de sa récolte aux pays africains.
La vraie question est de savoir si les prix des céréales vont, ou pas, se mettre à flamber dès le début de l’automne en raison du possible recul des stocks de report au niveau mondial. En France, les rendements du blé tendre s’annoncent plutôt bons dans la plupart des zones de production avec toutefois des chutes parfois sensibles des rendements dans le Berry, en Poitou-Charentes, voire en Ile-de-France. Néanmoins, la récolte est attendue autour de 35 millions de tonnes cette année contre 33,69 millions de tonnes en 2022. La moitié de ce volume sera exportable en Europe et vers certains pays tiers.
L’inde a stoppé ses exportations de riz
Si le blé sert surtout à faire du pain, le riz est un autre aliment de base dans beaucoup de pays. Dans la seconde quinzaine de juillet, le gouvernement indien a annoncé qu’il stoppait ses exportations de riz de riz blanc non bastami afin de contenir les prix sur son marché intérieur. De ce fait, il n’est pas certain que les exportations de pays comme la Thaïlande et le Vietnam suffisent pour empêcher une flambée du prix du riz sur les marchés internationaux.
Pour plusieurs produits alimentaires de base, les prix mesurés par l’indice de l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture demeurent élevés et s’approchent de ceux des années 2008 et 2011 marquées par d’importantes crises alimentaires.En France aussi, le prix de la nourriture est reparti à la hausse depuis plus d’un an. Entre juillet 2022 et juin 2023, les prix des viandes ont augmenté de 12,6% dans les grandes surfaces, ceux des fruits ont augmenté de 14% et ceux des légumes de 17%; ceux des boissons de 10,8% en moyenne.
Dans une note publiée le 28 juillet, l’INSEE faisait état d’une inflation moyenne de 4,3% sur un an; mais elle était de 12,6% pour les produits alimentaires, contre 3,4% pour les produits manufacturés. Concertant les viandes, les hausses de 2022-2023 succèdent à cinq années de prix trop bas payés aux éleveurs. Cela s’est traduit par une réduction du cheptel de bovins de 10% en cinq ans, celui des porcins ayant reculé de plus de 5% durant la même période. La même tendance s’est observée dans d’autres pays membres de l’Union européenne. Ce furent aussi les conséquences des accords de libre-échange signé entre la Commission européenne et des pays tiers, dont le Canada.
Quand la pénurie fait monter les prix
En France, de la fin de l’été 2021 au mois de février 2022, le kilo de carcasse de porc cotait moins de 1,30€ sur le marché au cadran de Plérin dans les Côtes d’Armor. Du fait du recul de la production européenne de 5%, il cote plus de 2,30€ en moyenne depuis des mois. En France les abattages hebdomadaires de porcs charcutiers étaient en baisse de 6,1% sur les 21 premières semaines de l’année 2023 par rapport à 2022. Du coup les importations de viandes porcines et de produits transformés ont augmenté de 7,8% en moyenne mais de 26,5% en provenance d’Italie, le pays producteur du jambon de Parme.
Alors que le changement climatique rend de plus en plus incertaines les récoltes annuelles dans presque tous les pays du mondes, la France doit se pencher davantage sur les conditions à réunir pour assurer sa souveraineté alimentaire. Cela passe par des contrats annuels entre les producteurs de matières premières agricoles, les transformateurs de l’industrie agro-alimentaire et les metteurs en marché que sont les enseignes de la grande distribution. Deux lois Egalim ont même été votées dans ce but en 2018 et en 2021.
Ce fut à la demande du Président Macron lors d’un discours prononcé à Rungis le 11 octobre 2017. « Nous modifierons la loi pour inverser cette construction du prix qui doit pouvoir partir des coûts de production », disait-il ce jour-là. Mais en 2007-2008, c’est aussi l’énarque Emmanuel Macron qui fut chargé de rédiger le rapport de la Commission Attali. Rédigé sur commande du président Sarkozy à la demande de Michel-Edouard Leclerc, Macron rendit à Sarkozy un rapport conçu comme un mode opératoire pour piller les paysans. Ce fut rendu possible via le vote de la Loi de Modernisation Economique (LME) par les parlementaires de droite en 2008. En page 152 de ce rapport, Emmanuel Macron osait écrire que « la revente à perte n’est en général qu’un prix de connivence entre certains producteurs et certaines grandes surface ». Lequel des deux discours de l’actuel président de la République faut-il croire aujourd’hui ?
15:58 Publié dans Actualités, International, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : alimentation, planète | |
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26/02/2022
Présidentielle 2022 : le programme de Fabien Roussel pour « la France des jours heureux »
11:51 Publié dans Actualités, Connaissances, International, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : programme, fabien roussel, pcf | |
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20/08/2021
"Aidez-nous à protéger nos joueuses" : l'appel de Khalida Popal, dirigeante de la sélection féminine de football afghane
La fondatrice de l'équipe nationale afghane craint pour la liberté et la vie de ses ex-coéquipières après la prise de pouvoir des talibans.
"Aidez-nous à protéger ces femmes dont l'identité est exposée. Aidez-nous à protéger nos joueuses", implore Khalida Popal, ancienne capitaine et fondatrice de la sélection féminine de football afghane, sur le site de la BBC Sport mercredi 18 août. Installée au Danemark depuis dix ans et désormais directrice de la sélection, l'ancienne footballeuse de 34 ans est très inquiète pour ses coéquipières restées au pays alors que les talibans ont repris le pouvoir à Kaboul. La dirigeante réclame le soutien de la Fifa, ainsi que du Comité international olympique (CIO), afin de protéger les personnes les plus à risque en Afghanistan.
"Je n’ai pas pu dormir ces derniers jours, je pleure, je me sens impuissante. Je reçois des messages de joueuses en larmes, racontant qu’elles sont abandonnées, coincées chez elles et incapables de sortir. Elles sont effrayées. Tous les rêves ont disparu. C'est comme dans un cauchemar", confie Khalida Popal
"Leur vie est en grave danger"
Khalida Popal a joué un rôle clé dans la formation de la première équipe féminine de football d'Afghanistan, en 2007. À l'époque, l'équipe avait dû garder sa création secrète pour ne pas alerter les talibans. Entre 1996 et 2001, lorsqu'ils dirigeaient le pays, les femmes ne pouvaient pas étudier, travailler ni quitter le domicile sans être accompagnée d'un homme de leur foyer.
La dirigeante de l'équipe nationale a désormais fermé le compte Twitter de l'équipe, par peur que les joueuses actuelles ou passées ne soient identifiées par les talibans et ne soient victimes de représailles. Elle conseille également aux joueuses de supprimer leurs réseaux sociaux.
"Nous avons encouragé les femmes et les filles à se lever et à faire preuve d'audace, et maintenant je leur dis de supprimer leurs photos, fermer leurs réseaux sociaux et d'essayer de faire taire leur voix. Cela cause tellement de douleur. Les joueuses ont pris la parole publiquement, ont défendu les droits des femmes, et maintenant leur vie est en grave danger", alerte l'ex-capitaine de l'équipe afghane.
"Veuillez me tenir la main et m'aider"
Un autre appel à l'aide a été lancé par Zakia Khudadadi, une des deux athlètes que la délégation afghane avait prévu d'envoyer aux Jeux paralympiques de Tokyo, avec Hossain Rasouli. Alors que le Comité international paralympique (CIP) a annoncé lundi 16 août que l'Afghanistan n'enverrait pas de représentants au Japon en raison de la crise politique que traverse le pays, Zakia Khudadadi a demandé à bénéficier d'une aide pour pouvoir réaliser son rêve olympique.
"Veuillez me tenir la main et m'aider", impore-t-elle dans un message vidéo transmis à Reuters. L'athlète de para-taekwondo, qui devait devenir la première femme afghane à participer aux Jeux paralympiques, dit se sentir "emprisonnée" dans son pays, dans lequel elle "ne peut plus sortir pour s'entraîner, faire des achats ou vérifier que ses proches aillent bien". Dans son appel à l'aide, Zakia Khudadadi exorte "les femmes du monde entier, des institutions de protection des femmes et des organisations gouvernementales, à ne pas laisser les droits d'une citoyenne afghane dans le mouvement paralympique être emportés si facilement", avant de conclure : "J'ai beaucoup souffert, je ne veux pas que mon combat soit vain. Aidez-moi."
11:48 Publié dans Actualités, International, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : foot, afghanistan | |
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18/09/2019
Nedjma ou la chronique des années de plomb : Papicha
Dans l’Algérie des années 1990, quatre étudiantes se trouvent confrontées à la montée de l’islamisme. Premier film de Mounia Meddour.
En 2011, Mounia Meddour réalisait un documentaire, le Cinéma algérien, un nouveau souffle, dans lequel elle se penchait sur la jeune génération de cinéastes qui émerge dans son pays. Ce « nouveau souffle », il semble qu’elle l’incarne elle-même avec son premier long métrage, présenté dans la section Un certain regard, tant Papicha est une ode à l’espoir, au combat, à la dignité et à la femme algérienne. Les papichas, littéralement, ce sont les jolies filles. Une façon de désigner ces jeunes femmes d’Alger pétillantes, effrontées et fières.
Nous sommes à Alger dans les années 1990. À la cité universitaire, deux étudiantes sortent dans la nuit, montent dans un taxi, changent de vêtements, se maquillent et se rendent dans une boîte de nuit. La plus délurée des deux, c’est Nedjma (extraordinaire Lyna Khoudri). Un prénom que la réalisatrice n’a sans doute pas choisi au hasard.
Il signifie « étoile », mais évoque le livre éponyme de Kateb Yacine. Au retour de boîte, un barrage de police campe le décor sécuritaire dans lequel vont évoluer Nedjma et ses copines de fac, Wassila (Shirine Boutella), Samira (Amira Hilda Douaouda) et Kahina (Zahra Doumandji). Elles ont la vie plein les yeux et comptent bien réaliser leurs rêves. Sans doute avec un brin de naïveté, refusant, au départ, de voir la réalité. Celle-ci va pourtant s’imposer. Durement.
Alors que Nedjma est tout entière à la préparation d’un défilé de mode qu’elle veut absolument organiser à partir du haïk, le tissu traditionnel qui couvre les femmes, deux événements vont surgir. D’abord, ce sont des affiches placardées sur les murs de la cité universitaire, qui incitent les femmes au port du hijab « avant que ce ne soit un linceul qui vous recouvre », comme le crache un islamiste dont le mouvement ne cesse de grandir. Autre drame, plus fort encore. Linda, la sœur de Nedjma, est abattue devant la maison de sa mère, comme l’a été Tahar Djaout dont elle lit un ouvrage. Pour la jeune styliste, le temps de la résistance et de la révolte est arrivé. Un long chemin vers la liberté, comme le disait Nelson Mandela.
Les hommes n’ont pas vraiment le beau rôle
Mounia Meddour s’est appuyée sur ses souvenirs personnels pour cette histoire d’une grande profondeur. Le récit dramatique n’en prend que plus de force. Elle suit au plus près les personnages. Les gros plans sur les visages sont remarquables. Elle filme ces femmes avec une tendresse et une sensualité non dissimulées. La scène où le corps de Linda est lavé avant d’être enroulé dans le linceul est toute en retenue sensible. La caméra effleure, caresse comme un hommage. Papicha évite les écueils manichéens avec intelligence.
Nedjma n’est pas contre la religion mais l’utilisation qui en est faite. Samara est la seule voilée des quatre, c’est pourtant elle qui va insister pour que le défilé de mode se déroule. Un mot enfin sur les hommes, qui n’ont pas vraiment le beau rôle. Mais comment pourrait-il en être autrement entre l’un qui veut quitter l’Algérie mais explique à Nedjma que, après leur mariage, sa vie à elle, ce sera lui, et l’autre qui tabasse Wassila et voudrait la contraindre à l’obéissance ? Deux facettes, séculaire et religieuse, du même regard paternaliste et machiste sur les femmes. À l’heure des grandes manifestations en Algérie, de l’espoir d’une deuxième république, ce retour sur les années de plomb s’avère nécessaire pour une société algérienne en pleine mutation.
Papicha, de Mounia Meddour, France, Algérie, Belgique, Qatar, 1 h 45
19:02 Publié dans Cinéma, International, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : papicha, mounia meddour | |
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