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29/08/2017

Le capitalisme est incompatible avec la survie de la planète

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Humanite.fr, Jean-Jacques Régibier

Alors que les études se succèdent pour démontrer la gravité et l’étendue des atteintes à l’environnement, peut-on faire confiance au capitalisme pour réparer ce qu’il a produit ?
Non, répondent des scientifiques, militants environnementaux et eurodéputés réunis à Bruxelles par la Gauche Unitaire Européenne (1). Ils proposent d’autres alternatives.
Les mauvaises nouvelles sur le réchauffement climatique et la dégradation de l’environnement s’accumulent à un rythme alarmant depuis le début de l’été sous forme d’une avalanche d’études scientifiques qui aboutissent toutes au même diagnostic : si des mesures drastiques ne sont pas prises très vite à l’échelle mondiale, une partie de la planète risque de devenir invivable dans un délai assez bref. Certaines études concluent même qu’il est déjà trop tard pour redresser la barre.
 
Florilège non exhaustif de ces chroniques estivales d’une catastrophe planétaire annoncée :
 
- Dans la revue Nature, le climatologue français Jean Jouzel et un groupe de scientifiques, prévoient que si d’ici 3 ans les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas stabilisées, la planète passera dans un autre type climat aux conséquences « catastrophiques » : recrudescence des décès dus à la chaleur ( certaines régions de France connaitraient des températures supérieures à 50° ), des incendies, accroissement des réfugiés climatiques venant de régions particulièrement touchées comme la Corne de l’Afrique, le Moyen-Orient, le Pakistan ou l’Iran ( on compte déjà actuellement 65 millions de réfugiés climatiques sur la planète ), baisse des rendements agricoles, etc...
 
- Un rapport établi par plus de 500 scientifiques dans plus de 60 pays, (2) montre que 2016 aura été l’année de tous les records en matière de températures, d’émissions de gaz à effet de serre, de montée des océans et de terres soumises à la sécheresse.
 
- Selon le climatologue américain Michael Oppenheimer, avec le retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris, les chances de réussir à le mettre en œuvre ne dépassent pas 10% ( d’autres chercheurs parlent de 5% de chances.)
 
- Selon une étude réalisées par les chercheurs du Massachusets Institut of Technology ( MIT ) et de l’Université Loyola Marymount, la chaleur risque de rendre l’Asie du Sud-Est invivable d’ici 2100.
 
- Une évaluation scientifique effectuée en avril dernier par l’Unesco conclut que si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites très rapidement, les 24 sites coralliens classés au patrimoine mondial  auront disparu d’ici à 2100. C’est déjà le cas pour 20% d’entre eux.
 
- Début juillet, une étude menée par des chercheurs américains et mexicains (3) montre que les espèces de vertébrés reculent de manière massive sur terre, à un rythme inégalé depuis la disparition des dinosaures il y a plus de 60 millions d’années. Les chercheurs parlent de « sixième extinction de masse des animaux » et analysent les conséquences « catastrophiques » de cette « défaunation » aussi bien sur les écosystèmes que sur l’économie et la société en général.
 
- Selon article de la revue Science Advances, la fonte des glaces du Groenland, région qui se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, va s’accélérer dans les prochaines années. Selon l’un des auteurs de cette étude, Bernd Kulessa ( Collège des sciences de l’université britannique de Swansea ), si les glaces devaient disparaître complètement, le niveau des océans monterait de 7 mètres.
Comme pour le confirmer, il y a quelques jours, un méthanier de 300 mètres battant pavillon du groupe Total, franchit le passage du Nord-Est habituellement obstrué par la banquise, sans l’aide d’un brise-glace. Ce rêve de relier l’Atlantique au Pacifique par le Détroit de Bering que caressaient depuis longtemps les pétroliers, mais aussi des états comme la Russie, est désormais une réalité.
 
- Pour couronner le tout, un institut de recherche international  travaillant sur les données fournies par l’ONU (4), nous apprend que depuis la fin du mois de juillet, la planète vit « à crédit », c’est-à-dire que l’humanité a consommé en 7 mois, toutes les ressources que la terre peut produire en une année. Circonstance aggravante : cette date fatidique arrive désormais de plus en plus tôt.
En prime, toujours au chapitre de la consommation, une autre étude nous indique que si tous les habitants du monde voulaient vivre comme un Français, il faudrait trois planètes terre pour assurer leurs besoins.
 
Le capitalisme responsable
Si toutes ces études se recoupent et se complètent sur les constats, elles s’accordent également sur leurs causes : c’est bien le développement explosif de la production et l’exploitation sans limite des ressources de la planète depuis le début de « l’ère industrielle », qui est la cause de la catastrophe en cours. Le fait que la situation se soit dégradée à très grande vitesse au cours des dernières décennies en est une preuve supplémentaire. Cette accélération est liée directement au développement du capitalisme dans les pays émergents, et plus généralement à l’extension hégémonique de ce mode de production à l’ensemble de la planète. Rappelons que la Chine, premier pays émergent, est aussi le premier pays émetteur de gaz à effet de serre, juste devant les Etats-Unis, première puissance capitaliste mondiale. « La logique de la croissance va vers l’autodestruction du système, voilà ce qui se passe quand on confie la gestion des ressources de l’humanité à des privés », juge le député européen espagnol Xabier Benito ( GUE-GVN .)
C’est également l’avis de Daniel Tanuro qui rappelle que le but du système capitaliste étant de produire de la survaleur, il n’y a pas d’autre solution que de remplacer le travail vivant par du travail mort pour lutter contre la baisse du taux de profit, donc « d’accroître de plus en plus vite la masse des marchandises, ce qui amène à consommer de plus en plus de ressources et d’énergie. » Et l’écosocialiste le répète : « la croissance capitaliste est la cause de la crise écologique, dont le chômage massif permanent est l’autre aspect.» C’est pourquoi, pour Daniel Tanuro, il est indispensable de  lier les combats sociaux et environnementaux.
Pas d’illusion non plus à se faire du côté du « capitalisme vert » promu notamment par l’Union européenne au niveau international. Pour Daniel Tanuro qui y a consacré un livre, « capitalisme vert est un oxymore. » Ce que l’on constate aujourd’hui dans les destructions qu’il opère partout sur la planète, c’est bien au contraire sa violence, dit Eleonera Forenza, qui explique par exemple comment le sud de l’Italie est ainsi devenu la décharge du Nord.
 
Quelles alternatives ?
Une fois reconnu que la voie préconisant la « modernisation » du capitalisme, son « verdissement », est une impasse ( de même que la promotion des valeurs « post-matérialistes » ou « post-classes » qui l’accompagnent ), il faut poser clairement, analyse l’historienne Stefania Barca, que « le capitalisme est le problème, » et pensez la politique a partir de cet axiome, dans des termes nouveaux par rapport à ceux du XXème siècle. « Où est-ce qu’on peut bloquer le capitalisme ? » devient une question politique centrale, explique Dorothée Haussermann, de Ende Gelände, un vaste collectif d’organisations environnementales et de groupes politiques qui concentre ses actions sur le blocage des mines de lignite et de charbon en Allemagne. « Le charbon fait partie du problème du réchauffement climatique, on doit en empêcher la production. Il faut commencer quelque part, c’est à nous de prendre les choses en mains, » explique Dorothée Haussermann.
 
En matière de changement climatique, ce n’est pas l’information qui nous manque, fait remarquer Rikard Warlenhus ( Left Party, Suède ), mais on a l’impression que changer les choses est au delà de nos possibilités. C’est, pour les raisons que l’on vient de voir, parce qu’au fond, remarque l’eurodéputé Ernest Cornelia ( GUE / Die Linke ), « imaginer la fin du capitalisme est impossible. » Pour lui, la question devient donc : « comment passer du stade actuel à l’étape suivante ? » Cette question est d’autant plus centrale que, comme l’explique Rikard Warlenhus, « les dossiers climatiques ont tendance à nous diviser. » Par exemple, explique Dorothée Häussermann, « le mouvement environnemental peut être conçu comme une menace à l’emploi.» C’est la raison pour laquelle une partie du mouvement syndical est converti au « capitalisme vert », bien qu’il soit évident que le chômage continue à augmenter, ou que de nombreux syndicats soutiennent les énergies fossiles. « Une difficulté à mettre sur le compte de 3 décennies de déclin du mouvement ouvrier », analyse l’historienne Stefana Barca, dont il faut être conscient qu’elle provoque des divisions. C’est pourquoi, ajoute-t-elle, il faut concevoir le combat pour l’environnement comme « une forme de lutte des classes au niveau planétaire entre forces du travail et capital. »
 
Constatant la vitalité des combats pour l’environnement menés partout dans le monde sous des formes et par des acteurs très différents, les intervenants insistent tous sur la nécessité de promouvoir des articulations entre tous ces mouvements et des acteurs institutionnels quand ils existent ( des villes, des régions, par exemple ), ou des syndicats, des partis, et ce, au niveau mondial. L’objectif est de se situer « à la même échelle d’action que notre adversaire », explique Rikard Warlenhus « parce que le capital dépasse la structure de l’Etat national. »
 
Le rôle crucial des femmes
De nombreux analystes soulignent également comme un point central, le rôle des femmes dans le combat écologique et social. Il ne s’agit pas de dire qu’il est bien que les femmes y participent à égalité avec les hommes ( l’égalité homme-femme est un leitmotiv  consensuel de nos sociétés, en général jamais respecté ), mais bien de repérer l’apport spécifique, déterminant et innovateur des femmes, en tant que femmes, dans les nouvelles formes de combat. La députée italienne Eleonora Forenza ( GUE-GVN ) voit dans les mobilisations qui ont suivi la catastrophe de Seveso en juillet 1976, l’événement fondateur de cet éco-féminisme. « Ce sont les femmes qui ont joué un rôle essentiel en exigeant que soient menées des études médicales, car les femmes enceintes risquaient de donner naissance à des enfants malformés. Ce sont également elles qui ont lancé les premiers appels pour l’IVG en Italie. » ( L’IVG a été légalisé en 1978, mais il est toujours très difficile de la faire appliquer, ndlr.) Cet apport des femmes au combat écologique est également majeur pour Daniel Tanuro qui explique que « la place que le patriarcat donne aux femmes, leur procure une conscience particulière. » Il rappelle que 90% de la production vivrière dans les pays du Sud est assurée par des femmes, faisant d’elles le fer de lance de tous les combats actuels liés à l’agriculture, à la propriété de la terre, aux pollutions ou au climat.
 
(1) Colloque au Parlement européen, 27 mars 2017, Bruxelles publiées dans les Proceedings of the Natural Academy of Science ( PNAS )
(3) publié en juillet par l’Agence américaine océanique et atmosphérique ( NOAA ) et L’American Meteorological Society ( AMS ),
(4) Le Global Foodprint Network, Oakland ( Californie )
(5) Daniel Tanuro, « L’impossible capitalisme vert », La Découverte.
 

01/08/2017

Une journée ordinaire sans eau et sans électricité à Gaza

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Témoignage de Ziad Medoukh Professeur de français, à l'université Al-Aqsa Gaza Palestine

C'est difficile pour moi citoyen palestinien de Gaza de décrire en deux ou trois pages la situation actuelle dans notre région abandonnée. Une situation catastrophique à tous les niveaux qui s’est aggravée récemment, notamment, avec la crise de l’électricité et ses conséquences dans tous les secteurs vitaux dans cette région sous blocus israélien depuis plus de dix ans.

Mais je vais essayer le plus succinctement possible de narrer une partie de mon vécu pendant des jours et des jours où Gaza était dans le noire total.

Actuellement, nous avons le droit à trois ou quatre heures d’électricité par jour, c’est insuffisant, mais on n' a pas le choix, on s’adapte avec cette situation même insupportable .

Je ne vous cache pas que, je me demande toujours, ainsi que tous les Palestiniens de Gaza: nous sommes nous un peuple anormal pour supporter cette situation inacceptable et cette souffrance qui dure et qui dure , et je me pose souvent les même questions : pourquoi nous à Gaza ? Pourquoi le monde officiel ne bouge-t-il pas? Et jusqu’à quand durera notre souffrance ?

Nous avons vécu des journées terribles dans la moitié du mois de juillet 2017, avec seulement une ou deux heures d'électricité par jour, et quelques fois, deux ou trois jours sans électricité et sans eau.

La crise a commencé en avril dernier, avec la décision israélienne de réduire la quantité d'électricité qui entre la bande de Gaza. Nous sommes passés de huit heures à quatre heures par jour, puis deux heures dès le début du mois de juillet.

Cette crise nous rappelle les événements tragiques de l'été 2014 vécus par la population civile de Gaza, même sans bombardements et sans bombes.

Ce qui aggrave notre souffrance c'est ce silence complice du monde officiel , la chape de silence que les médias entretiennent, et l'indifférence totale des organisations des droits de l'homme qui n'arrivent pas à condamner cette ignominie.

C'est vrai, notre volonté remarquable et notre patience extraordinaire, mais surtout notre adaptation avec ce contexte très difficile est un aspect très positif qui nous aide à supporter cette souffrance. Mais notre situation est de plus en plus délicate dans la bande de Gaza, une région occultée et laissée à son sort par une communauté internationale officielle sourde à nos souffrances!

Pour moi, dans ce contexte particulier, et comme deux millions de Palestiniens, nous avons vécu des jours et des jours très longs sans eau et sans électricité. J’essaie de faire mon devoir, d’envoyer des nouvelles au monde francophone, je résiste par les témoignages et le partage de notre vécu, même si difficile de répondre à tous les messages qui proviennent de beaucoup d'amis et de solidaires, car je tiens beaucoup à la solidarité internationale et le soutien indéfectible de ces solidaires de bonne volonté.

Pendant ces jours terribles, nous étions tous à Gaza sous pression, personnellement, je passais davantage de temps à mon travail à l’université. Car elle dispose d’un générateur, et durant ce temps, j’étais obligé de faire toutes les tâches de mon travail ,car chez moi, la batterie rechargeable a besoin de huit heures minimum par jour pour fonctionner. Mais avec deux heures, elle tombe souvent en panne, et pour la réparer ou en acheter une autre, qu'il faut charger, on a besoin de huit heures par jour.

Parmi les conséquences graves de cette crise, c’est le secteur de l’eau qui a été le plus touché. Ici tous les puits d'eau ont besoin d'un courant électrique pour remplir nos réservoirs qui se trouvent sur le toit de nos maisons. Pour que l'eau arrive dans les robinets à partir des réservoirs, on a besoin d'électricité. Le problème étant que parfois, même pendant le retour du courant électrique, l’eau était coupée!

Il nous est arrivé de rester plus de trois jours sans eau, inimaginable! Dans ce cas, on était obligé d'acheter de l’eau potable pour l’utilisation quotidienne. Auparavant, on achetait l’eau potable pour boire, car l’eau du robinet dans tous les foyers de Gaza n’est pas potable

On est obligé à s'adapter avec cette nouvelle situation, et il y a eu un changement dans les habitudes: par exemple on achète la nourriture au jour le jour, et on ne met rien dans les réfrigérateurs , souvent vides, on a envie de boire de l'eau fraîche avec cette vague de chaleur......mais en vain!

On ne dort pas assez, il fait très chaud, les ventilateurs et les climatiseurs ont besoin d’électricité pour fonctionner, tout est paralysé à Gaza.
Vous n'imaginez pas la joie de toute la famille, quand revient le courant électrique à n’importe quel moment du jour ou de la nuit. A n'importe quel moment, le retour du courant est une fête, tout le monde se réveille, soit pour faire fonctionner les appareils électroménagers, pour charger les portables, soit suivre les nouvelles, utiliser internet et les réseau sociaux! Dans notre contexte d’isolement, nous voulons garder le contact avec le monde!

Quand le courant électrique revient, à n’importe quel moment de la journée, le matin, le soir, à l’aube, même à 2h ou 3h du matin, un état d’urgence est décrété chez moi: personne dans la maison n’a le droit de me parler ou de me demander quoi que ce soit. La priorité est d’envoyer les nouvelles de Gaza aux amis solidaires et aux associations de soutien à la cause palestinienne. J’ai dû laissé tomber beaucoup d’obligations familiales, car je suis convaincu de l’importance de cette solidarité internationale. Je veux informer sur notre quotidien ,je n’avais pas le temps de m’occuper de mes enfants et de ma famille, ils n'osent pas me parler quand l'électricité revient!

J'ai de la peine pour mes enfants, les pauvres, ils ne vivent pas une vie normale. Pas de loisir, pas de vacances, ni de plage. La plupart des journées, ils sont dans leurs maisons ou devant leurs immeubles pour jouer et passer le temps. Bien que leur vacances scolaires aient commencé depuis deux mois, nous n'avons passé aucun jour sur la plage à cause de la pollution de la mer à Gaza.
Un aspect remarquable, est la solidarité familiale et sociale, les voisins s'entraident énormément pour fournir de l'eau, ou recharger les lampes pour les autres.

Le problème dans ce contexte : vous ne pouvez rien faire devant cette injustice, notre impuissance devant de telles souffrances, nous n’avons pas d’autre choix que de supporter et de résister en attendant un changement.

Le sentiment de l'enfermement et de l’isolement est un sentiment terrible! Et les Palestiniens de Gaza sont les mieux placés pour sentir ce sentiment , eux les enfermés dans leur prison à ciel ouvert depuis plusieurs années.

Le seul responsable de notre souffrance est l’occupation israélienne qui vise à briser la volonté remarquable et la patience extraordinaire de cette population civile de Gaza! Une population résistante et attachée à sa terre malgré toutes les mesures atroces de l’occupation contre la bande de Gaza.

On ne peut pas accuser les dirigeants palestiniens de Gaza ou de Ramallah d’avoir un rôle de responsabilité dans cette crise d’électricité, même si la division est une honte, car les deux sont impuissants et leur pouvoir sous occupation est illusoire.

Notre contexte est comme un verre où l’eau se mélange au sel comme pour donner un sens encore à l’espérance, qui nous rend forts comme le roc sur cette terre aux mille et une meurtrissures.

Les Palestiniens de Gaza sont privés de liberté sauf de leur liberté de penser. Leur seul droit est de respirer l'air souvent pollué par l'odeur des bombes de l'occupant.

En dépit de notre vécu tragique pendant cette période où Gaza a supporté l’insupportable, ce qui nous soulage est cette mobilisation et cette solidarité civile et populaire partout dans le monde avec la population de Gaza contre le blocus israélien. Nous sommes quasiment la seule région dans le monde en souffrance permanente; pour laquelle les solidaires organisent des manifestations et des rassemblements de soutien, ça calme notre colère

On peut dire qu’aucun objectif israélien de cette punition collective n' a été réalisé, notre population digne est toujours débout.

Après tout, malgré toute cette souffrance, mon message est toujours simple : c’est un message d’espoir au cœur de la douleur.

Je suis plus que jamais déterminé à continuer ma résistance quotidienne dans la bande de Gaza, comme ma population civile, à travers l’éducation et le travail avec mes jeunes pour une ouverture sur le monde. Avec le soutien des solidaires de notre cause juste, pour une Palestine de liberté et de paix durable, une paix qui passera avant tout par la justice.

21/05/2017

"Le chanteur de Gaza", une voix pour l'espoir, un visage de joie

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Humanite.fr

En 2015, la Bande de Gaza est mise sous le feu des projecteurs télévisuels grâce à la voix de Mohammed Assaf.

En 2013, le jeune gazoui, Mohammed Assaf, devenait "Arab Idol", l'équivalent du lauréat de "La Nouvelle Star". Un film qui raconte son histoire.

En 2013, Mohammed Assaf avait fait la fierté de la bande de Gaza en mettant le territoire meurtri sous le feu des projecteurs du télé-crochet "Arab Idol". Il est le héros d'un biopic qui raconte son parcours semé d'embûches, "Le chanteur de Gaza" d'Hany Abu-Assad.

Aux yeux du réalisateur palestinien - auteur aussi de "Paradise Now", récompensé par le Golden Globe du meilleur film étranger en 2006 -, son film, premier long métrage tourné, au moins partiellement, dans la bande de Gaza depuis deux décennies, "est un hommage à Gaza".

"Je veux vraiment que les Palestiniens soient fiers d'eux-mêmes. Ce n'est pas comme si le film allait changer leur situation, mais il peut les aider à changer et à croire davantage en eux-mêmes", a expliqué Hany Abu-Assad, nommé deux fois aux Oscars (pour "Paradise Now" et pour "Omar" en 2014), au cours d'un entretien avec l'AFP en mai 2016 aux Etats-Unis, où le film est sorti sous le titre "The Idol".

Mohammed Assaf, qui a maintenant 27 ans, a séduit des millions de spectateurs dans le monde arabe quand il a remporté "Arab Idol", l'un des nombreux clones de l'émission britannique "Pop Idol", où de jeunes talents tentent de séduire un jury jusqu'à la finale.

L'odyssée d'Assaf est racontée au rythme haletant d'un film d'action. Ne serait-ce que pour participer, Assaf a dû se débrouiller pour s'extirper de Gaza, soumise à un blocus israélien et égyptien. Le film montre notamment le jeune homme entonnant un chant religieux pour amadouer un garde-frontière égyptien.

Arrivé au Caire pour la sélection des candidats, le chanteur devra encore une fois à son talent sa participation au concours. Il était arrivé trop tard, mais un Palestinien séduit par la voix d'Assaf lui a cédé sa place dans la file.

Message politique par petites touches

le chanteur de Gaza1.jpgHany Abu-Assad a pensé proposer à Assaf de s'incarner dans la version filmée de sa vie, mais s'est ravisé et a choisi l'acteur arabe israélien Tawfeek Barhom, qui campe un jeune homme sérieux et déterminé à l'écran, aux antipodes de l'image frivole que donnent en général les aspirants à la gloire pop.

Le chanteur a néanmoins pu visionner le film -- il a pleuré, confesse Abu-Assad -- et obtenu des ajustements mineurs pour ménager des susceptibilités familiales.

Comme Assaf dans la vraie vie, "Le Chanteur de Gaza" est un film politique, mais par petite touches. Le chanteur ne parle pas ouvertement politique, mais il a réussi à réconcilier -- sur son talent seulement -- les supporteurs des deux grands rivaux de la cause palestinienne, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, et le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas.

Quant à Israël, il n'apparaît qu'indirectement pour le spectateur, avec les images de Gaza en partie détruite par les bombardements de l'armée de l'air de l'Etat hébreu, qui suivent immanquablement des attaques à la roquette contre Israël.

17:17 Publié dans Cinéma, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le chateur de gaza, cinéma | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

24/03/2017

Pierre Laurent (PCF) : « Nous voulons la tenue d’une COP fiscale »

Pierre-Laurent.jpgDans un entretien au Quotidien, journal indépendant du Luxembourg, le secrétaire général du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, plaide pour une Europe de la solidarité et dit ses espoirs d’unité de la gauche.

Le secrétaire général du PCF était vendredi 17 mars à Thionville où il a demandé à rencontrer l’OGBL pour échanger sur la problématique des frontaliers. Le sénateur de Paris, dont le parti soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle, s’exprime sur les scrutins à venir et la recomposition du paysage politique français.

Le Quotidien : Les frontaliers, généralement absents du débat politique en France, suscitent un intérêt accru des politiques. Pourquoi?

Pierre Laurent  : Il s’agit d’une problématique montante parce que le nombre de travailleurs frontaliers grandit. C’est pour ça que nous souhaitions rencontrer les camarades de l’OGBL pour aborder cette thématique que nous voulons relayer avec plus de force.

Nous avons vu avec l’OGBL qu’il y a des enjeux importants pour préserver les droits des frontaliers car il y a des fragilités. Il y a la précarité due au recours très important à l’intérim. Les intérimaires représentent une part importante des travailleurs frontaliers du Luxembourg.

Quels sujets avez-vous abordés?

Il y a des problèmes concrets d’accès aux droits sociaux, au chômage. Il faut pousser les gouvernements à mener des discussions qui lèvent ces obstacles. Il y a aussi le problème très important des transports. Pour moi qui suis un élu parisien, il est frappant de constater que les temps de transport des frontaliers sont voisins de ceux que connaissent les Franciliens.

Il y a des enjeux importants d’investissement dans les infrastructures et cela concerne le gouvernement français. Il ne peut pas se désintéresser des conditions de vie et de travail de plus de 80  000 frontaliers, chiffre qui pourrait grimper à 120  000 dans les années à venir.

Ces problèmes renvoient aussi au sens que l’on veut donner à la construction européenne…

Dans le cadre des élections françaises, nous avons des rencontres thématiques nationales et nous en tenons une ce soir (NDLR  : vendredi dernier) à Villerupt sur l’Europe. Nous voulons remettre la France à l’offensive sur ce terrain pour placer l’Europe sociale au cœur du débat. On voit que certains exploitent les difficultés sociales dans différents pays. La mise en concurrence de plus en plus de travailleurs européens pousse à des réponses de repli, de fermeture des frontières, des réponses nationalistes qui sont une impasse.

Comment éviter cette impasse?

Le moment est venu pour la France de reprendre l’initiative sur la question de l’harmonisation des droits sociaux vers le haut pour tous les travailleurs européens.

Le PCF soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Il a eu, ces dernières semaines, des mots assez durs pour le Luxembourg, en premier lieu sur la fiscalité.

L’harmonisation fiscale est un de nos combats. Nous portons, avec nos parlementaires, l’idée de mettre en place une « COP fiscale » pour lutter contre les logiques de dumping fiscal et social en Europe. L’Europe reste une zone qui produit énormément de richesses, mais une part considérable de ces richesses échappe à la construction commune, au profit des actionnaires de multinationales.

Le problème ne vient pas du fait qu’une partie des Européens auraient de la richesse et les autres n’en auraient pas. Tous les Européens sont spoliés par un système fiscal et financier qui est organisé pour capter la richesse. Il y a un intérêt commun des Européens, qu’ils soient luxembourgeois, allemands, français ou belges, de remettre la main sur ces richesses pour financer leur développement.

L’idée de l’harmonisation fiscale en Europe est parfois perçue comme un épouvantail au Luxembourg. Le comprenez-vous?

On voit que chacun peut faire miroiter l’idée qu’en se mettant à l’abri de règles communes on serait mieux protégé. C’est une erreur. Regardez comment le débat a été utilisé en Grande-Bretagne pour justifier le Brexit  : on voit que les travailleurs britanniques n’ont rien à y gagner. En revanche, tout le monde a intérêt à la solidarité.

Et pourtant, c’est la peur de l’autre, qui semble dominer le débat?

La peur est utilisée de différentes manières dans les pays européens pour opposer les uns et les autres. La vérité est que la solidarité donnerait aux Européens la maîtrise des richesses créées. Il est paradoxal de constater que les dirigeants libéraux qui ont le plus le mot « Europe » à la bouche sont aussi ceux qui renoncent à la solidarité et font peur aux gens. C’est aux forces de gauche, démocratiques et progressistes de reprendre le flambeau de la construction d’une Europe de la solidarité.

Jean-Luc Mélenchon a sur ce point un discours plus radical…

Pour répondre de manière très directe, l’Europe est un sujet sur lequel nous avons parfois des positions qui ne sont pas exactement les mêmes. Notre diagnostic converge sur l’impasse des politiques d’austérité et de dérèglementation en Europe. Mais le PCF est persuadé qu’il faut y opposer une ambition solidaire.

Les travailleurs européens sont tous confrontés aux mêmes situations dans des conditions nationales qui diffèrent d’un pays à l’autre. Notre travail politique est de faire converger les intérêts. La solidarité en Europe a été délaissée par la majorité des gouvernements. Je crois qu’il ne faut pas ouvrir la porte à des logiques mettant en concurrence les peuples. C’est un engrenage que les forces les plus dangereuses pourraient exploiter.

L’Europe divise aussi les deux principaux candidats de la gauche  : Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Une candidature commune est-elle définitivement exclue?

Les forces de gauche ont conscience qu’il faut rompre avec l’austérité, qu’il faut construire une ambition sociale. J’ai souhaité pendant toute l’année écoulée que ces forces convergent pour construire une candidature commune. La situation montre que cette exigence était justifiée. Mais il sera difficile d’y parvenir. En revanche, on peut continuer à faire grandir les exigences communes en vue de la construction d’une plateforme commune. Après la présidentielle, il y aura des législatives dont l’objectif doit être d’échafauder une nouvelle majorité politique, un pacte entre ces forces.

Qui serait aussi un contrepoids à l’extrême droite?

C’est indispensable face au danger de l’extrême droite, mais aussi de la droite avec des projets de plus en plus radicalisés. C’est le cas en France et dans d’autres pays européens. Je suis persuadé que la grande majorité des Français n’a pas envie de se livrer à Marine Le Pen ou à des aventures politiques aussi dangereuses.

Pourtant la tentation est là?

Beaucoup de gens n’ont pas encore décidé pour qui voter. Ils cherchent une voie nouvelle parce que les réponses des deux derniers quinquennats, celui de droite et celui de Hollande – Valls, ont fait faillite. C’est notre responsabilité d’encourager cette recherche. Les forces existent. On l’a vu dans les mobilisations sociales contre la loi travail. Tout ça n’a pas disparu des consciences en France.

Cela passe-t-il aussi par un renouveau des idées?

Des choses nouvelles se sont déclenchées. Sans cela, il n’y aurait pas eu le mouvement contre la loi travail l’an dernier. Il n’y aurait pas eu la victoire de Benoît Hamon à la primaire qui avait été justement conçue pour éviter cette réponse-là. Mais ce n’est pas facile  : la présidentialisation extrême de la vie politique française, sa personnalisation, est un obstacle car les forces sont diverses et il faut construire des coalitions respectant cette diversité.

C’est pour ça qu’il faut aussi porter l’effort sur les législatives. Il y a des éléments de danger dans la situation actuelle, mais aussi des éléments de confiance.

La confiance dans les dirigeants politiques est passablement entamée auprès des électeurs et les affaires secouant la campagne électorale n’arrangent rien…

Le débat est confisqué par les affaires. Je suis tout à fait d’accord avec ce qu’a dit Benoît Hamon  : la campagne électorale française est polluée par l’argent et de la pire des manières. Elle l’est parce qu’une partie du monde politique est dans un rapport devenu trop étroit avec les milieux financiers, qui sont les plus intéressés à la poursuite du système actuel. Ce conflit d’intérêts entre forces de l’argent et responsables politiques gangrène la démocratie.

Que proposez-vous pour sortir de cette situation?

Il y a un énorme problème de représentation populaire dans le système politique français. Un des enjeux des législatives est qu’il faudra à nouveau à l’Assemblée nationale des ouvriers, des employés, des professeurs des écoles, des gens qui savent ce qu’est le travail à l’hôpital. Cette population qui fait la richesse du pays n’est plus représentée, ou tellement marginalement. On a besoin de rénover les institutions politiques nationales, du sol au plafond.

La crise actuelle va-t-elle recomposer le champ politique en France?

La recomposition a déjà démarré. Elle peut déboucher sur le meilleur comme sur le pire. Elle peut être confisquée par des forces qui vont discréditer la démocratie et encourager l’avènement de régimes de plus en plus autoritaires. Ce n’est pas propre à la France  : il suffit de voir ce qui se passe en Grande-Bretagne, ce qui se passe avec Erdogan, avec Trump ou dans plusieurs pays européens.

À l’inverse, cela peut aboutir à la poussée d’exigences démocratiques très fortes. Le fait que l’idée d’une VI e République grandisse en France en est le signe. Il y a donc des dangers, mais aussi des potentiels de refondation démocratique très importants. C’est la même chose partout en Europe.

Nous trouvons-nous à la croisée des chemins?

Il est frappant de voir en ce moment à quel point les élections nationales dans différents pays intéressent au-delà des frontières. Tout le monde sent qu’on est dans une période charnière. Beaucoup de regards se tournent vers la France, on retient son souffle. Le fait est qu’on est au bout de quelque chose. La construction européenne telle qu’elle a été engagée produit des crises et des chaos politiques.

En France, les deux partis qui ont dominé la vie politique nationale seraient éliminés du deuxième tour de la présidentielle. Ça veut quand même dire que ça secoue très fort dans la société.

Fabien Grasser

13:32 Publié dans Economie, International, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre laurent, cop, finances | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!