Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

18/09/2019

Nedjma ou la chronique des années de plomb : Papicha

papicha.jpg

Dans l’Algérie des années 1990, quatre étudiantes se trouvent confrontées à la montée de l’islamisme. Premier film de Mounia Meddour.

En 2011, Mounia Meddour réalisait un documentaire, le Cinéma algérien, un nouveau souffle, dans lequel elle se penchait sur la jeune génération de cinéastes qui émerge dans son pays. Ce « nouveau souffle », il semble qu’elle l’incarne elle-même avec son premier long métrage, présenté dans la section Un certain regard, tant Papicha est une ode à l’espoir, au combat, à la dignité et à la femme algérienne. Les papichas, littéralement, ce sont les jolies filles. Une façon de désigner ces jeunes femmes d’Alger pétillantes, effrontées et fières.

Nous sommes à Alger dans les années 1990. À la cité universitaire, deux étudiantes sortent dans la nuit, montent dans un taxi, changent de vêtements, se maquillent et se rendent dans une boîte de nuit. La plus délurée des deux, c’est Nedjma (extraordinaire Lyna Khoudri). Un prénom que la réalisatrice n’a sans doute pas choisi au hasard.

Il signifie « étoile », mais évoque le livre éponyme de Kateb Yacine. Au retour de boîte, un barrage de police campe le décor sécuritaire dans lequel vont évoluer Nedjma et ses copines de fac, Wassila (Shirine Boutella), Samira (Amira Hilda Douaouda) et Kahina (Zahra Doumandji). Elles ont la vie plein les yeux et comptent bien réaliser leurs rêves. Sans doute avec un brin de naïveté, refusant, au départ, de voir la réalité. Celle-ci va pourtant s’imposer. Durement.

Alors que Nedjma est tout entière à la préparation d’un défilé de mode qu’elle veut absolument organiser à partir du haïk, le tissu traditionnel qui couvre les femmes, deux événements vont surgir. D’abord, ce sont des affiches placardées sur les murs de la cité universitaire, qui incitent les femmes au port du hijab « avant que ce ne soit un linceul qui vous recouvre », comme le crache un islamiste dont le mouvement ne cesse de grandir. Autre drame, plus fort encore. Linda, la sœur de Nedjma, est abattue devant la maison de sa mère, comme l’a été Tahar Djaout dont elle lit un ouvrage. Pour la jeune styliste, le temps de la résistance et de la révolte est arrivé. Un long chemin vers la liberté, comme le disait Nelson Mandela.

Les hommes n’ont pas vraiment le beau rôle

Mounia Meddour s’est appuyée sur ses souvenirs personnels pour cette histoire d’une grande profondeur. Le récit dramatique n’en prend que plus de force. Elle suit au plus près les personnages. Les gros plans sur les visages sont remarquables. Elle filme ces femmes avec une tendresse et une sensualité non dissimulées. La scène où le corps de Linda est lavé avant d’être enroulé dans le linceul est toute en retenue sensible. La caméra effleure, caresse comme un hommage. Papicha évite les écueils manichéens avec intelligence.

Nedjma n’est pas contre la religion mais l’utilisation qui en est faite. Samara est la seule voilée des quatre, c’est pourtant elle qui va insister pour que le défilé de mode se déroule. Un mot enfin sur les hommes, qui n’ont pas vraiment le beau rôle. Mais comment pourrait-il en être autrement entre l’un qui veut quitter l’Algérie mais explique à Nedjma que, après leur mariage, sa vie à elle, ce sera lui, et l’autre qui tabasse Wassila et voudrait la contraindre à l’obéissance ? Deux facettes, séculaire et religieuse, du même regard paternaliste et machiste sur les femmes. À l’heure des grandes manifestations en Algérie, de l’espoir d’une deuxième république, ce retour sur les années de plomb s’avère nécessaire pour une société algérienne en pleine mutation.

Papicha, de Mounia Meddour, France, Algérie, Belgique, Qatar, 1 h 45

19:02 Publié dans Cinéma, International, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : papicha, mounia meddour | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

08/08/2019

Dans l’Amapa, l’or fait couler le sang

Bresil Amapa.jpg

Droits humains. Au Brésil, un chef waiapi est violemment tué par des garimpeiros lors d’une rixe dans son village. L’affaire reflète le drame qui se joue dans la région.

Ce 23 juillet, dans la jungle de l’Amapa, au nord du Brésil, s’élèvent des cris de détresse. Le corps criblé de coups de couteau d’Emyra Waiapi, cacique waiapi, éminent chef autochtone, vient d’être retrouvé sur les bords de la rivière. Quelques heures plus tôt, son village a été pris d’assaut par des garimpeiros, chercheurs d’or traîne-misère armés jusqu’aux dents.

Voilà deux semaines que le drame s’est produit et l’affaire demeure à ce jour non élucidée, sans version officielle. La Funai, la Fondation nationale de l’Indien, a bien confirmé la présence des orpailleurs et le décès du cacique. Mais l’enquête lancée par la police fédérale dans la foulée du crime semble au point mort.

Une chose est pourtant sûre : la disparition du chef indien a provoqué l’émoi de la communauté waiapi et de toute l’autochtonie, bien au-delà des frontières brésiliennes. L’assassinat d’Emyra Waiapi dénote une rare violence physique et symbolique. « Tout notre peuple est en détresse. Dans notre culture, le chef a une importance capitale, explique Waiapi Ichi Kouyouli, jeune militante des droits indigènes en Guyane. Sa perte est une vraie tragédie. Il guide le village, et sans lui la communauté n’est rien. » L’acte perpétré par les miniers brésiliens « est d’autant plus brutal qu’il a visé le cœur de notre façon de faire société », poursuit-elle.

La forêt éventrée pour les besoins d’une ruée vers l’or

Le meurtre est si marquant qu’il fait des remous jusque dans les plus hautes sphères du pouvoir. Le président Jair Bolsonaro, à plus de 2000 km de là, commente par le déni. Aucun « indice fort » ne permet d’incriminer directement les garimpeiros, affirme-t-il. En riposte, la haut-commissaire des droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, intime « au gouvernement brésilien d’agir avec fermeté pour stopper l’invasion des territoires indigènes et pour leur assurer l’exercice pacifique de leurs droits sur leurs terres ».

Si l’affaire contrarie les instances internationales, c’est que « par ses discours à répétition, le président brésilien encourage l’impunité des miniers illégaux, estime Geneviève Garrigos, responsable Amériques de l’ONG Amnesty International France. Reste aux indigènes de se débrouiller seuls pour protéger leurs terres ».

Le chef de l’État, d’ailleurs, n’en est pas à son coup d’essai. « Dommage que la cavalerie brésilienne ne soit pas aussi efficace que les Américains, qui ont exterminé les Indiens », regrettait-il, dans le Correio Braziliense, le 12 avril 1998, bien avant d’arriver au pouvoir. Depuis, ses déclarations ont été à l’avenant. La multiplication de garimpeiros dans l’Amapa « est une occasion pour lui de soumettre les peuples autochtones au progrès à marche forcée, tout en satisfaisant ses projets de développement de l’agrobusiness, reprend la spécialiste. Ce climat politique extrême a eu raison d’une vingtaine d’années sans heurt dans la région des Waiapi ».

Et pour cause, les convoitises industrielles sur les richesses minières de la Renca imposent une pression permanente. Voilà plusieurs dizaines d’années que le bruit des machines d’exploration minière est venu troubler la quiétude de la tribu pacifique. Et la forêt se voit peu à peu éventrée pour les besoins d’une ruée vers l’or d’un nouveau genre. Travailleurs précaires issus de la grande misère brésilienne y affluent des quatre coins du pays afin de toucher du doigt ce rêve de fortune. Mais une fois sur place, les garimpeiros eux aussi sont soumis à l’impitoyable réalité du trafic, frappés par la violence, les traitements inhumains, la pollution, les viols et les meurtres. L’Amazonie est devenue peu à peu le théâtre d’une tragédie humaine qui oppose des peuples prêts à tous pour survivre.

Les orpailleurs s’emparent des terres par les armes

Dans le quotidien waiapi, les intrusions ponctuelles sur les terres ancestrales ont fait place, au fil des ans, aux menaces de mort à l’encontre des chefs indigènes. S’ajoute à cela le harcèlement juridique du lobby minier. « Le terrain du droit est une lutte à part entière, étaye Geneviève Garrigos. Il faut du temps, de l’argent, et un nombre de déplacements important. Cela suppose de laisser des terres menacées sans protection durant le temps d’un procès. » Depuis peu, s’ajoutent ces orpailleurs galvanisés qui prennent peu à peu les lieux par la force armée, dans l’indifférence politique.

Écologique, le drame l’est également. Les Waiapi sont « les gardiens d’un patrimoine naturel global, celui de nos forêts primaires et de leur biodiversité », rappelle encore la militante des droits humains. L’Amazonie reste peu ou prou un poumon vert du monde, et abrite 20 % des eaux douces de la planète. « Si rien ne se dresse face aux ambitions des monstres industriels, on ne peut que redouter le pire. » Les associations évoquent une déforestation dont le taux a déjà doublé depuis 2018, ainsi qu’une pollution au mercure des eaux et des sols sans précédent.

« L’escalade de la violence est imminente, comme nous en avons déjà alerté les autorités locales », avertit Geneviève Garrigos. Les Waiapi résisteront jusqu’au bout pour préserver leurs terres ancestrales, même au péril de leur vie, assure-t-elle, l’attachement à la terre va au-delà de la propriété. Elle est le socle de leur culture, leur spiritualité, leur façon globale de voir et comprendre le monde. Pour eux, il n’y a pas de vie ailleurs. « De toute manière, pour aller où ? » interroge la militante des droits de l’homme.

20:05 Publié dans International, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brésil, amazonie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

26/06/2019

Mondial 2019. Megan Rapinoe, la star qui s’oppose à la politique de Trump

Megan.jpg

Farouchement engagée contre le président américain, la capitaine des championnes du monde, qui rencontrent l’équipe de France en quart de finale, milite également pour la cause LGBT et l’égalité hommes-femmes.

Une combattante. Sur le terrain comme en dehors, Megan Rapinoe (156e sélection, 47 buts) ne s’exprime jamais aussi bien que dans l’adversité. Auteure d’un doublé, deux penalties tirés de sang-froid en huitièmes de finale face à l’Espagne (2-1), lundi, à Reims, alors que son équipe se faisait bousculer pour la première fois du Mondial, la capitaine des États-Unis n’a pas tremblé. Habituée à montrer le chemin et à donner de la voix, la milieu offensive aux cheveux courts teintés de rose ne craint rien, ni de personne. Engagée dans de nombreux combats civiques et politiques, la joueuse de Seattle, qui a déjà inscrit 3 buts depuis le début du tournoi, sera à surveiller de près par les Bleues, vendredi, au Parc des Princes, en quart de finale de la Coupe du monde.

“Fuck you” ! adressé au gouvernement

Nul doute que les électeurs de Donald Trump auront aussi un œil sur elle. Prompts à la critiquer avant même le coup d’envoi, ils la conspuent régulièrement sur les réseaux sociaux et dans certains stades depuis 2016. En soutien au mouvement lancé par le joueur de football américain Colin Kaepernick cette année-là, pour protester contre les violences policières visant les Noirs, Megan Rapinoe pose aussi un genou à terre durant l’hymne américain. Depuis, cette diplômée en sociologie et sciences politiques, désormais debout, refuse toujours de chanter et de porter sa main sur le cœur, contrairement à ses coéquipières. « Je ne peux tout simplement pas supporter que mon pays opprime son propre peuple », a écrit récemment dans une tribune celle qui fêtera ses 34 ans, le 5 juillet. Avant la Coupe du monde, elle a précisé sa pensée : « C’est une sorte de “Fuck you” ! adressé au gouvernement. »

De tous les combats, la championne olympique 2012 et championne du monde 2015 est également à l’origine de la plainte déposée en justice par les joueuses contre la Fédération américaine, en mars, pour obtenir l’égalité salariale hommes-femmes et les mêmes conditions de travail. En 2014, l’USSF a ainsi octroyé 5,3 millions de dollars (4,7 millions d’euros) de primes à la sélection masculine pour avoir atteint les 8es de finale du Mondial au Brésil. L’année suivante, l’équipe féminine n’a reçu que 1,7 million de dollars (1,5 million d’euros) après son troisième titre mondial au Canada. Il y a quelques jours, Megan et ses coéquipières ont déjà obtenu une petite victoire avec l’annonce, selon le Wall Street Journal, d’un accord de médiation entre les deux parties pour éviter un procès.

« Je sais que cela peut me coûter cher »

L’ancienne joueuse de l’Olympique lyonnais (2013-14), qui a fait son coming out en 2012, milite aussi depuis longtemps pour les droits de la communauté LGBT. « En tant qu’homosexuelle américaine, je sais très bien ce que signifie regarder le drapeau et ne pas avoir le sentiment qu’il protège toutes vos libertés », soulignait-elle en 2016. Interrogée récemment sur le président américain, la capitaine de la Team USA a dit ce qu’elle pensait de Trump, le qualifiant de « misogyne », « sexiste » et « raciste ». « Je sais que cela peut me coûter cher, au propre comme au figuré, mais je me vois comme un porte-voix, et c’est un rôle que j’assume complètement », indique-t-elle.

Le Mondial 2019 peut-il améliorer la condition féminine ? « Faire changer les choses petit à petit n’est pas suffisant. Je voudrais un changement de paradigme, une remise en plat, explique cette militante. (…) Il va falloir beaucoup de temps pour déconstruire des systèmes qui sont ancrés dans notre culture et notre société depuis des centaines d’années. » Si les États-Unis devaient aller au bout de la compétition et conserver leur titre, Megan Rapinoe a déjà annoncé dans le magazine Sports Illustrated qu’elle ne se rendra pas à la Maison-Blanche : « Je ne vais pas faire des courbettes devant le président qui, clairement, est contre tout ce en quoi je crois. »

12:42 Publié dans Actualités, International, Sport | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : megan rapinoe, foot, mondial, trump | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

12/03/2019

Israël : l'honneur de deux artistes en conflit avec Netanyahu et sa politique

gal gadot.jpg

C'est la suite de la polémique lancée par le Premier ministre, qui affirmait qu'"Israël n'est pas l'État de tous ses citoyens" avant des échéances électorales.

La comédienne Gal Gadot, qui interprète Wonder Woman à l'écran, a volé au secours d'une autre actrice israélienne, sermonnée par le Premier ministre et attaquée sur les réseaux sociaux pour avoir critiqué les positions du parti au pouvoir sur la minorité arabe. 

rotem sela.jpg"Aime ton prochain comme toi-même", a écrit la comédienne israélienne Gal Gadot dans une story sur son compte Instagram dimanche soir, en soutien à sa compatriote, l'actrice et mannequin Rotem Sela très connue en Israël. "Ce n'est pas une question de droite ou de gauche. Juif ou Arabe. Laïc ou religieux", a-t-elle ajouté. "C'est une question de dialogue, de dialogue pour la paix et la sécurité, et de tolérance les uns envers les autres", a-t-elle conclu, repostant le message publié par Rotem Sela et lui assurant qu'elle était "une source d'inspiration". 

Sela : "Israël est l'Etat de tous ses citoyens"

Rotem Sela avait publié samedi soir un commentaire furieux après avoir entendu la tonitruante ministre de la Culture Miri Regev à la télévision. Celle-ci venait d'inviter les électeurs à ne pas voter pour les adversaires du Premier ministre Benjamin Netanyahu aux élections législatives du 9 avril. Elle avait brandi la menace d'une alliance entre les concurrents de Benjamin Netanyahu et les partis arabes pour gouverner après les élections : une hypothèse hautement improbable, mais un argument massue régulièrement utilisé par Benjamin Netanyahu et son parti du Likoud (droite). 

"Quand est-ce que quelqu'un dans ce gouvernement dira enfin aux gens qu'Israël est un Etat de tous ses citoyens et que tous les gens ont été créés égaux", s'était émue Rotem Sela sur Instagram. "Même les Arabes - incroyable mais vrai - sont des êtres humains, et les druzes, et les homosexuels aussi, ainsi que les lesbiennes, et - quel choc - les gauchistes", avait-elle ajouté. 

Netanyahu : "Uniquement l'Etat du peuple juif"

Les Arabes israéliens sont pour la plupart des descendants des Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l'Etat d'Israël en 1948. Ils représentent 17,5% de la population israélienne. 

Le Premier ministre a répondu dimanche, déjà en story sur Instagram, ce message : "Chère Rotem, Israël n'est pas l'État de tous ses citoyens", a écrit Benjamin Netanyahu, car "selon la loi fondamentale sur la nation adoptée l'an dernier, Israël est l'État-nation du peuple juif - et uniquement du peuple juif", a-t-il dit. 

Ce texte, figurant parmi les lois fondamentales qui font office de constitution, a été très critiqué en Israël et à l'étranger. Il a attisé la crainte chez les Israéliens non juifs de devenir des citoyens de seconde zone en faisant primer le caractère juif d'Israël sur d'autres principes comme la démocratie et l'égalité entre les citoyens. 

Benjamin Netanyahu a donné un sérieux coup de barre à droite dans une bataille électorale à l'issue incertaine. 

Sources l'Express

09:51 Publié dans Actualités, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : israël, rotem sela, gala gadot | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!