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18/02/2015

Une annulation de la dette grecque n'aurait pas d'effet sur les impôts en France

greceministre.jpgDes experts au plus haut niveau estiment qu'un effacement de la dette grecque provoquerait nécessairement une hausse des impôts, notamment en France.

Une affirmation erronée, liée au mythe d'un remboursement de la dette publique par les contribuables

17:43 Publié dans Actualités, Economie, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, grèce, dette | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

07/02/2015

Et si les femmes étaient l’avenir de l’Indonésie ?

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Le nouveau président Jokowi entend développer l’archipel en s’attaquant à la pauvreté, qui touche 43 % de la population. Il marque des points auprès du mouvement féministe, qui l’encourage à s’appuyer sur les femmes, principales victimes de l’inégale répartition des richesses.

Djakarta (Indonésie), envoyée spéciale.Mina Kaci, L'Humanité

Et si le nouveau président misait sur les femmes pour sortir l’Indonésie, riche de 250 millions d’habitants, de la grande pauvreté? Élu en juillet et investi le 20 octobre dernier, Joko Widodo, dit Jokowi, semble parier sur elles. Ne vient-il pas de leur réserver huit places au sein du gouvernement? Huit sur trente-quatre, ce n’est certes pas la parité, mais avec les fauteuils stratégiques qu’elles occupent, le chef de l’État marque des points auprès des militantes féministes.

Ainsi, Susi Pudjiastuti, la ministre de la Mer et de la Pêche. Un poste clé dans ce pays composé de 17 508 îles. Le plus vaste archipel du monde. Une femme charismatique, Susi Pudjiastuti. Son franc-parler séduit la population. « J’ai arrêté le lycée et me suis mise à travailler à l’âge de dix-sept ans, raconte-t-elle, dans son bureau de ministre. Je vendais des dessus-de-lit, des vêtements. Et, en 1996, j’ai créé ma propre entreprise d’importation de poissons. »
 
Fille de commerçants, dont la mère avait fui à l’âge de douze ans un mariage forcé, l’autodidacte, cheveux libres de toute attache, évoque sans animosité la « controverse » qui a suivi sa nomination au gouvernement. Certains n’hésitent pas à relever son « manque d’instruction » ou son célibat, elle la maman de trois enfants. D’autres estiment qu’il ne « suffit pas de savoir vendre du poisson pour connaître les problèmes maritimes ». Toujours cette condescendance et ce sexisme dont sont victimes les femmes politiques, quel que soit leur pays.
 
Pendant de longues années, l’Indonésie a détourné son regard de la mer, se privant ainsi d’une richesse à portée de main. Le gouvernement envisage de mettre fin à ce gaspillage en construisant des autoroutes maritimes et des ponts.
Il entend aussi réglementer cette industrie afin de freiner la corruption qui sévit dans l’ensemble de la société, ravagée par cette gangrène institutionnalisée. « La mer est essentielle pour la population, souligne la ministre. Or nous avons beaucoup trop de problèmes avec la pêche illégale. Ce qui fait que les travailleurs vivent en dessous du seuil de pauvreté, on doit redresser tout cela. »
 
Cette loi sur la mer intéresse particulièrement les féministes. Lesquelles y trouvent un moyen d’améliorer les conditions de vie des ouvrières. Dans son bureau de sénatrice, la présidente du groupe Femmes au Parlement, Gusti Kanjeng Ratu Hemas, précise : « Elle protège les pêcheurs et le résultat de leur travail. Les femmes sont très concernées, elles sont majoritaires dans les usines de conditionnement et dans le commerce de la pêche. »
 
PRÈS DE LA MOITIÉ DES HABITANTS VIT AVEC MOINS DE 2 DOLLARS PAR JOUR
Environ 30 % des femmes sont salariées, souvent avec des « payes anormalement basses » par rapport aux hommes, souligne Yulia Supardmo, journaliste à KompasVT. Mais elles sont beaucoup plus nombreuses à travailler au noir.
 
À Djakarta, on les voit dans chaque coin et recoin des quartiers populaires vendre des fruits, des légumes, du poisson ou encore du tissu. Elles sont bien visibles dans cette ville à l’architecture chaotique, envahie par des véhicules qui peuvent rester coincés jusqu’à quatre heures dans les embouteillages quotidiens.
 
Surpeuplée, avec 28 millions d’habitants, Djakarta s’intoxique à l’oxyde de carbone. Les quartiers chics qui abritent les gratte-ciel et centres commerciaux aux grandes marques ne peuvent dissimuler la pauvreté dans laquelle se débat 43 % de la population, en dépit d’une croissance soutenue depuis plusieurs années. L’inégale répartition des richesses produites avait été au centre de la campagne électorale du candidat Jokowi.
 
Issu et se revendiquant du peuple, le désormais président confirme sa volonté de s’attaquer à la grande misère dans ce pays pourtant admis dans le G20. Près de la moitié des habitants vit avec moins de 2 dollars par jour. La grande majorité d’entre eux a un visage féminin.
 
Un espoir souffle sur l’Indonésie. Les militantes engagées contre les discriminations sexistes, inscrites dans le marbre républicain, applaudissent des deux mains la loi sur la mer. Mais elles incitent aussi le gouvernement à aller plus loin s’il veut relever son défide développer et démocratiser le pays.
 
L’archipel surfe sur des courants modernistes et conservateurs qui s’affrontent particulièrement sur les droits des femmes. « Il est pour nous prioritaire de relever à 18 ans l’âge du mariage pour les filles. Il est actuellement à 16 ans, voire 13 dans certains villages, et de 19 ans pour les garçons », explique Listyowati, présidente de l’association Kalyanamitra.
 
Le mariage précoce induit souvent la déscolarisation des adolescentes.
 
Celles-ci sont les premières à être retirées de l’école quand les familles ne peuvent plus payer les fournitures et les tenues scolaires. « L’éducation est pourtant la clé pour l’autonomie des femmes », soutient Listyowati. Jeune femme aux cheveux cachés sous un foulard islamique, elle se dit « confiante » dans le président Jokowi. Surtout avec l’instauration d’une vraie couverture de santé, ainsi que des moyens pour la scolarité des enfants et des allocations familiales pour les plus démunis.
 
La victoire de Jokowi symbolise la vraie rupture avec la dictature. Le nouveau président est le premier à n’avoir aucun lien avec les décennies du général Suharto, renversé à l’issue d’un mouvement populaire en 1998. Jokowi veut solder le passé militaire, sanglant, et poursuivre le processus démocratique.
Sans enthousiasme excessif, les militantes, associatives ou politiques, observent avec empathie le nouveau président.
 
Elles estiment « encourageante » la nomination de huit femmes au gouvernement. Outre la Mer et la Pêche, elles occupent le ministère des Affaires étrangères, celui des Entreprises publiques ou encore celui des Forêts et Environnement. Mais les militantes souhaitent un soutien plus affirmé dans leur lutte pour une juste représentation des femmes dans les lieux de décision, comme l’Assemblée nationale ou le Sénat. Si 26 % d’entre elles siègent dans cette dernière instance, elles ne sont que 17 % au sein de la première.
En Indonésie, le mouvement des femmes a une longue tradition de lutte. Parmi les victimes du massacre, en 1965, de 500000 personnes, dont une grande majorité de communistes, figuraient de nombreuses féministes.
 
Dans les années quatre-vingt-dix, le mouvement a fait pression pour obtenir un quota de 30 % de candidates aux élections législatives. Octroyé en 2003, il a ensuite été décrété non conforme à la Constitution. Aujourd’hui, le débat est relancé. « On veut créer un réseau au niveau national et local », explique la présidente du groupe Femmes au Parlement. « Nous allons inciter les partis à placer les femmes en position éligible », souligne-t-elle.
 
De son côté, l’association Kalyanamitra encourage les villageoises et les habitantes des quartiers populaires à prendre la parole et le pouvoir au sein des assemblées locales. Un travail d’éducation très difficile, selon les militantes. « Chez les musulmans, les femmes ne sont pas censées être dirigeantes. La société est foncièrement patriarcale. On pense qu’elles doivent être derrière leur époux. Il y a une mauvaise interprétation de l’islam », analyse Listyowati, dont l’association comporte autant de dirigeantes musulmanes que chrétiennes.
 
L’Indonésie est un pays aux traditions musulmanes singulières, dues en partie à l’expansion de l’islam par le biais du commerce et non par l’occupation ou la force. L’islam n’est pas la religion d’État, alors que 86 % de la population est de cette confession.
 
L’archipel reconnaît cinq autres religions et la société semble vivre respectueusement cette pluralité. Il reste que, depuis la chute du régime Suharto, la réislamisation avance par vagues successives.
 
Aujourd’hui, 75 % des musulmanes portent le hidjab. Ce qui n’empêche pas les militantes voilées de l’association Kalyanamitra de refuser l’instauration de la charia dans leur pays, de se battre contre la polygamie ou les mariages précoces.
 
Surtout, elles s’opposent fermement à ce que la loi islamique sévissant dans la province d’Aceh soit « importée dans les autres régions », explique la présidente. « Là-bas, dit-elle, il est interdit à une femme de se promener avec un homme qui ne soit pas son père, son frère ou son mari. On leur interdit de sortir seules la nuit. »
 
Djakarta, ville aux mille mosquées, redoute la montée de l’islamisme, et ses lois particulières en direction du sexe féminin. Des tests de virginité pour les lycéennes, ou ceux exigés pour entrer dans la police sont autant de ballons d’essai.
 
Dans ce climat, les militantes de Kalyanamitra préfèrent cacher leur identité féministe tout en avançant leurs revendications. « Comme je porte le voile, je suis plus facilement acceptée et je peux aisément parler des droits des femmes », explique Listyowati.
 
Le président Jokowi est confronté à un second défi: maintenir son pays loin des groupes radicaux. Il peut compter sur une société majoritairement attachée au principe de séparation du politique et du religieux, sans que la République indonésienne ne soit un État laïque. Les électeurs au scrutin présidentiel ont d’ailleurs rejeté Prabowo Subianto, le candidat rival de Jokowi, qui prône un conservatisme religieux. L’archipel en pleine mutation vit un équilibre fragile.
 

13:04 Publié dans Connaissances, International, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : indonésie, femmes | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

02/02/2015

La “lettre ouverte » d’Alexis Tsipras aux citoyens Allemands sur ce qu’on ne leur a jamais dit sur la dette Grecque

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« Chers lecteurs de Handelsblatt,

Je sais d’avance que la plupart d’entre vous ont probablement une opinion déjà formée sur le contenu de cette lettre. Je vous invite, cependant, à la lire sans préjugés. Les préjugés n’ont jamais été un bon conseiller, et encore moins à un moment où la crise économique les renforce, en entretenant l’intolérance, le nationalisme, l’obscurantisme, et même la violence.

Avec cette lettre ouverte, je souhaite vous exposer un récit différent de celui qui vous a été fait au sujet de la Grèce depuis 2010. Et je tiens aussi et surtout à exposer avec franchise les projets et les objectifs de SYRIZA, si le 26 Janvier par le choix des électeurs devient le nouveau gouvernement grec.

En 2010, l’État grec a cessé d’être en mesure de servir sa dette. Malheureusement, les dirigeants européens ont décidé de faire croire que ce problème pourrait être surmonté par l’octroi du plus grand prêt jamais consenti à un état, sous condition que certaines mesures budgétaires seraient appliquées, alors que celles ci, manifestement, ne pouvaient que diminuer le revenu national destiné au remboursement des nouveaux et anciens prêts. Un problème de faillite a été donc traité comme s’ il s’ agissait d’un problème de liquidité. En d’autres termes, l’attitude adoptée, était celle du mauvais banquier qui, au lieu d’admettre que le prêt accordé à la société en faillite a « sauté », il lui accorde des prêts supplémentaires, prétextant que les anciennes dettes restent servies et prolonge ainsi la faillite à perpétuité.

Il s’agissait pourtant d’ une question de bon sens de voir que l’application de la doctrine «extend and pretend» [étendre les maturités de la dette et prétendre que payer les intérêts ne pose aucun problème] dans le cas de mon pays aboutirait à une tragédie. Qu’au lieu de stabiliser la Grèce, l’application de ce dogme installerait une crise auto-alimentée qui sape les fondations de l’UE.

Notre parti, et moi-même, nous nous sommes opposés à l’accord de prêt de mai 2010, non pas parce que l’Allemagne et nos autres partenaires ne nous ont pas donné assez d’argent, mais parce que vous nous avez donné beaucoup plus d’argent que ce qu’il fallait et que nous pouvions accepter. De l’argent qui par ailleurs ne pouvait ni aider le peuple grec puisqu’il disparaissait aussitôt dans le trou noir du service de la dette ni arrêter l’alourdissement continu de celle-ci, obligeant de la sorte nos partenaires prolonger ce fardeau à perpétuité aux frais des citoyens.

Et cette vérité était bien connue par les gouvernants allemands, mais ils n’ont jamais voulu vous la dévoiler.

Et en effet, et avant même que la première année ne se soit écoulée et depuis 2011, nos prévisions ont été vérifiées. L’enchaînement des nouveaux prêts aux réductions drastiques des dépenses a non seulement échoué à dompter la dette, mais il a par surcroît puni les citoyens les plus faibles, en transformant les citoyens ordinaires qui avaient un emploi et un toit à des chômeurs sans-abri qui ont tout perdu, de plus, leur dignité.

L’effondrement des revenus a conduit à la faillite de milliers d’entreprises, augmentant ainsi le pouvoir oligopolistique des entreprises qui ont survécu. De ce fait, les prix diminuaient moins que les revenus tandis que les dettes, publiques et privées, ne cessaient de s’alourdir. Dans ce contexte, où le déficit d’espoir a dépassé tous les autres déficits «l’œuf du serpent » n’a pas mis longtemps pour éclore – et les néo-nazis ont commencé à patrouiller les quartiers en semant la haine.

Malgré son échec manifeste, la logique de «extend and pretend» continue à s’appliquer systématiquement encore aujourd’hui. Le deuxième accord de prêt de 2012, a ajouté une charge supplémentaire sur les épaules affaiblies de l’état grec, en réduisant les fonds de pension, en donnant un nouvel élan à la récession, en finançant aussi une nouvelle kleptocratie avec l’argent de nos partenaires.

Des commentateurs sérieux ont parlé récemment de stabilité et même de croissance à propos de mon pays pour « prouver » que les politiques appliquées ont été efficaces. Aucune analyse sérieuse ne soutient cette «réalité» virtuelle. L’ augmentation récente de 0,7% du revenu national réel ne marque pas la fin de la récession mais sa poursuite, puisqu’elle a été réalisée dans une période d’inflation de 1,8%, ce qui signifie que (en euros) le revenu national a continué de baisser. Simplement, il diminue moins que la moyenne des prix – tandis que les dettes augmentent.

Cet effort de mobilisation des «statistiques grecques», pour démontrer que l’application de la politique de la troïka est efficace en Grèce, est outrageant pour tous les européens qui ont enfin le droit de connaître la vérité.

Et la vérité est que la dette publique grecque ne peut pas être honorée tant que l’économie sociale grecque se trouve en situation de simulation de noyade budgétaire (fiscal waterboarding).

En outre, persévérer dans ces politiques misanthropes et sans issue, dans le refus de reconnaître une simple question d’arithmétique, coûte au contribuable allemand et condamne en même temps un peuple fier à l’indignité. Et le pire: de cet fait, les Grecs se retournent contre les Allemands, les Allemands contre les Grecs, et l’idée d’une Europe Unie Démocratique est offensée cruellement.

L’Allemagne, et plus particulièrement le contribuable allemand qui travaille dur n’a rien à craindre d’un gouvernement SYRIZA. Au contraire. Notre objectif n’est pas d’entrer en conflit avec nos partenaires. Notre objectif n’est pas d’obtenir des prêts supplémentaires ou un blanc-seing pour de nouveaux déficits. Notre objectif est la stabilité économique, des budgets primaires équilibrés et, bien sûr, la cessation des saignées fiscales opérées sur les contribuables depuis quatre ans par un accord de prêt inadéquat aussi bien pour la Grèce que pour l’Allemagne. Nous exigerons la fin de l’application du dogme «extend and pretend» non pas contre le peuple allemand, mais pour le bénéfice de nous tous.

Je sais, chers lecteurs, que derrière les demandes d’une «stricte application des accords» se cache la peur que « si nous laissons les Grecs de faire ce qu’ils veulent, ils vont refaire le même coup». Je comprends cette inquiétude. Mais ce n’était pas SYRIZA qui a érigé en institutions dans mon pays la collusion des intérêts privés et la kleptocratie qui feignent de se soucier de l’observation «des accords» et des réformes puisque celles ci ne les affectent pas, comme le démontrent les quatre dernières années des réformes engagées par le gouvernement Samaras sous la direction de la troïka. Nous, nous sommes prêts à entrer en conflit avec ce système afin de promouvoir des réformes radicales au niveau du fonctionnement de l’état, en établissant la transparence de l’administration publique, la méritocratie, la justice fiscale, la lutte contre le blanchissement d’argent. Ce sont ces réformes que nous soumettons à l’appréciation des nos citoyens aux prochaines élections.

Notre objectif est la mise en place d’ un New Deal pour l’ensemble de la zone euro qui permettra aux grecs comme à l’ensemble des peuples européens de respirer, de créer, de vivre avec dignité. Avec une dette publique socialement viable. Avec une croissance qui est stimulée par des investissements publics financés – seul moyen de sortir de la crise – et non pas par la recette échouée de l’austérité qui ne fait que recycler la récession. En renforçant la cohésion sociale, la Solidarité et la Démocratie.

Le 25 Janvier en Grèce, une nouvelle opportunité surgit pour l’Europe. Ne ratons pas cette chance ».

Alexis Tsipras

(Traduction:Vassiliki Papadaki)

Source: http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-la-le...

Version anglaise: Open letter to the German readers: That which you were never told about Greece 

http://syriza.net.gr/index.php/en/pressroom/253-open-lett...

URL: http://arretsurinfo.ch/la-lettre-ouverte-dalexis-tsipras-.../

06/01/2015

UKRAINE : Les néonazis fêtent le Nouvel An

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Le ministère de la Défense ukrainien a décidé de mettre à disposition d’un groupe fasciste les bases d’entraînement de l’armée. Le cortège ressemble à un défilé nazi des années 1930 en 
Allemagne.

Regards hostiles, tenues de camouflage, torches flamboyantes serrées dans les poings. Les images d’Euronews sont éloquentes. À Kiev, le soir de la première journée du Nouvel An 2015 charrie des relents nauséabonds que l’on croyait réservés 
aux pellicules sépia de la dernière guerre.

Ils sont des milliers de partisans des mouvements d’extrême droite Svoboda et Pravy Sektor à défiler dans les rues de la capitale ukrainienne. Les banderoles explicites s’agitent : « Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros ! Gloire à la nation ! Mort aux ennemis ! » Des hommes en treillis, d’autres en civil portent un étendard rouge au cœur duquel trône l’effigie de Stepan Bandera, né il y a cent six ans.

L’anniversaire du chantre de l’ultranationalisme ukrainien est d’ailleurs prétexte à ce rassemblement.En ce début d’année plein d’incertitudes quant à l’issue de la crise ukrainienne, 
le symbole est loin d’être innocent et la référence au soi-disant « libérateur » de la nation ukrainienne moderne et ennemi juré de l’Union soviétique a de quoi inquiéter. Il suffit de convoquer l’histoire pour s’en rendre compte.

La démonstration de force 
devrait sonner comme un rappel pour les Occidentaux

naziselle.jpgStepan Bandera est approché en 
février 1941 par les nazis. Il lui est demandé de créer une résistance intérieure pour endiguer l’avancée de l’Armée rouge. Bientôt, il forme une légion ukrainienne à la solde des SS, et le 25 juin de la même année, ses hommes commettent une série de pogroms contre les juifs de la plus grande ville occidentale du pays, Lviv.

Le 30 juin, alors que la Wehrmacht a repoussé l’Armée rouge hors de la région, Stepan Bandera et quelques milliers d’Ukrainiens accueillent l’armée allemande en libératricers. Le même jour, les nazis établissent un gouvernement à Kiev avec le leader nationaliste à sa tête.

L’accord passé entre Stepan Bandera et le Troisième Reich est sans équivoque : «  L’État ukrainien nouvellement formé travaillera en étroite collaboration avec le national-socialisme de la Grande Allemagne, sous la direction de son chef, Adolf Hitler, qui veut créer un nouvel ordre en Europe et dans le monde et aider les Ukrainiens à se libérer de l’occupation soviétique. »

Depuis le début du conflit qui mine l’Ukraine, le Kremlin a souvent dénoncé le caractère néonazi de la révolution de Maïdan et si les affirmations de Vladimir Poutine ne font certes pas office de vérité révélée, la démonstration de force de ce début d’année devrait sonner comme un rappel pour les Occidentaux, Européens en tête, qui, jusqu’à présent, restent désespérément neutres.

Il y a un peu plus d’un mois, l’Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution proposée par le Brésil et la Russie condamnant la glorification du nazisme. Avec les États-Unis et le Canada, l’Ukraine avait été l’un des trois États à voter contre cette résolution. L’ensemble des membres de l’Union européenne se sont quant à eux étrangement abstenus, y compris l’Allemagne et les pays ayant eu de fortes accointances avec le régime nazi…

De fait, la décision prise hier par le ministère de la Défense ukrainien de mettre ses bases d’entraînement à la disposition du Pravy Sektor – à la fois parti dont des députés participent à la politique menée par Porochenko, mais aussi véritable milice armée et supplétif de l’armée classique ukrainienne – révèle de plus en plus la nature duplice de ce régime. « L’initiative de créer une unité conjointe a été lancée par les nationalistes, et les militaires ont accepté cette idée », a précisé la chaîne 
de télévision TSN. « Le groupe ultranationaliste ukrainien Pravy Sektor et le ministère de la Défense ont convenu de former un bataillon “polyvalent” dans la région de Vinnitsa dans le centre du pays », rapportent également les médias locaux.

L’exact contraire de ce que prônait ce week-end Kenneth Roth, le directeur exécutif de Human Rights Watch, inquiet de l’autonomie des milices d’extrême droite et des exactions commises : « Nous souhaiterions que ces bataillons intègrent le système du ministère de la Défense ou de l’Intérieur.

Il importe que cela ne se fasse pas que pour la forme, mais que cela contribue à l’affirmation de la discipline et au respect des dispositions des conventions de Genève. » Le fait que Pravy Sektor soit à l’initiative de ce rapprochement avec l’armée ukrainienne et non l’inverse, comme le souhaitait Kenneth Roth, a en effet de quoi surprendre et confirme le glissement progressif de l’Ukraine dans un ultranationalisme assumé au su et au vu d’une Union européenne qui, pour l’instant, campe sur ses positions antirusses.

Les horreurs liées au nazisme n’appartiennent pourtant pas qu’aux livres d’histoire, comme le rappelle pudiquement le responsable de Human Rights Watch : « Nous sommes préoccupés par de nombreuses violations des droits de l’homme de la part des bataillons composés de volontaires. » La sonnette d’alarme est tirée. Y aura-t-il des hommes à Bruxelles et ailleurs pour l’entendre ?

Stéphane Aubouard, l'Humanité

20:06 Publié dans Actualités, Histoire, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, nazis, manifestation | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!