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19/09/2008

une crise structurelle du capitalisme

Entretien avec Michel Husson, économiste à l’IRES, membre du Conseil scientifique d’Attac (1).

Comment analysez-vous la crise financière actuelle ?

bourse1.jpgLa crise actuelle est plus qu’une crise bancaire, parce qu’elle met en cause la configuration de l’économie mondiale. Celle-ci revêt trois grandes caractéristiques. La première est la baisse de la part salariale à l’échelle mondiale. Mais l’augmentation des profits qui en résulte ne conduit pas à un surcroît d’accumulation productive. Le profit non investi augmente régulièrement et va nourrir la sphère financière. Celle-ci augmente ensuite en fonction des déséquilibres de l’économie mondiale : déficit commercial des Etats-Unis d’un côté, excédents de l’Europe, du Japon, des pays « émergents » et/ou producteurs de pétrole, de l’autre. Le besoin de financement de l’économie étasunienne se creuse et nécessite une arrivée de flux de capitaux croissants. Enfin, la déréglementation financière rend impossible le contrôle de ces flux financiers qui parcourent le monde à la recherche de rendements extravagants. Le résultat, c’est les bulles successives (la Net-économie puis l’immobilier, etc.) et, depuis 15 ans, une série de crises financières localisées (Mexique, Argentine, Asie du Sud-Est, etc.).

Pensez-vous, comme certains, que cette crise est la plus grave depuis 1929 ?

La différence avec 1929, c’est que les gouvernements comprennent mieux qu’alors les mécanismes de la crise. Celle-ci est née de l’éclatement de la bulle immobilière et c’est un phénomène relativement classique. Mais ce qui est nouveau, c’est la réaction en chaîne qu’elle a déclenchée. La déréglementation financière et la « titrisation » ont conduit à une imbrication très profonde, mais aussi extrêmement opaque, entre banques d’affaires et fonds spéculatifs. On découvre tous les jours l’ampleur des pertes cumulées, que le FMI vient d’évaluer à 945 milliards de dollars. L’immensité de ces pertes explique pourquoi les interventions des banques centrales n’ont pas pu enrayer le mouvement. La Fed a baissé ses taux en dessous de l’inflation, injecté des liquidités, racheté de fait une grosse banque d’affaires (Bear Stearns) et échangé 200 milliards de dollars de Bons du trésor contre des crédits hypothécaires douteux. Mais rien n’y fait : le marché de l’immobilier continue à plonger, et chaque jour apporte sa mauvaise nouvelle. Une telle crise ne peut rester cantonnée à la sphère financière, ni aux Etats-Unis : ces derniers sont en récession, et le FMI vient encore de réviser ses prévisions à la baisse pour l’économie mondiale. Il prévoit pour la France une croissance de 1,4 % en 2008 et de 1,2 % en 2009 et ne prévoit un rebond qu’en 2010.

Quelles sont les perspectives ?

On est enlisé dans la crise pour au moins deux ans. Elle a en plus un caractère irréversible : le modèle de croissance des Etats-Unis vient d’exploser en vol et on ne voit pas bien comment il pourrait être rafistolé. Ce modèle reposait sur un double mécanisme : d’un côté, la baisse régulière du taux d’épargne des ménages (près d’un demi-point chaque année) et, de l’autre, l’augmentation tout aussi régulière du déficit commercial. C’est la consommation qui tirait la croissance des Etats-Unis, soutenue par un recours croissant à l’endettement. Il s’agissait donc d’une croissance à crédit qui devait être couverte par des entrées de plus en plus massives de capitaux en provenance du reste du monde. Ce système de vases communicants ne peut plus fonctionner : à cause de la ruine de millions de ménages et en raison de la baisse du dollar. Le dollar n’a jamais été aussi faible et instable, et les taux d’intérêt ne sont plus attractifs, si bien que les capitaux vont cesser d’entrer, si ce n’est déjà fait. La grande inconnue est alors le modèle de rechange qui devrait remettre en cause les incroyables inégalités de revenus qui existent aux Etats-Unis. Tout le supplément de croissance des dernières années a en effet été capté par une couche sociale très étroite et le salaire moyen n’a pratiquement pas augmenté. Pour passer à un régime de croissance plus équilibré, il faudrait écrêter les plus hauts revenus. Le prochain gouvernement voudra-t-il ou pourra-t-il mettre en oeuvre un New Deal qui éviterait à la grande masse des salariés de ne pas payer les pots cassés de la haute finance ?

Vous avez signé l’appel international des économistes contre la liberté de mouvement des capitaux en Europe (http://www.stop-finance.org/). Pourquoi ?

Parce qu’il est bien ciblé, ce qui explique son succès. Il montre que l’ampleur de la crise « d’intervenir au cœur du « jeu », c’est-à-dire d’en transformer radicalement les structures » et constate qu’au sein de l’Union européenne, « toute transformation se heurte à l’invraisemblable protection que les traités ont cru bon d’accorder au capital financier ». Il propose ensuite deux objectifs précis : l’abrogation de l’article 56 du Traité de Lisbonne et la restriction de la « liberté d’établissement » prévue à l’article 48 qui interdisent toute restriction aux mouvements de capitaux. Cela ne suffit certes pas à définir une politique globale mais de mener concrètement campagne autour de la question-clé, celle d’un nécessaire contrôle des capitaux. Et l’Europe est un ensemble économique assez vaste et intégré pour qu’une autre politique puisse être envisagée à ce niveau.

Face à ce monde dominé par le libre-échange et les marchés financiers où se développent ces crises, peut-on faire autrement ?

Nous sommes face à un capitalisme qui a échappé à tout contrôle. Lutter contre ses dérives financières doit conduire à remettre en cause la liberté absolue de circulation des capitaux mais aussi, plus fondamentalement, l’exploitation croissante des travailleurs à travers le monde. Il faut, autrement dit, fermer « à la source » le robinet qui alimente la spéculation. L’objectif est de mettre l’économie au service des besoins sociaux, et cette aspiration permet, à travers la lutte contre la mondialisation financière, de fonder un nouvel anticapitalisme.

Propos recueillis par Benoît Pradier

(1) Michel Husson est l’auteur de Un pur capitalisme, Editions Page Deux.

Entretien publié dans l'Humanité

19:48 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, crise, bourse | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

08/09/2008

Le suicide au bout de l’expulsion

logement . Chassée de son HLM par un huissier le jour de la rentrée scolaire, à Istres, Morgane, 33 ans et mère de trois jeunes enfants, s’est jetée dans le vide.

Istres (Bouches-du-Rhône), correspondant régional.

Pyr2.JPGEn enjambant la rambarde de son balcon, elle a sans doute porté son regard en bas, vers la cour de l’école du Clos-de-la-Roche où, une heure auparavant, son fils de quatre ans avait fait sa rentrée en maternelle. Mardi dernier, sur le coup des 9 heures 30, avant de se jeter dans le vide, Morgane S., trente-trois ans, a sans doute aussi eu une pensée pour son grand de onze ans dont elle n’avait plus la garde, confiée aux grands-parents, et à son petit dernier de dix-huit mois, galopant entre des matelas posés à même le sol dans l’appartement. Peu avant, son compagnon a ouvert à l’huissier qui, escorté d’un policier, d’un serrurier et de déménageurs, est venu lui signifier qu’elle était expulsée de son appartement, au quatrième et dernier étage de l’immeuble qu’elle occupait depuis deux ans. Chutant d’une dizaine de mètres de hauteur, sur une maigre pelouse en bordure d’un trottoir, Morgane ne se tue pas sur le coup. Son agonie durera une demi-heure.

« J’ai entendu le bruit sourd qu’a fait son corps en arrivant au sol, c’était atroce », raconte son voisin du rez-de-chaussée, Freddy Viale, qui se trouve être aussi le président du comité de défense des locataires de ce quartier de Rassuen. « J’ai appelé les pompiers et le médecin qui m’a dit de la tenir en éveil jusqu’à son arrivée. Je lui ai tenu la main, elle me disait qu’elle avait très mal. Ils ont tout tenté jusqu’à des massages cardiaques pour la sauver mais en vain. C’était une jeune femme joviale et gentille… » Marc Einaudi, conseiller municipal PCF, élu du quartier, est arrivé sur les lieux, alerté par un policier municipal, et a vu mourir la jeune mère de famille. « J’ai aussitôt pensé à ce gamin qui part pour son premier jour d’école le matin et qui le soir n’a plus ni sa maman ni sa chambre. Ce qui s’est passé est vraiment ignoble ! »

Comportement indigne de l’huissier

Le comportement de l’huissier mandaté par l’office HLM (l’OPAC des Bouches-du-Rhône) a particulièrement indigné les témoins du drame. Pas seulement parce qu’il est intervenu en cette matinée de rentrée scolaire, chargée pour tout parent d’émotion et de symboles. Alors que Morgane était allongée, mourante, Freddy Viale affirme avoir vu cet huissier se pencher au balcon de l’appartement et lancer, comme si rien ne s’était passé, aux déménageurs : « Allez on continue, on commence par la cuisine ! » Ce qui aurait entraîné la protestation des personnes chargées de faire place nette dans l’appartement. Ce qui est sûr, c’est que l’huissier n’est pas descendu du quatrième et s’est discrètement éclipsé après en avoir terminé avec la saisie du modeste mobilier. « L’ordinateur devant lequel, ces derniers temps, Morgane passait ses journées, était son seul bien précieux », précise Freddy Viale.

« Dans un autre quartier populaire d’Istres où les gens se serrent un peu plus les coudes qu’ici, cet huissier aurait connu un plus mauvais sort ! » ne décolère pas le communiste Marc Einaudi, tout en s’interrogeant sur les raisons profondes qui ont poussé la jeune femme au suicide. Car, comme le souligne Freddy Viale, à peu près dans les mêmes termes que le maire (DVG) François Bernardini, « une dette à l’office HLM d’un peu plus de dix mille euros, ça doit pouvoir s’arranger à notre époque ! » D’autant plus, s’empresse-t-il d’ajouter, que « les services sociaux de la mairie lui ont vraiment tendu la main. Mais elle ne l’a pas saisie. Elle s’est repliée sur elle-même. Peut-être la honte de demander de l’aide alors que le père de ses enfants est salarié dans la sidérurgie à Fos-sur-Mer. Mais ces derniers temps, il ne lui rendait visite qu’occasionnellement pour apporter de la nourriture. Et ce n’était pas la première fois que l’huissier venait. Avec toutes ces assignations et ces mises en demeure, elle était sous pression ». Une voisine dont le mari est un collègue de travail du compagnon de Morgane confirme : « Depuis quelques semaines, elle avait changé de caractère, elle vivait en vase clos. »

Son - ultime - geste de désespoir est d’autant plus douloureusement ressenti à Istres que cette commune, comme le rappelle Marc Einaudi, est plutôt « au-dessus de la moyenne départementale » en matière d’aide et de logements sociaux. Bordé par un étang et ceint de grands pins parasols, l’immeuble où habitaient Morgane et ses deux enfants (désormais confiés à leurs grands-parents) n’a rien de blême. Les loyers sont en moyenne de 320 euros par mois et, apparemment, la famille monoparentale du quatrième était la seule à connaître de graves difficultés financières. Même si, comme souvent, les liens sociaux se sont relâchés, « la solidarité entre résidents renaît dans les moments difficiles. Comme quand, par exemple, EDF nous a malencontreusement balancé du 380 volts, ce qui avait fait péter tous nos appareils ménagers l’hiver dernier », raconte Freddy Viale.

des pratiques inacceptables

Reste que ce qui s’est passé ici le 2 septembre 2008 renvoie à des pratiques indignes et inacceptables. Qui plus est dans une agglomération qui recèle la piste d’aviation la plus longue d’Europe d’où partent toutes les coûteuses expéditions militaires françaises et qui est en mesure d’accueillir, en cas de détresse, une navette spatiale.

Philippe Jérôme, L'Humanité

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05/09/2008

71% des français ne sont pas satisfaits de la société

NOUVELOBS.COM

manifpcf271007.jpg71% des Français (78% des électeurs de gauche) ne sont pas satisfaits de "la société dans laquelle nous vivons". Pour 47% des sondés, le gouvernement doit agir en priorité en faveur du pouvoir d'achat.

 

 

Selon un sondage Viavoice pour L'Humanité , près de trois français sur quatre (71%) ne sont pas satisfaits de la société actuelle. Pour 47% des sondés, le gouvernement doit agir en priorité en faveur du pouvoir d'achat.
71% des Français (78% des électeurs de gauche) ne sont pas satisfaits de "la société dans laquelle nous vivons", tandis que 28% (21% des électeurs de gauche) se disent satisfaits et 1% ne se prononce pas. Pour 60% des sondés, il faut changer "rapidement les choses" et pour 40%, "progressivement".
35% des sondés estiment que le gouvernement doit agir pour réduire les inégalités et 34% pour les créations d'emploi.
Par ailleurs, interrogés sur le Parti communiste français, 66% des sondés affirment en avoir une opinion négative, contre 28% qui ont une opinion positive, 6% ne se prononçant pas. Parmi les électeurs de gauche, 41% ont une opinion positive et 53% l'opinion inverse.

"Potentiel de vote" communiste de 19%


Les personnes interrogées sont plus indulgentes avec l'apport du PCF au cours de son histoire: 50% (62% des électeurs de gauche) estiment que "ce que le PCF a apporté à la France" est positif, tandis que 43% (30% des électeurs de gauche) le jugent négatif (7% ne se prononcent pas).
7% des Français affirment voter "certainement" communiste si l'élection présidentielle avait lieu dimanche prochain et 12% voteront "probablement", soit un "potentiel de vote" communiste de 19%, selon le sondage. A la présidentielle de 2007, la candidate communiste Marie-George Buffet n'avait recueilli que 1,93%.
Du côté des alliances, 36% des Français (et 39% des électeurs de gauche) estiment que le PCF devrait privilégier l'alliance avec le PS, tandis que 21% (24% des électeurs de gauche) prônent le rapprochement avec la LCR ou le NPA d'Olivier Besancenot.
Sondage réalisé par téléphone du 20 au 22 août, selon la méthode des quotas auprès d'un échantillon représentatif de 1.029 personnes âgées de 18 ans et plus. Notice disponible auprès de la commission des sondages.

10:10 Publié dans Actualités | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, pouvoir d'achat | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

01/09/2008

Statistiques d'état civil sur les naissances en 2007

kais4.jpgDes naissances toujours très nombreuses

En 2007, 786 000 naissances ont été comptabilisées en France métropolitaine et 33 600 dans les départements d'outre-mer, soit un total de 819 600. Malgré un repli par rapport à l'année 2006, le nombre des naissances demeure supérieur à celui des vingt-cinq dernières années.

Les femmes âgées de 20 à 40 ans concentrent 95 % des naissances. Cependant, le nombre de naissances de mères de 35 ans ou plus continue de progresser en France métropolitaine et dans les départements d'outre-mer : 172 130 en 2007, soit 3 200 de plus qu'en 2006. La part de ces nouveau-nés augmente également pour représenter 21 % de l'ensemble des naissances (20,3 % l'année précédente et 15,6 % il y a dix ans).

En 2007, les naissances hors mariage poursuivent leur progression (tableau 34) : elles sont en augmentation par rapport à l'année précédente (51,7 % de l'ensemble des naissances contre 50,5 %) et sont majoritaires en France (Métropole et départements d'outre-mer), comme en France métropolitaine. Il y a dix ans, cette proportion était de 41 %.

Au cours de la dernière décennie, la part des enfants nés de mère de nationalité étrangère a progressé (tableau 37) passant de 9,6 % en 1997 à 12,7 % en 2007.

12:06 Publié dans Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : naissances, 2007, france | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!