11/02/2018
NELSON MANDELA LIBRE !
Il y a 28 ans, dans l’après-midi du 11 février 1990, Nelson Mandela était libéré. Le leader de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud aura passé 27 ans 6 mois et 6 jours en prison.
Il dira plus tard en recevant le Prix Nobel de la Paix: « Qu'il ne soit jamais dit par les générations futures que l'indifférence, le cynisme et l'égoïsme nous ont empêchés d'être à la hauteur des idéaux humanistes. Que chacune de nos aspirations prouve que Martin Luther King avait raison, quand il disait que l'humanité ne peut plus être tragiquement liée à la nuit sans étoiles, du racisme et de la guerre. Que les efforts de tous prouvent qu'il n'était pas un simple rêveur quand il parlait de la beauté de la véritable fraternité et de la paix, plus précieux que les diamants en argent ou en or. »
Le prix de la paix
(Ou lettre à ceux qui se croient trop riches pour donner.)
Hiroshima violée,
une journée
-rappelez-moi la date-
y'a trop de dates
et si peu de mémoire…
Une bombe a fécondé la vierge
de mort-nées,
de prématurés,
et d'enfants pleins de haine….
Qui tuent le matin,
puis se souviennent la nuit ;
Puis retuent le matin,
et se ressouviennent la nuit
du viol public….
Ali a sept ans,
cela ne signifie pas qu'il est enfant,
mais qu'il était né sept ans avant…
M'man est blanche,
P'pa est noir,
je m'appelle Jimmy
et je ne dis pas les champs….
Je raconte quatre murs,
et je chante à travers mon trou,
le soleil sur Ellizabeth-ville,
et"Nous vaincrons" de Martin Luter King,
et Mandela, et la souffrance,
Et j'crache ma misère a la face de mon bourreau…
Et on demande aujourd'hui,
a Ali…et a combien d'autres ? !
De chanter la paix parmi les peuples,
de compter le nombre de leurs amis,
et de dire qu'elle est belle la vie
Ali ne peut pas savoir,
ni moi,
ni vous, non plus,
qu'il fut un temps,
ou les gens vivaient de pain, d'amour,
Et de poésie ;
Ali n'a pas le temps de savoir,
il compte les tombes pour raconter ses amis…
Moi, je sais,
c'est mon rêve, chaque nuit…
Vous vous saviez,
mais vous ne rêvez plus
Depuis que les boulangers sont partis faire la guerre,
et que l'amour est vendu aux enchères,
et les poètes mis en cage…
Mais moi,
je crois en Hikmet
et je lis Moloise ;
Et je vous dis qu'un jour,
Vous écouterez ma voix qui n'est pas
belle,
vous lirez mes poèmes qui ne sont pas
beaux,
parce qu'il vous chanteront l'espoir,
et Ali, Et les autres,
et pour avoir la paix,
Vous serez prêts à payer….
Fin 1985.
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25/01/2018
Vera Baboun, une voix libre à Bethléem
Vera Baboum, Palestinienne, chrétienne, première femme élue maire de Bethléem en 2012, vient à Strasbourg, le 27 janvier 2018 à l'invitation d'une association interculturelle (chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, hindouistes), les Sacrées Journées.
Son récit autobiographique constitue à l'encontre de l'occupation et tout particulièrement du mur d'annexion un acte d'accusation d'autant plus marquant qu'il émane d'une femme étrangère à tout extrémisme, à tout fondamalisme, et qui parle de personnes juives israéliennes de son entourage (telle son enseignante à l'Université hébraîque) avec beaucoup de respect et de tendresse.
Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen, Humanité Dimanche.
A cette occasion nous vous proposons un article de Marie Malzac publié le 24/12/2016, pour La Croix
Première femme à devenir maire de Bethléem, cette Palestinienne chrétienne veut être facteur de changement dans le contexte enlisé du conflit.
Casque jaune vissé sur la tête, elle avance d’un pas décidé dans les rues désertes et sombres de la petite ville italienne de Norcia, au centre de la péninsule, durement frappée par un violent tremblement de terre quelques semaines plus tôt. En ce mois de décembre, le froid est mordant.
De part et d’autre de la voie, les vitrines des commerces laissent entrevoir les chaises renversées, des objets éparpillés sur le sol. Arrivée sur la place centrale de la commune, considérée comme l’un des plus jolis bourgs du pays, Vera Baboun stoppe net, visiblement émue. Sous ses yeux, la place Saint-Benoît semble un champ de ruines. De la basilique médiévale, il ne reste que la façade.
Sa vie bascule en septembre 1990, trois ans après le début de l’Intifada
« Cette ville a été éprouvée, comme l’est la mienne, je ne pouvais pas repartir chez moi sans manifester ma proximité dans la souffrance des Italiens frappés par cette tragédie. » Chez elle, c’est Bethléem, ville palestinienne dont elle est maire depuis 2012, loin de l’Italie où elle est en déplacement ce jour-là à l’invitation de la mairie d’Assise, liée par un jumelage à sa ville.
Des épreuves, cette femme, vêtue sobrement, coiffée et maquillée avec soin, en a aussi traversé avant de devenir la première femme à occuper ce poste, comme elle le raconte dans son livre Pour l’amour de Bethléem. Ma ville emmurée, écrit avec Philippe Demenet et paru chez Bayard en novembre (1).
En septembre 1990, trois ans après le début de l’Intifada, le soulèvement palestinien contre Israël (2), sa vie bascule. Vera se souvient de cette nuit du 19 septembre comme si c’était hier. « Ils ont frappé à minuit quinze. » Plusieurs soldats israéliens en armes sont à la porte. « Ils ont réclamé mon mari, par son nom, Johnny », explique-t-elle. « Je leur ai simplement demandé de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller mes enfants : je ne voulais pas qu’ils restent avec cette image, qui les aurait traumatisés à vie. »
« Lorsqu’ils ont fermé la porte de notre petit appartement, j’ai dit à mon mari, qu’ils emmenaient, comme c’est l’usage en arabe : que Dieu te garde, poursuit-elle. Je n’avais aucune idée de ce qui était en train de se passer. »
« Quelque chose s’était brisé dans son regard »
Johnny incarcéré pour faits de résistance – non violente, elle tient à le préciser –, la jeune femme de 26 ans se retrouve seule avec trois enfants en bas âge, et sans nouvelles de lui pendant plusieurs semaines.
Un jour, alors que les soldats repassent chez elle pour récupérer une clé dans le garage automobile que dirigeait son mari, ils lui proposent, comme une faveur, de venir le voir. « Il attendait, menotté dans une voiture un peu plus haut. Je l’ai vu par la fenêtre. Ses yeux étaient toujours aussi bleus et aussi beaux, mais quelque chose s’était brisé dans son regard. »
Désemparée, Vera sait qu’elle ne peut pas baisser les bras. Alors qu’elle cherche un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille, on lui propose d’enseigner l’anglais à l’université de Bethléem qui vient de rouvrir après avoir été fermée durant la « guerre des pierres ». Bientôt, elle se rend compte que ce salaire ne peut suffire, et pour parvenir à un poste plus important, décide de commencer un master à l’Université hébraïque de Jérusalem.
« Les bénédictions et les grâces se cachent au cœur des souffrances »
« Vous imaginez ? En pleine Intifada, une Palestinienne se rendant à Jérusalem pour des études dans un établissement israélien ! », lance-t-elle l’index levé, comme étonnée de sa propre audace. D’où lui est venue cette force ? « J’ai cru en moi, même quand j’étais la seule à le faire. »
Ces trois années séparées de son mari seront fondatrices. Un jour, alors qu’elle revient avec ses enfants d’une visite à la prison, Vera se souvient d’une phrase entendue des années auparavant, dans une homélie prononcée par un prêtre à Sainte-Catherine, l’église latine adjacente à la basilique de la Nativité. « Les bénédictions et les grâces se cachent au cœur des souffrances. » Elle en fera sa devise.
À sa sortie de prison, Johnny souffre de plusieurs problèmes de santé, liés au stress et aux conditions de détention. Mais le couple se soutiendra encore plusieurs années dans la maladie – Vera subira elle aussi une importante opération – et dans l’éducation des enfants – deux autres naîtront entre-temps –, jusqu’à sa mort, en 2007. La douleur est vive. Mais là encore, elle ne peut abandonner. « Je lui dois bien ça ; Johnny a tant donné pour sa famille et pour son pays… »
« Les pires des murs, ce sont ceux que nous intériorisons »
Aujourd’hui, de son bureau, elle contemple au quotidien la place de la Mangeoire, où se trouve la basilique qui abrite le lieu identifié comme celui de la naissance du Christ. « J’y puise mon courage, l’envie de continuer de me battre pour Bethléem et pour la Palestine, dit-elle. Ici, c’est tous les jours Noël, car nous vivons avec ce mystère de l’Incarnation sous notre regard en permanence, mais chaque jour porte aussi son lot de difficultés. »
Encerclée par le mur de séparation érigé par Israël à partir de 2002 et cernée par de nombreuses colonies, la ville souffre de l’étranglement économique, entraînant chômage et exil. « Les pires des murs, clame-t-elle pourtant, ce sont ceux que nous intériorisons. »
Résister. Encore et toujours. Y compris contre « la haine qui pourrait naître dans son peuple ». Comme un leitmotiv, ce mot revient dans la vie de cette femme aux traits énergiques, où apparaissent ponctuellement des expressions de douceur.
Femme, chrétienne, palestinienne
« Nous sommes un peuple résilient, mais cela ne doit pas se transformer en acceptation d’une situation injuste. » Elle poursuit : « Il faut nous aimer nous-mêmes, aimer nos corps, que l’occupation voudrait contraindre, aimer nos bras, nos jambes, nos voix, tout ce qui nous constitue. »
Femme, chrétienne, palestinienne. Femme dans un monde où le pouvoir appartient aux hommes, chrétienne dans une ville à majorité musulmane, Palestinienne et donc citoyenne d’un pays occupé : autant d’identités qui auraient pu l’enfermer, à l’image de ce mur « qui défigure nos collines ».
Avant de partir pour Norcia, Vera Baboun a voulu saluer les clarisses. Après s’être entretenue avec elles au parloir, elle passe dans l’église Sainte-Claire, qui conserve notamment le célèbre crucifix de saint Damien, celui qui, selon la tradition, s’adressa au « Poverello » pour lui demander de « rebâtir sa maison en ruines ».
« Ma famille est toujours passée avant ma vie professionnelle »
Même si le temps presse, elle veut se recueillir quelques instants. Elle tombe à genoux. La femme orientale, la foi chevillée au corps, prend le dessus. « C’est dans la Croix que je me ressource, sans elle, il n’y a pas de salut. »
Peu après, en voiture sur les routes vallonnées de l’Ombrie, elle évoque sa famille. « J’ai élevé mes enfants et je crois ne m’être pas trop mal débrouillée », sourit-elle, malicieuse, en évoquant ses trois filles et ses deux garçons. « Ma famille est toujours passée avant ma vie professionnelle, sans cela, rien n’a de sens, mais maintenant qu’ils sont adultes, je peux servir dans une autre mission. »
Une mission qu’elle n’aurait jamais envisagée. Devenue directrice d’un établissement scolaire après la mort de son mari, Vera Baboun se rapproche du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, dont elle apprécie « les efforts diplomatiques » pour défendre la cause palestinienne, ayant abouti à la reconnaissance d’un État par l’ONU en 2012.
Faire entendre sa voix
Mais quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle reçoit une lettre lui demandant de représenter cette formation politique aux élections municipales ! En dépit des réticences initiales de sa famille, elle relève le défi, mène campagne et remporte la victoire, il y a maintenant quatre ans.
« Toute ma vie a été un apprentissage pour construire mon langage, faire entendre ma voix, afin de pouvoir m’exprimer librement et d’être actrice dans la société. »
Fière, elle porte son histoire en bandoulière, mais attend d’« être jugée sur son action politique, pas sur ce qu’elle représente ». « Je n’ai pas la prétention de changer les choses, précise cette battante, mais je veux être un facteur de changement. »
16:12 Publié dans Actualités, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vera baboum, maire de bethléem, strasbourg | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
22/01/2018
"Voix de femmes”, de Nadia Belkacemi et Keltoum Deffous De la poésie comme instinct de survie
Dans la collection “Regards croisés” est paru Voix de femmes, un bel échange de vers entre Nadia Belkacemi et Keltoum Deffous, qui ont voulu, chacune avec sa sensibilité singulière, donner la voix à cette Femme qui, très souvent, trop souvent, souffre en silence.
À travers leurs poèmes dont Naissance ; Vers mon nuage ; L’honneur ; Rallumer mes cendres ; Le sourire de ma mère ; ou encore Silence, on crie, nos deux poètes – ou devrions-nous plutôt dire “poétesses” pour marquer ce féminin et accentuer encore sa présence dans une société misogyne ? – se veulent les porte-voix de ce “sexe faible” toujours soumis à l’asservissement des uns et à la vindicte des autres.
Elle dénoncent cette “Soumission déshérence/Femmes aux douleurs séculaires, de leur naissance aux accouchements” ; l’une refuse de se taire et nous dira : “J’ai mis à nu mon âme, à cet exorciste je confie/Les fantômes du passé, hantises de la petite fille/Avec le temps guérisseur, elle fêta à la vie, un défi.” L’autre renchérira toute fière : “Ma sœur/Si tu t’en souviens/Prends ma main et faisons ce voyage loin de nos silences…” Et de ce silence, Keltoum Deffous et Nadia Belkacemi n’en veulent plus.
Elles veulent plutôt crier haut et fort leur envie de vivre, d’aimer et de construire un bel avenir. Elles ne veulent plus que la femme subisse cette “maltraitance conjugale”, elles refusent cet étalage de vie privée sous prétexte de garantir “l’honneur” ; que dire de ces “youyous (qui) retentiront/et de ces femmes qui danseront/leur énième défloration…”. Comment oublier que “chaque fois que je veux décrire la rencontre/de deux personnes qui s’aiment…/Je vois tapi dans l’ombre/l’assassin aux aguets/Ma plume raconte alors/la haine de l’assassin”.
Et cette plume a décidé de ne pas s’arrêter d’écrire pour dire. Dire les mots de cette “femme en colère”. Et sache lecteur que “rien ne peut arrêter une femme en colère/tu as beau la blâmer, tu as beau le faire/Elle est montagne debout ; elle est rivière/Miracle est sa force, son intuition, son flair”. Et “la passion des mots” a eu le dernier mot, puisque ce recueil est né au grand plaisir des amoureux des belles lettres et de la poésie pour dire encore et toujours que tant que “l’homme qui tient la main de la femme sans sein” est là, la poétesse survivra et sa muse sera en paix et “ira chercher la paix dans ses doutes et ses certitudes…”.
Samira Bendris-Oulebsir pour DZairinfos
Voix de femmes, de Nadia Belkacemi et Keltoum Deffous,
Anep, 2017
15:56 Publié dans Livre, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nadia belhacemi, voix de femmes, algérie | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
19/01/2018
L'insolente croissance du Portugal inflige un camouflet au culte de l'austérité de Bruxelles
La réussite du modèle portugais ne vient pas des politiques de l'offre mais au contraire des politiques de la demande. Bruxelles est dans l'embarras.
Longtemps le modèle de référence en Europe a été le modèle allemand. Bruxelles en a fait régulièrement l'apologie, notamment en raison de l'exceptionnel excédent budgétaire allemand, de la dynamique de sa dette, de ses réformes permettant une exceptionnelle compétitivité. Bruxelles s'est souvent appuyé sur ce modèle pour faire pression sur les Etats.
Historiquement, ce modèle repose sur les réformes hétéroclites de l'épopée du Chancelier Schröder pour dépasser la crise des années 1990 en Allemagne. Réformes de l'assurance maladie, célèbres lois Hartz, accords de compétitivité dans les entreprises ont propulsé l'Allemagne vers l'idéal de l'économie de l'offre. L'abaissement des charges des entreprises et la hausse de la TVA ont déplacé la pression fiscale. En parallèle à cela, c'est tout le poids de l'Etat qui a été nettement diminué. Ce modèle qui repose finalement sur les entreprises, on le trouve en Autriche, aux Pays-Bas mais aussi... en Italie du Nord. Ces politiques pro-entreprises ont connu leur apogée en Europe entre 2005 et 2011, date à laquelle, en particulier, la croissance allemande a été maximale.
Mais qu'à cela ne tienne, l'Allemagne s'est essoufflée en 2013-2014 avec une croissance, certes, toujours positive. Un fait notable et loin d'être anodin, le taux de croissance du Portugal est passé au-dessus de celui de l'Allemagne en 2015-2016 et ce sera le cas probablement en 2017. Cependant, avec des excédents commerciaux qui inquiètent de plus en plus Bruxelles, l'Allemagne aujourd'hui interroge.
L'influence de l'Allemagne sur les politiques d'austérité en Europe a atteint ses limites. Car la locomotive de l'Europe ne roule désormais plus qu'à petite vitesse, en termes de croissance et d'exportations, un comble!
Pas de réforme structurelle du marché du travail pour assouplir les droits des salariés, pas d'abaissement de la protection sociale, pas de programme d'austérité comme celui du gouvernement antérieur de droite. Au contraire.
Car pendant ce temps, le petit poucet de l'Europe, longtemps décrié par Bruxelles, vient bouleverser les grandes certitudes sur les bonnes politiques amères à mener en Europe. Il s'agit du Portugal. Il y a un peu plus d'un an en juillet 2016, la Commission européenne entamait une procédure pour "déficit excessif" contre le gouvernement de Lisbonne. Mais depuis, le Portugal a réduit son déficit à 2,1% en 2016 et devrait le ramener à 1,5% cette année quand on peine en France à passer en-dessous de la barre des 4%.
Après une période historique de privatisations forcées pour obtenir les prêts de la Troïka, c'est finalement la coalition de gauche entrée au pouvoir en 2015 qui allait inverser les choses, mettant Bruxelles dans un grand embarras.
Car le modèle économique portugais qui dépasse les taux de croissance allemand aujourd'hui est totalement contraire à celui prôné par Bruxelles. Depuis 2015, la croissance réelle du Portugal s'est nettement redressée après des années noires, celles de la Troïka, durant lesquelles les taux de croissance étaient même négatifs de 2011 à 2013. Aujourd'hui, les taux de croissance du Portugal dépassent ceux de l'Allemagne. Si le taux de chômage frôlait les 17% avec les politiques d'austérité en 2013, celui-ci a décru fortement depuis 2015 pour atteindre 8% en 2017 selon toute probabilité.
Une baisse remarquable, du jamais vu. Le Portugal bénéficie également d'une forte reprise de la consommation depuis 2 ans, jointe à un excédent de la balance des biens et services. Les investissements productifs en pourcentage du PIB se rapprochent même de ceux de l'Allemagne, c'est à dire 16,5% contre 20% pour l'Allemagne.
Avec une amélioration continue du capital humain, on observe également une belle chute des crédits au secteur privé quand l'épargne est en hausse constante depuis deux années. L'inflation quant à elle est totalement maîtrisée, même plus basse (1,3%) qu'en Allemagne (1,6% en 2016). Certes la dette portugaise avoisine les 146% contre 68% en Allemagne, mais elle diminue depuis deux ans.
Les politiques de demande ne sont donc pas systématiquement des politiques d'accroissement de l'endettement. Par ailleurs les taux d'intérêt à long terme se situent à 3,2% en 2016 contre 0,09% en Allemagne. En 2015 et 2016 ce sont les plus bas qu'ait connu le pays depuis 2010 avec la nouvelle coalition de gauche arrivée en 2015.
Le gouvernement n'a pas lésiné sur le plan de relance du pouvoir d'achat.
Car la réussite du modèle portugais ne provient pas vraiment des politiques de l'offre mais au contraire des politiques de demande: pas de réforme structurelle du marché du travail pour assouplir les droits des salariés, pas d'abaissement de la protection sociale, pas de programme d'austérité comme celui du gouvernement antérieur de droite qui avait notamment gelé le salaire minimum et les pensions de retraite, augmenté les impôts et tout cela sans aucun effet notoire sur l'économie. Au contraire, on a assisté en parallèle à une hausse de la pauvreté.
Ici, rien de tel: le salaire minimum a été augmenté en 2016 puis en 2017. En parallèle à cela nous avons assisté à une baisse des cotisations employeurs de 23 à 22%. Enfin, le gouvernement n'a pas lésiné sur le plan de relance du pouvoir d'achat: hausse des retraites et allocations familiales, renforcement du droit du travail, baisse des impôts pour les salaires les plus modestes, arrêt net des privatisations... Pour clore le tout, le Portugal a compris qu'il ne servait plus à rien d'essayer de concurrencer les pays de l'est à bas coûts, donc, on est monté en gamme, dans l'industrie et dans le tourisme. Un point dont la France devrait s'inspirer: la montée en gamme du pays et des politiques de stimulation de la demande, conjointement à un simple abaissement des charges des entreprises.
11:17 Publié dans Actualités, Connaissances, Economie, International, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : portugal, économie, réussite, allemagne | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |