Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/05/2017

"Le chanteur de Gaza", une voix pour l'espoir, un visage de joie

le-chanteur-de-gaza_Photo.jpg

Humanite.fr

En 2015, la Bande de Gaza est mise sous le feu des projecteurs télévisuels grâce à la voix de Mohammed Assaf.

En 2013, le jeune gazoui, Mohammed Assaf, devenait "Arab Idol", l'équivalent du lauréat de "La Nouvelle Star". Un film qui raconte son histoire.

En 2013, Mohammed Assaf avait fait la fierté de la bande de Gaza en mettant le territoire meurtri sous le feu des projecteurs du télé-crochet "Arab Idol". Il est le héros d'un biopic qui raconte son parcours semé d'embûches, "Le chanteur de Gaza" d'Hany Abu-Assad.

Aux yeux du réalisateur palestinien - auteur aussi de "Paradise Now", récompensé par le Golden Globe du meilleur film étranger en 2006 -, son film, premier long métrage tourné, au moins partiellement, dans la bande de Gaza depuis deux décennies, "est un hommage à Gaza".

"Je veux vraiment que les Palestiniens soient fiers d'eux-mêmes. Ce n'est pas comme si le film allait changer leur situation, mais il peut les aider à changer et à croire davantage en eux-mêmes", a expliqué Hany Abu-Assad, nommé deux fois aux Oscars (pour "Paradise Now" et pour "Omar" en 2014), au cours d'un entretien avec l'AFP en mai 2016 aux Etats-Unis, où le film est sorti sous le titre "The Idol".

Mohammed Assaf, qui a maintenant 27 ans, a séduit des millions de spectateurs dans le monde arabe quand il a remporté "Arab Idol", l'un des nombreux clones de l'émission britannique "Pop Idol", où de jeunes talents tentent de séduire un jury jusqu'à la finale.

L'odyssée d'Assaf est racontée au rythme haletant d'un film d'action. Ne serait-ce que pour participer, Assaf a dû se débrouiller pour s'extirper de Gaza, soumise à un blocus israélien et égyptien. Le film montre notamment le jeune homme entonnant un chant religieux pour amadouer un garde-frontière égyptien.

Arrivé au Caire pour la sélection des candidats, le chanteur devra encore une fois à son talent sa participation au concours. Il était arrivé trop tard, mais un Palestinien séduit par la voix d'Assaf lui a cédé sa place dans la file.

Message politique par petites touches

le chanteur de Gaza1.jpgHany Abu-Assad a pensé proposer à Assaf de s'incarner dans la version filmée de sa vie, mais s'est ravisé et a choisi l'acteur arabe israélien Tawfeek Barhom, qui campe un jeune homme sérieux et déterminé à l'écran, aux antipodes de l'image frivole que donnent en général les aspirants à la gloire pop.

Le chanteur a néanmoins pu visionner le film -- il a pleuré, confesse Abu-Assad -- et obtenu des ajustements mineurs pour ménager des susceptibilités familiales.

Comme Assaf dans la vraie vie, "Le Chanteur de Gaza" est un film politique, mais par petite touches. Le chanteur ne parle pas ouvertement politique, mais il a réussi à réconcilier -- sur son talent seulement -- les supporteurs des deux grands rivaux de la cause palestinienne, le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, et le Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas.

Quant à Israël, il n'apparaît qu'indirectement pour le spectateur, avec les images de Gaza en partie détruite par les bombardements de l'armée de l'air de l'Etat hébreu, qui suivent immanquablement des attaques à la roquette contre Israël.

17:17 Publié dans Cinéma, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le chateur de gaza, cinéma | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

06/05/2017

COMMUNISTES : L'HUMOUR RAVAGEUR !

 

pcfsatire12.jpg

Quitte à prendre un procès, autant que ce soit avec Benicio! #Mieuxvautenrire
Toi aussi, fais ton fake #choisistonprocès!

pcfsatire16.jpgC'est à cet appel de la communiste Anne Sabourin candidate à l'élection législative à Paris que des dizaines de candidats communistes on répondu sur les réseaux sociaux, ridiculisant le mouvement des Insoumis qui a sommé le PCF de ne pas utiliser l'image publique de Jean Luc Mélenchon, une première dans la cinquième république.

pcfsatire5.jpgJamais aucun parti même situé à l'extrême droite n'a eu une telle prétention. Imaginons Macron, Le Pen, Hollande avoir la même attitude ? Imaginons ensuite le flot de procès qui suivrait. Le ridicule ne tuant pas, c'est par l'humour que les communistes ont décidé de répondre, et comme l'atteste toutes ces affiches, il est ravageur.

pcfmelenchon.jpgTout a commencé le jeudi 4 mai où Manuel Bompard, directeur de campagne de l’ex-candidat de La France insoumise, a envoyé un communiqué de presse accusant les communistes de chercher à « semer la confusion chez les électeurs » en « faisant croire que les candidats du PCF aux législatives ont le soutien de Jean-Luc Mélenchon ». « Il n’en est rien », précise-t-il.

pcfsatire9.jpgEn cause : l’utilisation de la photo du député européen sur les tracts de campagne de certains candidats communistes. Même si ce fut parfois du bout des lèvres, le PCF a apporté son soutien à la candidature de M. Mélenchon et nombre de ses élus lui ont accordé leur parrainage. « Nous dénonçons cette usurpation et nous décidons d’engager les poursuites judiciaires afin de faire cesser cette situation, puisque nos rappels à l’ordre répétés ne sont suivis d’aucun effet », écrit M. Bompard.

pcfsatire11.jpg« L’heure est au rassemblement, pas à la polémique », lui répond Olivier Dartigolles, porte-parole du PCF, lui aussi dans un communiqué.

Devant la volonté de La France insoumise de présenter des candidats partout, y compris face aux députés communistes sortants, les deux forces tentent en vain, depuis des mois, de négocier un accord. Le score historique de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle (19,6 % des voix) peut leur laisser espérer de nouvelles conquêtes aux législatives. Mais, désunis, les chances de remporter la mise sont faibles, d’autant qu’ils vont devoir affronter, outre la droite et le FN, des socialistes, des écologistes et des candidats d’En marche !.

pcfsatire13.jpg

pcf,mélenchon,affiches,satires,ridicule,sabourin

pcf,mélenchon,affiches,satires,ridicule,sabourin

pcf,mélenchon,affiches,satires,ridicule,sabourin

 

10:34 Publié dans Actualités, Cactus, Médias | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : pcf, mélenchon, affiches, satires, ridicule, sabourin | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

24/03/2017

Pierre Laurent (PCF) : « Nous voulons la tenue d’une COP fiscale »

Pierre-Laurent.jpgDans un entretien au Quotidien, journal indépendant du Luxembourg, le secrétaire général du Parti communiste français (PCF), Pierre Laurent, plaide pour une Europe de la solidarité et dit ses espoirs d’unité de la gauche.

Le secrétaire général du PCF était vendredi 17 mars à Thionville où il a demandé à rencontrer l’OGBL pour échanger sur la problématique des frontaliers. Le sénateur de Paris, dont le parti soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle, s’exprime sur les scrutins à venir et la recomposition du paysage politique français.

Le Quotidien : Les frontaliers, généralement absents du débat politique en France, suscitent un intérêt accru des politiques. Pourquoi?

Pierre Laurent  : Il s’agit d’une problématique montante parce que le nombre de travailleurs frontaliers grandit. C’est pour ça que nous souhaitions rencontrer les camarades de l’OGBL pour aborder cette thématique que nous voulons relayer avec plus de force.

Nous avons vu avec l’OGBL qu’il y a des enjeux importants pour préserver les droits des frontaliers car il y a des fragilités. Il y a la précarité due au recours très important à l’intérim. Les intérimaires représentent une part importante des travailleurs frontaliers du Luxembourg.

Quels sujets avez-vous abordés?

Il y a des problèmes concrets d’accès aux droits sociaux, au chômage. Il faut pousser les gouvernements à mener des discussions qui lèvent ces obstacles. Il y a aussi le problème très important des transports. Pour moi qui suis un élu parisien, il est frappant de constater que les temps de transport des frontaliers sont voisins de ceux que connaissent les Franciliens.

Il y a des enjeux importants d’investissement dans les infrastructures et cela concerne le gouvernement français. Il ne peut pas se désintéresser des conditions de vie et de travail de plus de 80  000 frontaliers, chiffre qui pourrait grimper à 120  000 dans les années à venir.

Ces problèmes renvoient aussi au sens que l’on veut donner à la construction européenne…

Dans le cadre des élections françaises, nous avons des rencontres thématiques nationales et nous en tenons une ce soir (NDLR  : vendredi dernier) à Villerupt sur l’Europe. Nous voulons remettre la France à l’offensive sur ce terrain pour placer l’Europe sociale au cœur du débat. On voit que certains exploitent les difficultés sociales dans différents pays. La mise en concurrence de plus en plus de travailleurs européens pousse à des réponses de repli, de fermeture des frontières, des réponses nationalistes qui sont une impasse.

Comment éviter cette impasse?

Le moment est venu pour la France de reprendre l’initiative sur la question de l’harmonisation des droits sociaux vers le haut pour tous les travailleurs européens.

Le PCF soutient la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Il a eu, ces dernières semaines, des mots assez durs pour le Luxembourg, en premier lieu sur la fiscalité.

L’harmonisation fiscale est un de nos combats. Nous portons, avec nos parlementaires, l’idée de mettre en place une « COP fiscale » pour lutter contre les logiques de dumping fiscal et social en Europe. L’Europe reste une zone qui produit énormément de richesses, mais une part considérable de ces richesses échappe à la construction commune, au profit des actionnaires de multinationales.

Le problème ne vient pas du fait qu’une partie des Européens auraient de la richesse et les autres n’en auraient pas. Tous les Européens sont spoliés par un système fiscal et financier qui est organisé pour capter la richesse. Il y a un intérêt commun des Européens, qu’ils soient luxembourgeois, allemands, français ou belges, de remettre la main sur ces richesses pour financer leur développement.

L’idée de l’harmonisation fiscale en Europe est parfois perçue comme un épouvantail au Luxembourg. Le comprenez-vous?

On voit que chacun peut faire miroiter l’idée qu’en se mettant à l’abri de règles communes on serait mieux protégé. C’est une erreur. Regardez comment le débat a été utilisé en Grande-Bretagne pour justifier le Brexit  : on voit que les travailleurs britanniques n’ont rien à y gagner. En revanche, tout le monde a intérêt à la solidarité.

Et pourtant, c’est la peur de l’autre, qui semble dominer le débat?

La peur est utilisée de différentes manières dans les pays européens pour opposer les uns et les autres. La vérité est que la solidarité donnerait aux Européens la maîtrise des richesses créées. Il est paradoxal de constater que les dirigeants libéraux qui ont le plus le mot « Europe » à la bouche sont aussi ceux qui renoncent à la solidarité et font peur aux gens. C’est aux forces de gauche, démocratiques et progressistes de reprendre le flambeau de la construction d’une Europe de la solidarité.

Jean-Luc Mélenchon a sur ce point un discours plus radical…

Pour répondre de manière très directe, l’Europe est un sujet sur lequel nous avons parfois des positions qui ne sont pas exactement les mêmes. Notre diagnostic converge sur l’impasse des politiques d’austérité et de dérèglementation en Europe. Mais le PCF est persuadé qu’il faut y opposer une ambition solidaire.

Les travailleurs européens sont tous confrontés aux mêmes situations dans des conditions nationales qui diffèrent d’un pays à l’autre. Notre travail politique est de faire converger les intérêts. La solidarité en Europe a été délaissée par la majorité des gouvernements. Je crois qu’il ne faut pas ouvrir la porte à des logiques mettant en concurrence les peuples. C’est un engrenage que les forces les plus dangereuses pourraient exploiter.

L’Europe divise aussi les deux principaux candidats de la gauche  : Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Une candidature commune est-elle définitivement exclue?

Les forces de gauche ont conscience qu’il faut rompre avec l’austérité, qu’il faut construire une ambition sociale. J’ai souhaité pendant toute l’année écoulée que ces forces convergent pour construire une candidature commune. La situation montre que cette exigence était justifiée. Mais il sera difficile d’y parvenir. En revanche, on peut continuer à faire grandir les exigences communes en vue de la construction d’une plateforme commune. Après la présidentielle, il y aura des législatives dont l’objectif doit être d’échafauder une nouvelle majorité politique, un pacte entre ces forces.

Qui serait aussi un contrepoids à l’extrême droite?

C’est indispensable face au danger de l’extrême droite, mais aussi de la droite avec des projets de plus en plus radicalisés. C’est le cas en France et dans d’autres pays européens. Je suis persuadé que la grande majorité des Français n’a pas envie de se livrer à Marine Le Pen ou à des aventures politiques aussi dangereuses.

Pourtant la tentation est là?

Beaucoup de gens n’ont pas encore décidé pour qui voter. Ils cherchent une voie nouvelle parce que les réponses des deux derniers quinquennats, celui de droite et celui de Hollande – Valls, ont fait faillite. C’est notre responsabilité d’encourager cette recherche. Les forces existent. On l’a vu dans les mobilisations sociales contre la loi travail. Tout ça n’a pas disparu des consciences en France.

Cela passe-t-il aussi par un renouveau des idées?

Des choses nouvelles se sont déclenchées. Sans cela, il n’y aurait pas eu le mouvement contre la loi travail l’an dernier. Il n’y aurait pas eu la victoire de Benoît Hamon à la primaire qui avait été justement conçue pour éviter cette réponse-là. Mais ce n’est pas facile  : la présidentialisation extrême de la vie politique française, sa personnalisation, est un obstacle car les forces sont diverses et il faut construire des coalitions respectant cette diversité.

C’est pour ça qu’il faut aussi porter l’effort sur les législatives. Il y a des éléments de danger dans la situation actuelle, mais aussi des éléments de confiance.

La confiance dans les dirigeants politiques est passablement entamée auprès des électeurs et les affaires secouant la campagne électorale n’arrangent rien…

Le débat est confisqué par les affaires. Je suis tout à fait d’accord avec ce qu’a dit Benoît Hamon  : la campagne électorale française est polluée par l’argent et de la pire des manières. Elle l’est parce qu’une partie du monde politique est dans un rapport devenu trop étroit avec les milieux financiers, qui sont les plus intéressés à la poursuite du système actuel. Ce conflit d’intérêts entre forces de l’argent et responsables politiques gangrène la démocratie.

Que proposez-vous pour sortir de cette situation?

Il y a un énorme problème de représentation populaire dans le système politique français. Un des enjeux des législatives est qu’il faudra à nouveau à l’Assemblée nationale des ouvriers, des employés, des professeurs des écoles, des gens qui savent ce qu’est le travail à l’hôpital. Cette population qui fait la richesse du pays n’est plus représentée, ou tellement marginalement. On a besoin de rénover les institutions politiques nationales, du sol au plafond.

La crise actuelle va-t-elle recomposer le champ politique en France?

La recomposition a déjà démarré. Elle peut déboucher sur le meilleur comme sur le pire. Elle peut être confisquée par des forces qui vont discréditer la démocratie et encourager l’avènement de régimes de plus en plus autoritaires. Ce n’est pas propre à la France  : il suffit de voir ce qui se passe en Grande-Bretagne, ce qui se passe avec Erdogan, avec Trump ou dans plusieurs pays européens.

À l’inverse, cela peut aboutir à la poussée d’exigences démocratiques très fortes. Le fait que l’idée d’une VI e République grandisse en France en est le signe. Il y a donc des dangers, mais aussi des potentiels de refondation démocratique très importants. C’est la même chose partout en Europe.

Nous trouvons-nous à la croisée des chemins?

Il est frappant de voir en ce moment à quel point les élections nationales dans différents pays intéressent au-delà des frontières. Tout le monde sent qu’on est dans une période charnière. Beaucoup de regards se tournent vers la France, on retient son souffle. Le fait est qu’on est au bout de quelque chose. La construction européenne telle qu’elle a été engagée produit des crises et des chaos politiques.

En France, les deux partis qui ont dominé la vie politique nationale seraient éliminés du deuxième tour de la présidentielle. Ça veut quand même dire que ça secoue très fort dans la société.

Fabien Grasser

13:32 Publié dans Economie, International, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre laurent, cop, finances | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

04/03/2017

« Macron, c’est Tony Blair avec 20 ans de retard »

Emmanuel_Macron_3.jpg

Propos recueillis pas Lola Ruscio, Humanite.fr

Entretien avec l’économiste Frédéric Farah, co-auteur de l’ouvrage « Introduction inquiète à la Macron-économie » et professeur d’économie à l’université Paris III.
 
Quelle est votre appréciation de son programme économique dévoilé intégralement jeudi ?

Frédéric Farah : Macron est vendu comme du neuf, mais ce qu’il propose est poussiéreux. Il s’inscrit dans la continuité avec la ligne social-libérale du gouvernement tout en appuyant sur l’accélérateur.  On pourrait croire que la nouveauté se trouve dans sa réforme du marché du travail ou de l’assurance-chômage, mais elles sont directement inspirées du modèle anglais.  Alors que l'assurance-chômage est aujourd'hui financée par les cotisations salariales et patronales, il veut que ce système soit financé par l’impôt. Ce qui va engendrer un Etat social au rabais : tout le monde va bénéficier d’un minimum chômage, mais les indemnités vont être tirées vers le bas, comme c’est le cas en Grande-Bretagne. Pareil sur l’arrêt du versement des allocations chômage en cas de refus après des offres d’emploi, elles aussi inspirées par Margaret Thatcher. Autant de mesures qui ne combattent pas le chômage, mais les chômeurs.

Il s’inspire aussi de la flexisécurité danoise, initiée dans les années 1990, qui repose sur un marché du travail « flexible » et sur des facilités à licencier et embaucher, en assurant aux personnes une allocation modulable dans le temps et un accès à la formation. Dans ce sillage, Macron pense qu’accorder plus de flexibilité  sur le marché du travail revient à créer automatiquement des emplois. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui préconisait cette recette en 1994, concédait en 2004,  qu’il n’y a pas de corrélation entre la création d’emplois et la  flexibilité.  Au bout de la logique libérale, la flexibilité conduit à la modération salariale : le salaire est perçu comme un coût à comprimer pour gagner en compétitivité.
 
En ce sens, son projet s’inscrit-il dans les politiques d’austérité mises en œuvre en Europe ?
Oui. Emmanuel Macron est euro-compatible : il promet un plan de relance de 50 milliards et une réduction des dépenses publiques à hauteur de 60 milliards d’euros, en restant très flou sur la manière dont il va le faire. Comme il ne veut pas changer de cadre européen, il va davantage libéraliser, miser sur la  formation et la  mobilité en espérant que ça marche,  accroître le contrôle des chômeurs… Il reste dans cette logique qui consiste à traquer la dépense publique, comme si elle était improductive par nature. A l’instar des élites françaises, le candidat souhaite amplifier les réformes structurelles pour obtenir les faveurs de l’Allemagne. C'est-à-dire réformer le droit du travail et la protection sociale et ne trouve rien à redire sur l’euro ou les règles budgétaires. Sans sortir de ces règles européennes, une seule orientation politique est possible, qui repose sur un élargissement de la concurrence et un renforcement des mécanismes de marché.
 
L’alternative pour sortir de l’austérité est européenne ?
Oui, mais pas dans l’Europe que nous connaissons. Depuis le tournant de la rigueur sous Mitterrand, et plus que dans les décennies précédentes, la France a choisi d’associer son avenir au sein de la construction européenne. Personne n’a remis en cause cette idée, qui a été reprise par les majorités gouvernementales successives. Mais, aujourd’hui, les candidats devraient débattre sur notre rapport à l’Europe. Il appartient à la France de redonner vie au couple franco-allemand, non pas en se soumettant à son modèle, mais en lui expliquant qu’elle a intérêt à redevenir une Allemagne européenne, comme ce fût le cas pendant la guerre froide, et non plus une Europe allemande, comme c’est le cas aujourd’hui.
Concernant la zone euro, même le FMI, qui n’est pourtant pas une organisation altermondialiste, explique que la monnaie européenne est surévaluée pour l’économie française et sous-évalué pour l’économie allemande. Emmanuel Macron a choisi de ne pas s’emparer de ce débat. Pourtant la solution est européenne.