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06/06/2025

« L’extrême droite ne s’arrêtera pas là » : après les attaques contre l’affiche de la marche des Fiertés, l’Inter LGBT appelle à la mobilisation

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Après la publication de l’affiche, en partenariat avec « l’Humanité », de la marche des Fiertés du 28 juin prochain, l’extrême droite a nourri une violente polémique sur les réseaux sociaux, ayant même pour conséquence le retrait des subventions de la région Île-de-France par Valérie Pécresse. L’équipe de l’Inter LGBT, organisatrice de la manifestation, dénonce l’instrumentalisation opérée par le camp réactionnaire et rappelle l’urgence de défendre les droits des LGBTI.

L’affiche de l’inter-LGBT, le collectif d’associations en charge d’organiser la marche des fiertés qui se déroulera à Paris le 28 juin, dévoilée en partenariat avec l’Humanité, est la cible d’un harcèlement violent de la droite et de l’extrême droite. Dès mercredi 3 juin, plusieurs membres du Rassemblement national (NR) se sont insurgées.

« Femme voilée, homme blanc martyrisé et caricaturé en facho, soutien à la Palestine, alors que les homos, bis et trans y sont massacrés… voilà les marqueurs d’extrémistes qui se moquent des violences bien réelles que subissent les homos en France comme tant d’autres Français », écrit sur X (ex-Twitter) le porte-parole du parti d’extrême droite Jean-Philippe Tanguy. « Cette marche des fiertés est la déambulation de la honte et de la haine de tout ce qui n’est pas l’extrême gauche. Rappelons que le seul pays de la région qui permet d’aimer librement s’appelle Israël », ose de son côté Julien Odoul, député de l’Yonne.

Pour l’Humanité, l’équipe de l’inter-LGBT revient sur cette polémique en dénonçant l’instrumentalisation opérée par le camp réactionnaire et en rappelant l’urgence de défendre les droits des LGBTI.

L’inter-LGBT est attaqué sur les réseaux sociaux par la droite, l’extrême droite, mais aussi par la Dilcrah, ou encore par Beit Haverim, groupe juif gay et lesbien de France. Est-ce que vous vous attendiez à l’ampleur de cette polémique ?

Nous nous attendions ce que ça arrive, notamment parce que le mot d’ordre de la mobilisation est la lutte « contre l’international réactionnaire ». Par ailleurs, nous connaissons les méthodes de harcèlement de l’extrême droite, en identifiant en meute nos partenaires sur les réseaux sociaux. Cependant, nous n’avions pas anticipé l’ampleur des attaques. Nous sommes surtout particulièrement choqués que des partenaires, notamment la Région île de France, se désolidarisent de notre mouvement. Ce qu’il se passe avec cette affiche montre l’urgence de défendre les droits des LGBTI.

Valérie Pécresse a en effet annoncé faire retirer le logo de la région île de France de l’affiche de la Marche des Fiertés, mais aussi retirer vos subventions. Comment vous comprenez ces décisions ?

L’utilisation du levier financier témoigne d’une volonté de silenciation de notre mouvement et de nos revendications. Une partie du spectre politique, ici Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, cède à l’international réactionnaire qui nous attaque et contre qui nous nous battons. Il est important de rappeler que les luttes LGBTI et les marches des fiertés ont commencé par les émeutes de Stonewall (en 1969, pendant lesquelles les manifestants dénonçaient un raid de la police à New York, dans le quartier de Greenwich Village, N.D.L.R.).

L’extrême droite vous reproche de représenter sur l’affiche une femme voilée, un « homme blanc étranglé », un « soutien au Hamas »… Que leur répondez-vous ?

Nous sommes particulièrement choqués par l’instrumentalisation d’un certain nombre de signes sur l’affiche. Alors qu’un tote bag représente des drapeaux hongrois et bulgare (pays dans lesquels les marches des fiertés sont interdites, NDLR), l’extrême droite y voit un drapeau palestinien. Alors qu’un personnage représentant le camp réactionnaire (il porte un tatouage d’une croix celtique, symbole de la « suprématie blanche », NDLR) en inconscient, ils y voient le cadavre d’un homme blanc. Même le brassard bleu que porte une vieille dame, symbole de la langue des signes et qui représente l’inclusion des personnes handicapées, est dévoyé.

Nous sommes révoltés et outrés de l’instrumentalisation de symboles, pourtant très clair, par le camp réactionnaire, mais aussi par un certain nombre de personnes du milieu LGBTI. Sous prétexte de se complaire dans des polémiques qui affaiblissent nos droits et notre communauté, ils oublient de regarder vers le vrai ennemi.

La tenue de la Marche des Fiertés, le 28 juin prochain, vous inquiète-t-elle ?

Nous répondrons présents : nous ne changerons ni notre parcours, ni notre affiche, ni notre mot d’ordre. Les menaces sur la communauté LGBTI ne datent pas d’hier. Cela nous pose tout de même la question de la sécurité de la marche, mais nous sommes prêts. Si nous nous sentons soutenus par nos alliés, nous savons pertinemment que l’extrême droite ne s’arrêtera pas là. Nous travaillons avec la préfecture et l’ensemble de nos équipes de sécurité, et nous n’avons pas de doute que cela se passera très bien. Nous avons besoin d’une mobilisation massive et continue. Protéger les droits LGBTI est l’affaire de tous, et pas seulement des personnes concernées.

12:05 Publié dans Actualités, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lgtb, manifestation | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

30/03/2025

« La paix qui se dessine est insoutenable pour les dirigeants européens »

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Face à la relance d’une « Europe de la défense » par les dirigeants européens, Patrick Staat, Secrétaire général de l’ARAC, dénonce un piège mortel pour les peuples. Nous l’avons rencontré. Il explique pourquoi cette logique de bloc, sous couvert de menace russe, sert avant tout les marchés et étouffe toute souveraineté nationale. Il plaide pour une armée liée à la Nation, une paix fondée sur la coopération – loin des « diktats de Bruxelles et de l’OTAN ».

Pour la première fois depuis bien des années, des dirigeants européens mènent une offensive explicite en faveur d’une « Europe de la défense », d’une « autonomie stratégique » ou encore d’un grand financement commun pour, finalement, faire le « grand saut fédéral » en matière de défense.

Ce projet n’est pas nouveau. Dès 1950 est proposée une Communauté européenne de défense (CED), qui consistait à intégrer les forces armées des pays membres sous un commandement commun, celui du chef de l’OTAN nommé par les États-Unis. Communistes et gaullistes s’y opposèrent fermement, voyant par là une tentative de renforcer l’influence américaine en Europe et de réarmer l’Allemagne de l’Ouest, perçue comme une menace. Le projet fut rejeté à l’Assemblée nationale française.

Mais depuis, à petite dose, des mécanismes ont été introduits dans cette logique. Traité de Maastricht, Agence européenne de Défense, jusqu’à la constitution en 2001 d’un état-major de l’Union européenne.

La logique de « défense européenne », portée sous couvert d’une menace venue de l’Est, semble correspondre davantage à une logique de bloc et de repli sur soi, en lieu et place d’une réponse aux intérêts des nations et des peuples. Peux-tu nous donner ton ressenti par rapport à ce « repli sur soi » des dirigeants européens ?

Patrick Staat : La paix qui se dessine est insoutenable pour les dirigeants européens. Ils sont déterminés à ce que la guerre se poursuive pour continuer à faire avancer leur agenda politique : plus de fédéralisme européen et plus de démantèlement des systèmes sociaux au profit des marchés financiers.

L’Europe de la Défense est un piège mortel pour les peuples et les travailleurs. Nous ne serons pas la chair à canon des grands groupes capitalistes européens.

Les dirigeants européens et les médias qui les servent sont en train de normaliser la « nécessité » de transformer l’Europe en un État guerrier. Dans une allocution télévisée à la Nation, Macron a déclaré que « la paix ne peut plus être garantie sur notre continent. Même la Russie est devenue, au moment même où je vous parle, et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l’Europe* ». La menace russe sert de prétexte pour justifier un réarmement.

Le réarmement de l’Europe ne vise pas la « défense » ou la « paix », mais marque le début d’une nouvelle phase de conflits entre prédateurs impérialistes, comme ceux qui ont caractérisé la première moitié du XXᵉ siècle, avec ses deux guerres mondiales.

Tout cela coûte cher. Les responsables politiques doivent donc faire des choix. Où vont-ils chercher l’argent ? dans les poches des retraités et des salariés…

Les seuls gagnants de la course aux armements, ce sont les fabricants d’armes, qui enregistrent un chiffre d’affaires et des bénéfices records. On nous a toujours dit qu’il fallait se serrer la ceinture coûte que coûte pour combler le budget, mais quand il s’agit d’armement, ce tabou est brisé. Il n’y a pas assez d’argent pour les pensions, les salaires, pour les services publics, mais pour les armes, il y a des milliards.

Récemment, Bernard Frederick évoquait dans les colonnes de Liberté Actus* les « enfants perdus de l’Atlantisme » qui, après des décennies à avoir eu l’Ouest pour seule boussole, s’agitent dans tous les sens. Force est de constater que ce sont ces mêmes dirigeants qui ont affaibli la souveraineté de la France en s’alignant presque exclusivement sur les États-Unis. Avec l’ARAC, vous luttez depuis la fin de la Première Guerre mondiale pour une défense nationale et démocratique. Tu peux nous donner quelques précisions ?

P.S. : L’armée de la France doit être forgée à l’image du pays, elle doit être populaire. Aucun fossé ne doit séparer l’armée d’active de sa réserve populaire.

L’armée française doit être intimement liée au peuple, l’histoire s’est régulièrement chargée de nous rappeler l’importance de cette question. Les soldats du contingent sont nécessaires pour une défense nationale profondément liée à la Nation.

La conscription selon l’ARAC, c’est la première constante de la Nation constituée de citoyens-soldats, et c’est aujourd’hui une nécessité et pour la jeunesse et pour la défense du territoire national, afin d’assurer la paix et la sécurité du peuple. Elle repose sur la confiance de la jeunesse en la Nation, faite de défense, de souveraineté nationale, de justice sociale, de partage, d’échange, d’intégration, d’amitié et de solidarité.

L’ARAC milite pour un monde nouveau fondé sur le droit à l’indépendance et à la souveraineté de chaque État, mais aussi sur des coopérations fondées sur l’égalité et la liberté des nations qui s’associent.

Souveraineté économique pour maintenir et développer l’activité industrielle qui permet de garder ses savoir-faire et de les partager dans le cadre de coopérations.

Souveraineté monétaire pour ne pas dépendre des décisions européennes sous tutelle allemande.

Souveraineté politique pour décider de ce qui est le mieux pour la Nation sans l’ingérence de Bruxelles, pour garder et développer les conquis sociaux (retraite, Sécurité sociale, etc.).

Souveraineté sanitaire pour décider de notre politique de santé alors que la Commission européenne exige la casse de l’hôpital public.

Souveraineté énergétique quand l’Europe impose la casse de l’outil que représente EDF pour la France.

Nous ne pouvons accepter que la France doive se plier devant la Commission européenne (organisme non élu)  ; cette Europe où les plus riches mangent les plus pauvres, où les peuples sont en concurrence avec de moins en moins de droit du travail, de moins en moins de droits sociaux, de moins en moins de politique de santé…

La Révolution de 1789 s’est attaquée au principe de subsidiarité (ou autrement dit la possibilité pour une minorité de décider à la place du plus grand nombre) et aujourd’hui le seul objectif de la commission européenne, c’est de renforcer la subsidiarité pour s’opposer au rôle des citoyens.

Finalement, deux visions du monde s’opposent. D’un côté, une logique d’affrontement et, de l’autre, une logique de coopération entre nations souveraines. Force est de constater que les tenants de l’affrontement haussent le ton ces derniers temps et que, les forces qui prônent une logique d’amitié et de coopération sont bien en mal. Comment expliques-tu cela  ? Penses-tu que les forces de paix ont du mal à sortir du compromis et, en définitive, d’une vision « atlantiste » du monde ?

P.S. : L’ARAC s’est forgée un « socle de valeurs » sur lequel elle s’appuie pour poursuivre le débat d’idées. Seuls des êtres conscients des enjeux peuvent donner un sens à leurs luttes, passer de la désespérance, de la colère, à l’action réfléchie permettant de peser sur les choix politiques.

Comprendre les causes des guerres, c’est déjà s’engager sur la défense de la paix.

N’oublions jamais que l’impérialisme, le capitalisme ont toujours utilisé la guerre pour sortir des crises économiques et sociales qu’ils engendrent.

Le travail de mémoire prend aujourd’hui une importance encore plus grande. Si les jeunes générations sont ignorantes des souffrances des poilus de 14-18, des conditions de la montée du fascisme en Europe, des horreurs créées par l’occupation nazie, par la collaboration pétainiste, si elles ignorent ce que fut vraiment la Résistance dans toutes ses composantes, si elles ne savent rien de la sauvagerie, des exactions de la France pendant la guerre d’Algérie, comment prendre conscience des valeurs républicaines dont nous souhaitons tous qu’elles en soient héritières.

Le contexte géopolitique actuel montre la nécessité de travailler sur le passé pour comprendre le présent et de s’engager pour la paix.

12:20 Publié dans Actualités, Entretiens, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, paix | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

26/01/2025

BIOGRAPHIE D'EDY LAMARR, ACTRICE ET SCIENTIFIQUE

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Fille d'un riche banquier viennois, Hedy Lamarr (de son vrai nom Hedwig Eva Maria Kiesler) naît le 9 novembre 1914 dans la capitale autrichienne. L'éducation est confiée à un précepteur dès l'âge de quatre ans, excelle six ans plus tard au piano, dans la danse, maîtrise quatre langues.

Remarquée par sa beauté, elle se présente aux portes d'un studio de cinéma viennois pour aider financièrement ses parents. Commence alors une carrière dans le cinéma. Dans le film Extase, sorti en 1933, Hedy Lamar campe son rôle le plus connu. Nue, elle simule un orgasme pour la première fois sur grand écran. Sa réputation de femme sulfureuse ne la quittera plus.

La même année, elle épouse Friederich Mandl, un marchand d'arme prolifique. Bien que malheureuse en ménage, Hedy Lamar côtoie le monde de l'armée par le biais de son mari. Un épisode déterminant de sa vie qui nourrira de longues conversations autour des missiles radioguidés qui donnera naissance à une invention visionnaire. Elle traverse l'Atlantique en 1937.

Là, elle devient Hedy Lamarr et déploie ses talents d'actrice dans H. M. Pulham, Esq. (1941) et Tortilla Flat, Elle lance sa propre société de production en 1946 grâce à laquelle elle interprète son plus beau rôle, dans The Strange Woman (1946, Le Démon de la chair). Trois ans plus tard, elle revenient aux clichés exotiques dans Samson and Delilah (1de Cecil B. DeMille, qui lui offrira ainsi son plus grand succès commercial.

Réputée comme l’une des plus belles femmes du monde, elle est aussi considérée comme une croqueuse d’hommes, et enchaîne les histoires d’amour.

Un pianiste et une actrice, parents du Wi-Fi

À l'occasion d'une soirée mondaine Hedy Lamarr rencontre le pianiste George Antheil. Tous les deux discutent longuement de l'armement, un sujet d'Hedy maîtrise parfaitement et qui passionne George Antheil. Nous sommes en 1941 et la seconde guerre mondiale ravage l'Europe. George et Hedy imaginent ensemble un système de cryptage des communications applicables aux torpilles radioguidées trop souvent détournées.

Le système est basé sur un émetteur-récepteur qui permet à la torpille de changer de fréquence de transmission pour ne pas être détectée par les ennemis. Ce principe de transmission régit toujours nos technologies modernes sans fils comme les GPS, les communications militaires.

Une reconnaissance tardive

Leur invention passe totalement inaperçue et c'est seulement 21 ans plus tard, avec le progrès électronique, que l'armée américaine y voit une utilité. Aujourd'hui, la plupart des téléphones portables utilisent le système pensé par le duo Lamarr-Antheil.

Elle s'éteint le 19 janvier 2000, près d'Orlando (Floride).

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Diego DIAZNombre de pages : 13220 €
Format(s) : Papier EPUB PDF

 

 

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14/12/2024

Industrie française : « Il faut légiférer sur les licenciements boursiers et baisser le tarif de l’énergie », plaide Aymeric Seassau (PCF)

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La déconfiture de l’industrie française n’a rien d’une fatalité. Pour Aymeric Seassau, en charge de la nouvelle industrialisation dans le projet du PCF, il est urgent de reprendre au marché le contrôle d’un secteur stratégique, pour l’emploi, notre balance commerciale et l’écologie.

Michelin, Valeo, Vencorex… Les plans de suppression de postes se succèdent dans l’industrie française. Quelles sont les causes profondes, selon vous, de cette crise ?

Ces entreprises témoignent de ce que les filières automobile et chimie sont en effet particulièrement touchées, la sidérurgie aussi, avec les annonces inquiétantes de Mittal, et bien d’autres encore. Partout, les communistes soutiennent de toutes leurs forces les travailleurs de ces entreprises qui résistent avec leurs organisations syndicales… Et il nous appartient de politiser cette situation qui n’est malheureusement qu’une accélération d’un mouvement de long terme orchestré par le capital.

À son écoute, des apprentis sorciers ont théorisé depuis quarante ans qu’il y aurait des pays de « tête d’œuvre » et des pays de « main-d’œuvre ». Le bilan est là : le pays a perdu la moitié de ses usines et la France, vieille nation industrielle, traîne désormais aux toutes dernières places d’Europe. Sa part de l’industrie manufacturière dans le PIB est de 10 % quand la moyenne européenne est de 16 %.

La prédation du capital financier est féroce et nous mettons au défi le RN et son fantasme du bon patronat national : 62 % des emplois des grandes entreprises françaises se trouvent à l’étranger, contre seulement 38 % pour les allemandes et 28 % pour les italiennes. Quant au « made in France », il ne représente plus que 36 % de la consommation nationale. Voilà la réalité de l’affrontement capital-travail de notre temps et l’amer résultat de la désindustrialisation.

La bataille pour une nouvelle industrialisation est donc aussi une bataille politique ! L’industrie et ses métiers ont été si discrédités que nous vivons un paradoxe avec des plans sociaux qui s’accumulent et un nombre d’emplois vacants qui a doublé en trois ans dans l’industrie. Alors, nous ne répéterons jamais assez que la moyenne des salaires est de 20 % supérieure dans l’industrie que dans les services. Défendre une nouvelle industrialisation, c’est une bataille d’avenir pour éradiquer le chômage puisque c’est le seul secteur à générer 3 à 4 emplois dans le reste de l’économie pour 1 emploi créé. C’est l’espoir du redressement face au déclassement.

Sur quels principes devrait se fonder une politique industrielle digne de ce nom ?

Première urgence : mettre un coup d’arrêt à la casse de l’appareil productif avec un moratoire sur les licenciements et une loi contre les licenciements boursiers. Deuxième urgence : baisser les tarifs de l’énergie pour gagner en compétitivité. L’énergie nucléaire le permet au pays, à condition de sortir du marché européen de l’électricité. Sur le temps plus long, il y a besoin d’une reconstruction des filières industrielles stratégiques. Cela implique que l’État joue son rôle mais aussi d’ouvrir des pouvoirs nouveaux pour les salariés et leurs organisations syndicales.

Il faudra pour réussir mobiliser l’argent des banques en permettant à nos entreprises l’accès à des crédits bon marché conditionnés aux investissements dans l’appareil productif, dans la recherche, dans l’emploi. Et puis, il y a besoin de revaloriser les métiers industriels en augmentant les salaires et de soutenir les filières de formation initiale tout au long de la vie. L’extrême droite se contente de verser des larmes de crocodile sur le nombre de travailleurs détachés en France, mais ne dit rien de la nécessité de former plus de soudeurs, de chaudronniers… autant de beaux métiers qu’il faut défendre.

Les États-Unis mènent depuis plusieurs années une politique protectionniste, la Chine décide de se recentrer sur son marché intérieur et de fermer la porte aux importations : faut-il adopter, selon vous, une forme de protectionnisme européen ?

Mettons déjà fin aux traités de libre-échange, qui sont une aberration sociale et écologique. Commençons par protéger les travailleurs du dumping social et des délocalisations à l’intérieur même de l’espace européen ! L’Europe qui protège les capitaux qui circulent librement tandis que des réfugiés meurent en Méditerranée ou dans la Manche est une Europe de la honte. Elle n’a aucun avenir tant qu’elle ne protège pas les travailleurs qui sont l’objet d’une compétition intra-européenne mais aussi sous la menace des forces d’extrême droite, qui veulent encore plus les opposer.

Deuxièmement, avant de songer à limiter les importations, il conviendrait déjà de structurer les filières et les coopérations européennes industrielles pour répondre aux besoins des Européens. Au-delà des mesures protectionnistes mises en place par la Chine ou les États-Unis, n’oublions pas que ces deux pays n’hésitent pas à actionner la politique monétaire. À l’inverse, la Banque centrale européenne a avant tout pour mission de limiter l’inflation pour protéger le capital. Elle pourrait jouer un rôle différent, au service du financement des services publics, de la transition écologique et d’une nouvelle industrialisation dans l’hinterland européen.

En l’état, en effet, nous ne jouons pas à armes égales. Et la question n’est pas tant de limiter les importations que d’empêcher par exemple un industriel comme Mittal de dépecer la sidérurgie française et européenne au profit de ses sites en Asie ou en Amérique du Sud, ce qui serait facilité par un traité comme le Mercosur.

Que répondez-vous à ceux qui estiment qu’avoir une industrie prospère est incompatible avec la prise en compte des enjeux environnementaux ?

Mais c’est tout l’inverse ! La désindustrialisation est aussi une catastrophe écologique en plus d’être une catastrophe économique et sociale. Peut-on affronter la crise climatique quand 92 % des équipements électroniques ou informatiques et 87 % des vêtements achetés en France sont produits à l’étranger ? Et que le développement du e-commerce fait progresser dangereusement le fret aérien. On marche sur la tête. À l’inverse, nous voulons relocaliser des productions et renouer avec les coopérations industrielles européennes. Plus on produit loin, plus les besoins en transports sont importants et ils sont les premiers émetteurs de gaz à effet de serre.

Engager la transition écologique, c’est investir massivement dans la chaîne logistique autour du mix fret maritime et fluvial/fret ferroviaire, c’est rapprocher la production pour répondre aux besoins, c’est construire ou conforter des filières nouvelles au service de la transition écologique (pompes à chaleur, éolien, photovoltaïque etc.). C’est aussi décarboner notre appareil productif et repenser nos modes de production pour les rendre plus économes en ressources.

Source l'Humanité

19:28 Publié dans Actualités, Economie, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : industrie, pcf | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!