29/08/2009
Sarkozy, « interventionniste d’un côté, libéral de l’autre »
Entretien. Henri Sterdyniak, chercheur à l’OFCE, revient sur les politiques mises en oeuvre depuis le début de la crise.
Le thème de la reprise, en vogue ces dernières semaines, a-t-il une réalité d’un point de vue économique ?
Henri Sterdyniak. On a connu un dernier trimestre 2008 et un premier trimestre 2009 catastrophiques. Et si la chute de l’activité s’est arrêtée au deuxième trimestre 2009, on ne voit pas de facteur qui pourrait provoquer une forte reprise. Les ménages sont inquiets en raison des licenciements et les investissements des entreprises ne repartent pas, faute de signal positif. Tout ça préfigure une croissance à venir extrêmement médiocre.
Le nombre de chômeurs a augmenté de 26,5 % sur un an. Y voyez-vous un signe de l’échec de la politique de l’emploi menée par le gouvernement ?
Henri Sterdyniak. Le gouvernement n’a pas lancé, comme on pouvait l’espérer, de vaste programme pour inciter les entreprises à conserver les emplois. Le plan de relance français n’était pas à la hauteur du problème. Il n’y a donc pas de miracle : les entreprises ont massivement supprimé des contrats d’intérim et mis fin a des CDD. Une hausse assez sensible du chômage est à prévoir en septembre et octobre.
Dans son discours de Toulon, Nicolas Sarkozy voulait imposer aux banques de « financer le développement plutôt que la spéculation », appelant à une « moralisation du capitalisme financier ». Qu’en est-il ?
Henri Sterdyniak. On pouvait attendre une vaste réorientation du système bancaire. Elle n’a pas eu lieu. Le gouvernement n’est pas entré dans le capital des banques, qui n’ont donc pas renoncé à leurs activités les plus rentables sur les marchés financiers et spéculatifs. La morale consisterait à faire en sorte que, dans le secteur financier, on ne puisse pas gagner plus que dans l’industrie. Mais on n’a pas beaucoup avancé sur ce sujet.
Dans son intervention, Nicolas Sarkozy défendait également l’instauration « d’un nouvel équilibre entre l’État et le marché »…
Henri Sterdyniak. Il y a trois, quatre ans, le discours consistait à dire que les entreprises pouvaient se charger de tout. Aujourd’hui, on voit que le privé nous emmène à la catastrophe. Face à cela, Nicolas Sarkozy reste complètement contradictoire en continuant à mener une politique de diminution du nombre de fonctionnaires, notamment dans l’éducation nationale, alors même que les besoins de formation sont très importants. On a, avec Nicolas Sarkozy, une politique à la Janus. Interventionniste d’un côté, et libérale de l’autre.
Quelles devraient être les priorités en matière de politique économique ?
Henri Sterdyniak. Elles sont connues. Il faut réduire fortement l’importance des marchés financiers en recentrant les banques sur le crédit. Il faut aider massivement les secteurs productifs et, à l’échelle mondiale, il faut que chaque pays soutienne sa consommation par les salaires, et pas par les exportations ou la spéculation. Il y a des choses que la France aurait pu faire seule : taxer les hauts revenus, nationaliser les caisses d’épargne et banques populaires pour créer un système public de crédit. Autant de mesures qui n’ont pas vu le jour.
Entretien réalisé par Cyril Charon pour l'Humanité
12:40 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sarkozy, conomie, henri sterdyniak | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
25/08/2009
Banques. « Aucun n’a voulu parier sur nous »
À quand remontent vos besoins de financement ?
Renaud Chemin. Lorsque fin 2008, la crise a frappé l’hôtellerie, nous nous sommes retrouvés très rapidement avec des clients qui ne voulaient plus faire appel à nous. Même s’ils accusaient une baisse de 20 % de leur activité, ils avaient les moyens de nous faire travailler. Mais ils ont préféré faire appel à une autre société récemment créée, qui pratique le dumping, c’est-à-dire copie nos méthodes mais avec des salariés sans papiers pour casser les prix. Compte tenu de notre activité, notre entreprise a toujours dégagé de petites marges, avec une trésorerie de départ assez mince. En quelques mois, le peu de trésorerie que nous avions a été englouti. Sans même nous recevoir, la banque a décidé de ne pas renouveler notre découvert, alors que nous nous apprêtions à demander un prêt de trésorerie.
Avez-vous fait appel au médiateur du crédit pour trouver une solution avec votre banque ?
Renaud Chemin. Oh oui ! Mais cela n’a abouti à rien. Nous avons compris après coup qu’il n’avait aucun pouvoir décisionnel. Dans notre cas, le médiateur s’est prononcé en notre faveur, nous apportant en quelque sorte une caution de l’État, mais la banque n’en a pas tenu compte et nous a répondu tout simplement non.
Quelles démarches avez-vous entreprises par la suite ?
Renaud Chemin. Nous nous sommes tournés vers des investisseurs, spécialisés dans la mise en relation d’entrepreneurs et de portefeuilles, notamment les assujettis à l’impôt sur la fortune. Et là encore, nous avons eu droit au même argumentaire. Alors que notre business plan les séduisait, que notre bilan d’activité suscitait l’étonnement et de la considération, aucun n’a voulu parier sur nous. Pour eux, nous n’étions pas un gage de rémunération suffisamment important à court terme.
Avant cette crise, aviez-vous déjà rencontré des difficultés avec votre établissement bancaire ?
Renaud Chemin. Peu de temps après la création de notre entreprise, nous avons dû envisager une augmentation de capital en raison du développement de notre activité et d’un changement de domiciliation. Avec l’embauche de personnels supplémentaires, il est devenu nécessaire d’acheter plus de matériel. Nous nous sommes tournés vers les banques qui n’ont pas souhaité prendre de risques, jugeant déjà à l’époque que notre marge était insuffisante. Chaque associé a dû se résigner à faire un emprunt à titre personnel.
Pensez-vous aujourd’hui pouvoir encore sauver votre entreprise ?
Renaud Chemin. À moins d’un miracle, c’est la liquidation judiciaire qui se profile dans un délai de deux mois, voire un mois et demi. Aujourd’hui, nous envisageons le reclassement de nos salariés chez nos clients, à la fois dans le cadre de la législation mais également dans le respect de la personne.
Les dispositifs mis en place par le gouvernement pour améliorer le financement des PME vous semblent-ils efficaces ?
Renaud Chemin. Cette politique cadre avec cette sagesse populaire qui dit qu’on ne prête qu’aux riches. Depuis le début, nous avons été une société de pauvres, montée avec nos propres fonds de tiroir, nos énergies déployées au détriment de nos vies privées et de nos week-ends… Tout cela, les banques épaulées par l’État n’en ont pas tenu compte.
Clotilde Mathieu, pour l'Humanité
20:02 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : banque, hôtel, emplois | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
22/08/2009
Tarifs hauts pour les consommateurs
EDF . La réforme tarifaire ferait baisser la facture des gros consommateurs.
Officiellement, la facture d’électricité augmente de 1,9 % pour les ménages et 4 % à 5 % pour les entreprises. Mais une enquête publiée par le site Mediapart montre que, derrière les augmentations dites « raisonnables », se cache une réforme tarifaire qui pourrait bien amener la fin des tarifs régulés de l’électricité. Pour les ménages, les hausses seront plutôt de l’ordre de 6 % à 10 % par an, le prix de l’abonnement pour les plus petites installations (3kVA) passerait de 21,48 euros à 58,42 euros, soit 172 % de hausse, et l’abonnement le plus courant pour les familles qui ne se chauffent pas à l’électricité (6kVA) connaîtrait une augmentation de 24 %. Pourtant, rappelle le site, l’esprit de la charte de service public signé en 2005 entre l’État et EDF « stipulait que les prix ne devaient pas dépasser l’inflation ». La Commission de régulation de l’électricité le reconnaît : « La facture baisse d’autant plus que la consommation s’élève. » Conséquence, « les plus petits vont payer pour les plus gros », dénonce l’article.
Le PDG d’EDF, Pierre Gadonneix, avait réclamé en juillet une hausse de 6 % à 7 % par an, soit 20 % sur trois ans, afin de financer les investissements du groupe en France, notamment pour entretenir le parc nucléaire. Le gouvernement, qui détient encore 84 % du capital, défend l’augmentation des tarifs. Hier, sur France Inter, Christine Largarde a parlé d’une « augmentation nécessaire ». C’est pourtant au nom de la baisse promise du prix de l’électricité que Nicolas Sarkozy a ouvert le capital d’EDF en 2004. Alors ministre de l’Économie, il jurait qu’une « rentrée d’argent frais » devait permettre de « désendetter l’entreprise et de financer la filière nucléaire ».
Paule Masson, pour l'Humanité
20:03 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : edf, hausse | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
18/08/2009
LE DESSIN DU MOIS D'AOUT
20:22 Publié dans Le dessin du mois | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vacances, départ, rentrée | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |