16/12/2012
PIERRE LAURENT : LE GOUVERNEMENT DOIT CHANGER DE CAP !
Les communistes vont-ils défiler avec les partisans du mariage pour tous ?
Pierre Laurent. Bien sûr! Nous nous sommes prononcés en faveur il y a déjà plusieurs années. Nous soutenons aussi le droit à la procréation médicalement assistée (PMA) le plus vite possible.
Des milliers de partisans du mariage gay mobilisés en province
Ce sujet ne risque-t-il pas de radicaliser les opposants au mariage gay ?
C’est avec ce type d’arguments qu’on recule. On l’a vu avec le droit de vote des étrangers… Il ne faut pas se tromper sur l’état de l’opinion, qui est largement favorable au projet de loi, a fortiori si nous apportons les explications nécessaires. Le gouvernement devrait être offensif sur ce sujet. Or je note dans son attitude un manque de confiance évident.
Sur la politique sociale, vous êtes déçu ?
Tous ceux qui attendaient le changement, tous ceux qui voulaient une rupture forte avec la politique de Nicolas Sarkozy, tous ceux qui voulaient de l’ambition en matière de lutte contre le chômage et la précarité ne peuvent être que déçus par les premiers mois de la présidence Hollande et du gouvernement Ayrault. A l’évidence, les budgets d’austérité et le pacte de compétitivité ne font pas la politique de redressement social attendue par les Français.
C’est un virage ?
Il y avait beaucoup d’ambiguïtés dans le programme de François Hollande. On ne pouvait pas promettre à la fois la ratification du traité européen et le redressement social. Mais ce qui me frappe, c’est la vitesse avec laquelle le versant social libéral l’a emporté sur les intentions sociales.
Le gouvernement a-t-il trop cédé à Mittal ?
La France ne peut pas rester dépendante des seules décisions financières de Mittal. Ce sera tôt ou tard préjudiciable. Pour moi, la question du contrôle public de la sidérurgie française reste donc posée.
La nationalisation de la sidérurgie en 1982 n’a pourtant pas empêché les licenciements ?
La nationalisation ne suffit pas. Il faut l’accompagner d’une vision industrielle portée par de réels investissements, l’appuyer par un secteur bancaire repris en main. Il faut aussi donner des droits nouveaux aux salariés, comme la possibilité de suspendre un plan stratégique.
Le plan pauvreté qu’a dévoilé Jean-Marc Ayrault mardi répond-il à l’urgence sociale ?
Nous sommes très loin du compte! 10% d’augmentation pour amener le RSA à 525 € au bout de cinq ans, c’est beaucoup trop faible. Un plan contre la pauvreté doit passer par un plan de lutte contre la précarité, par des lois de sécurisation de l’emploi, par davantage de formation. Le gouvernement utilise de tout petits pansements pour soigner une maladie grave.
Les patrons du CAC40 se sont augmentés de 4,7% en moyenne l’an dernier…
Qu’est-ce qu’attend le gouvernement pour sévir et encadrer les revenus les plus importants? Pourquoi a-t-il refusé de rétablir l’intégralité de l’ISF, qui nous aurait rapporté 900 M€ de plus? Pourquoi a-t-il cédé à l’amendement des « pigeons », qui a privé l’Etat de 750 M€? Parce qu’il n’a pas le courage de faire la guerre à la finance comme François Hollande l’avait promis pendant sa campagne. Il y a pourtant des moyens de combattre l’indécence des grands patrons et des grands actionnaires qui se sucrent sur le dos du monde du travail.
Vous avez voté contre le projet de loi de finances de la Sécu, vous vous êtes abstenus sur le budget 2013. Les communistes sont-ils dans la majorité ou dans l’opposition ?
Retournons la question : le gouvernement va-t-il rester ou non fidèle à la majorité de ceux qui ont voulu le changement au printemps dernier? C’est nous qui faisons entendre leurs voix aujourd’hui.
Le PS fait la différence entre les communistes et votre allié Jean-Luc Mélenchon…
Le Front de gauche est uni dans la critique, comme dans les propositions. Que le gouvernement n’essaie pas de nous diviser, c’est peine perdue! Mais j’observe que la réflexion sur une politique alternative de gauche dépasse notre seule organisation. Elle existe chez une partie des socialistes, des écologistes et de très nombreux syndicalistes. Le gouvernement ne pourra pas continuer longtemps à fuir ce débat.
Comment comptez-vous peser ?
La politique depuis six mois s’est faite au rythme des pressions du patronat : on a eu les « pigeons », les patrons du CAC40, une autre fois les coups de gueule de madame Parisot (NDLR : la présidente du Medef), quand ce ne sont pas les rodomontades d’Angela Merkel… Il faut que la politique du gouvernement se fasse sous la pression des citoyens qui l’ont élu! Le Front de gauche va lancer une grande campagne nationale. J’appelle tous ceux qui ont voté pour le changement à débattre, à manifester, à marcher contre l’austérité, à organiser des votations citoyennes pour l’interdiction des licenciements boursiers. Il faut faire feu de tout bois!
Vous allez mener la guérilla au Parlement ?
Nous voterons tous les textes de progrès social comme nous allons le faire sur le logement. Et quand nous nous opposerons (lire aussi page 9), nous proposerons au gouvernement une alternative, une porte de sortie vers la gauche. Nous ne sommes pas dans une logique de blocage, mais dans une attitude constructive.
On peut discuter avec ce gouvernement ?
Les premiers mois n’ont pas été marqués par une grande capacité d’écoute ou de dialogue. C’est une des choses qui doit changer.
François Hollande doit-il prendre la parole devant les Français ?
Il doit surtout changer de cap. Je n’ai jamais été un partisan de l’omniprésence présidentielle. Ce que je lui conseille, c’est d’écouter davantage ses propres électeurs, qui disent partout : « Nous attendions plus et mieux. »
Le Parisien
19:56 Publié dans Actualités, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre laurent, gouvernement | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
13/12/2012
Cahuzac: Le journal Le Temps, quotidien suisse proche de la finance, abonde dans le sens de Mediapart
CAHUZAC - Auteur de l'enquête à tiroirs accusant le ministre du Budget Jérôme Cahuzac d'avoir possédé un compte bancaire en Suisse, le site Mediapart vient de recevoir un soutien de poids. C'est Le Temps, le quotidien de référence à Genève, proche des milieux financiers, reprend les informations du site internet français. Et y ajoute un élément.
Le journal suisse relate les derniers éléments de l'enquête, à savoir la découverte d'Hervé Dreyfus, gestionnaire de fortune et homme de confiance de Jérôme Cahuzac. Selon Mediapart, c'est lui qui aurait aidé le ministre à "gérer son importante fortune personnelle, constituée pour partie d’avoirs non déclarés". Ce même Hervé Dreyfus figurerait sur la fameuse conversation téléphonique enregistrée, au cours de laquelle Jérôme Cahuzac aurait mentionné l’existence d’un compte en Suisse.
Selon Mediapart et Le Temps, Hervé Dreyfus a donné son nom à la société Hervé Dreyfus Finance. Au capital de celle-ci figurait, à sa fondation, "un influent financier suisse, Dominique Reyl, fondateur de la Compagnie financière d’études et de gestion, devenue Reyl & Cie en 1988". Avant d'être à la tête d'une banque, était donc un gestionnaire de fortune en Suisse. C'est ces liens qui peuvent renforcer l'éventualité que Jérôme Cahuzac a pu disposer d'un compte dans ce pays, et ainsi pratiquer l'évasion fiscale.
Le quotidien suisse met à jour les relations de Hervé Dreyfus, auquel il prête des liens forts avec Nicolas Sarkozy, et Dominique Reyl. En effet, les deux hommes seraient demi-frères. Une nouvelle piste, dans ce qui ressemble de plus en plus à la première affaire d'Etat du gouvernement Hollande ?
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09/12/2012
La hausse de la TVA votée à l’Assemblée
Pour financer le pacte de compétitivité, 6,4 milliards d’euros sortiront de la poche des Français.
Le pacte de compétitivité va avoir un goût salé pour les ménages. En effet, après avoir voté, mardi, un cadeau de 20 milliards d’euros aux entreprises – et ce sans condition d’objectifs en termes d’emploi ou d’investissements –, la majorité socialiste à l’Assemblée nationale a, mercredi, présenté la note. Car cela se traduira, notamment, par une hausse différenciée de la TVA.
Si celle de 5,5 % passe à 5 % sur les produits alimentaires, le gaz ou l’électricité, faisant économiser 900 millions d’euros aux consommateurs, il n’en est pas de même des autres taux de TVA. Ainsi, celui de 7 % passera à 10 %, fragilisant gravement, par exemple, la construction de logements sociaux. La ministre du Logement, Cécile Duflot, s’en est d’ailleurs émue, exprimant publiquement son désaccord. La TVA à 19,6 % devrait, elle, passer à 20 %.
Même si ces nouveaux taux ne doivent entrer en vigueur qu’en 2014, ils ponctionneront, demain, 6,4 milliards d’euros sur le pouvoir d’achat de tous les Français, et ce quel que soit leur niveau de ressources. Une mesure considérée par beaucoup, à gauche, comme injuste socialement et contre-productive économiquement, la croissance nécessitant à l’inverse la relance de la consommation, donc du pouvoir d’achat. C’est la raison pour laquelle ce dispositif, comme celui sur le pacte de compétitivité, crée des remous jusque dans les rangs des élus PS. D’autant que la droite, qui avait voté sous Sarkozy la TVA sociale, abrogée en septembre par le nouveau gouvernement, ne se prive pas de dénoncer aujourd’hui ce qu’elle considère comme un « revirement » de l’exécutif et de sa majorité.
Si le PS a voté la mesure, les écologistes se sont abstenus, alors que les députés du Front de gauche, eux, ont carrément voté contre, refusant d’entériner un dispositif qui concrétise un transfert d’argent des ménages au profit des entreprises et des actionnaires.
19:28 Publié dans Actualités, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tva, budget, loi de finances, pacte de compétitivité | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
18/11/2012
Johnny, retour gagnant, contre toute attente
Johnny Hallyday sort l’Attente. Un très bel album pop-rock puissant et sensible, marqué par la plume de Christophe Miossec.
Il y a Marie, l’une des plus belles chansons de son répertoire. Il y aura désormais l’Attente, appelée à devenir un de ses grands classiques. Le titre, qui donne son nom au nouvel album de Johnny, ressemble à une prière. Celle d’un homme qui aimerait que l’amour revienne. Comment ne pas y voir un parallèle avec notre Johnny Hallyday national, adulé et controversé ces dernières années. Johnny est un artiste impressionnant. Alors qu’on le pensait perdu entre ennuis de santé, procès et difficultés à remplir les stades, il revient plus en forme que jamais, physiquement et artistiquement. Après son déroutant disque Jamais seul, il renoue avec les vraies grandes chansons qui lui correspondent. À travers l’Attente, il remet sa vie en jeu avec l’espoir de Refaire l’histoire. Il chante la vie, l’amour, le temps qui passe avec la même fougue qu’à ses débuts. Bien sûr, le poids des ans se fait sentir, mais sa grande force est d’assumer son âge. Christophe Miossec, qui signe sept chansons sur les onze de l’album, a bien compris la personnalité du Johnny d’aujourd’hui. Il lui a ainsi écrit Vingt ans, morceau émouvant dans lequel le chanteur a ces mots : « Dis-moi que la vie est encore plus belle quand on n’a plus vingt ans/Est-ce qu’on peut encore toucher le ciel quand on n’a plus vingt ans ? »
Des textes ouverts sur la vie
Ce qui arrive à Johnny tient du miracle. Cela fait longtemps, peut-être depuis Sang pour sang — un album référent dans sa carrière, écrit et composé par son fils David —, qu’il n’avait pas trouvé autant de chansons à sa mesure. La raison ? On a trop souvent écrit des titres centrés sur le rockeur, lui dressant un piédestal. Avec l’Attente, il retrouve des textes ouverts sur la vie, dans lesquels il peut laisser parler ses sentiments. Johnny les sert avec majesté, démontrant une fois encore sa dimension d’immense interprète. Car, on l’avait un peu oublié, Johnny est un très grand chanteur, lequel renaît sous la plume de Miossec : « C’est le plus bel auteur qu’on a en France », confie Bertrand Lamblot, directeur artistique de l’album. Enregistré entre Bruxelles, Saint-Barthélemy et Los Angeles, il bénéficie de la réalisation d’Yvan Cassar, avec lequel le chanteur n’avait pas travaillé depuis le Cœur d’un homme, et de la participation de quatre autres auteurs, Isabelle Bernal, Marie-Laure Douce, Emmanuelle Cosso et Benoît Carré.
Johnny, c’est notre Amérique à nous. On a donc convoqué les guitares à la AC/DC, les ballades blues-folk ou les hymnes pop-rock taillés pour la scène. Parmi les titres marquants, il y a Un tableau d’Hopper, qui fait écho à Quelque chose de Tennessee, N’en vouloir à personne, l’Amour à mort, Un nouveau jour, Devant toi, À l’abri du monde ou L’amour peut prendre froid, en duo avec Céline Dion. Un album puissant et sensible où Johnny, toujours debout, dit sa vérité avec sincérité. De vraies retrouvailles.
Victor Hache, l'Humanité
14:52 Publié dans Actualités, Musique, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, rock, johnny hallyday | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |