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16/08/2013

Transport aérien : A bas le low-cost à tout prix !

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Le PDG de Ryanair, Michael O’Leary et des hôtesses de la compagnie lors de la présentation du calendrier Ryanair 2012.

Sous la houlette de son fantasque dirigeant, Ryanair multiplie les coups bas pour devancer ses concurrents. Or ce modèle commercial nous ramène au capitalisme sauvage du XIXe siècle, s’insurge le journaliste Per Svensson, qui déplore le peu de mobilisation contre ces pratiques.

Qu’ont en commun Michael O’Leary [le patron de Ryanair] et l’Oncle Picsou ? Tous deux sont riches à millions. Qu’est-ce qui les distingue ? Picsou a bâti sa fortune sur sa propre pingrerie, Michael O’Leary sur celle des autres.

Bien que Michael O’Leary ait déclaré vouloir créer des places debout dans ses avions et y rendre les séjours aux toilettes payants, Ryanair est aujourd’hui la première compagnie aérienne d’Europe en termes de fréquentation, avec 80 millions de passagers par an. C’est aussi, en dépit d’un léger repli au dernier trimestre, une entreprise particulièrement rentable.

Sur le dernier exercice (2012-2013), Ryanair a réalisé un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros, avec un bénéfice en hausse d’un peu plus de 11 %, soit 569 millions d’euros. Des chiffres que l’on peut mettre en parallèle avec ceux de Lufthansa, par exemple, qui a annoncé un peu plus de 3 % de bénéfices sur l’exercice 2012, soit 990 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires net de 30 milliards. Lufthansa doit donc embarquer six fois plus de passagers que Ryanair pour gagner à peine le double. Autrement dit, deux euros Ryanair valent plus que six euros Lufthansa.

Ryanair devient la norme

Comment cela s’explique-t-il ? Lowest cost always wins” [les coûts les moins élevés l’emportent toujours], répondait Michael O’Leary lors d’une conférence de presse donnée à Göteborg à l’automne dernier. C’est la doctrine constitutive du capitalisme mondial, fondée sur l’idée que, sur un marché devenu planétaire, le prix passe toujours avant la qualité. Et que, pour être moins cher que la concurrence, il faut avoir des coûts inférieurs.

Le modèle commercial de Ryanair se fonde sur le principe du “bad enough”

Cet objectif peut être atteint de plusieurs manières. Le modèle commercial de Ryanair se fonde sur le principe du “bad enough” : le traitement réservé aux employés et aux passagers doit être suffisamment mauvais pour que le prix du billet soit suffisamment bas pour que les clients acceptent non seulement d’être traités comme de vieilles chaussettes, mais se fichent également éperdument de savoir que les employés de la société sont encore plus mal traités qu’eux. Le fait que Ryanair soit une entreprise qui malmène à la fois son personnel et ses passagers n’est pas un scoop.

Michael O’Leary est également le parfait reflet de son époque à un autre point de vue : il semble taillé pour un univers médiatique qui aime les méchants charismatiques et “tweetables”. Il “fait le buzz” en permanence et aime à poser au milieu de demoiselles en bikini.

Ryanair n’est ni une jeune entreprise prodige, ni une brebis galeuse, ni une exception qui viendrait confirmer la règle. Ryanair est, ou est en passe de devenir, la norme ; une des illustrations les plus frappantes d’un vaste changement de paradigme.

Le modèle social européen dans lequel j’ai grandi, où le marché de l’emploi et la vie économique sont caractérisés par la concertation, l’équilibre des pouvoirs et la répartition des richesses, est en net recul. Le 20e siècle est définitivement derrière nous. A la place, nous allons bientôt revenir au 19e siècle : le capitalisme sauvage, le rejet du syndicalisme, le dumping salarial, l’exploitation des travailleurs. Et Ryanair ouvre la voie.

Je n’ai jamais pris de vol Ryanair. Et je ne le ferai jamais, sous aucun prétexte. Non seulement parce que je préfère voyager comme un être civilisé, mais aussi parce que, étant libéral, je considère que l’on doit essayer, autant que faire se peut, d’être politiquement et moralement responsable de son mode de consommation, d’exercer son pouvoir de consommateur, tout simplement.

Contre la néandertalisation de l’Economie

Quatre-vingts millions de passagers peuvent-ils avoir tort ? Oui

Quatre-vingts millions de passagers peuvent-ils avoir tort ? Oui. Et je m’étonne qu’ils ne soient pas plus nombreux à en prendre conscience. Autant que je sache, bon nombre de passagers Ryanair sont des jeunes gens instruits et sensibles aux thématiques sociales. Certains d’entre eux renoncent à consommer des produits carnés pour protester contre l’industrie de la viande.

D’autres, assez nombreux j’imagine, boycottent les artistes qui ne respectent pas les femmes ou tiennent des propos racistes. Pourtant, ils voyagent sur Ryanair – alors que Ryanair n’est pas seulement une honte en soi. Du fait même de son existence, elle oblige les compagnies sérieuses à s’adapter à ce que l’on appelle "une situation de concurrence inédite", autrement dit les oblige à devenir brutales à leur tour ou à disparaître.

Il est donc difficile de comprendre comment quelqu’un qui se dit “de gauche” peut faire la queue devant un guichet Ryanair sans rougir. Dans l’histoire récente, aucune autre entreprise n’a, à la fois directement et indirectement – par la force de l’exemple – autant contribué à saper les fondements sociaux que la “gauche” prétend vouloir défendre et qui constituent le socle sur lequel les sociétés prospères d’Europe de l’Ouest se sont érigées après-guerre : la sécurité au travail, la décence des salaires, la solidarité mutuelle entre les employés et leur entreprise, et ainsi de suite…

Pourquoi la question n’est-elle pas soulevée plus souvent par les intellectuels ? Pourquoi le cas Ryanair ne fait-il l’objet d’aucun débat de fond ? Pourquoi la gauche suédoise contemporaine se préoccupe-t-elle si peu de l’économie et de la violence de certains rapports de force ?

Comment se fait-il, pour parler concrètement, que Lilla Hjärtat [personnage de la littérature jeunesse suédoise jugé raciste] et le changement d’une voyelle dans les pronoms personnels [le pronom neutre “hen” a été proposé pour remplacer le féminin “hon” (elle) et le masculin “han” (il)] soient des thèmes de débat plus mobilisateurs en Suède que Michael O’Leary et la néandertalisation de la vie économique ?

Sydsvenskan Malmö. Traduction : Jean-Baptiste Bor pour Press Europ

05/08/2013

PEDOPHILIE : MAROC / TEMOIGNAGE DE SERGE GARDE, JOURNALISTE

gardeserge.jpgCe matin, lundi 5 août 2013, j'étais invité à l'aube (à 6 h 30) en direct sur le plateau d'I télé, pour commenter la grâce royale accordée au pédocriminel espagnol Daniel Galvan. J'ai avancé les idées suivantes:

1°) C'est une victoire pour les associations de défense des enfants tous les manifestant-es (et notamment celles et ceux de Rabat) au Maroc, ailleurs et sur les réseaux sociaux. S'il n'y avait pas eu cette mobilisation, il n'y aurait pas eu d'annulation de la grâce. Les manifestant-es ont brisé un tabou et cela, c'est un acquis durable!

2°) A propos, je ne sais pas ce qu'est une annulation de grâce. Ce qui est certain, c'est que ce criminel, condamné en 2011 à 30 ans de prison pour le viol de 11 enfants (le plus jeune avait 4 ans!) est sorti de prison et qu'il a disparu dans la nature, ce qui suppose des complicités extérieures.

 3°) Actuellement, on cherche à nous faire croire qu'il s'agit d'une bévue commise par l'entourage de Mohamed VI. L'enquête ouverte vise surtout à trouver le fusible qui va sauter pour sauvegarder l'image royale.

4°) Il ne s'agit hélas pas d'une regrettable erreur, mais d'un symptôme révélateur de la situation au Maroc. Selon les ONG locales, on estime à 26000 les viols d'enfants chaque année. soit 71 viols par jour!

5°) 92% des dérogations demandées pour organiser les mariages de fillettes avec des adultes sont autorisés par les juges marocains, car la loi prévoit de telles dérogations sans avoir fixé de l'imite d'âge. Ce qui revient à une autorisation de vendre ses filles.

6°) On critique Mohamed VI, mais que dire du roi d'Espagne ? C'est tout de même lui qui a demandé à son collègue marocain cette grâce! Et je constate que le récent safari africain de Juan Carlos a provoqué plus de réactions hostiles que cette grâce!

 7°) Tout cela montre l'ambiguité qui subsiste dans nos sociétés à propos de la pédocriminalité.

 8°) Après le tsunami de 2004, dans le sud est asiatique, les circuits du tourisme sexuel se sont sensiblement modifiés et le Maroc est devenu encore plus une terre attractive pour les prédateurs sexuels de mineur-es.

J'ai à peu près pu dire tout cela en direct. Propos que je n'ai plus retrouvés lors des reprises du sujet, dans les journaux télévisés suivants. J'aurais pu ajouter que ce "danielgate" révèle aussi le décalage qui existe entre les "élites auto-proclamées" et l'opinion publique.

maroc-marche-contre-la-pedophilie_200_200.jpgS'il n'y avait pas eu cette mobilisation d'une grande partie de la population (internautes compris) jamais le roi ne serait revenu sur la grâce qu'il avait accordée. Ne serait-ce que pour éviter de créer cet "ojni" (objet juridique non identifié) qui risque de poser d'inextricables complications juridiques. J'aurais pu ajouter que dans un pays dans lequel la pédocriminalité n'est pas lourdement réprimée (Galvan est dans le palmarès des juges, une exception), et dans lequel une bonne partie des familles continuent à vivre avec un euro de revenu par jour, le commerce des enfants et l'inceste ne risquent pas de reculer.

Finalement, c'est la mobilisation des opinions publiques contre la pédocriminalité qui sera déterminante. Bravo aux manifestant-es qui ont bravé les matraques des policiers pour défendre les enfants!

Serge Garde

Journaliste d'investigation, il collabore jusqu'à sa retraite au quotidien L'Humanité où il traite des faits divers. Il a travaillé également pour la télévision (FR3 et M6).

Il a consacré divers ouvrages à la pédocriminalité et à la lutte à son encontre.

02/08/2013

INTIFADA !

la robe rouge,infada,indignation,révolutionMon nom est révolution.

Mon combat est l’indignation. Mes maîtres à penser, ont tous, à leur manière résisté.

Mon nom est révolution.

J’ai été éduquée à l’affrontement.

Tu te demandes d’où me vient cette amertume, tu crois que c’est le résultat de la coutume.

Mais cher ami, nous sommes le fruit de notre propre vécu, le fruit de notre propre aperçu.

J’ai vu la création dans l’abondance, l’apologie de l’opulence: sans conscience. Elle profite aux puissants au détriment des "sans". Nous, les sans histoire, sans territoire, sans espoir. Banquiers, financiers, ceux qui nous ont dépossédés de ce qui nous appartenait. Il nous ont octroyé quelques acquis bradés juste pour que l’on puisse la fermer. Et demain, il n’en sera plus.

Retraité-e-s, immigré-e-s, salarié-e-s, sans-papiers vos droits sont bafoués et vous vous taisez.

J’ai vu se créer des zones de non-droit pour ceux qui n’étaient pas comme toi. Toi et ta couleur, toi et ton voile, toi et ton accent, toi et ton Dieu vous n’êtes pas assez bien, assez proches de ce que l’on a l’habitude de voir pour que l’on puisse, de ton sort, s’émouvoir. Va-t-en mon ami, retourne d’où tu viens, retourne chez toi, il n’y a que là que tu as ton bon droit.

J’ai vu mes soeurs se faire insulter. Tu n’es qu’une traînée, toi et ta jupe serrée, ton chemisier trop échancré.  Tu as les mêmes qualifications que ton mari, ton frère et père, mais tu seras payée un peu moins, un peu: c’est le prix de la maternité. Il paraît. Ton enfant que j’aurais porté pour que ce soit ton nom qui lui soit donné. Bien sûr mon ami, le matriarcat ne vaut pas mieux que le patriarcat, mais quand voudras-tu m’affranchir de cette main mise et pour que de mon destin, je puisse enfin avoir la maîtrise. Laisse moi me voiler ou me dénuder, laisse moi, mon nom est Liberté.

J’ai vu les riches devenir toujours plus riches et des pauvres toujours plus pauvres. Les uns, vivaient de leur rente, les patrons du CAC et de ses 40 voleurs, et les autres suer, se sacrifier, se mutiler pour une poignée de roupies. On les a appelés les assistés pour avoir eu le tort d’accepter une partie de ce que l’on leur a confisqué: la plus value. Cette valeur ajouté qu’ils ont contribué à créer, tout au long de l’année sans pouvoir se reposer même pendant les cinq semaines de congés payés ou plutôt côtisés, qu’ils ont durement arraché, et qu’on ne leur a jamais reversé. Rend moi ce que tu m’as forcé à produire, donne moi les mêmes droits que tes nantis, tu sais mon nom est Egalité et je veux que cette volonté soit respectée.

J’ai mon pays, la Terre, maltraitée, malmenée, perforée, rasée, asséchée, pour le prix d’un billet. Et tes enfants tu y as pensé? Que vont-ils boire et respirer. Tu crois que c’est grâce à tes centrales et tes voitures de luxe que ces derniers pourront s’épanouir? As-tu pensé ne serait-ce qu’un instant à leur descendance et à leur capacité de subvenir à leur besoin. Ô capitaliste productiviste, mon nom est Fraternité et je ne te laisserai pas continuer à dilapider les ressources que mes ancêtres nous ont légué.

Nous ne serons plus lésés.

Mon nom est révolution, je porte une robe rouge, mon nom est révolution.

Intifada résonne dans ma tête. Intifada résonne dans la rue.

La Robe Rouge

18/07/2013

LES FRERES ENNEMIS !

marchepourlapaix.jpgIl était une fois un homme nommé Abraham, on le disait descendant de Sem, le fils de Noé. Un servent de Dieu: ni chrétien, ni juif, ni musulman, un servent de Dieu.

Cet homme, avait une épouse, Sarah. Il avaient également une servante, Hajar. Sarah lui donne un fils qu’ils nomment Isaac et Hajar un fils appelé Ismaël. Deux frères que tout unit mais que tout opposera. On leur a prédit d’avoir une vaste descendance, chacun devra accomplir son destin et perpétuer une lignée.

Ismaël et Isaac n’étaient pas complètement frères de sang, mais ils étaient frères de sein, mais Sarah, ordonne à son époux de chasser Hajar et son fils, condamnés à errer dans le désert.

Un même père mais deux mères qui vont définitivement troubler les repères. Pourtant, une famille est une famille, quelque soit le caractère légitime ou pas de la filiation.

Les siècles ont passé, la descendance  d’Isaac et Ismaël s’est propagée dans tout le Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Certains sont devenus juifs et les autres musulmans.

Un jour, une arabe tombe amoureuse. Un jour, un juif tombe amoureux.

Ni elle, ni lui ne sait ce que l’autre est, mais ils tombent amoureux l’un de l’autre.

Elle, l’aimait pour son élégance, sa sagesse et son humour. Lui, l’aimait pour son intelligence, sa beauté et sa générosité.

Ils s’aimaient sans se poser de questions, la puissance des corps étaient plus forte que celle des clivages politiques. Mais un jour, il a découvert que sa langue maternelle était l’arabe et elle que la sienne était l’hébreu. Alors que leur seul langage était l’amour, ils se sont rendus compte qu’ils ne se comprenaient plus, ou plutôt qu’ils ne voulaient plus se comprendre. Ils ne cherchaient plus à se comprendre.

Ils partageaient tout, mais surtout, ce qu’ils partageaient, étaient hautement transcendant, mais il lui a dit "tu sais, je suis sioniste" et elle lui a répondu "tu sais les palestiniens aussi ont droit à leur terre". Pour chacun, une confidence bien amère…

Il s’aiment plus que tout et ils ont fini par se haïr pour une simple question de territoire, de convictions politiques, de suprématie.

Quelque chose qui est en contraste total avec ce qu’ils étaient au départ. De servants de l’amour ils sont devenus esclaves de la haine.

laroberouge4.jpgLeurs langues sont cousines, leur histoire est commune, leurs origines sont voisines et ils se vouent aujourd’hui une guerre sans merci.

J’ai bien essayé de comprendre, de remonter aux origines bibliques, ethniques, historiques, rien ne justifie leur défiance les uns à l’égard des autres.

Et ce que j’en conclue, c’est que ce sont ceux qui cultivent cette haine, qui des deux côtés sont antisémites.

Anti eux-mêmes

La Robe Rouge