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02/01/2015

Algérie : la révolution des escaliers arc-en-ciel

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Depuis plusieurs mois, une frénésie créatrice a saisi les jeunes qui ont entrepris de repeindre les lieux publics dans plusieurs villes du pays. Une association de Tizi Ouzou, à l’est de la capitale, a repeint l’escalier d’un quartier populaire pour que les enfants jouent dans un environnement agréable.

Quel gosse n’a jamais rêvé d’un monde arc-en-ciel ?

Depuis plusieurs mois, en Algérie, une frénésie créatrice a saisi les jeunes qui ont entrepris de dissiper la grisaille de leurs quartiers en couvrant l’espace public de couleurs vives. Le berceau de cette « révolution des escaliers » se situe à Souk Ahras, dans l’est du pays, où une petite association, Nadhafa (Propreté), a décidé cet été de réagir à l’abandon des lieux communs, livrés à la saleté, défigurés par l’absence d’entretien.

Postées sur Internet, les photographies des escaliers multicolores ont soulevé l’enthousiasme et suscité des émules dans tout le pays. À Alger, à Tiaret, à Aïn Temouchent, à Blida, les fresques rivalisent d’inventivité, dessinant un mouvement citoyen d’un nouveau genre. Ici, à TiziOuzou, un « escalier piano » a pris corps, avec touches noires et blanches, croches et clés de sol échappées d’une portée.
Là, à Mascara, c’est un paon qui arbore une traîne rouge, vert et bleu, comme prêt à faire la roue. Dans la capitale, au seuil d’une école, un escalier remaquillé de pastels s’est changé en ludique table de multiplication. Les marches du Rialto, à Skikda, se sont transformées en vagues azurées sur lesquelles flotte un voilier.
Le peintre Ahmed Zahi a promis aux artistes en herbe d’apporter sa touche à ce paysage maritime avec un dauphin et un goéland. « Ville d’escaliers par excellence, Skikda ne pouvait passer à côté de cette fièvre colorée qui s’est emparée de plusieurs villes du pays. Les initiateurs, tous bénévoles, ont d’abord nettoyé les marches avant de passer à l’action, créant ainsi une belle ambiance au centre-ville et attirant les regards », rapporte le quotidien El Watan. Les compositions colorées semblent entrer en dialogue avec les noms des rues, chargés de poésie : Drouj El bahri (« escaliers de la brise »), Drouj El ghoula (« escaliers de l’ogresse »), Drouj El mouhal (« escaliers de l’impossible »).
 
Un ballon d’oxygène face aux carences de l’État
Encadrées par des associations de quartier ou complètement autogérées, ces initiatives convergentes, sur les réseaux sociaux, en communautés. Comme celles lancées par les groupes 7oumti (Mon quartier) et Algérie propre, qui veulent « essayer de sensibiliser les jeunes Algériens au respect de l’environnement et de l’espace dans lesquels ils vivent ».
 
Cette « révolution des escaliers » est, de fait, un ballon d’oxygène dans un pays où l’urbanisation accélérée et anarchique, les carences des services publics locaux et les déchets générés par l’essor de la société de consommation défigurent les paysages. « Nous sommes conscients des conséquences des négligences environnementales à long terme. La jeunesse algérienne ne manque ni de talent ni d’intelligence, mais juste un peu de volonté. En semant quelques graines d’espoir, nous souhaitons améliorer notre mode de vie. L’incivisme est la gangrène qui ronge nos rues et vole la beauté de nos villes », explique-t-on à l’ACT, une association locale de Tizi-Ouzou engagée dans ce mouvement, mais aussi dans la réhabilitation des espaces verts et la promotion du tri sélectif.
 
Dans l’élan, certains ont troqué les pinceaux contre des râteaux, pour nettoyer les plages, rendre vie aux fontaines publiques ou débarrasser les champs des affreux sacs en plastique dispersés par millions aux quatre vents. Cette année, Alger s’était placée parmi les dix agglomérations les moins vivables au monde dans le classement établi par The Economist. Sans que cela n’émeuve des autorités, locales ou nationales, toujours promptes à rejeter sur le peuple la responsabilité de la pollution et de la saleté. « Echaâb machi m’rabbi ou moussakh » (« La population est sale et mal éduquée »), c’est par cette sentence méprisante que les responsables politiques ont coutume d’éluder les critiques sur leurs propres défaillances.
L’an dernier, une enveloppe de 100 millions de dinars a été allouée, avec force publicité, au nettoyage et à « l’embellissement » de la Ville blanche… Sans effets visibles. « Il faut nettoyer le pays ! » avait clamé le premier ministre, Abdelmalek Sellal, en arrivant au pouvoir, en 2012. Sans conséquences. Sans plus rien attendre de l’État, les jeunes à l’origine de la « révolution des escaliers » se prennent en main, transformant sans moyens, avec un peu de peinture et beaucoup d’imagination leur cadre de vie quotidien.
 
Après les « drouj », les couleurs promettent de se déverser partout : sur les murs, sur le béton des échangeurs d’autoroutes, et même sur les antennes paraboliques qui rendent si tristes les façades des immeubles. À Tébessa, les élèves du collège Abi Moussa El Achaari, lassés d’étudier dans des salles de classe lugubres, ont redonné vie à leur lieu d’étude par la magie de quelques dessins. D’autres adolescents, déjà, les imitent, rivalisant de créativité.
 
Cette belle aventure collective nous remet en mémoire un poème de Bachir Hadj Ali, Rêves en désordre : « Je rêve d’îlots rieurs et de criques ombragées / Je rêve de cités verdoyantes silencieuses la nuit / Je rêve de villages blancs bleus sans trachome / Je rêve de fleuves profonds sagement paresseux / Je rêve de protection pour les forêts convalescentes / Je rêve de sources annonciatrices de cerisaies / Je rêve de vagues blondes éclaboussant les pylônes / Je rêve de derricks couleur de premier mai. »
 
 

10:22 Publié dans Arts, Connaissances, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : algérie, art, escalier | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

21/12/2014

JEFF KOONS : Une œuvre lisse ? Comme une eau qui dort

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Avec Antiquity 3, (2009-2011), point de Cicciolina, mais de recyclage du mariage de figures antiques avec la modernité.

La rétrospective Jeff Koons au Centre Pompidou jalonne de façon très pertinente le parcours de l’ancien trader 
devenu un artiste américain un peu trop tranquille.

La rétrospective Jeff Koons qui vient d’ouvrir au Centre Pompidou connaîtra un beau succès de fréquentation et alimentera de sempiternelles polémiques et critiques : Koons gagne beaucoup d’argent, c’est une entreprise qui travaille pour lui, les objets qu’il met en circulation ne sont que des objets de la vie courante ou leurs copies surdimensionnées, des doubles de statues antiques connues. Tout cela est vrai mais appelle d’emblée quelques remarques.

Picasso aussi gagnait beaucoup d’argent. à quelques exceptions près, les grands artistes, une fois reconnus, ont généralement gagné de l’argent et, qu’on le veuille ou non, un artiste doit vivre et existe avec et par le marché de l’art. Van Gogh est aussi mort de ne pas vendre. Koons est à la tête d’une entreprise. C’est vrai, mais Rubens aussi l’était avec une trentaine de personnes et n’hésitait pas dans un tableau qu’il signait de sa main, à faire appel à tel ou tel peintre spécialiste de telle ou telle figure.

Tous les peintres, sauf exceptions là encore, de la Renaissance au XIXe siècle sont à la tête d’importants ateliers. La figure de l’artiste mourant de faim seul dans sa mansarde pour y créer une œuvre géniale est une vision romantique et datée, de la seconde partie du XIXe siècle aux années 1950 ou 1960.

Un Américain pas du genre à chercher midi à 14 heures

On peut donc passer au troisième point. L’œuvre de Jeff Koons.

La rétrospective de Pompidou, avec un parcours chronologique commenté à chaque nouvelle étape, est pertinente. Désormais directeur du Centre, Bernard Blistène en est le maître d’œuvre, fort d’un travail de plus de trois ans au plus près de l’artiste et de ses œuvres, non sans mettre le doigt sur la complexité de ce qui se présente d’emblée comme un monde lisse et enchanté, n’hésitant pas à citer dans le texte qui ouvre le catalogue la chanson de l’Île aux enfants.

Héritier en un sens de Marcel Duchamp, Koons n’est pas Duchamp. Entretenant un rapport avec les objets de la vie quotidienne et l’argent le faisant ressembler à Warhol, Koons n’est pas Warhol. Il ne partage pas a priori le questionnement intellectuel du premier et l’univers d’ombres du second.

L’ancien trader de Wall Street, âgé aujourd’hui de cinquante-neuf ans, et qui décide à la fin des années 1970 de se lancer dans l’art, se présente sans mystère comme un Américain propre sur lui, bien coiffé, pas du genre à chercher midi à 14 heures. Il commencera par exposer tout simplement des aspirateurs dans des vitrines, puis des ballons de basket en suspension, également dans des vitrines, puis des pubs pour des boissons, remarquant simplement au passage, l’air de ne pas y toucher, qu’elles ne sont pas conçues de la même façon en fonction des couches sociales, voire des « classes » auxquelles elles s’adressent.

Il passe ensuite à des reproductions agrandies de statuettes de l’art populaire comme à des sculptures kitchissimes.

La plus célèbre est celle représentant Michael Jackson et son singe, exactement conçue comme un bibelot en porcelaine dorée d’un incroyable mauvais goût que l’on place sur une cheminée. Il fait réaliser par ses équipes de grands tableaux au fini impeccable représentant des paysages jouets peuplés de Playmobil.

L’Américain sans histoires, pourtant, n’hésitera pas, lorsqu’il vit une relation passionnée avec la Cicciolina (qui lui soustraira par la suite leur enfant), actrice porno puis parlementaire, à mettre en scène leur relation en photos et sculptures très hard. Ce n’est pas cela qui est pornographique, dira-t-il en substance, mais le monde.

La cloche de la liberté que l’on découvre plus loin est fêlée et les reproductions de statues de l’avant-dernière partie du parcours, d’une exceptionnelle perfection formelle et représentant parfois des années de travail de son atelier, semblent émerger, par leurs arrondis et leur hyperbrillance, de rêves incertains, comme de passage dans notre conscience. L’œuvre de Koons est lisse, à peu près comme une eau qui dort.

Jusqu’au 27 avril 2015. Catalogue édité par le Centre Pompidou, 
314 pages, 44,90 euros.
 
Maurice Ulrich, l'Humanité

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29/11/2014

MOSAIK RADIO : MUSIQUES ET INFORMATIONS

Le groupe E-Mosaïque se renforce avec une nouvelle radio présente sur tous ses blogs et qui diffusera essentiellement de la musique d'ambiance très diversifiée, des flashs d'informations, des magazines d'actualités .

L'objectif pour son maintien impératif est d'obtenir une audience cumulée d'au moins 300 heures par période de 24h. Nous comptons bien sûr sur vous pour atteindre cet objectif. L'idée est également que chacun d'entre vous devienne programmateur de cette nouvelle radio en proposant chanteurs et chansons.

Mosaik Radio, la radio de toutes les musiques, de toutes les actualités !

26/11/2014

INTERACTIF. Inégalités : le rapport alarmant dressé par Oxfam

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Selon une étude de l'ONG Oxfam, 70% de la population de la Terre vit dans un pays où l'écart entre les riches et les pauvres est plus important qu'il y a trente ans.

La famille de Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal, est tellement riche qu'il lui faudrait 102 ans pour dépenser sa fortune, à raison d'un million de dollars par jour. Un constat sidérant, mais qui n'est qu'un exemple parmi d'autres évoqués dans le rapport coup de poing que publie ce jeudi Oxfam sur les inégalités dans le monde. A ceux qui en doutaient encore, l'ONG spécialisée dans la lutte contre la pauvreté prouve, au fil de ces 156 pages étayées par une multitude d'études économiques, l'effarante poussée des inégalités à travers le monde.

70% de la population de la Terre vit ainsi dans un pays où l'écart entre les riches et les pauvres est plus important qu'il y a trente ans.

Pays développés ou en voie de développement, les inégalités se retrouvent partout : une poignée d'individus détient la majorité des ressources. La n'y échappe pas : «Les 1% les plus riches possèdent autant que les 70% les moins aisés de la population. Les fortunes cumulées des familles Bettencourt et Arnault représentent autant que ce que possèdent les 20 millions de Français les plus pauvres», indique Nicolas Vercken d'Oxfam .

«Condamnés à rester pauvres de génération en génération

misere1.jpgDe manière générale, les 85 plus grosses fortunes mondiales détiennent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. La n'a rien arrangé, au contraire. Depuis, «le nombre de milliardaires dans le monde a pratiquement doublé, à 1645 personnes», rappelle l'organisation, qui ajoute : «La richesse cumulée des milliardaires a augmenté de 124% ces quatre dernières années», pour atteindre environ 4200 milliards d'euros.... soit deux fois le PIB de la France.

Le pire, c'est que le système ne permet pas aux plus mal lotis de s'en sortir, constate Oxfam. Ils sont «condamnés à rester pauvres de génération en génération», parce que «dans les pays riches comme dans les pays pauvres, les inégalités élevées ont réduit la mobilité sociale.» Même le rêve américain n'est pas épargné. Aux Etats-Unis, près de la moitié des enfants de parents pauvres auront de faibles revenus une fois adultes.

Surtout, cette aggravation des disparités nuit à la croissance globale, comme le rappelle l'ONG. «Dans les pays dans lesquels sévissent des inégalités économiques extrêmes, la croissance est de courte durée et la croissance à long terme est affaiblie». Les inégalités ont aussi des conséquences environnementales : les 7% les plus riches sont responsables de 50% des émissions de CO2, tandis que les 50 % les plus pauvres ne sont à l’origine que de 7 % des émissions dans le monde.

Créer un impôt pour les milliardaires

Pour expliquer cette situation, elle pointe le «capitalisme sauvage» et «la mainmise des élites sur le monde politique et le pouvoir». Elle fustige en particulier les exemptions et échappatoires fiscaux dont profitent les plus riches. Alarmiste mais pas fataliste, Oxfam préconise des solutions pour enrayer la spirale, notamment une révolution fiscale qui passerait par la création d'un impôt pour les plus riches.

Elle a calculé que taxer la fortune de tous les milliardaires à hauteur de seulement 1,5% permettrait de dégager 58 milliards d'euros. Suffisant à la fois pour combler les déficits de financement nécessaires à la scolarisation de tous les enfants et pour fournir une couverture santé universelle dans les 49 pays les plus pauvres.

Sébastien Lernould, Le Parisien

09:34 Publié dans Connaissances, Economie, Planète, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : riches, apuvres, misère | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!