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18/01/2016

Arno : « Ça doit être dur pour Dieu de voir tout ce bazar ! »

arno.jpgLe chanteur belge sort "Human incognito". Un album très dense à l’esprit inventif dans la veine d’un chanteur libre pour qui la musique n’a pas de frontières, entre chansons cabossées, romantiques ou désespérées, rock déglingué, blues à la Tom Waits et voix rauque de crooner fatigué.

C’est curieux pour un personnage public de vouloir être un Human incognito, non ?

Arno Je me protège, non pas des autres, mais de moi après les deux dernières années où le monde a tellement changé. C’est l’être humain qui a fait tout ce à quoi on assiste. Il y a plein de choses qui se passent. Cela m’inspire !

Pour la pochette vous avez choisi une photo en noir et blanc où l’on voit un homme qu’on suppose être vous, sans tête et sans mains. Quel est le sens de cette image ?

Arno C’est du surréalisme. Je l’utilise comme une excuse pour faire des conneries et ne pas me voir. Je regarde comme un voyeur le monde autour de moi. Et ça me protège.

Vous chantez Please exist. Entre être incognito et affirmer vouloir exister, n’y a-t-il pas une contradiction ?

Arno  Dans cette chanson, je parle à Dieu. Je pense beaucoup à lui parce qu’il a créé l’être humain. Or que fait-il ? Plein de conneries ! Il fait des guerres, il tue. Les êtres humains sont tristes, en thérapie. Ça doit être dur pour Dieu de voir tout ce bazar !

La société est de plus en plus difficile. Que vous inspire-t-elle ?

Arno Aux élections, on assiste au conservatisme. Il y a une révolte qui vient de l’extrême droite, qui monte. On a besoin d’une autre révolte, de gauche ! Dans les années 1960, tout était possible, on vivait avec notre cul dans le beurre. Il n’y avait pas de crise, du boulot partout, de la solidarité. Aujourd’hui, avec la crise, c’est l’extrémisme. Est-ce qu’on est dans les années 1930 ? Je ne sais pas. Une période où il y avait l’extrême droite et où Hitler a créé la guerre. Il y avait aussi un autre extrémisme, celui du stalinisme contre l’hitlérisme. Je suis triste de voir comment la société évolue, mais ça m’inspire aussi. Je suis un vampire ! (Rires.) Je ne veux pas changer le monde. C’est un constat. On est vraiment dans la merde !

Quels thèmes vouliez-vous aborder dans votre album ?

Arno L’humanité, l’être humain et tout ce qui va avec, de la joie à la tristesse. Nous, quoi !

Le disque a été mixé à Bristol en Angleterre. C’est une ville qui vous fait particulièrement vibrer ?

Arno J’aime cette ville qui n’est pas très loin de la mer. Et les mouettes donnent le même son que celles de la mer du Nord. Quant aux moules, elles sont incroyables là-bas !

Meilleures qu’en Belgique ?

Arno Je ne peux pas dire ça parce qu’autrement j’aurais toute la Belgique contre moi ! (Rires.) Bristol est aussi très créative, où il y a beaucoup d’étudiants avec une grande université. C’est une ville très musicale d’où viennent Massiv Attack, Portishead et d’autres groupes. Bristol, c’est un peu Bruxelles, où j’habite. Cette ville a été un coup de foudre pour moi.

De quelles ambiances rêviez-vous pour votre disque ?

Arno Je voulais quelque chose d’organique. J’ai eu la chance de rencontrer l’ingénieure du son et productrice australienne Catherine Marks (connue pour ses collaborations avec Foals, PJ Harvey, etc. – NDLR), qui a fait ce son-là. Elle m’a beaucoup aidé.

Vous continuez d’osciller entre le blues, la chanson et le rock, comme si ces trois genres musicaux étaient inséparables à vos yeux ?

Arno Je mélange toutes ces sonorités parce que je considère qu’il n’y a pas de frontières dans la musique. Blues, rock ou ce qu’on veut, la musique doit avoir un esprit, une âme. Chez moi, j’écoute beaucoup de choses pour découvrir des univers différents. Je dis souvent : « Je suis ouvert comme une vieille pute ! » (Rires.)

Avec peut-être une préférence pour le rock ?

Arno Pour l’attitude rock ! La première fois que j’ai eu le microbe du rock, c’était à l’âge de 8 ans, lorsque j’ai découvert une chanson d’Elvis Presley, One Night With You. Quand je l’ai écoutée, j’ai eu des frissons, j’ai joui ! C’est grâce à cette chanson que je n’ai jamais travaillé et que j’ai fait de la musique.

Et votre attirance pour la chanson ?

Arno Ma grand-mère était chanteuse. Je me souviens qu’un jour, elle chantait la Mer, de Charles Trenet. Mais, à la place de chanter la Mer, elle s’amusait à dire « la merde ! » parce qu’elle était en train de faire la vaisselle – dans le temps les machines n’existaient pas ! (Rires.) Ma grand-mère m’a influencé dans beaucoup de choses. J’ai souvent utilisé des phrases qu’elle disait dans mes chansons.

Vous chantez « je veux vivre dans un monde sans papiers où les riches et les pauvres n’existent plus ». Vous pensez qu’un jour on parviendra à une société plus égalitaire ?

Arno Je ne pense pas que ce soit possible. C’est une utopie, un fantasme. L’être humain n’est pas comme ça. Quand les riches et les pauvres n’existeront plus, je n’aurai plus d’inspiration. Mais c’est un rêve. C’est mon film de Walt Disney ! (Rires.) J’aime entrer dans ma propre réalité qui n’existe pas. On en revient au surréalisme.

Qu’avez-vous éprouvé après les attentats du 13 novembre ?

Arno Ce qui s’est passé au Bataclan est horrible. Les gens sont traumatisés, mais les médias ont aidé aussi à ce traumatisme. Quelque temps après, je regardais le journal d’information à la télé, sur une chaîne hollandaise. Et il y a un mec qui était dans la rue où j’habite à Bruxelles, qui disait « après 18 heures, tout est fermé, pas de commerces, de restaurants, de bars, etc. ». Mais ce n’était pas vrai, il disait n’importe quoi ! Les Hollandais voyant ça à la télé, qui auraient voulu se rendre à Bruxelles, ont sûrement pensé « on ne va pas y aller parce que tout est fermé ». Il y avait une réalité bien sûr, mais je veux dire que les médias ont contribué à créer une angoisse. Il y a un danger, je suis d’accord, mais il faut faire attention à ce que disent les journaux. Il y a eu des attentats à Londres il y a quelques années, dans le métro, dans le train à Madrid, c’est grave. On vit dans un film de cow-boys et tout est possible dans un film de cow-boys…

La scène, que vous affectionnez parti- culièrement, reste-t-elle votre énergie, votre carburant ?

Arno J’en ai besoin. C’est ma vie. Sans ça, je ne suis rien. Je fais de la musique pour faire de la scène. À partir de fin janvier, je pars en tournée pour cinq mois entre la France, la Hollande, la Suisse… Je devais me produire au Bataclan en mars mais ça a été annulé et je jouerai au Trianon en mai. Je suis en train de construire le show, mais ce sera guitare-basse-batterie-clavier avec le chanteur de charme raté ! (Rires.)

un registre bouillonnant pour le chanteur belge, qui rêve de vivre « dans un monde oÙ les cons ne font pas de bruit » 

Quand il parle de lui, Arno se voit en vieux chanteur de charme raté. Pourtant, il continue de séduire et d’en pincer pour le rock, comme lorsqu’il avait dix-huit ans. Sur la pochette de son album, il se fait homme invisible. Sans tête ni mains, il la joue Human incognito pour mieux observer le monde, qu’il souhaiterait plus beau : « Je veux vivre dans un monde sans papiers, où les riches et les pauvres n’existent plus, (...) où les cons ne font pas de bruit », chante-t-il. Un registre bouillonnant à l’utopie assumée dont le « point de vue est celui de l’être humain ». Produit par l’Anglais John Parish, connu pour ses collaborations avec PJ Harvey, Eels ou Perfume Genius, enregistré à Bruxelles, mixé à Bristol, ce nouvel album privilégie les ambiances organiques sur fond de guitares, basse, batterie ou accordéon, alternant chanson, rock, blues, français et anglais. Un bazar magnifique porté par la voix rauque d’un chanteur revenu de tout toujours aussi émouvant qui à la fin trinque à la santé de « tous les cocus du monde entier ». Arno pur jus.

Album Human incognito chez Naïve. Tournée du 30 janvier 2016 au 8 avril 2016, dont les 19 et 20 mai au Trianon, 80, boulevard de Rochechouart, Paris 18e. Rens. : 01 44 92 78 00.
 
Entretien réalisé par Victor Hache
Vendredi, 15 Janvier, 2016
L'Humanité
 
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26/12/2015

Barbara Hendricks : «Ne prenons pas le risque de perdre notre humanité»

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On ne présente plus la soprano Barbara Hendricks. Ambassadrice de l'ONU pour les réfugiés depuis près de trente ans, la cantatrice humaniste et engagée évoque pour « l'Humanité Dimanche » le sens de ses combats.

HD. Que peut-on dire à ceux qui ont peur des réfugiés, qui les voient comme une menace ?
 
Barbara Hendricks. Nous vivons une époque très difficile, complexe et même dangereuse. On n'a pas besoin d'avoir honte, d'avoir peur. Mais on peut aussi se confronter à cette peur, la vaincre et aller de l'avant. Je veux dire à ceux qui ont peur : « Imaginez que vous soyez obligés de partir, sans aucun choix, et que, sinon, vous et votre famille seriez décimés. Quel est l'accueil que vous aimeriez avoir ? » Voilà où est la vraie peur : la peur de mourir, la peur que vos enfants soient tués sous vos yeux, que votre fille ou votre femme soit violée... c'est la peur pour la vie. On ne met pas un enfant dans un bateau qui n'est pas sûr, sauf si ce bateau semble plus sûr que la terre que l'on quitte en courant. Les gens fuient, en premier lieu, pour survivre. Si on peut imaginer cela, se mettre à leur place, on peut comprendre qu'ils aimeraient avoir une main tendue vers eux.
 
HD. Comment réagissez-vous au recul des gouvernements en France et en Allemagne sur l'accueil de réfugiés ?
 
B. H. Moi je les appelle les marchands de la peur, de la haine et de l'exclusion. Ils font cela parce qu'ils ont peur de ne pas être réélus, de ne plus être au pouvoir. En réalité ils instrumentalisent la peur des autres.
C'est pire. Il y a aussi les médias qui recherchent la sensation, des mots et des images chocs. Nous savons que les problèmes sont politiques, donc que les solutions doivent être politiques. Pour cela il faut une volonté politique. Voici le message que nous devons transmettre clairement aux opinions publiques afin qu'elles pèsent sur les pouvoirs de décision. Les réfugiés sont nos frères, nos soeurs, nos enfants. Ne prenons pas le risque de perdre notre humanité.
 
« POUR LES RÉFUGIÉS, LES SOLUTIONS DOIVENT ÊTRE POLITIQUES. C'EST LE MESSAGE À TRANSMETTRE AUX OPINIONS PUBLIQUES. »
 
HD. Vous sillonnez le monde comme cantatrice et aussi en mission pour l'ONU. Vous voyez le monde évoluer. Qu'est-ce qui, selon vous, a vraiment changé ?
 
B. H. Le grand changement c'est cette possibilité que l'on a de savoir ce qui se passe un peu partout dans le monde 24 heures sur 24. Malheureusement ce sont souvent les pires choses. On est instantanément dans la crise, dans les attaques terroristes, dans les catastrophes naturelles... C'est ça qui a beaucoup changé et très vite. Là, on ne voit que le mal. Alors qu'il y a beaucoup de gens qui font du bien dans ce monde mais les médias en parlent moins. Je le vois lorsque nous sommes sur le terrain avec le HautCommissariat aux réfugiés (HCR) et ses partenaires. Il y a des gens très dévoués. Certains y laissent leur vie (en 2003, Sergio Vieira de Mello, haut collaborateur du HCR, a été tué dans un bombardement à Bagdad ­ NDLR).
En Irak, l'ONU et le monde ont payé un lourd tribut. Ces guerres inutiles et illégales continuent de prendre tant de vies innocentes et de provoquer la destruction.
 
Hd. vous étiez récemment en Côte d'ivoire où vous êtes très engagée contre l'apatridie. C'est une cause qui vous tient à coeur. pour quelles raisons ?
 
B. H. Être apatride, c'est très dur,c'est quelqu'un qui n'a pas de nationalité du tout, qui est chez lui nulle part dans le monde, qui n'a la protection d'aucun pays. La campagne pour éradiquer l'apatridie a commencé l'année passée. Elle consiste à agir au plan législatif notamment, par exemple en donnant le droit aux femmes d'enregistrer la naissance de leurs enfants alors qu'auparavant seul l'homme pouvait le faire.
 
HD. Dans votre dernier album « Blues Everywhere I Go » (1), vous interprétez des classiques du genre dont « Strange Fruit » de Billie Holiday, qui évoque les Noirs lynchés aux États-Unis. Y trouve-t-on une résonance avec une certaine actualité ?
 
B. H. Oui, malheureusement. On continue à voir aux États-Unis des « strange fruits » (littéralement fruits étranges) : ces jeunes Noirs abattus par la police alors qu'ils ne sont même pas armés. Cela ne veut pas dire que les choses ne se sont pas améliorées pour les droits civiques, mais, depuis quelques années, il y a des reculs. C'est plus facile de dire que quelqu'un est comme il est parce qu'il est né femme, Noir, Blanc, catholique, juif, musulman... On trouve facilement des raisons de repousser l'autre. Et surtout les inégalités ne cessent de se creuser, et les États du Sud, particulièrement, multiplient les combines pour entraver les droits des Afro-Américains. Par exemple, pour voter, il faudrait telle pièce d'identité plutôt qu'une autre.
On ferme des bureaux, poussant les gens à se déplacer à plus de 200 kilomètres. Ce qui exclut de fait beaucoup de citoyens. La liberté n'est pas donnée, elle se gagne avec les luttes que chaque génération doit mener. Elle exige vigilance et constance. Il ne faut pas s'arrêter et se croiser les bras en croyant que c'est acquis. On peut faire la fête mais, le lendemain, il faut continuer la lutte. Je suis convaincue que tous les mouvements importants viennent d'en bas. Par exemple, sur le réchauffement climatique, je ne crois pas que les dirigeants du monde apporteront de solutions. Mais les manifestations partout dans le monde à l'occasion de la COP21 ont été les plus importantes jamais vues, c'est encourageant.
 
HD. En 2008, vous aviez applaudi la victoire d'Obama. Craignez-vous comme beaucoup que Donald Trump devienne le futur président des États-Unis ?
 
B. H. Je ne peux même pas l'imaginer... Mais, pendant les années Obama, les Républicains ont créé un tel climat qu'ils ont préparé Donald Trump. Aujourd'hui, ils ne peuvent pas contrôler le monstre qu'ils ont créé...
C'est partout comme ça, pas seulement aux États-Unis. Mais je reste positive. Avant de recevoir le prix Jean-Pierre-Bloch de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), je me suis rendue le 7 décembre à Orange pour le 20e anniversaire du collège qui porte mon nom, classé en éducation prioritaire. Les élèves ont réalisé une vidéo qui m'a énormément touchée, car on y voit à quel point les valeurs des droits humains sont défendues. C'est cela la résistance. Face au Front national, il y a des enfants qui apprennent que vivre ensemble en société nous rend plus heureux.
 
(1) Album, livre, disque et édition vinyle chez Arte Verum. Y figure « Oh Freedom », que Barbara Hendricks avait chanté a capella sur la grande scène de la Fête de l'Humanité en 2012.
 

« Bienvenue. 34 auteurs pour les réfugiés », Éditions Points/Seuil. 192 pages, 5 euros.

Ils ont écrit un récit, une fiction, un poème, ils ont livré un témoignage, ils ont dessiné... pour les réfugiés. 34 auteurs engagés sont réunis dans cet ouvrage d'une forte intensité.

Parmi eux, Olivier Adam, Edmond Baudoin, Geneviève Brisac, Sorj Chalandon, Philippe Claudel, Marie Darrieussecq, Mathias Énard, Laurent Gaudé, Jul, Lola lafon, Alain Mabanckou, Lydie Salvayre, Joann Sfar, Abdallah Taïa, Philippe Torreton, Alice Zeniter. Les bénéfices des ventes du livre seront reversés au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. 

Entretien réalisé par LATIFA MADANI
Vendredi, 25 Décembre, 2015
Humanité Dimanche
 
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22/12/2015

Fatéma Hal   : «  La vraie révolution, 
c’est de ne pas laisser nous priver d’espoir  »

faheta.jpg

Cheffe du restaurant marocain
 Le Mansouria à Paris, Fatéma Hal privilégie le lien. Pour elle, la cuisine 
a un rôle politique, économique, 
social et culturel.

Quel est pour vous le rôle de la cuisine ?

Fatéma Hal Ce n’est pas qu’une affaire de recettes, ni une affaire de femmes, comme si elles n’étaient intéressantes que dans la cuisine. Ce qui m’intéresse depuis trente ans dans la cuisine, c’est son rôle politique, économique, social et culturel. Je mets culturel à la fin parce que très souvent, on la réduit à ça. Elle a ce rôle de partage et par les temps qui courent, on en a vraiment besoin mais en même temps, on ne dit pas d’oublier le rôle qu’elle joue sur l’économie, la politique, le social. Il fut un temps, des guerres étaient déclenchées pour une poignée de poivre. Dans la balance commerciale, l’agroalimentaire arrive juste après l’armement. Quand on parle de blé, de sucre ou de la famille, c’est économique et politique. On ne peut pas saucissonner tous ces points. Ce qui m’intéresse dans la cuisine, c’est quand elle me parle, me raconte une histoire. Même dans les situations les plus dures, ou même pendant les guerres, la cuisine est l’un des derniers liens qui restent forts. Lorsqu’on mange ensemble, même si l’on n’est pas d’accord, il reste la possibilité du dialogue. Il faut utiliser ce rôle social. L’aspect culturel parle de notre histoire, de notre évolution humaine depuis l’invention du feu, qui est la vraie grande révolution.

Vous êtes ethnologue. Comment êtes-vous passée en cuisine en 1985 ?

Fatéma Hal Très exactement le 31 décembre 1984. En fait, c’était une question de survie. Je n’avais que des contrats à durée déterminée. En ouvrant mon restaurant, je me suis rendu compte à quel point le rapport avec les clients, le rapport avec la mémoire, comme d’aller rechercher des vieilles recettes oubliées, faisaient du restaurant un éclairage sur tout ce qu’il me restait à apprendre. Ce que l’on me donnait, c’était à moi ensuite de le donner. J’ai compris ce rôle comme un jeu de balle : vous lancez la balle, elle rebondit et on vous la relance. J’apprends et je transmets, c’est pour moi fondamental. Mon travail, c’est trouver les recettes qui ont disparu et préserver celles qui risquent de disparaître. J’ai dû en faire une quinzaine de livres. J’espère avoir assez de temps de vie pour finir ce travail pour voir ce qui me lie aux autres dans la cuisine. J’ai ouvert ce restaurant pour être libre, assurer la vie de tous les jours, nourrir mes enfants, payer mon loyer. Quand on règle les problèmes élémentaires, par la suite chacun prend un chemin. Le mien est axé sur la cuisine du lien. Il faut remettre les choses dans le contexte de 1984. J’étais très militante féministe, féministe je le suis toujours. J’ai mis, comme on dit en français, un peu d’eau dans mon vin. Avant, tous les pauvres étaient fantastiques et tous les riches malfaisants. Les gens de gauche d’un côté, ceux de droite de l’autre. Aujourd’hui, ce sont les individus qui m’intéressent et ce qu’ils font, ce qu’ils ont envie de faire. Parfois, je me dis que les associations devraient travailler plus sur la création d’entreprise et la formation. Je pense que par le travail viennent la liberté et le respect de soi.

Que pensez-vous des émissions de cuisine à la télévision ?

Fatéma Hal La cuisine a un côté spectacle quand elle passe à la télé, c’est le côté que j’aime le moins. Les concours ne m’ont jamais intéressée parce que dans la cuisine, c’est ce qui lie les gens entre eux qui m’intéresse, pas de se retrouver les uns contre les autres. Je préfère les uns avec les autres. Bien sûr, cela fait plaisir de voir des gens talentueux, des chefs étoilés quand ils montrent leur savoir-faire à partir de choses simples ou compliquées. Ce qui m’attriste, c’est quand on ne voit pas les côtés que je viens d’évoquer. Et si je participe à une émission ou à un jury, c’est plus pour encourager. Dans la cuisine, nous sommes dans la transmission, l’apprentissage. Celui qui ne sait pas doit comprendre qu’il lui faut travailler. La compétition ne m’ennuie pas dans le sport, elle m’ennuie dans la cuisine. Les deux n’ont pas le même rôle. Si on ne fait pas de sport, on est moins en forme, si on ne mange pas, on meurt.

La malbouffe vous touche-t-elle ?

Fatéma Hal Le travail en cuisine est très dur. Beaucoup de restaurants ouvrent avec des gens peu formés. La plupart ne cuisinent pas. Ils achètent des produits qu’ils assemblent. Je suis maître restaurateur, je défends le métier de cuisinier. On épluche, on coupe et on travaille le produit. Chez moi, pas de congelés hormis la glace et les crevettes, très difficiles à acheter très fraîches, ni de sous-vide, que du frais cuisiné tous les jours. Nous faisons notre pain et nos pâtisseries sans colorants et sans additifs. On ne peut mieux manger que quand on respecte le produit, la provenance, la proximité. Par chance, on trouve tout à Paris. Ce n’est pas une ville, c’est un continent. Il suffit de changer de quartier pour changer de ville, de pays, on a cette chance-là. Je ne suis ni naïve, ni aveugle. Je vois bien que le monde est à l’envers. La seule vraie révolution, c’est de ne pas laisser nous priver d’espoir. Nous, petits restaurateurs, nous pouvons à notre niveau rendre les gens heureux. Quand on fait la cuisine, on ne peut pas manger seul, sinon on ne cuisine pas. Tous les pays sont meurtris. Le rôle de la cuisine et des cuisiniers est dans ce contexte important. Donner un tout petit peu de bonheur tous les soirs, c’est notre utilité.

Fatéma Hal a fait des études de littérature arabe et d’ethnologie. Arrivée en France à 17 ans, elle suit les cours à Paris-VIII, l’université de Vincennes, écoute Bourdieu, Lacan, l’ethnologue Camille Lacoste. Elle apprendra son premier métier avant d’ouvrir son restaurant
de gastronomie marocaine, le Mansouria (en hommage à sa mère), à Paris en 1984. Depuis, elle traque les recettes anciennes et oubliées dans toutes les régions 
du Maroc, carrefour 
des civilisations berbère, africaine, arabo-andalouse, juive, européenne, chinoise… Toujours sur la trace 
des épices qu’elle magnifie dans sa cuisine au 11, rue Faidherbe (Paris, 11e). 
Où l’on découvre que 
la cuisine marocaine, 
ce n‘est pas seulement 
les couscous et les tagines. Elle est l’auteure de nombreux ouvrages dont le Grand Livre de la cuisine marocaine (Hachette, 25 euros) ou les Saveurs et les gestes (Stock, 48 euros).

Les chefs mettent les pieds dans le plat
Entretien réalisé par Claude Baudry
Lundi, 21 Décembre, 2015
L'Humanité
 
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Fatéma Hal, Cheffe restaurant

La recette de la mourouzia

Une recette qui date du XIIe siècle 
(elle a subi quelques changements dans cette belle traversée).

Ingrédients (pour 6 personnes)

  • 1 kg d’agneau coupé en morceaux dans l’épaule.
  • 2 oignons
  • 300 g de raisins secs
  • 150 g d’amandes émondées
  • 2 c. à soupe de smen (beurre clarifié)
  • 2 c. à café de ras el-hanout
  • Une pincée de filaments de safran
  • 2 c. à soupe d’huile
  • 1/2 c. à café de sel
  • 1 c. à soupe d’eau de fleur d’oranger
  • 5 verres d’eau
  • 100 g de miel
  • 6 boutons de rose pour la décoration.

Préparation : 20 minutes

Cuisson : 2 heures

  • Dans un saladier, mettre les raisins secs avec l’eau de fleur d’oranger, couvrir d’eau tiède et les laisser se réhydrater pendant une heure. Émonder les amandes en les plongeant dans l’eau bouillante et les sortir dès qu’elles remontent 
à la surface. Avec du papier absorbant ou une serviette en tissu, enlever la peau.
  • Dans un bol, mélanger le sel, le poivre, le safran, le ras el-hanout et un grand verre d’eau. Enduire la viande de la moitié de ce mélange. Placer les morceaux dans une marmite en fonte avec l’huile et le reste d’eau, l’oignon râpé, le smen (beurre clarifié) et les amandes émondées. Porter à ébullition, goûter et ajuster
le sel à son goût. Laisser cuire à feu doux pendant une heure et vérifier de temps en temps la sauce, ajouter un peu d’eau si nécessaire.
  • Égoutter les raisins secs et les ajouter à la viande ainsi que l’autre moitié
des épices.
  • Laisser cuire encore une heure puis verser le miel et maintenir à petit feu
jusqu’à ce que les amandes et les raisins soient caramélisés.
  • Servir chaud en entourant la viande des amandes et des raisins et planter 
un bouton de rose sur chaque morceau de viande.

11:35 Publié dans Connaissances, Entretiens | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : fatéma hal, cheffe restaurant | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

02/11/2015

PHILIPPE TORRETON : Le programme du FN est un non-sens, c’est un suicide collectif !

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philippetoretton.jpgPar Philippe Torreton, comédien et auteur : "Si on ignore cela, on est complice… "

Les avis d’orages grondent, le paysage politique français est en alerte orange, parfois rouge dans certaines régions. Le FN progresse : il s’étend et se répand comme une peste mais je ne parviens toujours pas à y voir un exploit de sa part, même si certains de ses membres ne manquent pas d’habileté politique. Non, j’y vois surtout le signe d’une prolifération. Je veux dire par là que la propagande du FN progresse à cause d’un appauvrissement de la biodiversité politique, comme les méduses qui dominent la faune océanique par manque de prédateurs et finissent par saturer les mers de leur présence urticante et flasque.

La méduse est pleine d’eau, c’est de l’eau dans de l’eau, le FN, c’est du vide dans du vide. Il se nourrit du vide politique actuel pour proposer un autre vide, un néant létal. On peut ergoter longtemps sur le ras-le-bol des citoyens, sur ce sentiment d’abandon qui pousserait à voter sévère, à voter amer, à voter à l’envers. J’affirme que le chômage a le dos large, que les difficultés économiques n’empêchent pas de réfléchir, que la déception, voire la désillusion politique, la défiance ou l’écœurement envers les partis majoritaires, n’interdit pas de rester un être humain généreux et fraternel.

Un épouvantail semant la division

Aujourd’hui, nous n’avons aucune excuse, l’histoire nous a tout dit, tout répété et dans toutes les langues, nous avons toutes les cartes en main, le repli sur soi comme son corollaire le manque de courage n’ont plus d’alibi. Aujourd’hui, il faut avancer à découvert. Toute personne votant pour le FN sait ce qu’elle fait et sait dans quelles traces elle pose ses pieds.

Il n’est malheureusement pas interdit de voter FN puisque nos gouvernements successifs n’ont pas eu le courage de l’interdire lorsque celui-ci éructait régulièrement ses penchants antisémites et révisionnistes et proposait aux Français un programme en grande partie non conforme à notre Constitution. Au contraire, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Copé, Hortefeux, Valls, Cazeneuve et tant d’autres se sont servis de lui comme d’une arme électorale, tel un épouvantail semant la division, ou en intégrant, en parfaite connaissance de la sémantique utilisée, certaines expressions toutes faites du FN, en colorant leurs déclarations de termes virils, en prenant des pauses sécuritaires pour plaire à cet électorat, en reprenant les pires fantasmes de ce parti qui fait son beurre de toutes les peurs.

Le président Hollande à Strasbourg il y a quelques jours, sa riposte – saluée comme un exploit – contient pourtant une ambiguïté absolument pas relevée par nos observateurs : « (…) et d’éviter que ce soit le retour aux nationalismes, aux populismes, aux extrémismes qui nous imposent aujourd’hui d’aller dans un chemin que nous n’avons pas voulu. » Que voulait-il nous dire ? Que l’on y est sur ce chemin ? Qu’il s’est fait imposer un chemin ? Est-ce un aveu ? Cela expliquerait peut-être l’abandon du droit de vote des étrangers extracommunautaires aux élections locales dès le lendemain du score important du FN au scrutin européen du printemps dernier, par un Bernard Cazeneuve sûr de lui, épaulé par Manuel Valls qui estimait que les Français n’étaient pas prêts. J’aurais préféré entendre de la bouche du président : « (…) qu’ils tentent aujourd’hui de nous imposer un chemin que nous n’emprunterons jamais. » On l’a copié, utilisé comme un sondage d’une hypothétique France laborieuse et souffrante et donc « vraie ». On a flatté son électorat, on l’a plaint, on lui a prêté le bénéfice de la bonne question mais de la mauvaise réponse.

Un ordre fasciste : la censure des artistes

Depuis toujours le FN c’est l’ordre fasciste, le refus de l’étranger, la préférence nationale, la stigmatisation d’une population tenue responsable de troubles et d’abus, l’insupportable et insistante utilisation du mot « race », c’est le classement des civilisations, des peuples, des citoyens afin de déterminer une préséance.

Le FN c’est l’État ultra-sécuritaire et milicien, c’est la monarchie – la saga de la famille Le Pen nous le rappelle chaque jour –, c’est l’ordre religieux qui revient, car leur défense de la laïcité n’est qu’un prétexte pour écouler leur islamophobie atavique, le moyen de lutter contre leur fantasme préféré : l’Occident chrétien en danger d’islamisation forcée – thèse largement soutenue par certains de nos imminents penseurs.

Le FN c’est le contrôle et la censure : pas une ville gérée par le FN n’échappe à cette tentation d’écarter un livre d’une bibliothèque ou un artiste de « (leur) théâtre », de déboulonner une statue, de rebaptiser une rue, de repeindre une œuvre d’art, de revisiter l’histoire et les traditions. C’est aussi chez lui comme ailleurs l’argent qui domine, l’intérêt personnel, ce sont également des alliances avec le pire de l’Europe fasciste quand ils ne le représentent pas eux-mêmes.

Voter FN n’a rien à voir avec le désespoir !

On ne peut pas voter FN et ignorer cela, on est complice. On s’inscrit dans l’histoire avec ses pires oripeaux, c’est un choix, et ce choix n’a rien à voir avec le désespoir ! Le désespoir de l’abbé Pierre l’a poussé à lutter contre la misère avec les armes de l’amour et de la fraternité, le désespoir de Martin Luther King l’a convaincu de la force du pacifisme, le désespoir de Nelson Mandela lui a montré le chemin de la réconciliation de son pays, le désespoir de Jean Moulin lui a fait tenir sa langue sous la torture, le désespoir de ma grand-mère après la guerre l’a fait penser à ses enfants et petits-enfants dans le sacrifice de sa personne sans un gramme de haine pour ceux qui avaient tué son père et son jeune frère. Du plus instruit au moins instruit, du plus riche au plus démuni, il appartient à chacun de faire de ses difficultés un sac de serpent venimeux ou une force d’humanité et de courage. L’Europe, la construction européenne, est complexe et ingrate.

Je condamne et combats sa politique budgétaire, ses incohérences de fonctionnement, ses lacunes démocratiques, sa soumission à la finance, mais nous devons en être ses défenseurs intransigeants, la critiquer en la faisant évoluer, en en étant une force vive, en pointant du doigt le manque d’initiative de nos dirigeants, leur absence de courage politique, car il y a de la place encore et toujours pour la détermination d’une politique incarnée par un homme ou une femme. Il faut avoir conscience qu’une construction comme celle-ci est infiniment plus complexe que de rassembler des peuples par les armes ou de vivre sur les acquis d’un empire totalitaire du levant ou du couchant du soleil. Cette Union européenne n’aurait que l’avantage de la paix que ce serait déjà, pour nous tous, une immense victoire.

L’histoire, l’Europe et la France

Le « souverainisme » tel que le voit le FN n’est qu’un nationalisme qui attend son heure, sa vision de l’UE est consternante et dangereuse, ce mythe d’une France forte toute seule est un mensonge au peuple français, le retour au franc, une imbécillité économique que même ses adhérents ne veulent pas réellement envisager.

Le FN, c’est le pays des jouets dans Pinocchio qui transforme les enfants en baudets. L’histoire est bonne fille, pour ceux qui n’auraient pas tout suivi des événements européens depuis le début du XXe siècle : elle a placé à la tête de la Hongrie un fond de casserole brûlé, un de ses prêcheurs du pire, un qui a ses admirateurs dans les rangs FN. Et que voyons-nous dans ce pays ?

La censure, l’homophobie, la xénophobie, tous ces virus de la conscience humaine, les barbelés et des prisonniers transformés en travailleurs forcés. Le vote FN, c’est cela, quoi qu’ils en disent et quels que soient leurs efforts pour apparaître drapés de démocratie et de rubans tricolores. Voter FN, c’est entourer la France de barbelés au sens propre comme au sens figuré, c’est reprendre un chemin épouvantable en pleine conscience. C’est retrouver la recette du chaos, c’est se laisser glisser vers le nationalisme en toute connaissance de cause. C’est recommencer à aboyer !

Nous ne devons plus tolérer cette attitude paternaliste des hommes politiques qui consiste à « tenir compte de ce désespoir » et d’écouter ce qu’ils feignent de considérer comme des « avertissements ». Entendre des élus locaux, déclarer avant même l’arrivée du moindre réfugié sur leur territoire que leur commune ne pourra pas les accueillir est une honte, les entendre insinuer que parmi eux se cacheraient des terroristes est scandale inouï, ils font bégayer l’histoire, ils me font penser à ceux-là mêmes qui écrivaient au maréchal Pétain pour ne pas recevoir les juifs que ce gouvernement qualifiait alors d’indésirables. Dans quelques années ces noms d’élus rimeront avec le déshonneur, et leurs descendants les porteront comme autant de fardeaux.

Soixante-dix ans après la Seconde Guerre mondiale, constater que des élus de la République utilisent les mêmes ficelles, les mêmes mensonges, les mêmes approximations, accusations calomnieuses que la propagande nazie est un cauchemar que beaucoup de Français ne pensaient pas revivre. Et pourtant nous y sommes.

Face au capitalisme, le partage

Tous les calculs nous prouvent, et ce, depuis longtemps, que l’immigration ne plombe pas nos budgets nationaux, ni celui de la Sécu, ni les autres. Entretenir les Français dans cette méfiance est une véritable calomnie, c’est vouloir donner au peuple un os à ronger, c’est pointer du doigt un fautif, c’est marquer d’un signe distinctif les vêtements de ces peuples en exil. Le programme du FN est un non-sens par rapport aux enjeux écologiques et humanitaires de la planète, c’est un suicide collectif.

Tous les régimes totalitaires ont commencé par un programme similaire à celui du Front national : le brave peuple oublié à qui il faut redonner sa fierté, la stigmatisation d’un ennemi ou d’un bouc émissaire (le juif, l’émigré, la gauche bien-pensante, les artistes…), le repli sur des valeurs qui seraient « les nôtres », le refus de tout ce qui pourrait apparaître comme une atteinte à la souveraineté nationale, la priorité à la sécurité, la discipline, le culte pour des figures historiques symbolisant la nation, etc.

Plus que jamais il s’agit de proposer un monde meilleur et j’utilise exprès cette expression tout droit sortie de mes carnets d’adolescent, car il s’agit de savoir partager ce que nous produisons avec ceux qui n’ont rien, ou presque rien, le monde n’a jamais été aussi injuste qu’aujourd’hui. La vieille rengaine du capitalisme qui consiste à nous faire croire que l’argent des riches enrichit les plus pauvres est battue en brèche par tous les calculs et les projections, y compris ceux du FMI.

Notre survie, c’est l’urgence 
d’un monde meilleur

Notre survie dépend des facultés que nous aurons à partager l’eau, la nourriture, l’énergie, le logement, le travail. Et pour cela il nous faut une réponse fiscale, une réponse écologique, une réponse agricole, une réponse humanitaire. Notre rendez-vous est là et seulement là. Des chercheurs en économie nous le démontrent, nous n’avons pas d’autres solutions que le partage, que ce soit d’un point de vue purement économique, humanitaire ou politique.

Il y a une urgence à inventer ce monde-là, il existe et il marche, il est testé partout sur la planète, 
en pointillé, il faut faire remonter toutes les trouvailles technologiques, toutes ces inventions sociales, toutes ces initiatives territoriales, et pour cela il nous faut un pays ouvert, attentif aux autres, curieux de tout ayant conscience de ce qui nous attend, pas cette France repliée, méfiante et paranoïaque que nous prépare le FN.

Publié dans l'Humanité

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18:54 Publié dans Connaissances, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : philippe torreton, front national | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!