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06/01/2015

UKRAINE : Les néonazis fêtent le Nouvel An

ukraineneonazis.jpg

Le ministère de la Défense ukrainien a décidé de mettre à disposition d’un groupe fasciste les bases d’entraînement de l’armée. Le cortège ressemble à un défilé nazi des années 1930 en 
Allemagne.

Regards hostiles, tenues de camouflage, torches flamboyantes serrées dans les poings. Les images d’Euronews sont éloquentes. À Kiev, le soir de la première journée du Nouvel An 2015 charrie des relents nauséabonds que l’on croyait réservés 
aux pellicules sépia de la dernière guerre.

Ils sont des milliers de partisans des mouvements d’extrême droite Svoboda et Pravy Sektor à défiler dans les rues de la capitale ukrainienne. Les banderoles explicites s’agitent : « Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux héros ! Gloire à la nation ! Mort aux ennemis ! » Des hommes en treillis, d’autres en civil portent un étendard rouge au cœur duquel trône l’effigie de Stepan Bandera, né il y a cent six ans.

L’anniversaire du chantre de l’ultranationalisme ukrainien est d’ailleurs prétexte à ce rassemblement.En ce début d’année plein d’incertitudes quant à l’issue de la crise ukrainienne, 
le symbole est loin d’être innocent et la référence au soi-disant « libérateur » de la nation ukrainienne moderne et ennemi juré de l’Union soviétique a de quoi inquiéter. Il suffit de convoquer l’histoire pour s’en rendre compte.

La démonstration de force 
devrait sonner comme un rappel pour les Occidentaux

naziselle.jpgStepan Bandera est approché en 
février 1941 par les nazis. Il lui est demandé de créer une résistance intérieure pour endiguer l’avancée de l’Armée rouge. Bientôt, il forme une légion ukrainienne à la solde des SS, et le 25 juin de la même année, ses hommes commettent une série de pogroms contre les juifs de la plus grande ville occidentale du pays, Lviv.

Le 30 juin, alors que la Wehrmacht a repoussé l’Armée rouge hors de la région, Stepan Bandera et quelques milliers d’Ukrainiens accueillent l’armée allemande en libératricers. Le même jour, les nazis établissent un gouvernement à Kiev avec le leader nationaliste à sa tête.

L’accord passé entre Stepan Bandera et le Troisième Reich est sans équivoque : «  L’État ukrainien nouvellement formé travaillera en étroite collaboration avec le national-socialisme de la Grande Allemagne, sous la direction de son chef, Adolf Hitler, qui veut créer un nouvel ordre en Europe et dans le monde et aider les Ukrainiens à se libérer de l’occupation soviétique. »

Depuis le début du conflit qui mine l’Ukraine, le Kremlin a souvent dénoncé le caractère néonazi de la révolution de Maïdan et si les affirmations de Vladimir Poutine ne font certes pas office de vérité révélée, la démonstration de force de ce début d’année devrait sonner comme un rappel pour les Occidentaux, Européens en tête, qui, jusqu’à présent, restent désespérément neutres.

Il y a un peu plus d’un mois, l’Assemblée générale des Nations unies avait adopté une résolution proposée par le Brésil et la Russie condamnant la glorification du nazisme. Avec les États-Unis et le Canada, l’Ukraine avait été l’un des trois États à voter contre cette résolution. L’ensemble des membres de l’Union européenne se sont quant à eux étrangement abstenus, y compris l’Allemagne et les pays ayant eu de fortes accointances avec le régime nazi…

De fait, la décision prise hier par le ministère de la Défense ukrainien de mettre ses bases d’entraînement à la disposition du Pravy Sektor – à la fois parti dont des députés participent à la politique menée par Porochenko, mais aussi véritable milice armée et supplétif de l’armée classique ukrainienne – révèle de plus en plus la nature duplice de ce régime. « L’initiative de créer une unité conjointe a été lancée par les nationalistes, et les militaires ont accepté cette idée », a précisé la chaîne 
de télévision TSN. « Le groupe ultranationaliste ukrainien Pravy Sektor et le ministère de la Défense ont convenu de former un bataillon “polyvalent” dans la région de Vinnitsa dans le centre du pays », rapportent également les médias locaux.

L’exact contraire de ce que prônait ce week-end Kenneth Roth, le directeur exécutif de Human Rights Watch, inquiet de l’autonomie des milices d’extrême droite et des exactions commises : « Nous souhaiterions que ces bataillons intègrent le système du ministère de la Défense ou de l’Intérieur.

Il importe que cela ne se fasse pas que pour la forme, mais que cela contribue à l’affirmation de la discipline et au respect des dispositions des conventions de Genève. » Le fait que Pravy Sektor soit à l’initiative de ce rapprochement avec l’armée ukrainienne et non l’inverse, comme le souhaitait Kenneth Roth, a en effet de quoi surprendre et confirme le glissement progressif de l’Ukraine dans un ultranationalisme assumé au su et au vu d’une Union européenne qui, pour l’instant, campe sur ses positions antirusses.

Les horreurs liées au nazisme n’appartiennent pourtant pas qu’aux livres d’histoire, comme le rappelle pudiquement le responsable de Human Rights Watch : « Nous sommes préoccupés par de nombreuses violations des droits de l’homme de la part des bataillons composés de volontaires. » La sonnette d’alarme est tirée. Y aura-t-il des hommes à Bruxelles et ailleurs pour l’entendre ?

Stéphane Aubouard, l'Humanité

20:06 Publié dans Actualités, Histoire, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, nazis, manifestation | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

03/12/2014

LES HERITIERS, L'ECOLE DE LA VIE !

les-heritiers-affiche.jpgComment une classe de seconde en échec va gagner un concours et s’éveiller au savoir grâce à une prof hors du commun, incarnée par Ariane Ascaride.

Vous allez l'adorer. C'est la success story des sorties de la semaine. Une histoire vraie, bienveillante, qui parle de la jeunesse d'aujourd'hui et qui a inspiré un film formidable, Les Héritiers, de Marie-Castille Mention-Schaar.

En 2009, au lycée Léon-Blum de Créteil, une professeure d'histoire incroyable (Anne Anglès, dont le rôle est tenu par Ariane Ascaride), désespérée par sa classe de seconde, lui propose de participer au Concours national de la Résistance et de la Déportation. Le sujet est difficile : "Les enfants et les adolescents juifs dans le système concentrationnaire nazi".

Il s'agit d'un travail basé sur le volontariat. Les élèves, de nombreuses nationalités et confessions, sont indisciplinés, insolents, ignorants. Les conflits dans l'établissement à propos du voile, de la laïcité, de la religion… sont récurrents et mettent l'administration à l'épreuve. Alors imaginez, parler des juifs, mais aussi des Tziganes, des homosexuels, de l'histoire avec un grand H, quand elle est devenue pour les élèves "presque de l'archéologie"? Le défi était immense. Contre toute attente, ils vont le relever.

Ahmed Dramé, ex-élève, devenu acteur et scénariste

On aurait pu ne jamais entendre parler de cette aventure sans Ahmed Dramé, ex-élève, devenu acteur, coscénariste du film qui vient d'être nommé dans la catégorie Révélation aux prochains César ; sans la réalisatrice qui a eu la bonne idée de répondre au mail que le jeune homme lui avait adressé. "Il avait trouvé mon adresse sur Internet. Il était encore au lycée et voulait entrer dans le milieu du cinéma, raconte Marie-Castille Mention-Schaar. Il m'a intriguée et m'a envoyé 60 pages qui racontaient un concours de slam, avec un prof masculin, des bagarres, des fantasmes de films américains sur la banlieue et le lycée Louis-le-Grand. À l'époque, je ne comprenais pas où il voulait en venir ni l'intérêt du sujet. Mais il n'avait que 18 ans. J'ai eu envie de discuter avec lui."

De son côté, Ahmed Dramé court les castings, prend des rendez-vous, contacte des sociétés de production, ne reçoit que des réponses négatives. "Je me disais pourquoi pas moi. J'ai commencé à lire des scripts et c'est comme ça que j'ai eu l'idée d'écrire. Avant, je ne savais même pas qu'on tournait les films avec des scénarios!" Inutile de préciser que la rencontre Marie-Castille-Ahmed fait tilt. "Quand il m'a raconté son année de seconde, je l'ai adorée. J'ai tout de suite eu envie d'en faire un film. On a tous croisé des profs qui nous ont donné confiance en nous, qui ont changé quelque chose à notre vie."

Quant au thème du concours? "Il a permis la rencontre avec Léon Zyguel, déporté à Auschwitz- Birkenau à l'âge de 15 ans, qui aurait dû mourir en arrivant s'il n'avait pas changé de file pour suivre son père et son frère. Ahmed m'a dit qu'il n'avait jamais entendu le silence dans sa classe avant le jour où Léon est venu. Il a accepté de témoigner dans le film. Personne ne mouftait. On a fait une seule prise." Entendre dans sa bouche le Serment de Buchenwald reste un moment poignant.

Anne Anglès dit "vous" à ses élèves

Ahmed s'en souvient comme si c'était hier. Il a aussi retrouvé sa professeure avec bonheur en ces temps d'interviews. "On était quand même la pire des secondes, on est devenus super-motivés. Je suis le premier enfant de ma famille à avoir son baccalauréat*. C'est un peu grâce à Anne. Elle déteste qu'on lui dise qu'elle est une prof particulière, taquine-t-il. À l'époque, je la trouvais dure. Aujourd'hui, quand je nous vois là en face de vous, je me dis qu'elle a eu raison." Pédagogue, Anne Anglès dit "vous" à ses élèves et reste tout le temps debout parce que "si on s'assied, c'est vraiment mal parti". "Nous sommes payés pour transmettre un certain nombre de connaissances et beaucoup de mes collègues cherchent des solutions et les trouvent."

Pour la réalisatrice, Anne Anglès est quelqu'un qui ne baisse jamais les bras. "Elle a une approche pédagogique qui consiste à affronter la discussion quand beaucoup de professeurs choisissent l'autocensure pour éviter le débat." Ainsi, la scène où la prof explique que Mahomet figure avec d'autres personnages, en enfer sur une mosaïque de Torcello, a provoqué un tollé, à l'écran comme dans la réalité. Ariane Ascaride, formidable incarnation de cette enseignante guerrière, a pu mesurer à quel point il est difficile de se retrouver seule face à une classe d'ados. "C'est un sacré boulot pour lequel il faut de la force. Pour moi, Les Héritiers, c'est beaucoup plus qu'un film. Je suis très fière d'y avoir participé. On ne se donne pas assez le temps de regarder et d'écouter les jeunes."

Un avis que partage Marie-Castille Mention-Schaar : "Il y a un grand manque de confiance en soi chez cette jeunesse à laquelle on n'arrête pas de dire que tout va mal. On leur parle de chômage, de retraite à longueur de journée… L'adolescence est une période de questionnement nécessaire à la construction de la personnalité. C'est important d'avoir en face de soi des adultes solides qui, comme cette prof, défendent des valeurs. J'avais surtout envie de faire passer un message positif, dire qu'il n'y a pas de fatalité." La preuve, ces "Héritiers", nous aussi on les aime.

* Sur les 27 élèves de cette classe de seconde 20 ont eu le bac avec mention.

Danielle Attali - Le Journal du Dimanche


Les Héritiers : "Au départ, je détestais ma prof" par lejdd

20:36 Publié dans ACTUSe-Vidéos, Cinéma, Histoire, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : les héritiers | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

29/11/2014

MOSAIK RADIO : MUSIQUES ET INFORMATIONS

Le groupe E-Mosaïque se renforce avec une nouvelle radio présente sur tous ses blogs et qui diffusera essentiellement de la musique d'ambiance très diversifiée, des flashs d'informations, des magazines d'actualités .

L'objectif pour son maintien impératif est d'obtenir une audience cumulée d'au moins 300 heures par période de 24h. Nous comptons bien sûr sur vous pour atteindre cet objectif. L'idée est également que chacun d'entre vous devienne programmateur de cette nouvelle radio en proposant chanteurs et chansons.

Mosaik Radio, la radio de toutes les musiques, de toutes les actualités !

11/08/2014

L'Amérique latine derrière Gaza

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Plus de 10 000 km séparent l'Amérique latine de bande de Gaza. Pourtant, les réactions sud-américaines à l'opération « bordure protectrice » ont atteint une intensité inédite.

«Une guerre d’extermination menée depuis presque un siècle» , «usage disproportionné de la force dans la bande de Gaza», «agression collective contre un peuple». Ces commentaires ne proviennent pas d'associations pro-palestiniennes, mais de hauts responsables politiques du Vénézuela, du Brésil et du Chili. Comme le rapporte (en anglais) le Washington Post, l'Amérique latine a soutenu en bloc la cause palestinienne.

palespris.jpgEn tête des pays les plus critiques à l'égard de la politique militaire israélienne, Cuba, qui, dès la guerre du Kippour en 1973, avait mis un terme à ses relations diplomatiques avec Israël. Le Vénézuela d'Hugo Chavez, qui fut le président sud-américain à se rendre le plus en Palestine, a arrêté les relations en 2009. Dernier en date, le président bolivien Evo Morales. Le mercredi 30 juillet il inscrivait l'état hébreu sur une liste des «Etats terroristes».

Mais il serait réducteur de croire que seul les gouvernements de gauche « radicale » se manifestent contre l'opération militaire menée à Gaza. «Déjà en 2009 l'opération israélienne contre Gaza « Plomb durci » avait soulevé des critiques contre l'Etat hébreu, explique Christophe Ventura, chercheur spécialiste de l'Amérique latine à l'IRIS (Institut des Relations Internationales et Stratégiques). Mais cette fois-ci, c'est historique: l'ensemble des pays de l'Amérique centrale et du sud sont sur la même ligne politique. Le Mercosur (marché commun du sud, organisation économique qui réunit l'Argentine, le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay et le Vénézuela) qui se tenait la semaine dernière à Caracas, a débouché sur une déclaration commune condamnant l'offensive israélienne à Gaza.» 

«Nain diplomatique»

Un peu plus de deux semaines après le début de l'opération «Bordure protectrice», la présidente brésilienne, Dilma Roussef, rappelait pour consultation son ambassadeur en Israël après avoir qualifié de «massacre» l'offensive de Tsahal. Israël a répondu par l'intermédiaire du porte-parole de son gouvernement, Yigal Palmor, en traitant de «nain diplomatique» le géant sud-américain.

«Le Brésil se fait le porte-voix des gouvernements qui n'acceptent pas la manière dont le droit international est piétiné en fonction des intérêts occidentaux. De plus, le pays compte assumer son statut de puissance émergeante. Il veut affermir son implication dans les grands dossiers qui agitent le monde. Il ne faut pas oublier qu'en 2010 le Brésil avait fait avec la Turquie une proposition d'accord sur le nucléaire iranien. Les Etats-Unis ont refusé mais Téhéran a accepté», explique le chercheur.

Le geste fort du Brésil a entraîné dans son sillage le Pérou, l'Equateur, le Chili et le Salvador à rappeler leurs ambassadeurs. L'Argentine a convoqué l'ambassadeur d'Israël et condamné sévèrement l'entreprise militaire israélienne. Le pays a pourtant une relation privilégiée avec Israël en raison de sa communauté juive qui avec 150 000 personnes est la plus importante d'Amérique latine. De même, la Colombie, pays le plus à droite du continent et confronté à un conflit militaire interne qui l'incline à soutenir «le droit à se défendre», a pris une position non-équivoque face à Israël. Pourtant le pays est l'allié traditionnel des Etats-Unis dans la région et son armée est notamment formée par Tsahal.

Liens important entre les deux continents

«Il y a une relation charnelle entre les pays arabes et l'Amérique Latine», raconte Christophe Ventura. Ainsi le Vénézuela abrite une grande communauté syrienne. Au Brésil également, nombreux sont les citoyens ayant une origine syrienne ou libanaise. Leur part monterait à 6% de la population totale. «La communauté arabe au Brésil est très présente, tant dans la vie culturelle qu'économique ou politique. C'est un facteur qui compte, rapporte Christophe Ventura. D'ailleurs, c'est pour cela que l'ancien président brésilien Lula a pendant son premier mandat fortement contribué à créer des échanges importants avec le Proche-Orient. Entre 2001 et 2010, les exportations du Brésil vers le Moyen-Orient ont augmenté de 63%. Et de 330% avec l'ensemble des pays du Mercosur. Il ne faut pas oublier non plus que Lula fut le premier président sud-américain à se rendre en Palestine en 2002.»

À l'instar de l'Europe, des manifestations de soutien aux habitants de Gaza ont eu lieu un peu partout sur le continent latin. Le 26 juillet, une protestation devant l'ambassade israélienne a donné lieu à des heurts avec les forces de l'ordre tandis que le 1 août à Brasilia, le comité de soutien au peuple palestinien demandait officiellement la fin des relations diplomatiques avec Israël. «L'Amérique latine a un rapport différent des Américains et des Européens avec la fondation de l'Etat hébreu, analyse le chercheur à l'IRIS. Pour eux, la question israélo-palestinenne est celle d'un conflit colonial au XXIe siècle. Il y a donc chez les latinos-américains une identification à la cause palestinienne qui crée une forte empathie. Cette idée coloniale est insupportable pour l'opinion publique. Tout comme celle-ci est frappée par la violence qui s'est abattue sur Gaza.» 

Guilherme Ringuenet , pour la Vie