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12/11/2025

Jean-Baptiste Greuze au Petit Palais : des toiles à la découverte l’enfance

greuze,pétit palais

Peintre majeur du XVIIIe siècle, un peu oublié depuis, Jean-Baptiste Greuze interroge de tableau en tableau les sentiments de ses jeunes modèles, jusqu’à la perte de l’innocence. Une nouveauté à l’époque, lourde de sens. Le Petit Palais à Paris lui consacre une rétrospective.

 

Vers 1765, un dessin à la plume de Jean-Baptiste Greuze représente le retour de nourrice d’un enfant. L’usage était, dans les familles aisées de l’époque, de confier le nouveau-né à une femme de la campagne pour son allaitement et ses premières années. Certaines d’entre elles en accueillaient plusieurs et des textes de l’époque évoquent des enfants emmaillotés tellement serré qu’ils ne pouvaient bouger, accrochés comme un paquet à un clou, pendant que la mère d’accueil était prise par trop de travaux.

Plus largement, la mise en nourrice devient un véritable trafic de petits humains dont commencent à s’inquiéter des moralistes et des philosophes comme Diderot, Rousseau, le baron d’Holbach1. Dans le dessin de Greuze, l’enfant, que l’on imagine âgé de 2 ou 3 ans, se blottit contre celle qui l’a élevé alors que sa mère légitime tente de l’attirer à elle…

Né à Tournus, en Saône-et-Loire, en 1725, Jean-Baptiste Greuze, à qui le Petit Palais à Paris consacre une importante exposition invitant à une relecture audacieuse de son œuvre, initiée par la directrice du musée, Annick Lemoine, fut un artiste virtuose, célèbre en son temps et dont les multiples portraits d’enfants ont à la fois fait le succès et entraîné le discrédit.

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Grands yeux bleus, boucles blondes, joues rosées de porcelaine. Trop mignons, mignonnes. On va les retrouver sur les couvercles de bonbonnières ou de boîtes de chocolats, des assiettes que l’on voit encore sur Internet avec en motif, par exemple, une petite laitière comme on les aimait, il y a quelque temps tout de même, quoique…

Une forte tête qui tenait à son statut

Mais cette attention du peintre est nouvelle. L’époque, si l’on peut dire, découvre que le petit humain n’est pas un adulte en miniature ou une marionnette animée dont il faut attendre qu’elle prenne sa place dans le monde réel. Au XVIIe siècle déjà, le philosophe anglais John Locke dans son Essai sur l’entendement humain, où il réfute la notion d’idées innées, écrit : « Les premières idées qui occupent l’esprit des enfants sont celles qui leur viennent par l’impression de choses extérieures et qui font de plus fréquentes impressions sur leur sens. »

L’éducation, par la suite, pour Rousseau, Condorcet, quand bien même leurs choix peuvent différer, va devenir fondamentale, de même que l’environnement avec la question de la mise en nourrice mais aussi de l’allaitement. Du côté des enfants, c’est au fond cette sensibilité que va interroger Greuze. Son petit berger va souffler une fleur de pissenlit comme pour interroger son avenir. Sa propre fille Anne-Geneviève, également appelée Caroline, a un petit air buté. Un autre, fatigué, s’est endormi sur son livre…

C’est aussi dans cet esprit qu’il interroge, au travers de multiples scènes, la vie de famille comme avec « le Gâteau des rois » (1774), le rôle des pères avec des tableaux comme « le Fils puni » (1778) et « le fils ingrat » (1777) sans que l’on sache si c’est ce dernier qui part ou s’il est chassé…

En réalité, Greuze est d’une certaine manière un chroniqueur de son temps et de sa sociologie intime. C’est sur le fond ce qui lui vaut la faveur et l’amitié de Diderot, qui ne cesse de le louer de salon en salon, non sans l’opposer à Boucher ou à Fragonard, qui, s’il ne nie pas leur talent, sont pour lui les peintres de la dépravation des mœurs. Greuze est le peintre de la morale et de la famille, mais contre ce qu’il estime être la décadence d’une certaine aristocratie.

De fait, Greuze va aller plus loin, dans sa vision morale, que la simple défense des bonnes mœurs en évoquant les non-dits du « libertinage », quand bien même il aurait été un client assidu des filles dites « publiques » et goûtait ses jeunes modèles.

Mais c’est aussi l’auteur en 1756 des « Œufs cassés », où une jeune femme accablée est assise auprès de son panier à terre, avec une vieille femme prenant à partie un jeune homme au regard sombre. À l’époque, l’œuf cassé est un symbole de la virginité perdue. Avec le tableau phare de l’exposition, « la Cruche cassée » (1771-1772), où une jeune fille serre son vêtement à la hauteur de son sexe, avec un sein dénudé et le regard perdu, tenant sa cruche cassée à côté d’une sombre tête de lion crachant on ne sait quel liquide, c’est bien d’une allusion à une perte de l’innocence ou même à un viol qu’il s’agit.

Greuze en même temps était une forte tête qui tenait à son statut. Lorsqu’on lui propose de faire le portrait de la dauphine, qui n’est autre que la belle-fille du roi, il refuse en disant qu’il ne peint pas de visages plâtrés, évoquant sans fard, c’est bien le cas de le dire, la poudre dont se couvraient les femmes de l’aristocratie.

Il a épousé en 1759 Anne-Gabrielle Babury, très jolie fille dit-on d’un libraire parisien, forte tête elle aussi. C’est un couple très à l’aise, qui développe aussi un important commerce de gravures, géré par madame pendant que monsieur dessine et peint. Le couple va se défaire. Le goût du temps passe. Greuze finira pauvre et esseulé en dépit de l’affection de ses deux filles, en 1805. Il est temps d’en finir avec les bonbonnières pour retrouver un grand peintre.

« Jean-Baptiste Greuze. L’enfance en lumière », jusqu’au 25 janvier. Catalogue édité par le Petit Palais et Paris Musées, 392 pages, 49 euros.

19:33 Publié dans Connaissances, Exposition | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : greuze, pétit palais | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

09/11/2025

Shein, c’est quoi ? : 87 % des vêtements achetés par les Français sont importés. La Chine, le Bangladesh, l’Italie et la Turquie sont les principaux fournisseurs pour notre habillement

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La plateforme de vente en ligne Shein est au cœur de l’actualité à la suite de la découverte, vendredi dernier, d’une poupée sexuelle à l’apparence enfantine sur son site. Ce scandale est concomitant avec l’inauguration mercredi d’une boutique de la marque dans un grand magasin parisien. Les poupées signalées ont été depuis retirées de la vente et le gouvernement français a annoncé vouloir suspendre du site.

Stigmatisée dans les médias comme « chinoise » ou « asiatique », l’entreprise dirigée par l’américain Donald Tang est dorénavant accusée de détruire l’industrie textile et les petits commerces en France. Au-delà de l’affaire des poupées, le gouvernement dénonce une « invasion commerciale » de la Chine : on assiste là à une continuation de la guerre commerciale par d’autres moyens.

Capitaux américains, dirigeant américain, ouvriers chinois

« Chinoise », la marque Shein ? Son fondateur, Xu Yangtian, surnommé Chris Xu, est en effet né en Chine, mais il réside à Singapour, où il a d’ailleurs déménagé le siège de sa société. C’est un ancien étudiant de la George Washington University.

S’il reste l’actionnaire majoritaire, il n’en est pas le seul propriétaire. Plusieurs fonds d’investissement sont au capital de Shein : Sequoia Capital (États-Unis), General Atlantic (États-Unis), Mubadala Investment Company (Émirats arabes unis), Tiger Global MGMT (États-Unis), DST Global (îles Caïmans), Coatue Management (États-Unis).

Dans les faits, la marque est dirigée par Donald Tang, un entrepreneur américain, ancien étudiant de la California State Polytechnic University, ancien dirigeant de la banque américaine Bear Stearns rachetée en 2008 par JP Morgan.

Enfin, le principal marché de Shein sont les États-Unis. Cette marque n’est d’ailleurs pas commercialisée en Chine.

Ce sont en fait les fabricants sous-traitants de Shein, au nombre de 7000 ateliers, qui sont chinois. La Chine ne consomme pas les modèles de Shein, elle n’en est pas propriétaire et elle ne le dirige pas : en revanche, c’est l’industrie textile chinoise qui fournit la marque, comme bien d’autres marques internationales.

Shein dans la guerre commerciale

L’offensive médiatique et gouvernementale contre Shein permet en fait de mobiliser l’opinion publique en faveur de mesures protectionnistes contre les industries chinoises.

Quels vêtements les Français peuvent acheter ?

Bien sûr, les Français vont acheter des vêtements bon marché par manque de pouvoir d’achat. Cependant, au-delà du prix, ils doivent de toute manière acheter des vêtements qui ne sont pas produits en France, pour la simple raison que la France ne produit presque plus de vêtements.

La France dépend, pour l’ensemble des secteurs, de productions extérieures. C’est particulièrement le cas pour l’industrie textile : de 765 000 salariés en 1970, 530 000 en 1980, 360 000 en 1990, puis 100 000 en 2010, à autour de 60 000 aujourd’hui. Parallèlement, la production s’est effondrée de 50 % entre 1996 et 2015.

Résultat : 87 % des vêtements achetés par les Français sont importés, en 2021. La Chine, le Bangladesh, l’Italie et la Turquie sont les principaux fournisseurs pour notre habillement. En l’état, sans importation, pas de consommation et donc pas de commerce en France.

Cette situation de dépendance provient de choix industriels délibérés consistant à concentrer la production française sur le luxe et le textile technique, en sous-traitant l’habillement à l’étranger.

« Y a qu’à, faut qu’on » ?

Rebâtir une filière de l’habillement en France ne se fera pas en un claquement de doigts : loin de se limiter à la différence de salaires, les avantages des industries chinoises se trouvent, entre autres choses, dans la proximité entre les centres logistiques et des concentrations d’ateliers, la capacité de produire « à la demande » des petits lots de pièces pour chaque modèle, la réduction des pertes et autres économies d’échelle, le renouvellement permanent des catalogues, des avances technologiques dans l’automatisation, etc.

Il est trop facile d’accuser l’étranger de notre propre sabordage et de s’en prendre à « l’ogre chinois ».

15:37 Publié dans Actualités, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : shein, vetement, chine | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

28/10/2025

Au musée du Louvre, une exposition consacrée au peintre révolutionnaire Jacques-Louis David

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En consacrant un événement au peintre et conventionnel Jacques-Louis David, auteur de Marat assassiné, le musée du Louvre renouvelle notre regard sur « un artiste pour notre temps ».

 

L’historien romain Tite-Live a décrit les Sabines arrêtant le combat entre leurs pères et frères et leurs maris romains, comme courageuses, au milieu des projectiles, leurs cheveux défaits et leurs vêtements déchirés. Le tableau de Jacques-Louis David, déplacé de la grande salle où il voisine avec le Sacre de Napoléon, du même David, est sans conteste l’œuvre la plus spectaculaire de l’exposition que le Louvre consacre à la figure du peintre et révolutionnaire.

Selon Sébastien Allard, cocommissaire et directeur du département des peintures du musée, David est « un artiste pour notre temps ».

Des femmes humaines face la violence guerrière des hommes

Il faut, pour cela, regarder les Sabines en se débarrassant de l’image d’une grande machine évoquant un épisode qui ne saurait nous concerner. On peut résumer rapidement l’histoire. Lors de la fondation de Rome, les Romains, qui veulent des épouses, finissent par enlever des femmes au peuple des Sabins. Lors de la guerre qui s’ensuit, les femmes parviennent à arrêter les combats et à instaurer la paix.

Alors regardons le tableau de David avec au centre celle-ci en blanc, les bras écartés pour stopper la fureur guerrière, celle-là agenouillée, toute au désarroi de ne pouvoir peut-être protéger ses enfants, et cette autre, ridée, se dépoitraillant comme pour dire « tuez-moi, tuez votre mère »… La nudité des hommes en fait des allégories de la violence guerrière. Mais les femmes sont humaines.

Qui est David quand il entreprend, en 1795, cette œuvre magistrale avec déjà à son actif les chefs-d’œuvre que sont le Serment des Horaces en 1785 et, bien sûr, dans son austérité confinant au sublime, Marat assassiné, en 1793, devenu l’une des images les plus puissantes de la Révolution dans l’imaginaire national ?

Des couleurs vives du rocaille, au clair-obscur dramatique et moral

Né en 1748 à Paris, déterminé à être peintre et pas n’importe lequel, il échoue à plusieurs reprises au Grand Prix de l’Académie et tente même de se suicider en 1772. Il est encore, alors, dans le registre léger du XVIIIe de Boucher, Fragonard. Touche enlevée, couleurs vives, ce qu’on appelle le style rocaille.

Mais, ce dont témoignent les premiers tableaux du parcours du Louvre, dont Bélisaire demandant l’aumône (1780), il se tourne vers le Caravage et ses suiveurs, le clair-obscur et la tension dramatique, puis vers une vision morale qu’incarne en 1785 le Serment des Horaces jurant devant leur père de défendre Rome contre les Curiaces de la ville d’Albe.

Peint avant la Révolution, le tableau va devenir une image de la vertu et comme une préfiguration du serment du Jeu de paume, que David entreprendra de peindre mais ne finira jamais. Le sort des personnalités qui auraient dû y être représentées ayant connu des fortunes diverses, pour le moins.

Quelques séjours en prison avant de peindre l’empereur et de s’exiler

David n’est pas que peintre, c’est un homme engagé et un politique. Député à la Convention, organisateur des fêtes révolutionnaires, proche de Robespierre, il sauve sa tête, quand bien même il n’échappe pas à quelques séjours en prison après la chute de ce dernier. Il se voue alors au portrait dont celui, célèbre, de la brillante Juliette Récamier, une reine de la période du Directoire, qu’elle refusera sans que l’on sache trop pourquoi.

Bonaparte, puis Napoléon dans ses premières années, apparaît encore en France et dans l’Europe des Lumières comme le continuateur de la Révolution, celui par qui, pour reprendre les termes de Hegel qui voit en lui « l’âme du monde », la raison avance dans l’Histoire.

David va devenir le peintre de l’empereur, au prix de quelques accommodements. En 1800, il peint Bonaparte passant les Alpes sur un magnifique cheval blanc cabré qui a pris la place d’une humble mule. Pour le Sacre de Napoléon (1804), il installe la mère de l’empereur dans la loge centrale alors qu’elle était absente.

La Restauration contraindra David à l’exil, à Bruxelles, où il mourra en 1825 en se refusant à revenir en France comme il aurait pu le faire au bout de quelque temps.

« Les Sabines » : une œuvre pour la paix

Mais revenons aux Sabines, une œuvre politique, invitant à la paix. Déjà, avec le Serment des Horaces, avec la Douleur et les regrets d’Andromaque sur le corps d’Hector dans la même période, le peintre fait une place particulière aux femmes.

Sébastien Allard écrit : « David retourne les valeurs liées à l’héroïsme viril en nous donnant à voir le prix que cet héroïsme implique, un prix tout entier payé par les femmes. » Au Salon de 1799 où sont accrochées les Sabines, David fait installer un miroir en face du tableau pour que les visiteurs soient, par leur reflet, inscrits dans le drame en cours. Ce sont eux qui font l’Histoire.

« Jacques-Louis David », jusqu’au 26 janvier 2026, au Louvre, Paris 1er. Rens. : louvre.fr. Catalogue édité par Hazan et le musée du Louvre, 370 pages, 49 euros.

11:19 Publié dans Actualités, Arts, Connaissances, Exposition | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean louis david | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

24/10/2025

« Terres rares », métaux « critiques » : de quoi parle-t-on ?

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Ce sont des termes que l’on croise de plus en plus souvent. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Les métaux rares, ou « terres rares » sont un groupe de métaux :

  • Ils sont définis comme des éléments géologiques ayant des propriétés physiques spécifiques.
  • Relativement abondants dans la terre, malgré leur nom.
  • Très difficiles à extraire et à purifier (ils sont mélangés à d’autres minéraux et très dispersés).
  • Il est rare de trouver un gisement assez riche pour justifier une mine.

En bref, les métaux rares sont des métaux particulièrement difficiles à obtenir. Les séparer exige un travail long, coûteux, complexe et très polluant (énormes quantités de déchets rocheux, d’eaux usées, risques de contamination des sols, éléments radioactifs).

Exemple : pour 1 kilo de lutécium, il faut casser 1 200 tonnes de roches ; pour 1 kilo de scandium, c’est près de 4 tonnes de minerai à traiter avec un bon gisement.

On liste 17 terres rares, dont les lanthanides (auxquels appartient le lutécium), le scandium ou l’yttrium. Ils permettent, par exemple, de fabriquer des aimants permanents, des alliages, écrans, catalyseurs, etc.

Les métaux rares sont aussi… critiques

Les métaux critiques ou stratégiques sont listés par des gouvernements en raison de plusieurs critères économiques et politiques :

  • Essentiels pour l’économie.
  • Peu substituables par d’autres matériaux.
  • Présentent des risques élevés de pénurie.

Par exemple, l’Union européenne liste 34 matières premières critiques, dont les terres rares, le lithium, le cobalt, le graphite, le nickel, le gallium, le germanium, l’indium, le tantale, le tungstène ou encore le phosphore. Les « terres rares » sont des métaux critiques, mais la liste de ces matériaux stratégiques les dépasse largement.

Là aussi, les utilisations sont variées et stratégiques : le gallium pour les puces électroniques, les LED et les cellules photovoltaïques ; l’indium pour les écrans tactiles ; le tantale pour les condensateurs d’appareils électroniques ; le germanium dans les fibres optiques et les lentilles infrarouges ; le tungstène dans les armements, etc. Le cobalt et le lithium sont connus pour leur utilisation dans les batteries.

Ces métaux sont donc largement indispensables à la transition énergétique, à l’électronique ou au secteur de la défense.

Guerre commerciale ou coopérations ?

À ce jour, la production des métaux rares est en fait très concentrée : la Chine domine très largement la production mondiale. Elle vend plus de 168 000 tonnes par an, soit 60 % du marché mondial, selon l’Institut des études géologiques des États-Unis (USGS).

Mais elle est encore plus incontournable dans les premières étapes de la chaîne de valeur. La Chine extrait ainsi 60 à 70 % des minerais de terres rares et raffine 90 % de la production mondiale. Autrement dit, la plupart des pays extracteurs font appel à elle pour le raffinage du matériau.

Cela ne date pas d’hier, car la Chine populaire est devenue premier producteur mondial de métaux rares en 1995 !

Même si ces métaux sont aujourd’hui essentiels pour la production des véhicules électriques, éoliennes et panneaux photovoltaïques, l’extraction et le raffinage ont un coût environnemental assez colossal. C’est pourquoi la Chine tente de limiter sa production en établissant des quotas d’exportation, mais le monde entier veut lui en acheter !

Dans le cadre de la guerre commerciale lancée par les États-Unis, le gouvernement chinois demande désormais à vérifier que ses exportations ne soient pas utilisées par des industries militaires contraires à ses intérêts de sécurité (comme c’est le cas pour l’armement américain).

Il faut bien comprendre qu’on parle ici de capacités de production à une échelle gigantesque et que la question de la répartition géologique des réserves minérales est secondaire. Les estimations évoluent constamment avec les progrès des connaissances, et la Chine a un réservoir certes important (37 % des réserves mondiales), mais dans une proportion relativement plus faible que son importance dans la production mondiale.

Peut-on en produire en France ?

Selon l’USGS, 4 pays détiendraient 90 % des réserves mondiales : Chine, Vietnam, Brésil et Russie. Quatre pays avec lesquels les États-Unis et leurs vassaux entretiennent des relations quelque peu tumultueuses.

En admettant que des coopérations futures permettent d’acheter des métaux rares à ces pays, le retard pris dans le développement de capacités de traitement et de raffinage est abyssal. La Chine a non seulement plus de 30 ans d’expérience industrielle, mais également une stratégie nationale d’investissements, des entreprises publiques au centre du secteur, une intégration de ses industries de pointe qui bénéficient de cette production spécifique.

Une éventuelle exploitation française, dans un cadre d’entraide et de partage des savoir-faire, mettrait au minimum 10-15 ans à être mise en service. Autant dire que nos va-t-en-guerre et protectionnistes du cru nous emmènent droit dans le mur.

par Amado Lebaube pour Liberté Actus

11:15 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : terres rares | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!