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15/04/2025

Henri Peña-Ruiz : "Lutter contre le racisme antimusulman, oui ; le nommer islamophobie, NON"

Islamisme, racisme

Alors que des députés LFI proposent une commission d’enquête sur l’ « islamophobie », le débat s’enflamme autour du sens même du mot qui, sous prétexte de prévenir les discriminations envers les musulmans tend à empêcher toute critique du dogme. Confusion entre rejet de la religion et haine des croyants, risques pour la liberté d’expression : l’enjeu est ici de clarifier le combat contre le racisme pour mieux le rendre efficace, estime le philosophe Henri Peña-Ruiz, auteur du « Dictionnaire amoureux de la laïcité » (Plon).

Le mercredi 9 avril, des députés de la France insoumise ont déposé un projet de résolution tendant à la création d’une commission d’enquête portant sur l’islamophobie. Il s’agirait « d’évaluer l'inaction de la France dans les réponses apportées pour lutter contre l'islamophobie et les phénomènes antimusulmans », et « le rôle des médias dans la construction de stéréotypes négatifs à l’égard de l’Islam ».

Si une telle démarche vise à développer la lutte contre le racisme dont sont victimes les personnes musulmanes comme telles, elle a du sens. Mais le terme islamophobie est très mal choisi, car il désigne le seul rejet de la religion musulmane, et non celui de ses fidèles. L’invention de ce terme fut d’ailleurs destinée à proscrire toute critique de l’Islam. En 2006 c’est ce que rappelait Jean Ferrat en exprimant son désaccord total avec Mouloud Aounit, secrétaire du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), qui voulait faire de la critique de l’islam un racisme et poursuivre en justice les caricatures reprises par Charlie.

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Voici à ce sujet la mise au point lumineuse du rédacteur en chef de Charlie Hebdo, le regretté Stéphane Charbonnier. Le 5 janvier 2015, deux jours avant l’attaque terroriste contre Charlie, il donnait à son éditeur une Lettre ouverte où il remettait en question la notion d’islamophobie en ces termes : « Non, vraiment, le terme « islamophobie » est mal choisi s’il doit nommer la haine que certains tarés ont des musulmans. Et il n’est pas seulement mal choisi, il est dangereux. Si on l’aborde d’un point de vue purement étymologique, l’islamophobie devrait désigner « la peur de l’islam ». Or les inventeurs, promoteurs et utilisateurs de ce terme l’emploient pour dénoncer la haine à l’égard des musulmans. Il est curieux que ce ne soit pas « musulmanophobie » et, plus largement, « racisme » qui l’aient emporté sur « islamophobie», non ? ». La mise au point de Charb est remarquable de simplicité et de clarté, et elle est une référence essentielle pour la lutte contre le racisme.

Insistons. La lutte contre le racisme a besoin de clarté et c’est lui rendre un bien mauvais service que de qualifier de raciste ce qui ne l’est pas. Est raciste le rejet des personnes comme telles, du fait de leur origine ou de leur religion, entre autres. Mais la critique voire la satire d’une religion ou de toute autre conviction spirituelle comme l'humanisme athée ou agnostique, n’a rien de raciste. La catholicophobie n’est pas un racisme, pas plus que la judaismophobie, car elles visent des croyances religieuses. L’athéophobie n’est pas non plus un délit. En revanche la judéophobie et la musulmanophobie, qui visent des personnes ou des peuples, sont des racismes effectifs et par conséquent des délits. Pour toute personne de bonne foi, il est clair que la distinction soulignée entre le rejet d’une conviction spirituelle et le rejet d’une personne ou d’un peuple (musulmanophobie ou arabophobie) est essentielle. C’est pourquoi on ne peut mettre sur le même plan l’islamophobie et l’antisémitisme.

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Qu’est-ce donc qui est respectable ? C’est la personne en sa liberté de croire, et pas sa croyance. Sauf à rétablir le délit de blasphème. Distinguons avoir et être. On a une religion, mais on n’est pas sa religion, même si par ferveur on s’identifie à elle. Les athées peuvent-ils exiger le respect de l’athéisme, les catholiques le respect de leur religion et traîner en justice quiconque s’y refuse ? Alors pourquoi faire une exception pour une religion particulière ? Prétendre, par compassion mal placée, qu’un être humain ne peut avoir aucune distance à l’égard de sa conviction, c’est une forme de condescendance. Il faut admettre que tout être humain est capable de distance à soi, sauf si l’on fatalise le fanatisme. « Ne confondons pas la peau et la chemise » (Montaigne).

Bref, rejeter et combattre le racisme est essentiel, mais la liberté d’expression doit rester entière, pourvu qu’elle évite l’injure ou l’insulte adressées à la personne comme telle. À rebours du différentialisme raciste de l’extrême droite, je considère que la laïcité n’a pas à hiérarchiser les convictions, qu’elles soient religieuses ou non. Si le Rassemblement National se prétend laïque il doit dénoncer la Loi Debré qui instaure le financement sur fonds publics des écoles privées religieuses, catholiques pour la plupart, et le Concordat qui sévit en Alsace-Moselle aux frais de toute la République. Mais sa démarche identitaire l’en empêche. Sa laïcité à géométrie variable est donc un leurre.

Reste que le racisme en acte peut prendre des formes abjectes, qu’il convient de débusquer et de combattre par la loi, et fermement. Outre l’injure raciste, que la loi réprime, la discrimination raciale à l’embauche ou au logement fait partie de ces formes abjectes. Bref la clarté et l’efficacité de la lutte contre le racisme doivent éviter toute notion ambiguë.

20:50 Publié dans Cactus | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : islamisme, racisme | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

10/04/2025

Histoire hallucinante des vaches abandonnées sur une île pendant 130 ans !

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Une population de bovins abandonnés sur l’île Amsterdam au XIXe siècle a réussi à survivre et à s’adapter à un environnement extrême, devenant un exemple rare de féralisation. Leur étude génétique a révélé une histoire évolutive unique, mais ces animaux ont été entièrement éradiqués en 2010, soulevant des questions éthiques et scientifiques sur la conservation de la biodiversité domestique.

Par les auteurs Laurence Flori, Directrice de recherche, animale, UMR SELMET, Inrae ; Mathieu Gautier, chercheur en statistique et évolutive des populations, Inrae ; Tom Druet, Directeur de recherche au FRS-FNRS, Université de Liège ; François Colas, Inspecteur de santé publique , retraité ; Thierry Micol, Chef de service LPO. 

L'étude génétique de cette population a permis de répondre à de nombreuses questions : D'où venaient ces vaches ? Comment ont-elles pu survivre et s'établir sur une île a priori hostile ? Mais elle en soulève d'autres. Était-il par exemple nécessaire d'éradiquer ces bovins redevenus sauvages en 2010 ?

Certains espaces naturels préservés accueillent des populations animales étonnantes, capables de s'adapter à des contextes inattendus. Un exemple intriguant en témoigne celui d'une population de bovins retournés à l'état sauvage (processus appelé féralisation), après avoir été abandonnés sur l'île subantarctique Amsterdam, au sud de l'océan Indien, sur laquelle ils ont vécu en toute jusqu'en 2010.

Une île inhospitalière balayée par les vents

Située à 4 440 km au sud-est de Madagascar et comparable en taille à Noirmoutier, cette île est soumise à un climat océanique tempéré, balayée par des vents constants et parfois violents, et exposée à des précipitations fréquentes, notamment l'. Elle est également dépourvue de points d'abreuvement permanents, ce qui la rend à première vue incompatible avec la survie d'un troupeau de bovins. La seule présence humaine y est assurée par la base scientifique Martin-de-Viviès, établie en 1949.

Voir aussi

L'île la plus isolée du monde en proie aux flammes : une biodiversité unique en péril et les scientifiques obligés de fuir !

Depuis 2006, l'île Amsterdam fait partie de la réserve naturelle nationale des australes et françaises (TAAF), un sanctuaire de , inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.

D'après les documents historiques, quelques bovins y auraient été probablement abandonnés à la fin du XIXe siècle. Contre toute attente, ces animaux ont non seulement survécu mais également prospéré, leur population atteignant près de 2 000 animaux en quelques décennies. Mais d'où provenaient ces animaux, et comment ont-ils pu s'établir sur l'île et s'adapter à un environnement à première vue inhospitalier, en redevenant sauvages ? C'est l'histoire singulière de cette population bovine que nous avons retracée à partir de l'étude du de 18 animaux, extrait d'échantillons prélevés lors de deux campagnes d'étude remontant à 1992 et 2006.

Vache de l’île Amsterdam. © François Colas, Fourni par l'auteur
 
Vache de l’île Amsterdam. © François Colas, Fourni par l'auteur

Quand la génétique éclaire l’histoire

En analysant les différences entre les génomes de ces animaux, nous avons tout d'abord mis en évidence une diminution significative, mais brève de la taille de la population vers la fin du XIXe siècle. Ce résultat réfute l'hypothèse d'une présence plus ancienne de bovins laissés sur l'île par des . Il confirme en revanche le scénario historique le plus consensuel, selon lequel cinq ou six bovins auraient été abandonnés sur l'île en 1871 par un fermier, nommé Heurtin, et sa famille, originaires de La Réunion. Partis avec quelques animaux pour s'installer sur l'île, la mettre en culture et entamer une activité d'élevage, ils n'y sont finalement restés que quelques mois. Ils ont été contraints de retourner à La Réunion par les conditions climatiques difficiles, les problèmes d'adaptation et l'isolement, en laissant les bovins derrière eux.

Une poignée d'animaux fondateurs a ainsi été à l'origine de la population, entraînant une forte augmentation de la chez leurs descendants. Cette augmentation est souvent associée à une accumulation dans le génome de mutations délétères responsables de dysfonctionnements biologiques et de . Mais elle peut aussi parfois permettre au contraire leur élimination, un phénomène connu sous le nom de purge. De manière surprenante, nous n'avons observé aucun de ces deux cas de figure. Les 2 000 descendants obtenus en quelques générations semblaient en effet en bonne santé. De plus, notre analyse, qui a mis en évidence une réduction modérée de la diversité génétique, n'a pas détecté d'élimination significative des mutations délétères, mettant d'autant plus en la singularité de cette population.

Des origines ayant favorisé l’établissement des bovins sur l’île

La caractérisation génétique des animaux a également révélé qu'ils semblaient descendre de deux populations bovines bien distinctes de taurins européens génétiquement proches d'animaux actuels de race jersiaise (env. 75 %) et de zébus originaires de l'océan Indien (env. 25 %). Ces résultats confirment que les bovins introduits sur l'île avaient probablement été sélectionnés par Heurtin parmi les races présentes à l'époque sur l'île de La Réunion, qui comprenaient des animaux proches des jersiais actuels, susceptibles de s'être croisés avec des races locales, notamment des zébus de la région.

Cette spécificité est probablement à l'origine du succès de l'établissement de cette population dans cet environnement inhospitalier. C'est ce que révèlent nos résultats qui mettent en évidence une préadaptation de leurs ancêtres taurins européens aux conditions climatiques de l'île. Les animaux introduits n'ont, semble-t-il, pas été confrontés à un défi bioclimatique important, les conditions climatiques du berceau des bovins jersiais, l'île de Jersey (dans la Manche), étant en effet relativement proches de celles de l'île Amsterdam.

Vaches de l’île Amsterdam. © François Colas. Fourni par l'auteur
 
Vaches de l’île Amsterdam. © François Colas. Fourni par l'auteur

Des mécanismes adaptatifs principalement liés au système nerveux

La découverte de leurs origines nous a également permis de réfuter les hypothèses émises par certains scientifiques, selon lesquelles ces bovins auraient vu leur taille diminuer dans ce nouvel environnement pour s'adapter aux ressources limitées de l'île, un phénomène connu sous le nom de .

Source Futura

12:00 Publié dans Actualités, Connaissances, Planète, Science | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vaches, ile | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

08/04/2025

Dans les Déserts brulants ou glacés, exposition à Paris au Muséum d’histoire naturelle

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La nouvelle grande exposition du Muséum d’histoire naturelle, à Paris, invite petits et grands à parcourir le Sahara, l’Antarctique, Atacama… et à découvrir les étonnantes stratégies d’adaptation déployées par les animaux et les végétaux pour survivre dans ces milieux extrêmes.

Dunes de sables, roches érodées, sols craquelés ou à l’inverse, banquises et glaces à perte de vue… C’est au son des vents et dans une immersion de belles images de paysages désertiques que la nouvelle grande exposition temporaire du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), à Paris, accueille ses visiteurs en terres inconnues.

Loin d’être une traversée éprouvante à dos de chameau sous une chaleur écrasante, « Déserts », la nouvelle exposition du musée, est une aventure déroutante. Elle étonne par la beauté et l’incroyable biodiversité des paysages des déserts du monde, qu’ils soient faits de sable, de roche et de sel, ou bien de glace et de neige.

« Présents sur tous les continents, les déserts occupent aujourd’hui un tiers des surfaces émergées de notre planète. En cette période de grands changements climatiques, nous souhaitons les valoriser, ainsi que la vie qui les habite », présente Gilles Bloch, le président du MNHN. Qu’ils soient brûlants ou glaciaux, les déserts ont tous en commun d’être des milieux ouverts, exposés à l’aridité, aux températures extrêmes et aux vents violents.

De façon inattendue, ours polaires et dromadaires se côtoient

Du Sahara au désert arctique, en passant par les déserts de Sonora en Arizona, d’Atacama au Chili, ou encore de Gobi en Mongolie, pour ne citer qu’eux, les scientifiques distinguent cinq catégories de déserts : ceux dits « zonaux » de la zone intertropicale, les continentaux, les littoraux, ceux dits « d’abri », et les déserts polaires. Et ces derniers, l’Arctique et l’Antarctique, sont les deux plus grands du monde !

À l’aide de cartes inédites et de dispositifs pédagogiques et tactiles, l’exposition permet, par exemple, d’expérimenter comment les dunes de sable prennent des formes différentes, « en étoiles, longitudinales ou transverses par exemple, selon la force et l’orientation des vents qui les créent et les influencent », explique Didier-Julien Laferrière, muséographe et concepteur de l’exposition. L’activité humaine aussi sculpte les déserts : « Le Sahara, par exemple, a été modifié trois fois : il y a cinq mille ans avec les sociétés égyptiennes, puis durant la période gréco-romaine et enfin au XIXe siècle », explique Maël Crépy, l’un des cinq commissaires scientifiques de l’exposition, chercheur en géoarchéologie au CNRS.

La partie la plus surprenante de l’exposition est sans doute celle consacrée à la vie dans les déserts. Les animaux naturalisés, la spécialité du Muséum, se côtoient de façon inattendue : ce sont des ours polaires et des dromadaires, des manchots et des oryx… « La grande originalité de cette exposition est d’avoir mêlé désert chaud et désert polaire. Elle met ainsi en valeur la biodiversité et ses stratégies d’adaptation dans toutes ses dimensions », introduit Aude Lalis, cocommissaire scientifique de l’exposition, chercheuse en biologie de l’évolution de la biodiversité au Muséum.

Peu propices à la vie, les déserts abritent en effet une surprenante variété de plantes et d’animaux qui, au cours de l’évolution, se sont adaptés aux conditions extrêmes. « Globalement, d’un désert à l’autre, plantes et animaux usent de stratégies identiques pour boire et stocker l’eau, denrée rare, bien qu’il y ait toujours des spécificités selon les espèces », poursuivent Denis Larpin, responsable scientifique des collections végétales tropicales des jardins botaniques du Muséum, et Anthony Herrel, directeur de recherche au CNRS, spécialiste en anatomie comparée, morphologie fonctionnelle et biologie au Muséum.

Ainsi les cactus, décor célèbre des westerns, font des réserves d’eau, un peu comme les dromadaires font des réserves de gras métabolique dans leur bosse, ou les ours polaires de graisse isolante durant l’été. Certaines plantes profiteront de longues racines capables de capter l’eau des nappes phréatiques, quand d’autres en surface vont retenir la moindre goutte d’eau de pluie, un peu comme le moloch, reptile d’Australie, qui aspire l’eau grâce à un réseau d’anneaux situés sous ses écailles. Pour survivre, les organismes vivants développent des stratégies étonnantes.

Des possibilités physiologiques épatantes

« Dans les déserts polaires, précise Aude Lalis, certains hibernent, d’autres stockent, puis utilisent leurs corps pour résister aux températures extrêmes. Leurs extrémités – pattes, oreilles et museau – sont courtes pour que la chaleur soit conservée, leur fourrure est épaisse et chaude, comme celle du renard arctique, un as de l’adaptation, qui utilise sa queue en guise d’écharpe. » À l’inverse, dans les déserts chauds, certains animaux ont de grandes extrémités pour évacuer la chaleur, comme le fennec, le chat des sables ou le lièvre de Californie aux grandes oreilles, qui les aident à se rafraîchir.

D’autres, comme l’oryx d’Arabie, ont développé des systèmes de régulation de leur température corporelle, qui peut atteindre 45 °C : la chaleur stockée dans la journée est évacuée la nuit, évitant ainsi de perdre de l’eau en transpirant. De plus, il dispose d’une isolation thermique et d’un système de climatisation locale – rien que ça – qui permet de garder son cerveau au frais ! Mais la biodiversité des déserts est partout menacée par l’action humaine et les changements climatiques. Les déserts chauds ou froids sont des écosystèmes fragiles et vulnérables. Les premiers s’étendent alors que les seconds tendent à disparaître.

En sortant de l’exposition, on pense à Théodore Monod (1902-2000), l’un des grands défricheurs du désert, professeur du Muséum, qui invitait à parler du désert en se taisant, « comme lui », et à lui rendre hommage « par notre silence ».

Jusqu’au 30 novembre, à la Grande Galerie de l’évolution, Muséum national d’histoire naturelle, Paris (5e).

12:20 Publié dans Actualités, Connaissances, Exposition | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exposition désert | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

06/04/2025

Solutions énergétiques innovantes L’essor fulgurant du stockage d’énergie par air comprimé

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Pour répondre aux défis de la transition énergétique et aux besoins croissants en stockage d’énergie, la Chine mise sur une technologie innovante : le stockage d’énergie par air comprimé (CAES).

Avec des projets d’envergure mondiale et une capacité de production locale, cette solution promet de transformer durablement le paysage énergétique chinois et mondial.

Une technologie révolutionnaire au service de la transition énergétique

Face à la montée en puissance des énergies renouvelables comme l’éolien et le solaire, la Chine s’est heurtée à un défi majeur : comment pallier l’intermittence de ces sources d’énergie et stabiliser l’alimentation électrique ? La réponse se trouve en partie dans le développement du stockage d’énergie par air comprimé (CAES), une solution innovante et propre qui offre des perspectives prometteuses.

L’année dernière, dans la province du Shandong, la Chine a inauguré la plus grande installation de CAES au monde, avec une capacité impressionnante de 3 060 MW. Cette installation repose sur une technologie de pointe en développement, qui marque un tournant dans la capacité du pays à combiner innovation et déploiement à grande échelle. Contrairement aux batteries chimiques, qui dépendent de matériaux rares comme le lithium, le CAES repose sur l’utilisation de l’air, une ressource abondante et gratuite.

Le fonctionnement du système est simple mais efficace : pendant les périodes naturelles où l’énergie est excédentaire (généralement les heures creuses), l’air est comprimé et stocké dans des cavernes souterraines ou artificielles. Lors de fortes demandes, cet air est relâché pour produire de l’électricité via des turbines. Ce procédé permet non seulement de stabiliser le réseau électrique, mais aussi de réduire la dépendance aux centrales à charbon encore largement utilisées en Chine.

La Chine, leader mondial dans le stockage d’énergie

Grâce à une stratégie nationale ambitieuse, la Chine a pris une longueur d’avance dans le développement de cette technologie. Environ 60 % des composants utilisés dans les systèmes CAES chinois sont fabriqués localement, renforçant ainsi la souveraineté énergétique et industrielle du pays.

Les ingénieurs chinois explorent de nouvelles voies pour améliorer l’efficacité du CAES, notamment par l’intégration de l’intelligence artificielle pour optimiser le contrôle des systèmes. Cette approche permet d’analyser les mégadonnées en temps réel et de maximiser la rentabilité des installations, une avancée qui place la Chine au premier rang des acteurs mondiaux du stockage d’énergie.

Les avantages du CAES sont multiples : il est presque sans pollution, présente une longue durée de vie des équipements et est extrêmement sûr. Contrairement aux batteries chimiques, le CAES élimine tout risque d’explosion ou de fuite de substances nocives. De plus, l’utilisation de cavernes de sel pour stocker l’air comprimé réduit considérablement les coûts de construction, rendant cette technologie économiquement viable.

Comment fonctionne le stockage d’énergie par air comprimé (CAES) ?

Le système de stockage par air comprimé repose sur un principe simple, mais ingénieux.

  1. Stocker l’énergie excédentaire
    — Pendant les périodes de faible demande énergétique (souvent la nuit ou lorsque la production d’énergie renouvelable dépasse la demande).
    — L’air ambiant est aspiré et fortement comprimé à l’aide de l’électricité excédentaire issue d’énergies renouvelables comme le solaire ou l’éolien. Ce processus transforme l’air en un fluide à haute pression, prêt à être stocké.
  2. Conserver l’air comprimé sous haute pression
    — L’air comprimé est conservé dans des cavernes souterraines spécialement aménagées, telles que :
    — Des cavernes de sel naturelles.
    — Des formations rocheuses ou des réservoirs artificiels.
    — Ces cavités permettent un stockage sûr et économique en utilisant des infrastructures déjà existantes ou faciles à aménager.
  3. Produire de l’électricité à la demande
    — L’air comprimé est relâché sous haute pression et dirigé vers des turbines qui convertissent cette énergie mécanique en électricité.
    — Une partie de la chaleur générée lors de la compression est récupérée et réutilisée, augmentant ainsi le rendement énergétique.

Grâce à ce procédé, le CAES devient une solution clé pour stabiliser les réseaux électriques et soutenir l’essor des énergies renouvelables.

Source Liberté Actus

 

12:27 Publié dans Actualités, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stokage electricité | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!