30/11/2023
Cyberharcèlement : comment les trolls LFI passent à l'attaque
Françoise Degois est une journaliste de gauche. Sur les plateaux de LCI ou de Sud Radio, elle est connue pour défendre avec passion Jean-Luc Mélenchon et la Nupes. Parfois seule contre tous. De quoi ravir les militants insoumis. Mais le 7 octobre, tout a changé.
Dans les heures qui ont suivi les attaques du Hamas, LFI a renvoyé l’agresseur et l’agressé dos-à-dos, tout en refusant d’utiliser le mot terroriste : "J’ai trouvé cela insupportable et moralement indigne, ça m’a déconcertée et je ne me suis pas privée de le dire." De journaliste "amie", elle est subitement devenue une ennemie à abattre pour les militants insoumis qui déploient l’une de leurs armes favorites : le cyberharcèlement sur X (anciennement Twitter).
Sur X, anciennement Twitter, de nombreux militants de La France insoumise s’en prennent avec virulence aux journalistes non complaisants et aux responsables qui ne sont pas dans la ligne. La méthode en dit long sur le fonctionnement d’un mouvement qui prône pourtant l’humanisme et la démocratie…
Françoise Degois est une journaliste de gauche. Sur les plateaux de LCI ou de Sud Radio, elle est connue pour défendre avec passion Jean-Luc Mélenchon et la Nupes. Parfois seule contre tous. De quoi ravir les militants insoumis. Mais le 7 octobre, tout a changé.
Dans les heures qui ont suivi les attaques du Hamas, LFI a renvoyé l’agresseur et l’agressé dos-à-dos, tout en refusant d’utiliser le mot terroriste : "J’ai trouvé cela insupportable et moralement indigne, ça m’a déconcertée et je ne me suis pas privée de le dire." De journaliste "amie", elle est subitement devenue une ennemie à abattre pour les militants insoumis qui déploient l’une de leurs armes favorites : le cyberharcèlement sur X (anciennement Twitter).
Les comptes de militants LFI sont faciles à reconnaître puisqu'ils recourent aux mêmes éléments de langage et aux mêmes emojis (lettre phi, triangle rouge ou encore tortue en référence à Jean-Luc Mélenchon qui s'est autoproclamé "tortue sagace")
Haro sur les journalistes déviants…
Françoise Degois n’est pas la seule journaliste à subir ce traitement. C’est également le cas d’Elsa Margueritat. Au cours de sa jeune carrière, elle a pigé dans plusieurs médias. Certains sont classés à gauche (Le Vent se lève, Le Média, Marianne), d’autres plus à droite (Le Figaro). Attachée à sa liberté de ton, elle a plusieurs fois émis des réserves sur la stratégie de LFI en prenant un ton sarcastique.
Conséquence, elle aussi reçoit depuis plusieurs années un traitement "spécial". Si certains messages remettent en cause sa probité ou ses qualités journalistiques, d’autres vont encore plus loin : "J’ai par exemple reçu des allusions sur ma vie privée ou des appels au viol."
Les journalistes les plus harcelés sur les réseaux sociaux ont globalement un point commun que remarque Françoise Degois : "Ils sont plutôt marqués à gauche car ce sont les critiques venant de ce type de profils qui font le plus de mal." En somme, le cyberharcèlement vise moins l’opposition du centre ou de droite que ceux qui connaissent la maison et critiquent son fonctionnement. Cela vaut pour les journalistes, mais aussi pour les militants et les anciens responsables.
"J'ai reçu des allusions sur ma vie privée ou des appels au viol non sanctionnés par LFI"
… et les militants "traîtres à la cause"
Ce n’est pas Georges Kuzmanovic qui dira le contraire. Dans la galaxie Mélenchon, le quinquagénaire a longtemps fait figure d’historique. Il est l’un des premiers à rejoindre l’ancien socialiste lorsqu’il lance le Parti de gauche en 2008, intègre son service d’ordre puis devient le "Monsieur Défense et questions internationales" du triple candidat à la présidentielle avec qui il se lie d’amitié.
Puis survient l’après-campagne de 2017 et la question qui hante Jean-Luc Mélenchon : où trouver les 600 000 voix qui ont empêché l’accès au second tour ? Le chef insoumis estime qu’elles sont dans les banlieues et dans la jeunesse des grandes métropoles. La ligne idéologique change du tout au tout. De laïque, elle prend un tournant plus communautariste, abandonne les références à "l’ancienne gauche" pour s’ouvrir aux questions sociétales et aux idées en vogue dans la gauche anglo-saxonne. Ce qui fait tiquer la vieille garde victime d’une purge sur la période 2018-2019.
Les Charlotte Girard, Hélène Franco, François Cocq, Thomas Guénolé, Georges Kuzmanovic et autres compagnons de route sont excommuniés dans le bruit et la fureur. Puis immédiatement remplacés par des profils plus jeunes et malléables. Vindicte, mépris du Patron, fausses accusations d’agressions sexuelles, cyberharcèlements font partie des méthodes. "Dans les mois qui ont suivi mon départ, j’ai reçu des dizaines de messages chaque jour me traitant de traître, de nazi, de xénophobe, de facho. À la longue, c’est psychologiquement usant", se remémore l’ancien mélenchoniste qui a désormais créé son propre mouvement baptisé République souveraine.
"Il existe des groupes Discord ou Telegram dans lesquels les tweets considérés comme mauvais sont partagés, ce qui incite aux attaques"
Des attaques sur commande ?
En somme, les raids digitaux contre les personnalités portant un regard critique sur la stratégie du mouvement sont une arme en vogue chez les mélenchonistes. Restent les questions qui fâchent. Ces attaques sont-elles commanditées en haut lieu et coordonnées ? Les agresseurs sont-ils des chatbots ou de vrais militants ?
Pour le moment tout est flou, rien n’est prouvé mais certains témoignages sont troublants. Ainsi, Elsa Margueritat a noté qu’un message sur X peut passer plusieurs heures sans commentaires malveillants. Ces derniers arrivant d’un seul coup "par vague" avec les mêmes éléments de langage. "Il est troublant par exemple que le qualificatif de peste brune pour me désigner soit arrivé subitement et massivement."
Pour bien connaître les arcanes insoumises, Elsa Margueritat sait qu’il existe des "groupes Discord ou Telegram dans lesquels les tweets considérés comme mauvais sont partagés, ce qui incite aux attaques". En revanche, elle n’est pas en mesure de deviner si cela est téléguidé par des responsables LFI. Après plusieurs messages la menaçant de viol elle a tout de même alerté le comité de suivi contre les violences sexistes et sexuelles du parti. "La responsable, très sympathique au demeurant, m’a indiqué qu’elle ne pouvait rien faire."
De son côté, Georges Kuzmanovic l’assure : "Oui, les opérations de cyberharcèlement étaient initiées par les responsables du parti." Décidé à ne pas se laisser insulter sans riposter, l’ancien ami de Jean-Luc Mélenchon a fait appel aux services d’une entreprise spécialisée pour le prouver. "Bon, il s’est avéré que les adresses IP d’où partaient certains messages venaient du bureau de deux députées LFI à l’Assemblée nationale, j’ai toutes les preuves." Preuves remontées directement à Jean-Luc Mélenchon et Manuel Bompard en menaçant de tout déballer publiquement si la situation continuait. "Drôle de coïncidence, le lendemain, le harcèlement a cessé. À l’époque, c’était un truc d’amateur qui s’est professionnalisé."
Françoise Degois, de son côté, estime qu’un bon nombre d’attaques sont aiguillées par un certain Bastien Parisot, responsable des campagnes numériques de La France insoumise. "C’est lui qui coordonne la riposte numérique et la veille sur les réseaux sociaux. Même si je n’ai aucun moyen de prouver quoi que ce soit, j’ai des antennes dans le parti, je sais d’où ça vient", confie la journaliste qui a directement appelé l’intéressé. Si les attaques ont depuis baissé en intensité, elles existent toujours. La cause n’est pas les chatbots, un cabinet fantôme ou des usines à trolls. D’après tous les témoins interrogés, c’est le fonctionnement inhérent à LFI qui explique tout cela.
Haine de la presse, vindicte contre les camarades émettant des doutes, langage agressif sont des pratiques répandues dans les hautes sphères. Cela déteint sur les militants et favorise le cyberharcèlement
Copier le maître
D’une certaine manière, le fonctionnement de LFI est basé sur une imposture. Si le parti se présente comme démocratique, gazeux, pluraliste, il est en réalité très structuré, sans courants, sans adhérents. "Au sommet de la pyramide trône Jean-Luc Mélenchon et un petit cercle de très proches qui se renforce en s’épurant et exige une discipline totale pour monter dans les échelons", explique Georges Kuzmanovic, fin connaisseur des rouages insoumis.
Pour être bien vu des autres militants, obtenir des responsabilités dans l’organisation, mieux vaut être en symbiose avec Jean-Luc Mélenchon. Or, ce dernier a de longue date pris l’habitude de houspiller la presse et les journalistes. Mais aussi de se montrer impitoyable avec les personnes émettant de simples réserves stratégiques. Jean-Luc Mélenchon se veut également le chantre de la "conflictualisation" ou du "parler cru et dru".
Haine de la presse, vindicte contre les anciens amis émettant des doutes, langage agressif sont des pratiques répandues dans les hautes sphères. La sémantique mélenchoniste ruisselle chez les cadres moyens et les militants. Ce qui explique les offensives de la part de responsables qui ne prennent pas la peine de se cacher puisqu’ils se savent soutenus en haut lieu.
Un cas est particulièrement illustratif, celui de Mathieu Garnier, ancien candidat LFI en Seine-et-Marne aux dernières législatives, aujourd’hui assistant parlementaire de la députée Ersilia Soudais. Pendant des mois, il a envoyé à visage découvert des messages odieux et agressifs à des dizaines de journalistes, dont l’auteur de ces lignes. Ces pratiques ayant été dénoncées publiquement, il a fermé son compte mais reste toujours au service de sa députée qui semble n’y voir aucun problème.
Technique infructueuse
Ces attaques sont-elles efficaces ? Oui et non. Aucune des personnes cyberharcelées n’a l’intention de brider sa parole. Dans un style franc et sans filtre qui la caractérise, Françoise Degois assène : "Je m’en fous, ça ne me touche pas, je ne fais pas du journalisme pour flatter des militants et un appareil !" Idem du côté d’Elsa Margueritat qui partage avec Georges Kuzmanovic la même conviction : Le but du cyberharcèlement des Insoumis n’est pas de faire capituler les cibles mais de montrer aux militants ce qui arrive si l’on s’écarte du droit chemin et que l’on veut faire preuve d’indépendance d’esprit.
"Les militants vivent dans une bulle. Ils restent souvent entre eux, se suivent sur les réseaux, ont leurs propres médias, leur propre vérité, se sentent seuls contre tous"
Thérapie de groupe
"Les militants sont souvent très engagés, donnent énormément de temps à l’organisation, y ont la plupart de leurs amis, fréquemment leur conjoint", théorise Georges Kuzmanovic qui estime qu’un militant qui dévie risque de perdre ses proches et de se faire harceler. Pour avoir la paix, mieux vaut donc trouver des cibles et s’acharner avec la meute.
Elsa Margueritat abonde : "Ils restent souvent entre eux, se suivent sur les réseaux, ont leurs propres médias, leur propre vérité, se sentent seuls contre tous, ce qui crée une appartenance communautaire forte." Un vase clos propice au contrôle des camarades, à la violence verbale. Nul besoin d’usine à trolls et de faux profils. Jean-Luc Mélenchon a créé un cocktail parfait pour s’assurer la fidélité et la combativité de ses troupes : un zeste de management toxique en vogue dans certaines entreprises, une pincée de trotskysme lambertiste, un soupçon de "centralisme démocratique" communiste, un culte du chef dans les règles de l’art ! Dans une organisation de ce type, le cyberharcèlement est assumé et fait office de rite d’appartenance. Cocasse pour un parti qui prône l’humanisme et la démocratie…
Lucas Jakubowicz
17:46 Publié dans Actualités, Cactus, Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lfi, réseaux | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
14/11/2023
Violeur de la Sambre, témoignage d'Annick Mattighello, Maire communiste de Louvroil
En 2002, j'ai simplement voulu prévenir les femmes. On m'a dit Il n'y a pas mort d'hommes"
C’est une personnalité politique du Val de Sambre qui a accepté de revenir avec nous sur cette affaire du Violeur de la Sambre. Annick Mattighello, maire de Louvroil entre 2001 et 2017, Médaillée d’Officier de l’Ordre National du Mérite, confie avoir la « boule au ventre » avant le début de ce procès, ce vendredi 10 juin.
Il faut dire que cette ancienne secrétaire du syndicat CGT chez Thomson, n’a toujours pas digéré l’année 2002. À l’époque, elle convoque la presse pour évoquer la présence d’un prédateur sexuel … uniquement dans sa commune de Louvroil : « Trois employées avaient été violées, agressées, dans ma commune. Je me suis sentie responsable de prévenir la population. Cela n’a pas été pris au sérieux. On me disait : « Il n’y pas mort d’hommes ». On m’a accusé de faire entrave à l’enquête publique, alors que l’homme sévissait depuis plus de 30 ans ! »
Le suspect présumé arrêté en février 2018, Dino Scala, se rendait régulièrement dans la commune en tant qu’entraîneur et Président du club de football de Pont-sur-Sambre : « Parait-il qu’il y avait un portrait-robot. Avec ça, dans le milieu du sport, on l’aurait reconnu. Et des dizaines de victimes auraient pu être épargnées. »
À l’approche du verdict de cette affaire hors norme, où Dino Scala répondra des faits d’agressions sexuelles, viols, sur 56 femmes, Annick Mattighello espère que ce procès aidera « les femmes qui se sentent coupables, portent la honte en elles. Des maris, Des familles, des maires de communes demandent à ces victimes de se taire. De ne pas aller plus loin C’est un moment de vérité »
Le « violeur de la Sambre » et la maire héroïque
Dans son enquête, « Sambre, radioscopie d’un fait divers », Alice Géraud raconte comment, pendant trente ans, l’inefficacité de la police et de la justice a permis à Dino Scala de continuer à sévir. Ce récit revient aussi sur le combat de l’ancienne édile de Louvroil Annick Mattighello en faveur des victimes.
Le vendredi 1er juillet 2022, Dino Scala, 61 ans, a été reconnu coupable par la cour d’assises du Nord de 54 agressions sexuelles et viols entre 1988 et 2018 – il est soupçonné d’en avoir commis davantage. Condamné à vingt ans de réclusion criminelle, le « violeur de la Sambre » a fait appel et un nouveau procès doit se tenir en 2024.
Dans son magistral livre Sambre, radioscopie d’un fait divers (JC Lattès), Alice Géraud, ancienne journaliste de Libération et du site Les Jours, retrace cette affaire vertigineuse et livre le résultat de quatre années d’investigations sur un mystère : comment cet homme a-t-il pu agresser et violer des dizaines de femmes pendant trente ans, le long d’une même route, sans être inquiété ? Comment a-t-il pu échapper à la justice malgré les dizaines de plaintes déposées dans les commissariats et gendarmeries de ce territoire minuscule du val de Sambre (Nord) ?
Son enquête a été adaptée en série par Jean-Xavier de Lestrade, et est diffusée actuellement sur France 2 sous le titre Sambre, elle est accablante pour l’institution policière et judiciaire, inefficace face aux violences sexuelles, indifférente et parfois cruelle à l’égard des victimes. De ce désastre émergent quelques figures lumineuses et héroïques : des proches de victimes, des policiers et des médecins. Parmi elles, l’ancienne maire de Louvroil (Nord) Annick Mattighello, aujourd’hui âgée de 72 ans.
10:16 Publié dans Actualités, Entretiens, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sambre, annick mattighello | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
16/10/2023
Fabien Roussel : « Nous appelons à tourner la page de la Nupes »
Le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, estime que la Nupes est dans l’impasse. Il appelle à construire une nouvelle union « plus claire, plus large, et plus utile aux combats » des progressistes.
Le conseil national du PCF a adopté à 92,8 % des voix une résolution estimant que la Nupes « est devenue une impasse » et appelle à ouvrir « une nouvelle page du rassemblement de la gauche et des écologistes ». L’objectif est de constituer un « nouveau front populaire » capable d’être majoritaire. Le PCF a également adopté trois résolutions concernant les élections européennes, la situation en Israël-Palestine et l’attentat qui a coûté la vie à un professeur dans un lycée d’Arras.
Le PCF estime que la gauche n’est pas à la hauteur de ses responsabilités. Pourquoi ?
Nous nous sommes posé cette question : est-ce que la gauche est à la hauteur des défis, de la situation internationale extrêmement grave et de la montée de l’extrême droite, des intégrismes et des fascismes en France ? Et, malheureusement, la réponse est non. La Nupes est dans l’impasse.
Nous appelons à tourner la page et à construire une nouvelle union, une force progressiste, de gauche, anticapitaliste, écologiste, républicaine, radicale, en lien avec les organisations syndicales, le mouvement associatif et les citoyens. Nous voulons construire un rassemblement très large pour la paix, contre la vie chère, et capable d’être majoritaire demain.
De quoi souffre la Nupes ? Êtes-vous d’accord avec Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, qui a estimé samedi que Jean-Luc Mélenchon « ôtait toute crédibilité à la coalition de gauche », quand Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a appelé jeudi à « rompre avec la méthode Mélenchon » ?
Nous aurions pu faire la liste des problèmes qui ont affaibli et discrédité la Nupes depuis sa création, avec l’affaire Quatennens, le non-respect des syndicats de la part de la FI pendant le mouvement sur les retraites, le refus des insoumis de condamner les violences urbaines après la mort de Nahel ou encore ces dernières semaines les insultes de la FI comparant le PCF à des dirigeants nazis et son refus de qualifier le Hamas d’organisation terroriste.
« Nous voulons construire un rassemblement respectueux de chacun, apaisé, sans hégémonisme, dans lequel nous voulons pouvoir dire ce qui nous rassemble et débattre sereinement de ce qui nous distingue »
Fabien Roussel
Tout cela nous empêche d’être à la hauteur des défis. Cela nous empêche d’être aussi forts que la gauche pourrait l’être concernant le combat social. Cela nous empêche de lutter efficacement contre l’extrême droite en banalisant le nazisme. Et cela nous empêche de construire les rassemblements dont nous aurions besoin pour exiger la paix au Proche-Orient. C’est pourquoi nous appelons à un nouveau rassemblement à gauche plus large, plus clair, et plus utile à nos combats communs.
Quel serait le cadre ? Avec qui élargir le rassemblement alors même que la Nupes se divise ?
Nous sommes persuadés qu’il y a une forte attente à construire une gauche authentique, plus claire sur ses combats et ses valeurs, ayant vocation à rassembler beaucoup plus largement que ce que la Nupes fait aujourd’hui. C’est le chantier que nous allons ouvrir. Nous allons rencontrer chacune des forces politiques de gauche.
Surtout, nous voulons construire un rassemblement respectueux de chacun, apaisé, sans hégémonisme, dans lequel nous voulons pouvoir dire ce qui nous rassemble et débattre sereinement de ce qui nous distingue. Et nous voulons le faire pas seulement avec les dirigeants et les militants de parti, mais avec tous nos concitoyens.
Comment le PCF entend-il intervenir pour améliorer le quotidien des Français dans l’urgence, et comment construire une victoire en 2027 alors que la gauche ne part pas favorite face à la droite et l’extrême droite ?
Franchement, pendant les deux jours de débat que nous avons eu au PCF, personne n’a parlé de 2027, car nous sommes surtout préoccupés de ce qui se passe en ce moment avec la montée de l’extrême droite et de la barbarie en France et dans le monde. Et c’est justement parce qu’il y a cette situation grave que nous appelons à un sursaut à gauche. Nous aurons bien le temps de parler de 2027 plus tard.
Aujourd’hui, nous avons une responsabilité vis-à-vis de nos concitoyens, c’est d’être clairs dans la condamnation du terrorisme et des crimes de guerre, et d’être efficaces dans le combat que nous menons contre l’inflation et les bas salaires. C’est pourquoi nous appelons à un grand rassemblement le 18 novembre, devant Bercy, pour amplifier notre campagne contre la vie chère.
Le PCF a également adopté une résolution concernant la situation en Israël-Palestine. Quelle devrait être la voix de la France ?
Bien sûr, nous devons condamner avec la plus grande fermeté la barbarie du Hamas, organisation terroriste qui veut imposer un califat en Palestine et refuse une solution à deux États. Nous appelons aussi à libérer les otages, à ne plus commettre de crimes de guerre, à stopper les bombardements israéliens alors que plus de 2 900 personnes dont 700 enfants sont déjà morts à Gaza. Nous appelons à un cessez-le-feu et à la fin du blocus contre la population palestinienne. Nous appelons à des rassemblements pour la paix, à la fin de l’occupation et une solution à deux États.
La France s’honorerait à exprimer publiquement la dénonciation de ce qui se passe à Gaza. Combien d’enfants devront encore mourir sous les bombes pour que l’ensemble de la communauté internationale appelle à un cessez-le-feu ? Nous appelons à coordonner nos moyens pour traquer les terroristes du Hamas, à s’attaquer à ceux qui les financent et les soutiennent, et nous dénonçons la punition collective et la vengeance aveugle que le gouvernement israélien abat sur le peuple palestinien. La justice, ce n’est pas la vengeance.
L’extrême droite et une partie de la droite accusent plusieurs organisations, dont le PCF, de s’être mobilisées contre l’expulsion de la famille de l’assassin de Dominique Bernard, à Arras. Or ce terroriste n’avait qu’une dizaine d’années à l’époque. Que répondez-vous ?
C’est honteux face à un tel drame d’ouvrir une polémique à l’encontre d’associations qui au quotidien œuvrent pour protéger des enfants. C’est indigne à l’heure où tout doit être fait pour unir les Français contre le terrorisme, l’obscurantisme et les fanatismes religieux. Nous avons, au PCF, condamné à l’unanimité l’acte terroriste islamiste ayant provoqué un mort et trois blessés. Il s’agit d’un crime odieux commis contre l’école de la République, lieu où justement nous luttons contre l’obscurantisme par l’accès à la connaissance et au savoir.
10:25 Publié dans Actualités, Entretiens, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pcf, nupes, fabien roussel | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
07/10/2023
Catastrophes climatiques : 20 000 enfants jetés chaque jour sur les routes de l’exil, alerte l’Unicef
Inondations, incendies, sécheresses… Entre 2016 et 2021, les catastrophes climatiques ont entraîné près de 43 millions de déplacements forcés d’enfants dans le monde, soit 20 000 enfants contraints chaque jour de quitter leur foyer, selon un rapport publié le 6 octobre par l’Unicef.
Inondations, tempêtes, incendies, sécheresses… la litanie de catastrophes météorologiques engendrées par le dérèglement climatique s’est imposée avec acuité dans l’actualité récente. Derrière le caractère spectaculaire de ces phénomènes, qui se sont récemment multipliés à une fréquence inédite, une réalité peu documentée : l’impact de ces catastrophes sur la vie des enfants.
Un rapport de l’Unicef, publié le vendredi 6 octobre, apporte des chiffres édifiants sur son ampleur : entre 2016 et 2021, 20 000 enfants, privés de foyers ont été, chaque jour, jetés sur les routes de l’exil, soit 43,1 millions de déplacements d’enfants dans le monde en six ans (un même enfant pouvant subir plusieurs déplacements successifs).
44 pays concernés
Un chiffre qui serait toutefois largement sous-estimé, en raison d’un manque de données exhaustives, selon le Fonds des Nations unies pour l’enfance qui, pour réaliser cette cartographie, inédite à l’échelle mondiale, s’est basé sur les données de l’Observatoire des situations de déplacements internes (IDMC).
Ce dernier a ainsi identifié, entre 2016 et 2021, environ 135 millions de déplacements liés à plus de 8 000 événements climatiques, parmi lesquels les inondations, les tempêtes et les sécheresses occupent la première place. Des chiffres que l’Unicef a croisés avec les données démographiques des 44 pays concernés par cette étude pour tenter de quantifier le nombre d’enfants concernés par ces déplacements.
34 000 enfants déplacés au Vanuatu
Si Les Philippines (9,7 millions), l’Inde (6,7 millions), et la Chine (6,4 millions) enregistrent en valeur absolue les déplacements les plus massifs —, en raison de leur situation géographique propice aux phénomènes extrêmes — en valeur relative, c’est-à-dire ramenée à la part de leur population infantile, les petits États insulaires et les pays de la Corne de l’Afrique sont les plus violemment touchés par ces déplacements forcés. La part d’enfants déplacés après les tempêtes tropicales s’élève ainsi à 76 % en Dominique, à 31 % à Cuba, à 34 % au Vanuatu —, où 34 000 enfants ont dû être évacués après le passage du cyclone Harold en 2020-, et 12 % au Soudan du Sud.
Poids des inégalités économiques
L’Unicef met par ailleurs en avant le poids des inégalités économiques entre les pays, les effets de ces catastrophes étant beaucoup plus violents dans les pays confrontés à la pauvreté, aux crises et aux conflits. Elle détaille également les conséquences de ces déplacements qui fragilisent les enfants : déscolarisation, malnutrition, manque d’accès aux soins, violences, détresse psychologique.
Des phénomènes qui s’amplifieront avec l’intensification des catastrophes, alerte l’organisation, qui demande aux chefs d’États, à la veille de la Cop 28, prévue à Dubaï à partir du 30 novembre, de placer la question de la protection des enfants au cœur des priorités liées au climat.
10:49 Publié dans Actualités, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : catastrophe climatique, enfants | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |