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01/05/2024

Agriculture : ces nouvelles maladies qui fragilisent les élevages

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En lien avec le changement climatique et transmise par un moucheron, la « maladie hémorragique épizootique », coûte cher en frais de vétérinaire et fait souffrir les vaches et leurs veaux. Par ailleurs, alors que le « H5N1 » ne semblait concerner que les volailles en Europe (1), cette infection, également nommée « grippe aviaire »,  touche désormais les vaches laitières aux Etats-Unis et quelques personnes à travers le monde.

Il existe en France deux types d’élevage de bovins. D’un côté, les vaches laitières passent deux fois par jour en salle de traite. De l’autre, les vaches des races à viande comme la charolaise, la limousine et la blonde d’Aquitaine allaitent leur veau pendant huit à dix mois. Dans les deux cas, nous avons montré ces dernières semaines que les éleveurs ont de plus en plus de mal à tirer un revenu de leurs longues semaines de travail. Comme un malheur n’arrive jamais seul, les frais de vétérinaire sont en train d’augmenter là où la « maladie hémorragique épizootique » (MHE) est apparue depuis septembre 2023. Il s’agit d’une maladie infectieuse transmise par un moucheron comme celui qui transmet la fièvre catarrhale ovine chez les moutons.

Au début du mois de mars 2024, on comptait un peu moins de 4.000 foyers de MHE en France avec une concentration en Occitanie et dans le sud de la région Nouvelle Aquitaine. Mais la contamination gagne du terrain dans toute la moitié ouest du pays. Présente en Amérique du nord, en Australie, en Afrique et en Asie, cette maladie progresse surtout au sud de l’’Europe, à commencer par l’Italie et l’Espagne.

De lourds et coûteux traitements vétérinaires

C’est surtout depuis l’Espagne qu’elle arrive en France. Selon le ministère de l’Agriculture, « les premières enquêtes de terrain montrent que 10 à 15% des bovins expriment des signes cliniques en cas de contamination d’un élevage par la MHE. L’atteinte des animaux se traduit notamment par de la fièvre, des ulcérations du mufle, du jetage (le nez qui coule) et des boiteries requérant parfois des traitements lourds et prolongés prodigués par l’éleveur en lien avec son vétérinaire traitant. De plus, malgré les soins prodigués, les bovins restent susceptibles de décéder des conséquences de la maladie ». Toutefois, le taux de mortalité dans les élevages contaminés ne serait que de 1% selon le ministère de l’Agriculture.

Concernant l’origine et la transmission de la maladie, on relèvera ce commentaire de Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire: « Nous le savions, l’intensification des flux d’animaux et de personnes entre les continents tout comme le dérèglement climatique seront des moteurs pour l’apparition de nouvelles maladies comme la MHE sur notre territoire. Nous devons collectivement nous préparer. Comme je m’y était engagé, le soutien financier auprès des éleveurs touchés vient sécuriser le présent et permet à la filière de se projeter sur l’avenir ».

Une progression rapide dans la moitié des départements

Partant de ce constat, mieux vaudrait que la France intervienne avec force auprès de la Commission européenne pour s’opposer aux négociations en cours sur des accords de libre-échange avec des pays tiers comme l’Australie et qu’elle s’oppose fermement à la ratification de celui signé entre la Commission européenne et les pays du Mercosur en 2019 . On sait aussi que la France vend chaque année beaucoup de ces jeunes bovins de dix mois que sont les «broutards » en Italie et en Espagne pour l’engraissement. Si la maladie prend de l’ampleur dans nos élevages de bovins allaitants, les débouchés des broutards reculeront et les prix baisseront.

Il reste aussi à voir comment la maladie progressera dans notre pays. Le ministère de l’Agriculture a publié une carte de France faisant apparaître les risques de diffusion de la MHE dans des départements d’élevage bovin à l’ouest d’une courbe qui va des Pyrénées-Orientales jusqu’en Bretagne en passant par des départements comme la Lozère, l’Aveyron, la Corrèze, l’Allier, la Haute Vienne, la Creuse, la Vendée.

Le vendredi 26 janvier, lors de son déplacement sur la ferme de Jérôme Bayle, dont le troupeau a été contaminé par la MHE en Haute-Garonne, le Premier ministre avait annoncé une enveloppe de 50 millions d’euros pour aider les éleveurs à payer les frais de vétérinaire, les remboursements pouvant passer de 80% à 90% de la facture. Cette somme a été confirmée la semaine dernière. Mais limiter les aides aux frais de vétérinaire ne suffira pas pour améliorer le revenu des éleveurs alors que le prix de la viande au départ de la ferme ne couvre pas les coûts de production daznsd beaucoup d’exploitations.

Quand la grippe aviaire frappe aussi les vaches laitières

Connue sous le sigle  « H5N1 » une autre maladie contagieuse a causé d’énormes pertes dans les élevages de volailles, dont les palmipède à foie gras ces dernières années. Elle est surtout transmise par les oiseaux sauvages en migration et désignée de ce fait par les mots « grippe aviaire». Mais voilà que 889 cas de grippe aviaire transmise aux humains ont été enregistrés dans le monde entre janvier 2023 et avril 2024. Depuis deux mois, le « H5N1 » a touché plusieurs élevages de vaches laitières aux Etats-Unis. Il se dit que ces bovins ont pu être contaminés par des déjections d’oiseaux sur l’herbe des prés qu’ils broutent. Mais « il y a probablement eu des contaminations d’un troupeau à l’autre par la suite » estime Gilles Salvat, directeur de la recherche de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

Avec le changement climatique, les pandémies ont tendance à se répandre à travers le monde. Mieux vaudrait donc produire l’essentiel de notre alimentation en France plutôt que d’importer une partie croissante de notre nourriture pour réduire le prix de revient de chaque repas pour des millions de salariés et de retraités dont le pouvoir d’achat recule. Surtout quand les actionnaires de Stellantis votent une rémunération de 100.000 € par jour à leur PDG en échange d’une forte hausse des dividendes sur les profits encaissés en 2023.

  1. Voir l’entretien avec le virologue Bruno Lina en pages 6 et 7 dans l’Humanité du 29 avril

Source Gérard Le Puill l'Humanité

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27/04/2024

Assan Lakehoul (Mouvement de la Jeunesse Communiste) : "Une partie de la gauche s'approprie les méthodes d'intimidation de l'extrême droite"

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Insulté pour avoir dénoncé l'explosion de la violence et les ravages du fondamentalisme religieux, le secrétaire général des Jeunes Communistes (MJCF) détaille dans un entretien à « Marianne » pourquoi, selon lui, la gauche doit se montrer intransigeante sur ces sujets.

Peut-on encore s'attaquer à l'obscurantisme quand on est de gauche ? Il y a de quoi douter, vu le tombereau d'indignations et d'insultes suscité ces derniers jours par le discours laïc d'Assan Lakehoul. Auprès de Marianne, le secrétaire général des Jeunes Communistes (MJCF) revient sur cette affaire, regrettant que sa famille politique ait abandonné l'un de ses piliers : la lutte contre le fondamentalisme religieux.

Marianne : Depuis quelques jours, vous êtes victime d'insultes pour avoir dénoncé les propos rétrogrades d'un influenceur musulman très suivi sur les réseaux. Pouvez-vous revenir sur cette histoire ?

Assan Lakehoul : Tout est parti du plan de lutte contre la montée de la violence chez les jeunes qu'on a dévoilé après les récentes annonces de Gabriel Attal, déconnectées des réalités du terrain. Parmi nos mesures visant à mieux accompagner la jeunesse, il y a notamment la lutte contre le communautarisme et l'obscurantisme religieux.

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C'est en développant ce point sur le plateau de BFMTV [ce mercredi 24 avril, N.D.L.R.] qu'on m'est tombé dessus sur les réseaux sociaux. Dans le lot, il y a des musulmans rigoristes, des cathos tradis et, bien sûr, l'extrême droite. Rien de très étonnant. Mais il y a aussi tout une partie des militants soi-disant de gauche (voire d'extrême gauche), soi-disant insoumis, qui se sont attaqués au discours laïc que je tiens et qui, à mon sens, fait partie de nos piliers.

Quelles sont, justement, vos propositions pour lutter contre la violence chez les jeunes ?

C'est un problème complexe, donc il faut jouer sur tous les tableaux. D'un côté, la droite et l'extrême droite pensent que ce n'est qu'une question d'autorité. Elles mentent. De l'autre, une partie de la gauche estime qu'il suffirait de recruter des profs. Elle se trompe. Nous, on est convaincu qu'aucune mesure choc isolée ne pourra régler ce phénomène.

« Il y a aussi une réponse de gauche à apporter sur le fléau de la drogue. »

Ça passe évidemment par les services publics, mais aussi par la lutte contre le retour en force du fait religieux et le narcotrafic. Un mineur délinquant, c'est avant tout un jeune en danger. Il faut donc plus de moyens pour l'aide sociale à l'enfance, plus d'éducateurs, plus d'assistantes sociales, plus de moyens à l'école. Il faut aussi prendre à bras-le-corps la question des violences sexistes et sexuelles, dont on parle peu quand on traite de l'insécurité.

ll y a aussi une réponse de gauche à apporter sur le fléau de la drogue. S'attaquer à la source, aux gros bonnets, plutôt que de faire la chasse aux petits dealers, ce qui ne change pas le problème. Donner des moyens à la police, à la justice. Retracer les financements… En faisant tout ça, on s'apercevra peut-être qu'il y a des banques trop laxistes si ce n'est complices, mais aussi des pays, comme le Maroc, qui jouent un rôle considérable là-dedans.

Quel genre d'insultes recevez-vous et comment analysez-vous cette situation ?

Je me suis fait traiter « d'Arabe de service », de « collabeur », ce genre de choses. Aujourd'hui, beaucoup de militants ne font plus que de la politique avec de l'outrance et de la provocation. Ces gens s'amusent, prennent tout ça pour un jeu, alors que nous, on se bat pour nos convictions. Ce qui me révolte et me choque, c'est qu'une partie de la gauche s'approprie ces méthodes d'intimidation classiques de l'extrême droite.

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Si cette violence est encore plus relâchée en ligne, elle a des répercussions concrètes dans la vie réelle. Lors de manifestations récentes, on a pu entendre des slogans comme « Tout le monde déteste Fabien Roussel [secrétaire national du Parti communiste français] ». L'année dernière, le 1er-Mai, le stand du PCF (Parti communiste français) avait aussi été pris à partie.

Certains vont même jusqu'à vous comparer à des personnalités d'extrême droite comme Damien Rieu. Comment le prenez-vous ?

Je trouve ça terrible. Ils ont aussi comparé Fabien Roussel à Jacques Doriot… C'est minable, ça les déshonore, eux et la gauche par la même occasion.

N'est-ce pas une preuve que dénoncer les ravages du fondamentalisme religieux, ou encore de la montée de la violence, devient de plus en plus difficile à gauche ?

Je ne vais pas faire dans la langue de bois : je pense surtout que ça devient impossible pour une partie de la direction de La France insoumise. Ils accréditent la fameuse thèse des deux gauches irréconciliables en abandonnant des principes fondamentaux de notre courant politique.

D'ailleurs, vous dénoncez également le fondamentalisme chrétien. A priori, un point de vue pas très Damien Rieu-compatible…

Bien sûr. Et d'ailleurs, les deux influenceurs religieux que j'ai dénoncés m'ont répondu. Le prédicateur musulman a fait une vidéo, tandis que l'abbé Raffray a commenté ma publication. Ce qui est drôle à souligner, c'est que leurs réponses se croisent. Ce qui montre bien que c'est un même sujet. Il y a un lien entre l'extrême droite politique, les catholiques traditionalistes et les fondamentalistes musulmans. Nous, on les dénonce tous pour l'idéologie réactionnaire qu'ils incarnent.

« Ils voudraient nous enfermer dans une société moyenâgeuse. »

Ils prônent une vision du monde sexiste et patriarcale, donnent des leçons sur comment les femmes doivent vivre ou comment les jeunes doivent se comporter… Bref, ils voudraient nous enfermer dans une société moyenâgeuse et là encore, ça a un impact direct sur la vraie vie.

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Récemment, on a eu des groupuscules identitaires qui sont sortis faire une ratonnade au nom des valeurs chrétiennes et françaises. Mais aussi un adolescent tué parce qu'il discutait de sexe avec sa copine ou une jeune femme morte à cause de sa « réputation ». Il faut bien voir que ces discours religieux en ligne permettent de justifier et légitimer cette violence.

Pourquoi votre famille politique et la gauche de manière générale doivent, selon vous, se montrer intransigeantes sur ces sujets ?

Déjà, car la laïcité est une valeur intrinsèquement de gauche. Elle a été récupérée par l'extrême droite, alors que cette dernière est tout sauf laïque et républicaine. Et s'ils peuvent faire croire l'inverse, c'est notamment parce que la nature a horreur du vide et que la gauche a abandonné sa bataille pour l'émancipation et contre toute forme de domination. L'Internationale, c'est : « Ni Dieu, ni César, ni tribun ».

« Leur gauche Tolbiac, leur gauche Rennes-II ou Mirail, elle est toute petite. »

On a aussi un désaccord de fond avec LFI sur la question du rapport de force et du rôle qu'on veut jouer. Nous, on pense qu'une gauche utile, c'est une gauche majoritaire. Eux, au contraire, veulent radicaliser leur électorat, diviser la jeunesse et, finalement, cliver la société sur de mauvaises bases, qui ne sont pas du tout des bases de classe. C'est très dangereux.

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Au PCF, ça ne nous intéresse pas d'incarner une gauche qui ne parle qu'aux centres-villes et aux grandes universités. Leur gauche Tolbiac, leur gauche Rennes-II ou Mirail, elle est toute petite, elle n'ira jamais nulle part. C'est ce que j'appelle aussi la gauche nombriliste, qui n'aspire qu'à prêcher auprès des convaincus. Personnellement, je ne me suis pas engagé pour faire de l'opposition toute ma vie. Je veux pouvoir gagner afin de réellement changer la vie des gens.

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11/04/2024

Léon Deffontaines : « Face à l’impératif écologique, il faut produire plus en France »

Leon Deffontaines, entretien, Europe

Tête de liste PCF, Léon Deffontaines tient son premier meeting de campagne ce jeudi soir, à Amiens. Souveraineté industrielle, environnement, guerre en Ukraine… le communiste entend marquer sa différence avec les autres listes de gauche.

 

En 2014, l’entreprise Goodyear fermait à Amiens, malgré la lutte historique des salariés. Dix ans plus tard, ce sont les 300 salariés de l’usine biochimique Metex qui se battent pour leurs emplois. Menacés, entre autres, par la concurrence déloyale de la lysine chinoise (sur laquelle l’Europe a supprimé les taxes douanières), certains prendront la parole ce 11 avril, à l’occasion du premier meeting de la tête de liste PCF Léon Deffontaines, sur ses terres natales. Le communiste entend s’y adresser à la « France du non en 2005 » (contre le traité établissant une Constitution européenne). Entretien.

Pourquoi faites-vous de la souveraineté industrielle le cœur de votre campagne ?

C’est comme cela que nous reparlerons du social. La gauche s’est trop divisée sur les questions de société. Si nous voulons répondre à l’impératif écologique, nous devons produire davantage, en relocalisant en France et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports.

Cela permettra de créer de l’emploi et d’éradiquer le chômage. Produire plus ou moins en Europe ? C’est la question à trancher lors de ce scrutin, et qui nous différencie à la fois des libéraux qui ont mis notre industrie à genoux, mais aussi des insoumis et des écologistes qui défendent une option décroissante.

Fin mars, vous étiez dans l’Allier, où a été évoqué le projet d’une mine de lithium. Y êtes-vous favorable ?

Le raisonnement est simple. Nous partageons la nécessité, fixée par l’Europe, de développer les véhicules électriques à la place de l’essence. Pour cela, il faut produire du lithium pour nos batteries. Plutôt que de l’extraire à l’autre bout de la planète dans des conditions environnementales et sanitaires déplorables, notamment au Chili, allons chercher le lithium qui est dans notre sol ! C’est une chance énorme. À condition, bien sûr, d’avoir au préalable des discussions avec les populations locales, autant sur les conséquences positives que négatives, sur le partage de l’eau, sur la pollution des nappes phréatiques…

Ces projets supposent de raisonner à consommation constante. La transition écologique ne doit-elle pas passer par plus de sobriété dans les usages ?

Il faut évidemment tendre vers une diminution de l’utilisation de la voiture. Non pas en contraignant davantage avec les zones à faibles émissions, mais en développant les alternatives de transports en commun, comme le train. Malgré tout, des voitures, il y en aura toujours. Si on fait le choix de l’électrique, nous aurons besoin de lithium.

La mine de l’Allier pourrait couvrir 40 % de nos besoins actuels. Il ne s’agit pas de produire pour produire, mais de répondre aux besoins sociaux. Il faut qu’on puisse y répondre avec des usines françaises ou européennes. Il faudra aussi installer parallèlement une grande filière industrielle de recyclage de ces matières polluantes.

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Auriez-vous voté le pacte vert européen ?

On partage l’objectif fixé de la neutralité carbone en 2050, pour respecter l’accord de Paris. On demande en revanche à ce que ce soit calculé en empreinte carbone et non pas en émissions de gaz à effet de serre, pour réintégrer les importations dans ce décompte.

Si le pacte vert, c’est multiplier les normes à l’intérieur de l’Europe tout en continuant à signer des traités de libre-échange, on n’atteindra pas l’objectif. Si on délocalise toutes nos usines, on va vite atteindre la neutralité carbone, c’est sûr, mais on polluera toujours autant à l’import ! Et le réchauffement climatique, lui, n’est pas délocalisable.

À mes yeux, il n’y a pas de citoyenneté européenne.

Réindustrialiser la France suffit-il pour retrouver de la souveraineté au sein de l’Union européenne ?

Si on veut avoir notre mot à dire sur la façon dont on produit, sur les conditions de travail, sur les normes environnementales, il faut que les usines soient sur notre territoire. Ensuite, il y a une question politique. Nous nous battons pour faire évoluer les cadres européens, pour défendre le principe de subsidiarité du droit français sur le droit européen. L’UE n’a pas à imposer ses règlements sans que les peuples puissent les discuter.

Il y a une citoyenneté française. À mes yeux, il n’y a pas de citoyenneté européenne. L’Europe est une coopération entre peuples souverains, pas une dissolution des États dans une méga-structure. Cela veut dire renégocier les traités en vigueur. Nous ne sommes pas non plus pour un élargissement de l’UE.

On paie encore aujourd’hui les pots cassés de l’agrandissement à des pays comme la Slovaquie ou la Hongrie. Goodyear à Amiens est un cas concret de dumping social. Les salariés ont refusé une dégradation de leurs conditions de travail. L’usine a délocalisé en Slovaquie.

Vous avez déclaré que la Nupes était morte. Qu’en est-il de l’union de la gauche pour vous ?

J’ai été un peu rapide… La Nupes est un accord électoral pour les législatives de 2022 ; il a permis de faire élire des députés, mais pas de gagner. Les députés élus avec cette étiquette ont un mandat sur le programme de la Nupes. Mais elle n’existe qu’à l’Assemblée nationale. Des accords d’union de la gauche, il y en a eu avant, il y en aura encore après. C’est le projet politique qui doit faire le rassemblement.

Manon Aubry avait proposé une tête de liste écologiste pour une liste Nupes. Il y a un problème ! Je ne suis pas du tout d’accord avec le projet politique des écologistes sur l’Europe. Une alliance au minimum avec des projets incohérents sur les plans économique et social, c’est le meilleur moyen de perdre.

Il faut qu’on s’adresse à ceux qui votaient à gauche, et désormais s’abstiennent ou votent RN, et on ne les recaptera pas avec un projet porté par Jean-Luc Mélenchon ou Raphaël Glucksmann. Mais 2027 est encore loin, c’est trop tôt pour dire s’il y aura, à gauche, un candidat, deux candidats, trois ou quatre. Il faut qu’on discute entre forces politiques, sur le fond.

Vous vous dites « candidat de la paix ». Quels seraient les termes et les conditions d’une négociation entre la Russie et l’Ukraine ?

Pour parvenir à une issue diplomatique, il faut aider militairement les Ukrainiens à tenir. Si Poutine continue à avancer et qu’il est en passe dans quelques mois d’arriver à Kiev, il ne viendra jamais autour de la table des négociations. On assume donc d’aider l’Ukraine à se défendre et à geler le front.

Une fois qu’on y parvient, il faut proposer une sortie diplomatique du conflit. Il faut un cessez-le-feu, d’abord. Ensuite, il faudra obtenir un retrait des troupes russes des territoires occupés en contrepartie d’une neutralité de l’Ukraine, et de la promesse que les armes nucléaires de l’Otan ne seront pas à quelques centaines de kilomètres de Moscou. C’est la seule condition qui puisse remettre tout le monde autour de la table.

La question de la Crimée et du Donbass qui sont, pour nous, des territoires occupés, se posera. Le droit international repose sur deux piliers : l’intégrité territoriale et la souveraineté des peuples, et la recherche de la paix. Mais on ne peut pas mettre la Crimée et le Donbass comme préalables aux discussions. Ensuite, nous avons une ligne rouge : nous ne devons pas devenir cobelligérants. Nous nous opposons à l’envoi de troupes en Ukraine.

La neutralité de l’Ukraine suffirait-elle à ce que Poutine retire ses troupes ? Au vu du projet de « Grande Russie », qu’il prône dans ses discours…

C’est probablement à la fois ce projet politique et l’inquiétude d’une Ukraine se rapprochant de l’Otan qui ont poussé Poutine à intervenir. Désormais, il est embourbé. Le statut de neutralité constituerait déjà une victoire, non pas pour Poutine, mais pour le peuple russe.

Si cette contrepartie permet à l’Ukraine de retrouver sa souveraineté, ses territoires occupés, et de mettre un terme au conflit, le peuple ukrainien sera prêt à signer. Poutine est un dictateur avec des visées impérialistes, je le redis. Mais il n’est pas le seul. Faut-il être jusqu’au-boutiste, chercher à les faire tomber au détriment de la paix ? L’autre option serait que ce conflit dure le plus longtemps possible. Je n’y crois pas. Les États-Unis vont décider d’une manière ou d’une autre d’arrêter leur aide.

S’il faut aider les Ukrainiens à tenir, on ne pourra pas le faire pendant cinq ou six ans. Je ne veux pas d’une victoire militaire de la Russie. Or, nous n’avons pas les capacités industrielles de fournir le front ukrainien sans les États-Unis. En outre, faire durer la guerre multiplierait les morts et nous ferait risquer un engrenage guerrier qui pourrait connaître une issue funeste pour l’humanité.

Quelle place la guerre à Gaza et la question palestinienne tiennent dans votre campagne ?

Elle a toujours été un combat important pour le parti communiste français. Lorsque j’étais secrétaire général du MJCF, nous avons mené campagne pour la libération de Marwan Barghouti. Notre cap n’a jamais bougé. C’est celui d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, qui passe par la reconnaissance de deux Etats sur les frontières de 1967, telle que la préconise le droit international. Nous avons condamné le Hamas sans aucune ambiguïté. Non seulement pour l’acte terroriste commis le 7 octobre 2023, mais aussi parce qu’il n’offre aucune perspective de paix. Le Hamas n’est pas une force de libération des Palestiniens, mais de son asservissement autour d’une idéologie islamiste. Il refuse l’existence de l’état d’Israël. Comme en face, Benjamin Netanyahou, veut un Etat sans Palestiniens. Nous avons toujours combattu le Hamas, et la politique colonisatrice israélienne. L’Union européenne a un poids prépondérant pour résoudre ce conflit. Elle commerce avec Israël, ce qui lui donne un moyen de pression considérable. Israël ne peut pas vivre sans l’UE, les aides américaines ne suffiraient pas. On doit servir de cette arme économique pour imposer une paix juste et durable. Le chemin vers la paix passe aussi par la libération des leaders palestiniens partisans de la paix, et notamment de Marwan Barghouti. Je veux porter ce combat sur la scène internationale. Sa libération créerait un espoir pour les Palestiniens, mais aussi pour les Israéliens. Son projet est de nature pacifique, et il peut rassembler les Palestiniens.

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31/03/2024

EXPOSITIONS IMPRESSIONNISTES PARIS, ORSAY, ET PLUSIEURS VILLES DE FRANCE

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En 1874, la première exposition impressionniste se tenait à Paris. Le musée d'Orsay revient sur cet art novateur et ses grands maîtres, dans une exposition inédite à voir du 26 mars au 14 juillet 2024. On est allé y faire un tour... 

Le musée d'Orsay fête un anniversaire très spécial, qui devrait parler à de nombreux amateurs d'art : le 15 avril 1874, la première exposition impressionniste était organisée à Paris. Refusant les normes et les traditions de leur époque, Monet, Degas, Pissaro, Renoir, Cézanne, Morisot et bien d'autres décidaient de créer leur propre exposition, mettant en avant leur mouvement artistique novateur, l'impressionnisme.

Du 26 mars au 14 juillet 2024, 150 ans après ce coup d'éclat, le musée d'Orsay revient sur ce moment charnière dans l'histoire de l'art. L'exposition Paris 1874, inventer l'impressionnisme rassemble 130 œuvres de ces grands maîtres pour raconter et expliquer cette période d'évolution et d'innovation en France. 

Au début des années 1870, à peine remise de la guerre contre la Prusse, d'importants conflits perturbent la France : plusieurs Communes ont lieu dans les grandes villes du pays, et des affrontements sanglants opposent les citoyens. Dans ce contexte de violences et d'incertitudes, de nombreux artistes décident de laisser derrière eux les règles du passé, pour créer un style plus adapté à ce monde en perpétuel changement. 

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Cette jeune génération de créateurs rejette l'académisme conservateur, et choisit de s'intéresser aux scènes du quotidien, à la vie moderne telle qu'ils la voient, aux paysages, aux peintures en plein air, aux couleurs claires et aux techniques plus oniriques. Émotions, sensations, instant présent : les mots d'ordre de ces artistes ne manquent pas de faire grincer quelques dents. 

Impressioniste paris.jpgPour cette exposition, le musée d'Orsay met donc en lumière des grands noms du genre, quelques œuvres phares de cette période, mais aussi des artistes tombés aujourd'hui dans l'oubli. Pissaro, Cézanne, Monet, Manet, Sisley, Boudin, Morizot... Autant de monstres sacré de l'un des courants artistiques les plus connus au monde célébré ici. Et des toiles de légendes, à l'image d'Impression, soleil levant, des Coquelicots et de La Gare Saint-Lazare de Claude Monet, de La Classe de Danse d'Edgar Degas, du Chemin de Fer d'Edouard Manet, d'Une Loge aux Italiens d'Eva Gonzalès, ou encore du Bal du Moulin de la Galette et de La Balançoire d'Auguste Renoir.

Le parcours propose une petite reconstitution historique intéressante : d'un côté, on peut admirer certaines des toiles et sculptures présentées en 1874, lors de la première exposition impressionniste. Juste en face, le musée dévoile également des œuvres montrées au même moment au Salon officiel, la manifestation artistique de l'Académie des Arts. Avec ce face-à-face, le choc de l'ancien et du moderne, de la tradition et de l'innovation ressort avec force. On peut presque rejouer les querelles qui opposaient les artistes de l'époque, en découvrant ainsi leurs différences, mais aussi leurs points communs.

Avec cette grande exposition événement, le musée d'Orsay sait séduire tous les amoureux de l'impressionnisme et de l'art. À ne pas manquer !

Le Musée d'Orsay prêtera des tableaux à une quinzaine de musées dans toute la France pour que cette exposition soit décentralisée et visible partout y compris dans certains pays étranges.

Source Sortir à Paris

 

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