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24/03/2025

« Alfred Dreyfus. Vérité et justice » : au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme

Dreyfus.jpgLe musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, à Paris, propose de revenir sur l’affaire Dreyfus en retraçant les événements et en racontant la mobilisation en faveur du capitaine. Cela nous fait découvrir un homme qui, loin de se résigner, s’est battu contre l’injustice et pour la reconnaissance de son innocence.

 

Près de vingt ans après « Alfred Dreyfus. Le combat pour la justice », qui commémorait en 2006 le centenaire de la réhabilitation du capitaine, le musée d’Art et d’Histoire du judaïsme (Mahj) lui consacre une nouvelle exposition intitulée « Alfred Dreyfus. Vérité et justice ». « Vingt ans, c’est une génération », souligne son directeur, Paul Salmona, qui rappelle l’engagement de l’institution en faveur de la transmission de la mémoire. 

L’exposition a ainsi pour objectif de faire découvrir à travers Dreyfus l’histoire de l’émancipation des juifs de France, le combat contre l’antisémitisme et celui pour la République. Elle est une contribution à la défense des « valeurs de citoyenneté, de vérité, de justice, de laïcité… ». Paul Salmona pointe la menace que fait peser « un communautarisme de plus en plus prégnant » sur l’universalisme républicain et celle sur les droits de l’homme qu’entretiennent les « tenants du pragmatisme géopolitique » et « les défenseurs du relativisme ».

La violente répression des grèves et manifestations ouvrières

« Alfred Dreyfus. Vérité et justice » est aussi une réponse pédagogique au développement d’un antisémitisme « ordinaire » dans la société et sa banalisation, dont témoignent « la publication sans précaution » de textes de l’idéologue d’extrême droite et antisémite Charles Maurras ou le doute sur l’innocence de Dreyfus instillé par « un candidat d’extrême droite, à la fois juif et maurrassien ».

« L’affaire Dreyfus est le syndrome d’une société vacillante en proie aux populismes de toutes sortes, divisée et frileuse, qui retrouve son unité dans des cris de haine », expliquent les commissaires de l’exposition, l’historien Philippe Oriol et l’historienne de l’art Isabelle Cahn. L’exposition nous plonge ainsi au cœur d’« une belle époque (qui) ne l’est pas pour tout le monde ». Peintures et dessins à l’appui, elle décrit la violente répression des grèves et manifestations ouvrières, les lois scélérates qui visent à les étouffer, la montée du nationalisme et les tentatives de mettre à bas la République, dont celle du boulangisme.

Si depuis la Révolution, qui a accordé la pleine citoyenneté aux juifs, la France fait figure d’idéal pour ceux qui, venus d’Europe orientale, fuient les persécutions, l’exposition restitue la banalité de l’antisémitisme racialiste. En découvrant l’affiche électorale d’un candidat qui se revendique ouvertement antisémite, les journaux, les caricatures, les livres, dont la France juive, d’Édouard Drumont, qui fut un succès d’édition, le visiteur est saisi par le déferlement de violence et de haine.

Un opiniâtre combattant de l’injustice

S’appuyant sur un riche fonds documentaire en grande partie abondé par les descendants de Dreyfus et sur les travaux des historiens Vincent Duclert et Philippe Oriol, qui ont donné lieu à la publication en 2024 d’Alfred Dreyfus. Œuvres complètes (1894-1936), l’exposition rend justice au capitaine. Elle rompt avec l’image d’un homme dépassé par sa propre affaire et ballotté au gré des événements qui fut véhiculée par une partie des dreyfusards et entretenue par l’historiographie et la fiction.

Elle souligne au contraire qu’il fut un opiniâtre combattant de l’injustice dont il était victime et de la reconnaissance de son innocence. Le parcours de l’exposition débute sur une présentation de Dreyfus et de sa famille alsacienne, juive non observante et patriotique, qui choisit de conserver la citoyenneté française après la défaite de 1870. Elle raconte son enfance, sa jeunesse, la rencontre avec son épouse. S’ensuivent les différents développements de l’affaire, de l’arrestation jusqu’à la révision, en passant par sa dégradation en 1895. La machination dont Dreyfus est victime est rigoureusement démontée.

À chaque stade, les mots de Dreyfus accompagnent le visiteur. Ils témoignent de sa résistance aux terribles conditions de sa déportation à l’île du Diable, où, enfermé dans une case de 4 m2, il subit un drastique isolement et sa nourriture est sévèrement rationnée. « Il faut que tu vives pour crier ton innocence à la face du monde », écrit-il. Ses propos décrivent encore sa détermination quand, apprenant sa grâce, il déclare le 20 septembre 1899 : « Mon cœur ne sera apaisé que lorsqu’il n’y aura plus un Français qui m’imputera un crime qu’un autre a commis. »

Fort du soutien du musée d’Orsay et d’une trentaine d’autres institutions, le Mahj donne à voir de nombreuses œuvres d’art. Les peintures de Pissarro, de Vallotton, de Vuillard, de Degas, de Debat-Ponsan ou les dessins de Feuillet permettent de suivre l’affaire et ses protagonistes. Elles illustrent aussi le soutien apporté par certains artistes comme le maître verrier, céramiste et ébéniste Émile Gallé. L’exposition retrace la mobilisation des dreyfusards. En dépit de difficiles balbutiements et de l’âpreté du combat, vérité et justice ont pu triompher.

« Alfred Dreyfus. Vérité et justice », jusqu’au 31 août, au Mahj, hôtel de Saint-Aignan, 71, rue du Temple, Paris 3e. Renseignements : mahj.org/fr

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19/03/2025

Député depuis 2002, le communiste André Chassaigne va quitter l'Assemblée

Après presque 23 ans à l'Assemblée nationale, André Chassaigne, élu député du Puy-de-Dôme sans discontinuer depuis 2002, a décidé de passer la main. A 74 ans, redevenu maire adjoint de son petit village de Saint-Amant-Roche-Savine, situé en Auvergne, il quittera le Palais-Bourbon le 31 mars. Il sera remplacé par son suppléant Julien Brugerolles. Et c'est Stéphane Peu qui lui succèdera à la présidence du groupe Gauche démocrate et républicaine. 

C'est l'une des moustaches les plus connues de l'Assemblée nationale. Voilà près de 23 ans que le communiste André Chassaigne arpente les couloirs du Palais-Bourbon en tant que député de la 5e circonscription du Puy-de-Dôme. Mais, à 74 ans, l'Auvergnat a décidé de passer la main, avant même la fin de la législature : il l'a officialisé, ce mardi 18 mars, lors du point de presse hebdomadaire du groupe de la Gauche démocrate et républicaine, qu'il préside depuis 2012. Il posera sa dernière question au gouvernement le 25 mars et quittera la représentation nationale le 31 mars.

Je remercie le conseil municipal, j'essaierai d'être utile, à ma place, rien qu'à ma place. André Chassaigne

Pour quoi faire ? André Chassaigne va regagner ses pénates locales. Vendredi dernier, il a été élu adjoint au maire de Saint-Amant-Roche-Savine, dans le Puy-de-Dôme, un village dont il a été l'édile pendant 27 ans, de 1983 à 2010, à la quasi unanimité (11 voix pour, un blanc). "Je remercie le conseil municipal, j'essaierai d'être utile, à ma place, rien qu'à ma place" pour "faire le travail qui peut être nécessaire pour la commune en toute humilité, tranquillement, en bon père de famille en quelque sorte. Encore une fois merci", a-t-il déclaré en réaction au vote, sous l'œil d'une caméra de LCP.

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Le maire Serge Joubert et André Chassaigne, le 14 mars 2025, à Saint-Amant-Roche-Savine

Un retour aux sources pas anodin, puisqu'il lui permet d'éviter que son départ de l'Assemblée nationale n'entraîne une élection législative partielle. En effet, le code électoral interdit le cumul d'un mandat de député avec celui de membre d'un exécutif local. Entre les deux, André Chassaigne choisit donc le second. Par conséquent, son suppléant et collaborateur Julien Brugerolles, de 32 ans son cadet (il est né en 1982), siègera à sa place dans l'hémicycle, à partir du 1er avril.

Quant à la présidence du groupe GDR, elle sera assurée par le député de Seine-Saint-Denis, Stéphane Peu, en binôme – comme c'était déjà le cas depuis juillet dernier – avec l'élue de la Réunion Emeline K/Bidi.

Une vie dédiée au militantisme et à la politique

C'est une page qui se tourne. "Il est temps que je cède ma place à un député d'une autre génération", expliquait fin janvier à l'AFP celui qui a été élu six fois au Palais-Bourbon. Ce qu'il répétait début mars, avec humour, dans l'émission Légi'stream de LCP : "Vous allez dans un magasin de brocante ou une antiquité, (...) les vieux meubles ça ne se vend plus, les jeunes n’en veulent plus. Il faut faire un peu de moderne." Une décision qu'il explique aussi par le "manque" qu'il éprouvait de ne plus exercer de mandat local. Et par sa volonté de "finir [sa] vie politique en toute humilité" en revenant aux mêmes fonctions qu'il occupait à 27 ans.

Car son engagement politique a débuté il y a fort longtemps : fils d'un ouvrier de l'usine Michelin à Clermont-Ferrand, André Chassaigne est entré aux Jeunesses communistes à l'âge de 16 ans. Ensuite, "dès que je suis arrivé à l'école normale d'instituteur [il fut professeur, puis principal de collège, ndlr.], j'ai fait un cercle de Jeunesses communistes, j'ai créé une cellule du PCF, j'ai été délégué syndical. J'étais extrêmement impliqué", se remémorait-il en mai 2019 dans l'émission Emois & moi.

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Ce parcours, son militantisme, son village de Saint-Amant-Roche-Savine, André Chassaigne l'évoquait aussi, aux côtés de Marie-George Buffet, dans le documentaire "Histoires communistes" diffusé sur LCP en 2020. "Il correspond beaucoup à l'idée du parcours ouvrier, il y a quelque chose de très coco dans son ascension", témoigne Elsa Faucillon (GDR) qui, malgré des "échanges un peu costauds" sur la ligne interne au parti, voit dans "cette histoire sociale" quelque chose de "fort". Et d'ajouter, notant l'affaiblissement actuel du mouvement communiste : "J'aimerais qu'on soit en capacité de le produire davantage."

Avant d'être élu et réélu député à six reprises, "Dédé" s'y est repris à de – très – nombreuses reprises pour devenir député : candidat pendant 24 ans sur la même circonscription, il décroche enfin la victoire en 2002 face au prétendant socialiste. "Election après élection, je progressais. (...) C'est assez extraordinaire aujourd'hui où certains sont élus députés alors qu'ils n'étaient même pas inscrits sur les listes électorales un an avant !", racontait début mars celui qui a aussi été conseiller général à 29 ans et conseiller régional d'Auvergne pendant plusieurs années. Aux législatives de 2002, André Chassaigne est le seul à conquérir une nouvelle circonscription, quand le PCF perd quatorze sièges à ce scrutin. 

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"André Chassaigne, j'ai appris à le découvrir à la télévision, en regardant les séances à l'Assemblée et les Questions au gouvernement", se rappelle le député Générations Benjamin Lucas (Ecologiste et social), élu pour la première fois en 2022. "C'est une voix, une présence, un charisme particulier et des convictions", poursuit-il, évoquant une personnalité "qui prouve que la démocratie n'est pas l'absence de conflit" et "qu'on peut être en désaccord et se respecter"

Une figure respectée de l'Assemblée

La majorité de ceux qui l'ont côtoyé, même parmi ses adversaires politiques, disent leur respect pour un collègue reconnu pour son franc-parler et son engagement en faveur des territoires ruraux. "C'est une figure de l'Assemblée, pas simplement par sa longévité, mais par son art oratoire, très passionné", estime Charles de Courson (LIOT), député depuis… 1993 ! "C'est un vrai républicain, quelqu'un de pragmatique, pas quelqu'un de sectaire, quelqu'un avec qui on peut dialoguer, ça devient rare", poursuit le député de la Marne, qui parle d'André Chassaigne comme d'un "grand nounours". 

Il est l'un des personnages les plus respectés et appréciés de l'Assemblée. Ses prises de parole ont le mérite d'être marquées du sceau de la sincérité. Yannick Favennec (député Liot, membre d'Horizons)

Yannick Favennec, lui aussi député LIOT et membre d'Horizons, partage le même avis. "Il fait l'unanimité. C'est l'un des personnages les plus respectés et appréciés" du Palais-Bourbon, "d'une part par ses prises de parole, qui ont le mérite d'être toujours claires et marquées du sceau de la sincérité, et parce que c'est quelqu'un qui a énormément d'empathie". Pourtant "assez loin" de l'Auvergnat sur l'échiquier politique, l'élu membre du parti d'Edouard Philippe dit son "respect" et même son "admiration" pour l"homme, "encore plus depuis 2017, où sont arrivés des gens hors sol qui ne connaissaient pas les codes de l'Assemblée et qui ont cru pouvoir donner des leçons aux anciens".

En juillet 2024, tout juste réélue à la présidence de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Ensemble pour la République) lance dans l'hémicycle à  l'intention de ses concurrents, au rang desquels le communiste, qui avait été choisi par la gauche pour être le candidat du Nouveau Front populaire au Perchoir : "Je veux remercier et féliciter tous les députés qui se sont présentés aujourd'hui. En premier, Monsieur le président Chassaigne, qui sait à quel point je le respecte et apprécie." Ce que ne manque pas de railler un jeune élu insoumis. "Ceux qui disent tout leur respect aujourd'hui sont les mêmes qui refusaient de voter pour un stalinien à la présidence de l'Assemblée !", lâche-t-il, tout en indiquant que le départ de l'Auvergnat ne lui ni chaud ni froid : "Il fait ce qu'il veut, je m'en moque." Un commentaire qui illustre les relations tendues entre le chef de file des députés PCF et le parti de Jean-Luc Mélenchon.  

Lois Chassaigne 1 et 2 sur les retraites agricoles

Député jugé actif – il a même été auréolé du titre de meilleur élève de la législature 2012-2017 selon un classement établi par Capital –, André Chassaigne laissera son nom sur deux textes de loi : la revalorisation des pensions de retraites agricoles votée à l'unanimité en 2020, dite "Loi Chassaigne 1", son "meilleur" souvenir dans l'hémicycle et l'aboutissement d'un "combat conduit sur plusieurs années". Suivra une proposition de loi actant une hausse des pensions agricoles "les plus faibles", celles des conjoints et des aidants familiaux, adoptée en 2021. 

Pas plus tard que lundi soir, André Chassaigne s'est réjoui, dans l'hémicycle, de terminer son mandat sur une mesure qui lui tenait à coeur "Depuis 20 ans, je me bats, sur chaque proposition de loi sur l'agriculture, sur les coefficients multiplicateurs. Je n'avais pas penser qu'à deux semaines de la fin de mon mandat parlementaire, j'allais remporter une victoire aussi considérable."

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Resteront également en mémoire plusieurs coups de gueule retentissants : son "Honte à vous !" lancé en novembre 2024 au gouvernement, qui avait fait répondre son ministre de la Mer et de la Pêche, sur les morts de migrants en mer ; son "Vous êtes sur le point de commettre l'irréparable" en décembre 2023 à l'adresse d'Elisabeth Borne, alors Première ministre, sur la loi immigration. "On n’en peut plus de ce déni de démocratie, c’est une véritable mascarade !", s'était aussi indigné André Chassaigne, en 2015, quand Manuel Valls avait déclenché le 49.3 sur la loi Macron. Sur ce même texte, il avait défendu un amendement en 25 secondes. En juillet 2018, c'est l'élu Auvergnat qui avait porté la motion de censure de la gauche sur l'affaire Benalla, qualifiant les députés de La République en marche de "simples 'digéreurs', intestins silencieux de la bouche élyséenne". L'année suivante, lors d'un débat sur le Ceta, il dénonçait un accord commercial basé sur "une théorie du XIXe siècle qui bousille les individus et la planète". 

Devancé par Jean-Luc Mélenchon

Outre sa tentative d'accéder au Perchoir, André Chassaigne s'est positionné deux fois en vue de l'élection présidentielle. Sans finalement se lancer dans la course à l'Elysée. En vue du scrutin de 2012, le député se porte candidat à la candidature pour représenter le Front de gauche, affirmant ne pas vouloir que la politique "soit réservée aux spécialistes", mais s'incline lors du vote des militants communistes qui préfèrent se ranger derrière Jean-Luc Mélenchon. A l'époque, c'est la première fois, depuis 1974, que le PCF n'a pas de candidat à la présidentielle. Cinq en plus tard, en 2017, André Chassaigne se dit "disponible" si son parti voit en lui "une bonne solution". Mais les choses se dérouleront encore différemment. Contrairement aux cadres du Parti communiste, les adhérents se prononcent pour rallier Jean-Luc Mélenchon plutôt que pour une candidature autonome. 

En novembre 2016, le jour de l'ouverture du vote, l'Auvergnat estimait sur LCP qu'un tel choix serait "un coup fatal" porté au PCF. "Nous n'aurons plus le droit à la parole dans cette campagne présidentielle", or "je crois qu'on a encore besoin dans ce pays d'un Parti communiste". En vue des élections législatives à suivre, il dit regretter que "tous ceux qui s'élèvent contre le candidat autoproclamé Jean-Luc Mélenchon [soient] considérés comme étant des ennemis à abattre".

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En 2018, lors du 38e congrès du PCF, le texte d'orientation intitulé "Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle" porté par André Chassaigne et Fabien Roussel – qui deviendra dans la foulée secrétaire national du parti – met en minorité la proposition de base commune présentée par le dirigeant sortant Pierre Laurent. Ils appellent à une "réorientation stratégique" et "le développement d'une ambition communiste". "Nous voulons conjurer le risque d’effacement. (...) Notre affaiblissement n'est pas une fatalité", peut-on également lire. 

"J'ai un sentiment de travail accompli, je n'ai pas honte de ce que j'ai fait", commente aujourd'hui André Chassaigne, l'œil dans le rétroviseur, "sans en tirer de glorioles". Mais avec lucidité : "J'arrive à 75 ans et j'arrive dans un monde qui est à l'opposé de ce que j'aurai voulu construire", confiait-il récemment sur LCP. Et une certitude malgré tout réaffirmée : "Plus que jamais aujourd'hui, on peut être communiste. (...) Le communisme, c'est le bonheur pour le plus grand nombre."

 

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14/02/2025

Le plus petit oiseau du monde, le colibri-abeille habite Cuba

Cuba, Colibri abeille

Cuba, Colibri abeilleLe plus petit oiseau au monde est le colibri-abeille, zunzuncito ( el ave más pequeña del mundo ) en espagnol et bee hummingbird ( the World's Smallest Bird ) en anglais. Le colibri-abeille est à peine plus gros qu'un bourdon avec lequel il est souvent confondu. Le mâle est un peu plus petit que la femelle ne mesurant que 5.5 centimêtres ( environ 2.17 pouces ) de long et pesant seulement 1.95 grammes ( environ 0.07 once ). En comparaison, le colibri géant ( picaflor gigante ) que l'on retrouve dans les Andes mesure environ 21 centimêtres ( 8 pouces et demie ) et pèse 20 grammes ( 0.7 once ), si bien que le colibri-abeille peut se percher sur le bec du colibri géant des Andes. cliquez-ici pour voir un tableau comparatif.

Le nom scientifique du colibri-abeille est Mellisuga helenae en latin et colibri d'Hélène en français. Ce nom lui a été donné en l'honneur d'Hélène Booth, l'épouse d'un ami de Juan Gundlach ( 1810-1896 ), célèbre naturaliste allemand qui a séjourné pendant plusieurs années à Cuba et qui a écrit le premier livre important sur les oiseaux de l'île ( Ornitología Cubana ). Les cubains préfèrent l'appeler zunzuncito, mot espagnol qui veut dire petit zunzun. Zunzun est une onomatopée imitant le bruit fait par le battement très rapide des ailes du colibri. Saviez-vous que le battement des ailes du colibri se fait à une vitesse de 80 battements d'ailes par seconde ?

Le colibri-abeille est une espèce d'oiseau endémique à Cuba, c'est-à-dire qu'elle n'existe qu'à Cuba et nulle part ailleurs. Cuba est vraiment le royaume du plus petit monde puisque c'est là aussi que l'on retrouve la plus petite grenouille au monde ( Sminthillus limbatus ) ainsi que la plus petite chauve-souris papillon au monde ( Natalus lepidus ).

Même si on peut observer le colibri-abeille partout à Cuba, les chances de le voir seront meilleures surtout dans trois régions de l'île. La première région est celle du Parc national de Zapata situé à 180 kilomêtres au sud-ouest de la Havane dans la province de Matanzas. Ce parc est constitué d'une vaste zone de 120 kilomêtres de terres humides remplies de mangroves et de marécages. Il a la forme d'une chaussure d'où son nom de Zapata qui veut dire chaussure en espagnol. C'est aussi l'habitat naturel de 160 espèces d'oiseaux, de 31 sortes de reptiles, de 12 espèces de mammifères et d'une quantité innombrable d'amphibiens, de poissons et d'insectes. La deuxième région est celle de la petite ville historique de Baracoa ( première ville espagnole à Cuba, construite en 1512 ) située sur la pointe sud-est de l'île. Enfin on peut se rendre au sud-ouest de l'île, plus précisément sur l'île de la Jeunesse ( Isla de la Juventud ), anciennement l'île des Pins ( Isla de Pinos ), à ne pas confondre avec l'île des Pins située dans l'océan Pacifique au sud de la Nouvelle-Calédonie.

 

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08/02/2025

Homo sapiens, une histoire pleine d’endurance

Pour expliquer les remarquables capacités d’endurance de l’espèce humaine, pourquoi ne pas remplacer une fastidieuse énumération d’éléments physiologiques par le récit de la journée d’un grand adolescent qui vivait il y a 120 000 ans ?

La chasse à l’antilope

Comme chaque année après la saison des pluies, le clan des Bémas était descendu du Rift pour s’installer sur un petit monticule en bordure de la savane. Rien de plus satisfaisant pour les yeux de ces Homo sapiens que de contempler la multitude des troupeaux de buffles et de zèbres, ou de suivre des yeux les cavalcades subites et imprévues des groupes d’antilopes sur la plaine infinie.

L’eau de la source était toujours aussi claire et les rochers disposés au fur et à mesure des précédents séjours avaient transformé l’endroit en un abri sûr et agréable  ; une sorte de villégiature cent vingt mille ans avant notre ère.

Chacun s’activait pour une installation de plusieurs mois et les enfants exploraient les recoins en criant, en se cachant, et en se faisant des farces.

Bul s’étonnait  ; les lieux lui semblaient cette année beaucoup plus petits que dans sa mémoire. C’est vrai qu’il avait grandi soudainement, que l’adolescent grassouillet et indolent de l’année passée avait pris un bon demi-pied en quelques mois et que l’on avait cessé de le considérer comme un enfant.

Bul s’inquiétait ou s’impatientait selon l’humeur du moment : il n’était plus un enfant, mais il n’était pas encore un adulte. Et nul ne peut dire s’il savait ou s’il pressentait que tous les humains passent, ont passé, ou passeront par là ?

La première nuit, il rêva beaucoup dans son petit abri. Il se voyait successivement acclamé ou conspué par ses proches. Saurait-il devenir un homme  ? Pourrait-il, un jour, partir chercher une épouse parmi les clans du voisinage  ? C’est donc le cœur battant qu’il vit venir à lui, au petit matin, le petit groupe des chasseurs.

« — Aujourd’hui Bul, tu vas nous montrer que tu es capable de nourrir le clan !

Vois tout ce gibier, toute cette bonne viande, toutes ces bêtes qui paissent en contrebas.

Tu vas choisir une proie parmi elles, tu la tueras et tu la rapporteras.

Es-tu prêt ? »

Bul, le cœur prêt à éclater et les jambes flageolantes, s’empressa d’acquiescer.

« — Ne choisis pas une bête trop grosse. Pense que tu devras la charger sur tes épaules pour nous la rapporter. Ne fais surtout pas comme ce présomptueux de Bô avec son superbe mâle. Il est revenu tellement épuisé de sa chasse qu’il a déliré pendant trois jours et qu’il en est resté un peu fêlé. Encore qu’il ait su en tirer profit en inventant des histoires surprenantes sur les étoiles qui traversent le ciel de nos nuits et sur la foudre qui nous a apporté le feu.

Pense aussi à bien remplir ta gourde et à boire abondamment à la source avant de partir.

Va, prépare-toi maintenant et ramène-nous de quoi fêter ton passage à l’âge adulte ! »

Voilà donc le jeune Bul, armé d’une sagaie, sa grosse gourde en peau serrée contre le torse, qui cherche des yeux parmi les bêtes du voisinage, l’antilope qui conviendra à sa chasse. Là-bas, il distingue un beau mâle dans un petit groupe aux cornes élancées et il se dirige à petite foulée dans sa direction.

Pour nous qui, cent vingt mille ans plus tard, assistons à son départ, il peut sembler illusoire d’espérer atteindre seul, à pied, et avec une simple sagaie, un animal capable de distancer en quelques secondes n’importe quel chasseur. Et pourtant nous le suivons mentalement en regrettant pour lui qu’un arc ne soit pas à sa portée, et en souhaitant qu’une circonstance imprévue mettra la bête à portée de sa lance.

Que fait-il ce benêt  ? Ne voit-il pas qu’en s’avançant délibérément sur le mâle, il va effrayer toute la harde  ? Et voilà  ! Plus d’antilopes  ! Elles se sont égayées et nous les retrouvons à deux cents toises, à le surveiller tout en broutant.

Ce jeune Bul n’a pas l’air d’être découragé pour autant. Le voici qui se dirige obstinément et à petite foulée vers la bête qu’il a choisie. Et comme nous l’avions prévu, voici l’animal qui prend rapidement le large pour s’arrêter à bonne distance.

Cela n’aura donc pas de fin ?

Apparemment non, le chasseur en herbe continue sa course. L’antilope repart bientôt en cherchant à se fondre parmi son groupe, mais l’obstiné persiste, ne change pas de victime et continue sans se lasser à courir régulièrement à sa poursuite.

Ce jeu devient lassant, alors détournons-nous un instant pour porter notre attention sur la foulée du jeune Bul. Son pied ne claque pas sur le sol, il semble s’y enrouler avec souplesse. Comme nous avons le temps pendant que la chasse répète les mêmes scènes, examinons de plus près l’extrémité des membres inférieurs de cet humain opiniâtre. Contrairement aux antilopes, aux buffles et autres zèbres qui suivent de loin la progression du jeune homme, il ne court pas sur des sabots rigides. Sa plante des pieds, au contraire, contient un lacis de veines remplies de sang que chaque foulée comprime comme un cœur auxiliaire bien utile pour une course soutenue.

Tiens, tiens  ! L’antilope semble ne pas prendre beaucoup de large depuis quelque temps. Pourtant, le jeune chasseur ne faiblit pas malgré son corps couvert de sueur. Il court toujours au même rythme en buvant régulièrement de petites lampées à sa gourde.

Il est temps maintenant de nous interroger sur cette sueur, sur cette perte d’eau que compense le recours fréquent à la gourde. Si notre jeune chasseur sue abondamment, l’antilope a, par contre, le poil toujours sec malgré sa fuite prolongée. Rares sont, en effet, les mammifères capables de suer et si parmi les exceptions il y a le cheval, je me demande parfois si les parieurs du dimanche s’aperçoivent que leurs champions terminent leur course couverts de sueur.

Prenez votre chien  ; il ne sue pas, il halète. Il se sert de sa langue pour éliminer son surplus de calories, mais c’est au détriment de sa discrétion  ; un chien qui halète dans la nuit s’entend de loin savaient les militaires qui instruisaient aux techniques d’approches, lors des conflits d’il n’y a pas si longtemps.

Mais nous sortons du sujet, revenons plutôt à nos antilopes.

Alors que le chasseur est rafraîchi par sa sueur, l’antilope, poursuivie sans relâche, n’arrive pas à éliminer son surcroît de chaleur.

La distance diminue maintenant entre le coureur et sa proie. L’animal semble flageoler sur ses pattes, s’arrête de plus en plus fréquemment, pour finalement se figer, comme incapable de bouger.

Le chasseur ignore probablement le mécanisme qui permet la régulation de la chaleur dans un organisme en mouvement. Il ne sait pas que l’antilope est sur le point de mourir d’hyperthermie. Ce qu’il sait, c’est qu’on lui a appris qu’il doit boire pour que l’eau qui s’évapore de son corps le rafraîchisse et lui permette de courir pendant très longtemps sans subir le sort de l’animal traqué.

Le jeune Bul a chargé sa proie sur ses épaules et repart maintenant en direction de son clan.

Mais il n’a pas fait quelques centaines de toises qu’il est accueilli par les chasseurs qui l’acclament en poussant des cris de joie. Il est des nôtres maintenant !

Le débutant ignore qu’il a été surveillé de loin pendant toute sa course par des hommes aguerris capables de repousser ensemble de nombreux fauves. Pas question, en cette époque lointaine où l’Humanité ne comprenait que quelques dizaines de milliers de sapiens, de mettre en péril un individu, de l’exposer aux risques des prédateurs, comme ces lionnes qui encerclent un zèbre à quelque distance de là.

Pour le moment Bul savoure les compliments de ses aînés, il s’est comporté à la perfection et les félicitations ne lui sont pas ménagées.

Le repas, ce soir, marquera l’entrée d’un jeune homme dans le monde des adultes. Chacun s’y prépare avec joie et s’interroge à l’avance sur le récit que Bô, le fêlé, inventera pour la circonstance. Depuis la dernière fête, les femmes le tiennent en haute estime. Il faut dire qu’il a conté une histoire où le clan qui survivait était celui qui nourrissait en priorité les femmes enceintes. Depuis, la grande Gea scande régulièrement pour rappeler à l’ordre les oublieux : «  Mères bien nourries donnent de beaux et vigoureux enfants » !

Mais ce soir, la nourriture ne manque pas. Pour fêter son arrivée parmi eux, les chasseurs ont déjà montré à Bul comment rabattre quelques bêtes vers le rocher où deux des leurs se dissimulaient.

Les morceaux de viandes sont débités, une grande broche tourne doucement au-dessus des braises et les enfants contemplent en rêvant l’ascension d’escarbilles rougeoyantes dans la nuit étoilée.

 

16:29 Publié dans Connaissances, Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : homo sapiens | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!