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03/09/2009

JEAN JAURES : COMMENT JUGER LA REVOLUTION FRANCAISE

jaures.jpgNous célébrons aujourd'hui le 150 ème anniversaire de la naissance de Jean Jaurès. Le fondateur de l'Humanité a été un journaliste actif, un professeur, un député courageux, un historien de la Révolution française. Son analyse sur cette période de l'histoire est d'une lucidité et d'une modernité étonnante, très loin des clichés aujourd'hui délivrés par la presse et les historiens bien pensant de la cour et de la basse-cour.

JEAN JAURES SUR LA REVOLUTION FRANCAISE

Il est toujours permis à l'historien d'opposer des hypothèses au destin. Il lui est permis de dire : Voici les fautes des hommes. voici les fautes des partis et d'imaginer que, sans ces fautes, les évènements auraient eu un autre cours. J'ai dit aussi comment, après l'écrasement de l'hébertisme et du dantonisme il fut frappé de doute, d'aveuglement et de vertige.

Mais, ce qu'il faut jamais oublier, quand on juge ces hommes, c'est que le problème qui leur était imposé par la destinée était formidable et sans doute "au dessus des forces humaines". Peut-être n'était-il pas possible à une seule génération d'abattre l'Ancien Régime, de créer un un droit nouveau, de susciter des profondeurs de l'ignorence, de la pauvreté et de la misère un peuple éclairé et fier, de lutter contre le monde coalisé des tyrans et des esclaves, de tendre et d'exaspérer dans ce combat toutes les passions et toutes les forces et d'assurer en même temps l'évolution du pays enfiévré et surmené vers l'ordre normal de la liberté réglée.

Il a fallu un siècle à la France de la Révolution, d'innombrables épreuves, des rechutes de monarchie, des réveils de république, des invasions, des démembrements, des coups d'Etat, des guerres civiles pour arriver enfin à l'organisation de la République, à l'établissement de la liberté égale par le suffrage universel.

Les grands ouvriers de révolution et de démocratie, qui travaillèrent et combattirent il y a plus d'un siècle, ne nous sont pas comptables d'une oeuvre qui ne pouvait pas s'accomplir que par plusieurs générations. Les juger comme s'ils devaient clore le drame, comme si l'histoire n'allait pas continuer après eux, c'est un enfantillage tout ensemble et une injustice.

Leur oeuvre est nécessairement limitée ; mais elle est grande. Ils ont affirmé l'idée de la démocratie dans toute son ampleur. Ils ont donné au monde le premier exemple d'un grand pays se gouvernant et se sauvant avec la force du peuple tout entier.

Ils ont donné à la Révolution le magnifique prestige de l'idée et le prestige nécessaire de la victoire ; et ils ont donné à la France et au monde un si prodigieux élan vers la liberté que, malgré la réaction et les éclispes, le droit nouveau a pris définitivement possession de l'histoire.

14:16 Publié dans Connaissances | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : jeau jaurès, révolution française | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

02/05/2009

LE SIECLE DU JAZZ

jazz.jpgLe musée du quai Branly à Paris présente jusqu’au 28 juin 2009 une exposition intitulée « le siècle du Jazz ».

Cette exposition est articulée autour de 10 sections chronologiques commençant par le jazz avant 1917, et se terminant par la période contemporaine située entre 1960 et 2002.

Des documents photographiques, littéraires, cinématographiques, picturaux, musicaux, sont présentés mettant en avant le jazz sur une période de plus de 100 ans et  précisant son évolution.

 

Le Jazz est un phénomène culturel remarquable mêlant des sources et des origines très diverses mis en valeur dans cette exposition.

 

CRITIQUE

L’emplacement prestigieux de cette exposition valorise sans aucun doute cette exposition coproduite par trois  musées situés en France, Italie et Espagne et qui lui confère une stature internationale.

Le parcours de cette exposition autour de dix périodes chronologiques mal limitées donne un côté brouillon et donne l’impression d’une confusion amplifiée par la diffusion d’extraits musicaux qui sortent de leurs contextes historiques.

Le Jazz phénomène culturel planétaire unique mérite  peut être un vrai musée permanent et véritablement structurée, relayé par des concerts démontrant la vivacité de cet art musical.

 

E-Mosaïque

 

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02/04/2009

Bernard Poignant invite à lire “Besancenot dans le texte”

BESANCENOT.jpgPOLITIQUE - Le maire PS de Quimper et député européen Bernard Poigant a lu attentivement le livre d’Olivier Besancenot  et de Daniel Bensaïd : "Prenons parti pour un socialisme du XXIème siècle", paru aux éditions Mille et Une Nuits en janvier 2009. Il livre ici son opinion sur la politique que ce texte préconise, porteuse selon lui de “sectarisme” et de “totalitarisme”.

" Il faut lire le livre d’Olivier Besancenot et de Daniel Bensaïd : "Prenons parti pour un socialisme du XXIème siècle", paru aux éditions Mille et Une Nuits en janvier 2009. Quand un nouveau parti est créé, il faut aller chercher la société qu’il prévoit ou qu’il prépare. Dans le livre et ses 371 pages, on rencontre de la démagogie et de l’à-peu-près. Ce n’est pas cela le plus important : on peut trouver les mêmes défauts dans la littérature du Parti Socialiste. Par contre, il n’est pas indifférent de regarder si la politique annoncée est garante des libertés, respectueuse du droit, attachée à la démocratie et à son expression par le suffrage universel. Car le but est affiché page 125 : "Une société alternative au capitalisme nécessite une rupture avec la société d’aujourd’hui et son Etat". Très bien mais permettez qu’on jette un coup d’œil sur ce qui est prévu ! Les auteurs ajoutent : "Un changement de société ne peut se résumer à une alternance d’équipe gouvernementale". D’accord mais acceptez que l’on défende ce principe de l’alternance, y compris pour permettre à la droite de battre la gauche, si les électeurs en décident ! Pour clore ce point, Olivier Besancenot écrit : "Changer ou pas la société, en dernière analyse, revient à savoir : qui décide ici ? Le Gouvernement, le Parlement issu de la vieille société ? Ou bien le pouvoir populaire de la nouvelle société qui pousse au sein des conseils de quartiers et des assemblées d’entreprises ?" Excusez du peu : on a déjà donné avec les soviets !

Au fil de la lecture, des interrogations naissent : la crise du capitalisme financier et du capitalisme tout court est bien analysée. Mais c’est un papier-collé de Karl Marx qui a fait ce travail avec plus de finesse et de connaissances. Par contre, l’échec du communisme est passé sous silence. Sont évoquées les dérives bureaucratiques sans penser une seconde que c’est le système lui-même qui y conduit. Le despotisme russe et la dictature chinoise sont ignorés : pourtant l’un et l’autre s’accommodent du capitalisme. Sont admirés : Chavez au Vénézuela, Morales en Bolivie, Castro à Cuba, Ché Guevara bien sûr, un peu Lula au Brésil mais lui sent déjà le souffre libéral.

Dès les premières phrases (page 9), la confusion est établie : "Le capitalisme est malade… Il y a quelques mois les tenants du nouvel ordre mondial n’avaient pas de mots assez flatteurs pour vanter les mérites indépassables de l’économie de marché." Conclusion : il faut en finir avec l’économie de marché ! La Déclaration de principes du Parti Socialiste, adoptée en juin 2008, est alors vilipendée à longueur de pages. Comme elle se prononce pour une "économie sociale et écologiste de marché", elle est la preuve de la trahison de la social-démocratie !

A la place de l’économie de marché, il y a forcément le monopole. Il faut attendre la page 72 pour découvrir ce nouveau modèle économique à travers une proposition concernant les banques : il faudra "réunifier toutes les banques dans un seul service public bancaire, en expropriant les intérêts privés, sans rachat ni indemnités… Ce service public de crédit serait placé sous le contrôle des salariés et des usagers". On sait comment cela se termine : des apparatchiks nommés par le Parti - Etat finissent par prendre le pouvoir. On connaît la suite. Quant à la technique, l’expropriation, elle revient souvent. Exemple page 275 pour la santé : "expropriation des établissements privés à but lucratif". Chacun sait que l’expropriation n’est pas conforme à la loi. Le Parti Communiste lui-même ne l’a jamais défendu. C’est une proposition totalitaire, mensongère, impossible ! Page 74, l’industrie automobile subit le même sort : ils "proposent d’écarter la mainmise des actionnaires sur l’ensemble du secteur en plaçant toute l’activité automobile française, ainsi que la sous-traitance et les équipementiers, sous contrôle public, en expropriant les intérêts, sans rachat, ni indemnités". Fermez le ban ! Page 75, l’auteur ajoute : "L’industrie automobile internationale doit être contrainte à inventer et à généraliser des modes de propulsion non polluants". Très bien mais qui contraint, comment et avec quelles sanctions à la clé ? Mystère ou plutôt danger !

Si l’économie de marché disparaît, il faut bien mettre en place une autre façon de produire. Page 218, "la planification démocratique de la production déciderait collectivement des grandes options fondamentales, plutôt que de laisser le marché trancher". C’est le grand retour du Gossplan : décidément Besancenot est bien vieux pour son âge ! Il prend un exemple toujours à la même page : dans un rayon de supermarché, "que de formes de clous, de rivets qui diffèrent par leur longueur et leur tête". C’est une société : je ne veux voir qu’une seule tête !

Evidemment, la planification doit être démocratique. Comment ? Le système est décrit page 219 : "Des assemblées de quartiers peuvent élire leurs représentants. Ces assemblées peuvent se coordonner sur la base de fédérations, de branches, de regroupements interprofessionnels, puis en congrès réguliers pour les entreprises… Nous proposons une organisation unifiée de ces différentes assemblées dans le cadre de congrès réguliers qui dégageraient ainsi les grands axes de la planification". Tout cela a été proposé en 1917 et s’est effondré en 1991. Mais il y a mieux page 220 : "Certains choix seront contradictoires et dans ce cas des référendums permettront à la majorité de trancher". Sans doute pour les formes de clous et les rivets ! Une telle économie se termine dans la pénurie, se prolonge dans le marché noir, ne fonctionne qu’avec une police et une bureaucratie, le tout aboutissant à des formes de totalitarisme. Toutes les belles déclarations sur les libertés et les droits (et il y en a beaucoup auxquels on ne peut qu’adhérer) s’effondrent avec un tel système, car c’est lui qu’il faut démasquer.

Après l’économie, les institutions. Le mépris pour la démocratie parlementaire suinte à chaque page. La révolution est le moyen et le but. Page 126, "nous voulons l’organisation des masses par elles-mêmes". "Les luttes doivent échapper aux manœuvres des bureaucraties syndicales". "Les stades de foot occupés par des milliers d’étudiants, dans les différentes régions mobilisées, délibérant des heures durant sur les revendications et l’organisation du mouvement avant de voter pour décider des choix alternatifs sont un avant-goût d’une démocratie universitaire impliquant les étudiants". Bonjour le travail et les études !

Pour les élus, page 204, "à tout moment, un élu peut être révoqué si on estime qu’il ne nous représente plus. C’est le principe de la révocabilité des mandats." C’est qui "on" ? On craint de le savoir !

Page 207, la révolution institutionnelle est annoncée : une assemblée constituante est prévue ; le Sénat est supprimé et remplacé par un Conseil des mouvements sociaux ; enfin "une décentralisation démocratique et solidaire ferait du pays une Commune de communes". Il doit y avoir dans cette proposition la nostalgie de la Commune de Paris en 1871, mais depuis lors le temps a passé.

Pour conclure, les deux auteurs refusent toute entente avec qui que ce soit. Page 365, "nous devons assumer pleinement notre indépendance". P. C et Verts (et bien sûr PS) sont renvoyés aux oubliettes de l’histoire. Même les partis de gauche à l’étranger ne trouvent pas grâce à leurs yeux (page 365) : Izquierda unita en Espagne, Refondacione comunista en Italie, Die Linke en Allemagne. Ils prospèrent dans leur solitude attendant le Grand Soir comme au XIXème siècle, persuadés que le trotskisme réussira là où le léninisme et le stalinisme ont échoué, enfermés en 2009 dans leurs certitudes de 1917. A la dernière page (page 370), un éclair de lucidité apparaît : "Nous savons bien que nombreux sont encore ceux, qui malgré leur sympathie, doutent de notre réalisme." Cela au moins, c’est une certitude juste. En politique, le sectarisme a toujours été une stérilité dans l’opposition. Il est dangereux quand il devient majoritaire. C’est pour cela qu’il ne faut pas craindre de débusquer le totalitarisme là où il se cache.

Bernard Poignant
Maire de Quimper
Député européen

Publié dans Libération

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08/03/2009

Dérapages du CRIF, relaxe pour Siné

palestinejuif1.jpgLe dîner 2009 du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) aura, le 2 mars, battu tous les records : d’affluence (plus de 1 000 participants), de représentativité (le premier ministre François Fillon et le gros du gouvernement comme de la classe politique, sauf le PCF et les Verts, non invités), d’œcuménisme (les dignitaires des principales confessions, islam compris). Même le président de la République, dont l’Elysée avait annoncé l’absence, a fini par passer une demi-heure, de retour d’Egypte.

Le président Richard Prasquier et, à sa suite, le chef du gouvernement, auront, hélas, battu un autre record : celui de la manipulation politique et idéologique. Rien de plus légitime, pour le CRIF, que d’appeler à la vigilance contre les manifestations d’antisémitisme, qui se sont, explique-t-il, multipliées pendant l’offensive israélienne contre Gaza. L’expérience du début des années 2000 incite toutefois à manier prudemment les chiffres ; à ne pas mélanger courriels, graffitis et violences contre des fidèles ou des lieux de culte ; à ne pas accuser en bloc et sans la moindre preuve les jeunes Français d’origine arabe ou de religion musulmane, eux-mêmes victimes de nombreuses agressions racistes ou islamophobes – sans oublier la répression au faciès…

Le danger du « deux poids deux mesures » n’a d’ailleurs pas échappé à M. Nicolas Sarkozy qui, dans le bref moment qu’il a consacré à la soirée, a tenu à préciser : « Quand on s’en prend à un juif parce qu’il est juif, c’est toute la France qui doit se sentir solidaire. Je dirais la même chose s’agissant de l’islamophobie. Les antisémites, les islamophobes, les racistes n’ont rien à faire sur le territoire de la République française. »

Là où la légitimité s’arrête, c’est quand M. Prasquier — malheureusement suivi par le premier ministre — dénonce comme antisémites les participants aux défilés de solidarité avec Gaza, allant jusqu’à exclure de son dîner les Verts et le Parti communiste français — PCF (1) —, accusés de « ne pas s’être élevés contre le kidnapping (sic) des manifestations par des mouvements islamistes, avec des slogans antijuifs ». Quiconque y a pris part sait pourtant que ces débordements furent à la fois marginaux et unanimement condamnés. Quand, à l’issue d’un cortège du CRIF, le 7 avril 2002, les nervis du Betar et de la Ligue de défense juive (LDJ) s’en prirent aux passants d’origine arabe, accusa-t-on M. Roger Cukierman, alors président du CRIF, d’avoir conduit une « ratonnade » ? Question toujours d’actualité : qui protège la LDJ, interdite aux Etats-Unis et en Israël, mais autorisée en France malgré ses violences récurrentes ?

Loin d’être un signe de force, ces dérapages du CRIF révèlent sa faiblesse. Ses dirigeants n’ont certes pas renoncé à pratiquer le chantage à l’antisémitisme pour mieux défendre la politique israélienne. Dernière preuve en date : dans le climat du dîner, M. Fillion s’est cru obligé de menacer de boycotter la seconde conférence des Nations unies sur le racisme à Durban, si Israël y était « stigmatisé » ! Mais, après Daniel Mermet, Charles Enderlin, Edgar Morin, Pascal Boniface et tant d’autres, Siné vient d’être blanchi de l’accusation d’antisémitisme lancée contre lui par la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA).

Dans Charlie Hebdo, le 2 juillet 2008, le dessinateur avait en effet critiqué l’arrivisme de M. Jean Sarkozy, évoquant sa possible « conversion au judaïsme pour épouser sa fiancée, juive, et héritière des fondateurs de Darty » et concluant : « Il fera du chemin dans la vie ce petit. » Philippe Val en avait pris prétexte pour chasser Siné de son journal, provoquant une levée de boucliers de la part des (véritables) défenseurs de la liberté de la presse et la naissance d’un concurrent à succès intitulé Siné Hebdo. Si nous mettons ici en ligne l’intégralité de ce jugement sur le fond, c’est qu’il marque sans doute un tournant. Il y a des méthodes qui ont fait long feu…

 
Dominique Vidal, La Monde Diplomatique

(1) A l’époque où le PCF mettait sur pied la résistance armée, en s’appuyant notamment sur la main d’œuvre immigrée, avec ses nombreux militants juifs, l’Union générale des israélites de France (UGIF), mise en place par Vichy, collaborait aux rafles et aux déportations. C’est aussi pour tourner cette page noire que le CRIF fut créé en 1943.

10:51 Publié dans Connaissances | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : crif, pcf, sarkozy | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!