14/10/2022
Conjuguer sciences, travail et environnement
Amar Bellal Rédacteur en chef de Progressistes
Il existe une autre conception du rassemblement que celle qui prétend le décréter par « le haut » uniquement : celle qui consiste à rassembler par les contenus, par ce que vivent les travailleurs de la science et des entreprises, par le réel, le défi du climat, du développement industriel, de la recherche.
Ainsi, lors de la Fête de l’Humanité, il y a un événement politique, le rassemblement de personnalités du monde scientifique, du monde du travail et de la défense de l’écologie, qui a lieu lors de la soirée repas de la revue Progressistes du jeudi soir.
C’est tout le défi du camp du progrès social que de réussir à articuler ces enjeux : celui du monde du travail, de l’emploi, de l’industrie, d’une part, celui du développement des avancées scientifiques et techniques, d’autre part, ainsi que celui des grandes questions environnementales et en premier lieu le défi climatique. Or, aujourd’hui, tout est fait pour les opposer.
On oppose le monde du travail, la production de richesses à l’environnement : la fameuse usine qui pollue mais sans laquelle nous devrions importer des produits du bout du monde. On oppose le progrès scientifique et technique aux emplois : la robotisation qui mettrait au chômage les salariés. On oppose la science à l’environnement en désignant des découvertes ou de possibles nouvelles technologies qui menaceraient l’environnement.
S’il est si facile d’opposer science, travail et environnement, c’est parce que tout est piloté par le capital au service des actionnaires, sans que les citoyens, les salariés aient vraiment leur mot à dire, sans qu’on mette en débat la finalité de la recherche scientifique. Alors que, au contraire, il faut articuler et conjuguer ces trois grands sujets. Cela implique que les salariés aient plus de pouvoir lors des prises de décisions stratégiques dans les entreprises, dans les instituts de recherche.
Cela demande de financer, à partir d’autres critères, notamment sociaux et environnementaux, le développement économique. Si on ne fait pas ce travail d’articulation, les discours de la gauche prioriseront la décroissance, la peur, la culpabilisation des gens et la dénonciation du progrès scientifique et technique.
Il se trouve que le PCF, parti historiquement attaché à ces enjeux, doit tenir prochainement son congrès : si ce grand moment d’intelligence collective permettait de faire émerger ne serait-ce que cette idée, ce serait déjà un énorme appui pour le monde du travail !
Reconstruire la gauche passe par le refus du populisme, quelle que soit sa forme, comme le populisme scientifique. Quand la gauche s’aventure dans le populisme, à la fin, le gagnant, c’est toujours l’extrême droite : il suffit de voir les ravages du populisme sanitaire aux Antilles, qui porte la gauche très haut au premier tour des dernières présidentielles, mais cela finit par un vote massif pour Le Pen au deuxième tour.
Évoquons aussi le populisme climatique, qui met en avant par exemple l’idée que 67 milliardaires émettraient autant de CO2 que 30 millions de Français en sous-entendant ainsi que cela solutionnerait 50 % du problème. C’est absolument faux. Le chiffre est farfelu. En réalité, leurs émissions propres correspondent à celles d’environ 100 000 Français, ce qui est déjà scandaleux. L’exagération vient du fait qu’on a tenu compte de toutes les productions industrielles qu’ils possèdent, productions que nous consommons tels l’acier et le ciment de nos logements, le pétrole brûlé dans nos voitures, etc.
C’est donc une présentation biaisée du problème. Dénoncer le train de vie des milliardaires – et il faut le faire, il faut légiférer – ne suffit donc pas pour résoudre la crise du climat… En effet, au-delà du symbole, on ne parle ici que de 0,1 % du problème.
La démagogie dans ce domaine provoque des dégâts durables : on se décrédibilise auprès des scientifiques et spécialistes qui connaissent le sujet, d’une part ; d’autre part, on prend du retard dans la bataille politique en se berçant d’illusions avec une solution toute trouvée.
Pour se relever, la gauche doit travailler à articuler science, travail et environnement, ce qui suppose de refuser toutes les formes de populisme.
19:27 Publié dans Connaissances, Economie, Planète, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amar bellal, environnement, travail |
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13/05/2022
Charlie a LFI : Le communautarisme est plus rentable que la lutte pour la laïcité
Reponse de Riss (charlie Hebdo) a la melenchonie
20:06 Publié dans Connaissances, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lfi, communautarisme, laicité |
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26/02/2022
Présidentielle 2022 : le programme de Fabien Roussel pour « la France des jours heureux »
11:51 Publié dans Actualités, Connaissances, International, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : programme, fabien roussel, pcf |
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27/01/2022
VACCINS : FABIEN ROUSSEL A T-IL RAISON ?
Récemment, le candidat à l’élection présidentielle Fabien Roussel affirmait que les vaccins contre la Covid pouvaient être produits massivement dans les pays du Sud, que les capacités et les usines existaient bel et bien, ajoutant qu’il était urgent de lever les brevets pour lutter efficacement contre la pandémie. Vrai ou faux ? Y aurait-il vraiment un obstacle insurmontable à leur production en masse dans le Sud autre que politique comme l’affirme le candidat communiste ? Décryptage.
Par Irene Perrin Toinin pour Progressiste
La réponse à cette question est à peut-être à chercher du côté de l’organisme Human Rights Watch qui a mis en évidence dans un article paru sur son site internet en décembre 2021 que 100 entreprises, dans près d’une quinzaine de pays en Asie, Afrique et Amérique du Sud, ont la possibilité aujourd’hui de produire leurs propres vaccins à technologie ARN messager[1].
Comme l’indique la communauté scientifique, la sortie de la pandémie passe par la vaccination massive de l’ensemble de la population mondiale. Or : Les prévisions de production mondiale de vaccins laissant entendre qu’il y aura bientôt assez de vaccins contre le Covid pour toute la population du monde sont trompeuses, dénonce Aruna Kashyap, directrice adjointe de la division entreprises et droits humains de l’ONG Human Rights Watch. Tandis que le virus mute, les États-Unis et l’Allemagne ne devraient pas laisser les laboratoires dicter où et comment des vaccins doivent être acheminés dans la majeure partie du monde. [2]
Le développement fulgurant du variant OMICRON a bien démontré toute l’utilité sanitaire de la vaccination massive des populations. Ce sont les pays pauvres d’Afrique et d’Asie qui n’ont pas accès aux vaccins. Ainsi, tandis que le taux de vaccination actuel approche des 80% dans les pays européens, il est seulement d’environ 35% au Bangladesh, 4% en Ouganda, autour de 30% en Afrique du Sud. Outre l’injustice criante que cela représente, il s’agit par ailleurs d’un enjeu sanitaire pour sortir de cette pandémie qui accable le monde depuis 2 ans. D’autant plus que les États sont capables de produire ces vaccins dont les brevets appartiennent à des firmes pharmaceutiques. Rappelons-nous de l’interpellation de l’Inde et de l’Afrique du Sud faite à l’Organisation Mondiale du Commerce dès fin 2020 pour demander une levée des brevets nationaux sur les vaccins anti-Covid-19. L’Afrique du Sud a d’ailleurs récemment pris les devants face à l’attente de la levée des brevets. Le 19 janvier 2022[3], le président sud-africain Cyril Ramaphosa et le milliardaire américano-sud-africain Patrick Soon-Shiong, ont inauguré la première usine de fabrication de vaccins sur le continent au Cap. Si le grand pays africain pourra « se débrouiller seuls(…) libérés des chaînes du colonialisme » comme l’affirmait son président, il restera dans ce cadre dépendant du capital et du marché néo-libéral. La levée des brevets sur les vaccins anti-covid reste pour autant une nécessité.
À ce titre, l’initiative en France du candidat PCF aux élections présidentielles et député du Nord, Fabien Roussel peut donc être légitimement saluée : avec les membres et élus du PCF, il réclame en effet depuis un an cette levée des brevets sur les vaccins. Donc, Fabien Roussel dit vrai sur la nécessaire internationalisation de la production des vaccins.
Il affirmait aussi sous la plume du journal l’Humanité du 2 décembre lors d’une rencontre de l’association des journalistes parlementaires organisée le 1er décembre 2021 : « [Lever les brevets,] c’est permettre que la formule de ces vaccins soit connue de tous, que tous les scientifiques puissent échanger, que tous les pays qui le veulent puissent les produire. Cela permettra de créer de la transparence, de la confiance en ces vaccins qui manque aujourd’hui pour que tout le monde aille se faire vacciner », a-t-il assuré ajoutant que « plus de 100 pays demandent la levée des brevets et des transferts de technologie ».
Cette levée de la propriété intellectuelle sur les traitements avait déjà été réalisée dans le cadre de l’épidémie du VIH. En juillet 2011, le laboratoire pharmaceutique américain Gilead avait renoncé à ses brevets sur 4 molécules aux bénéfices de quelques pays. Ainsi, par exemple, les fabricants indiens de génériques ont pu produire des copies de traitements anti-VIH de Gilead, donnant accès à des populations de pays pauvres aux mêmes avancées dans le domaine de la recherche médicale contre le Sida que les populations des pays riches. Cela restait toutefois assez limité. En 2017[4], un jugement européen a déclaré illégal la prolongation du brevet de Gilead sur le Truvada, un des médicaments le plus utilisé contre le sida. La fin du monopole de la firme américaine permettait le développement des génériques du Truvada en Europe.
Ainsi, la problématique est la même pour l’épidémie de Covid-19 : celle du monopole de firmes pharmaceutiques sur les traitements et les vaccins à des fins mercantiles de profits immédiats au mépris des vies humaines.
Lors de la fête de l’Humanité qui s’est tenue en septembre 2021, Jérôme Martin, co-fondateur de l’observatoire de la transparence dans les politiques du médicament, était invité au débat sur la levée des brevets à l’Agora de l’Humanité. Il affirmait alors que le médicament ne peut être une marchandise : « On ne sait pas combien les industriels ont reçu d’aides publiques pour pouvoir développer les vaccins contre le covid-19 »
L’industrie pharmaceutique en a bien reçu des milliards. Les laboratoires pharmaceutiques comme Pfizer ou Moderna font des bénéfices sur le dos de la crise sanitaire, alors qu’ils ont démarché des sous-traitants pour la production du vaccin et son flaconnage. Oxfam a calculé que Pfizer, Johnson & Johnson et AstraZeneca ont versé 26 milliards de dollars à leurs actionnaires au cours des 12 derniers mois.[5] Avec les droits exclusifs d’exploitation liés à la propriété intellectuelle, 100 pays sont aujourd’hui bloqués par les monopoles pharmaceutiques pour la production des vaccins.
Cet égoïsme monopolistique est d’autant plus dramatique qu’il alimente la méfiance d’une partie de la population à l’égard de la vaccination. Or, la communauté scientifique a prouvé qu’un faible taux de vaccination engendre un taux de malades et de mortalité importants des suites de cette maladie. La région de la Caraïbe est particulièrement exemplaire en ce sens. Alors que les populations des Antilles françaises connaissent une méfiance accrue à l’égard de la vaccination, donnant lieu une flambée épidémique aux conséquences désastreuses à partir du mois de juillet 2021[6], plus au Nord, Cuba a su développer ses propres vaccins et enrayer le développement de la crise sanitaire sur son territoire[7]. Il s’agit des résultats de politiques en faveur de la santé publique mises en œuvre depuis des décennies[8]. Ayons en mémoire que, dès 2020, des médecins cubains sont envoyés par leur pays afin de porter assistance aux systèmes de santé étrangers, allant même jusqu’à assister des pays riches (Italie notamment). À l’heure actuelle, Cuba connaît un taux de vaccination de 93% selon les données disponibles (ourworldindata.org).
Lors du rassemblement du PCF du 3 février 2021, Fabien Roussel affirmait : « nous demandons que la découverte de ces vaccins tombe dans le domaine public, afin que ces vaccins puissent être produits librement »[9]. Presqu’un an plus tard, il déclare, interviewé par la chaîne Réunion la 1ère en décembre 2021 : « Le meilleur moyen de lutter contre l’apparition des variants, l’OMS le dit, c’est que tous les pays aient accès aux vaccins. Or, il y a une injustice […]. Si je suis élu, je demanderai immédiatement la levée des brevets. »[10] .
Les membres du comité de rédaction de la revue Progressistes ne peuvent qu’approuver ces prises de position d’utilité publique et provenant du PCF et de son candidat aux élections présidentielles.
Irène Perrin Toinin, le 19/01/2022
[1]https://www.hrw.org/fr/news/2021/12/15/covid-19-des-exper...
[2]N’en déplaise à Big Pharma, les vaccins à ARN messager peuvent être produits partout dans le monde | L’Humanité (humanite.fr)
[3]https://afrique.tv5monde.com/information/afrique-du-sud-p...
[4]https://www.aides.org/communique/generique-de-fin-pour-le...
[5]Levée des brevets : démêler le vrai du faux (oxfamfrance.org)
19:29 Publié dans Connaissances, Economie, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabien roussel, covid, masques |
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