09/10/2012
Le bouclier fiscal de François Hollande coûtera 675 millions d'euros, presque autant que celui de Sarkozy
Tiens, revoilà le bouclier fiscal. En mars 2012, pendant la campagne présidentielle, François Hollande avait indiqué qu'il rétablirait un bouclier fiscal à 85%, comme du temps de Michel Rocard.
Un dispositif nécessaire pour éviter que l'impôt ne soit considéré par le Conseil constitutionnel comme confiscatoire (le fisc ne pourra ponctionner plus de 85% des revenus d'un contribuable). Mais promis juré, le bouclier fiscal de la gauche devait être très différent de celui de Sarkozy.
C'est raté. Non seulement le bouclier fiscal sera plus avantageux que prévu mais ce nouveau dispositif permettra d'être plus généreux... avec les plus riches ! Un comble relevé par Le Canard enchaîné.
Le bouclier fiscal en 1991, en 2006 et en 2007
Créé par Michel Rocard en 1991, le bouclier fiscal première version interdisait au fisc de prélever plus de 85% des revenus d'un contribuable. En 2006, Dominique de Villepin avait fait passer ce taux à 60%. Plus généreux, Nicolas Sarkozy avait descendu ce taux à 50% en 2007. Un bouclier fiscal pour riches donc, qui avait notamment permis à Liliane Bettencourt de recevoir un chèque de 30 millions d'euros de la part de l'administration fiscale.
Hollande et la promesse d'un bouclier fiscal à 85%
Pendant la campagne présidentielle, François Hollande avait annoncé qu'il taxerait à 75% les revenus supérieurs à 1 million d'euros. Une super taxe pour les super riches, symbole de la fin des privilèges de l'ère Sarkozy. Sauf que dans le même temps, Hollande s'était déclaré favorable à la création d'un bouclier fiscal à 85%. Car sans cette mesure, la super taxe pouvait être retoquée par le Conseil constitutionnel au nom de l'équité.
Le bouclier de la gauche coûtera presque autant que celui de Sarkozy
Qu'en est-il aujourd'hui ? Le bouclier fiscal de la gauche sera finalement de 75%. Première victoire pour les ménages les plus aisés : pendant la campagne, Hollande avait prévu d'en ponctionner plus (jusqu'à 85% des revenus). Deuxième victoire : le bouclier fiscal nouvelle version n'a rien à envier au bouclier de Sarkozy : "il coûtera, en 2013, presque autant que son prédécesseur (675 millions contre 735 millions) [et] pour ses bénéficiaires, moins nombreux, il sera nettement plus avantageux", révèle Le Canard enchaîné.
"Les bénéficiaires de ce bouclier nouvelle manière (...) formeront un club certes plus fermé, mais beaucoup mieux loti que ceux de l'ère Sarkozy, poursuit l'hebdomadaire. Selon les chiffres du ministère du Budget, ils seront deux fois moins nombreux (6 662 contre 13 000) et se verront rembourser plus en moyenne : 101 000 euros par contribuable, contre 56 400 sous Sarkozy". Magique.
Devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale, le 27 septembre dernier, le ministre de l'économie, Pierre Moscovici, a tenté de se justifier : "Nous nous conformons aux injonctions du Conseil constitutionnel, alors que la droite, elle, avait pris une décision politique". Effectivement, ça change tout.
D'ailleurs, le bouclier fiscal de la gauche sera moins visible : plus question d'envoyer de chèques, l'administration fiscale devra faire la soustraction directement sur l'avis d'imposition après l'envoi du formulaire N° 2041-DRID. Un bouclier plus généreux et plus discret ? Sarkozy en a rêvé, Hollande l'a fait.
Le Canard enchaîné · 4 oct. 2012
17:23 Publié dans Actualités, Cactus, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fiscalités, riches, hollande | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
07/10/2012
En Allemagne, l’espérance de vie des plus pauvres a reculé d’au moins deux ans depuis 2001
L’espérance de vie des plus pauvres – ceux qui ne disposent que des trois-quarts du revenu moyen – recule en Allemagne. Pour les personnes à bas revenus, elle est tombée de 77,5 ans en 2001 à 75,5 ans en 2011 selon les chiffres officiels. Dans les Lander de l’Est du pays c’est encore pire : l’espérance de vie est passée de 77,9 ans à 74,1 ans.
Ces chiffres ont été fournis au député Matthias Birkwald (Die Linke) en réponse à une question écrite, interpellation qui oblige le gouvernement à répondre à en fournissant toutes les données officielles.
Matthias Birkwald est un spécialiste des retraites et son interpellation éclaire d’un jour nouveau la réforme intervenue dans le système allemand de retraites. Le parlement a en effet adopté en 2007 – le gouvernement de l’époque rassemblait sociaux-démocrates du Spd et conservateurs de la Cdu – un report graduel de l’âge de la retraite à 67 ans justifié (comme en France) par l’allongement de l’espérance de vie...
Le pays est souvent montré en exemple pour son taux d’emploi des plus de 60 ans. Dans les faits, montrent les chiffres livrés hier, leur situation les expose souvent à la pauvreté.
En mars 2011, seulement 26,4 % des 60-64 ans occupaient un emploi “normal”, soumis à cotisations sociales. Et moins de 19 % de ces actifs seniors avaient un travail à temps plein.
Qu’en sera-t-il demain ? Il n’y a pas de salaire minimum garanti en Allemagne et 7,6 millions de personnes ne disposent que d’un “emploi atypique”. Environ 5 millions des quelques 30 millions de travailleurs allemands sont à temps partiel.
En 2009, 2,5 millions de travailleurs – dont 600 000 retraités – étaient en contrat “mini job” payé environ 400 euros (sans cotisations patronales, sans assurance-maladie, sans droits à la retraite...).
Autant de formes de travail qui font (et feront) des retraités pauvres, premières victimes de ce recul de l’espérance de vie.
Article publié dans Viva
10:52 Publié dans Actualités, Connaissances, Dossier retraites, Economie, Planète, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : allemagne, espérance de vie, diminution, pauvres | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
29/09/2012
Budget 2013: les marchés financiers grands gagnants (analyse)
Dix milliards d'euros d'économies, vingt milliards de recettes nouvelles, les mesures présentées ce matin en Conseil des ministres n’ont qu’un seul objectif: celui de réduire le déficit à 3% du PIB l'an prochain.
Un budget de « combat », a lancé le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, à l’issue du Conseil des ministres. Des mots repris en boucle par les différents ministres. Un combat « contre la crise, la dette et les injustices », a précisé de son côté Pierre Moscovici, ministre de l’économie. Mais pour Nicolas Sansu, député communiste et membre de la commission des Finances, ce budget est avant tout celui « du traité et des 3%, dans lequel il y a des réductions de dépenses, des postes de fonctionnaire en moins et des collectivités qui vont être attaquées. »
- Un budget pour satisfaire les marchés...
Sans nier, Pierre Moscovici a d’ailleurs déclaré qu’il s’agissait là d’une question de « crédibilité » vis-à-vis des marchés et de ses partenaires européens, pour continuer à emprunter à des taux intéressants. Une crédibilité qui pourrait être vite entachée par une baisse de la croissance qu’entrainerait la baisse des dépenses publiques et le manque de relance. D’autant que la prévision de croissance à 0,8% pour 2013 est jugée très optimiste et que beaucoup d’économistes estiment que les 3% ne seront pas atteints. Le gouvernement a d’ailleurs prévu plusieurs collectifs budgétaires.
- .... sur le dos des fonctionnaires...
Le projet de loi de Finances présenté ce vendredi matin en Conseil des ministres comprend 10 milliards d'euros d'économies réalisées sur les dépenses. Si les ministères de l'Education, de l'Intérieur et de la Justice voient leur quotidien amélioré, les autres vont devoir se serrer la ceinture. L'Agriculture, la Culture, et l'Economie sont les grands perdants et voient leur crédit fortement baisser. Au total 12.298 postes seront supprimés et 11.000 créer. Ce seront donc 1.287 postes de fonctionnaires qui disparaîtront.
- ... et des collectivités locales
Des suppressions d’emploi qui s’accompagnent d’un gel du point d’indice des fonctionnaires pour la troisième année consécutive. Pis, pour la deuxième année consécutive les collectivités vont être mises au régime sec. L’Etat a décidé de geler leur enveloppe à 50,5 milliards d’euros en 2013. Puis de la réduire de 750 millions d'euros en 2014 et en 2015, selon le projet de loi de finances (PLF) pour 2013. Une catastrophe économique au moment où les collectivités, premiers investisseurs de France, ont du mal à se financer. Une catastrophe sociale quand les dépenses de solidarité sont assurées par ces collectivités et que le taux de chômage est au plus haut.
- Un budget qui corrige des injustices fiscales...
La stratégie fiscale va dans un autre sens et corrige les injustices laissées par la droite, puisque ce sont 15,8 milliards de hausses d'impôts qui seront ponctionnés principalement chez les ménages aisés et les grandes entreprises. Avec la création d'une nouvelle tranche de l'impôt sur le revenu à 45% et la « taxe exceptionnelle » de 75% sur les revenus d'activité au-delà d'un million d'euros en sont les signes les plus spectaculaires. Et s'accompagnent d'une forte hausse de la taxation du capitall'alignement de la fiscalité des revenus du capital sur celle des revenus du travail.
« L'impôt total versé par le 1 % des ménages les plus aisés augmentera de plus de 2,8 milliards d'euros », insiste Bercy. Côté grands groupes, le projet mise sur un coup de rabot de 7 milliards d'euros sur plusieurs niches fiscales afin de « réduire de 30% l'écart" » qui voit aujourd'hui les grands groupes bénéficier d'un taux d'impôt sur les sociétés à 8%, inférieur de vingt points à celui des petites et moyennes entreprises (PME).
- ... mais qui met à contribution les classes populaires
Reste que les classes populaires et moyennes seront également mises à contribution par le maintien du gel du barème de l'impôt sur le revenu, à l’exception des deux premières tranches, représentant une hausse de l’Impôt sur le revenu de 2%. A laquelle s’ajoute une hausse de la redevance télé de 4,5 euros par foyer. Des mesures qui seront complétées, lundi, par 4 autres milliards de prélèvements inscrits dans le budget de la Sécurité sociale (taxes sur la bière, une hausse de prélèvement de 0,15% sur les pensions des retraités imposables, etc.), pour parvenir aux 20 milliards de recettes supplémentaires annoncés par François Hollande. « La justice par le refus de l’optimisation fiscale est présente dans ce projet, salue Nicolas Sansu. Il manque le rôle incitatif de l’impôt qui contraint les entreprises, par exemple, à réorienter leur stratégie. »
- Des impacts négatifs sur la croissance et l'emploi?
Plutôt que « d’inverser la courbe du chômage », François Hollande risque de l’accroître en réduisant le filet de croissance qui perdure aujourd’hui. Selon l’Office français des conjonctures économiques, cette austérité supplémentaire « amputerait l’activité de 1%, avec un coût social catastrophique». « Le taux de chômage dépasserait la barre des 11 % dès 2014» et «coûterait plus de 160 000 emplois en cinq ans ». Et ce ne sont pas les 300 millions d'euros supplémentaires alloués au ministère du Travail qui vont empêcher la dégradation de l’emploi.
Publié par l'Humanité
20:00 Publié dans Actualités, Economie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : croissance, emploi, dette, budget, impôts, jean-marc ayrault, règle d'or, pierre moscovici, gouvernement, politique budgétaire, nicolas sansu, pacte budgétaire européen | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
26/09/2012
Quand la bourse a perdu "1000 milliards de dollars en 20 minutes"
En enquêtant sur le krach éclair de 2010, le Sénat américain a ouvert le débat sur la régulation du trading haute fréquence, les transactions financières faites par des ordinateurs. Et il y a urgence, maintenant que les machines ont remplacé les traders sur près de 70 % des échanges boursiers, la finance devient plus que jamais incontrôlable.
Le trading haute fréquence (HFT) est une activité à hauts risques qui n’est aucunement bénéfique au marché. C’est en substance le message adressé au Sénat américain par David Lauer, un trader repenti, aujourd’hui reconverti dans des activités de conseil. Il explique que tous les jours, des titres d’entreprises se font attaquer par des algorithmes et s’effondrent et se redressent en l’espace de quelques secondes. Nanex(1) a observé pas moins de 2000 mini-krach rien que cette dernière année.
Parfois c’est plus grave. En août, la société Knight Capital a perdu 440 millions de dollars en moins de 45 minutes à cause d’une petite erreur dans l’algorithme de leur nouveau logiciel de trading. On ne pleurera pas sur le sort de cette société qui périt par sa propre irresponsabilité, par l’arme qu’elle a participé à créer. Toutefois les dommages collatéraux pourraient être énormes, en matière d’emplois notamment.
"Ce n’est qu’une question de temps avant le prochain krach"
"Peu réalisent à quelle catastrophe nous avons réchappé le 30 juillet dernier. Des machines ont lancé en 3 secondes la vente de 4,1 millions de titres, juste avant la fermeture du marché. Si l’ordre avait été passé quelques minutes plus tôt, on aurait assisté à un nouveau krach boursier." C’est que le fantôme du « flash krach » de 2010, preuve de l’impuissance, à la fois des traders et du gendarme des marchés (la SEC), pousse le Sénat à rechercher des solutions. "C’était l’accident le plus énorme et imprévisible en 218 ans d’histoire de la bourse. En 20 minutes, le marché a plongé puis s’est redressé, perdant puis regagnant près de 1000 milliards de dollars en valeur", ce qui a créé une grave crise de liquidités, témoigne l’ex trader David Lauer qui était au cœur de la tourmente. "Et alors que je regardais le Krach en cours, j’ai assisté à quelque chose d’impensable : le marché a tout simplement disparu, pendant ce qui m’a semblé une éternité. […] On a annulé tous nos ordres parce que personne ne comprenait ce qui était en train de se passer, on n’avait plus confiance en nos données."
"Personne ne peut prévoire ce qu’il va se passer"
Car si ce sont bel-et-bien des hommes qui ont programmé ces intelligences artificielles super sophistiquées et capables d’apprendre par elles-mêmes, les programmeurs sont globalement incapables de prévoir comment ces machines vont réagir les unes face aux autres.
La SEC, le gendarme financier américain, a contraint les acteurs de trading haute fréquence à introduire des coupe-circuit automatiques, sensés faire office de disjoncteur sur les marchés dès qu’une machine s’emballe. Mais non seulement ils se sont révélés inopérants lors du bug qui a coûté plus de 400 millions à Knight, mais en plus ils ne fonctionnent pas toute la journée.
Le Sénat américain envisage donc quelques solutions pour limiter la nocivité du HFT. La première étant d’imposer une latence, c'est-à-dire un temps de validation de chaque ordre. Ce qui permettrait de plus facilement d’identifier les anomalies avant qu’il ne soit trop tard, comme de rendre plus « équitable » les compétitions entre traders. La taxe sur les transactions financières ne suffirait pas, l’écrasante majorité des ordres d’achat étant annulés, une taxe sur l’annulation permettrait de saper le gros de l’intérêt du HFT. L’ex trader précise que multiplier les tests logiciels, les débogages, ce n’aura qu’une portée limitée vue les capacités d’apprentissage des intelligences artificielles. Au moins le Sénat américain est conscient du problème et se saisit de la question. Ou on peut aussi attendre que ce système implose de lui-même.
(1)Nanex est une société américaine forte utile pour étudier le fonctionnement des marchés, puisqu’elle a développé un programme permettant d’analyser jusqu’à 8 milliards d’opérations boursières par jour. Leurs études permettent de se rendre compte de l’influence des machines dans le jeu financier.
Article publié par l'Humanité
10:01 Publié dans Actualités, Cactus, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bourses, marchés financiers, les marchés, finances, knight capital | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |