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25/08/2011

Monique Pinçon-Charlot « Il faudrait soigner l’addiction à l’argent des plus riches »

richesse.jpgPour la sociologue Monique Pinçon-Charlot, la campagne sur les déficits publics est une arme idéologique des néolibéraux pour balayer les droits sociaux sur la planète.

Parmi les arbitrages budgétaires discutés demain en conseil des ministres figure 
la proposition de taxer 
les revenus « extravagants ». 
Une telle mesure vous paraît-elle crédible de la part du « président 
des riches ? »

Monique Pinçon-Charlot. C’est un écran de fumée. Le PDG de Publicis, Maurice Levy, a effectivement proposé une petite contribution exceptionnelle des riches mais il l’accompagne de contreparties très violentes pour les peuples : supprimer les dernières poches de 
solidarité qui existent (sécurité sociale, fonction publique), livrer les services au secteur privé, faire tomber au plus bas le coût du travail. Il le dit très clairement : nous, les riches, on fait une opération de communication qui va peut-être nous décharger de 300 millions d’euros, et vous le peuple, vous payez le prix fort ! Les 300 millions correspondent à peu près à la somme votée par les députés UMP quand ils ont décidé de fiscaliser les indemnités des accidentés du travail. Cela montre l’hypocrisie du système.

Vous dites qu’il n’y a pas de problème d’argent mais un manque de volonté politique pour aller le chercher là où il se trouve. Allez-vous jusqu’à penser que la résorption des déficits publics est un faux problème ?

Monique Pinçon-Charlot. Oui, ce débat est totalement faussé. Le déficit et la dette sont des armes économiques et idéologiques. Les néolibéraux s’en servent pour accélérer leur agenda politique et balayer les droits sociaux sur la planète. Tous les bénéfices de la planète finance reviennent aux trois quarts aux financiers, mais c’est au contribuable qu’on demande de rembourser. Avec eux, c’est « face je gagne, pile tu perds ! ». Le système est fait par l’oligarchie financière, il fonctionne pour elle et nous sommes arrivés à un point où la question se pose de soigner l’addiction à l’argent des plus riches.

Que préconisez-vous pour retrouver un cercle plus vertueux dans le partage de la richesse ?

Monique Pincon-Charlot. Déjà, que les riches payent leurs impôts. Le système fiscal doit être revu pour être, non pas dégressif comme aujourd’hui, mais profondément progressif. Le travail est de loin le revenu le plus taxé en France, bien plus que le patrimoine ou le capital. Nous pensons qui faudrait imposer tous les types de revenus, avec un prélèvement à la source, du plus bas, au plus haut. Dans notre système, la TVA serait supprimée et la dernière tranche serait taxée à 95 %.

Le débat s’accélère aussi sur les niches fiscales. Les supprimer ferait rentrer de l’argent dans les caisses…

Monique Pinçon-Charlot. Il faut mettre fin à toutes les stratégies d’optimisation fiscales que nous, sociologues, appelons du vol légal. Pour ramener le déficit public de la France à 3 % en 2013, si tant est que ce soit la principale question posée au pays, ce dont je doute, il faut trouver 95 milliards d’euros. Parmi les enveloppes disponibles, il est possible de piocher dans les 500 niches fiscales qui représentent 75 milliards d’euros. C’est la partie connue du débat. Ce qui l’est moins, et cela fait partie des petites surprises que nous réservons dans la version réactualisée de notre livre (1), concerne par exemple les 80 milliards d’euros comptabilisés dans les modalités particulières de calcul de l’impôt (MDPCI). Le bouclier fiscal est une niche fiscale qui n’a jamais été classée comme telle. Il est rangé dans les MDPCI. On peut faire passer beaucoup de sommes d’une ligne à l’autre. Il y a aussi beaucoup d’argent disponible dans les paradis fiscaux. Une société financière estimait en 2007 que les avoirs non déclarés de Français en Suisse se chiffrent à 80 milliards d’euros (seuls 2 milliards sont déclarés). Sans compter la boîte noire des paradis fiscaux… Les sommes en jeu sont astronomiques.

Publié par l'Humanité

 

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06/08/2011

Les raisons de la tempête qui a secoué les marchés

marches.jpgUne croissance atone, un endettement public et privé qui monte, un excès de chômage menacent le système financier international.

Au cœur de la tempête qui a secoué cette semaine l’ensemble des places financières mondiales, même si l’on constate depuis une accalmie relative, il y a à la terrible inquiétude à l’égard du cocktail explosif élaboré par les économies des grands pays capitalistes : une croissance qui s’essouffle, un endettement public et privé considérable, un excès de chômage et de précarité.

Les Etats-Unis sont d’excellents spécialistes des cocktails. Depuis 5 ans, leur PIB n’a progressé que de 1 700 milliards de dollars, soit de 12,5 % et leur dette fédérale de 6 000 milliards, soit de 73 %. Le taux de chômage a doublé, passant de 4,6 à 9,2 %. Le cocktail européen est encore plus épicé en raison des inégalités de développement entre le nord et le sud. La croissance espagnole tourne au ralenti et l’Italie ne va guère mieux. En France, les indicateurs sont également inquiétants.

Cette situation a pour effet de faire monter au ciel les taux d’intérêts des dettes publiques du sud européen, accroissant le différentiel avec l’Allemagne, aggravant la charge de la dette dans les budgets publics au détriment des dépenses socialement utiles et renforçant les craintes d’un étranglement des pays les plus en difficulté : l’Italie et l’Espagne après la Grèce, l’Irlande, le Portugal et Chypre.

Les créanciers s'inquiètent

L’inquiétude quant aux risques sur la croissance et l’équilibre financier de la planète est particulièrement partagée par deux grands créanciers des Etats-Unis et de l’Europe, la Chine et le Japon. La Chine craint pour ses énormes réserves en dollars, accumulées grâce au boom de ses exportations. Le Japon, dont la croissance est faible, s’alarme de l’impact sur ses propres exportations compte-tenu de la flambée de sa monnaie vis-à-vis du dollar.

Que fait donc l’Europe pour contribuer à éteindre l’incendie qui la menace et risque de s’étendre ? Un nouveau sommet extraordinaire va-t-il être convoqué ? Pour quoi faire ? Certains proposent que les pays de la zone euro émettent des emprunts auprès des marchés financiers, des « eurobonds », garantis par les Etats, qui serviraient à soulager les budgets des pays naufragés, d’autres de renforcer la capacité d’emprunt du Fonds de stabilité financière (FESF). Mais rajouter de la dette à la dette, ce n’est pas la solution. Aussi l’idée monte d’une intervention de la Banque centrale européenne (BCE). Cependant, si elle se contente de racheter des titres de dettes publiques grecques, portugaises ou même espagnoles ou italiennes aux banques qui en détiennent, cela risque de soulager davantage celles-ci que les Etats émetteurs.

S'attaquer aux vrais responsables

Pour éteindre l’incendie il faut d’abord s’en prendre aux incendiaires, s’attaquer à la spéculation en instaurant une taxation des transactions financières et un prélèvement spécifique sur les institutions financières qui se sont enrichies au détriment des budgets publics, sachant qu’il faudrait précisément définir la destination de ces deux prélèvements. Il faudrait également remplacer l'actuel Fonds européen de stabilité financière par un Fonds social et solidaire pour le développement européen, comme le proposent le PCF, le Front de gauche et le Parti de la gauche européenne (PGE).
Seraient ainsi émis des titres nationaux de dette publique rachetés directement par la BCE à un taux d'intérêt nul dont les recettes alimenteraient ce nouveau Fonds. Celui-ci serait chargé de les répartir, démocratiquement, entre chaque pays, selon leurs besoins respectifs, dans le but express de développer leurs services publics et leur potentiel de croissance sociale nouvelle.

Publié par l'Humanité

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13/06/2011

SALAIRES DES PATRONS DU CAC 40

Enerve.jpgMichel Rollier et Michelin en tête

Une fois n'est pas coutume, c'est le premier des trois gérants de Michelin, Michel Rollier, qui ravit la première place du palmarès 2011 des salaires des patrons du CAC 40 établi par « Les Echos », avec une rémunération de 4,5 millions d'euros au titre de 2010. Les deux autres places du podium sont occupées par des habitués du trio de tête, à savoir Franck Riboud, PDG de Danone, avec quelque 4,4 millions d'euros d'émoluments et Bernard Arnault, PDG de LVMH (propriétaire des « Echos »), avec 3,9 millions d'euros de rémunération totale. Le total des salaires des patrons du CAC atteint cette année plus de 98,3 millions d'euros, soit une moyenne de 2,46 millions d'euros par dirigeant et 24 % de plus qu'en 2009 (à périmètre non comparable). Michel Rollier remporte aussi la palme de la plus forte progression de salaire, avec un bond de 505 % par rapport à 2009. Une évolution directement liée aux performances du fabricant de pneumatiques, dont le résultat net annuel a décuplé sur cette période. Car, c'est une particularité, Michel Rollier ne touche pas de rémunération fixe. Tous ses émoluments proviennent de son bonus « cash », dont le montant est fixé chaque année en fonction des résultats de l'entreprise. C'est d'ailleurs ce qui fait la grande spécificité de Michelin par rapport aux autres valeurs vedettes du CAC 40. Son statut de société en commandite par actions lui permet d'exiger plus de ses gérants. Ainsi, le gérant associé commandité « ne perçoit aucun salaire ni avantage en nature, jetons de présence, retraite complémentaire ou indemnité de départ », indique son document de référence.

Le bonus, soupape de dépressurisation

En renonçant à sa part variable après la rocambolesque affaire d'espionnage qui a touché son groupe, le patron de Renault, Carlos Ghosn, a pris les devants sur les reproches qui auraient pu lui être adressés en la matière. Il l'a fait savoir à l'AFP puis sur le plateau de TF1 le jour même du conseil d'administration extraordinaire qui l'a appuyé dans son plan d'action, le 14 mars dernier. Cette annonce, intervenue au moment même ou Renault s'excusait auprès des trois cadres licenciés, valait reconnaissance de faute et visait à calmer les critiques, dont les demandes de démission. Après y avoir renoncé deux années de suite, le directeur exécutif d'EADS, Louis Gallois, devrait pour sa part recevoir plus de 1,7 million d'euros de primes au titre de 2010, d'où la forte hausse de son salaire annuel. Le patron d'Alcatel-Lucent voit lui aussi sa rémunération globale fortement augmenter grâce à une part variable de plus de 1 million d'euros. Même chose à la Société Générale, dont le PDG, Frédéric Oudéa, touchera cette année son premier bonus.

Des retraites plus ou moins généreuses

Cette part du « package » de rémunération est encore épargnée par les codes de gouvernance de la place parisienne. Du coup, il reste très difficile d'évaluer à l'instant T son importance. Elle peut pourtant s'avérer alléchante pour ceux qui, à terme, en bénéficient. Lorsqu'elles existent, les retraites « additionnelles », « supplémentaires » ou « complémentaires » peuvent donner lieu au versement de juteuses pensions annuelles à vie. A l'exception des groupes publics et de quelques rares groupes privés (Michelin, Publicis), presque tous les groupes du CAC 40 en prévoient, avec plus ou moins de transparence quant au montant finalement attribué. Ainsi, Alcatel-Lucent a pris l'engagement de garantir à Ben Verwaayen une retraite complémentaire à hauteur de 40 % de sa rémunération, calculée par rapport à la moyenne des deux années les mieux rémunérées de ses cinq dernières années d'activité. Même chose chez AXA pour Henri de Castries. Chez Lafarge, la pension promise à Bruno Lafont équivaut à 26 % de la rémunération de référence. Pour les dirigeants de Saint-Gobain, le régime promis est le même que celui de tous les salariés. De même chez Vallourec.

Un quasi-alignement des parachutes dorés

Un peu plus de la moitié des quarante valeurs de l'indice vedette parisien prévoient des indemnités de départ en cas de cessation de mandat de leur dirigeant (départ contraint ou lié à un changement de contrôle ou de stratégie). Une quinzaine d'entre elles se sont alignées sur le maximum recommandé par le « code de gouvernement d'entreprise des sociétés cotées » des syndicats patronaux Afep et Medef, soit deux ans de rémunération brute (fixe et variable). Cela représente environ entre 2 et 5 millions d'euros de parachute doré, si l'on se fonde sur la rémunération moyenne des dirigeants du CAC 40 en 2010. Mais ces montants peuvent vite monter si la « rémunération de référence » est élevée. Sans surprise, les groupes publics (EDF, France Télécom) ou dirigés par des actionnaires de référence, notamment familiaux (Bouygues, LVMH), ne prévoient pas ce genre d'indemnités pour leurs patrons.

MATHIEU ROSEMAIN, LES ECHOS

Pour aller plus loin :

BLOG de Dominique Seux. Le salaire d'un patron du CAC40 représente 150 fois le SMIC (26 avril 2011)

BLOG Echos-Markets. Les salaires des « traders » font le grand écart (20 avril 2011)

Photo : Michel Rollier, patron de Michelin (AFP/Patrick Kovarik)

Méthodologie

Le tableau récapitulatif sur la rémunération des dirigeants des sociétés du CAC 40 est établi chaque année par « Les Echos » à partir des documents de référence fournis par chacune des quarante valeurs vedettes françaises ou leur équivalent (formulaire 20-F pour STMicroelectronics et ArcelorMittal, également cotés à New York). Il reprend les rémunérations fixes, variables et/ou exceptionnelles dues aux dirigeants mandataires sociaux au titre de l'exercice précédent, autrement dit les émoluments exprimés en espèces. Il exclut de ce fait les bonus « différés » sous forme de titres, à savoir les stock-options et les actions gratuites, qui peuvent s'avérer à terme très lucratifs pour leurs bénéficiaires.
 
LE TABLEAU COMPLET

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19:16 Publié dans Actualités, Economie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : salaires, patrons, cac40 | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

23/05/2011

2000 radiations par mois, ça carbure au Pôle emploi

pole_1.jpgIl y a une « baisse continue du nombre de demandeurs d’emploi » explique Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi au quotidien Les Echos. Précisant sans complexe un peu plus loin radier des listes environ 2000 personnes par mois.

Elle est belle la baisse du chômage. En cause, l’offre raisonnable d’emploi, (ORE), une loi qui a bientôt 3 ans, et qui demande à Pôle emploi de radier de ses listes les chômeurs qui ont refusé deux offres d’emploi « raisonnables ». C'est-à-dire qui n’acceptent pas des boulots moins bien payés (85% de l’emploi précédent au bout de 6 mois de chômage), à moins de 30 km de son domicile et plus ou moins dans ses compétences. Autre motif de radiation, le refus d’une formation ou l’impossibilité de prouver "l'accomplissement d'actes positifs et répétés en vue de retrouver un emploi".

Ce même jour, l’Unedic annonce une baisse d’environ 140000 demandeurs d’emploi cette année. Pour une bonne partie, on voit déjà qu’ils ne s’en sortiront pas par le haut.

Publié par le journal l'Humanité

18:08 Publié dans Actualités, Cactus, Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pole emplois, baisse, demandeurs d'emploi | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!