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04/03/2017

« Macron, c’est Tony Blair avec 20 ans de retard »

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Propos recueillis pas Lola Ruscio, Humanite.fr

Entretien avec l’économiste Frédéric Farah, co-auteur de l’ouvrage « Introduction inquiète à la Macron-économie » et professeur d’économie à l’université Paris III.
 
Quelle est votre appréciation de son programme économique dévoilé intégralement jeudi ?

Frédéric Farah : Macron est vendu comme du neuf, mais ce qu’il propose est poussiéreux. Il s’inscrit dans la continuité avec la ligne social-libérale du gouvernement tout en appuyant sur l’accélérateur.  On pourrait croire que la nouveauté se trouve dans sa réforme du marché du travail ou de l’assurance-chômage, mais elles sont directement inspirées du modèle anglais.  Alors que l'assurance-chômage est aujourd'hui financée par les cotisations salariales et patronales, il veut que ce système soit financé par l’impôt. Ce qui va engendrer un Etat social au rabais : tout le monde va bénéficier d’un minimum chômage, mais les indemnités vont être tirées vers le bas, comme c’est le cas en Grande-Bretagne. Pareil sur l’arrêt du versement des allocations chômage en cas de refus après des offres d’emploi, elles aussi inspirées par Margaret Thatcher. Autant de mesures qui ne combattent pas le chômage, mais les chômeurs.

Il s’inspire aussi de la flexisécurité danoise, initiée dans les années 1990, qui repose sur un marché du travail « flexible » et sur des facilités à licencier et embaucher, en assurant aux personnes une allocation modulable dans le temps et un accès à la formation. Dans ce sillage, Macron pense qu’accorder plus de flexibilité  sur le marché du travail revient à créer automatiquement des emplois. L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui préconisait cette recette en 1994, concédait en 2004,  qu’il n’y a pas de corrélation entre la création d’emplois et la  flexibilité.  Au bout de la logique libérale, la flexibilité conduit à la modération salariale : le salaire est perçu comme un coût à comprimer pour gagner en compétitivité.
 
En ce sens, son projet s’inscrit-il dans les politiques d’austérité mises en œuvre en Europe ?
Oui. Emmanuel Macron est euro-compatible : il promet un plan de relance de 50 milliards et une réduction des dépenses publiques à hauteur de 60 milliards d’euros, en restant très flou sur la manière dont il va le faire. Comme il ne veut pas changer de cadre européen, il va davantage libéraliser, miser sur la  formation et la  mobilité en espérant que ça marche,  accroître le contrôle des chômeurs… Il reste dans cette logique qui consiste à traquer la dépense publique, comme si elle était improductive par nature. A l’instar des élites françaises, le candidat souhaite amplifier les réformes structurelles pour obtenir les faveurs de l’Allemagne. C'est-à-dire réformer le droit du travail et la protection sociale et ne trouve rien à redire sur l’euro ou les règles budgétaires. Sans sortir de ces règles européennes, une seule orientation politique est possible, qui repose sur un élargissement de la concurrence et un renforcement des mécanismes de marché.
 
L’alternative pour sortir de l’austérité est européenne ?
Oui, mais pas dans l’Europe que nous connaissons. Depuis le tournant de la rigueur sous Mitterrand, et plus que dans les décennies précédentes, la France a choisi d’associer son avenir au sein de la construction européenne. Personne n’a remis en cause cette idée, qui a été reprise par les majorités gouvernementales successives. Mais, aujourd’hui, les candidats devraient débattre sur notre rapport à l’Europe. Il appartient à la France de redonner vie au couple franco-allemand, non pas en se soumettant à son modèle, mais en lui expliquant qu’elle a intérêt à redevenir une Allemagne européenne, comme ce fût le cas pendant la guerre froide, et non plus une Europe allemande, comme c’est le cas aujourd’hui.
Concernant la zone euro, même le FMI, qui n’est pourtant pas une organisation altermondialiste, explique que la monnaie européenne est surévaluée pour l’économie française et sous-évalué pour l’économie allemande. Emmanuel Macron a choisi de ne pas s’emparer de ce débat. Pourtant la solution est européenne. 

05/12/2016

L’OFCE pointe le gâchis du pacte de stabilité

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Clotilde Mathieu, L'Humanité

La politique gouvernementale est en partie visée par l’organisme de recherche, qui prône une relance de 20 milliards d’euros afin de créer 245 000 emplois en trois ans.

Et si l’investissement public était un des leviers pour créer de l’emploi et de la croissance et retrouver le chemin d’une reprise durable ?

La réponse semble convenue, mais l’affirmation est toujours plus pertinente lorsqu’elle est appuyée par des chiffres. À court terme, une hausse de l’investissement public de 1 %, soit 20 milliards d’euros environ, générerait par exemple au bout de trois ans « une hausse du PIB de 1,1 % et une réduction de 245 000 chômeurs si elle est financée par la dette », résume le président de l’OFCE (Office français de conjoncture économique), Xavier Ragot.

Recul de l’investissement en France de 4,2% à 3,5% du PIB

Surtout que, en temps de crise, l’effet sur l’activité est plus fort, précise l’économiste. C’est dire le gâchis en termes d’emplois et de points de croissance perdus, puisque, entre 2009 et 2015, l’investissement public a reculé en France de 4,2 % à 3,5 % du PIB à cause des politiques économiques menées consécutivement par Nicolas Sarkozy puis François Hollande.

Les économistes qui ont travaillé sur ce rapport ciblent particulièrement les investissements relevant de « la transition écologique, l’amélioration du système éducatif ou encore les infra-structures de transport dans des villes congestionnées ou dans le très haut débit numérique, l’eau, les déchets ».

Si la nécessité de nouveaux investissements fait consensus, la question de son financement, elle, fait débat. François Fillon annonçait jeudi sa volonté de vendre les bijoux de la France en poursuivant la vague de privatisations des entreprises détenues par l’État « dans le secteur commercial », y voyant un moyen de « réinvestir le fruit de ces privatisations dans des infrastructures » sans alourdir la dette, quand d’autres, à l’instar de la gauche alternative, proposent de renégocier les traités européens.

L’OFCE propose d’ailleurs, lui aussi, de surseoir au pacte de stabilité, appliqué par François Hollande dès 2012, avec l’instauration d’une « règle d’or » qui exclurait « les investissements publics, mais aussi les dépenses de fonctionnement, notamment dans les domaines de l’éducation ou de la santé ».

Selon l’OFCE, ces 20 milliards d’euros d’investissement n’auront que peu d’impact sur les finances publiques du fait de la faiblesse des taux d’intérêt. La dette augmenterait de 2,5 % en cinq ans. À titre de comparaison, entre 2012 et 2017, selon les prévisions du gouvernement, celle-ci aura progressé de 7,7 %. Prenant les devants, les économistes alertent sur le faible effet des investissements si ceux-ci devaient être financés via une baisse des dépenses publiques. L’apport ne serait alors que de 0,4 % du PIB et le nombre des effectifs salariés de 147 000.

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18/02/2016

« En avant vers le passé ! »

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L'éditorial de Patrick Apel-Muller, journal l'Humanité

: "Tout cela dessine un ordre cohérent, le libéralisme autoritaire où le patron n’est pas seulement choyé par un premier ministre qui aime les entreprises, mais dont la toute-puissance s’édifie sur les vestiges de la République. À gauche, il est grand temps de rallier le mot d’ordre de Rimbaud : « Il faut être résolument moderne, tenir le pas gagné. » Et reprendre la marche vers le progrès."

Mais que restera-t-il à Nicolas Sarkozy  ? Je n’évoque pas là ses malheurs judiciaires mais le pillage en règle dont il est victime. Après lui avoir ôté la part de copropriété qu’il détenait avec Marine Le Pen sur la déchéance de la nationalité, voilà que François Hollande et Manuel Valls lui dérobent son libéralisme forcené.

La loi, qu’ils ont chargé Myriam El Khomri de présenter, est une véritable bombe placée au cœur du monde du travail, pulvérisant le droit au repos, démantelant le droit syndical par le référendum d’entreprise et la primauté des accords d’entreprise sur la loi, hachant menu les protections contre les licenciements… Le site du Figaro hier soir éprouvait un ravissement au bord de la pâmoison et même de l’épectase. Voilà l’avènement de la loi du plus fort, celle du patron restaurée dans sa version la plus rétrograde. « En avant vers le passé ! », proclament les marquis du régime.

La même inspiration préside à ce démantèlement du droit du travail qu’au monstrueux gaspillage de fonds publics que constitue le pacte de responsabilité. Des dizaines de milliards d’euros sont jetés dans la fournaise des dividendes et des placements financiers. Calculez ce que 40 milliards auraient pu utilement financer : au moins 400 000 emplois annuels convenablement rémunérés, autant de chômeurs en moins, de consommateurs en plus relançant l’activité, de postes utiles pour l’éducation, la santé, la culture, la transition énergétique… Mais ils ont été détournés vers les profits, cette politique de l’offre et son corollaire, le démantèlement du modèle français, avec ses protections sociales et ses droits.

Tout cela dessine un ordre cohérent, le libéralisme autoritaire où le patron n’est pas seulement choyé par un premier ministre qui aime les entreprises, mais dont la toute-puissance s’édifie sur les vestiges de la République. À gauche, il est grand temps de rallier le mot d’ordre de Rimbaud : « Il faut être résolument moderne, tenir le pas gagné. » Et reprendre la marche vers le progrès.

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09:59 Publié dans Actualités, Economie, Pour les nuls | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : code du travail, gouvernement, medef | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

26/10/2015

Le danger des milliers d’autocars Macron

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Un accident du travail, n’est pas le moment de se recueillir, mais de faire le maximum de bruit pour que les consciences s’éveillent, à chaud, et que les mesures soient prises vite, pour que ça ne se reproduise plus. C’est à ce moment là, hélas, tous les praticiens le savent, qu’on a le plus de chances de stopper des travaux dangereux et d’imposer des mesures de sécurité. Et souvent les patrons dans ces cas-là sont pour le recueillement des familles pas pour l’enquête de l’inspection du travail ni des services de sécurité !

Filoche, bus, FilocheCe fut le cas pour la mort le 13 juillet d’un intérimaire de 41 ans tombé dans la fonte liquide à 1400° chez Arcelor-Mittal. Quand le CHSCT de Grand-Scynthe a voulu exiger une expertise, la direction a refusé, et on attend encore la décision du tribunal.

Et un autre ouvrier, intérimaire lui aussi, de 29 ans est tombé dans la fonte liquide en septembre. Les gros médias des 7 milliardaires ont parlé des « chemises déchirées » à Air France mais jamais de ça ! Sinon ils auraient été obligés de reconnaitre que 21 % d’intérimaires chez Arcelor, site classé « Seveso » et en convention avec l’état, c’était tout simplement criminel.

On a tous été traumatisés par le tragique accident d’autocar/camion de Puisseguin et terriblement émus par les familles des 43 victimes. Les gros médias ont critiqué ceux qui parlaient très vite des urgences que soulevait ce drame. Bien sur que ces morts-là n’ont pas été causés par la loi Macron du 8 août 2015 mais ils alertent forcément car depuis 6 semaines, 250 000 passagers ont été transportés, à cause d’elle, en autocar contre 110 000 pour toute l’année 2014.

L’urgence est donc de faire face aux risques pour ces milliers de nouveaux autocars qui remplacent en ce moment 40 % des trains. D’autant que des millions de pauvres, retraités, jeunes, n’ont pas le choix, exclus du service public de la SNCF par le prix exorbitant des trains, les voilà relégués dans une nouvelle « 3° classe » sur des routes dangereuses, dans l’insécurité des files de cars doublant des camions. Le tout autoroute contre le rail et le fret.

Charles Fiterman, ancien ministre des transports, listait dans l’Humanité du 17 octobre 2014 l’ensemble des inconvénients du transport par autocar : « Veut-on une nouvelle catastrophe comme celle survenue à Beaune sur l’autoroute A6 le 31 juillet 1982, avec 44 enfants morts ? » Les cars inconfortables et lents, soumis à des parcours épuisants ont jusque là tué 7 fois plus que le train : que va t il arriver avec des milliers de plus lâchés de façon incontrôlée sur toutes les routes. Les transporteurs se sont rués sur l’or sans même que les décrets d’application de sécurité de Macron aient été publiés. C’est la course des compagnies sous-traitantes, avec des intérimaires, et demain, des auto-entrepreneurs «uberisés». Sans parler de la pollution totalement contradictoire avec la COP21.

Alors oui, halte à la loi Macron, faisons le maximum de bruit, imposons de la stopper avant que d’autres accidents ne se produisent. Vite, retour au progrès : autant de rail que possible en service public, moins cher et pour tous, et seulement des autocars quand il n’est pas possible de faire autrement.

Gérard Filoche

à lire dans l’Humanité dimanche chronique « au boulot » n°262

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19:45 Publié dans Actualités, Cactus, Economie, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : filoche, bus, filoche | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!