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14/06/2015

VISION DES FEMMES ET DE L'ORIENT !

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Tableau le plus cher au monde! Merci à Picasso, allié de la résistance algérienne, d'avoir métamorphosé le tableau "orientaliste" de Delacroix.

Inès Safi

"Dans l’écriture et l’art orientalistes, le harem est souvent dépeint comme un endroit où un grand nombre de femmes illettrées attendaient passivement l’occasion de satisfaire les besoins sexuels de leur maître. Les photographes orientalistes ont utilisé les images des femmes moyennes-orientales tantôt comme objets sexuels tantôt comme une métaphore de l’Orient.

« Les photographies orientalistes des femmes ont servi à définir l’altérité, à exprimer les fantasmes sexuels des hommes occidentaux d’une façon acceptable (parce que lointains et donc non menaçants) ; et de justifier le colonialisme en conjurant arriération, dépravation ou absence de la notion de temps chez les Moyen-orientaux ». Durant la période coloniale, la notion d’un Orient qui attend d’être pénétré par l’Occident était prédominante dans l’art, notamment la peinture, la photographie et la littérature. De plus, la féminisation du territoire liait métaphoriquement la conquête des femmes colonisées à la conquête du territoire indigène inscrivant ainsi les notions sexuées de conquête et d’assujettissement dans les fantasmes coloniaux.

Pour les féministes occidentales dont le but était d’atteindre l’égalité en Occident, la participation des femmes à la vie publique était perçue comme la condition préalable à toute émancipation. Elles ont ainsi mesuré le statut et le pouvoir des femmes dans les sociétés non occidentales selon le degré d’accès des femmes à la sphère publique et la mixité entre les sexes. Elles ont négligé le degré de l’influence sociale que les femmes musulmanes possédaient véritablement et n’ont pas prêté attention à la façon dont les musulmanes interprétaient leurs propres besoins et statuts.La perception des rôles de genre dans les sociétés européennes et colonisées a servi les prétentions à la supériorité des puissances coloniales et a justifié le colonialisme. Selon Leila Ahmed, « Les féministes occidentales étaient intégrées au service du colonialisme au même moment que les colonialistes combattaient le féminisme dans leurs propres sociétés ».

Contrairement aux présupposés selon lesquelles les femmes musulmanes étaient prisonnières du harem, beaucoup d’entre elles étaient présentes dans l’espace public, physiquement ou symboliquement, selon leur statut social. Les femmes paysannes et tribales (qui constituaient la majorité écrasante de la population féminine au dix-neuvième siècle) ou celles appartenant aux couches populaires urbaines exerçaient une activité économique. En Egypte par exemple, leur activité économique était soutenue par les réseaux locaux et informels des femmes plus aisées. Ces réseaux ont été d’ailleurs largement affaiblis suite à l’intégration centralisatrice de l’économie égyptienne au marché européen. Par ailleurs, différentes activités et pratiques sociales, y compris celle de l’observance religieuse, réunissaient les femmes de diverses origines et catégories sociales leur permettant aussi de forger des stratégies personnelles ou collectives susceptibles de mettre en question les rapports de pouvoir ou les inégalités sociales entre les sexes.

Les femmes aisées exerçaient un rôle économique, social ou politique (en tant qu’épouse ou mère du Sultan, des princes ou de l’élite politique) au sein d’un espace ségrégé (le harem) qui était pourtant lié à l’ensemble de la société. Pour l’historienne Leslie Pierce, le pouvoir des femmes de la maison ottomane était trop publiquement affirmé et trop solidaire de l’institution politique pour avoir été totalement illégitime. Elle précise par ailleurs que les femmes du harem n’étaient ni plus ni moins recluses que les hommes de rang correspondant. Se protéger des regards, dans la société ottomane, serait affaire de statut et non de sexe. À travers l’étude des archives juridiques ottomanes, Ronald Jennings montre que les femmes se présentaient devant les qadis (juges religieux) pour porter plainte, demander le divorce, la garde de leurs enfants ou leurs parts de l’héritage et qu’elles obtenaient souvent un jugement favorable.

Au dix-neuvième siècle et contrairement à leurs homologues européennes, les musulmanes restaient propriétaires de leurs biens et continuaient de les contrôler après le mariage. Les femmes aisées ne sortaient certes pas de chez elles du fait de leur rang social, mais interagissaient avec la société, y compris avec les producteurs et les commerçants. La présence de ces femmes à l’extérieur du foyer était assurée par leurs œuvres caritatives : la construction des fontaines, l’établis-sement des écoles religieuses ou des bains publics qui portaient leurs noms. Il s’agissait donc d’une autre méthode à travers laquelle les identités des femmes aisées orientales/musulmanes entraient dans l’espace public23.

Cependant, étant différente de l’expérience des occidentales, leur présence dans l’espace public n’était pas reconnue par les féministes eurocentristes dont les discours et les écrits ont souvent servi à justifier la guerre coloniale, ni par les féministes hégémonistes plus d’un siècle plus tard. Dans cette optique, elles ont qualifié le voile d’instrument de réclusion des femmes et de leur ségrégation sexuelle ainsi que symbole principal de leur statut inférieur. Dans les années 1930 et 1940, les féministes occidentales membres de International Alliance of Women et leur présidente Hanna Rydh ont accordé une importance primordiale à l’interdiction du port du voile. Leurs discours et textes qui insistaient sur le besoin des femmes musulmanes d’être « libérées » de leur voile en même temps que « de leurs oppresseurs » (à savoir leurs pères, frères ou époux) perpétraient le discours du colonialisme.

Cette position rappelle celle de Lord Cromer, Consul général britannique en Égypte de 1883 à 1907, convaincu de l’infériorité de l’islam et de la société musulmane et de ce qu’il appelait « l’esprit de l’oriental ». Il condamnait avec véhémence la façon dont l’islam traitait les femmes et estimait que le voile et la réclusion des femmes constituaient les entraves fatales à l’accès à la civilisation occidentale des Égyptiennes. Il estimait que ces femmes devaient être persuadées ou à défaut être forcées à devenir civilisées en abandonnant le port du voile. Mais Cromer a tout fait pour entraver l’accès des femmes égyptiennes à l’école et une fois en Angleterre, il a fondé la Ligue des hommes contre l’octroi des droits politique aux femmes britanniques.

Entre 1912 et 1950, Jus Suffrajii, l’organe de International Women’s Suffrage Alliance dont la plupart des postes de direction était occupée par les femmes européennes et américaines, a publié 27 articles qui reproduisaient les stéréotypes orientalistes sur l’ignorance, la passivité et la paresse des femmes du harem.Au fur et à mesure que les femmes occidentales s’approchaient de leurs objectifs (à commencer par le droit de vote et d’éligibilité), l’Orient leur est apparu de plus en plus arriéré. Ces féministes occidentales ont négligé les diversités historiques, les changements en cours dans les pratiques culturelles et des négociations politiques qui contribuent à changer le sens et la signification de ces pratiques. Elles ont ainsi substitué l’analyse essentialiste de genre à celle de l’essentialisme culturel estimant que l’abandon des modes de vie ancestrale était la condition préalable à l’émancipation des femmes musulmanes.

L’insistance sur la supériorité de la culture occidentale avait pour fonction de justifier le colonialisme. Cet autoportrait de la culture occidentale n’avait qu’une faible ressemblance avec les valeurs politiques et culturelles réellement existantes dans les sociétés occidentales. Ainsi, liberté et égalité pouvaient être présentées comme des valeurs paradigmatiques au moment où les nations occidentales étaient engagées dans l’esclavage, la colonisation et le déni de liberté et d’égalité à l’égard d’un large éventail de « sujets » occidentaux, y compris les femmes.

Les femmes étaient utilisées pour établir les identités raciales et pour construire un racisme apte à légitimer l’exploitation coloniale sur la base de la « mission civilisatrice ». Comme l’a précisé Ong, « Ces attitudes ethnocentriques sont colonisatrices et nient aux femmes vivant dans différentes sociétés leurs propres réalités et expériences dans la construction de genre et de sexualité et le droit de déterminer le sens et les buts de leurs vies »

Ces préjugés des féministes eurocentristes étaient partagés par les colonisateurs en Afrique : « La lecture des sociétés africaines selon le filtre des valeurs victoriennes aboutit au refus de connaître aux femmes un rôle actif dans les sociétés africaines tant sur le plan économique que politique. Elles furent privées de formes de pouvoir politique dont elles disposaient avant la colonisation (...) Les administrateurs marginalisèrent les femmes qui occupaient une place fondamentale dans la production agricole (…) Ils restèrent aveugles aux réalités de pouvoir qui concernaient certaines catégories de femmes en fonction de leur âge, de leur statut social ou encore de leur poids économique ».

25Les théories féministes post/dé-coloniale sont certes fragilisé le discours hégémonique en le décentrant mais elles n’ont pas encore réussi à transformer en profondeur la théorie féministe occidentalocentrique et ses militantes. Le soutien de nombreuses féministes Nord américaines et européennes à l’invasion américaine de l’Afghanistan, au nom de l’émancipation des femmes afghanes et de la sororité internationale, en est une illustration.

Ces attitude et démarche néo-coloniales entravent les femmes non-occidentales dans leur rôle de natives en tant que sujets historiques et dans leur démarche visant à ce que Aimé Césaire appelle « une réactivation du passé en vue de son propre dépassement », sans succomber à la nostalgie des origines."

Source (article entier et références): http://cedref.revues.org/603

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11:19 Publié dans Connaissances, Inès Safi, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : harem, picasso, orient | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

05/06/2015

Charles Aznavour : « Je ne vieillis pas, je prends de l’âge ! »

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À presque quatre-vingt-onze ans, Charles Aznavour affiche une forme de jeune homme et revient avec Encores. Un album empreint de nostalgie dans lequel il chante avec émotion sa vie, ses amours et ses souvenirs, avant son retour sur scène au Palais des sports de Paris en septembre.

Charles Aznavour en veut Encores. S’il a souhaité ajouter un « s » au titre de son nouvel album, c’est parce que « ça veut dire bis ! » lance-t-il avec un sourire de jeune homme. Aznavour, qui fêtera ses quatre-vingt-onze ans le 22 mai, affiche une forme incroyable et revient avec un disque, le 51e, dans lequel il évoque les moments marquants de sa vie, son enfance (les Petits Pains au chocolat), sa jeunesse à Montmartre (la Maison rose), ses amours (T’aimer), Piaf (De la môme à Édith) ou la Résistance (Chez Fanny). Un album réalisé avec la complicité de Marc di Domenico (réalisateur de Chambre avec vue d’Henri Salvador) dont il signe les textes et, pour la première fois, les arrangements. Un beau voyage dans ses souvenirs où il laisse parler son cœur avec la voix fragile et émouvante d’un homme de son âge. Un registre empreint d’un Brin de nostalgie (son single), qu’il interprétera sur scène dès septembre. Une leçon de vie doublée d’un parcours exceptionnel de chanteur, 
fils d’immigrés arméniens, qui, après plus de soixante-dix ans de chanson, continue de garder la flamme. Chapeau et respect M. Aznavour !

Cet album, c’est un voyage dans votre passé ?

Charles Aznavour Un voyage dans les sentiments de mon passé, ce qui n’est pas pareil. Je ne parle pas de moi, mais des gens que j’ai connus comme Piaf. J’ai écrit très peu de chansons autobiographiques, même si elles le deviennent au bout d’un certain temps.

Vous chantez « Je n’attends plus rien de la vie ». Pourtant, vous paraissez tellement optimiste !

Charles Aznavour On vient du malheur et on va vers le bonheur. C’est comme ça qu’il faut voir les choses. Il faut faire des efforts pour aller vers le bonheur, s’oublier et avoir toujours de l’optimisme. Quand on n’avait rien à manger à la maison, mon père disait : « Ce n’est rien, Dieu nous le rendra. » Et il nous l’a rendu au centuple. On n’était pas particulièrement croyants, mais la phrase nous donnait de l’espoir.

Cette énergie qui vous habite, d’où vient-elle ?

Charles Aznavour Si j’avais été ce que je devais être, je serais mort depuis longtemps dans un génocide. Je suis un survivant merveilleusement heureux. Demain est important pour moi, beaucoup plus important qu’hier. Je vois devant.

Vous arrive-t-il de regretter votre jeunesse ?

Charles Aznavour On regrette des choses de sa jeunesse, mais on ne regrette pas sa jeunesse et les gens qui ont disparu. Je me souviens de ces moments passés dans le Midi chez Brialy où il y avait Le Luron, Chazot, Lapidus, un ami turc qui est mort dans un accident de voiture. On était tous amis, ouverts et pas sectaires. C’est important parce que tout d’un coup, ce n’est pas un juif, un arabe, un homosexuel, c’est un homme ou c’est une femme, voilà. C’était des amis.

Quel souvenir gardez-vous de la butte Montmartre où vous avez vécu ?

Charles Aznavour J’y ai habité longtemps. J’adore la Butte, qui est un vrai village. Il y avait la Maison rose, qui existe encore près du Lapin agile, où on a pris quelques bonnes cuites ! (rires.) On faisait les bistrots, on connaissait tous les peintres, les auteurs comme René Fallet. J’essaie de partager ces souvenirs avec ceux qui n’ont pas connu cette époque et de donner un peu de nostalgie à ceux qui ont connu la Butte et qui n’y vont plus.

Qu’est-ce qui motive votre désir d’écrire ?

Charles Aznavour En vérité, je n’étais pas fait pour écrire. Je suis sorti de classe trop tôt. Je me suis battu pour pouvoir lire. Heureusement, j’ai connu des gens qui m’ont donné des repères, Cocteau, Achard. Comme Piaf les fréquentait, je les côtoyais automatiquement. Je n’ai jamais eu honte de poser des questions. Je me souviens avoir demandé à Jean Cocteau quels livres je devais lire. Et il m’a fait une liste de vingt-cinq ouvrages. Il était très heureux de m’entendre demander cela et moi, j’ai été fier d’avoir osé le faire. Il faut oser dans la vie, ne pas violer les gens, mais leur demander gentiment les choses.

Vous êtes un chanteur internationalement reconnu, mais les débuts ont été difficiles. On vous critiquait, votre physique, votre voix…

Charles Aznavour On n’aimait rien de moi, rien de ce qui a fait mon succès ! (rires.) J’étais persuadé que j’y arriverais parce que je faisais ce qu’il fallait pour réussir. J’ai lu les livres importants, j’ai écouté, regardé ce qui se passait autour de moi. J’ai analysé beaucoup de choses dans la mesure de mes moyens de l’époque où j’étais plus jeune, où je comprenais moins bien et même un peu de travers. Et par la suite les choses ont changé.

Pourquoi avoir tenu à signer les arrangements de l’album ?

Charles Aznavour Je fais tout moi-même. Quand on rate une orchestration, ce n’est pas elle qui est ratée, c’est l’approche qui me ressemble ou pas. Cet album est orchestré par quelqu’un qui n’avait rien fait de pareil car je ne sais pas écrire la musique. Je ne sais pas la lire, tout comme le français que je ne savais pas lire. Je suis un autodidacte au piano, dont je joue bien. J’enregistre ce que je veux pour les cordes. Grâce à un logiciel qui s’appelle GarageBand, je fais la piste du piano, celle du chant et je donne le tout ensuite à quelqu’un qui sait écrire et arranger. Je travaille beaucoup, mais comme c’est un plaisir, je n’arrête pas d’avoir du plaisir ! (rires.)

Parlez-nous de la chanson Chez Fanny dans laquelle vous évoquez la Résistance ?

Charles Aznavour Fanny, elle a sûrement existé. J’avais des professeurs de mathématiques, des Arméniens, qui faisaient de la Résistance et qui ont été fusillés. Il y a eu des cas comme ça. Il faut en parler. On a tous en mémoire un bistrot où des résistants faisaient des tracts dans la cave, où après on emmenait ces gens…

Vos parents, eux aussi, ont participé à la Résistance et abrité Mélinée, l’épouse de Missak Manouchian…

Charles Aznavour Manouchian, il y avait le groupe et ceux qui aidaient. Ma mère était porteuse d’armes qu’elle cachait dans une voiture d’enfant, pour la Résistance. Récemment, j’étais avec un Israélien qui me parlait des Justes, étant donné que mes parents font partie des Justes. Je lui racontais des choses comme ça, qu’il ne savait pas sur le groupe Manouchian.

Piaf, elle, reste la plus grande artiste pour vous ?

Charles Aznavour Non seulement pour moi, mais aussi c’est la plus grande dans le monde. En Amérique, en Russie, en Suède, en Italie… elle est chantée partout et ses auteurs sont bénis. Elle est devenue une image mondiale. Elle était plus planétaire que Maurice Chevalier, qui, lui, l’a été de son vivant. Et il y a Trenet, mon modèle. À la fin, on était de vrais complices, dans le rire, la bouffe aussi ! Aujourd’hui, déconner, c’est terminé. On est devenus trop sérieux.

Vous ne donnez pas l’impression d’un homme de quatre-vingt-onze ans. Comment faites-vous ?

Charles Aznavour Mon secret est que je ne vieillis pas, je prends de l’âge ! (rires.) La nuance est énorme.

Si c’était à refaire ?

Charles Aznavour Je suis prêt à recommencer tout, même les mauvais moments où j’ai connu de bons amis. Les amis de misère sont souvent les plus intéressants, les plus sincères.

Entretien réalisé par 
Victor Hache, L'Humanité
 
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01/06/2015

Champagne, tête de veau et romantisme

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Ouvert avec une goûteuse comédie burlesque, le Ventre de Paris, au Théâtre des Bouffes du Nord, le festival romantique du Palazzetto Bru Zane invite à la redécouverte de George Onslow (1784-1853).

Ce n’est pas un hors-d’œuvre mais un repas gastronomique chanté, entre tête de veau et omelette, que le Palazzetto Bru Zane, pour son festival parisien, a offert au public du Théâtre des Bouffes du Nord, en ouverture d’une semaine qui sera dominée par la figure du compositeur George Onslow, né, comme son nom ne l’indique pas, à Clermont-Ferrand en 1783, pour une redécouverte d’une œuvre méconnue.

C’est là, en effet – ce travail de remise au jour et aux oreilles –, l’essentiel de l’activité du Palazzetto, autrement dit le centre de la musique romantique française installé à Venise, mais dont le rayonnement va désormais bien au-delà, avec un important travail d’édition de livres-disques (1), de recherche, des colloques, une aide à la formation de jeunes musiciens et, bien sûr, des concerts dans une collaboration suivie avec l’Opéra-Comique, les Bouffes du Nord ou encore l’Opéra royal de Versailles.

Pour autant, le sérieux de ce travail n’exclut pas la fantaisie, comme on en eut la preuve heureuse, vendredi donc, avec le Ventre de Paris, « comédie musicale philosophico-burlesque en un acte sur la gastronomie française », soit autour d’une table, avec trois musiciens et quatre interprètes, un florilège d’airs d’opérette du XIXe siècle évoquant avec malice, dérision, enthousiasme, sans reculer devant les effets parodiques, les plaisirs et parfois les déplaisirs de la table. Paradoxalement, si on veut, ce joyeux tourbillon offrait aussi des morceaux de musique aussi beaux qu’inattendus comme tel air joué au flageolet (l’instrument) par Mélanie Flahaut.

Côté chant, la mezzo-soprano Caroline Meng a emporté le public par sa présence physique dans une parodie cocasse de l’air du toréador de Carmen. Au total, une soirée champagne avec une vingtaine de compositeurs connus ou non (Bizet, Offenbach, Hervé, Serpette, Bruand, Mompou…).

Samedi, c’est à l’Opéra royal de Versailles, qu’était donné l’opéra-comique Uthal, d’Étienne-Nicolas Méhul (1763-1817), aujourd’hui largement oublié mais qui connut des heures de gloire avec des œuvres pour les fêtes révolutionnaires et de nombreuses compositions sous l’Empire. Uthal, d’après les poèmes du barde Ossian (inventé par le poète anglais Macpherson, au XVIIIe siècle), a cette caractéristique rare d’être une partition d’orchestre sans violons, reflétant, selon le vœu du compositeur, les brumes d’une Écosse heureusement fantasmée.

C’est là sa couleur profondément romantique, en rupture avec les clichés concernant les musiques de cette période, dont on oublie qu’avec Lesueur et Méhul, elles ouvrirent, si l’on peut dire, la voie à Berlioz.

Les concerts de cette semaine, dès ce lundi et jusqu’à vendredi, aux Bouffes du Nord, vont pour leur part faire une large place, comme on l’a dit, à Georges Onslow, que ses contemporains n’hésitèrent pas à considérer comme « le Beethoven français », mais qui en fut en tout cas une grande figure du romantisme, avec cette particularité que, s’il se forma à Hambourg, il ne quitta jamais par la suite sa ville natale de Clermont-Ferrand. On entendra essentiellement ses œuvres pour cordes (il était lui-même violoncelliste), en parcourant également le siècle, jusqu’à Debussy ou Saint-Saëns.

Maurice Ulrich, L'Humanité

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02/04/2015

CLASSIK RADIO NOTRE NOUVELLE RADIO !

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Les plus belles musiques classiques, les plus grands compositeurs : Mozart, Beethoven, Chopin, Litz, Vivaldi, Bach}}}} Cliquez sur cette ligne pour la découvrir

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