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11/04/2024

Léon Deffontaines : « Face à l’impératif écologique, il faut produire plus en France »

Leon Deffontaines, entretien, Europe

Tête de liste PCF, Léon Deffontaines tient son premier meeting de campagne ce jeudi soir, à Amiens. Souveraineté industrielle, environnement, guerre en Ukraine… le communiste entend marquer sa différence avec les autres listes de gauche.

 

En 2014, l’entreprise Goodyear fermait à Amiens, malgré la lutte historique des salariés. Dix ans plus tard, ce sont les 300 salariés de l’usine biochimique Metex qui se battent pour leurs emplois. Menacés, entre autres, par la concurrence déloyale de la lysine chinoise (sur laquelle l’Europe a supprimé les taxes douanières), certains prendront la parole ce 11 avril, à l’occasion du premier meeting de la tête de liste PCF Léon Deffontaines, sur ses terres natales. Le communiste entend s’y adresser à la « France du non en 2005 » (contre le traité établissant une Constitution européenne). Entretien.

Pourquoi faites-vous de la souveraineté industrielle le cœur de votre campagne ?

C’est comme cela que nous reparlerons du social. La gauche s’est trop divisée sur les questions de société. Si nous voulons répondre à l’impératif écologique, nous devons produire davantage, en relocalisant en France et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre liées aux transports.

Cela permettra de créer de l’emploi et d’éradiquer le chômage. Produire plus ou moins en Europe ? C’est la question à trancher lors de ce scrutin, et qui nous différencie à la fois des libéraux qui ont mis notre industrie à genoux, mais aussi des insoumis et des écologistes qui défendent une option décroissante.

Fin mars, vous étiez dans l’Allier, où a été évoqué le projet d’une mine de lithium. Y êtes-vous favorable ?

Le raisonnement est simple. Nous partageons la nécessité, fixée par l’Europe, de développer les véhicules électriques à la place de l’essence. Pour cela, il faut produire du lithium pour nos batteries. Plutôt que de l’extraire à l’autre bout de la planète dans des conditions environnementales et sanitaires déplorables, notamment au Chili, allons chercher le lithium qui est dans notre sol ! C’est une chance énorme. À condition, bien sûr, d’avoir au préalable des discussions avec les populations locales, autant sur les conséquences positives que négatives, sur le partage de l’eau, sur la pollution des nappes phréatiques…

Ces projets supposent de raisonner à consommation constante. La transition écologique ne doit-elle pas passer par plus de sobriété dans les usages ?

Il faut évidemment tendre vers une diminution de l’utilisation de la voiture. Non pas en contraignant davantage avec les zones à faibles émissions, mais en développant les alternatives de transports en commun, comme le train. Malgré tout, des voitures, il y en aura toujours. Si on fait le choix de l’électrique, nous aurons besoin de lithium.

La mine de l’Allier pourrait couvrir 40 % de nos besoins actuels. Il ne s’agit pas de produire pour produire, mais de répondre aux besoins sociaux. Il faut qu’on puisse y répondre avec des usines françaises ou européennes. Il faudra aussi installer parallèlement une grande filière industrielle de recyclage de ces matières polluantes.

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Auriez-vous voté le pacte vert européen ?

On partage l’objectif fixé de la neutralité carbone en 2050, pour respecter l’accord de Paris. On demande en revanche à ce que ce soit calculé en empreinte carbone et non pas en émissions de gaz à effet de serre, pour réintégrer les importations dans ce décompte.

Si le pacte vert, c’est multiplier les normes à l’intérieur de l’Europe tout en continuant à signer des traités de libre-échange, on n’atteindra pas l’objectif. Si on délocalise toutes nos usines, on va vite atteindre la neutralité carbone, c’est sûr, mais on polluera toujours autant à l’import ! Et le réchauffement climatique, lui, n’est pas délocalisable.

À mes yeux, il n’y a pas de citoyenneté européenne.

Réindustrialiser la France suffit-il pour retrouver de la souveraineté au sein de l’Union européenne ?

Si on veut avoir notre mot à dire sur la façon dont on produit, sur les conditions de travail, sur les normes environnementales, il faut que les usines soient sur notre territoire. Ensuite, il y a une question politique. Nous nous battons pour faire évoluer les cadres européens, pour défendre le principe de subsidiarité du droit français sur le droit européen. L’UE n’a pas à imposer ses règlements sans que les peuples puissent les discuter.

Il y a une citoyenneté française. À mes yeux, il n’y a pas de citoyenneté européenne. L’Europe est une coopération entre peuples souverains, pas une dissolution des États dans une méga-structure. Cela veut dire renégocier les traités en vigueur. Nous ne sommes pas non plus pour un élargissement de l’UE.

On paie encore aujourd’hui les pots cassés de l’agrandissement à des pays comme la Slovaquie ou la Hongrie. Goodyear à Amiens est un cas concret de dumping social. Les salariés ont refusé une dégradation de leurs conditions de travail. L’usine a délocalisé en Slovaquie.

Vous avez déclaré que la Nupes était morte. Qu’en est-il de l’union de la gauche pour vous ?

J’ai été un peu rapide… La Nupes est un accord électoral pour les législatives de 2022 ; il a permis de faire élire des députés, mais pas de gagner. Les députés élus avec cette étiquette ont un mandat sur le programme de la Nupes. Mais elle n’existe qu’à l’Assemblée nationale. Des accords d’union de la gauche, il y en a eu avant, il y en aura encore après. C’est le projet politique qui doit faire le rassemblement.

Manon Aubry avait proposé une tête de liste écologiste pour une liste Nupes. Il y a un problème ! Je ne suis pas du tout d’accord avec le projet politique des écologistes sur l’Europe. Une alliance au minimum avec des projets incohérents sur les plans économique et social, c’est le meilleur moyen de perdre.

Il faut qu’on s’adresse à ceux qui votaient à gauche, et désormais s’abstiennent ou votent RN, et on ne les recaptera pas avec un projet porté par Jean-Luc Mélenchon ou Raphaël Glucksmann. Mais 2027 est encore loin, c’est trop tôt pour dire s’il y aura, à gauche, un candidat, deux candidats, trois ou quatre. Il faut qu’on discute entre forces politiques, sur le fond.

Vous vous dites « candidat de la paix ». Quels seraient les termes et les conditions d’une négociation entre la Russie et l’Ukraine ?

Pour parvenir à une issue diplomatique, il faut aider militairement les Ukrainiens à tenir. Si Poutine continue à avancer et qu’il est en passe dans quelques mois d’arriver à Kiev, il ne viendra jamais autour de la table des négociations. On assume donc d’aider l’Ukraine à se défendre et à geler le front.

Une fois qu’on y parvient, il faut proposer une sortie diplomatique du conflit. Il faut un cessez-le-feu, d’abord. Ensuite, il faudra obtenir un retrait des troupes russes des territoires occupés en contrepartie d’une neutralité de l’Ukraine, et de la promesse que les armes nucléaires de l’Otan ne seront pas à quelques centaines de kilomètres de Moscou. C’est la seule condition qui puisse remettre tout le monde autour de la table.

La question de la Crimée et du Donbass qui sont, pour nous, des territoires occupés, se posera. Le droit international repose sur deux piliers : l’intégrité territoriale et la souveraineté des peuples, et la recherche de la paix. Mais on ne peut pas mettre la Crimée et le Donbass comme préalables aux discussions. Ensuite, nous avons une ligne rouge : nous ne devons pas devenir cobelligérants. Nous nous opposons à l’envoi de troupes en Ukraine.

La neutralité de l’Ukraine suffirait-elle à ce que Poutine retire ses troupes ? Au vu du projet de « Grande Russie », qu’il prône dans ses discours…

C’est probablement à la fois ce projet politique et l’inquiétude d’une Ukraine se rapprochant de l’Otan qui ont poussé Poutine à intervenir. Désormais, il est embourbé. Le statut de neutralité constituerait déjà une victoire, non pas pour Poutine, mais pour le peuple russe.

Si cette contrepartie permet à l’Ukraine de retrouver sa souveraineté, ses territoires occupés, et de mettre un terme au conflit, le peuple ukrainien sera prêt à signer. Poutine est un dictateur avec des visées impérialistes, je le redis. Mais il n’est pas le seul. Faut-il être jusqu’au-boutiste, chercher à les faire tomber au détriment de la paix ? L’autre option serait que ce conflit dure le plus longtemps possible. Je n’y crois pas. Les États-Unis vont décider d’une manière ou d’une autre d’arrêter leur aide.

S’il faut aider les Ukrainiens à tenir, on ne pourra pas le faire pendant cinq ou six ans. Je ne veux pas d’une victoire militaire de la Russie. Or, nous n’avons pas les capacités industrielles de fournir le front ukrainien sans les États-Unis. En outre, faire durer la guerre multiplierait les morts et nous ferait risquer un engrenage guerrier qui pourrait connaître une issue funeste pour l’humanité.

Quelle place la guerre à Gaza et la question palestinienne tiennent dans votre campagne ?

Elle a toujours été un combat important pour le parti communiste français. Lorsque j’étais secrétaire général du MJCF, nous avons mené campagne pour la libération de Marwan Barghouti. Notre cap n’a jamais bougé. C’est celui d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens, qui passe par la reconnaissance de deux Etats sur les frontières de 1967, telle que la préconise le droit international. Nous avons condamné le Hamas sans aucune ambiguïté. Non seulement pour l’acte terroriste commis le 7 octobre 2023, mais aussi parce qu’il n’offre aucune perspective de paix. Le Hamas n’est pas une force de libération des Palestiniens, mais de son asservissement autour d’une idéologie islamiste. Il refuse l’existence de l’état d’Israël. Comme en face, Benjamin Netanyahou, veut un Etat sans Palestiniens. Nous avons toujours combattu le Hamas, et la politique colonisatrice israélienne. L’Union européenne a un poids prépondérant pour résoudre ce conflit. Elle commerce avec Israël, ce qui lui donne un moyen de pression considérable. Israël ne peut pas vivre sans l’UE, les aides américaines ne suffiraient pas. On doit servir de cette arme économique pour imposer une paix juste et durable. Le chemin vers la paix passe aussi par la libération des leaders palestiniens partisans de la paix, et notamment de Marwan Barghouti. Je veux porter ce combat sur la scène internationale. Sa libération créerait un espoir pour les Palestiniens, mais aussi pour les Israéliens. Son projet est de nature pacifique, et il peut rassembler les Palestiniens.

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22/02/2024

États-Unis, Russie, perte de repères... les conséquences de la guerre en Ukraine pour l'Occident selon Emmanuel Todd

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L’historien vient de publier un nouvel essai, dans lequel il analyse les bouleversements enclenchés par la guerre en Ukraine. Il y dépeint un monde anglo-saxon en perte de repères et une Europe poussée à des mesures suicidaires par les États-Unis face à la Russie. De quoi susciter des débats.

Avec son nouvel essai paru chez Gallimard, la Défaite de l’Occident, Emmanuel Todd suscite, comme attendu, le débat. L’historien avait commencé ses recherches avant la guerre en Ukraine. Il a finalement écrit son livre durant l’été 2023, et ce qui était un exercice de prospective est devenu une « analyse du présent ». Recourant à la démographie, à l’histoire, à l’anthropologie et à la méthode qui a fait sa marque de fabrique, l’étude des structures familiales anciennes, il propose une explication des grands bouleversements que traversent l’Occident et le monde depuis l’invasion russe.

En quoi une défaite de l’Ukraine dans la guerre contre la Russie serait-elle une défaite de l’Occident lui-même ?

Je décris un Occident divers, avec un pôle libéral et un pôle non libéral. D’un côté, l’Occident étroit qui a inventé la démocratie libérale constituée de l’Angleterre, des États-Unis, de la France. De l’autre, un Occident plus vaste avec l’Italie et l’Allemagne, si l’on s’en tient à l’Europe, où les structures familiales et les traditions politiques sont plus autoritaires. La défaite de l’Occident, c’est fondamentalement celle du monde anglo-américain. Mon livre comporte un chapitre sur l’Angleterre dans lequel je décris une classe dirigeante en décomposition. C’est la mère des États-Unis, qui a servi de modèle à leur classe dirigeante impériale.

Ce que j’écris est une version crue de ce que chuchote le Pentagone. Malgré le courage ukrainien, la plus grande surprise de la guerre, c’est la déficience de l’appareil militaro-industriel américain. Le désaccord entre Biden et les républicains sur les crédits à voter pour l’Ukraine est une mascarade. Ce n’est pas avec des chèques en dollars qu’on fait la guerre, mais avec des armes. Les États-Unis n’ont la capacité ni de les produire ni de créer les usines nécessaires à cette production. Mon livre analyse donc la déficience des Américains en termes de production d’ingénieurs. Les États-Unis sont plus de deux fois plus peuplés que la Russie, et produisent 30 % d’ingénieurs en moins. Ils produisent en revanche des avocats, des fiscalistes…

Vous réfutez justement le calcul de la richesse des États-Unis avec leur PIB, en le « dégonflant » avec un indicateur que vous appelez le PIR, « produit intérieur réel ». De quoi s’agit-il ?

Le PIB se dégonfle. Pour faire mon calcul, j’ai pris les dépenses de santé, qui sont autour de 18,8 % du PIB américain, alors que l’espérance de vie y est plus basse que dans les autres pays occidentaux. Il me semble donc que leur valeur réelle est surestimée. J’ai par conséquent choisi de les réduire à 40 %. Je décide d’appliquer un coefficient choisi comme ça, ce qui est étonnant. Mais c’est justement le problème. N’importe quel chiffre choisi à la louche sera plus exact que ce qui nous est offert par le calcul du PIB. En dégonflant, on se rapproche de la réalité. En appliquant la même méthode à l’ensemble de l’économie américaine, en ramenant la production de richesse aux choses matérielles, j’obtiens au final un « PIR » légèrement inférieur au PIB par habitant de l’Europe occidentale.

« La disparition du protestantisme produit l’Amérique que l’on connaît, un monde de corruption, de cupidité, violent… »

Pourquoi établir un lien avec la baisse de la pratique religieuse et particulièrement du protestantisme ?

La cause ultime n’est pas seulement l’effondrement de la pratique religieuse protestante, mais aussi celui des valeurs du protestantisme. Max Weber associait l’ascension de l’Occident au protestantisme pour des raisons d’éthique du travail. Je vais plus loin. Le protestantisme a alphabétisé des populations entières pour que chacun accède aux écritures saintes. Il a ainsi produit, presque par accident, une main-d’œuvre mobilisable économiquement, éduquée, travailleuse, sévère, épargnante. C’est l’avantage initial de l’Amérique, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne et de la Scandinavie. La disparition du protestantisme produit l’Amérique que l’on connaît, c’est-à-dire un monde de corruption, de cupidité, violent…

En face, la Russie s’est stabilisée. L’Occident s’est infligé cette défaite à lui-même de par sa propre évolution religieuse, culturelle et économique. Le vainqueur de l’Occident, c’est l’Occident lui-même.

« L’Amérique que l’on connaît » n’est pas nouvelle… Pourquoi aujourd’hui ?

Les États-Unis sont partis de très haut. La chute du communisme a créé l’illusion d’une victoire du capitalisme que l’on croyait revitalisé par le néolibéralisme, l’obsession du marché. En réalité, on observe un déclin éducatif dès 1965 et économique dès 1980. À partir de Ronald Reagan, la production de blé commence à diminuer. En 2002, je l’avais déjà observé dans Après l’empire, au moment où tout le monde parlait d’hyperpuissance américaine.

En lisant votre dernier livre, on a l’impression que le processus que vous décriviez il y a plus de vingt ans est allé beaucoup plus loin…

Le modèle et la représentation de la société américaine aujourd’hui ne sont pas les mêmes. J’entre dans l’irrationnel social et religieux. Lorsque j’ai écrit Après l’empire, j’espérais que les États-Unis se rétractent de leur rêve impérial et se contentent d’être une nation géante. Je voyais l’agitation militariste américaine comme une manière de se rendre indispensable à peu de frais. Dans la Défaite de l’Occident, ce qui est nouveau, c’est le concept de nihilisme dérivant de la crise religieuse. C’est une société qui n’a plus de classe dirigeante, souterrainement guidée par un principe de déification du néant.

Je l’écris à la fin du livre : « L’état sociologique zéro de l’Amérique nous interdit toutefois toute prédiction raisonnable quant aux décisions ultimes que prendront ses dirigeants. Gardons à l’esprit que le nihilisme rend tout, absolument tout, possible. » On peut imaginer une implosion interne des États-Unis, avec une animosité qui lance les uns contre les autres républicains trumpistes et démocrates post-clintoniens… On peut aussi imaginer une Amérique pratiquant la stratégie du fou : faire croire qu’elle est capable d’être cinglée. Ce qui fait peur, c’est qu’elle pourrait être utilisée par des fous. Et c’est ce qui rend mon livre désagréable et angoissant pour nos élites atlantistes. J’y décris un comportement des Russes plus rationnel, plus lisible. C’est une situation extrêmement étrange.

« Les oligarchies libérales protègent leurs minorités. La démocratie autoritaire russe, non »

Et ça vous vaut des accusations de « poutinophilie ». Vous qualifiez le régime russe de « démocratie autoritaire ». Curieux, au moment même où meurt dans une colonie pénitentiaire Alexei Navalny, le principal opposant de Poutine…

Je définis un couple. Les gens pensent que nous sommes en démocratie chez nous, et qu’il y a une « autocratie », une « tyrannie » en face. Dans Après l’empire, j’expliquais que nous étions, nous, en « oligarchie libérale ». Le caractère libéral des États-Unis est incontestable. En Russie, tous les sondages d’opinion, tous les comportements attestent que la majeure partie du peuple russe soutient Poutine. Les élections sont encadrées, « raisonnablement trafiquées ». Mais Poutine représente pour les Russes le retour à la stabilité et à une vie normale. Qui là-bas voudrait faire l’expérience d’un retour aux années d’anarchie d’après la chute du communisme ? J’applique également mon modèle anthropologique auquel j’ai consacré mes années de chercheur, à savoir les structures familiales anciennes et la culture politique du présent.

Celles des Russes dérivent de familles communautaires très compactes, très vastes, très anti-individualistes, dont il reste quelque chose, même si les effets s’atténuent avec le temps. Si chaque Russe, pris individuellement, n’est qu’un tout petit porteur d’un résidu de cette culture, l’ensemble des interactions produit un système politique qui est l’expression normale de la société russe. Il est donc « démocratique ». J’ajoute « autoritaire », et c’est aussi important que « démocratie ». Ce n’est pas pour distinguer le système russe de la démocratie « normale », mais des démocraties libérales. Celles-ci expriment une volonté majoritaire, mais protègent leurs minorités. En Russie, le régime exprime la volonté de la majorité, mais ne protège pas ses minorités. J’y inclus les opposants : la minorité ultralibérale, ceux qui réclament un autre système, les homosexuels, les oligarques…

Nos oligarchies protègent bien certaines minorités comme les oligarques, qui y sont les mieux lotis. Et je crois que les Américains n’ont jamais pardonné à Poutine d’avoir mis au pas les oligarques russes. Il leur a laissé leur argent, mais retiré leur pouvoir. Ce rapport de l’État aux oligarques aide à comprendre le concept de « démocratie autoritaire ». En Occident, ceux qui ont de l’argent sont les maîtres du système. En Russie, ils ont été matés.

Le régime est aussi un soutien des extrêmes droites en Europe. N’est-ce pas un problème, cette fois, pour nos propres démocraties ?

Les Russes soutiennent qui ils peuvent. Ils n’ont pas le choix de leurs alliés. Les liens qui ont pu exister entre les extrêmes droites et le régime de Poutine sont plus circonstanciels qu’on ne croit. Il y a un malentendu. Ce n’est pas tout d’être populiste, d’en appeler au peuple contre les classes moyennes supérieures, ce que les deux formes idéologico-politiques ont en commun. En Europe occidentale, le rapport à l’islam est structurant pour les extrêmes droites qui se sont construites contre l’immigration et utilisent cette religion comme repoussoir.

Le régime russe n’est pas comme ça. La Russie compte 15 % de musulmans, la présence de l’islam y est au moins aussi ancienne que la population russe sur le territoire, s’incarnant dans des unités intégrées en bloc comme le Tatarstan, la Tchétchénie ou le Daguestan. Vladimir Poutine a fait construire à Moscou la plus grande mosquée d’Europe. Le rapport de la Russie à l’islam est positif et n’a pas vraiment d’équivalent. Peut-être que, d’une certaine manière, les extrêmes droites se trompent aussi sur la Russie. Quant à l’expérience Meloni en Italie, elle n’est pas encourageante pour Poutine.

« Il est difficile d’admettre que la puissance bénéfique est devenue un parasite monstrueux »

Vous laissez entendre qu’un retrait des États-Unis du continent européen serait positif. Malgré la menace russe depuis l’invasion de l’Ukraine ?

La prise de conscience du désastre ukrainien a semé une vague d’instabilité psychique dans les cercles supérieurs de l’Otan. Ces gens qui n’ont pas été capables de voir que Poutine allait prendre la décision d’attaquer ne sont pas non plus capables d’imaginer qu’il s’arrête une fois ses objectifs atteints. C’est une manifestation du refus de voir la situation d’un point de vue russe. Les Occidentaux jouent aux échecs en avançant leurs pièces, mais sans s’intéresser à ce que fait l’adversaire. Les Russes vont s’arrêter parce que leur territoire est déjà trop grand pour leur population, qui décline démographiquement. Ils doivent terminer la guerre dans les cinq ans, parce que la mobilisation va devenir difficile.

Diego Chauvet pour l'Humanité

03/02/2024

Raphaël Glucksmann, l’imposture de la gauche du dollar

Glucksman.jpg“Si vous votez pour nous, nous soutiendrons l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Si vous êtes farouchement hostile à cette adhésion, je vous propose de voter pour la liste du RN”. Tels ont été les propos tenus par l’essayiste et eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann, il y a quelques semaines.

Le chef de file, fraîchement investi, de la liste socialiste aux élections européennes de juin 2024, ne fait ici que pousser encore un peu plus dans les bras de l’extrême-droite une classe travailleuse désabusée par cinquante ans de fuite de son industrie.

Alors que le PS vient de valider une fois de plus son investiture pour les Européennes, focus sur l’un des champions de la bourgeoisie progressiste de façade, mais foncièrement réactionnaire et belliqueuse, égérie de la gauche caviar, atlantiste et libéral.

Glucksmann le va-t-en-guerre

Celui qui avait soutenu en 2003 l’intervention criminelle de Bush en Irak avant de souffler pendant près de quatre ans à l’oreille du dictateur géorgien Mikhaïl Saakachvili n’en démord pas aujourd’hui. Raphaël Glucksmann continue, alors que la menace d’une généralisation des conflits pèse sur le Proche-Orient comme sur l’Europe, de prêcher un discours résolument belliqueux, aux antipodes de la désescalade que tous les progressistes européens se devraient de porter aux élections de juin.

Au sujet de la situation coloniale en Palestine et de la réponse meurtrière d’Israël aux attentats du 7 octobre, Raphaël Glucksmann a voté à Strasbourg, où il siège depuis 2019 : 

  • contre la qualification de “crimes de guerre” de la réponse armée d’Israël sur la bande de Gaza, ayant conduit à la mort de près de 26 000 Palestiniens, dont près de la moitié sont des enfants
  • contre la libération de 5 200 prisonniers politiques palestiniens, à commencer par 170 enfants placés en détention par Israël en dépit du droit international
  • contre l’utilisation de la notion d’apartheid pour qualifier la situation de ségrégation institutionnalisée que subissent les Palestiniens en Cisjordanie
  • contre le soutien à la procédure entamée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice, visant à faire cesser l’offensive israélienne
  • contre la condamnation de l’intervention américano-britannique au Yémen qui risque d’intensifier et de régionaliser le conflit.
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Prétendant que la défaite de la Russie en Ukraine est un “intérêt vital” pour l’Europe, Raphaël Glucksmann rabâche également en boucle sur tous les plateaux depuis 2022 qu’il est nécessaire de livrer des armes, et toujours plus d’armes à Kiev, faisant ainsi le plus grand bonheur des marchands de canons. Invité dans C à vous en février 2023, il affirmait que la guerre était une “obligation” pour l’Occident, qu’il fallait livrer “plus d’armes à l’Ukraine” afin d’atteindre “l’objectif stratégique de la défaite totale de Poutine”, balayant l’idée de pourparlers et d’accords de paix qui permettraient de mettre fin à l’hécatombe.

L’enlisement du conflit a déjà conduit à la mort de plusieurs dizaines de milliers de civils et de soldats ukrainiens comme russes. La jeunesse française, européenne et plus largement internationale ne souhaite pas mourir sur le front, dans le seul intérêt des oligarques et des magnats de l’armement. Face à la guerre, la désescalade devrait être une priorité pour la gauche européenne.

Raphaël Glucksmann souhaite enfin intégrer l’Ukraine ainsi que d’autres pays (notamment la Moldavie et la Géorgie) à l’Union européenne, risquant dès lors d’intensifier encore davantage les tensions avec la Russie, en plus de laisser envisager une catastrophe pour l’industrie française ayant déjà souffert de précédents élargissements (comme l’intégration de la Bulgarie en 2007, où le salaire minimum est de 332 € par mois).

Glucksmann l’euro-béat libéral

Au-delà de son agressivité géopolitique et de son atlantisme forcené, Raphaël Glucksmann, ancien membre du parti libertarien Alternative libérale et soutien de Nicolas Sarkozy, est un ambassadeur d’une Europe fédérale et capitaliste.

Raphaël Glucksmann est un fervent défenseur du “saut fédéral” européen. Il est donc partisan de la disparition progressive de notre souveraineté nationale au profit de Bruxelles et de sa doxa néolibérale, doxa qui tend à détruire toujours plus l’État social, comme elle a par exemple coulé notre fret ferroviaire cet été, à imposer l’union douanière, responsable de la fuite de notre industrie et du chômage de masse, et qui assomme notre économie avec ses règles budgétaires depuis Maastricht. 

Raphaël Glucksmann, dont Xavier Niel, fondateur de Free, prédit déjà un bon score aux élections de juin, n’hésite pas à inciter les opposants à l’élargissement de l’Union européenne, notamment à l’Ukraine, à voter pour Jordan Bardella. C’est un jeu dangereux auquel il s’adonne, participant à banaliser un Rassemblement National affiché favori par plusieurs sondages.

Il est nécessaire de rappeler que le salaire minimum en Ukraine est inférieur à 200 € par mois, que son intégration conduirait dès lors à une explosion du dumping social et des délocalisations, que l’agriculture ukrainienne capterait près de 25 % du montant actuel de la PAC (Politique agricole commune), à l’heure même où nos agriculteurs réclament la possibilité de pouvoir vivre de leur travail.

Entre l’intégration de l’Ukraine et l’extrême droite, il y a pourtant une voix, celle d’une gauche de classe, qui sera portée aux élections européennes par le candidat communiste Léon Deffontaines. Face aux propos de Glucksmann, celui-ci a rappelé l’exemple de la délocalisation de l’usine Whirlpool, dans sa ville natale, à Amiens, partie produire en Pologne, où la main d’œuvre y est près de deux fois moins chère. Ce scénario, permis par l’union douanière, avait conduit au licenciement de près de 600 salariés. En ironisant à propos de Glucksmann, le candidat communiste avait déclaré : “On est passé de la gauche caviar à la gauche du dollar.”

Glucksmann le candidat de salon

Héritier du “social”-libéralisme d’Hollande et du tournant de la rigueur, Raphaël Glucksmann incarne aujourd’hui une gauche déconnectée de la classe travailleuse, de ses aspirations à la paix et à la justice sociale, et qui ne s’adresse en finalité qu’à une frange “progressiste” de la bourgeoisie des centres-villes.

D’après plusieurs sources, 100% des 10 à 15 places éligibles de sa liste seraient occupées par des CSP+ tandis que le premier employé arriverait en 40ᵉ position. Trois quarts des candidats éligibles seraient également parisiens.

Raphaël Glucksmann se réclame d’une gauche dépassée, va-t-en-guerre et destructrice socialement. Son projet politique ne saurait contenter que la classe dominante et ses intérêts. Il incarne dès lors une rupture, non pas avec l’ordre social établi, mais avec l’histoire d’une gauche sociale et pacifiste. 

Le Parti socialiste, qui mime depuis près de deux ans un semblant de radicalité, au point de s’être quasiment effacé de la vie politique nationale derrière la figure de Jean-Luc Mélenchon, après avoir amené François Hollande (contre qui Olivier Faure n’a jamais frondé, soit dit en passant) à la tête de l’État, se trahit de nouveau aujourd’hui en envoyant aux élections européennes l’agent de Bruxelles et de Washington qu’est Raphaël Glucksmann.

Loin est l’époque de la SFIO de Jaurès, qui clamait que “le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.” En ce sens, le fondateur de L’Humanité avait bel et bien raison, puisque Raphaël Glucksmann n’a rien, ni de socialiste, ni de pacifiste.

11:19 Publié dans Actualités, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gluskmann | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

21/12/2023

Monsieur le Président, ne promulguez pas la loi immigration !

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À l’initiative de l’Humanité, des élus, des syndicalistes, des intellectuels et des artistes exhortent Emmanuel Macron à renoncer à une législation qui « fracture les fondements de la République, en instillant le poison xénophobe de la préférence nationale ».

À la dernière élection présidentielle, des millions de voix se sont reportées sur Emmanuel Macron au second tour pour faire barrage à Marine Le Pen. « Ce vote m’oblige », avait assuré le président élu. La loi immigration, véritable marchepied à l’idéologie nationaliste de l’extrême droite, est une trahison de cet engagement solennel pris devant les Français.

Soutenu par le RN, ce texte, adopté sans réel débat au Parlement, fracture le camp présidentiel mais, surtout, les fondements de notre République. En instillant le poison xénophobe de la préférence nationale, en remettant en cause le droit du sol, il bafoue les principes d’égalité et de non-discrimination, socle de notre démocratie fraternelle.

Cette loi de haine et de division fait peser une lourde menace sur le sort de nos semblables, étrangers ou immigrés, donc sur la cohésion de notre société. Elle ouvre la voie au pire.

Face à ce danger, nous, citoyennes et citoyens soucieux du vivre-ensemble, appelons le chef de l’État à se ressaisir. Ne promulguez pas ce texte de tous les dangers !

Les 150 premiers signataires

Steve Achiepo Cinéaste, Fleur Albert Cinéaste, Mustapha Amokrane et Hakim Amokrane Chanteurs et musiciens,Nassim Amaouche Réalisateur, Swann Arlaud Acteur, Marine Atlan cinéaste, Danielle Arbid Cinéaste, Martine Aubry Maire PS de Lille, Étienne Balibar Philosophe, Chloé Bégou Metteuse en scène et directrice artistique de la colonie Bakakaï, Antoine Barraud Cinéaste, Matthieu Bareyre Cinéaste, Faouzi Bensaïdi Cinéaste, Patrice Bessac Maire PCF de Montreuil, Sophie Binet Secrétaire générale de la CGT, Laurent Binet Écrivain, Thomas Bidegain Cinéaste, Manuel Bompard Coordinateur national de la France insoumise, Bertrand Bonello Cinéaste, Nicolas Boone Cinéaste, Lucie Borleteau Cinéaste, Nicolas Bouchaud Comédien, Céline Bozon Cheffe opératrice, Guillaume Brac Cinéaste, Rachida Brakni Actrice, Ian Brossat Sénateur communiste, Mikael Buch Cinéaste, Fanny Burdino Cinéaste, Rodolphe Burger musicien, Laure Calamy Actrice, Robin Campillo Cinéaste, Éric Cantona Acteur, Sorj Chalandon Écrivain, Patrick Chamoiseau Écrivain, Jeanne Champagne Metteuse en scène, André Chassaigne Président du groupe GDR à l’Assemblée nationale, Carole Chassaing Productrice, Cyrielle Chatelain Présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Régine Chopinot Chorégraphe, Hélier Cisterne Cinéaste, Romain Cogitore Cinéaste, Christophe Cognet Cinéaste, Pascal Convert artiste, Laurence Cordier Actrice, Cécile Cukierman Présidente groupe CRCE-K au Sénat, Didier D’Abreu Cinéaste, Jean-Pierre Darroussin Acteur, Léon Deffontaines Tête de liste du PCF aux élections européennes, Carole Delga Présidente PS de la région Occitanie, Caroline Deruas cinéaste, Alice Diop Cinéaste, Valérie Donzelli Cinéaste, Laetitia Dosch Actrice et réalisatrice, Grégory Doucet Maire écologiste de Lyon, Samuel Doux Cinéaste, Claire Doyon Cinéaste, Raphaëlle Doyon maîtresse de conférence Paris-8, Jeanne Dressen Réalisatrice, Cécile Duflot Directrice générale d’Oxfam France, Richard Dumy Metteur·euse en scène et acteur·ice et chercheur·euse, Karine Durance Attachée de presse cinéma, Simon Duteil Codélégué général de Solidaires, Annie Ernaux Écrivaine prix Nobel de littérature, Laurent Escure Secrétaire général de l’Unsa, Camille Étienne Activiste pour le climat, Elsa Faucillon Députée PCF, Olivier Faure Premier secrétaire du PS, Léa Filoche Co-coordinatrice de Génération·s, Marine Franssen Cinéaste, Hélène Frappat Écrivaine, Nathalie Garraud Directrice du centre dramatique national des 13 vents, Laurent Gaudé Écrivain, Fabien Gay Sénateur et directeur de l’Humanité, Lisa Giacchero Cinéaste, Guillaume Gontard Président du groupe écologiste au Sénat, Yann Gonzalez Cinéaste, Julien Gosselin Metteur en scène, Pascal Greggory Acteur, Faïza Guène Écrivaine, Murielle Guilbert Codéléguée générale de Solidaires, Rachid Hami Cinéaste, Bérénice Hamidi professeure Université Lyon 2, Benoît Hamon Directeur général de Singa, Ted Hardy-Carnac Cinéaste, Myriam Harir Avocate spécialiste des droits des étrangers, Omid Hashemi performeur et chercheur, François Héran Titulaire de la chaire migrations et sociétés au Collège de France, Clotilde Hesme Comédienne, Anne Hidalgo Maire PS de Paris, Yannick Jadot Sénateur écologiste, Gaëlle Jones Productrice, Élisabeth Jonniaux cinéaste, Valérie Jouve Artiste, Patrick Kanner Président du groupe socialiste au Sénat, Baya Kasmi Cinéaste, Mohamed el Khatib auteur et metteur en scène, Héléna Klotz Cinéaste, Nicolas Klotz Cinéaste, Julia Kowalski Cinéaste, Judith Krivine Présidente du Syndicat des avocats de France, Alice Labadie Distributrice de cinéma, Jean Labadie distributeur de cinéma, Manele Labidi Cinéaste, Mathilde Larrère Historienne, Michel Leclerc Cinéaste, David Lescot Auteur et metteur en scène, Danielle Linhart Sociologue, Benjamin Lucas Député écologiste, Maguy Marin Chorégraphe, Philippe Martinez Ancien secrétaire général de la CGT, Bertrand Mandico Cinéaste, Henry Masson Président de la Cimade, Nicolas Mathieu Écrivain, Patricia Mazuy Cinéaste, Jean-Luc Mélenchon, Co-président de l’institut la Boëtie, Sébastien Menesplier Secrétaire général de la FNME-CGT, Guillaume Meurice Humoriste, Yasmine Modestine Actrice et autrice, Gérard Mordillat Écrivain et cinéaste, Sarah Moon Photographe, Léa Mysius Cinéaste, Corinne Narassiguin Sénatrice socialiste, Arthur Nauzyciel Acteur et metteur en scène, Stanislas Nordey Acteur et metteur en scène, Anna Novion Cinéaste, Erik Orsenna Écrivain et académicien, Mathilde Panot Présidente du groupe France insoumise à l’Assemblée nationale, Caroline Pascal Actrice, Agnès Patron Cinéaste, Patrick Pelloux Urgentiste, Élisabeth Perceval Cinéaste, Antonin Peretjatko Cinéaste, Alexandre Perrier Producteur, Nicolas Philibert Cinéaste, Just Philippot Cinéaste, Michel Pigenet Historien, Ernest Pignon-Ernest Plasticien et académicien, Monique Pinçon-Charlot Sociologue, Éric Piolle Maire écologiste de Grenoble, Marta Ponsa historienne de l’art, Caroline Poggi Cinéaste, Reine Prat Autrice, Gérard Ré Secrétaire confédéral de la CGT, Kim Reuflet Présidente du Syndicat de la magistrature, Philippe Rio Maire PCF de Grigny, Eve Robin Productrice, Johanna Rolland Maire socialiste de Nantes, Axelle Ropert Cinéaste, Pierre Rosanvallon Historien et sociologue, Fabien Roussel Député et secrétaire national du PCF, Michèle Rubirola Première adjointe écologiste de la mairie de Marseille, Katell Quillévéré Cinéaste, Arash Saedi Co-coordinateur de Génération·s, Thomas Salvador Cinéaste, Lydie Salvayre Écrivaine, Pierre Serna Historien, Marion Siéfert Metteuse en scène, Anthony Smith CGT ministère du Travail, Benoît Teste Secrétaire général de la FSU, Bernard Thibault Ancien secrétaire général de la CGT, Pacôme Thiellement Écrivain, David Tion Producteur, Marine Tondelier Secrétaire nationale des Écologistes-EELV, Marie Toussaint Tête de liste des Écologistes aux européennes, Marion Truchaud Cinéaste, Boris Vallaud Président du groupe socialiste à l’Assemblée, Najat Vallaud-Belkacem Présidente de France Terre d’asile, Marie-Christine Vergiat Vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme Virgil Vernier Cinéaste, Marie Vialle Actrice et metteuse en scène, Jean Vigreux Historien, Jonathan Vinel Cinéaste, Benoît Volnais Cinéaste, Bernard Wallet Écrivain et éditeur, Éléonore Weber Cinéaste, Serge Wolikow Historien, Alice Zeniter Écrivaine et cinéaste.

Plus de 1 500 autres citoyen.nes ont déjà signé cet appel. Nous allons publier au fur et à mesure leur nom, pour celles et ceux qui le souhaitent.

11:12 Publié dans Actualités, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : macron, loi immigration, appel | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!