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03/02/2024

Raphaël Glucksmann, l’imposture de la gauche du dollar

Glucksman.jpg“Si vous votez pour nous, nous soutiendrons l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. Si vous êtes farouchement hostile à cette adhésion, je vous propose de voter pour la liste du RN”. Tels ont été les propos tenus par l’essayiste et eurodéputé Place publique Raphaël Glucksmann, il y a quelques semaines.

Le chef de file, fraîchement investi, de la liste socialiste aux élections européennes de juin 2024, ne fait ici que pousser encore un peu plus dans les bras de l’extrême-droite une classe travailleuse désabusée par cinquante ans de fuite de son industrie.

Alors que le PS vient de valider une fois de plus son investiture pour les Européennes, focus sur l’un des champions de la bourgeoisie progressiste de façade, mais foncièrement réactionnaire et belliqueuse, égérie de la gauche caviar, atlantiste et libéral.

Glucksmann le va-t-en-guerre

Celui qui avait soutenu en 2003 l’intervention criminelle de Bush en Irak avant de souffler pendant près de quatre ans à l’oreille du dictateur géorgien Mikhaïl Saakachvili n’en démord pas aujourd’hui. Raphaël Glucksmann continue, alors que la menace d’une généralisation des conflits pèse sur le Proche-Orient comme sur l’Europe, de prêcher un discours résolument belliqueux, aux antipodes de la désescalade que tous les progressistes européens se devraient de porter aux élections de juin.

Au sujet de la situation coloniale en Palestine et de la réponse meurtrière d’Israël aux attentats du 7 octobre, Raphaël Glucksmann a voté à Strasbourg, où il siège depuis 2019 : 

  • contre la qualification de “crimes de guerre” de la réponse armée d’Israël sur la bande de Gaza, ayant conduit à la mort de près de 26 000 Palestiniens, dont près de la moitié sont des enfants
  • contre la libération de 5 200 prisonniers politiques palestiniens, à commencer par 170 enfants placés en détention par Israël en dépit du droit international
  • contre l’utilisation de la notion d’apartheid pour qualifier la situation de ségrégation institutionnalisée que subissent les Palestiniens en Cisjordanie
  • contre le soutien à la procédure entamée par l’Afrique du Sud auprès de la Cour internationale de justice, visant à faire cesser l’offensive israélienne
  • contre la condamnation de l’intervention américano-britannique au Yémen qui risque d’intensifier et de régionaliser le conflit.
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Prétendant que la défaite de la Russie en Ukraine est un “intérêt vital” pour l’Europe, Raphaël Glucksmann rabâche également en boucle sur tous les plateaux depuis 2022 qu’il est nécessaire de livrer des armes, et toujours plus d’armes à Kiev, faisant ainsi le plus grand bonheur des marchands de canons. Invité dans C à vous en février 2023, il affirmait que la guerre était une “obligation” pour l’Occident, qu’il fallait livrer “plus d’armes à l’Ukraine” afin d’atteindre “l’objectif stratégique de la défaite totale de Poutine”, balayant l’idée de pourparlers et d’accords de paix qui permettraient de mettre fin à l’hécatombe.

L’enlisement du conflit a déjà conduit à la mort de plusieurs dizaines de milliers de civils et de soldats ukrainiens comme russes. La jeunesse française, européenne et plus largement internationale ne souhaite pas mourir sur le front, dans le seul intérêt des oligarques et des magnats de l’armement. Face à la guerre, la désescalade devrait être une priorité pour la gauche européenne.

Raphaël Glucksmann souhaite enfin intégrer l’Ukraine ainsi que d’autres pays (notamment la Moldavie et la Géorgie) à l’Union européenne, risquant dès lors d’intensifier encore davantage les tensions avec la Russie, en plus de laisser envisager une catastrophe pour l’industrie française ayant déjà souffert de précédents élargissements (comme l’intégration de la Bulgarie en 2007, où le salaire minimum est de 332 € par mois).

Glucksmann l’euro-béat libéral

Au-delà de son agressivité géopolitique et de son atlantisme forcené, Raphaël Glucksmann, ancien membre du parti libertarien Alternative libérale et soutien de Nicolas Sarkozy, est un ambassadeur d’une Europe fédérale et capitaliste.

Raphaël Glucksmann est un fervent défenseur du “saut fédéral” européen. Il est donc partisan de la disparition progressive de notre souveraineté nationale au profit de Bruxelles et de sa doxa néolibérale, doxa qui tend à détruire toujours plus l’État social, comme elle a par exemple coulé notre fret ferroviaire cet été, à imposer l’union douanière, responsable de la fuite de notre industrie et du chômage de masse, et qui assomme notre économie avec ses règles budgétaires depuis Maastricht. 

Raphaël Glucksmann, dont Xavier Niel, fondateur de Free, prédit déjà un bon score aux élections de juin, n’hésite pas à inciter les opposants à l’élargissement de l’Union européenne, notamment à l’Ukraine, à voter pour Jordan Bardella. C’est un jeu dangereux auquel il s’adonne, participant à banaliser un Rassemblement National affiché favori par plusieurs sondages.

Il est nécessaire de rappeler que le salaire minimum en Ukraine est inférieur à 200 € par mois, que son intégration conduirait dès lors à une explosion du dumping social et des délocalisations, que l’agriculture ukrainienne capterait près de 25 % du montant actuel de la PAC (Politique agricole commune), à l’heure même où nos agriculteurs réclament la possibilité de pouvoir vivre de leur travail.

Entre l’intégration de l’Ukraine et l’extrême droite, il y a pourtant une voix, celle d’une gauche de classe, qui sera portée aux élections européennes par le candidat communiste Léon Deffontaines. Face aux propos de Glucksmann, celui-ci a rappelé l’exemple de la délocalisation de l’usine Whirlpool, dans sa ville natale, à Amiens, partie produire en Pologne, où la main d’œuvre y est près de deux fois moins chère. Ce scénario, permis par l’union douanière, avait conduit au licenciement de près de 600 salariés. En ironisant à propos de Glucksmann, le candidat communiste avait déclaré : “On est passé de la gauche caviar à la gauche du dollar.”

Glucksmann le candidat de salon

Héritier du “social”-libéralisme d’Hollande et du tournant de la rigueur, Raphaël Glucksmann incarne aujourd’hui une gauche déconnectée de la classe travailleuse, de ses aspirations à la paix et à la justice sociale, et qui ne s’adresse en finalité qu’à une frange “progressiste” de la bourgeoisie des centres-villes.

D’après plusieurs sources, 100% des 10 à 15 places éligibles de sa liste seraient occupées par des CSP+ tandis que le premier employé arriverait en 40ᵉ position. Trois quarts des candidats éligibles seraient également parisiens.

Raphaël Glucksmann se réclame d’une gauche dépassée, va-t-en-guerre et destructrice socialement. Son projet politique ne saurait contenter que la classe dominante et ses intérêts. Il incarne dès lors une rupture, non pas avec l’ordre social établi, mais avec l’histoire d’une gauche sociale et pacifiste. 

Le Parti socialiste, qui mime depuis près de deux ans un semblant de radicalité, au point de s’être quasiment effacé de la vie politique nationale derrière la figure de Jean-Luc Mélenchon, après avoir amené François Hollande (contre qui Olivier Faure n’a jamais frondé, soit dit en passant) à la tête de l’État, se trahit de nouveau aujourd’hui en envoyant aux élections européennes l’agent de Bruxelles et de Washington qu’est Raphaël Glucksmann.

Loin est l’époque de la SFIO de Jaurès, qui clamait que “le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage.” En ce sens, le fondateur de L’Humanité avait bel et bien raison, puisque Raphaël Glucksmann n’a rien, ni de socialiste, ni de pacifiste.

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21/12/2023

Monsieur le Président, ne promulguez pas la loi immigration !

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À l’initiative de l’Humanité, des élus, des syndicalistes, des intellectuels et des artistes exhortent Emmanuel Macron à renoncer à une législation qui « fracture les fondements de la République, en instillant le poison xénophobe de la préférence nationale ».

À la dernière élection présidentielle, des millions de voix se sont reportées sur Emmanuel Macron au second tour pour faire barrage à Marine Le Pen. « Ce vote m’oblige », avait assuré le président élu. La loi immigration, véritable marchepied à l’idéologie nationaliste de l’extrême droite, est une trahison de cet engagement solennel pris devant les Français.

Soutenu par le RN, ce texte, adopté sans réel débat au Parlement, fracture le camp présidentiel mais, surtout, les fondements de notre République. En instillant le poison xénophobe de la préférence nationale, en remettant en cause le droit du sol, il bafoue les principes d’égalité et de non-discrimination, socle de notre démocratie fraternelle.

Cette loi de haine et de division fait peser une lourde menace sur le sort de nos semblables, étrangers ou immigrés, donc sur la cohésion de notre société. Elle ouvre la voie au pire.

Face à ce danger, nous, citoyennes et citoyens soucieux du vivre-ensemble, appelons le chef de l’État à se ressaisir. Ne promulguez pas ce texte de tous les dangers !

Les 150 premiers signataires

Steve Achiepo Cinéaste, Fleur Albert Cinéaste, Mustapha Amokrane et Hakim Amokrane Chanteurs et musiciens,Nassim Amaouche Réalisateur, Swann Arlaud Acteur, Marine Atlan cinéaste, Danielle Arbid Cinéaste, Martine Aubry Maire PS de Lille, Étienne Balibar Philosophe, Chloé Bégou Metteuse en scène et directrice artistique de la colonie Bakakaï, Antoine Barraud Cinéaste, Matthieu Bareyre Cinéaste, Faouzi Bensaïdi Cinéaste, Patrice Bessac Maire PCF de Montreuil, Sophie Binet Secrétaire générale de la CGT, Laurent Binet Écrivain, Thomas Bidegain Cinéaste, Manuel Bompard Coordinateur national de la France insoumise, Bertrand Bonello Cinéaste, Nicolas Boone Cinéaste, Lucie Borleteau Cinéaste, Nicolas Bouchaud Comédien, Céline Bozon Cheffe opératrice, Guillaume Brac Cinéaste, Rachida Brakni Actrice, Ian Brossat Sénateur communiste, Mikael Buch Cinéaste, Fanny Burdino Cinéaste, Rodolphe Burger musicien, Laure Calamy Actrice, Robin Campillo Cinéaste, Éric Cantona Acteur, Sorj Chalandon Écrivain, Patrick Chamoiseau Écrivain, Jeanne Champagne Metteuse en scène, André Chassaigne Président du groupe GDR à l’Assemblée nationale, Carole Chassaing Productrice, Cyrielle Chatelain Présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale, Régine Chopinot Chorégraphe, Hélier Cisterne Cinéaste, Romain Cogitore Cinéaste, Christophe Cognet Cinéaste, Pascal Convert artiste, Laurence Cordier Actrice, Cécile Cukierman Présidente groupe CRCE-K au Sénat, Didier D’Abreu Cinéaste, Jean-Pierre Darroussin Acteur, Léon Deffontaines Tête de liste du PCF aux élections européennes, Carole Delga Présidente PS de la région Occitanie, Caroline Deruas cinéaste, Alice Diop Cinéaste, Valérie Donzelli Cinéaste, Laetitia Dosch Actrice et réalisatrice, Grégory Doucet Maire écologiste de Lyon, Samuel Doux Cinéaste, Claire Doyon Cinéaste, Raphaëlle Doyon maîtresse de conférence Paris-8, Jeanne Dressen Réalisatrice, Cécile Duflot Directrice générale d’Oxfam France, Richard Dumy Metteur·euse en scène et acteur·ice et chercheur·euse, Karine Durance Attachée de presse cinéma, Simon Duteil Codélégué général de Solidaires, Annie Ernaux Écrivaine prix Nobel de littérature, Laurent Escure Secrétaire général de l’Unsa, Camille Étienne Activiste pour le climat, Elsa Faucillon Députée PCF, Olivier Faure Premier secrétaire du PS, Léa Filoche Co-coordinatrice de Génération·s, Marine Franssen Cinéaste, Hélène Frappat Écrivaine, Nathalie Garraud Directrice du centre dramatique national des 13 vents, Laurent Gaudé Écrivain, Fabien Gay Sénateur et directeur de l’Humanité, Lisa Giacchero Cinéaste, Guillaume Gontard Président du groupe écologiste au Sénat, Yann Gonzalez Cinéaste, Julien Gosselin Metteur en scène, Pascal Greggory Acteur, Faïza Guène Écrivaine, Murielle Guilbert Codéléguée générale de Solidaires, Rachid Hami Cinéaste, Bérénice Hamidi professeure Université Lyon 2, Benoît Hamon Directeur général de Singa, Ted Hardy-Carnac Cinéaste, Myriam Harir Avocate spécialiste des droits des étrangers, Omid Hashemi performeur et chercheur, François Héran Titulaire de la chaire migrations et sociétés au Collège de France, Clotilde Hesme Comédienne, Anne Hidalgo Maire PS de Paris, Yannick Jadot Sénateur écologiste, Gaëlle Jones Productrice, Élisabeth Jonniaux cinéaste, Valérie Jouve Artiste, Patrick Kanner Président du groupe socialiste au Sénat, Baya Kasmi Cinéaste, Mohamed el Khatib auteur et metteur en scène, Héléna Klotz Cinéaste, Nicolas Klotz Cinéaste, Julia Kowalski Cinéaste, Judith Krivine Présidente du Syndicat des avocats de France, Alice Labadie Distributrice de cinéma, Jean Labadie distributeur de cinéma, Manele Labidi Cinéaste, Mathilde Larrère Historienne, Michel Leclerc Cinéaste, David Lescot Auteur et metteur en scène, Danielle Linhart Sociologue, Benjamin Lucas Député écologiste, Maguy Marin Chorégraphe, Philippe Martinez Ancien secrétaire général de la CGT, Bertrand Mandico Cinéaste, Henry Masson Président de la Cimade, Nicolas Mathieu Écrivain, Patricia Mazuy Cinéaste, Jean-Luc Mélenchon, Co-président de l’institut la Boëtie, Sébastien Menesplier Secrétaire général de la FNME-CGT, Guillaume Meurice Humoriste, Yasmine Modestine Actrice et autrice, Gérard Mordillat Écrivain et cinéaste, Sarah Moon Photographe, Léa Mysius Cinéaste, Corinne Narassiguin Sénatrice socialiste, Arthur Nauzyciel Acteur et metteur en scène, Stanislas Nordey Acteur et metteur en scène, Anna Novion Cinéaste, Erik Orsenna Écrivain et académicien, Mathilde Panot Présidente du groupe France insoumise à l’Assemblée nationale, Caroline Pascal Actrice, Agnès Patron Cinéaste, Patrick Pelloux Urgentiste, Élisabeth Perceval Cinéaste, Antonin Peretjatko Cinéaste, Alexandre Perrier Producteur, Nicolas Philibert Cinéaste, Just Philippot Cinéaste, Michel Pigenet Historien, Ernest Pignon-Ernest Plasticien et académicien, Monique Pinçon-Charlot Sociologue, Éric Piolle Maire écologiste de Grenoble, Marta Ponsa historienne de l’art, Caroline Poggi Cinéaste, Reine Prat Autrice, Gérard Ré Secrétaire confédéral de la CGT, Kim Reuflet Présidente du Syndicat de la magistrature, Philippe Rio Maire PCF de Grigny, Eve Robin Productrice, Johanna Rolland Maire socialiste de Nantes, Axelle Ropert Cinéaste, Pierre Rosanvallon Historien et sociologue, Fabien Roussel Député et secrétaire national du PCF, Michèle Rubirola Première adjointe écologiste de la mairie de Marseille, Katell Quillévéré Cinéaste, Arash Saedi Co-coordinateur de Génération·s, Thomas Salvador Cinéaste, Lydie Salvayre Écrivaine, Pierre Serna Historien, Marion Siéfert Metteuse en scène, Anthony Smith CGT ministère du Travail, Benoît Teste Secrétaire général de la FSU, Bernard Thibault Ancien secrétaire général de la CGT, Pacôme Thiellement Écrivain, David Tion Producteur, Marine Tondelier Secrétaire nationale des Écologistes-EELV, Marie Toussaint Tête de liste des Écologistes aux européennes, Marion Truchaud Cinéaste, Boris Vallaud Président du groupe socialiste à l’Assemblée, Najat Vallaud-Belkacem Présidente de France Terre d’asile, Marie-Christine Vergiat Vice-présidente de la Ligue des droits de l’Homme Virgil Vernier Cinéaste, Marie Vialle Actrice et metteuse en scène, Jean Vigreux Historien, Jonathan Vinel Cinéaste, Benoît Volnais Cinéaste, Bernard Wallet Écrivain et éditeur, Éléonore Weber Cinéaste, Serge Wolikow Historien, Alice Zeniter Écrivaine et cinéaste.

Plus de 1 500 autres citoyen.nes ont déjà signé cet appel. Nous allons publier au fur et à mesure leur nom, pour celles et ceux qui le souhaitent.

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26/08/2023

Néocolonialisme de gauche : La banlieue n’est pas Médine

 

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Source Charlie Hebdo Riss

Qui avait entendu parler de Médine avant son invitation à l’Université d’été d’Europe Écologie-Les Verts ? Assez peu de gens, finalement. Et quand on écoute les responsables de ce parti exposer les raisons de sa venue, ils ânonnent de laborieuses explications : « Il a un parcours intéressant », « Il a des choses à dire »… La presse a déjà rappelé ses déclarations contre la laïcité ou la République, ses accointances avec des personnages comme Dieudonné, et autres conneries du même niveau. On est maintenant habitués à ce genre de fumistes : ce n’est pas le premier et ce ne sera pas le dernier.

Selon l’Insee, 8 % de la population française vit dans les banlieues, ce qui signifie que les 92 % restants n’y vivent pas et ­n’entendent parler de ces quartiers qu’à travers ce qu’en disent les médias : délinquance, trafics, islamisme, communautarisme, drogue, rap et voitures brûlées. Et quand on veut discuter avec une personne qui en est originaire, on ne trouverait que ce monsieur Médine ! C’est donc par son regard que le reste de la France est sommé de voir la banlieue. Pauvre banlieue, souvent délaissée, si mal représentée.

Lors d’un reportage réalisé il y a quelques années en Seine-Saint-Denis, nous avions rendez-vous avec une jeune fille qui, après des mois passés dans la rue, avait enfin obtenu un logement. Devant son immeuble venait de rouvrir la médiathèque, flambant neuve, car la précédente avait été réduite en cendres un an auparavant, cible d’un incendie criminel. Les parents se pressaient pour y amener leurs gosses, et à l’intérieur, les premiers arrivés avaient déjà le nez dans les livres. En face donc se dressait l’immeuble où résidait la jeune fille qui nous attendait. Dans le hall, des dealers avec des talkies-walkies – indétec­tables par la police – annonçaient à d’autres notre arrivée dans « leur » tour. Parvenus à l’étage, nous nous retrouvâmes nez à nez avec un groupe de types qui avaient démonté la porte de ­l’armoire électrique et l’avaient déposée sur deux tréteaux, en guise de bureau pour vendre la drogue.

L’un d’eux fonça sur nous pour connaître la raison de notre présence. « Pour rendre visite à une amie », lui répondit-on. « À une amie ? » Il n’avait pas l’air de concevoir qu’on pouvait venir sur ce palier pour une autre raison que pour acheter de la drogue, et il se demandait si nous n’étions pas des policiers en civil. La jeune fille nous ouvrit la porte et nous entrâmes dans son nouveau logis. Un petit appartement soigné et bien rangé. Elle qui avait connu la rue allait enfin pouvoir repartir de zéro et saisir cette deuxième chance pour reprendre sa vie en main. Un beau parcours de vie, comme on dit.

La banlieue n’est pas Médine

Comme des milliers d’autres en banlieue, mais qui, visiblement, n’intéressent pas des partis politiques comme La France insoumise ou EELV. Car pour eux, la banlieue doit répondre à des critères idéologiques : un banlieusard doit aimer le rap, et même en faire, être un peu sulfureux et effrayer les bourgeois avec une belle barbe noire ostensible. Ce qui témoigne d’une vision quasi folklorique de la banlieue, pas si éloignée de l’exotisme colonial. Il semble que, pour certains cadres de LFI et d’EELV, des personnages comme Médine sont intéressants, car ils peuvent servir de sergents recruteurs pour rabattre et enrôler de nouveaux soldats, goumiers marocains et autres tirailleurs sénégalais, prélevés parmi les populations issues de l’immigration. Pour eux, la banlieue n’est rien d’autre qu’une colonie qui doit fournir des troupes supplétives pour les prochaines élections.

Il y a quelque chose de pourri dans cette gauche-là. Elle dénonce l’extrême droite pour tout et n’importe quoi, mais surtout pour en faire l’adversaire qu’elle aimerait avoir en face au second tour de la présidentielle, afin de bénéficier d’un « front républicain ». Avec cette stratégie de kamikaze, cette gauche-là roule pour le RN, et ce n’est pas le laborieux catéchisme antifa de Médine qui masquera cette stratégie infâme. Ses leçons à deux balles sur l’extrême droite, il peut se les garder. On n’a pas besoin de lui et de ses raps de collégien (voir la page de Juin ) pour savoir quoi en penser.

La jeune fille qui nous avait accueillis retrouva du travail. À condition de prendre le train de banlieue à 5 heures tous les matins, un avenir s’ouvrait à elle. Pourquoi les politiques qui prétendent s’intéresser à ces quartiers n’invitent-ils jamais des personnes comme cette femme qui essayait de s’en sortir ? Parce qu’elles sont anonymes ? Parce qu’elles n’ont pas fait de déclarations contre la laïcité sur les réseaux sociaux ? Parce qu’elles ne font pas de rap ? Pourquoi ne donne-t-on aux 92 % de Français qui ne vivent pas en banlieue rien d’autre à entendre sur ces quartiers que des personnages comme Médine ? En mettant en avant ce genre de type, on efface tous les autres qui ne lui ressemblent pas, on enferme la banlieue dans ses clichés, et on lui maintient la tête sous l’eau. Alors qu’en banlieue, des gens formidables, ce n’est pas ça qui manque. La complaisance des partis politiques et aussi des médias à l’égard d’opportunistes comme Médine dure depuis des décennies, par paresse, par lâcheté, par nullité intellectuelle. La banlieue reste encore à découvrir.

10:20 Publié dans Actualités, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médine, banlieue | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

19/08/2023

Paris 2024 : est-il normal de faire appel à des bénévoles pour les JO ?

JO de Paris

Le député de La France insoumise (LFI) Alexis Corbière a demandé que les 45 000 volontaires qui participeront à l’organisation des Jeux olympiques de Paris 2024 puissent être rémunérés. Alors que le Comité d’organisation des JO a enregistré « plus de 300 000 candidatures » de bénévoles, l’élu met en perspective leur situation avec « les milliards » que va rapporter l’événement. 

« Le bénévolat est dans les gènes de ce genre de manifestations sportives, en particulier les Jeux olympiques. Lors de toutes les dernières éditions des JO, les organisateurs se sont beaucoup appuyés sur des bénévoles, cela fait presque partie de la tradition olympique. Sans cela, les dépenses seraient encore plus importantes, ou les déficits encore plus conséquents. Il est difficile de donner un chiffre, mais le surcoût serait forcément élevé s’il fallait rémunérer tous les bénévoles, compte tenu des coûts salariaux en France. S’ils demandent à être rémunérés, cela va mettre en péril l’équilibre financier des organisations, pas seulement celui des Jeux. Il en va de même pour les petites organisations, qui ont des recettes bien moindres. Pour les événements sportifs, c’est une bombe à retardement.

Cela étant dit, on ne peut pas être insensible à ce débat sur le bénévolat aux Jeux si l’on considère le montant des rémunérations des membres du Comité d’organisation. Cette masse salariale est substantielle. Non seulement les bénévoles ne sont pas rémunérés, mais certains doivent débourser des sommes importantes pour se déplacer à Paris et s’y loger. Dans ce contexte, le déséquilibre entre les propriétaires de logements qui vont gagner beaucoup d’argent en les louant pendant les Jeux et la situation de gens pleins de bonne volonté qui vont payer pour se loger est aussi un peu choquant.

La contrepartie de pouvoir vivre les Jeux

Pour certains bénévoles, les Jeux sont un sacerdoce. À côté de cela, pour beaucoup, ce sera un grand moment. La contrepartie, pour eux, est de pouvoir vivre l’événement de l’intérieur. Le discours selon lequel ils bénéficient d’une rémunération non pécuniaire en prenant part à cet événement peut s’entendre. C’est aussi une activité valorisable sur un CV pour des jeunes, parce que ce sont des événements positivement connotés. C’est une sorte d’investissement pour être mieux payé dans l’avenir. Chacun va trouver des éléments de satisfaction. Face à cette réalité, il y a effectivement une forme d’exploitation de la ressource représentée par les bénévoles. Car il faut aussi être très honnête : certaines tâches sont particulièrement ingrates. Si les uns vont être au contact des athlètes, d’autres vont être en dehors des enceintes, au milieu de la foule pour la guider.

Ce genre de polémique a déjà existé par le passé, et il est difficile d’avoir une position tranchée sur ce sujet. On ne peut pas être tout noir et tout blanc. On est dans un débat politique. Mais c’est pareil pour les associations. Le travail effectué par un associatif est parfois à la limite du service marchand, alors que les associations ont aussi des salariés. Qu’est-ce qui fait qu’untel est bénévole et que tel autre est salarié, avec des tâches finalement assez proches ? On est dans cette espèce de frontière entre le marchand et le non-marchand, qui n’est pas complètement étanche et qui est difficile à fixer. »

 

11:51 Publié dans Actualités, Connaissances, Jeux, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jo de paris | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!