14/01/2015
Partout les inégalités explosent. Fin de la théorie du ruissellement ?
Alors que la somme des richesses créées n’a jamais été aussi importante, 2014 s’affirme comme l’année de toutes les inégalités. Même des organismes aussi libéraux que le FMI et l’OCDE s’en alarment !
23:24 Publié dans Economie, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : économie, patrimoine, inégalités | |
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05/11/2014
Rémi Fraisse, victime d’une guerre de civilisation
A l’image d’Astérix défendant un petit bout périphérique de Bretagne face à un immense empire, les opposants au barrage de Sivens semblent mener une résistance dérisoire à une énorme machine bulldozerisante qui ravage la planète animée par la soif effrénée du gain. Ils luttent pour garder un territoire vivant, empêcher la machine d’installer l’agriculture industrialisée du maïs, conserver leur terroir, leur zone boisée, sauver une oasis alors que se déchaîne la désertification monoculturelle avec ses engrais tueurs de sols, tueurs de vie, où plus un ver de terre ne se tortille ou plus un oiseau ne chante.
Cette machine croit détruire un passé arriéré, elle détruit par contre une alternative humaine d’avenir. Elle a détruit la paysannerie, l’exploitation fermière à dimension humaine. Elle veut répandre partout l’agriculture et l’élevage à grande échelle. Elle veut empêcher l’agro-écologie pionnière. Elle a la bénédiction de l’Etat, du gouvernement, de la classe politique. Elle ne sait pas que l’agro-écologie crée les premiers bourgeons d’un futur social qui veut naître, elle ne sait pas que les « écolos » défendent le « vouloir vivre ensemble ».
Elle ne sait pas que les îlots de résistance sont des îlots d’espérance. Les tenants de l’économie libérale, de l’entreprise über alles, de la compétitivité, de l’hyper-rentabilité, se croient réalistes alors que le calcul qui est leur instrument de connaissance les aveugle sur les vraies et incalculables réalités des vies humaines, joie, peine, bonheur, malheur, amour et amitié.
Le caractère abstrait, anonyme et anonymisant de cette machine énorme, lourdement armée pour défendre son barrage, a déclenché le meurtre d’un jeune homme bien concret, bien pacifique, animé par le respect de la vie et l’aspiration à une autre vie.
Nouvel avenir
A part les violents se disant anarchistes, enragés et inconscients saboteurs, les protestataires, habitants locaux et écologistes venus de diverses régions de France, étaient, en résistant à l’énorme machine, les porteurs et porteuses d’un nouvel avenir.
Le problème du barrage de Sivens est apparemment mineur, local. Mais par l’entêtement à vouloir imposer ce barrage sans tenir compte des réserves et critiques, par l’entêtement de l’Etat à vouloir le défendre par ses forces armées, allant jusqu’à utiliser les grenades, par l’entêtement des opposants de la cause du barrage dans une petite vallée d’une petite région, la guerre du barrage de Sivens est devenue le symbole et le microcosme de la vraie guerre de civilisation qui se mène dans le pays et plus largement sur la planète.
L’eau, qui, comme le soleil, était un bien commun à tous les humains, est devenue objet marchand sur notre planète. Les eaux sont appropriées et captées par des puissances financières et/ou colonisatrices, dérobées aux communautés locales pour bénéficier à des multinationales agricoles ou minières. Partout, au Brésil, au Pérou, au Canada, en Chine… les indigènes et régionaux sont dépouillés de leurs eaux et de leurs terres par la machine infernale, le bulldozer nommé croissance.
Dans le Tarn, une majorité d’élus, aveuglée par la vulgate économique des possédants adoptée par le gouvernement, croient œuvrer pour la prospérité de leur territoire sans savoir qu’ils contribuent à sa désertification humaine et biologique. Et il est accablant que le gouvernement puisse aujourd’hui combattre avec une détermination impavide une juste rébellion de bonnes volontés issue de la société civile.
Pire, il a fait silence officiel embarrassé sur la mort d’un jeune homme de 21 ans, amoureux de la vie, communiste candide, solidaire des victimes de la terrible machine, venu en témoin et non en combattant. Quoi, pas une émotion, pas un désarroi ? Il faut attendre une semaine l’oraison funèbre du président de la République pour lui laisser choisir des mots bien mesurés et équilibrés alors que la force de la machine est démesurée et que la situation est déséquilibrée en défaveur des lésés et des victimes.
Ce ne sont pas les lancers de pavés et les vitres brisées qui exprimeront la cause non violente de la civilisation écologisée dont la mort de Rémi Fraisse est devenue le symbole, l’emblème et le martyre. C’est avec une grande prise de conscience, capable de relier toutes les initiatives alternatives au productivisme aveugle, qu’un véritable hommage peut être rendu à Rémi Fraisse.
- Edgar Morin (Sociologue et philosophe), article publié par le Monde
14:00 Publié dans Actualités, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rém fraisse, morin edgard | |
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22/10/2014
Pour un dialogue des cultures, antidote aux fractures
Mais l’ignorance concerne un autre apport tout autant essentiel. Celui de la civilisation arabo-islamique à la renaissance de l'Europe. Sa culture florissante avait affecté tous les domaines et a fait émerger des thèmes essentiels tel que l’amour courtois et la poésie qui l’accompagnait, l’éthique politique et l’organisation étatique, les arts, ainsi que le raffinement dans les champs culinaire, vestimentaire, ludique, sans parler des apports scientifique et philosophique.
C’est par l’accès à cette culture valorisant la beauté et le féminin dans leur dimension sacrée que nous saurions apporter des antidotes aux crispations identitaires. D’une part, cela réorienterait des jeunes issus de l’immigration vers la « bonne adresse », leur permettant de construire une confiance en eux, de s’affirmer et de s’émanciper.
Cette réorientation est nécessaire pas seulement pour les défavorisés parmi eux, mais aussi pour l’élite formée dans un moule occidental et qui devient porte parole d’une islamophobie virulente. D’autre part, cela permettrait de sortir les xénophobes de leur mythe d’une identité européenne pure qui n’aurait jamais interagi avec l’Islam, présenté comme ennemi déclaré depuis toujours.
Il est urgent de réviser l'histoire afin de prendre conscience que les échanges au sein de la méditerranée avaient dépassé les conflits dans le passé, mais furent aussi économiques et culturels. Cela nous aiderait à nous en inspirer, afin que les pays du sud ne soient plus perçus comme des sources de gain économique et des marchés de marchandises et d’armes à conquérir, mais bien des partenaires égaux d’un dialogue culturel et une source d’enrichissement, comme ils le furent auparavant.
Ines Safi : Née en Tunisie, Inès Safi est diplômée de l’Ecole Polytechnique de Palaiseau et chercheuse CNRS en théorie de la matière condensée, au Laboratoire de physique des solides à Orsay, où elle étudie des système de taille nanométrique.
12:03 Publié dans Connaissances, Inès Safi, Planète, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : inès safi, cultures | |
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16/09/2014
Michèle Delaunay pointe des élus déconnectés de «la vraie vie»
Sur son blog, l'ancienne ministre et députée Michèle Delaunay souligne la déconnexion des réalités de certains de ses collègues
Après avoir brillamment réussi ses études à Sciences-Po, le jeune étudiant intègre la fonction publique, ou le cabinet d’un élu, avant d’être parachuté dans une circonscription facile, sous le regard bienveillant «d’un mentor», et d’y rester implanté pour plusieurs mandats, en les cumulant bien évidemment.
Voilà le parcours d’un certain type de politiques français, tel que décrit par l’ancienne ministre déléguée aux Personnes âgées et à l’autonomie, la socialiste Michèle Delaunay, qui a voulu dénoncer cet itinéraire tout tracé de nombreux élus français, dans un billet publié sur son blog samedi, «Comment faire carrière sans mettre un pied dans la vraie vie».
Seul passeport
Elle appelle cela «le tunnel», une fois dedans, la carrière de ces jeunes élus va se dérouler sans accroc en dehors de toute réalité sociale ou économique. «Ces élus n’ont jamais connu la vie réelle. Entrés tôt dans le tunnel, ils n’en sont jamais ressortis, dénonce-t-elle. S’il est élu, le parachuté devient un conquérant. Nul, sur le terrain, ne le connaissait avant, ne sait vraiment quelles études il a fait ou s’il a eu jamais la moindre responsabilité. Son document électoral est son seul passeport.»
Son nom n’est jamais cité mais le parcours décrit rappelle évidemment le cas Thomas Thévenoud. Après avoir réussi Sciences-Po Paris, le nouveau paria de la gauche était entré en 2000, à l’âge de 26 ans, au cabinet de Laurent Fabius, alors ministre de l’Economie et des Finances. Avant d’être élu premier adjoint à Montceau-les-Mines en 2001, de devenir vice-président du conseil général de Saône et Loire en 2008, d’entrer à l’Assemblée nationale en 2012 et d’entrer au gouvernement Valls, pour neuf jours.
A lire aussi notre récit «Thévenoud, le politique qui voulait s’imposer»
Dans son billet, Michèle Delaunay raille cet entre soi politique, d’élus tous originaires du même milieu social et fabriqués dans le même moule. Ce qui n’est pas son cas. La députée de Gironde a en effet une longue carrière en tant que médecin à Bordeaux avant d’entrer en politique en devenant conseillère municipale à Bordeaux à 2001, à l’âge de… 54 ans. Un parcours plutôt rare dans le paysage politique français.
Seulement deux ouvriers à l’Assemblée nationale
«J’ai pour voisin à l’Assemblée un des deux seuls exploitants agricoles qui y siègent. Il s’y sent sur une autre planète et raisonne d’une manière différente. Pour sûr, il sait ce que payer une facture veut dire ou répondre à une échéance», explique-t-elle toujours sur son blog.
Les statistiques des origines sociales des députés de l’actuelle législature viennent confirmer ce constat. Ainsi 81,5% des 577 députés appartiennent à la catégorie des cadres et des professions intellectuelles supérieures. Contre 6,6 % des artisans et seulement… deux ouvriers, selon l’Observatoire des inégalités.
Face à cette réalité, Michèle Delaunay tente de sensibiliser les électeurs : «Dans le choix que vous aurez à faire de l’un ou l’autre candidat à l’une ou l’autre élection, il peut n’être pas inutile de regarder s’il est passé par la case Réalité.»
12:31 Publié dans Actualités, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : delaunay, députés, ps, assemblée nationale | |
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