26/10/2015
Le danger des milliers d’autocars Macron
Un accident du travail, n’est pas le moment de se recueillir, mais de faire le maximum de bruit pour que les consciences s’éveillent, à chaud, et que les mesures soient prises vite, pour que ça ne se reproduise plus. C’est à ce moment là, hélas, tous les praticiens le savent, qu’on a le plus de chances de stopper des travaux dangereux et d’imposer des mesures de sécurité. Et souvent les patrons dans ces cas-là sont pour le recueillement des familles pas pour l’enquête de l’inspection du travail ni des services de sécurité !
Ce fut le cas pour la mort le 13 juillet d’un intérimaire de 41 ans tombé dans la fonte liquide à 1400° chez Arcelor-Mittal. Quand le CHSCT de Grand-Scynthe a voulu exiger une expertise, la direction a refusé, et on attend encore la décision du tribunal.
Et un autre ouvrier, intérimaire lui aussi, de 29 ans est tombé dans la fonte liquide en septembre. Les gros médias des 7 milliardaires ont parlé des « chemises déchirées » à Air France mais jamais de ça ! Sinon ils auraient été obligés de reconnaitre que 21 % d’intérimaires chez Arcelor, site classé « Seveso » et en convention avec l’état, c’était tout simplement criminel.
On a tous été traumatisés par le tragique accident d’autocar/camion de Puisseguin et terriblement émus par les familles des 43 victimes. Les gros médias ont critiqué ceux qui parlaient très vite des urgences que soulevait ce drame. Bien sur que ces morts-là n’ont pas été causés par la loi Macron du 8 août 2015 mais ils alertent forcément car depuis 6 semaines, 250 000 passagers ont été transportés, à cause d’elle, en autocar contre 110 000 pour toute l’année 2014.
L’urgence est donc de faire face aux risques pour ces milliers de nouveaux autocars qui remplacent en ce moment 40 % des trains. D’autant que des millions de pauvres, retraités, jeunes, n’ont pas le choix, exclus du service public de la SNCF par le prix exorbitant des trains, les voilà relégués dans une nouvelle « 3° classe » sur des routes dangereuses, dans l’insécurité des files de cars doublant des camions. Le tout autoroute contre le rail et le fret.
Charles Fiterman, ancien ministre des transports, listait dans l’Humanité du 17 octobre 2014 l’ensemble des inconvénients du transport par autocar : « Veut-on une nouvelle catastrophe comme celle survenue à Beaune sur l’autoroute A6 le 31 juillet 1982, avec 44 enfants morts ? » Les cars inconfortables et lents, soumis à des parcours épuisants ont jusque là tué 7 fois plus que le train : que va t il arriver avec des milliers de plus lâchés de façon incontrôlée sur toutes les routes. Les transporteurs se sont rués sur l’or sans même que les décrets d’application de sécurité de Macron aient été publiés. C’est la course des compagnies sous-traitantes, avec des intérimaires, et demain, des auto-entrepreneurs «uberisés». Sans parler de la pollution totalement contradictoire avec la COP21.
Alors oui, halte à la loi Macron, faisons le maximum de bruit, imposons de la stopper avant que d’autres accidents ne se produisent. Vite, retour au progrès : autant de rail que possible en service public, moins cher et pour tous, et seulement des autocars quand il n’est pas possible de faire autrement.
Gérard Filoche
à lire dans l’Humanité dimanche chronique « au boulot » n°262
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19/10/2015
CGT : Dialogue social : la démocratie ne cesse d’être bafouée
La quatrième conférence sociale du quinquennat Hollande s’ouvre aujourd’hui. Au menu de ce grand raout qui, cette fois, se veut « thématique » : la COP21 sur le climat, la transformation numérique du travail, le compte personnel d’activité. L’occasion surtout, pour le gouvernement, de donner à voir sa feuille de route d’ici à 2017, sous couvert de promotion en grande pompe du « dialogue social », alors même que la démocratie ne cesse d’être bafouée au sein comme à l’extérieur des entreprises. Air France, STX, mais aussi lois Rebsamen ou Macron, « le mécontentement est là », juge le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui, dans nos colonnes, explique le sens de « l’alerte » qu’il entend envoyer au gouvernement en refusant de participer à la conférence sociale et de cautionner ses choix libéraux. D’autant que ce même gouvernement manœuvrait en coulisse encore vendredi pour mieux, ce week-end, se féliciter d’un accord qui fait de l’allongement de l’âge du départ à la retraite la norme.
La CGT a décidé de boycotter la conférence sociale, ce rendez-vous est-il, selon vous, dénué d’enjeu ?
Philippe Martinez Cette décision est avant tout un nouveau message d’alerte au gouvernement : il est temps d’arrêter de faire plaisir au patronat et de s’occuper de la situation des salariés. Depuis plusieurs mois, la CGT propose d’inscrire leurs préoccupations à l’ordre du jour de cette conférence sociale avec la question des salaires et du temps de travail, notamment. Le gouvernement n’en a pas tenu compte. Dans le même temps, en première partie du programme, nous sommes invités à écouter des experts, souvent patronaux, sans pouvoir véritablement donner notre avis. Le gouvernement affirme que l’on pourra s’exprimer puisqu’une réunion informelle est prévue avec le président de la République. Une heure de réunion officieuse, huit organisations syndicales dont cinq de salariés et trois patronales. Le dialogue n’existe pas. Enfin, il y a la situation sociale. Air France et tout le reste. Plutôt que de s’intéresser au sort des possibles 3 000 licenciés, le gouvernement traite les salariés qui combattent ce plan de restructuration de « voyous ». Trop c’est trop.
Quelle est votre opinion sur le compte personnel d’activité, dont François Hollande veut faire l’une de ses mesures phares et qui sera au menu aujourd’hui ?
Philippe Martinez Depuis dix ans, la CGT porte l’idée d’une sécurité sociale professionnelle. C’est une proposition très innovante de progrès social pour que les salariés, quel que soit leur parcours professionnel, voient leurs compétences reconnues et ne perdent pas leur droit en changeant d’employeur. Régulièrement, les gouvernements successifs font référence à cette notion. L’important n’est cependant pas le titre mais le contenu. Nous sommes prêts, nous l’avons dit, à une négociation sur une véritable sécurité sociale professionnelle. Mais celle-ci ne doit pas s’ouvrir sur une porte déjà fermée. Le problème, en l’occurrence, c’est qu’à la conférence sociale, le rapport de France Stratégie, sur le compte personnel d’activité, sera présenté avec un minimum de débats. Puis, le premier ministre présentera la feuille de route du gouvernement en se prévalant d’avoir écouté les syndicats. Ce n’est pas notre conception de la négociation.
Depuis les événements à Air France, vous constatez une forte colère chez les salariés et vos syndiqués, pourtant, la mobilisation du 8 octobre dernier n’a pas été un raz-de-marée. Comment expliquez-vous cette contradiction du mouvement social ?
Philippe Martinez Le mécontentement ne se mesure pas uniquement dans les mobilisations interprofessionnelles. Mais aussi au nombre de conflits dans les entreprises. Et ils sont nombreux. Le 8 octobre, par exemple, j’étais en manifestation à Saint-Étienne et, à midi, j’étais sur un piquet de grève avec les salariés de Prosegur qui se sont battus contre une direction qui voulait remettre en cause leurs acquis sociaux. Le mécontentement est là, il s’exprime parfois plus fort dans les entreprises. À nous de convaincre qu’il est nécessaire de se rassembler. Avec des dirigeants qui ne cessent d’expliquer que faciliter les licenciements est la seule façon de s’en sortir, la CGT doit redoubler d’efforts, de discussions, de débats. C’est ce que nous faisons avec notre plan de rencontre des syndicats, des syndiqués et des salariés. Nous disons : « Attention, le chemin sur lequel ils nous emmènent est celui du chômage. Mais on peut travailler à d’autres perspectives. »
Les mesures gouvernementales accréditent la thèse d’un « coût du travail » qui serait trop important. Ce faisant, François Hollande, malgré ses appels au dialogue social, en durcit-il, selon vous, les conditions ?
Philippe Martinez Depuis des années, on nous explique qu’aider à licencier créera de l’emploi. C’est un paradoxe assez monumental. De même, on prétend que tout s’arrangera en donnant de plus en plus d’argent aux patrons, sous forme de crédit d’impôt ou d’exonération de cotisations. Est-ce que cela a inversé la courbe du chômage ? Non, le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter. Mais on continue de nous expliquer que nous n’avons rien compris. Cela ne fait que renforcer la colère des salariés. On ne peut pas cautionner de telles politiques. Comble du comble, Manuel Valls prétend désormais que la CGT est responsable de tous les maux dans ce pays, y compris d’un possible échec de la gauche aux prochaines élections. Les sommets du cynisme et de la fuite en avant sont atteints : qui mène la politique dans ce pays, qui mène le gouvernement ? Chacun doit assumer ses responsabilités. La politique du gouvernement est critiquée. Le seul responsable, c’est celui qui la conduit.
Manuel Valls tente de vous renvoyer la balle en déclarant que refuser le dialogue « ne fait pas avancer la société ». Que répondez-vous ?
Philippe Martinez La CGT participe à toutes les négociations et porte la voix des salariés. Que fait le gouvernement ? Avec la loi Rebsamen, il a pris la main sur une négociation qui n’avait obtenu aucune signature et a inscrit dans la loi ce que demandait le Medef. Le gouvernement déclare également qu’il faut respecter la représentativité et les accords majoritaires. Dans la fonction publique, sa propre entreprise en quelque sorte, il vient de valider un accord minoritaire. Sont-ce là les signes d’une volonté de dialogue et de respect de la démocratie sociale ? Je renvoie la balle dans le camp du gouvernement. En matière de chômage, de recul du pouvoir d’achat, de retraite, il est l’unique responsable de la politique menée.
La négociation qui s’est achevée vendredi sur les retraites complémentaires est-elle une nouvelle illustration de cette impasse ?
Philippe Martinez Tout à fait. Non seulement l’objectif est à nouveau de réduire les dépenses mais dans les 6 milliards d’euros d’économies demandés, ce sont les salariés et les retraités qui payeront 5,4 milliards, quand le patronat donnera 600 millions. On est loin du 50/50, du donnant-donnant. Très loin de l’équité. De plus, cet accord officialise le rallongement de l’âge de départ à la retraite. Le gouvernement cautionnera-t-il la retraite à 65 ans ?
Dans ce contexte de reculs sociaux et de colère, quelles mesures d’urgence proposez-vous ?
Philippe Martinez De l’argent, il y en a beaucoup, sauf qu’une grande partie atterrit directement dans les poches des actionnaires, souvent de l’argent public, celui de nos impôts. Il faut inverser cette tendance. L’argent donné au patronat doit servir à augmenter les salaires, à réduire le temps de travail, à financer les services publics. Dans les hôpitaux, par exemple, la situation des personnels est dramatique. Plutôt que de toujours faire payer les salariés et d’exiger des mesures drastiques d’austérité au nom de la réduction des dépenses publiques, développons l’emploi et les salaires. Ce qui permettrait, de surcroît, d’assurer le financement de la protection sociale grâce à de nouvelles rentrées de cotisations sociales.
La concurrence internationale est souvent invoquée pour couper court à cette possibilité…
Philippe Martinez Si la modernité, c’est revenir au Moyen Âge, par exemple en ne disant rien sur la situation des salariées des compagnies aériennes du Qatar ou des Émirats qui doivent demander la permission pour se marier ou faire des enfants, nous n’en avons pas la même conception. Nous nous battons non pas pour que tout le monde vive le pire en choisissant comme objectif des références de déréglementations sociales partout sur la planète, mais pour le mieux-disant social pour tous. Pour cela, nous agissons dans un cadre national mais aussi européen et international. Travaillons pour l’immense majorité des citoyens que sont les salariés et non pas pour une minorité qui spécule et confisque le fruit du travail des autres.
Entretien publié par le journal l'Humanité
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07/10/2015
SYRIE : NON, IMPOSSIBLE POUR MOI DE SOUTENIR CETTE POLITIQUE / ALEX KAHN
Allons, avant de me remettre à l’écriture de mon prochain livre (je suis dans la dernière ligne droite), une manifestation de mauvaise humeur maitrisée contre la politique étrangère du couple Fabius – Hollande.
Certes, Vladimir Poutine n’est pas exactement le type de démocrate dont on rêverait sous nos climats, il est sans doute machiste et est resté homophobe. Même si la Russie a rarement connu mieux, ce n’est pas un modèle. En revanche, il est à l’évidence le plus redoutable “homme d’État” du moment, de la trempe des grands de l’ancien temps. Bachar Al Assad est un tyran sanguinaire, pas de doute. Pour autant, quand même ?
17:58 Publié dans Actualités, Cactus, International, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : syrie, alex kahn | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |
02/10/2015
Affaire Morano : "Retirer le mot race de notre législation permettra une éducation populaire"
Après les propos de Nadine Morano sur la "race blanche", le député PCF André Chassaigne milite pour la suppression du mot "race" du droit français.
Et si les récentes déclarations de Nadine Morano sur la "race blanche" étaient l'occasion d'un coup de balai dans le droit français ?
Les parlementaires de la gauche de la gauche ont demandé au gouvernement, mercredi 30 septembre, d'inscrire à l'ordre du jour du Sénat une proposition de loi supprimant le mot "race" de la législation.
Le texte, déjà adopté à l'Assemblée nationale en mai 2013, avait été déposé notamment par le président du groupe Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne.
Francetv info revient sur cette démarche avec l'élu communiste du Puy-de-Dôme.
Francetv info : Pourquoi avoir déposé, en 2012, ce texte visant à supprimer le terme de "race" de notre corpus juridique ?
André Chassaigne : Ce n'était pas une première, le sujet avait déjà été mis à l'ordre du jour en 2003, mais le texte avait été rejeté par la majorité [UMP] de l'époque. Il s'agissait pour nous de rappeler que l'utilisation du mot "races", au pluriel, est une ineptie complète. Il n'y a pas plusieurs races humaines (blanche, noire...), mais une seule race humaine.
En 1996, 600 scientifiques avaient répondu à Jean-Marie Le Pen sur le sujet de "l'inégalité des races". "Les gènes n'ont pas de race", disait alors le généticien André Langaney. Son collègue Albert Jacquard a depuis écrit qu'il était "impossible de classer les différentes populations humaines en races". Dès lors, on ne peut pas conserver dans nos textes un mot qui n'a aucune justification.
Que recherchez-vous précisément par cette démarche ?
Nous voulons éviter l'instrumentalisation du mot "race". Celle-ci a eu cours au XIXe siècle, au moment du colonialisme, pour justifier la supériorité d'une race sur une autre. L'actualité nous montre que l'instrumentalisation continue : si on dit que la population française est de "race blanche" dans son histoire et dans ses gènes, par opposition à d'autres "races", c'est inacceptable.
Nous avons besoin de faire de la pédagogie, de nous adresser aux consciences. Le fait de retirer le mot "race" de notre législation permettra, grâce à un débat, de donner des explications sur le sujet. Cela ne mettra pas fin au racisme mais permettra une éducation populaire. Trop de gens croient encore qu'il existe plusieurs races et qu'elles sont différentes.
Quel a été le parcours de votre proposition de loi à l'Assemblée ?
Le texte a été voté à l'unanimité [le texte a été voté à main levée, avec quelques votes contre de l'UMP, selon Reuters], avec un avis favorable du gouvernement représenté par la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Il était accompagné d'un rapport du député Alfred Marie-Jeanne, qui avait listé 59 articles contenant le mot "race" dans neuf codes et treize lois, dont la dernière remontait à 2008.
La proposition de loi est ensuite partie au Sénat, avec un quasi engagement du gouvernement de l'inscrire à l'ordre du jour. Les sénateurs communistes attendent toujours que le gouvernement le fasse.
Etes-vous confiant quant à une adoption prochaine de la proposition de loi au Sénat ?
Je suis assez optimiste. On espère qu'une décision sera prise lors de la prochaine conférence des présidents de groupe au Sénat, le 7 octobre. Le ministre des Finances, Michel Sapin, s'y est dit favorable, ce matin. Cela serait un geste fort pour remettre les choses en place et souligner l'usage fallacieux du mot "race".
Vous militez aussi pour une suppression du terme "race" de la Constitution elle-même, comme s'y était engagé François Hollande en 2012. Y croyez-vous ?
Oui, car ce n'est pas un texte clivant. Je vois mal un groupe parlementaire dire qu'il existe plusieurs races humaines. Recueillir une majorité des trois cinquièmes au Parlement ne devrait pas être un problème. Le seul obstacle pourrait être juridique, sur la forme, mais je n'y crois pas.
12:37 Publié dans Actualités, Connaissances, Entretiens, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré chassaigne, député, race | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |