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20/12/2015

« Marine Le Pen, comment avez-vous pu avoir l’idée d’utiliser ces images horribles »

lepen.jpgJe pensais avoir tout vu, tout entendu de votre part Marine Le Pen. Le mensonge, le cynisme, la manipulation, le fiel, l’intolérance mais cette fois j’avoue que la publication sur votre compte de trois photos abjectes de victimes de Daech [acronyme arabe pour l’organisation Etat islamique] dépasse ce que je pouvais imaginer de pire de votre part.

Je suis à la fois révolté et écœuré par cette ignominie. Comment avez-vous pu avoir l’idée d’utiliser ces images horribles diffusées par l’Etat islamique au bénéfice de votre propre propagande ?

Ma réaction est d’abord celle d’un citoyen outré par tant de bassesse. Elle est aussi celle d’un ancien otage prisonnier des talibans pendant dix-huit mois en 2010 et 2011. Je songe à ma famille qui aurait pu découvrir ma photo sur internet prise pendant ma captivité. Quel effroi !

Je pense aujourd’hui aux proches, aux parents du journaliste américain James Foley assassiné par des barbares après vingt et un mois de captivité et au choc qu’ils ont subi lorsqu’ils ont appris l’utilisation à des fins politiques de l’image de leur fils supplicié.

Je me souviens avoir rencontré Diane Foley, la mère du reporter, au printemps 2014. Cette femme digne et courageuse était venue à Paris lorsque James vivait encore. Elle se sentait très seule aux Etats Unis face à son calvaire et voulait comprendre comment fonctionnait un comité de soutien, en l’occurrence celui de quatre otages français qui se trouvaient eux aussi aux mains de Daech, Didier François, Nicolas Hénin, Edouard Elias et Pierre Torres. J’ai admiré le combat qu’elle menait avec son mari pour tenter de convaincre le président Barack Obama d’entamer des négociations afin de faire libérer son fils, hélas sans succès.

L’un se nourrit de l’autre

Avez-vous pensé Madame Le Pen à cette femme, à cette mère qui ne se remettra jamais de la perte de son enfant ? Vous êtes-vous mise une seconde à sa place au moment de diffuser la photo du corps de James Foley ?

En politique, vous estimez certainement que tous les coups sont permis. La provocation est une arme que vous utilisez sans cesse. L’héritage paternel sans doute. Votre tactique est de faire parler de vous, en bien ou en mal, à chaque instant. L’essentiel est de saturer l’espace médiatique.

Après avoir provoqué la polémique, vous jouez à merveille le rôle de l’offensée. Vous contre-attaquez en affirmant avoir été blessée par un journaliste qui selon vous a comparé le Front national et Daech. Puis vous daignez enfin retirer la photo de James Foley à la demande expresse de ses parents. Mais vous laissez deux clichés montrant la mise à mort atroce de deux hommes. Vous craignez peut-être d’être traînée en justice aux Etats Unis alors que pour les autres martyrs, vous vous moquez bien de voir leurs familles un jour s’offusquer de votre indécence.

L’Etat islamique se sert en France du Front national qui prône la division, la suspicion envers les musulmans, les étrangers et classe les citoyens en catégorie. Et le Front national utilise la monstruosité de Daech pour attiser la peur. Finalement, l’un se nourrit de l’autre. L’utilisation de ces photos est une abomination, une atteinte à la dignité humaine et une insulte à toutes les victimes du terrorisme.

Votre terreau Marine Le Pen est la misère du monde, votre moteur la haine des autres. Jusqu’à la nausée.

Hervé Ghesquière, grand reporter et ancien otage.
 
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14:43 Publié dans Actualités, Médias, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

14/11/2015

Paris mon Amour…

pariscoeur.jpgPosté dans Mes publications

La nuit vient de tomber à Paris. Comme ailleurs. C’est vendredi et les gens aiment se retrouver pour célébrer la fin de la semaine ensemble, dehors, aux terrasses des cafés et des bars. Je suis loin de Paris ce soir là, mais c’est l’une des villes que je fréquente le plus. Il y a ma famille, mes amis, mes amours…

Je suis loin de Paris ce soir mais j’entends d’ici les verres de Demis qui s’entrechoquent, les éclats de rire et les bavardages des gens qui se racontent leurs aventures de la semaine. Je sens la fumée de la cigarette qui s’élève dans le ciel parisien. Je la sens la chaleur parisienne, Paris qui ne dort pas, Paris vit et qui grouille.

Pourtant ce matin, je découvre l’horreur. Je la connais cette terreur. Je l’ai même fuie.

Cette nuit a été tragique, on entendait des cris de détresse et le bruit sourd des balles qui traversent des poitrines, qui arrachent des âmes et coupent des souffles. Du sang et des larmes ont coulé.

Plus de trois cent familles ont été atteintes par des barbares. Des centaines de mères, de pères, de frères, de soeurs, de cousins, d’amis, d’amoureux, d’amants, ont vu des leurs tomber sur le pavé. Rien, rien ne justifie tout cela. Il n’y a jamais aucune justifications à l’atteinte à une vie.

Je reçois un appel de ma mère, en larmes. C’est la deuxième fois cette année que j’ai un coup de fil de ce type. Elle m’a parlé longtemps, m’a rappelé la raison de notre départ. Je me demande alors si la peur est la bonne réaction. Qui est légitime à terroriser un autre?

Non je n’ai pas peur. Mais je suis indignée.
Comme je partage votre douleur frères et soeurs… L’heure est à l’unité, oui nous sommes UN. Nous sommes humains, alors nous sommes un. L’heure est à la solidarité. L’heure est à la fraternité.

Ma seule arme est d’écrire, pourtant chaque mot me semble inutile. Léger. Inapproprié. Cependant, comme un devoir, je tiens à manifester mes condoléances les plus attristées aux familles et proches qui ont perdu quelqu’un cette nuit, et toute mon énergie et mes pensées positives à ceux qui sont encore à l’hôpital à attendre des nouvelles rassurantes.

La nuit était tombée à Paris quand du sang a coulé et des cris ont percé le ciel de cette nuit de novembre, mais elle ne doit en aucun cas tomber sur la France. Elle ne doit pas cristalliser de la haine et justifier des amalgames. Elle doit au contraire être un liant pour revendiquer que notre société est forte et fraternelle. Que nous nous aimons. Qu’elle est belle et rebelle face à l’ignominie. Qu’elle ne laissera pas le terrain aux obscurantistes de tous bords et de toutes idéologies.

Nous sommes un. Nous somme là. Humains, parce qu’ici comme ailleurs, on nous a tous tués. Solidaires face à cette épreuve. Humains et solidaires aussi avec les autres territoires tout récemment touchés par les attaques du même type.

Tristement vôtre,

La Robe Rouge.

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13/11/2015

Air France : La vérité sur les procédures disciplinaires

airfrance_0.jpg

Communiqué de l'intersyndicale d'Air France

Personne n’ignore que des entretiens préalables se sont déroulés pour des salariés du sol ainsi que des pilotes ces derniers jours au sein de l’entreprise. Certains pensent que les salariés mis en cause ont agressé les deux cadres dirigeants le 5 octobre dernier, ou bien se sont fait complices de l'entrée (tout à fait autorisée par ailleurs!) de salariés au Siège. Suite à une grosse pression mise par Matignon, et grâce aux images qui ont fait le tour du monde, la direction veut en faire des exemples pour que l’ensemble des salariés d’Air France associent mouvement social et violences et ne se mobilisent plus pour défendre leur avenir et celui d’Air France.

Une parodie de procédure disciplinaire
Les entretiens préalables ont eu lieu pour les personnels au sol. D’après le Code du Travail, ces entretiens servent à recueillir les explications des salariés mis en cause afin de décider ou non de la poursuite de la procédure de sanction. Malheureusement il n’en a rien été car la direction les a jugés coupables avant même d’avoir entendu la moindre explication de leur part. Elle a déjà déclaré que certains salariés PS convoqués, en mise à pied conservatoire sans solde, seraient licenciés car «les faits reprochés sont inacceptables».
Tous les entretiens préalables ont eu lieu avec un support vidéo à l’appui et des images extraites de journaux télévisés.

La direction d’Air France veut se faire justice, car elle estime que les images diffusées en boucle le 5 octobre à travers le monde nuisent à l’image de l’entreprise et montrent du doigt la gestion de nos dirigeants.
Lors des entretiens préalables de nos collègues du sol, la direction a, dans un premier temps, refusé de visionner les vidéos qu’elle avait elle-même mis dans le dossier à charge !
Selon elle, les images n’ont pas besoin d’être commentées, c’est dire si elle s’est déjà forgée un avis définitif alors qu’elle a reconnu par ailleurs que les images pouvaient être interprétables.
Nous avons tous visionné ces vidéos.

Que les choses soient claires, aucune des vidéos des salariés incriminés ne montre de violences physiques à l’encontre de qui que ce soit.

Beaucoup de salariés présents sur les images vidéo auraient très bien pu se retrouver sur le banc
des accusés tant ils semblent avoir été pris au hasard.
On a tout lu et entendu depuis le 5 octobre, des termes comme lynchage, ultra violence, voyous, stupides… Nous avons même entendu qu’un vigile, après avoir été agressé par des salariés Air France, serait tombé dans le coma. Il n’en est rien. L’information a été fournie aux médias par Air France.
Quant à nos collègues pilotes, mis-à-pied à titre conservatoire avec menace de sanction allant jusqu'au licenciement sans indemnités, l'entretien hiérarchique a eu lieu.
Que leur reproche la direction ?

Ils sont accusés d'avoir badgé pour faire entrer un collègue (on marche sur la tête car ces salariés pouvaient badger eux-mêmes …).
Leurs dossiers sont tellement vides que leurs hiérarchies se chargent de le remplir dans les couloirs en propageant des rumeurs absurdes selon lesquelles ils auraient badgé de multiples fois (impossible techniquement !) ou auraient bloqué les portiques avec leur pied ! Aucune image ne vient valider ces élucubrations.

Qu’en est-il réellement?
Pour nos collègues du sol, le Parquet, après avoir instruit le dossier, a déclaré qu’il n’y a JAMAIS eu de coma d’un vigile, mais un malaise, ce qui est tout de même très différent ! Les médias ont-ils rétablis la vérité? Non, bien sûr ! Le Premier Ministre, le Ministre de l’Economie et des Finances ainsi que la direction Air France préfèrent dire ou laisser croire que les salariés incriminés sont des “voyous”, stupides.

Mais qui sont les “voyous” : des salariés qui ont eu le tort, à l’annonce de suppressions d’emplois injustifiables, d’exprimer leur indignation ou des dirigeants qui ne remettent pas en question leur gestion et leur stratégie de licenciements boursiers ?
La direction, via les médias et via ses Flash Actu, continue de prétendre qu’il y a un dialogue social de qualité et apaisé à Air France. On en voit le résultat aujourd’hui !

Dès le lendemain des entretiens préalables, elle écrivait à nos collègues du sol pour les informer de la poursuite de la procédure disciplinaire (Conseil de discipline). Les premières lettres de licenciements viennent de tomber.

Pour nos deux collègues pilotes, la procédure continue, les menaces aussi. Ils sont convoqués pour un deuxième entretien sachant que l'étendue des sanctions possibles va jusqu’au licenciement également.
Nous devons refuser collectivement ces licenciements et sanctions complètement injustifiés. Nos collègues ne doivent pas payer pour des actes qu’ils n’ont pas commis.
Les treize syndicats réunis au sein de l’Intersyndicale ne l'acceptent pas!
Nous restons déterminés et unis !

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16:13 Publié dans Actualités, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : air france, syndicats, salatiés | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

02/11/2015

PHILIPPE TORRETON : Le programme du FN est un non-sens, c’est un suicide collectif !

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philippetoretton.jpgPar Philippe Torreton, comédien et auteur : "Si on ignore cela, on est complice… "

Les avis d’orages grondent, le paysage politique français est en alerte orange, parfois rouge dans certaines régions. Le FN progresse : il s’étend et se répand comme une peste mais je ne parviens toujours pas à y voir un exploit de sa part, même si certains de ses membres ne manquent pas d’habileté politique. Non, j’y vois surtout le signe d’une prolifération. Je veux dire par là que la propagande du FN progresse à cause d’un appauvrissement de la biodiversité politique, comme les méduses qui dominent la faune océanique par manque de prédateurs et finissent par saturer les mers de leur présence urticante et flasque.

La méduse est pleine d’eau, c’est de l’eau dans de l’eau, le FN, c’est du vide dans du vide. Il se nourrit du vide politique actuel pour proposer un autre vide, un néant létal. On peut ergoter longtemps sur le ras-le-bol des citoyens, sur ce sentiment d’abandon qui pousserait à voter sévère, à voter amer, à voter à l’envers. J’affirme que le chômage a le dos large, que les difficultés économiques n’empêchent pas de réfléchir, que la déception, voire la désillusion politique, la défiance ou l’écœurement envers les partis majoritaires, n’interdit pas de rester un être humain généreux et fraternel.

Un épouvantail semant la division

Aujourd’hui, nous n’avons aucune excuse, l’histoire nous a tout dit, tout répété et dans toutes les langues, nous avons toutes les cartes en main, le repli sur soi comme son corollaire le manque de courage n’ont plus d’alibi. Aujourd’hui, il faut avancer à découvert. Toute personne votant pour le FN sait ce qu’elle fait et sait dans quelles traces elle pose ses pieds.

Il n’est malheureusement pas interdit de voter FN puisque nos gouvernements successifs n’ont pas eu le courage de l’interdire lorsque celui-ci éructait régulièrement ses penchants antisémites et révisionnistes et proposait aux Français un programme en grande partie non conforme à notre Constitution. Au contraire, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Copé, Hortefeux, Valls, Cazeneuve et tant d’autres se sont servis de lui comme d’une arme électorale, tel un épouvantail semant la division, ou en intégrant, en parfaite connaissance de la sémantique utilisée, certaines expressions toutes faites du FN, en colorant leurs déclarations de termes virils, en prenant des pauses sécuritaires pour plaire à cet électorat, en reprenant les pires fantasmes de ce parti qui fait son beurre de toutes les peurs.

Le président Hollande à Strasbourg il y a quelques jours, sa riposte – saluée comme un exploit – contient pourtant une ambiguïté absolument pas relevée par nos observateurs : « (…) et d’éviter que ce soit le retour aux nationalismes, aux populismes, aux extrémismes qui nous imposent aujourd’hui d’aller dans un chemin que nous n’avons pas voulu. » Que voulait-il nous dire ? Que l’on y est sur ce chemin ? Qu’il s’est fait imposer un chemin ? Est-ce un aveu ? Cela expliquerait peut-être l’abandon du droit de vote des étrangers extracommunautaires aux élections locales dès le lendemain du score important du FN au scrutin européen du printemps dernier, par un Bernard Cazeneuve sûr de lui, épaulé par Manuel Valls qui estimait que les Français n’étaient pas prêts. J’aurais préféré entendre de la bouche du président : « (…) qu’ils tentent aujourd’hui de nous imposer un chemin que nous n’emprunterons jamais. » On l’a copié, utilisé comme un sondage d’une hypothétique France laborieuse et souffrante et donc « vraie ». On a flatté son électorat, on l’a plaint, on lui a prêté le bénéfice de la bonne question mais de la mauvaise réponse.

Un ordre fasciste : la censure des artistes

Depuis toujours le FN c’est l’ordre fasciste, le refus de l’étranger, la préférence nationale, la stigmatisation d’une population tenue responsable de troubles et d’abus, l’insupportable et insistante utilisation du mot « race », c’est le classement des civilisations, des peuples, des citoyens afin de déterminer une préséance.

Le FN c’est l’État ultra-sécuritaire et milicien, c’est la monarchie – la saga de la famille Le Pen nous le rappelle chaque jour –, c’est l’ordre religieux qui revient, car leur défense de la laïcité n’est qu’un prétexte pour écouler leur islamophobie atavique, le moyen de lutter contre leur fantasme préféré : l’Occident chrétien en danger d’islamisation forcée – thèse largement soutenue par certains de nos imminents penseurs.

Le FN c’est le contrôle et la censure : pas une ville gérée par le FN n’échappe à cette tentation d’écarter un livre d’une bibliothèque ou un artiste de « (leur) théâtre », de déboulonner une statue, de rebaptiser une rue, de repeindre une œuvre d’art, de revisiter l’histoire et les traditions. C’est aussi chez lui comme ailleurs l’argent qui domine, l’intérêt personnel, ce sont également des alliances avec le pire de l’Europe fasciste quand ils ne le représentent pas eux-mêmes.

Voter FN n’a rien à voir avec le désespoir !

On ne peut pas voter FN et ignorer cela, on est complice. On s’inscrit dans l’histoire avec ses pires oripeaux, c’est un choix, et ce choix n’a rien à voir avec le désespoir ! Le désespoir de l’abbé Pierre l’a poussé à lutter contre la misère avec les armes de l’amour et de la fraternité, le désespoir de Martin Luther King l’a convaincu de la force du pacifisme, le désespoir de Nelson Mandela lui a montré le chemin de la réconciliation de son pays, le désespoir de Jean Moulin lui a fait tenir sa langue sous la torture, le désespoir de ma grand-mère après la guerre l’a fait penser à ses enfants et petits-enfants dans le sacrifice de sa personne sans un gramme de haine pour ceux qui avaient tué son père et son jeune frère. Du plus instruit au moins instruit, du plus riche au plus démuni, il appartient à chacun de faire de ses difficultés un sac de serpent venimeux ou une force d’humanité et de courage. L’Europe, la construction européenne, est complexe et ingrate.

Je condamne et combats sa politique budgétaire, ses incohérences de fonctionnement, ses lacunes démocratiques, sa soumission à la finance, mais nous devons en être ses défenseurs intransigeants, la critiquer en la faisant évoluer, en en étant une force vive, en pointant du doigt le manque d’initiative de nos dirigeants, leur absence de courage politique, car il y a de la place encore et toujours pour la détermination d’une politique incarnée par un homme ou une femme. Il faut avoir conscience qu’une construction comme celle-ci est infiniment plus complexe que de rassembler des peuples par les armes ou de vivre sur les acquis d’un empire totalitaire du levant ou du couchant du soleil. Cette Union européenne n’aurait que l’avantage de la paix que ce serait déjà, pour nous tous, une immense victoire.

L’histoire, l’Europe et la France

Le « souverainisme » tel que le voit le FN n’est qu’un nationalisme qui attend son heure, sa vision de l’UE est consternante et dangereuse, ce mythe d’une France forte toute seule est un mensonge au peuple français, le retour au franc, une imbécillité économique que même ses adhérents ne veulent pas réellement envisager.

Le FN, c’est le pays des jouets dans Pinocchio qui transforme les enfants en baudets. L’histoire est bonne fille, pour ceux qui n’auraient pas tout suivi des événements européens depuis le début du XXe siècle : elle a placé à la tête de la Hongrie un fond de casserole brûlé, un de ses prêcheurs du pire, un qui a ses admirateurs dans les rangs FN. Et que voyons-nous dans ce pays ?

La censure, l’homophobie, la xénophobie, tous ces virus de la conscience humaine, les barbelés et des prisonniers transformés en travailleurs forcés. Le vote FN, c’est cela, quoi qu’ils en disent et quels que soient leurs efforts pour apparaître drapés de démocratie et de rubans tricolores. Voter FN, c’est entourer la France de barbelés au sens propre comme au sens figuré, c’est reprendre un chemin épouvantable en pleine conscience. C’est retrouver la recette du chaos, c’est se laisser glisser vers le nationalisme en toute connaissance de cause. C’est recommencer à aboyer !

Nous ne devons plus tolérer cette attitude paternaliste des hommes politiques qui consiste à « tenir compte de ce désespoir » et d’écouter ce qu’ils feignent de considérer comme des « avertissements ». Entendre des élus locaux, déclarer avant même l’arrivée du moindre réfugié sur leur territoire que leur commune ne pourra pas les accueillir est une honte, les entendre insinuer que parmi eux se cacheraient des terroristes est scandale inouï, ils font bégayer l’histoire, ils me font penser à ceux-là mêmes qui écrivaient au maréchal Pétain pour ne pas recevoir les juifs que ce gouvernement qualifiait alors d’indésirables. Dans quelques années ces noms d’élus rimeront avec le déshonneur, et leurs descendants les porteront comme autant de fardeaux.

Soixante-dix ans après la Seconde Guerre mondiale, constater que des élus de la République utilisent les mêmes ficelles, les mêmes mensonges, les mêmes approximations, accusations calomnieuses que la propagande nazie est un cauchemar que beaucoup de Français ne pensaient pas revivre. Et pourtant nous y sommes.

Face au capitalisme, le partage

Tous les calculs nous prouvent, et ce, depuis longtemps, que l’immigration ne plombe pas nos budgets nationaux, ni celui de la Sécu, ni les autres. Entretenir les Français dans cette méfiance est une véritable calomnie, c’est vouloir donner au peuple un os à ronger, c’est pointer du doigt un fautif, c’est marquer d’un signe distinctif les vêtements de ces peuples en exil. Le programme du FN est un non-sens par rapport aux enjeux écologiques et humanitaires de la planète, c’est un suicide collectif.

Tous les régimes totalitaires ont commencé par un programme similaire à celui du Front national : le brave peuple oublié à qui il faut redonner sa fierté, la stigmatisation d’un ennemi ou d’un bouc émissaire (le juif, l’émigré, la gauche bien-pensante, les artistes…), le repli sur des valeurs qui seraient « les nôtres », le refus de tout ce qui pourrait apparaître comme une atteinte à la souveraineté nationale, la priorité à la sécurité, la discipline, le culte pour des figures historiques symbolisant la nation, etc.

Plus que jamais il s’agit de proposer un monde meilleur et j’utilise exprès cette expression tout droit sortie de mes carnets d’adolescent, car il s’agit de savoir partager ce que nous produisons avec ceux qui n’ont rien, ou presque rien, le monde n’a jamais été aussi injuste qu’aujourd’hui. La vieille rengaine du capitalisme qui consiste à nous faire croire que l’argent des riches enrichit les plus pauvres est battue en brèche par tous les calculs et les projections, y compris ceux du FMI.

Notre survie, c’est l’urgence 
d’un monde meilleur

Notre survie dépend des facultés que nous aurons à partager l’eau, la nourriture, l’énergie, le logement, le travail. Et pour cela il nous faut une réponse fiscale, une réponse écologique, une réponse agricole, une réponse humanitaire. Notre rendez-vous est là et seulement là. Des chercheurs en économie nous le démontrent, nous n’avons pas d’autres solutions que le partage, que ce soit d’un point de vue purement économique, humanitaire ou politique.

Il y a une urgence à inventer ce monde-là, il existe et il marche, il est testé partout sur la planète, 
en pointillé, il faut faire remonter toutes les trouvailles technologiques, toutes ces inventions sociales, toutes ces initiatives territoriales, et pour cela il nous faut un pays ouvert, attentif aux autres, curieux de tout ayant conscience de ce qui nous attend, pas cette France repliée, méfiante et paranoïaque que nous prépare le FN.

Publié dans l'Humanité

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18:54 Publié dans Connaissances, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : philippe torreton, front national | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!