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15/12/2021

Jean-Claude Gayssot : « La haine nourrie par l’extrême droite gangrène la République »

jean claude gayssot

L’ancien député et ministre communiste estime que la loi de 1990 qui porte son nom devrait être « universalisée », tout en rappelant que la lutte contre le racisme se gagne aussi par la bataille des idées.

La loi contre le racisme, l’anti­sémitisme et la xénophobie qui porte son nom s’est récemment invitée dans le débat public à l’occasion de l’examen à l’Assemblée nationale d’une résolution défendue par Fabien Roussel. L’ancien ministre et député communiste Jean-Claude Gayssot, qui soutiendra le candidat PCF à la présidentielle, revient sur la genèse de cette loi qui avait suscité de vifs débats et sur la surenchère haineuse à laquelle se livrent actuellement la droite et l’extrême droite.

Vous qui êtes à l’origine de la loi Gayssot de 1990, comment réagissez-vous à la résurgence du racisme et du négationnisme dans le débat public ?

Jean-Claude Gayssot Cette loi porte mon nom parce que j’étais le premier signataire de la proposition déposée par le groupe communiste, lors des élections législatives de 1988, suite à la demande de plusieurs associations de renforcer les lois existantes, notamment la loi Pleven de 1972. J’ai été réélu dans la circonscription de Bobigny-­Drancy en Seine-Saint-Denis, puis Michel Rocard, devenu premier ministre, a accepté qu’elle soit débattue et votée. Concernant le négationnisme, un article a été ajouté par la commission des Lois et le gouvernement socialiste. Nous étions alors en pleine poussée du révisionnisme : Le Pen père qualifiait la Shoah de « détail de l’histoire » et ce farfelu d’historien Faurisson niait même l’existence des chambres à gaz. Aujourd’hui, une haine est en train de grandir à l’égard des réfugiés de la guerre, de la répression et de la misère. Elle pousse à la division, à la confrontation entre les Français et les immigrés même s’ils sont en situation régulière, même s’ils sont réfugiés. L’extrême droite est dangereuse, elle mine notre pays, notre démocratie. Et la droite pour obtenir une place au second tour de la présidentielle reprend ces thèmes. Cette haine gangrène la République.

Le candidat communiste à la présidentielle, Fabien Roussel, a récemment défendu à l’Assemblée nationale une résolution pour une application plus stricte des dispositions d’inéligibilité à l’égard des condamnés pour incitation à la haine ou à la discrimination. Cela peut-il permettre de lutter contre cette surenchère que vous dénoncez ?

Jean-Claude Gayssot Dans la dernière période, Fabien Roussel a donné le la face aux propos de l’extrême droite contre les musulmans, face à Zemmour qui justifie Pétain, la collaboration et les rafles des dizaines de milliers d’enfants, de mamans, de vieillards, d’adultes qui partirent de Drancy dans des wagons plombés. Qu’on ait pu tuer des gens pour la seule raison qu’ils étaient nés, c’est l’abomination de l’abomination. Face à la haine que l’extrême droite dirige aujourd’hui contre les musulmans, il faut appliquer cette loi, qui a été validée par le Conseil constitutionnel, dans toute sa dimension et dans toute sa rigueur. Elle permet en effet l’inéligibilité. Il faudrait aussi l’universaliser afin qu’elle soit utile, y compris sur les réseaux sociaux où se déverse le racisme, et que les responsables puissent être condamnés. Elle est plus que jamais d’actualité.

Dans ce combat, les dispositions législatives n’ont-elles pas leur limite ?

Jean-Claude Gayssot Quand Nelson Mandela est venu en France rencontrer François Mitterrand, il a tenu à passer au siège du Parti communiste. Il nous a alors parlé de sa loi qu’il avait réussi à faire adopter pour garantir le principe « une personne, une voix » et mettre un terme à l’apartheid. Il nous a aussi dit, à cette occasion, qu’aucune loi ne suffira jamais pour faire disparaître les a priori bornés, les préjugés et toutes les formes d’intégrisme. Il faut mener la bataille d’idées et le combat pour l’éducation, la formation… C’est tout le rôle du militantisme et des rencontres avec les citoyens. Les porteurs de haine sont les faiseurs de violence et les fossoyeurs du vivre-ensemble. Plus la gauche et les progressistes porteront ce message, mieux ce sera.

Que répondez-vous à ceux qui arguent de la liberté d’expression ? Cela fait-il écho au fort débat qui avait entouré l’adoption de votre loi ?

Jean-Claude Gayssot La liberté d’expression, j’y tiens par-dessus tout. Mais le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie sont des délits, ce ne sont pas des opinions comme les autres. La diffamation est condamnable, tout le monde le comprend bien et est d’accord. Le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie constituent une forme de diffamation collective qui peut conduire au pire. À l’époque de l’examen de la loi, c’est l’extrême droite qui a été la plus virulente : Le Pen père assistait même aux débats à l’Assemblée nationale parce qu’il se sentait menacé, vu ses déclarations. Mais il existait également un vrai débat avec des historiens, des gens compétents, qui craignaient que ce soit la loi qui écrive l’histoire. Je les ai rencontrés, Pierre Vidal-Naquet, Madeleine Rebérioux… Je ne dis pas que je suis contre les lois mémorielles, mais la loi Gayssot n’en est pas une. Si elle fait référence à Nuremberg et au tribunal de Londres, c’est parce que cela définit le crime contre l’humanité qu’est la Shoah, et comme l’ONU considère le négationnisme comme un vecteur majeur de l’antisémitisme, il est passible de condamnation. C’est essentiel pour comprendre.

L’immigration est au cœur de cette surenchère haineuse. En 2018, comme président du port de Sète, vous vous êtes dit prêt à accueillir l’ Aquarius bloqué en Méditerranée. Depuis, les drames se sont poursuivis, comme fin novembre, dans la Manche. Quel rôle devrait jouer la France pour l’accueil des migrants ?

Jean-Claude Gayssot Quand j’ai pris cette décision, cela a fait couler beaucoup d’encre. Des centaines d’hommes, de femmes, d’enfants étaient dans le bateau de sauvetage de SOS Méditerranée, et personne ne voulait les accueillir. En tant que président du port, avec ma sensibilité humaniste, je ne pouvais que mobiliser pour qu’on mette l’humain par-dessus tout et pas par-dessus bord. Lorsque j’ai fait cette proposition, on m’a dit à l’Élysée que le président Macron faisait tout pour que Malte les accueille. C’est ce qui s’est passé quarante-huit heures après. L’honneur de la France et de l’Europe avait été sauvé lui aussi. Désormais, la condamnation des passeurs fait l’unanimité. Et il faut vraiment en finir avec ces exploiteurs de la misère et de l’oppression. Mais si on se contente de cela, sans réponse réelle à l’échelle européenne, les drames se poursuivront. Il s’agit de passer au concret pour l’accueil des réfugiés, et de passer également de l’aide à la coopération, notamment avec les pays d’Afrique.

Cette semaine est aussi celle de l’anniversaire de la loi SRU que vous avez portée au début des années 2000 et que la loi 3DS, en cours d’examen, modifie. Alors que des communes ne respectent pas le taux de logements sociaux prévu, faut-il désormais aller plus loin ?

Jean-Claude Gayssot J’ai été à l’initiative de cette loi avec le gouvernement Jospin, celui de la gauche plurielle. Elle permet que près de 70 % des ménages français puissent accéder à un moment de leur vie à un loyer modéré. Il ne s’agit donc pas d’y concentrer uniquement les plus pauvres, mais de permettre la mixité. Dès l’origine, l’obligation de 20 % de logements sociaux dans les villes de plus de 1 500 habitants en région parisienne et de plus de 3 500 en province a été contestée par la droite. Et elle a, par la suite, failli arriver à ses fins. S’il n’y avait pas eu l’abbé Pierre, Xavier Emmanuelli (fondateur du Samu social – NDLR) et Claude Chirac auprès de son père, cette disposition aurait été supprimée par amendement sous le gouvernement Raffarin. Quant à ces maires qui refusent d’appliquer cette disposition uniquement parce qu’ils ne veulent pas « de ces gens-là », je suis favorable à ce que la loi soit renforcée pour permettre de les poursuivre et que leur éligibilité puisse être contestée.

Au-delà du logement, le quinquennat Macron est marqué par les inégalités. Comment s’y opposer au printemps prochain ?

Jean-Claude Gayssot Le combat contre les inégalités et les injustices est celui de toute ma vie. Ce combat du pouvoir d’achat et des salaires doit mobiliser sans attendre les échéances électorales. Fabien Roussel porte cette lutte, je le soutiens et le soutiendrai au printemps prochain. Il n’empêche que, dès aujourd’hui, nous devrions travailler avec les autres forces de gauche pour construire un projet qui vise à éradiquer non seulement la misère, mais qui s’attaque sérieusement et efficacement aux trois dérèglements majeurs que notre pays, l’Europe et la planète connaissent : dérèglements climatique, démocratique et social.

Julia Hamlaoui, l'Humanité

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11/11/2021

A Poitiers : Fabien Roussel (PCF) veut garantir "un statut social pour les jeunes"

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Depuis la rentrée, le candidat communiste à l’élection présidentielle, Fabien Roussel, organise des « rencontres des jours heureux » dans des villes moyennes de France. Sa cinquième étape, à Poitiers (Vienne) ce mercredi 10 novembre, est consacrée au thème de la jeunesse.

« Depuis quarante ans, la jeunesse subit les politiques libérales qui l’ont obligée à travailler pour financer ses études. Elle n’arrive pas à être rémunérée au niveau des diplômes qu’elle a réussi à avoir. Elle subit la précarité avec des emplois proposés par des plateformes numériques ou est obligée de se créer un statut d’autoentrepreneur », explique le député.

Ces différentes politiques ont « abîmé et bouché l’avenir de la jeunesse. Au cours de cette pandémie, on a vu des jeunes faire la queue à des associations d’aide alimentaire. Une partie des jeunes étudiants, sans leurs jobs, sont tombés dans la grande pauvreté », observe-t-il.
Augmenter le budget de l’Éducation nationale de 45 % « Mais on a aussi vu cette jeunesse qui se bat, qui veut s’engager pour le climat et qui a envie de participer pour reconstruire la France. Il faut faire avec les jeunes et pas à leur place. »

Que pouvez-vous nous dire des annonces que vous ferez à Poitiers ce mercredi ?

Fabien Roussel : « Nous voulons sécuriser l’éducation, la formation et l’emploi. Faire de la jeunesse la grande cause nationale et la priorité du prochain mandat. Nous souhaitons être dans un pays qui investit dans sa jeunesse et qui donc investit dans l’avenir. »

Face aux défis de demain – changement climatique, vieillissement de la population, mutation numérique… – la société française a plus que jamais besoin de sa jeunesse. Comment lui donne-t-on « les clefs du camion » ?

« Je ne leur donnerai pas les clefs d’un camion ! Je privilégierai le train, le vélo ou la voiture non polluante ! Mais il faut effectivement leur donner les clefs d’un nouveau modèle économique et social qui respecte autant le vivant – l’être humain, l’écosystème, les animaux – que la planète et les ressources naturelles.

« Nous voulons donc fortement investir dans l’éducation et la formation : garantir à chaque jeune la meilleure école, les meilleures universités, collèges et lycées avec pas plus vingt à vingt-cinq élèves par classe. Pour cela nous proposons d’augmenter le budget de l’Éducation nationale de 45 % en cinq ans.

« Nous voulons aussi garantir un statut social aux jeunes. D’abord par un revenu étudiant, pour qu’ils ne soient plus obligés de travailler pour financer leurs études, à partir de 850 €. Nous voulons la création de maisons pour la jeunesse dans toutes les communes de plus de 9.000 habitants où dès 18 ans les jeunes pourront faire valoir leurs droits à cette allocation, au logement, au transport, à la culture, au sport… Et faire en sorte qu’ils trouvent leur pleine place dans la société et une forme d’autonomie. »

Comment le financez-vous ?

« Le budget de la nation doit porter son effort sur l’Éducation nationale. Nous voulons augmenter son budget en faisant participer le capital et les richesses que nous produisons. Il en va aussi de l’augmentation de l’impôt sur les sociétés des multinationales, de rétablir l’ISF, de taxer plus fortement les distributions de dividendes et de faire remettre dans le budget de l’État tous les milliards d’euros perdus à cause de l’évasion fiscale. Pour financer le revenu étudiant – nous l’estimons à vingt milliards d’euros par an – nous le ferons à parité entre l’État et une cotisation sociale nouvelle : la cotisation jeunesse. Si on cotisait tous les mois 5 ou 6 € pour nos enfants et que cette cotisation permettait de garantir le revenu étudiant dès qu’on est en âge d’étudier, cela soulagerait beaucoup de parents. »

Des secteurs ont des difficultés à recruter, des vocations se font plus rares… Comment fait-on pour les réenchanter ?

« Il y a d’abord la question des salaires et des conditions de travail. Elles doivent être traitées en urgence. Il faut aussi qu’ils aient la garantie que, s’ils travaillent, ils pourront en vivre dignement. Ce n’est pas le cas aujourd’hui et ce sont souvent pour des métiers difficiles et essentiels comme celui d’infirmière, d’aide à domicile, d’enseignant, de professeur des écoles…

« Mais il n’y a pas que ça. Il y a le sens donné au travail. Il y a d’abord l’intérêt personnel mais on a aussi perdu le sens de porter un projet pour le pays, d’avoir une ambition pour la France. La nôtre est de faire en sorte d’accompagner nos enfants et les personnes âgées. Il faut engager la transition écologique, des services publics présents partout et pour tous. »

Source La Nouvelle République

 

Poitiers - Fabien Roussel partisan d’un revenu étudiant

En visite ce mercredi après-midi à Poitiers, le candidat communiste à l’élection présidentielle 2022 Fabien Roussel est successivement allé à la rencontre d’étudiants de l’université, de jeunes du Foyer de jeunes travailleurs Kennedy et des fondeurs de la Vienne et de l’Indre. Puis place, ce soir, aux Salons de Blossac, à un meeting en forme de débat au milieu de près de trois cents personnes, de tous âges, dont certaines arboraient pour l'occasion une écharpe ou un masque rouge.

Après la ruralité et l'alimentation, la santé, l'écologie et l'environnement, ces nouvelles « Rencontres des jours heureux », organisées dans une ville forte de 27 000 étudiants, avaient pour objet la jeunesse. « 29% des moins de 25 ans sont des enfants d’ouvriers, ils sont 12% en licence et 7% en master, a asséné Fabien Roussel, avant de déplorer, plus globalement, que « seuls 30% des étudiants sont boursiers »

Le candidat communiste a plus particulièrement mis l’accent sur deux mesures : la mise en place d’« un revenu pour les étudiants qui leur permette d’étudier sans être obligés de travailler à côté », et un renforcement du service public « pour garantir qu’au collège et au lycée, les devoirs soient faits à l’école ».

D’autres sujets relatifs à la jeunesse ont été abordés, comme la précarité alimentaire, face à laquelle le député du Nord prône le retour du tarif à 1€ des repas du Crous dans les restaurants universitaires, la culture ou encore l’emploi. Dans ce domaine, « nous voulons que chaque jeune qui finit ses études puisse participer à la société en travaillant. Notre objectif est le zéro-jeune-au-chômage. Il faut donc donner à chacun un vrai contrat, avec un vrai salaire, correspondant à ses diplômes et ses compétences. C’est ça le respect de la jeunesse ! »

Source Le 7 Info

09:25 Publié dans Actualités, Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabien roussel, poitiers, jeunesse | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

03/11/2021

PORTRAIT : SANDRA BLAISE MILITANTE COMMUNISTE DES VOSGES

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Sandra Blaise, militante, communiste, juriste et chanteuse, a plusieurs cordes à son arc

La chef, c’était déjà le surnom que lui donnaient ses deux frères quand elle était petite. Sandra Blaise, secrétaire fédérale du Parti communiste dans les Vosges et conseillère régionale, a plusieurs cordes à son arc. Itinéraire d’une enfant de la vallée de la plaine, toujours engagée et déterminée.

La première manifestation que Sandra Blaise a organisée, c’était à l’âge de 10 ans dans son salon. « On voulait regarder une émission à la télé et on n’avait pas le droit. Alors j’ai dit à mes deux frères qu’on n’avait qu’à faire une manifestation comme papa le faisait aussi. On a fabriqué des pancartes, mon père a trouvé ça drôle et il nous a laissé regarder la télévision », sourit-elle.

Née à Raon-l’Étape le 24 août 1974, dans une famille communiste, avec un grand-père résistant, Sandra Blaise a grandi entourée de deux frères dans le village de Celles-sur-Plaine.

Une enfance heureuse à courir la forêt, près de la nature. « On ne trouvait jamais le temps long », se souvient-elle. Sportive, elle joue au foot avec les garçons de 5 à 11 ans. Ensuite, elle se met au judo et au collège, elle découvre l’athlétisme et le handball.

Ses deux frères l’appellent « la chef ». « C’est une vraie militante. Une personne de caractère qui sait ce qu’elle veut. Elle est pugnace. Petite, elle avait déjà beaucoup de caractère et ses idées. Elle est déterminée », estime son grand frère, David Blaise , qui est délégué syndical central du groupe Arcelor Mittal. « C’est une engagée complète », estime Jacob Charton , son meilleur ami. « Sandra est quelqu’un qui fait passer les autres avant elle. Son engagement est total. Elle porte ses idées de progrès social et souvent d’ailleurs, les gens se reposent sur elle, car elle n’a pas peur, elle y va. »

« Je voulais devenir chirurgienne »

Sandra Blaise grandit au milieu d’une famille modeste. Une maman au foyer et un papa ouvrier au sein de l’usine Autocoussin qui sera ensuite reprise par le groupe Bernard Faure et enfin Faurecia. Après l’école maternelle et la primaire à Celles-sur-Plaine, elle arrive au collège de Raon-l’Étape. Déjà déléguée de classe, elle siège au sein du conseil d’administration du collège. « À l’époque, je voulais devenir chirurgienne », se souvient-elle. À 12 ans, elle organise alors la deuxième manifestation de sa vie contre la loi Devaquet, un projet de réforme des universités qui avait à l’époque provoqué la révolte de la jeunesse et la mort de l’étudiant Malik Oussekine.

Petite, toujours, Sandra s’intéresse aussi à la musique. Enfant de chœur à l’église, elle se passionne pour l’orgue, mais la famille n’a pas assez d’argent pour les écoles de musique. C’est le curé du village qui lui prête un orgue électrique et qui viendra tous les mercredis lui donner des leçons et lui apprendre le solfège. « J’ai joué pendant huit ans sur l’orgue de l’église de Celles-sur-Plaine », explique celle qui continue aujourd’hui de chanter.

Pendant le premier confinement , elle chante tous les soirs sur Facebook en réseau avec ses amis de l’association « Nos voix nos guitares », basée à Raon-l’Étape. Avec l’envie de toujours progresser, Sandra a pris des cours de chant et s’est même mise à l’écriture de chansons avec toute une série de projets en cours.

Militante depuis l’enfance

Retour aux années lycée. La jeune fille choisit d’aller au lycée hôtelier de Gérardmer. « Parce que mon père aimait bien faire la cuisine. » C’est là, à 15 ans, qu’elle mène sa première bataille en tant que stagiaire. « J’étais affectée à l’hôtel en tant que réceptionniste et dans les étages. Mais on m’avait mis à la plonge. Je suis allée voir le directeur et je lui ai demandé pourquoi j’étais à la plonge alors qu’il y avait plein de personnes qui cherchaient du travail. Le lendemain, il avait embauché quelqu’un et je n’étais plus à la plonge »

Militante depuis l’enfance, membre de la CGT et du Parti communiste , conseillère prud’homale depuis 2002, Sandra Blaise est secrétaire fédérale du Parti communiste vosgien depuis 2017.

Depuis 2018, elle fait partie de l’exécutif national et depuis juillet 2021, elle a fait son entrée au sein de la région Grand Est en tant que conseillère régionale. Depuis, elle s’amuse du regard qu’on porte sur elle. « Je suis communiste et en plus je suis une femme », estime celle qui a un CV à faire pâlir pas mal d’hommes au sein de cet hémicycle.

« J’aime apprendre et me remettre en question »

Son père Jacky affiche sa fierté pour cette fille brillante qui n’a jamais cessé ses études. Boursière, Sandra Blaise a obtenu un Bac + 2 en import/export et droit international en 1997. Elle décroche une licence en droit en 2008 et un Master 2 en droit, option dialogue social en 2020-2021. « J’aime apprendre et me remettre en question à travers mon expérience de la vie et mes expériences syndicales et politiques. Ce master, c’est une concrétisation », estime-t-elle.

Son premier CDI, elle l’a décroché à Raon-l’Étape dans sa vallée au sein du centre d’appels Transcom. « J’ai attendu d’avoir un an d’ancienneté pour monter une section syndicale CGT. » Le centre d’appels ferme ses portes en 2013. En tant que déléguée syndicale centrale, Sandra fut la dernière personne licenciée.

sandra,pcfAujourd’hui, elle découvre les arcanes de la région Grand Est où elle siège au sein de l’opposition. Rarement invitée en tant que conseillère régionale aux grandes manifestations, elle est quelquefois prévenue à la dernière minute. « Je suis une communiste et une femme », répète-t-elle. « Pour eux, je suis une cruche. Je n’ai pas fréquenté les salons de la bourgeoisie vosgienne. J’ai toujours fréquenté le milieu ouvrier et j’en suis fière. Je sais ce qu’est la vraie vie. »

Elle se décrit comme très angoissée, mais c’est aussi cette anxiété qui fait sa force. Avec ses frères, Sandra Blaise a formé une cellule familiale très soudée autour du papa après le départ du foyer de la maman lorsqu’elle était adolescente. « C’est peut-être de là qu’on tire notre détermination », constate-t-elle.

En tout cas, elle est très fière, comme son papa Jacky, toujours à ses côtés, de son grand frère David, leader syndical chez Arcelor Mittal et de son petit frère Mickaël, directeur de recherche au CNRS en biologie cellulaire et moléculaire.

Sources Vosges Matin, Katrin TLUCZYKONT

10:08 Publié dans Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sandra, pcf | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

25/10/2021

Présidentielle 2022 : les sondages, inquiétantes dérives

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« À chaque élection, on veut connaître le résultat avant même que les Français aient voté. Cette année où l’on est allé jusqu’à imaginer convoquer les sondeurs pour désigner les candidats, on atteint des sommets », déplore François-Xavier Lefranc, rédacteur en chef de Ouest-France.
 
« Pourquoi consulter les citoyens alors qu’il est si simple d’attendre les sondages ? Pourquoi se casser la tête à bâtir un programme politique alors que pour quelques milliers d’euros, des sondages vous diront ce qu’attendent les gens ? Pourquoi s’enquiquiner à débattre avec les militants politiques pour désigner un candidat alors que les sondages peuvent s’en charger ?
 
On a tout vu ces derniers temps, des sondages mis à toutes les sauces, des personnalités politiques cherchant désespérément une légitimité dans les pourcentages des dernières études d’opinion, des sondages faisant ou défaisant le deuxième tour de l’élection présidentielle, des cadors du petit écran gonflés à l’hélium des mesures d’audiences devenir des stars politiques déjà qualifiées par les sondages avant même d’être candidats.
Les sondeurs n’arriveront bientôt plus à mettre du charbon dans la machine tant elle est en surchauffe.
 
Revenons quelques années en arrière : au début de l’année 2002, les sondages annonçaient pour le deuxième tour de l’élection présidentielle un duel serré entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. La seule question qui se posait était de savoir lequel allait arriver en tête au premier tour.
 
Au soir du 21 avril, Jean-Marie Le Pen créait la surprise en se qualifiant et Lionel Jospin était éliminé. La leçon n’a jamais été retenue : à chaque élection, on veut connaître le résultat avant même que les Français aient voté. Cette année où l’on est allé jusqu’à imaginer convoquer les sondeurs pour désigner les candidats, on atteint des sommets.
 
La démocratie est fragile
Les sondeurs qui, quoi qu’en disent certains, sont des professionnels sérieux ont beau rappeler que leurs enquêtes donnent seulement une photographie à un instant précis, qu’il faut évidemment tenir compte des marges d’erreurs, qu’il ne faut pas faire dire aux sondages ce qu’ils ne disent pas, rien n’y fait. Les sondages sont pris pour argent comptant.
 
Ce que tout cela met en évidence, c’est l’extrême fragilité de notre système politique. Les partis sont affaiblis et n’ont plus beaucoup de militants. Les familles politiques traditionnelles semblent à court d’idées pour répondre aux défis, colossaux, d’aujourd’hui. La progression inquiétante de l’abstention témoigne de la sévérité avec laquelle la politique est jugée par les citoyens.
 
Le temps passé à commenter les sondages détourne les personnalités politiques et les médias de l’essentiel : la rencontre avec les citoyens, l’échange approfondi, le débat d’idées, l’écoute de ce que vivent les gens au quotidien, de leurs inquiétudes, de leurs espoirs. L’obsession sondagière empêche les uns et les autres d’écouter la diversité du pays, de ses habitants, de ses territoires. Elle nous berce d’illusions et nous aveugle. Elle nous fait prendre des vessies pour des lanternes.
 
La démocratie est fragile. Sans doute avons-nous trop tendance à penser qu’elle est un acquis indéboulonnable, que même fatiguée, elle est solide et résiste au temps. La multiplication des discours populistes, haineux et extrémistes devrait pourtant nous tenir éveillés. Ce n’est pas la consultation de « panels représentatifs » qui redonnera de la vigueur à la démocratie, c’est l’écoute et la consultation de chacune et chacun. Il est urgent de rebâtir un espace politique au contact immédiat des citoyennes et des citoyens.

12:59 Publié dans Actualités, Connaissances, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sondage, presidentielle | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!