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03/12/2025

"Il n'y a pas de 'libre choix' derrière le port du voile" : réponse à Nadège Abomangoli députéé LFI

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Ayant affirmé dans une émission du journal « l'Humanité » que le port du voile relevait de la contrainte, la sénatrice PCF de la Loire, Cécile Cukierman, a créé la polémique, accusée de « fémonationaliste », notamment par la député LFI Nadège Abomangoli. Auteur de « Le linceul du féminisme. Caresser l’islamisme dans le sens du voile » (éditions Séramis), Naëm Bestandji explique en quoi l'élue communiste a raison.

La sénatrice PCF Cécile Cukierman déclare être pour l’interdiction du port du voile dans les compétitions sportives officielles, en invoquant la laïcité mais aussi la lutte contre le sexisme et le patriarcat islamiste. Elle remet également en question la notion de « libre choix » pour le port du voile. Un « choix » qu’elle compare à celui exprimé par des femmes battues de rester avec leur mari violent. Il n’en fallait pas plus pour Nadège Abomangoli, députée LFI et première vice-présidente de l’Assemblée nationale, pour apostropher la sénatrice sur X. Elle l’accuse d’être une « fémonationaliste ». C’est-à-dire une militante nationaliste, qui instrumentalise le féminisme à des fins racistes. Rien que ça. La raciste n’est pourtant pas celle que Nadège Abomangoli pointe du doigt, mais le reflet de son propre miroir.

Si nous considérons l’égalité entre les êtres humains comme universelle, des personnes, comme Nadège Abomangoli, considèrent que l’égalité des sexes est adaptable selon le lieu et les circonstances. Au nom du respect des cultures et du droit à la différence, au mépris de toutes les luttes féministes, elles défendent ou ferment les yeux sur l’indéfendable. Cet aveuglement sur le sexisme du voile est un choix motivé par le paternalisme et l'orientalisme.

Un choix, vraiment ?

La députée LFI promeut l’intersectionnalité, qui adopte une conception raciale du monde où les êtres humains sont classés selon leur couleur de peau, leur culture, leur religion et où l’islam est racialisé. À l’intersection des discriminations que peut cumuler un individu (genre, couleur de peau, classe sociale, âge, etc.), la lutte pour l’égalité des sexes cède le passage au respect de la misogynie islamiste et du patriarcat oriental. Le féminisme n’est plus qu’un outil pour justifier la nouvelle lutte des « races ». Le sexisme du voile, créé pour discriminer et inférioriser la moitié de l’humanité en raison de son sexe, se mue en étendard identitaire brandi par les islamistes pour se présenter en éternelles victimes. Il devient le symbole de la résistance face à « l’impérialisme » et au « colonialisme » occidental.

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Pour justifier le charme exotique ressenti envers cet accessoire misogyne, lui-même justifié par une « pudeur » définie et dictée par des hommes, les intersectionnelles brandissent la parole des « concernées »… enfin, celles qui militent pour le porter, pas celles qui y sont explicitement contraintes. Selon ces défenseurs du voilement, le fait qu’une partie des femmes déclare se voiler par choix, et se sentir mieux ainsi dissimulées du regard des hommes, serait un argument « féministe » pour soutenir ce sexisme.

Or, le voile est présenté, par ses porteuses elles-mêmes, comme une « OBLIGATION religieuse ». S’il y a obligation, alors il n’existe aucun choix. Quelle femme ferait le « libre choix » d’aller brûler en Enfer pour l’éternité ? Selon les prescripteurs du voile, si la musulmane veut suivre sa religion, elle doit se voiler. Elle n’a pas le choix. Si elle veut plaire à son Dieu, elle doit se voiler. Elle n’a pas le choix. Si elle veut être respectée en tant que femme, elle doit se voiler. Elle n’a pas le choix. Ainsi, le « libre choix », slogan marketing, est en réalité une décision conforme à ce qui est attendu par ceux (tous des hommes) qui prescrivent le voilement des femmes.

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Le faux choix n’est donc pas celui de porter ou non le voile, mais de choisir entre la vertu ou le vice, être une femme « bien » ou une femme qui « ne se respecte pas », la pudeur ou l’impudeur, être une bonne musulmane ou pas, la bonne ou la mauvaise pratique, plaire à Dieu ou « lui déclarer la guerre », le Paradis ou les feux de l’Enfer pour l’éternité. Tout est fait pour ne laisser d’autre choix à la musulmane que de faire le faux « libre choix » du voilement. La méthode est si efficace que les concernées sont dans « l’acceptation tacite de leurs contraintes » comme disait Pierre Bourdieu, dont certaines en viennent même à défendre leur servitude plus ou moins volontaire. Le fait de consentir à se plier au sexisme ne confirme en rien une liberté. Militer pour promouvoir et défendre cette servitude patriarcale est encore moins un acte féministe. Par leur ignorance et leur refus de s’informer un minimum, les personnes comme Nadège Abomangoli ne voient que le sommet de l’iceberg à travers des éléments de langage calibrés pour les séduire, comme la notion de « libre choix ».

Faiblesse intellectuelle

C’est là qu’intervient l’analogie avec les femmes battues. Mais contrairement à ce qu’affirme la députée, la sénatrice n’a pas comparé les femmes voilées aux femmes battues. Elle interroge la notion de « libre choix » qui mène les unes à se dissimuler sous un voile par amour de Dieu (mais surtout pour se conformer aux injonctions des hommes qui parlent en leur nom) et les autres à rester au domicile conjugal par amour de leur mari. Elle souligne la faiblesse intellectuelle de brandir un « libre choix » pour le voilement qui n’a pas plus de crédibilité que celui d’une femme battue affirmant vouloir rester auprès de son mari violent. Je fais moi-même cette analogie, dans mon livre et mes interventions publiques que Cécile Cukierman a peut-être lus ou écoutés, pour démontrer qu’il n’existe pas de « libre choix » dans le port du voile, mais un consentement à la soumission patriarcale.

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En reprenant le contenu du tweet de Nadège Abomangoli, quand une femme battue déclare vouloir retourner auprès de son mari par choix, parce qu’elle l’aime, la députée invoque-t-elle le libre arbitre pour défendre la décision de cette femme ? Accuse-t-elle les recherches féministes, pour comprendre ce phénomène, de racisme, colonialisme et, par une inversion accusatoire assumée, de sexisme ? Non. On s'interroge. On ne se contente pas de dire « c'est son choix » ou bien « qui sommes-nous pour vouloir comprendre sa décision ? » On cherche à identifier le processus psychologique qui mène à cette soumission conjugale. C'est grâce à cela que nous avons découvert le phénomène d'emprise, et ainsi aider des milliers de femmes à s’émanciper de leur bourreau.

Mais quand il s’agit du voilement, Nadège Abomangoli abdique tout esprit critique pour paraître tolérante envers une idéologie qui ne l’est pas. S’arrêter au discours de la servitude volontaire (renommée « libre choix »), sans chercher à comprendre comment s’est construit ce consentement, n’est pas du féminisme. C’est de l’obscurantisme imbibé de patriarcat dans sa forme la plus pure. Si les féministes avaient appliqué aux femmes battues, désirant rester avec leur mari violent, le raisonnement de Nadège Abomangoli, nous n’aurions jamais découvert le phénomène d’emprise. Nous en serions encore au stade de « c’est leur libre choix ».

Source Marianne

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05/08/2025

«L’avenir est dans le lien, dans le respect de chacun, entre politique, syndicat et mouvement social et associatif», Fabien Roussel secrétaire du PCF

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Fabien Roussel Merignac.jpgFace au capitalisme destructeur et à la crise démocratique, Fabien Roussel plaide pour une coopération entre syndicats et partis politiques, sans subordination ni cloisonnement, qui invente des passerelles durables, respectueuses de l’indépendance de chacun. L’enjeu est de construire un rassemblement fondé sur une conscience de classe déjouant les tentatives de division permettant de régénérer la démocratie sociale à partir des citoyens, des territoires et du monde du travail. Ceci dans l’objectif de contraindre les entreprises à prioriser l’intérêt des travailleurs et de la nation.

Comment articuler les rôles des syndicats et des partis 

Pendant longtemps on était, soit avec un lien fort entre syndicat et parti politique, comme ce fut le cas entre le PCF et la CGT, le syndicat apportant son soutien au politique, comme nous l’avons connu lors de la mobilisation en faveur du programme commun de la gauche en 1972, soit dans une totale indépendance où le syndicat était l’organisateur du mouvement social et revendicatif, mais laissant entièrement aux partis politiques, le soin de traduire dans la loi, les revendications. On en voit les limites aujourd’hui avec un libéralisme et un capitalisme destructeur, une société morcelée et atomisée, nécessitant pour y faire face, le rassemblement de toutes les forces, syndicales, politiques, associatives, ainsi que les citoyens, aspirant à une société du bien vivre. Tout est fait pour diviser nos concitoyens et faire reculer la conscience de classe. Tout l’enjeu, pour des forces politiques comme le PCF comme pour les syndicats, est de retrouver cette conscience de classe, d’unir nos concitoyens pour résister à la classe dominante et prendre le pouvoir. J’en parle longuement dans mon dernier livre Le parti pris du travail (Le Cherche midi, 2025). La question qui se pose, c’est comment coopérer entre partenaires syndicaux et politiques, sur un pied d’égalité, sur les mêmes champs d’intervention, porteurs les uns et les autres des propositions économiques et sociales alternatives, aussi bien au plan local, national et européen, sans que les syndicats se confondent avec les partis politiques appelés à gouverner, tout en gardant une fonction revendicative syndicale ? Jusqu’à maintenant, il n’a pas été répondu à cette problématique. Ce qui est certain, c’est que les rapports entre partis politiques et syndicats, ne doivent être ni dans la subordination, l’inféodation, ni dans l’absence de relations. L’avenir est dans le lien, dans le respect de chacun, entre politique, syndicat et mouvement social et associatif. Cela reste à construire.

Les forces syndicales et politiques doivent-elles s’additionner et/ou se compléter, et si oui, comment 

Parler d’addition, c’est rester dans un cloisonnement où chacun chemine l’un à côté de l’autre, chacun restant dans son couloir. Certes ils se complètent, dans l’organisation de la société, mais je préfère parler plutôt de passerelle nécessaire entre syndicats et partis politiques, voire de coopération, dans le respect et l’indépendance de chacun. Plus que jamais notre pays et la société en général ont besoin du lien entre tous les acteurs de la société. Nous sommes désormais dans une société de plus en plus complexe et fragmentée dans son organisation, où la France, en 50 ans a connu des bouleversements considérables devenant une nation multiple et divisée. La France d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec la France des années 1970 et le monde d’hier avec le monde d’aujourd’hui. Les enjeux et défis sont tels face à la crise systémique du capitalisme, pour l’avenir de notre pays et de la planète, que nous ne pouvons plus penser et pratiquer le syndicalisme et l’action politique, comme nous le faisions hier. En effet, on en perçoit les limites, avec la crise profonde de la démocratie délégataire, tant du point de vue politique que syndical, avec les abstentions massives aux différentes élections, un taux de syndicalisation en baisse et des partis politiques affaiblis. Nous sommes les uns et les autres au pied du mur. Chacun doit se remettre en question dans son fonctionnement, en se tournant résolument vers les citoyen∙nes, pour en faire désormais, non des citoyens passifs, attendant la solution à leurs problèmes, venue d’en haut, mais des acteurs de la vie des entreprises, des revendications, de la société en général et des politiques publiques, tout en créant et coconstruisant un rassemblement des forces politiques, syndicales, mais aussi associatives, favorisant l’engagement citoyen, pour une dynamique de changement. Il faut être conscient que le meilleur programme décrété d’en haut, tant par les syndicats que par les politiques, n’aura ni crédibilité, ni soutien, s’il n’y a pas de mobilisation populaire, ni appropriation par chaque citoyen, des enjeux politiques, sociaux et économiques. Ce qui suppose une participation active des citoyen∙nes, travailleuses et travailleurs, actifs ou non, à l’élaboration des programmes.

Quels axes vous semblent-ils prioritaires à développer pour un rapport syndicalisme/politique efficace 

Les syndicats ont certes un rôle de défense des droits et des conditions de travail des salariés, mais ils ont également un rôle fondamental à jouer dans l’entreprise, le service public et l’administration tant dans les revendications, pour obtenir de nouveaux droits sociaux, que dans l’analyse et le suivi de la gestion de ceux-ci pour une efficacité économique et sociale, intégrant les salariés. En ce sens le politique, c’est une conviction profonde du PCF, se doit d’agir pour favoriser l’intervention et la participation des syndicats et des salariés à la gestion des entreprises publiques et privées, y compris dans les collectivités. Du parlement, par des propositions de lois, jusqu’au plan local, les militants et élus communistes se doivent d’agir en ce sens. Ainsi, dans les collectivités où ils sont élus, majoritaires ou minoritaires, il est important que les communistes agissent pour que soient associés les syndicats et les salariés à la réflexion et à la mise en œuvre des politiques de la collectivité. C’est un gage d’efficacité. C’est aussi comme cela que se développera le terreau fertile de la confiance entre syndicats et un parti politique comme le nôtre.

Mais le salarié ou la salariée qui arrive à son travail est aussi un citoyen∙ne, habitant d’une ville ou d’une commune, avec ses difficultés et ses aspirations. Il ou elle ne laisse pas son habit de citoyenne au vestiaire, elle le porte tout au long de sa journée de travail. En ce sens, le syndicat ne peut pas ne pas s’intéresser à l’environnement de vie des salariées, leurs conditions de transport, de vie de famille, de logement, de scolarité des enfants, de la situation du conjoint∙e, s’il existe, etc. Des dimensions multiples de la vie quotidienne qui doivent mettre en synergie et en lien, les syndicats et les partis politiques avec leurs militants et leurs élus.

Comment appréhendez-vous les rapports entre syndicats, patronat et pouvoirs publics 

Permettez-moi de rajouter les citoyens qui sont la base vivante de toute société, qui ne vit que grâce à eux et qui font lien entre syndicats, patronat et pouvoirs publics.

Concernant ceux-ci, quelle que soit l’opinion que l’on porte sur les uns et sur les autres, ceux-ci sont des éléments indispensables à la vie de notre pays, du local au national. Ensuite, il faut faire nôtre, la formule de l’écrivain Boileau pour qui, « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément ». Or trop souvent dans nos paroles et nos écrits, on est dans une parole globalisante, manquant de précisions. Si on perçoit bien les syndicats, il n’en est pas de même pour le patronat. Parle-t-on des patrons des multinationales, des PME, des artisans, des entreprises privées, publiques ? Pour les pouvoirs publics, parle-t-on de l’État central, de son gouvernement, de ses administrations centrales, décentralisées, des organismes publics et parapublics ou des collectivités territoriales ? La précision est de taille, car on ne va pas aborder tout à fait de la même manière, les rapports entre syndicats, patronat et pouvoir public. J’y suis moi-même confronté en tant que secrétaire national du PCF et maire d’une ville. Dans ma ville sont présents, l’État avec ses différents services dont ceux de l’Éducation nationale, les collectivités territoriales : la Région avec les lycées, le Département avec le collège, la communauté d’agglomération et le parc naturel régional, l’office de tourisme et les thermes, la mairie et ses différents et nombreux services. Il y a les entreprises petites et grandes, publiques et privées, les artisans, les commerces, les agences bancaires, le monde associatif, les syndicats, le secteur mutualiste, sans oublier les citoyens. Nous avons là une pléiade d’acteurs qui a un degré ou à un autre, font vivre notre territoire. Dans chacun de mes déplacements, dans toute la France, je les rencontre : représentants syndicaux, élus locaux, chef d’entreprise de PME, chacun me faisant part de ses projets, de ses difficultés. Et cet ancrage territorial, les pieds bien dans la terre en proximité avec les citoyens, m’est d’une aide considérable pour aborder les questions nationales comme secrétaire national du PCF.

Je constate à quel point les politiques nationales sont à cent lieues de la vie concrète des gens. Il y a plus de proximité avec les élites, avec les patrons des multinationales, des très grandes entreprises et des banques. Trop souvent au sein de l’État central et des gouvernements, se mélangent parfois les intérêts privés avec ce qui ressort du domaine public. Le « pantouflage » est monnaie courante en passant du service au public, au service au privé. Des acteurs des pouvoirs publics, avec le plus souvent l’aval des gouvernements, défendent les intérêts de patrons de multinationales, au détriment de l’intérêt national, même s’ils s’en défendent. Face à cette collusion entre pouvoirs publics et grands patrons, les syndicats ont un rôle important à jouer, comme « lanceurs d’alertes », pour dénoncer, informer l’opinion et agir avec les salariés. Sans eux nombre de scandales industriels n’auraient jamais été connus.

Si vous étiez au pouvoir, quelle devrait être selon vous l’attitude d’un gouvernement de progrès social vis-à-vis des organisations syndicales et patronales ?

Mes propos précédents ont déjà éclairé le sujet. Un gouvernement de progrès social se doit de se tourner vers les territoires et leurs communes, ainsi que vers les acteurs de ceux-ci et les citoyens. Il faut leur donner les moyens nécessaires pour qu’ils puissent répondre aux attentes de leurs concitoyens. Dans le même temps avec la participation de tous, il faut revitaliser les bassins d’emplois, de formation et de vie, pour une élaboration partagée en faveur du développement, d’activités économiques, d’emplois, de formations et de structures de vie. Il faudra les généraliser et donner tant au plan local, qu’au plan national, de véritables pouvoirs aux différents organismes composés de représentants d’organisations syndicales, d’usagers, d’élus et aux citoyens. Ces organismes dans toute leur diversité et dans toutes les strates institutionnelles auraient la charge de veiller au respect des objectifs des services publics et d’en évaluer régulièrement leur mise en œuvre.

Il sera temps également d’affirmer par la loi, la responsabilité sociale des entreprises. Les entreprises ne doivent pas avoir comme seule finalité, l’enrichissement des actionnaires, mais doivent intégrer les intérêts de la nation, les besoins du pays, mais aussi les intérêts sociaux de celles et ceux qui y travaillent. Avec de nouveaux droits pour les salariés et les syndicats, avec droit d’intervention sur toutes les décisions de gestion, le droit de suspendre tout plan social, l’extension des libertés syndicales, l’information obligatoire des salariés et leur consultation sur les orientations et décisions de l’entreprise. C’est une nouvelle démocratie sociale et citoyenne qui réglera les rapports entre salariés et patronat.

10:55 Publié dans Actualités, Economie, Entretiens, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabien roussel, syndicats | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

25/04/2025

« le Parti pris du travail », Fabien Roussel

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À contre-pied des libéraux, le secrétaire national du PCF défend, dans son livre le Parti pris du travail, un projet émancipateur : travailler moins pour travailler tous, se former afin de produire mieux, intervenir dans les choix de gestion en vue de se libérer de la finance. Une contribution au débat à gauche.

 

Ouvrir des usines plutôt que les fermer. Unir le peuple plutôt que le diviser. Tel est le credo que défend le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, qui publie ce jeudi 24 avril son troisième livre, le Parti pris du travail (le Cherche Midi). Il faut redonner du sens à ce dernier « en l’associant à des mots comme « émancipation », « bonheur », « dignité », « fraternité », « égalité » », écrit-il, là où le système économique « ne parle que de « rentabilité », de « subordination » et d’« obéissance » ».

L’ouvrage expose donc une vision du travail bien différente de la « valeur travail » mise en avant par les libéraux, à l’image d’un François Bayrou, premier ministre qui, le 15 avril, assénait que « les Français ne travaillent pas assez ». Selon le dirigeant du PCF, il faut au contraire organiser la diminution du temps de travail, en le partageant avec tous. En outre, l’emploi doit s’accompagner de droits, notamment afin d’intervenir dans la gestion des entreprises. Il insiste également pour que les droits des salariés, notamment syndicaux, soient étendus aux travailleurs ubérisés.

Avec ce livre, Fabien Roussel reprend le flambeau des précédentes campagnes présidentielle et européenne du PCF : celui de la nouvelle industrialisation du pays. Il déplore, à plusieurs reprises, « la perte de souveraineté dans de nombreux domaines », qui soumet la France à des puissances étrangères. Si cela peut paraître consensuel, il se veut plus clivant quand il dit que cela rend le pays dépendant « de la finance ».

Comment reprendre le pouvoir sur celle-ci est au cœur de la réflexion des communistes. C’est l’une des conditions pour mettre fin à « la spirale de la désindustrialisation », que l’auteur décrit dans les premières pages qui sonnent comme un cri d’alarme. Il invite à de gigantesques investissements en vue de restaurer l’appareil industriel et doubler la production d’énergie non carbonée d’ici à 2050.

S’il faut taxer les plus riches, cela ne suffira pas pour cet effort. « Les sommes à investir sont trop importantes », prévient Fabien Roussel, qui appelle à utiliser les dépôts bancaires (1 300 milliards d’euros pour les banques publiques, 6 000 pour les établissements privés). Il propose d’ailleurs la nationalisation de la Société générale ou du Crédit lyonnais, et la création d’un fonds pour l’industrie.

Le travail comme « ciment » de l’union

L’autre enjeu du livre est de mettre en avant l’objectif qui doit être au cœur de la gauche selon Fabien Roussel. Ici, la question stratégique de l’union entre partis de gauche n’est pas abordée : la priorité est donnée à « l’union du peuple de France » dont Fabien Roussel pense que le travail peut être le « ciment ».

Aussi appelle-t-il à combattre les oppositions factices, nourries par la droite et l’extrême droite, entre Français et immigrés, entre différentes professions, entre ceux qui ont un emploi et ceux qui n’en ont pas. Il précise ainsi qu’il « est impossible de vivre avec 565,342 euros par mois », ajoutant : « C’est ce que je réponds à ceux qui m’expliquent que les bénéficiaires du RSA vivent mieux que les travailleurs. »

L’une des idées phares du livre est d’ailleurs la « fin progressive » du RSA qu’il considère comme une « politique de reniement », un « système » qui maintient les allocataires en « situation d’exclusion » et les invite à se taire. Au contraire, il faut garantir à chacun un emploi ou une formation dans le cadre d’une nouvelle Sécurité sociale. Cela doit permettre une mobilité professionnelle choisie grâce à une sécurité de revenus.

À la gauche de construire une conscience de classe

Ce livre se veut surtout un appel au peuple de France à reprendre en main son destin. Cela passe par une prise de conscience de classe. Celle-ci « ne se décrète pas. Elle se construit », souligne Fabien Roussel, qui insiste pour cela sur le rôle actuel des syndicats et du PCF. « Cela devrait être celui de toute la gauche, en plaçant la question sociale au cœur de son projet », écrit-il.

C’est là l’une des rares mentions au reste du Nouveau Front populaire qu’il lui arrive d’égratigner, avec quelques critiques contre le mandat de François Hollande, mais aussi contre la France insoumise qui, selon lui, « donne le sentiment de rechercher le chaos » et de vouloir dominer la gauche ou de chercher des alliances communautaristes.

D’autres thèmes sont abordés : la critique de l’attitude des riches et des actionnaires, la justice sociale, la politique internationale. Le Parti pris du travail est une exposition des thèmes dont Fabien Roussel pense qu’ils sont indispensables à la gauche en vue de gagner dans les années à venir. Avec l’envie d’en débattre.

19:49 Publié dans Actualités, Point de vue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabien roussel | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

30/03/2025

« La paix qui se dessine est insoutenable pour les dirigeants européens »

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Face à la relance d’une « Europe de la défense » par les dirigeants européens, Patrick Staat, Secrétaire général de l’ARAC, dénonce un piège mortel pour les peuples. Nous l’avons rencontré. Il explique pourquoi cette logique de bloc, sous couvert de menace russe, sert avant tout les marchés et étouffe toute souveraineté nationale. Il plaide pour une armée liée à la Nation, une paix fondée sur la coopération – loin des « diktats de Bruxelles et de l’OTAN ».

Pour la première fois depuis bien des années, des dirigeants européens mènent une offensive explicite en faveur d’une « Europe de la défense », d’une « autonomie stratégique » ou encore d’un grand financement commun pour, finalement, faire le « grand saut fédéral » en matière de défense.

Ce projet n’est pas nouveau. Dès 1950 est proposée une Communauté européenne de défense (CED), qui consistait à intégrer les forces armées des pays membres sous un commandement commun, celui du chef de l’OTAN nommé par les États-Unis. Communistes et gaullistes s’y opposèrent fermement, voyant par là une tentative de renforcer l’influence américaine en Europe et de réarmer l’Allemagne de l’Ouest, perçue comme une menace. Le projet fut rejeté à l’Assemblée nationale française.

Mais depuis, à petite dose, des mécanismes ont été introduits dans cette logique. Traité de Maastricht, Agence européenne de Défense, jusqu’à la constitution en 2001 d’un état-major de l’Union européenne.

La logique de « défense européenne », portée sous couvert d’une menace venue de l’Est, semble correspondre davantage à une logique de bloc et de repli sur soi, en lieu et place d’une réponse aux intérêts des nations et des peuples. Peux-tu nous donner ton ressenti par rapport à ce « repli sur soi » des dirigeants européens ?

Patrick Staat : La paix qui se dessine est insoutenable pour les dirigeants européens. Ils sont déterminés à ce que la guerre se poursuive pour continuer à faire avancer leur agenda politique : plus de fédéralisme européen et plus de démantèlement des systèmes sociaux au profit des marchés financiers.

L’Europe de la Défense est un piège mortel pour les peuples et les travailleurs. Nous ne serons pas la chair à canon des grands groupes capitalistes européens.

Les dirigeants européens et les médias qui les servent sont en train de normaliser la « nécessité » de transformer l’Europe en un État guerrier. Dans une allocution télévisée à la Nation, Macron a déclaré que « la paix ne peut plus être garantie sur notre continent. Même la Russie est devenue, au moment même où je vous parle, et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l’Europe* ». La menace russe sert de prétexte pour justifier un réarmement.

Le réarmement de l’Europe ne vise pas la « défense » ou la « paix », mais marque le début d’une nouvelle phase de conflits entre prédateurs impérialistes, comme ceux qui ont caractérisé la première moitié du XXᵉ siècle, avec ses deux guerres mondiales.

Tout cela coûte cher. Les responsables politiques doivent donc faire des choix. Où vont-ils chercher l’argent ? dans les poches des retraités et des salariés…

Les seuls gagnants de la course aux armements, ce sont les fabricants d’armes, qui enregistrent un chiffre d’affaires et des bénéfices records. On nous a toujours dit qu’il fallait se serrer la ceinture coûte que coûte pour combler le budget, mais quand il s’agit d’armement, ce tabou est brisé. Il n’y a pas assez d’argent pour les pensions, les salaires, pour les services publics, mais pour les armes, il y a des milliards.

Récemment, Bernard Frederick évoquait dans les colonnes de Liberté Actus* les « enfants perdus de l’Atlantisme » qui, après des décennies à avoir eu l’Ouest pour seule boussole, s’agitent dans tous les sens. Force est de constater que ce sont ces mêmes dirigeants qui ont affaibli la souveraineté de la France en s’alignant presque exclusivement sur les États-Unis. Avec l’ARAC, vous luttez depuis la fin de la Première Guerre mondiale pour une défense nationale et démocratique. Tu peux nous donner quelques précisions ?

P.S. : L’armée de la France doit être forgée à l’image du pays, elle doit être populaire. Aucun fossé ne doit séparer l’armée d’active de sa réserve populaire.

L’armée française doit être intimement liée au peuple, l’histoire s’est régulièrement chargée de nous rappeler l’importance de cette question. Les soldats du contingent sont nécessaires pour une défense nationale profondément liée à la Nation.

La conscription selon l’ARAC, c’est la première constante de la Nation constituée de citoyens-soldats, et c’est aujourd’hui une nécessité et pour la jeunesse et pour la défense du territoire national, afin d’assurer la paix et la sécurité du peuple. Elle repose sur la confiance de la jeunesse en la Nation, faite de défense, de souveraineté nationale, de justice sociale, de partage, d’échange, d’intégration, d’amitié et de solidarité.

L’ARAC milite pour un monde nouveau fondé sur le droit à l’indépendance et à la souveraineté de chaque État, mais aussi sur des coopérations fondées sur l’égalité et la liberté des nations qui s’associent.

Souveraineté économique pour maintenir et développer l’activité industrielle qui permet de garder ses savoir-faire et de les partager dans le cadre de coopérations.

Souveraineté monétaire pour ne pas dépendre des décisions européennes sous tutelle allemande.

Souveraineté politique pour décider de ce qui est le mieux pour la Nation sans l’ingérence de Bruxelles, pour garder et développer les conquis sociaux (retraite, Sécurité sociale, etc.).

Souveraineté sanitaire pour décider de notre politique de santé alors que la Commission européenne exige la casse de l’hôpital public.

Souveraineté énergétique quand l’Europe impose la casse de l’outil que représente EDF pour la France.

Nous ne pouvons accepter que la France doive se plier devant la Commission européenne (organisme non élu)  ; cette Europe où les plus riches mangent les plus pauvres, où les peuples sont en concurrence avec de moins en moins de droit du travail, de moins en moins de droits sociaux, de moins en moins de politique de santé…

La Révolution de 1789 s’est attaquée au principe de subsidiarité (ou autrement dit la possibilité pour une minorité de décider à la place du plus grand nombre) et aujourd’hui le seul objectif de la commission européenne, c’est de renforcer la subsidiarité pour s’opposer au rôle des citoyens.

Finalement, deux visions du monde s’opposent. D’un côté, une logique d’affrontement et, de l’autre, une logique de coopération entre nations souveraines. Force est de constater que les tenants de l’affrontement haussent le ton ces derniers temps et que, les forces qui prônent une logique d’amitié et de coopération sont bien en mal. Comment expliques-tu cela  ? Penses-tu que les forces de paix ont du mal à sortir du compromis et, en définitive, d’une vision « atlantiste » du monde ?

P.S. : L’ARAC s’est forgée un « socle de valeurs » sur lequel elle s’appuie pour poursuivre le débat d’idées. Seuls des êtres conscients des enjeux peuvent donner un sens à leurs luttes, passer de la désespérance, de la colère, à l’action réfléchie permettant de peser sur les choix politiques.

Comprendre les causes des guerres, c’est déjà s’engager sur la défense de la paix.

N’oublions jamais que l’impérialisme, le capitalisme ont toujours utilisé la guerre pour sortir des crises économiques et sociales qu’ils engendrent.

Le travail de mémoire prend aujourd’hui une importance encore plus grande. Si les jeunes générations sont ignorantes des souffrances des poilus de 14-18, des conditions de la montée du fascisme en Europe, des horreurs créées par l’occupation nazie, par la collaboration pétainiste, si elles ignorent ce que fut vraiment la Résistance dans toutes ses composantes, si elles ne savent rien de la sauvagerie, des exactions de la France pendant la guerre d’Algérie, comment prendre conscience des valeurs républicaines dont nous souhaitons tous qu’elles en soient héritières.

Le contexte géopolitique actuel montre la nécessité de travailler sur le passé pour comprendre le présent et de s’engager pour la paix.

12:20 Publié dans Actualités, Entretiens, Point de vue, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, paix | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!