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13/05/2013

QUE GAGNERIONS-NOUS A PERDRE NOTRE VIE ?

ferie.jpgMalheureux que nous sommes.

Avons-nous bien conscience que nos doigts de pieds en éventail en ce pont, que dire, en ce viaduc du 8 Mai et de l’Ascension coûte deux milliards à la France ?

Enfin, à la France, aux entreprises, à l’économie quoi. Deux milliards, car, comme on le disait mercredi matin, sur France Inter, « nous ne produisons pas et nous ne consommons pas ».

En fait, on ne sait pas trop d’où ce chiffre sort comme un lapin de son chapeau ni comment on le calcule, mais petites têtes de linotte que nous sommes, nous pouvons toutefois comprendre que nous avons perdu deux milliards qui n’existaient pas encore, mais que nous aurions gagnés (enfin, les entreprises), si, et le si est important, si nous avions travaillé ces deux jours fériés. 


D’où ces deux questions finalement assez logiques.

Combien perdons-nous chaque fois, à chaque instant que nous 
ne travaillons pas ? 


Et combien gagnerions-nous (enfin, les entreprises) à travailler les jours fériés, la nuit, 
le dimanche, 
sans congés payés ?

Que gagnerions-nous 
à perdre notre vie ?

Maurice Ulrich, l'Humanité

11/05/2013

NICOLAS MADURO : "PAS DE NOUVEAU PINOCHET AU VENEZUELA"

maduro5.jpgVêtu d'un survêtement coloré, Nicolas Maduro nous a reçues dans le hall d'une résidence présidentielle modeste située sur une base militaire, dont il a fait le siège de son pouvoir.

Dans un contexte politique tendu, la capitale, Caracas, bruissait de deux manifestations du 1er-Mai : celle de l'opposition et celle des "chavistes", privés de leur leader charismatique qui fut au pouvoir pendant quatorze années dans cet Etat pétrolier.

ENTRETIEN REALISE AVEC LE JOURNAL LE MONDE

Echauffourées au Parlement, incidents violents dans la rue provoquant sept morts après l'élection présidentielle : le Venezuela est un pays très polarisé, sous tension. Comment entendez-vous prévenir des dérapages ?

Le pays n'est pas polarisé, il est mobilisé. Le peuple est mobilisé car nous menons une révolution, une révolution contre la dépendance économique, la pauvreté, la misère, les inégalités, une révolution contre le capitalisme qui a saccagé notre patrie par le passé. Nous avons un socialisme démocratique. Lorsque les peuples entrent en lutte comme nous – nous l'avons fait il y a deux cents ans pour notre indépendance, et en ce moment nous luttons pour notre nouvelle indépendance –, il y a toujours des tensions. Nous avons une feuille de route, qui est notre Constitution, nos institutions, et elles fonctionnent. Ce que je peux garantir, c'est qu'il y aura la paix, il y aura la démocratie, et on surmontera n'importe quelle menace. Il est important que l'Europe le sache car il y a, de loin, une perception caricaturale. Les gens pensent qu'au Venezuela il y a une dictature.

Allez-vous nouer un dialogue avec l'opposition ?

J'ai appelé au dialogue général, mais le leadership de l'opposition est exercé par un groupe de droite très extrémiste qui empêche les partis politiques de s'asseoir pour discuter. Car ce groupe a un projet d'assaut sur le pouvoir. (...) J'appelle l'Europe à ouvrir les yeux. Au Chili, il y a eu Pinochet. Quand Allende a été attaqué, tout le monde a été surpris par la violence. Ici, une idéologie semblable est en train d'émerger. Si je compare cela à Mussolini, Franco ou Hitler, on dit que j'exagère. Mais ici, en Amérique latine, je sonne l'alarme. Il y a les ingrédients pour un projet extrémiste de droite. Si un jour ces gens parvenaient au pouvoir – ce qui n'arrivera pas –, ils détruiraient la démocratie au Venezuela et imposeraient un projet totalitaire.

L'opposition pèse 49 % des votes. Peut-elle être réduite à des "fascistes" comme vous les qualifiez ?

maduro6.jpgPas entièrement, mais ce que l'on appelle la social-démocratie ou la démocratie chrétienne est en train de disparaître au Venezuela, et d'être happée par une droite extrême. Nous avons gagné 17 des 18 élections au cours des quatorze dernières années. Nous venons de faire face à la plus difficile des élections car nous nous sommes trouvés sans le commandant Chavez, qui était l'âme de la révolution bolivarienne. Moi j'étais candidat, je suis parti de zéro, et j'ai gagné. Le chavisme a oscillé entre 50 %-60 %, parfois on a atteint 63 %. C'est un courant historique très fort, très solide. Ce que je peux dire à la France et à l'Europe, c'est que nous empêcherons qu'au Venezuela surgisse un nouveau Pinochet. Nous le ferons par la voie de la démocratie.

Vous vous décrivez comme l'héritier d'Hugo Chavez. Son positionnement sur la scène internationale a été, pendant plus d'une décennie, celui d'une "résistance" à un supposé impérialisme américain, et des alliances avec des régimes répressifs comme celui de Kadhafi, Al-Assad, Loukachenko, Ahmadinejad. Allez-vous introduire la moindre inflexion ?

Vous dites : "un supposé impérialisme". L'impérialisme existe ! Les Etats-Unis ont exercé un impérialisme mondial. Au XIXe siècle, ils avaient déjà envahi la moitié du Mexique. Le XXe siècle a été celui d'une hégémonie totale, un empire économique, militaire et politique des Etats-Unis.

Au XXIe siècle, une nouvelle ère a commencé. Il s'agit, d'un côté, d'un monde impérial unipolaire, et, de l'autre, du surgissement d'un monde pluripolaire, multicentrique, en équilibre, qui est en fait le prolongement de la vision de notre libérateur, Simon Bolivar. Nous croyons à ce projet d'un monde en équilibre, sans empire. Le Venezuela a subi cent ans de domination pétrolière, des multinationales américaines qui ont semé la misère, et c'est pour cela que nous avons un projet anti-impérialiste.

Quant à nos amitiés... Kadhafi était ami de Sarkozy et de Berlusconi. Ils faisaient des banquets ensemble. Il finançait leurs campagnes. Comme membre de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, on a toujours été ami de la Libye. Le président Chavez a été jusqu'au dernier jour un ami loyal de Kadhafi, assassiné de la manière la plus vulgaire. Le bombardement, la destruction de la Libye, l'Europe devrait y réfléchir, car elle a infesté la Libye de terroristes. Qui a le pouvoir militaire en Libye et envoie des milliers d'hommes armés combattre en Syrie ? Al-Qaida.

Le président syrien bombarde son propre peuple avec des avions et des tanks. Pourquoi ne condamnez-vous pas ces agissements si vous vous réclamez de la démocratie ?

En Syrie, il faut prendre en compte le fait qu'il y a une intervention étrangère qui a créé une guerre civile. Nous avons une bonne coopération, économique, avec le président Bachar Al-Assad. En tout cas, il faut faire la différence : le Venezuela est un pays démocratique. Et en Amérique latine, en général, chacun cherche son modèle économique, après le désastre des années 1990 marquées par le néolibéralisme. D'ailleurs, ce qui se passe en Europe en ce moment rappelle ce qu'a traversé notre région dans les années 1990 : tous les indicateurs sociaux reculaient et cela a mené à une explosion politique, des révolutions. C'est ce qui a expliqué le surgissement d'un Chavez, d'un Lula, d'un Kirchner, d'un Correa. L'Europe devrait prendre garde.

 Nicolas Maduro, président du Venezuela, sous un portrait d'Hugo Chavez jouant au base-ball, à Caracas, le 1er mai 2013.Nicolas Maduro, président du Venezuela, sous un portrait d'Hugo Chavez jouant au base-ball, à Caracas, le 1er mai 2013. | Miguel Gutierrez pour "Le Monde"

Vous parlez d'un monde multipolaire. Qui, au XXIe siècle, doit être l'allié du Venezuela : l'Europe, ou bien la Chine et la Russie ?

Un groupe a émergé, qui s'appelle BRICS. C'est le bloc qui, au niveau mondial, peut générer de grands changements vers l'équilibre. Il représente plus de 3 milliards d'habitants : la Chine, nos frères brésiliens, l'Inde, l'Afrique du Sud... C'est un grand espoir pour le monde, comme l'Europe a pu l'être. Le problème, c'est que l'Europe s'est laissé dominer par les politiques des Etats-Unis. Il faudrait que l'Europe rejoigne les BRICS, pour favoriser une grande alliance mondiale en faveur d'une nouvelle forme de coexistence, et pour que cessent l'interventionnisme et la guerre.

Que faudrait-il pour que la relation se normalise entre votre pays et les Etats-Unis de Barack Obama ?

Du respect. Du respect pour l'Amérique latine. Ils ne nous respectent pas. C'est une vieille histoire. Il y a deux doctrines. La doctrine Monroe, qui disait : "L'Amérique pour les Américains", c'est-à-dire pour les Etats-Unis d'Amérique. Et celle de Simon Bolivar, qui disait : "L'union de l'Amérique autrefois colonie de l'Espagne". Ce sont deux doctrines, l'une impériale, l'autre de libération. Il y a aux Etats-Unis – je le sais – un groupe ultraconservateur et terroriste. Cherchez qui sont Roger Noriega, John Negroponte, Otto Reich... Tous ces hommes-là sont derrière des plans de déstabilisation violente du Venezuela. Parfois le gouvernement américain exerce un certain contrôle sur ces groupes, parfois il les laisse agir. Les Etats-Unis sont gouvernés par un appareil militaro-industriel, médiatique et financier. Obama sourit, mais il bombarde quand même. Il offre juste une image différente de celle de Bush. En ce sens, il sert davantage les intérêts de domination mondiale des Etats-Unis. Nous venons de dépêcher un nouveau chargé d'affaires . Nous sommes disposés à avancer vers une relation qui puisse être positive. On verra.

Le pétrole a été le grand levier de la politique régionale menée par Hugo Chavez, ainsi que de ses programmes sociaux. Mais la production de votre pays stagne. Comptez-vous ouvrir ce secteur aux investissements étrangers ? Comment allez-vous diversifier une économie dominée par les hydrocarbures ?

Au Venezuela, dans la ceinture pétrolifère de l'Orénoque, nous avons 27 entreprises multinationales du monde entier, y compris des françaises. Nous invitons tous ceux qui n'ont pas encore investi dans notre pays – ils sont les bienvenus. Nous créons des zones économiques spéciales pour attirer l'investissement et de la technologie. Nous avons étudié l'expérience chinoise, celle de la municipalité de Pudong, à Shanghaï. Par ailleurs, le Venezuela a 33 millions d'hectares de terres agricoles disponibles, et nous n'en utilisons que 3 millions. Nous avons toutes les conditions pour devenir une puissance de l'agroalimentaire. Nous appelons tous ceux qui veulent produire dans des conditions agro-écologiques à venir au Venezuela. Nous pouvons produire pour le Mercosur, pour l'Europe, pour l'Asie.

Vous parlez de liberté. Quand vous allez à Cuba pour discuter avec Raul et Fidel Castro, comme vous l'avez fait encore récemment, parlez-vous des prisonniers politiques, des journalistes qui sont détenus ?

Nous sommes fiers de Cuba, et nous allons continuer de soutenir ce peuple noble et solidaire. Fidel et Chavez, c'était comme un père et un fils, une unité profonde. Fidel Castro représente la dignité du continent sud-américain face aux empires. Il est un mythe vivant de la lutte pour l'indépendance et la libération du continent.

08/05/2013

En ce temps-là, la classe ouvrière allait au Paradis

grande-bretagne,cinéma,ken loachUn documentaire de Ken Loach, c’est une profession de foi, un engagement, un plaidoyer. 
Le militant 
se penche sur le passé de la Grande-Bretagne. L’Esprit de 45, en salle ce mercredi.

S’il est un réalisateur, parmi les célèbres, demeuré fidèle à des convictions progressistes, dont on ne l’a jamais vu se départir, c’est bien Ken Loach. Le voici qui persiste et signe avec ce documentaire. La thèse en est qu’il y a bien un moment où la classe ouvrière d’outre-Manche a tenu une place prépondérante dans l’histoire du pays, à savoir à la Libération, période dont il serait bon de retrouver aujourd’hui les valeurs.

Un exposé ayant ­valeur de cours magistral nous rappelle le rôle tenu alors par la Grande-Bretagne, seule parmi les grandes puissances occidentales à n’avoir pas été mise à genoux par les bombardements nazis, d’où une expansion industrielle phénoménale, conséquence des besoins considérables des marchés. De même que la société britannique avait trouvé son unité pendant la guerre, elle la prolonge pendant la paix avec le vote qui porte les travaillistes au pouvoir, au grand dam de Churchill, dans un raz-de-marée sans précédent. Ce qui naît alors est le sujet de ce film qui ignore ce qui a pu se dérouler précédemment, soit depuis la naissance du ­Labour, aux premiers jours du XXe siècle.

Un brillant travail de documentation

grande-bretagne,cinéma,ken loachLe point de vue est clair, la méthode de travail tout autant. Elle consiste à aller dans les archives avec méticulosité pour en sortir tous les plans utiles à la démonstration et, parallèlement, à interviewer des ­témoins de la période racontant ce que fut leur vie, le tout en noir et blanc (à l’exception de la dernière séquence), dans un souci d’harmonie. Le résultat est magnifique, digne d’un artiste en ce qu’on y trouve cette touche sensible qui distingue le créateur de l’historien ou du journaliste. Et quel travail de documentation ! Chacun connaît des images de ­Churchill fumant ses gros cigares, tout en assénant ses vérités souveraines.

 Ici, par exemple, on pourra découvrir des plans de l’homme en pleine campagne électorale renonçant à parler sous les huées populaires. De surcroît, il s’agit en vérité d’un film d’auteur fidèle à sa manière. Ce que l’on voit ici, autre exemple, de la nationalisation des chemins de fer et de l’arrêt de la gabegie, qui était due à la concurrence des réseaux privés, rejoint précisément ce que Ken Loach avait pu traiter déjà par la fiction, en l’occurrence dans The Navigators.

Convoquer un socialisme authentique

De même avec l’emploi ou le logement. Concrétisation d’une utopie, mais qui n’aura qu’un temps. ­Margaret ­Thatcher, ­arrivée au pouvoir, s’empressera de défaire tout ce qui avait été édifié sans que le parti, qui n’a cessé de se social-démocratiser, s’en émeuve outre mesure, lui-même converti aux nécessités du marché. C’est donc bien cet esprit que convoque le titre, que le réalisateur intime de retrouver, celui d’un socialisme authentique qui mette l’homme, non le profit, au poste de commandement.

L’Esprit de 45, de Ken Loach. Grande-Bretagne, 1 h 34.

Artcile publié par le journal l'Humanité


Bande annonce L'ESPRIT DE 45 - Ken Loach par cinemadupantheon

06/05/2013

Vente des participations de l’Etat : une absurde stratégie à court terme

budget, entreprises, eads, GDF-Suez, jean-marc ayrault, france télécom, privatisationJean-Marc Ayrault a confirmé que le gouvernement envisageait de réduire la participation de l'Etat dans le capital "d'un certain nombre d'entreprises publiques", pour consacrer ces sommes à l'investissement. C’est accepter de perdre son droit de regard sur certains choix industriels stratégiques, mais aussi sabrer une source de revenu pour l’Etat sur le long terme.

"Nous envisageons que dans un certain nombre d'entreprises publiques où le taux de participation de l'Etat en tant qu'actionnaire est très important, nous puissions dégager une partie pour financer l'investissement, pas pour boucher les trous du budget", a déclaré le Premier ministre dimanche soir au JT de TF1.
Et la vente des bijoux de famille a commencé. Rien que le mois dernier, le ministère de l'Economie a annoncé avoir vendu 3,12% du capital de Safran, soit 13 millions d'actions, ce qui lui a rapporté 448,5 millions d'euros. La vente de titres EADS a déjà rapporté près de 1,2 milliard d'euros à l'Etat français, en avril également.

Une double erreur

Une somme qui peut paraître importante, mais à comparer aux dividendes, « rente », que ces participations apportent à l’Etat s’élève ces dernières années entre 4 et 5 milliards d’euros annuellement (cf. projets de loi de finances). Un revenu que l’Etat ampute à chaque fois qu’il vend ses participations. Un des plus gros contributeurs au budget de l’Etat est GDF-Suez, 1,4 milliards en 2012. Et le gouvernement envisage d’en vendre une partie.
Vision économique à court terme, mais aussi erreur stratégique. Vendre des participations c’est s’enlever du pouvoir de contrôle sur les décisions du groupe. C’est la participation de l’Etat au capital de France Telecom qui a permit d’éviter de brader Dailymotion. C’est aussi ce qui aurait pu lui permettre, avec un peu de volonté politique, d’empêcher la stratégie de délocalisation à tout crin chez Renault…

Le Premier ministre entend utiliser ces sommes pour investir sur 10 ans, dans les domaines du numérique et nouvelles technologies, de la transition énergétique, de la santé et des grandes infrastructures. Le détail du plan sera dévoilé au cours des prochaines semaines. Privatiser pour investir sur l'avenir, c'est bien la preuve que le gouvernement est toujours dans sa logique d'austérité.
Cette annonce, le soir même de la grande marche du 5 mai, est aussi un message politique adressé à la gauche. Le signe que le gouvernement, s’il a entendu, n’a pas l’intention d’écouter.

Article publié dans l'Humanité