Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/06/2014

ECONOMIE : CONDITIONNEMENT ET SCANDALE AU BAC ES

Bac2014.jpg

Le Bac est, cette semaine, le sujet à la mode. Il revient ainsi tous les ans, avec ses polémiques (faut-il supprimer le Bac ?), avec ses scandales, réels ou imaginaires. Il y a une bonne raison à cela.

Premier examen universitaire (et c’est pour cela qu’un professeur des universités préside le jury), il conditionne pour de nombreux jeunes la possibilité d’avoir accès aux études supérieures.

L’idée de faire passer le Bac par contrôle continu aurait probablement pour conséquence de conduire les universités à instaurer des concours d’entrée, puis à créer leurs propres filières de préparation à ces concours d’entrée, ouvrant par là même la porte à des abus multiples.

Le formatage par le MEDEF commence au Bac !

On trouve donc de tout dans les sujets du Bac ; parfois des « perles » et même de la propagande. C’est le cas pour les sujets de 2014 dans l’épreuve de sciences économiques et sociales pour la section ES (Sujets: BAC-ES2014). Cette propagande peut être grossière, comme c’est le cas pour les (malheureux) élèves qui auront choisi l’épreuve composée. La première question de cette dernière (valant 6 points) se compose de deux sous-questions :

  1. Comment la flexibilité du marché du travail peut-elle réduire le chômage ?
  2. À quels risques économiques peuvent s’exposer les pays qui mènent une politique protectionniste ?

bac.gifOn ne saurait imaginer choix plus tendancieux, et plus erroné du point de vue de la science économique.

Commençons par la première sous-question ; il est ainsi implicitement suggéré à l’élève que la « rigidité » du marché du travail peut-être une cause du chômage.

Or, ce que l’on appelle la « rigidité » ce sont des contrats de travail assurant une stabilité et une protection au salarié.

Poussons alors le raisonnement à l’absurde : si la flexibilité du travail permet de réduire le chômage, il nous faut revenir à des contrats journaliers ou hebdomadaires, comme aux premiers jours de la révolution industrielle.

Il n’y avait rien de plus flexible que le marché du travail au début du XIXème siècle.

Pourtant, comme c’est étrange, tous les commentateurs de l’époque s’entendent pour dire qu’il régnait alors un chômage important…

Par ailleurs, si une personne n’a aucune garantie quant à son lendemain, si elle vit dans une insécurité permanente, aura-t-elle la moindre incitation pour s’instruire et développer sa force de travail ?

On oublie trop que l’extrême flexibilité du travail a pour corolaire une productivité extrêmement faible. Inversement, ce sont les industries qui avaient besoin d’un travail qualifié (comme Krupp en Allemagne ou Schneider en France) qui ont, les premières, instauré des mécanismes rigidifiant le marché du travail afin de stabiliser une main d’œuvre avec des caractéristiques spécifiques.

En réalité, la segmentation du marché du travail est issue du développement même du capitalisme. Les gains très importants en productivité du travail que l’on a connu depuis plus de 100 ans dans l’industrie sont le résultat de ces stabilités qui sont aussi, pour ceux qui les combattent, autant de « rigidités ».

Or, ces gains permettent des hausses régulières du salaire réel, qui assurent ainsi les débouchés (la consommation) à la production, et contribuent par là à la baisse du chômage. Il faut ici rappeler que l’introduction du SMIG puis du SMIC a fortement contribué à une croissance rapide dans les années 1960.

Quant à la seconde question, elle passe sous silence le fait qu’il n’y a pas eu un seul pays qui ait réussi à s’industrialiser et à se développer économiquement sans recourir à des méthodes protectionnistes. De la France au Japon, des États-Unis à l’Allemagne, tous les pays ont eu recours au protectionnisme, et ceci a correspondu à leurs périodes de croissance les plus importantes. Dans un papier célèbre[1], le regretté Paul Bairoch et Richard Kozul-Wright ont montré le rôle largement positif des réglementations protectionnistes. ...

Jacques Sapir

Lire la suite en cliquant ici ou sur Jacques Sapir.

04/06/2014

Le patron des patrons ne connaît pas la crise

gattaz2.jpg

Apostrophe. Pierre Gattaz ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnait. Le Canard enchaîné révélait mardi que le patron du MEDEF a perçu, en tant que directeur général de l’entreprise Radiall, une rémunération en hausse de 29 % en 2013.

Soit la modique somme de 420 000 euros. Ce qui ne l’a pas empêché, toute honte bue, de lancer la veille, en tant que représentant du patronat, un appel à « la modération salariale » et à l'exemplarité. Furieux des révélations du journal satirique, il a donc pris la plume pour se justifier sur son blog. « Quand on crée de la richesse, on la distribue » ose écrire le chef du patronat. Drôle de lecture marxiste, quand on sait que sur la même période, les salaires de ses employés n’ont augmenté que de 3,3% alors que les dividendes octroyés aux actionnaires ont grimpé de 76%. « Il y a un moment où chacun doit être responsable : on ne peut pas demander la baisse du smic, voire sa suppression, et en même temps considérer qu'il n'y a pas de salaire maximal » a réagi hier François Hollande, lors de son entretien sur RMC.

Cette révélation a en effet de quoi inquiéter le président de la République, tant elle démontre par ailleurs l’inanité du « pacte de responsabilité », le cadeau à 30 milliards d’euros, censé créer de l’emploi. Car l’activité du groupe Radiall, dont le chiffre d’affaires a bondi de 27% en quatre ans, aurait dû générer ce que Pierre Gattaz qualifie de « terrain favorable à l’embauche ». Or, comme le démontre Le Canard enchaîné, sur la même période, non seulement l’effectif du groupe a diminué, mais il a enregistré un bond dans les recours à l’intérim. Pourtant, le patron du Medef l’assure : « oui, grâce au pacte de responsabilité, nous créerons 1 million d’emplois net d’ici à 2020 ». Si Pierre Gattaz le dit…

Maud Vergnol, pour l'Humanité

- See more at: http://humanite.fr/le-patron-des-patrons-ne-connait-pas-la-crise-526483#sthash.wVmeSjfb.dpuf

Recession Hasn’t Affected Bosses’ Boss

gattaz.jpgA rude remark. Anything goes for Pierre Gattaz, and that’s even the way you recognize him. The satirical weekly newspaper Le Canard enchaîné revealed on May 6 that the president of the MEDEF, the French bosses’ association, got a 29% pay hike in 2013 as general director of the Radiall company.

That represents the modest sum of 420,000 euros, and it did not prevent him, as representative of the French bosses – he being dead to all sense of shame – from launching a call for “wage restraint” and for exemplary conduct on May 5. Furious at Le Canard enchainé’s revelations, he took up his pen to justify himself on his blog. “When you create wealth, you distribute it,” the boss of the bosses dared write.

An odd sort of reading of Marx, when you know that over the same period, the wages of his employees only rose by 3.3%, whereas the dividends granted to the company’s shareholders rose by 76%. “There comes a time when each person has to be responsible: you can’t demand a fall in the minimum wage, and even the abolition of the minimum wage, and at the same time think that there isn’t a maximum wage,” was François Hollande’s reaction when interviewed on Radio Monte Carlo on May 6.

The revelation is indeed cause for the French president to worry, so much does it demonstrate the inanity of the “responsibility pact,” the 30-billion-euro gift [to business] that is supposed to create jobs.

The business done by the Radiall company, whose turnover shot up 27% over four years, should have produced what Pierre Gattaz describes as “a terrain that is favorable to hiring.” But, as Le Canard enchaîné has demonstrated, not only did the company’s workforce decrease over that same period, but it chalked up a jump in the use of temporary workers. And yet, the boss of the MEDEF guarantees that “yes, thanks to the responsibility pact, we will create one million net jobs by 2020.” If Pierre Gattaz says so…

by Gene Zbikowski pour l'Huma in English

28/04/2014

Quand la Cour suprême américaine mine la démocratie

coursupreme_court_us_2010-2.jpg

Il y a certaines décisions qui, prises à Washington, nous concernent directement. C’est le cas de celle qu’a prise mercredi la Cour suprême dans l’affaire McCutcheon vs FEC : au nom du Premier amendement de la Constitution, qui promeut la liberté d’expression, les juges suprêmes, par cinq voix contre quatre, ont refusé que soient plafonnés les dons que peuvent faire les particuliers pour des campagnes électorales.

Le plafond, fixé à 123 200 dollars, a donc disparu depuis mercredi. En débridant le rôle des plus riches dans le processus politique, la Cour renforce concrètement leur influence, déjà immense, sur les décisions publiques.

Prise au nom de la liberté, sa décision aboutit à miner celle-ci. Car quelle est la liberté des citoyens dans un système de plus en plus ploutocratique, de moins en moins démocratique ?

Un enjeu de civilisation

On pourrait se dire que c’est certes scandaleux, OK, mais que c’est l’affaire des Américains : « Tant pis pour eux ! » Ce serait raisonner à courte vue. Que la première puissance mondiale se laisse glisser sur cette pente-là est une mauvaise nouvelle non seulement pour le peuple américain, mais aussi pour le reste de la planète.

Cette dérive ploutocratique américaine ne fait qu’accroitre, dans l’ensemble du monde, la course de l’accumulation de l’argent vers une petite élite bien décrite par l’économiste français Thomas Piketty dans « Le Capital au XXIe siècle » (un livre publié chez Seuil, et dont la traduction fait sensation aux Etats-Unis, soit dit en passant). L’enjeu n’est donc pas seulement américain : c’est un enjeu de civilisation.

La Cour suprême. Pastilles rouges : les plus conservateurs, majoritaires (Steve Petteway/Wikim&eacute ; dia Commons)

La Cour suprême a perdu une occasion de mettre un coup d’arrêt à cette dérive de l’argent en indiquant qu’on est allé bien trop loin. C’est ce que souhaitaient les quatre juges (dont les trois femmes de la Cour) qui ont voté contre la décision.

Lorsque, comme c’est le cas outre-atlantique, 85% des élus sont ceux qui ont dépensé le plus d’argent pour leur campagne, il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Lorsque des milliardaires créent leur propre structure politique, comme c’est le cas des frères Koch, obsédés par l’idée de chasser Obama du pouvoir, il y a même quelque chose de pourri au cœur du système.

« La voix de l’argent à plein volume »

Dans un avis dissident joint à la décision, le juge Stephen Breyer, nommé par Clinton, résume le problème d’une formule :

« Quand la voix de l’argent s’exprime à plein volume, celle des citoyens devient inaudible. »

Selon lui, cette décision, qui fait suite à une autre de la même eau (Citizens United vs FEC) empêche tout contrôle du financement de la vie politique et de ce fait soulève « de graves problèmes de légitimité démocratique ». Des mots qui, sous la plume d’un des garants de la Constitution américaine, sont très lourds.

Sans surprise, ce sont les cinq juges conservateurs, qui ont voté pour laisser la voix de l’argent « s’exprimer à plein volume ». Selon eux, « dépenser des larges sommes d’argent en lien avec une élection, et non en vue de contrôler l’exercice du pouvoir de celui qui sera en charge, n’est pas en soi un pacte de corruption [en VO : “quid pro quo corruption”, ndlr] ». Une vision bien étroite du mot corruption...

Publié par le Nouvel Obs

18/02/2014

La bibliothèque idéale selon saint François Copé

littérature, censure, extrême-droite, bibliothèque, théorie du genre, livres jeunesseVoici des exemples de livres pour la Jeunesse qu'il faudrait faire disparaître, à entendre les commandements moralisateurs du patron de l'UMP. L'apostrophe de Marie-José Sirach.

D’abord, bannir des rayonnages:

Titeuf et sa bande de copains obsédés par leur zizi 
et les filles de Zep.

Tous les albums des Motordus de Pef pour outrage à la langue française.

Les Trois brigands, de Tomi Ungerer pour apologie 
de la rapine et du mensonge.

voir la bande-annonce des 3 brigands

On n’est pas des poupées! de Delphine Beauvois et Claire Cantais pour oser vanter l’égalité filles-garçons.

Ernesto, de Marguerite Duras 
pour apologie de l’insoumission à l’autorité.

Fifi Brindacier, d’Astrid Lindgren pour trouble 
à l’ordre public.

Les plantes ont-elles un zizi? de Jeanne Failevic et Véronique Pellissier, pour 
initiation camouflée aux différents systèmes 
de reproduction (voir Acte Sud Junior).

Le Petit Chaperon rouge, 
de Charles Perrault, pour relations sado-maso 
avec le loup.


Cartoon 1943 " Red Hot Riding Hood " - Tex Avery par Petites-Cocottes

Pour rigoler, la version de Tex Avery

Barbe bleue, toujours de Charles Perrault, décidément, un auteur dont il faut se méfier, 
pour apologie de la polygamie.

Comment élever 
son papa? d’Alain le Sault, pour atteinte à l’autorité 
du chef de famille.

Tous les Tintin d’Hergé pour initiation subliminale à l’homosexualité.

Je ne vois plus qu’un seul livre à conserver : 
Bécassine. C’est un peu sa cousine, non?

  • A lire aussi:

Copé ne fait plus rire

Raphaëlle Bats « Les bibliothèques, un outil d’émancipation »

Marie-José Sirach