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25/01/2018

Vera Baboun, une voix libre à Bethléem

Vera-Baboun maire Bethleem.jpg

Vera Baboum, Palestinienne, chrétienne, première femme élue maire de Bethléem en 2012, vient à Strasbourg, le 27 janvier 2018 à l'invitation d'une association interculturelle (chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes, hindouistes), les Sacrées Journées.

Elle présentera son livre au titre évocateur : "Pour l'amour de Bethléem. Ma ville emmurée" Bayart éditions. (écouter ici avec Mosaik Radios la critique de son livre et sa réaction}}})

Son récit autobiographique constitue à l'encontre de l'occupation et tout particulièrement du mur d'annexion un acte d'accusation d'autant plus marquant qu'il émane d'une femme étrangère à tout extrémisme, à tout fondamalisme, et qui parle de personnes juives israéliennes de son entourage (telle son enseignante à l'Université hébraîque) avec beaucoup de respect et de tendresse.

Francis Wurtz, député honoraire du Parlement européen, Humanité Dimanche.

A cette occasion nous vous proposons un article de Marie Malzac publié le 24/12/2016, pour La Croix

Première femme à devenir maire de Bethléem, cette Palestinienne chrétienne veut être facteur de changement dans le contexte enlisé du conflit.

Casque jaune vissé sur la tête, elle avance d’un pas décidé dans les rues désertes et sombres de la petite ville italienne de Norcia, au centre de la péninsule, durement frappée par un violent tremblement de terre quelques semaines plus tôt. En ce mois de décembre, le froid est mordant.

De part et d’autre de la voie, les vitrines des commerces laissent entrevoir les chaises renversées, des objets éparpillés sur le sol. Arrivée sur la place centrale de la commune, considérée comme l’un des plus jolis bourgs du pays, Vera Baboun stoppe net, visiblement émue. Sous ses yeux, la place Saint-Benoît semble un champ de ruines. De la basilique médiévale, il ne reste que la façade.

Sa vie bascule en septembre 1990, trois ans après le début de l’Intifada

« Cette ville a été éprouvée, comme l’est la mienne, je ne pouvais pas repartir chez moi sans manifester ma proximité dans la souffrance des Italiens frappés par cette tragédie. » Chez elle, c’est Bethléem, ville palestinienne dont elle est maire depuis 2012, loin de l’Italie où elle est en déplacement ce jour-là à l’invitation de la mairie d’Assise, liée par un jumelage à sa ville.

Des épreuves, cette femme, vêtue sobrement, coiffée et maquillée avec soin, en a aussi traversé avant de devenir la première femme à occuper ce poste, comme elle le raconte dans son livre Pour l’amour de Bethléem. Ma ville emmurée, écrit avec Philippe Demenet et paru chez Bayard en novembre (1).

En septembre 1990, trois ans après le début de l’Intifada, le soulèvement palestinien contre Israël (2), sa vie bascule. Vera se souvient de cette nuit du 19 septembre comme si c’était hier. « Ils ont frappé à minuit quinze. » Plusieurs soldats israéliens en armes sont à la porte. « Ils ont réclamé mon mari, par son nom, Johnny », explique-t-elle. « Je leur ai simplement demandé de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller mes enfants : je ne voulais pas qu’ils restent avec cette image, qui les aurait traumatisés à vie. »

« Lorsqu’ils ont fermé la porte de notre petit appartement, j’ai dit à mon mari, qu’ils emmenaient, comme c’est l’usage en arabe : que Dieu te garde, poursuit-elle. Je n’avais aucune idée de ce qui était en train de se passer. »

« Quelque chose s’était brisé dans son regard »

Johnny incarcéré pour faits de résistance – non violente, elle tient à le préciser –, la jeune femme de 26 ans se retrouve seule avec trois enfants en bas âge, et sans nouvelles de lui pendant plusieurs semaines.

Un jour, alors que les soldats repassent chez elle pour récupérer une clé dans le garage automobile que dirigeait son mari, ils lui proposent, comme une faveur, de venir le voir. « Il attendait, menotté dans une voiture un peu plus haut. Je l’ai vu par la fenêtre. Ses yeux étaient toujours aussi bleus et aussi beaux, mais quelque chose s’était brisé dans son regard. »

Désemparée, Vera sait qu’elle ne peut pas baisser les bras. Alors qu’elle cherche un emploi pour subvenir aux besoins de sa famille, on lui propose d’enseigner l’anglais à l’université de Bethléem qui vient de rouvrir après avoir été fermée durant la « guerre des pierres ». Bientôt, elle se rend compte que ce salaire ne peut suffire, et pour parvenir à un poste plus important, décide de commencer un master à l’Université hébraïque de Jérusalem.

« Les bénédictions et les grâces se cachent au cœur des souffrances »

 

« Vous imaginez ? En pleine Intifada, une Palestinienne se rendant à Jérusalem pour des études dans un établissement israélien ! », lance-t-elle l’index levé, comme étonnée de sa propre audace. D’où lui est venue cette force ? « J’ai cru en moi, même quand j’étais la seule à le faire. »

Ces trois années séparées de son mari seront fondatrices. Un jour, alors qu’elle revient avec ses enfants d’une visite à la prison, Vera se souvient d’une phrase entendue des années auparavant, dans une homélie prononcée par un prêtre à Sainte-Catherine, l’église latine adjacente à la basilique de la Nativité. « Les bénédictions et les grâces se cachent au cœur des souffrances. » Elle en fera sa devise.

À sa sortie de prison, Johnny souffre de plusieurs problèmes de santé, liés au stress et aux conditions de détention. Mais le couple se soutiendra encore plusieurs années dans la maladie – Vera subira elle aussi une importante opération – et dans l’éducation des enfants – deux autres naîtront entre-temps –, jusqu’à sa mort, en 2007. La douleur est vive. Mais là encore, elle ne peut abandonner. « Je lui dois bien ça ; Johnny a tant donné pour sa famille et pour son pays… »

« Les pires des murs, ce sont ceux que nous intériorisons »

 

Aujourd’hui, de son bureau, elle contemple au quotidien la place de la Mangeoire, où se trouve la basilique qui abrite le lieu identifié comme celui de la naissance du Christ. « J’y puise mon courage, l’envie de continuer de me battre pour Bethléem et pour la Palestine, dit-elle. Ici, c’est tous les jours Noël, car nous vivons avec ce mystère de l’Incarnation sous notre regard en permanence, mais chaque jour porte aussi son lot de difficultés. »

Encerclée par le mur de séparation érigé par Israël à partir de 2002 et cernée par de nombreuses colonies, la ville souffre de l’étranglement économique, entraînant chômage et exil. « Les pires des murs, clame-t-elle pourtant, ce sont ceux que nous intériorisons. »

Résister. Encore et toujours. Y compris contre « la haine qui pourrait naître dans son peuple ». Comme un leitmotiv, ce mot revient dans la vie de cette femme aux traits énergiques, où apparaissent ponctuellement des expressions de douceur.

Femme, chrétienne, palestinienne

 

« Nous sommes un peuple résilient, mais cela ne doit pas se transformer en acceptation d’une situation injuste. » Elle poursuit : « Il faut nous aimer nous-mêmes, aimer nos corps, que l’occupation voudrait contraindre, aimer nos bras, nos jambes, nos voix, tout ce qui nous constitue. »

Femme, chrétienne, palestinienne. Femme dans un monde où le pouvoir appartient aux hommes, chrétienne dans une ville à majorité musulmane, Palestinienne et donc citoyenne d’un pays occupé : autant d’identités qui auraient pu l’enfermer, à l’image de ce mur « qui défigure nos collines ».

Avant de partir pour Norcia, Vera Baboun a voulu saluer les clarisses. Après s’être entretenue avec elles au parloir, elle passe dans l’église Sainte-Claire, qui conserve notamment le célèbre crucifix de saint Damien, celui qui, selon la tradition, s’adressa au « Poverello » pour lui demander de « rebâtir sa maison en ruines ».

« Ma famille est toujours passée avant ma vie professionnelle »

 

Même si le temps presse, elle veut se recueillir quelques instants. Elle tombe à genoux. La femme orientale, la foi chevillée au corps, prend le dessus. « C’est dans la Croix que je me ressource, sans elle, il n’y a pas de salut. »

Peu après, en voiture sur les routes vallonnées de l’Ombrie, elle évoque sa famille. « J’ai élevé mes enfants et je crois ne m’être pas trop mal débrouillée », sourit-elle, malicieuse, en évoquant ses trois filles et ses deux garçons. « Ma famille est toujours passée avant ma vie professionnelle, sans cela, rien n’a de sens, mais maintenant qu’ils sont adultes, je peux servir dans une autre mission. »

Une mission qu’elle n’aurait jamais envisagée. Devenue directrice d’un établissement scolaire après la mort de son mari, Vera Baboun se rapproche du Fatah, le parti du président Mahmoud Abbas, dont elle apprécie « les efforts diplomatiques » pour défendre la cause palestinienne, ayant abouti à la reconnaissance d’un État par l’ONU en 2012.

Faire entendre sa voix

Mais quelle n’est pas sa surprise lorsqu’elle reçoit une lettre lui demandant de représenter cette formation politique aux élections municipales ! En dépit des réticences initiales de sa famille, elle relève le défi, mène campagne et remporte la victoire, il y a maintenant quatre ans.

« Toute ma vie a été un apprentissage pour construire mon langage, faire entendre ma voix, afin de pouvoir m’exprimer librement et d’être actrice dans la société. »

Fière, elle porte son histoire en bandoulière, mais attend d’« être jugée sur son action politique, pas sur ce qu’elle représente ». « Je n’ai pas la prétention de changer les choses, précise cette battante, mais je veux être un facteur de changement. »

19/01/2018

L'insolente croissance du Portugal inflige un camouflet au culte de l'austérité de Bruxelles

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Pascal de Lima Chef Economiste d'Harwell Management

La réussite du modèle portugais ne vient pas des politiques de l'offre mais au contraire des politiques de la demande. Bruxelles est dans l'embarras.

Longtemps le modèle de référence en Europe a été le modèle allemand. Bruxelles en a fait régulièrement l'apologie, notamment en raison de l'exceptionnel excédent budgétaire allemand, de la dynamique de sa dette, de ses réformes permettant une exceptionnelle compétitivité. Bruxelles s'est souvent appuyé sur ce modèle pour faire pression sur les Etats.

Historiquement, ce modèle repose sur les réformes hétéroclites de l'épopée du Chancelier Schröder pour dépasser la crise des années 1990 en Allemagne. Réformes de l'assurance maladie, célèbres lois Hartz, accords de compétitivité dans les entreprises ont propulsé l'Allemagne vers l'idéal de l'économie de l'offre. L'abaissement des charges des entreprises et la hausse de la TVA ont déplacé la pression fiscale. En parallèle à cela, c'est tout le poids de l'Etat qui a été nettement diminué. Ce modèle qui repose finalement sur les entreprises, on le trouve en Autriche, aux Pays-Bas mais aussi... en Italie du Nord. Ces politiques pro-entreprises ont connu leur apogée en Europe entre 2005 et 2011, date à laquelle, en particulier, la croissance allemande a été maximale.

Mais qu'à cela ne tienne, l'Allemagne s'est essoufflée en 2013-2014 avec une croissance, certes, toujours positive. Un fait notable et loin d'être anodin, le taux de croissance du Portugal est passé au-dessus de celui de l'Allemagne en 2015-2016 et ce sera le cas probablement en 2017. Cependant, avec des excédents commerciaux qui inquiètent de plus en plus Bruxelles, l'Allemagne aujourd'hui interroge.

L'influence de l'Allemagne sur les politiques d'austérité en Europe a atteint ses limites. Car la locomotive de l'Europe ne roule désormais plus qu'à petite vitesse, en termes de croissance et d'exportations, un comble!

Pas de réforme structurelle du marché du travail pour assouplir les droits des salariés, pas d'abaissement de la protection sociale, pas de programme d'austérité comme celui du gouvernement antérieur de droite. Au contraire.

Car pendant ce temps, le petit poucet de l'Europe, longtemps décrié par Bruxelles, vient bouleverser les grandes certitudes sur les bonnes politiques amères à mener en Europe. Il s'agit du Portugal. Il y a un peu plus d'un an en juillet 2016, la Commission européenne entamait une procédure pour "déficit excessif" contre le gouvernement de Lisbonne. Mais depuis, le Portugal a réduit son déficit à 2,1% en 2016 et devrait le ramener à 1,5% cette année quand on peine en France à passer en-dessous de la barre des 4%.

Après une période historique de privatisations forcées pour obtenir les prêts de la Troïka, c'est finalement la coalition de gauche entrée au pouvoir en 2015 qui allait inverser les choses, mettant Bruxelles dans un grand embarras.

Car le modèle économique portugais qui dépasse les taux de croissance allemand aujourd'hui est totalement contraire à celui prôné par Bruxelles. Depuis 2015, la croissance réelle du Portugal s'est nettement redressée après des années noires, celles de la Troïka, durant lesquelles les taux de croissance étaient même négatifs de 2011 à 2013. Aujourd'hui, les taux de croissance du Portugal dépassent ceux de l'Allemagne. Si le taux de chômage frôlait les 17% avec les politiques d'austérité en 2013, celui-ci a décru fortement depuis 2015 pour atteindre 8% en 2017 selon toute probabilité.

Une baisse remarquable, du jamais vu. Le Portugal bénéficie également d'une forte reprise de la consommation depuis 2 ans, jointe à un excédent de la balance des biens et services. Les investissements productifs en pourcentage du PIB se rapprochent même de ceux de l'Allemagne, c'est à dire 16,5% contre 20% pour l'Allemagne.

Avec une amélioration continue du capital humain, on observe également une belle chute des crédits au secteur privé quand l'épargne est en hausse constante depuis deux années. L'inflation quant à elle est totalement maîtrisée, même plus basse (1,3%) qu'en Allemagne (1,6% en 2016). Certes la dette portugaise avoisine les 146% contre 68% en Allemagne, mais elle diminue depuis deux ans.

Les politiques de demande ne sont donc pas systématiquement des politiques d'accroissement de l'endettement. Par ailleurs les taux d'intérêt à long terme se situent à 3,2% en 2016 contre 0,09% en Allemagne. En 2015 et 2016 ce sont les plus bas qu'ait connu le pays depuis 2010 avec la nouvelle coalition de gauche arrivée en 2015.

Le gouvernement n'a pas lésiné sur le plan de relance du pouvoir d'achat.

Car la réussite du modèle portugais ne provient pas vraiment des politiques de l'offre mais au contraire des politiques de demande: pas de réforme structurelle du marché du travail pour assouplir les droits des salariés, pas d'abaissement de la protection sociale, pas de programme d'austérité comme celui du gouvernement antérieur de droite qui avait notamment gelé le salaire minimum et les pensions de retraite, augmenté les impôts et tout cela sans aucun effet notoire sur l'économie. Au contraire, on a assisté en parallèle à une hausse de la pauvreté.

Ici, rien de tel: le salaire minimum a été augmenté en 2016 puis en 2017. En parallèle à cela nous avons assisté à une baisse des cotisations employeurs de 23 à 22%. Enfin, le gouvernement n'a pas lésiné sur le plan de relance du pouvoir d'achat: hausse des retraites et allocations familiales, renforcement du droit du travail, baisse des impôts pour les salaires les plus modestes, arrêt net des privatisations... Pour clore le tout, le Portugal a compris qu'il ne servait plus à rien d'essayer de concurrencer les pays de l'est à bas coûts, donc, on est monté en gamme, dans l'industrie et dans le tourisme. Un point dont la France devrait s'inspirer: la montée en gamme du pays et des politiques de stimulation de la demande, conjointement à un simple abaissement des charges des entreprises.

Sources Blog

10/01/2018

Une année 2017 dramatique pour les Palestiniens de Gaza

Palestine3.jpgDe Ziad Medoukh, professeur de français, habitant Gaza

Depuis plus de douze ans, et à la fin de chaque année, les habitants de la bande de Gaza espèrent un changement de leur situation marquée par la souffrance, le maintien du blocus israélien inhumain, la poursuite des attaques israéliennes contre leur prison à ciel ouvert, et son isolement comme région oubliée.

Depuis le retrait israélien de la bande de Gaza et l’évacuation des colonies israéliennes illégales en 2005, et depuis le début du blocus israélien imposé contre cette région isolée en 2006, la bande de Gaza vit une situation terrible à tous les niveaux, une situation qui rend la vie de deux millions d’habitants de pire en pire.
En onze ans, la population civile a subi trois offensives militaires israéliennes qui ont fait des milliers de morts et de milliers de blessés, sans oublier la destruction massive de toute une région.

Onze années se sont écoulées, mais c’est difficile pour nous Palestiniens de Gaza d’oublier la guerre, l’enfermement, la souffrance, les massacres et les crimes commis par cette armée d’occupation, contre nos femmes et nos enfants, contre nos maisons et nos écoles, contre nos usines et nos routes, contre notre volonté et notre résistance.

L’ année 2017, a connu la poursuite des événements tragiques pour les habitants de cette région enfermée et laissée à son sort, une région abandonnée par une communauté internationale officielle complice. Mais surtout n’a connu aucun changement sur le terrain, malgré quelques initiatives locales et régionales.
L’année 2017 pour les habitants de la bande de Gaza, a été marquée par les dix événements suivants :

1-Le maintien du blocus israélien inhumain imposé de façon illégale par les forces de l’occupation depuis plus de onze ans, et la fermeture permanente des passages qui relient la bande de Gaza à l’extérieur.
Concernant les passages commerciaux : Actuellement, par jour, 300 à 340 camions entrent à Gaza via le seul passage commercial ouvert cinq jours par semaine, ce passage se situe au sud de la bande de Gaza, mais la moitié de ces camions sont pour les organisations internationales et leurs projets de reconstruction d'écoles et de stations d’eau. Parmi ces camions, 4 ou 5 seulement contiennent des matériaux de construction notamment le ciment. Ce passage se ferme sous n’importe quel prétexte, par décision israélienne, sans prendre en considération les besoins énormes de la population civile, en augmentation permanente.

Palestine2.jpgGaza n’a droit qu’à 110 produits au lieu de 970 avant le blocus, quelques produits et médicaments n’entrent pas, ce qui a aggravé la situation. Selon les estimations des organisations internationales, la bande de Gaza a besoin de plus de 1300 camions par jour pour répondre aux besoins énormes d’une population en augmentation permanente. Sans oublier la liste de 90 produits toujours interdits d’entrer par ordre militaire israélien.
Cette fermeture a empêché la libre circulation des importations et des exportations des biens et produits de Gaza, en particulier les matières premières et les produits semi-finis.
Le gouvernement israélien refuse l’ouverture des passages d’une façon régulière et maintient son blocus sur Gaza. Les organisations internationales n’arrivent pas à faire pression sur ce gouvernement, et les Palestiniens de Gaza sont dans l’attente.

2-Les projets de reconstruction public ou privé sont au point faible, trois ans et demi après la fin de la dernière attaque sanglante contre Gaza en été 2014. le comité national de la reconstruction de Gaza a annoncé que seulement 50% de réparation pour les maisons touchées partiellement par les bombardements israéliens, qui ont été faites.
Seulement 75% de l’argent promis lors de la conférence sur la reconstruction de la bande de Gaza les 11 et 12 octobre 2014 au Caire.- 5.6 milliards dollars promis- est versé soit directement à l’autorité palestinienne qui se heurte à d’énormes difficultés pour mener des projets de reconstruction dans la bande de Gaza, qui réellement n’y exerce aucun pouvoir, à cause des mesures israéliennes d’une part et des divergences politiques entre les différents partis palestiniens d’autre part, soit aux organisations internationales qui s’intéressent surtout à distribuer des aides alimentaires aux sans-abris plutôt que de commencer la reconstruction des maisons détruites.
On est passé suite à cette situation catastrophique dans la bande de Gaza d’une économie familiale non-violente à une économie dépendante d’Israël et des organisations internationales.

Palestine 1.jpg3-La poursuite des incursions, bombardements, malgré une trêve respectée par les factions de Gaza, jamais par l’armée d’occupation israélienne. On compte plus de deux cent violations israéliennes en 2017 : 90 bombardements, 77 incursions dans différentes zones frontalière au sud, au centre, et au nord de la bande de Gaza, 120 attaques contre les pêcheurs et leurs bateaux de pêche. 73 palestiniens ont trouvé la mort à Gaza suite à ces attaques et bombardements.

4-L’échec des efforts de la réconciliation inter palestinienne, malgré la signature d’un accord qui a mis fin de la division entre les deux partis rivaux : le Fatah et le Hamas en octobre 2017, ce qu’a aggravé la souffrance des habitants de la bande de Gaza.

5-La dégradation de la situation économique, le taux de chômage dépasse les 67% de la population civile, mais le phénomène le plus dangereux est la hausse du chômage chez les jeunes de moins de 30 ans, qui atteint 75%, en 2017, plus de 50.000 personnes s’ajoutent au chômage.
- La pauvreté. 72% de la population de Gaza vit en dessous de seuil de pauvreté
-L’augmentation du nombre de personnes qui dépendent des organisations humanitaires. 80% des Palestiniens de Gaza vivent sur des aides alimentaires. Selon les sources du bureau des Nations-Unies pour les réfugiés palestiniens –UNRWA- dans la bande de Gaza, plus de 1000.000 personnes ont bénéficié du programme de l’aide alimentaire géré par le bureau en 2017, ce programme a élargi ses services pour cibler les citoyens et non seulement les réfugiés.
Sur le plan économique, la situation ne cesse de s’aggraver avec les conséquences dramatiques du blocus et de la dernière agression qui ont causé l’augmentation du chômage, et du niveau de pauvreté, sans oublier l’incapacité de bâtir une véritable économie dans la bande de Gaza.
L’économie de la bande de Gaza souffre d’une crise très grave due aux agressions israéliennes et au blocus. Cette situation empêche tout développement d'une économie en faillite qui ne trouve pas les ressources nécessaires pour sortir d'une crise qui touche tous les secteurs.
Pour beaucoup d’économistes, l’année 2017 est considérée comme la plus catastrophique pour l’économie palestinienne depuis 20 ans

6-La déclaration du président américains Trump sur la ville de Jérusalem en décembre 2017, avec une réaction palestinienne très intensive sur le terrain avec des manifestations populaires sur les frontières de Gaza, avec des morts et des blessés côté palestinien, ce qu’ajoute d’autres préoccupation à la population de Gaza.

8-Aucune solution est proposée pour les problèmes de la bande de Gaza, soit de deux gouvernements palestiniens, soit des organisations internationales, voir des pays voisins ou autres. Les problèmes d’eau, d’électricité, d’infrastructure, de chômage, de pauvreté, de précarité et reconstruction sont toujours présents.
La seule centrale électrique qui a été bombardée lors de la dernière agression, fonctionne avec seulement 30% de sa capacité, chaque foyer à Gaza a le droit de 4 à 6 heures de courant électrique par jour.

9-Concernant l’eau : Les dommages causés aux canalisations d’eau et d’assainissement ont été immenses En décembre 2017, plus de la moitié des Gazaouis n’avait plus aucun accès à l’eau.

10-Aucun changement, rien ne change, rien ne bouge, la vie est presque paralysée pour cette population civile. Et ça dure depuis longtemps, sans aucune réaction nationale, régionale ou internationale. Les citoyens de Gaza vivent le jour au jour, ils essayent de s’adapter, de tenir bon, mais surtout d’y exister.

Les questions qui se posent au début de cette nouvelle année :
Jusqu’à quand ce blocus israélien inhumain contre la population civile de la bande de Gaza ?
Jusqu’à quand la souffrance des Palestiniens de Gaza ?
Jusqu’à quand cet impunité d’Israël ?
Jusqu’à quand le silence international officiel ?

Et jusqu’à quand cette injustice ?
La population civile se bat quotidiennement pour survivre digne sur sa terre.
la situation stagne, rien ne bouge et les gens, sur place, attendent et attendent, ils attendent une ouverture, ils attendent la levée de ce blocus inhumain, ils attendent une vraie réaction internationale afin de mettre fin à l’impunité d’Israël et fin à leur souffrance, ils n’ont pas d'autre choix que d’attendre, ils attendent avec un courage et une volonté remarquables. Mais surtout avec un message simple et claire : ici notre terre, nous partirons pas.

Mais la vie continue, ses habitants s’adaptent et montrent une patience extraordinaire devant le silence complice d'une communauté internationale officielle impuissante.
En attendant, les Palestiniens de Gaza tiennent bon, persistent, patientent, résistent, mais surtout, ils continuent d’espérer en un lendemain meilleur, un lendemain de liberté, de paix, mais, avant tout, un lendemain de justice.

09:57 Publié dans Actualités, Connaissances, International | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : palestine, gaza, 2017 | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

28/10/2017

Catalogne. Joie populaire et nuages noirs

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Chronique publié par l'Humanité

JEAN ORTIZ, Universitaire

La « déclaration d’indépendance » d’une « République catalane », fût-elle « de papier » comme la désignent certains, n’a surpris que ceux qui l’ont bien voulu... Il y a cinq ans que la vague indépendantiste montait, aiguisée par la crise, que se multipliaient les manifestations géantes, bref, que le problème était sur la table, sans que Madrid n’ait proposé une quelconque négociation. Ce soir, Rajoy, leader du très conservateur Parti populaire, a remercié le Parti socialiste (PSOE) de son soutien. On croit rêver.

En 2005, un nouveau statut d’autonomie catalan, prenant en compte des aspirations nouvelles (il comportait la notion d’une « Espagne nation de nations ») fut adopté. En 2010, le Tribunal Constitutionnel le remit en cause... C’est dire l’indépendance de la Justice espagnole.
 
Le gouvernement central a ignoré, voire provoqué un mouvement très hétéroclite mais puissant, bien que reléguant dommageablement la question sociale. Mariano Rajoy aurait dû entendre la clameur populaire, faire des ouvertures, tenter d’apporter des réponses politiques à une question éminemment politique ; il a choisi l’affrontement, la fracture, par calcul politicien, électoral. En 1934, sous la Deuxième République, le président Companys, livré ensuite à Franco par la France, et fusillé, avait déclaré l’indépendance de la Catalogne sans drame majeur. Le phénomène catalan (langue, culture, identité, nation...) a donc des racines profondes. Même si les principaux tireurs de ficelle, catalans comme madrilènes, sont des ultralibéraux. Ceci dit, les peuples ont le droit, imprescriptible, à l’auto-détermination.
 
S’accrocher, pour riposter à la déclaration d’indépendance, au cadavre de la Constitution de 1978, issue à l’époque d’un compromis fort bancal, comportant des articles d’inspiration néo-franquiste et ultralibérale, comme : l’armée garante de l’unité nationale ; la priorité à la lutte contre les déficits ; le monarque chef de l’Etat (non élu donc illégitime) et des armées...
Riposter sur le seul terrain répressif, et judiciaire, la loi 155 dans son application la plus dure: destitution du président catalan, qui sera jugé pour « rébellion » et « sédition » (encourant entre 15 et 25 ans de prison), destitution de toutes les autorités catalanes, des mesures administratives de tutelle, de caporalisation, destitution du secrétaire général de la police autonome, dissolution du parlement catalan, élections parachutées de Madrid le 21 décembre. Riposter par la méthode forte ne peut qu’avoir que des effets contraires ; et tout peut basculer à n’importe quel moment, malgré le civisme des manifestants.
 
Si l’article 155 n’est pas une suspension de l’autonomie, cela lui ressemble. Mais décréter de Madrid des mesures autoritaires sous prétexte de garantir la démocratie « détruite » et « séquestrée », de « restaurer la légalité », ne peut que susciter sur le terrain de possibles affrontements violents, pousser à des mesures de désobéissance civile, de refus d’obtempérer, etc.
 
Le problème politique, de fond, demeure, lui, sans réponse. Mais Rajoy (et Puigdemont) cherchai(en)t-il(s) vraiment des réponses ? Deux calendriers électoraux risquent de s’opposer. Le sang peut couler suite à n’importe quelle provocation, malgré le pacifisme de toute une génération de jeunes, « indépendantistes » par conviction sans doute et aussi par refus de l’austérité féroce qu’ils ont vécue, de l’absence d’horizon, de l’autoritarisme de Rajoy, des politiques anti sociales à répétition, de la corruption des partis de droite, aussi bien en Catalogne qu’à Madrid. Leurs revendications, « plus de liberté », sont légitimes. Le dialogue devrait à tout prix s’imposer encore. La crise est si profonde qu’elle relève d’un problème politique majeur.
 
Si Rajoy pense pouvoir opérer la reprise en main dans les écoles, les administrations, la police, les pompiers, les différentes institutions, les bureaux, le sang peut couler.
 
Cela fait des années que Rajoy se trompe volontairement. Quant aux indépendantistes, ils s’appuient sur le référendum du 1er octobre, un vote certes indicatif, mais dépourvu de valeur vraiment juridique. Si Madrid avait permis un véritable référendum, on n’en serait sans doute pas là. La mise en place d’une République catalane souveraine, sociale, proclamée par le Parlement catalan, n’est pas pour demain. Seul un processus constituant prenant en compte la pluri-nationalité de l’(les) Espagne(s), l’aspiration républicaine, dans une organisation fédérale pourrait permettre l’autonomie la plus large possible, voire une « indépendance », tout en maintenant des liens forts avec les autres régions et nations de l’Espagne.
 

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