24/12/2019
George Mallory L’Everest "parce qu’il est là"
Un autre alpiniste a-t-il gravi l’Everest, vingt-neuf ans avant l’exploit reconnu d’Edmund Hillary ? La question est toujours débattue pour savoir si, en 1924, George Mallory, incarnation d’une génération voulant oublier la Grande Guerre, a contemplé la Terre depuis le toit du monde.
Comme nombre d’alpinistes de son époque, il ne jugeait pas très « sport » d’employer de l’oxygène pour gravir les sommets. George Mallory, le 8 juin 1924, s’y résoudra pourtant, pour sa troisième tentative de gravir l’Everest. Ce jour-là, à 12 h 50, l’alpiniste anglais âgé de 37 ans disparaît dans la brume, en compagnie d’Andrew Irvine.
Un peu plus bas, Noel Odell, qui tentait de rejoindre le camp VI, à plus de 8 000 mètres, entraperçut entre deux nuages ces deux petits points sombres sur la glace. « Il y eut soudain une éclaircie et toute l’arête sommitale et la cime de l’Everest sont apparues, écrivit-il dans ses Mémoires. Puis la brume les enveloppa de nouveau. » Odell attendra deux jours qu’ils reviennent, avant de déployer sur la neige deux sacs de couchage en T : le signal convenu pour signifier au reste de l’équipe, plus bas, qui scrutait chaque heure aux jumelles, qu’il n’y avait plus d’espoir.
Pas de preuve directe mais un indice de succès
Pour percer un peu plus le mystère, il faut attendre 1999. Cette année-là, une expédition se donne pour but de retrouver des traces de Mallory. Dans les années 1930 fut retrouvé un piolet qui appartenait à l’un ou l’autre. En 1975, un alpiniste chinois affirme avoir aperçu un cadavre qu’il décrit comme celui d’un alpiniste anglais, mais meurt le lendemain dans une ascension.
Une bouteille d’oxygène datant des années 1920 est retrouvée en 1991 sur la route du sommet. Avec ces indices, l’expédition de 1999 retrouve le corps de Mallory à 8 290 mètres sur la face nord de l’Everest. Son cadavre est face contre le sol, portant les stigmates d’une chute. Celui d’Irvine reste prisonnier de la montagne. Sur Mallory est retrouvé son altimètre, des lettres de sa femme, un canif, des lunettes de glacier, mais pas l’un des deux appareils photo qui devaient immortaliser l’instant au sommet. Pas de preuve directe donc du succès de l’ascension.
Mallory n’avait pas non plus la photographie de sa femme, qui ne le quittait jamais, et ça, c’est au contraire un indice de succès : il avait promis de la laisser en haut… Après une cérémonie anglicane improvisée, le corps de Mallory a été recouvert de pierres.
Aujourd’hui encore, la question de savoir si Mallory et Irvine ont bel et bien été les premiers à gravir l’Everest (baptisé du nom d’un responsable de la Royal Geographical Society au XIXe siècle) est débattue. Mallory, membre du prestigieux Alpine Club, aurait été alors, vingt-neuf ans avant sir Edmund Hillary et son porteur Tensing Norgay, un pionnier sur le toit du monde. Pour l’alpiniste italien Reinhold Messner, la chose est impossible.
Les deux hommes ne pouvaient pas franchir le deuxième ressaut à cette époque – aujourd’hui, une échelle le permet – sans pitons, sans chaussures adaptées, et la fine corde de soie dont il disposait n’aurait pu retenir un homme dans sa chute. Le ressaut, classé en sixième degré, aurait été en raison de l’altitude, 8 600 mètres, un mur infranchissable. On aurait tort de ne jurer que par l’équipement, la technologie. Peu après la découverte du corps de Mallory, une équipe d’experts en textile mit trois ans à concevoir une « réplique » des tenues portées par Mallory et ses compagnons, faites de laine, soie, coton et gabardine.
Elles se sont révélées adaptées au froid extrême – les sherpas étaient, eux, engourdis par la température. Mieux encore, l’équipement de Mallory se révélait, avec ce test, 20 % plus léger pour les vêtements et 40 % pour les chaussures que les produits actuels.
Interrogé sur sa motivation à revenir dans l’Himalaya et gravir la montagne de l’Everest, George Mallory répond du tac au tac : « Parce qu’elle est là . » « Mallory est peut-être parvenu au sommet de l’Everest en 1924 mais je suis le premier à en être redescendu vivant. » Vachard au titre de la confraternité, Edmund Hillary a raison au regard de la tradition alpine. Pourtant, rien n’aurait pu se faire sans les trois expéditions qui, en 1921, 1922 et 1924, s’attelèrent à l’Everest.
Il fallut partir de Darjeeling (nord de l’Inde) et sa chaleur étouffante pour rejoindre la face nord et ses – 40 °C. Les expéditions britanniques, mêlant militaires et alpinistes civils, qui, tous, connurent les tranchées de 1914-1918, s’inscrivent dans un complexe environnement, à la fois diplomatique et scientifique. Il s’agit de cartographier une région inconnue aussi à des fins militaires, se jouer de la Russie soviétique qui a des vues sur la région, amadouer le dalaï-lama. Et, au sortir de la boucherie de la Grande Guerre, procurer à une nation tout entière un motif de fierté.
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22/11/2019
Elections au Sri Lanka : un enjeu stratégique
Sri Lanka: le candidat de la gauche souverainiste, Gotabaya Rajapaksa remporte les élections présidentielles, avec plus de 52% des voix, il devance de très loin le candidat soutenu par l’axe UE-USA. Cette élection intervient après des mois de crise politique – une tentative de putsch de l’ex premier ministre – et des attentats sanglants commis en avril 2019. Jean-Pierre Page, ex responsable international de la CGT et très fin connaisseur du Sri Lanka a accepté de répondre aux questions d’Initiative Communiste pour décoder les tenants, aboutissants de cette élection et les enjeux politiques et géopolitiques du Sri Lanka. Napoléon non sans raison affirmait « qui contrôlera Ceylon contrôlera l’Ocean Indien »…
I.C: Les deux dernières années ont été très agité au Sri Lanka, crise politique et attentat frappait le pays, quelles étaient les enjeux des élections de ce dimanche 17 novembre ?
Jean-Pierre Page: En fait, depuis l’élection d’un gouvernement ultra libéral à la botte des USA en 2015, la crise politique n’a cessé de se développer marquée entre autre par une corruption sans précédent comme celui de la Banque centrale, des abandons de souveraineté de plus en plus importants, une domestication géo politique à Washington, des mesures anti sociales, des privatisations importantes, des décisions ultra libérales du type de celles pratiquées au Chili d’ailleurs et curieusement par les mêmes protagonistes. Tout cela a provoqué très vite, un effondrement économique et monétaire du pays et une plus grande dépendance vis-à-vis des puissances occidentales et des institutions financières comme le FMI.Cette crise a atteint son point culminant avec les attentats et le massacre de centaines de personnes en avril 2019. La manipulation et l’origine de cette tragédie n’était pas indifférente aux arrières pensées et ambitions stratégiques des États Unis face à la montée irrésistible de l’influence de la Chine dans la région.
Dans ces conditions le rejet de ce gouvernement conservateur et la colère populaire n’ont cessé de grandir comme j’ai pu le constater à travers de nombreuses luttes sociales et politiques, cela s’est poursuivi avec l’effondrement électoral de la droite et du parti présidentiel aux élections régionales de février 2019 et la grande bataille ces derniers mois contre le projet d’accord ACSA-SOFA-MCC imposé par les États Unis qui aboutirait à une partition du Sri Lanka, une présence militaire permanente transformant le pays en un porte avion, une vaste base pour de futures agressions contre la Chine, l’Iran et le Pakistan.
Il faut trouver là les raisons de cette défaite de la droite et l’enjeu de cette élection présidentielle qui sera dans quelques mois prolongée par des élections générales. L’ancien Président Mahinda Rajapaksa dont le charisme et la popularité demeuraient très élevés ne pouvait plus se représenter du fait d’un changement constitutionnel imposé par le gouvernement . C’est donc le frère de Mahinda, Gotabaya Rajapaksa qui s’est porté candidat. Gotabaya connu pour sa rigueur, est lui aussi très populaire car comme secrétaire à la Défense dans le gouvernement de son frère au moment de la guerre contre les séparatistes du LTTE, il a joué un rôle décisif et est associé à la victoire contre le terrorisme . La défaite politique et militaire du LTTE soutenu par les pays occidentaux et en particulier Washington explique pour une part les campagnes médiatiques mensongères comme l’illustre l’AFP, les ONG, Human rights watch, amnesty, le Crisis group, les fondations comme celle de Georges Soros qui sont financées par les banques, les multinationales et les gouvernements occidentaux. Gotabaya et Mahinda en sont les cibles d’autant que les convictions anti-impérialiste de l’ancien président sont connus, ainsi son amitié avec Yasser Arafat, Lula, Chavez ou Raoul Castro. L’enjeu de tout cela est bien sûr géo stratégique. Il ne faut pas oublier que le Sri Lanka dispose du plus grand port en eau profonde de l’Asie du Sud ce qui bien sûr a toujours suscité les convoitises de l’impérialisme.
D’après les résultats publiés, Gotabaya Rajapasksa a remporté les élections. Qu’est ce que cela signifie de la situation Sri Lankaise ?
Gotabaya à effectivement gagné les élections sans contestation possible avec plus de 7 millions de voix, chiffre sans précédent dans une élection présidentielle et près d’1,5 million de voix d’avance sur le candidat de droite. Le troisième avec un résultat dérisoire est le dirigeant du JVP un parti pseudo marxiste léniniste dont l’alliance avec la droite et le soutien financier des américains est bien connu, ce parti escroc est dorénavant totalement disqualifié. Les partis traditionnels de la gauche notamment le PC et le LSSP trotskiste, tout comme les deux partis de la gauche souverainiste soutenaient Gotabaya. Sans aucun doute ces forces politiques de gauche reviendront tous au pouvoir comme cela était le cas dans les gouvernements précédents de Mahinda.
Toute la question maintenant est de savoir si Gotabaya tiendra ses promesses sociales, économiques, de lutte contre la criminalité financière et la corruption et surtout si il adoptera une attitude ferme et claire sur tout ce qui touche à la souveraineté du pays. Les pressions n’ont d’ailleurs pas tardé de la part des occidentaux, il en ira de même du très réactionnaire Modi premier ministre de l’Inde. Il y a des attentes fortes de la part de la population, celle-ci devra se battre. Ce n’est pas la fin de l’histoire, même si les USA et l’UE enregistrent un échec politique avec le résultat de ces élections. Ils ne vont pas renoncer à leurs objectifs dans une région considérée comme une priorité par Washington. Tout dépendra en dernière analyse des luttes populaires , des solidarités internationalistes. Le Sri Lanka ne manque pas de moyens pour faire face.
Immédiatement, les capitales occidentales se sont inquiétées de cette victoire. Le Sri lanka occupe t il une position géopolitique particulière qui expliquerai ces réactions ?
Oui c’est indiscutable. Il suffit de regarder une carte de géographie pour comprendre que le Sri Lanka cette île dont Octave Mirbeau disait « si il existe un paradis sur terre, c’est Ceylon »( le nom ancien du Sri Lanka), a toujours à travers les siècles suscité l’intérêt des grands voyageurs comme Ibn Battûta mais aussi des colonisateurs portugais, puis hollandais, français et britannique. Pendant près de 450 ans Ceylan a connu la colonisation . La culture du pays est très ancienne, près de 5000 ans. La proximité géographique, historique, culturelle , religieuse et linguistique avec l’Inde détermine également les relations économiques et politiques essentielles du Sri Lanka. C’est une dimension que l’on ne peut ignorer. Napoléon non sans raison affirmait « qui contrôlera Ceylon contrôlera l’Ocean Indien ». En effet, le pays outre sa position stratégique, possède d’importantes richesses caoutchouc, pétrole, gaz, pierres précieuses,….et depuis un certain temps elles donnent lieu à d’importantes recherches pour l’ exploitation de « terres rares » comme le lithium, enjeu dont le contrôle je le rappelle, n’est pas étranger au coup d’état en Bolivie.
Par conséquent, oui les pays occidentaux s’inquiètent d’autant que la Chine est très présente au Sri Lanka, qu’elle finance et participe à de grands projets de développement dont « les routes de la soie » constituent un enjeu considérable. Le Sri Lanka en est partie prenante. Par conséquent Gotabaya est confronté des aujourd’hui à des enjeux considérables. Il faudra pour cela qu’il s’appuie sur ses alliés naturels tout particulièrement les pays émergents et en voie de développement, n’oublions pas que le Sri Lanka fut un des 5 pays fondateurs du Mouvement des non alignés .
Source : Initiative Communiste
12:40 Publié dans Actualités, Entretiens, Planète | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sri lanka, présidentielles | |
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04/11/2019
Meriem Borja du Maroc elle survole les plus grands sommets de la planète
Dynamique, rieuse, Meriem Borja a une joie de vivre contagieuse et une motivation à toute épreuve. Sa passion, c’est la montagne, et dès qu’elle en a l’occasion, elle s’échappe de sa vie casablancaise pour partir à l’assaut des sept plus hauts sommets du monde. Dans son palmarès, le Mont Elbrous, plus haut sommet d’Europe, et le Kosciuszko, le plus élevé d’Australie… Meriem Borja peut être fière, car c’est la première Marocaine a avoir atteint leur sommet !
Petite, Meriem Borja avait un penchant pour le sport. Elle commence par de la danse classique, pour faire de la natation par la suite. Elle a même été vice-championne du Maroc dans la catégorie junior. Au lycée, elle arrête le sport pour se consacrer à ses études.
Sept ans plus tard, elle escalade le Toubkal pendant une excursion scolaire. C’est là que son amour pour l’alpinisme a commencé. Eblouie par la nature, elle se souvient encore de ce sentiment de satisfaction quand elle a réussi. Elle escaladera le plus haut sommet du Maroc plusieurs fois pour s’entrainer sous diverses conditions climatiques.
Elle tente ensuite le défi international des sept Sommets, en référence aux sept montagnes les plus hautes de chacun des continents. Jusque là, notre fierté nationale en a réussi trois sur sept. Elle a fait flotter le drapeau marocain et a chanté l'hymne nationale sur deux des trois sommets qu'elle a atteints.
FDM : Comment vous est venue pour la première fois l’envie d’escalader des sommets ?
Meriem : Depuis que je suis jeune, je rêve de grands espaces, de voyages, de découvertes…
Mais à l’époque, partir en vadrouille n’était pas chose simple. Puis, quand j’ai eu 18 ans, une sortie a été organisée par mon école pour faire l’ascension du Toubkal. Pour la jeune citadine que j’étais à l’époque, et pour qui les vacances se résumaient essentiellement à aller à la plage, c’était incroyable. J’ai découvert la culture de l’effort, les paysages, l’esprit d’équipe, j’ai fait de belles rencontres… Et tout cela m’a beaucoup plu.
Après le Toubkal, vous vous êtes lancé le défi des “sept sommets”. Comment vous vient cette idée ?
Dix ans après ma première ascension, et après avoir sillonné toutes les montagnes du Maroc, j’ai entendu parler d’un projet sportif : “Les sept sommets”. Son but est d’escalader les sept plus hauts sommets du monde, et je me suis dit : “Pourquoi pas ?”. J’ai commencé cette aventure en 2008 en partant pour la Tanzanie où j’ai escaladé le Kilimandjaro (5.895 m), puis j’ai fait l’ascension du Mont Elbrous (5.642 m), le plus haut sommet de Russie et d’Europe ; et je suis d’ailleurs la première Marocaine à avoir atteint son sommet ! Dernièrement, j’ai escaladé le Kosciuszko (2.228 m) en Australie, et je suis également la première Marocaine à avoir accompli ce challenge.
Votre passion représente-t-elle un investissement financier important ?
Depuis que j’ai débuté, je ne compte que sur mes propres économies et je puise dans mes jours de congés. A titre d’exemple, escalader le Kilimandjaro représente un investissement d’environ 40.000 dirhams tout compris, et c’est le moins cher. En revanche, je n’ai absolument pas les moyens pour le moment de gravir l’Everest, car il faut compter dans les 500.000 dirhams pour en faire l’ascension.
Impossible à faire sans sponsoring.
Que ressentez-vous quand vous atteignez un sommet ?
Ce sont des sensations indescriptibles… C’est un aboutissement, la réalisation d’un rêve qui me motive toute l’année et qui enfin s’accomplit. Quand on arrive tout en haut, c’est bizarre de se dire qu’on est l’être humain le plus haut de tout le continent. Et puis, avec le manque d’oxygène, on se sent léger, stone ! On plane complètement… Avis à ceux qui veulent des sensations sympas, allez-y (rires) ! La notion de dépassement de soi compte elle aussi beaucoup dans la satisfaction que l’on ressent quand on atteint son but. On croit toujours avoir des barrières infranchissables, que ce soit dans la vie ou dans le cadre d’un projet sportif, mais on se rend compte que quand le physique lâche, le mental prend le relais et nous permet de dépasser nos limites.
Racontez-nous votre plus grosse frayeur…
C’est arrivé alors que j’escaladais le Mont-Blanc. Nous étions trois en comptant le guide. La personne derrière moi a glissé et s’est retrouvée suspendue dans les airs. Comme nous étions tous encordés, elle m’a entraînée et je me suis à mon tour retrouvée dans le vide. Heureusement pour nous, notre guide a réussi à éviter la chute et nous a remontées. Quand je raconte cette histoire, on me demande si j’ai vu ma vie défiler, mais je peux vous assurer qu’à ce moment précis, je n’ai pensé qu’à une chose : m’agripper de toutes mes forces à la roche et à sauver ma peau (rires) ! Donc non, désolée de vous décevoir, on ne voit pas sa vie défiler. Il n’y a pas non plus de lumière blanche et on ne voit pas son grand-père mort venir vous faire coucou… (rires).
Et le souvenir le plus grisant ?
C’est à chaque fois grisant et chaque ascension est une explosion de joie et de satisfaction. C’est un sentiment que je ne ressens que quand j’escalade un sommet… et à aucun autre moment.
Qu’est-ce qui est le plus dur à gérer quand on grimpe ?
Le manque d’oxygène et le MAM (Mal Aigu des Montagnes). On peut être champion du monde, mais si on a le mal des montagnes, on ne peut rien faire. On ne se sent pas bien, on a le vertige, des maux de tête, des nausées, et puis ça dégénère en oedème pulmonaire ou cérébral pouvant entraîner la mort. Dès l’apparition des premiers signes, il faut faire demitour et redescendre rapidement.
Et les hommes ? Ça leur fait peur ou pas une femme sous l’emprise d’une telle passion ?
Ils ont tous pris leurs jambes à leur cou (rires) ! Ça n’engage que moi, mais je pense que les femmes qui font des choses un peu particulières font peur aux hommes. Ceci dit, j’ai beaucoup d’amis hommes qui m’encouragent et me soutiennent.
Que ressentez-vous en rentrant chez vous après un tel exploit ?
C’est difficile de retrouver ses repères, de se reconnecter à la réalité après deux ou trois semaines en montagne. Beaucoup de choses nous paraissent futiles. Nous vivons malheureusement dans une société du paraître. J’ai l’impression que pas mal de personnes lient leur bonheur aux choses matérielles. Le bonheur, dans notre culture, est indissociable des étapes du parcours classique : études, diplôme, travail, appartement, mariage, enfants… Surtout pour une femme au Maroc, le mariage est primordial ! Moi je dis que le bonheur est relatif, la vie est courte et ça passe tellement vite ! L’essentiel est d’être en bonne santé et en adéquation avec son esprit, vivre pleinement sa vie selon ses moyens, croire en soi, en ses rêves et surtout, positiver ! Le prince charmant finira bien par débarquer un jour, il est juste bloqué dans les embouteillages (rires).
Sources Yabiladi et Femmes du Maroc
19:35 Publié dans Connaissances, Entretiens, Planète, Sport | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : meriem borja, maroc, alpinisme | |
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22/09/2019
Nucléaire et climat pour les nuls
D’après une enquête IPSOS 75% des personnes se déclarant le plus hostiles à l’électricité nucléaire croient que les centrales nucléaires contribuent « beaucoup » à l’effet de serre alors que scientifiquement c'est archi faux et que c'est exactement le contraire.
Produire son électricité avec des centrales nucléaires présente un bilan très contrasté d’avantages et d’inconvénients. D’un côté la nécessité de maîtriser le risque d’une perte de contrôle des réacteurs, la difficile gestion des déchets radioactifs, et pour ceux qui ne fabriquent pas eux-mêmes réacteurs et combustibles une dépendance absolue vis à vis des fournisseurs. De l’autre une électricité abondante et pilotable, aux coûts qui peuvent être très compétitifs… ou non en fonction des situations. Une grande économie de matières premières et d’espace. Des centrales pratiquement dénuées d’émissions de particules ou de gaz nocives pour la santé et l’environnement. Une balance à jauger en fonction des besoins et caractéristiques des pays et systèmes électriques, ce qui peut aboutir à dire oui ou non à cette technologie.
outefois, un aspect de l’énergie nucléaire semble sans contestation possible : le fait qu’il permette l’accès à une électricité à très faible impact sur le climat – comparable, voire meilleure au MWh produit, à l’éolien, au solaire ou à l’hydraulique. Un avantage massif, au regard du charbon et du gaz, source de près de 70% de l’électricité mondiale et dont la combustion émet du CO2, le gaz à effet de serre n°1 des émissions anthropiques provoquant le changement climatique en cours. Dans les scénarios énergétiques, ceux examinés par le GIEC ou d’autres experts, le nucléaire fait donc partie des mix électriques envisagés pour atténuer la menace climatique.
L’ignorance des hostiles
Mais cet aspect est-il un fait connu, partagé, permettant un débat public informé sur le sujet ? Une étude sociologique réalisée par IPSOS pour le compte d’EDF depuis 2012 chaque année semble montrer que non. Dans une mesure pour le moins alarmante pour qui souhaite une décision citoyenne sur le sujet énergétique. A partir d’une enquête réalisée par internet (1), confirmant les ordres de grandeurs d’autres études, il est permis d’affirmer que l’ignorance règne plus que la connaissance de ce fait. Que nos concitoyens sont victimes d’une grande tromperie qui pèse sur leur réflexion.
L’ignorance est massive, puisque si l’on additionne les « beaucoup » (44%) et les « un peu » (34%), on frôle les 80% des sondés attribuant aux centrales nucléaires une responsabilité dans l’élévation de la teneur de l’atmosphère en gaz à effet de serre, et donc dans le changement climatique. Même une vision optimiste – pour l’état des connaissances de nos concitoyens – parvient quand même à constater que près de la moitié de la population se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude.
Je crois donc je sais
l’un des résultats les plus frappant de l’enquête est la dépendance à l’opinion de la diffusion d’une connaissance pourtant robuste, celle qui explique pourquoi le système électrique français est « décarboné » à près de 90%. Un peu comme la situation américaine où le vote Démocrate ou Républicain permet de prédire votre opinion sur la cause ou la réalité du changement climatique. L’enquête relie la position la plus hostile à l’usage de l’électricité d’origine nucléaire avec l’ignorance la plus massive : 75% des sondés se déclarant « tout à fait contre » l’utilisation du nucléaire croient que les centrales nucléaires contribuent « beaucoup » à l’effet de serre. La seule option de politique énergétique qui rassemble des personnes majoritairement informées de la véritable liaison entre nucléaire et climat est celle qui se déclare « tout à fait pour » cette source d’électricité. Les opinions moins tranchées se distribuent entre ces deux extrêmes.
Un psycho-sociologue y verrait une magnifique illustration du « biais de confirmation » qui encourage les individus à écarter toute information susceptible de mettre en cause leur croyance. Si l’on croit que l’énergie nucléaire, c’est mauvais, alors il faut qu’elle soit mauvaise aussi pour le climat… que l’on veut préserver.
Le souci climatique est très fort
Ce n’est pas par négligence du dossier climatique que les sondés en arrivent à partager massivement cette ignorance d’une des caractéristiques principales de l’électricité d’origine nucléaire. Ils sont en effet plus de 90% à considérer le changement climatique comme « très préoccupant » ou « assez préoccupant ». Plus encore : ils sont près de 90% à considérer que pour choisir les énergies à utiliser « lutter contre le changement climatique » est soit « très important » (49%) soit « plutôt important ». On pourrait donc s’attendre à ce que nos concitoyens fassent l’effort nécessaire pour comprendre l’origine première du problème – l’émission massive de gaz à effet de serre issus de la combustion du pétrole, du charbon et du gaz. Et donc se rendre compte de ce qu’une centrale nucléaire ne fait pas partie du problème mais, éventuellement, de sa solution.
Il convient toutefois de noter que cette enquête, après d’autres, confirme que la population française n’est pas dans l’unanimité à ce sujet. Une grosse majorité affirme, en accord avec les climatologues, que nous vivons un changement climatique anthropique, causé par l’homme, mais ils ne sont que 67% en 2017 (et n’étaient que seulement 55% en 2012).
Plus on est jeune et plus on ignore
L’analyse du détail par tranche de population fait percevoir une dégradation de la culture scientifique inversement proportionnelle… à l’âge. Plus on est jeune et plus on se trompe. Entre 18 et 24 ans, 63% de la population est persuadée du caractère climaticide des centrales nucléaires. Et encore 55% des 25 à 34 ans. Curieusement, les jeunes sont aussi plus massivement convaincus que les vieux (75% des moins de 25 ans contre 50% des plus de 65 ans) du caractère anthropique du changement climatique. Autrement dit, la préoccupation climatique ne conduit absolument pas à la connaissance de la physique du climat, laquelle nous dit qu’une centrale nucléaire n’est pas une cause du changement climatique.
Les femmes se distinguent mal, avec un score de 57% persuadées que les centrales nucléaires émettent « beaucoup » de gaz à effet de serre, mais c’est là un résultat qui trouve sa source dans… l’hostilité qu’elles marquent puisqu’elles sont 51% à se déclarer tout à fait contre ou contre leur utilisation, alors que seuls 39% des hommes sont dans ce cas.
Le bilan des « pour/contre » l’utilisation du nucléaire pour l’électricité est proche du match nul, avec 46% de contre contre 42% de pour. Les raisons invoquées par les uns et les autres pour choisir les énergies à utiliser sont diverses : emplois, protection de l’environnement, santé publique, coût… et lutter contre le changement climatique. Mais peut-on considérer que cette dernière raison est envisagée à bon escient lorsque tant de citoyens se trompent aussi lourdement sur la relation entre centrales nucléaires et émissions de gaz à effet de serre ? Le graphique ci-dessus montre en effet que les citoyens les plus soucieux de lutter contre le changement climatique sont également les plus opposés au nucléaire. Une opinion qui serait tout à fait respectable si elle ne s’accompagnait pas d’une ignorance largement partagée sur la véritable relation entre nucléaire et climat.
19:36 Publié dans Connaissances, Planète, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : énergie nucléaire, effet de serre | |
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