Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/11/2009

À qui profitera le plan cancer II  ?

par Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche à l’Inserm

cancer.jpgDans un discours solennel prononcé à Marseille, le 2novembre 2009, le président de la République a annoncé les trois priorités du nouveau plan cancer : l’excellence des soins de demain, la réduction des inégalités, la vie après le cancer. On voudrait croire à la mobilisation, tant la situation est inquiétante. Malheureusement, derrière l’effet d’annonce se profile une répartition des moyens qui, certes, répondra à l’attente des industriels de la chimie et du médicament, sans parler du prestige des grands patrons de la cancérologie. Mais ce plan répond bien peu à l’angoisse de tous ceux et celles que le cancer menace ou atteint, et à l’attente d’une stratégie véritable de prévention et de lutte contre cette maladie.

L’épidémie de cancers est devenue la pire catastrophe sanitaire en France depuis des décennies. Avec une augmentation continue depuis vingt-cinq ans, le nombre estimé de nouveaux cas annuels est passé de 150 000, au début des années 1980, à 350 000 en 2006. « Consacrer 15 % du budget de la recherche à l’étude des effets à long terme des expositions à faible dose, à certains agents biologiques, chimiques ou physiques », tel est le souhait du président Sarkozy. C’est focaliser une part importante de l’effort de recherche sur l’existence ou non d’un seuil d’effet en dessous duquel un cancérogène ne serait plus dangereux.

 

Il s’agit d’un rêve des industriels auquel les scientifiques devraient donner réalité  ! Un seuil de danger, c’est pouvoir continuer à polluer et à faire travailler les salariés avec des produits et des procédés cancérogènes, au lieu de leur substituer des produits non toxiques comme l’exige le Code du travail.

En revanche, consacrer une part des moyens à produire des études sur les expositions professionnelles cumulées à des doses souvent élevées de cancérogènes connus – et sanctionner les employeurs qui ne respectent pas le Code du travail et leur obligation de sécurité –, cela ne fait pas partie des priorités.

 

Pourtant, une enquête menée depuis 2002 auprès de patients de trois hôpitaux de la Seine-Saint-Denis par une équipe de recherche de l’université Paris-XIII (Giscop 93) montre la gravité de la situation. Parmi les quelque 1 000 patients dont les parcours professionnels ont pu être reconstitués, 84 % ont subi une poly-exposition professionnelle lourde et permanente aux cancérogènes pendant des décennies de travail sans aucune protection. Il s’agit, pour les trois quarts d’entre eux, d’ouvriers souvent précaires ou intérimaires, employés aux plus sales boulots  : la maintenance, l’entretien, le nettoyage, la démolition, le revêtement des routes, la gestion des déchets…

 

Dans son bilan 2008 concernant le risque de mourir de cancer avant soixante-cinq ans, le rapport de la Cour des comptes indique que l’inégalité entre ouvriers et cadres n’est pas d’un facteur 2, comme l’assure le président, mais d’un facteur 10.

La France détient le triste record européen de la mortalité précoce par cancer, et cela touche dix fois plus les ouvriers que les cadres.

Pourtant, les risques professionnels n’ont pas retenu l’attention du président. Le Centre international de recherche sur le cancer a inscrit le « travail posté » dans la liste des cancérogènes, en raison d’études montrant la relation entre les troubles du rythme de veille-sommeil et la survenue du cancer du sein.

 

Récemment, au Danemark, 38 femmes atteintes de cancer du sein ont été indemnisées au titre de la maladie professionnelle pour avoir travaillé en horaires alternants de nuit pendant au moins vingt ans. Ici, non seulement le plan cancer II est muet sur une juste indemnisation des victimes de cancers liés au travail, mais il propose de supprimer la prise en charge des soins à 100 %, passé le seuil de survie de cinq ans après la survenue de la maladie  !

Quant à revenir sur l’autorisation du travail de nuit pour les femmes et sur la croissance du recours aux horaires flexibles, il n’en est évidemment pas question. Que signifie alors, pour les femmes handicapées par un cancer du sein et ses traitements, la vie après le cancer ?

 

Publié par le journal l'Humanité

 

13:46 Publié dans Connaissances | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cancer, travail | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

07/11/2009

L'AVENIR SERA LE SOCIALISME OU LA BARBARIE

krenz-173.jpgRencontre avec Egon KRENZ : "L'histoire me libérera"

Le dernier président du Conseil d’État de la République démocratique allemande (RDA) évoque la chute du mur, le rôle de Gorbatchev, ses relations avec Kohl, ses propres erreurs, le socialisme.

 

Egon Krenz vit avec sa famille près de Rostock. Notre rendez-vous a eu lieu à Berlin, dans un endroit discret. Il doit prendre des précautions, n’étant pas à l’abri d’une provocation. La presse de droite allemande le salit, l’insulte souvent.

 

 Vous avez été emprisonné pendant plusieurs années. Comment allez- vous ?

EGON KRENZ. J’ai la chance d’avoir une famille intacte et des amis fidèles. J’ai l’espoir que mes petits-enfants réussiront ce que nous avons tenté de construire. En 1989, ce n’est pas l’idée socialiste qui a été enterrée, mais plutôt un certain modèle de socialisme. Ces années de prison ont été surtout dures pour ma famille car les attaques visaient mon honneur personnel. Je savais qu’on ne m’offrirait pas des fleurs. Pour une raison simple : dès son élaboration, la loi fondamentale de la RFA stipulait que les territoires allemands situés hors RFA devaient être récupérés, tous ceux y exerçant une fonction responsable étant considérés comme des criminels, des malfaiteurs. Je savais cela depuis longtemps. Mais je refusais et refuse toujours les accusations qui ont été portées contre moi. L’histoire me libérera. Mon sort personnel importe peu. En revanche, le calvaire vécu par de nombreux citoyens de la RDA relève de l’inadmissible. Je pense à tous ceux qui ont perdu leur travail alors qu’il n’y avait pas de chômage en RDA. Je pense à tous ceux qui ont été marginalisés. La division de l’Allemagne n’était pas chose naturelle. Elle était contraire à notre histoire.

 

 Mais avez-vous remarqué que les dirigeants de la RFA ont tout mis en oeuvre pour éviter la prison aux nazis ?

Moi, j’ai scrupuleusement respecté les lois de la RDA. Je n’ai commis aucun crime.

 

 Comment avez-vous vécu les derniers jours de la RDA ?

EGON KRENZ. Je ne suis pas de la génération de ceux qui venaient des camps de concentration, de la guerre, de la Résistance, de Moscou. Au bureau politique du SED, j’étais le plus jeune. Je suis un enfant de la RDA. Tous les autres avaient survécu au nazisme. J’ai exercé de nombreuses fonctions : de représentant des élèves dans mon collège, jusqu’à la présidence du Conseil d’État. Avec la disparition de la RDA, c’est une bonne partie de ma vie que j’ai enterrée.

 

 Aviez-vous passé des accords avec le chancelier Kohl ?

EGON KRENZ. Nous avions décidé d’ouvrir plusieurs points de passage. La date avait été fixée par mon gouvernement au 10 novembre 1989. Or, la veille, un membre du bureau politique, Schabowski, a annoncé publiquement, non pas l’ouverture de passages, mais la « destruction du mur ». Nous nous étions mis d’accord avec Kohl pour l’ouverture en « douceur  » des frontières.

 

    Avez-vous pensé, un moment, faire usage de la force ?

    EGON KRENZ. Je peux jurer que nous n’avons jamais envisagé une telle décision. Je savais qu’une seule mort aurait eu des conséquences tragiques. L’usage de la force, et nous en avions les moyens, aurait conduit à la catastrophe.

 

 Dans un de vos ouvrages, vous vous élevez contre la réécriture de l’histoire.

EGON KRENZ. Tant de choses ont été écrites… Il faut revenir à l’essentiel : sans Hitler, le nazisme, la Seconde Guerre mondiale et la réforme monétaire de 1948, l’histoire de l’Allemagne aurait pu s’écrire autrement. Le malheur du peuple allemand, c’est le fascisme.

 

 Pensez-vous à vos propres responsabilités ?

EGON KRENZ. J’y pense constamment. Je pense au fossé entre la direction et la base, au déficit de confiance entre le parti et la population. Le manque de démocratie, de débat, la différence entre la réalité et la propagande. Les plus anciens refusaient le débat direct. Une terrible erreur. Il fallait combattre l’adversaire sur le plan des idées. Il fallait accepter la confrontation idéologique. Nous ne l’avons pas fait. Nous rencontrions de gros problèmes économiques et nous faisions comme si tout allait bien. Pour les citoyens de la RDA, les acquis sociaux étaient chose normale. Il fallait dire la vérité, montrer les difficultés, parler franchement.

 

 Vous n’évoquez pas l’environnement international, la guerre froide, le rôle de l’Union soviétique et de Gortbachev.

EGON KRENZ. J’y viens. Je l’avoue, j’ai été naïf. J’avais une grande confiance en Gorbatchev, une grande confiance dans la perestroïka comme tentative de renouvellement du socialisme. J’ai rencontré Gorbatchev, le 1er novembre 1989, à Moscou. Quatre heures d’entretien. Je lui ai dit : « Que comptez vous faire de votre enfant ? » Il me regarde étonné et me répond : « Votre enfant ? Qu’entendez-vous par là ? » J’ai poursuivi  : « Que comptez-vous faire de la RDA ? » Il m’a dit : « Egon, l’unification n’est pas à l’ordre du jour. » Et il a ajouté : « Tu dois te méfier de Kohl. » Au même moment, Gorbatchev envoyait plusieurs émissaires à Bonn. Gorbatchev a joué un double jeu. Il nous a poignardés dans le dos.

 

 Egon Krenz, le « Gorbatchev allemand », disait-on à l’époque.

EGON KRENZ. En 1989, je l’aurais accepté comme un compliment car l’interprétant comme reconnaissant mon action visant à améliorer, à moderniser, à démocratiser le socialisme. Pas à l’abattre. Aujourd’hui, si certains me collaient cette étiquette, j’aurais honte.

 

 Vos relations avec Helmut Kohl ?

EGON KRENZ. Le premier entretien date des obsèques de Konstantin Tchernenko (1), à Moscou. J’accompagnais Erich Honecker et Kohl avait demandé à nous rencontrer. Les Soviétiques étaient opposés à cette rencontre. Mais le rendez-vous était déjà pris à notre résidence. Nous avons vu arriver Kohl. Il s’est installé et nous a dit : « Enfin, une rencontre en famille ! » Nous avons longuement parlé, puis nous avons rédigé un court texte mettant l’accent sur le respect des frontières. Mon dernier contact a eu lieu le 11 novembre 1989. Kohl m’a téléphoné, a évoqué l’ouverture pacifique des frontières et m’a remercié.

 

 Vingt après la fin de la RDA, le socialisme, selon vous, est-il mort ?

EGON KRENZ. L’idée socialiste, les valeurs socialistes vivent et vivront. Je reste persuadé que l’avenir sera le socialisme ou la barbarie. Le système ancien est définitivement mort. Je considère que j’ai failli. À d’autres de construire le socialisme moderne et démocratique. Un nouveau socialisme.

 

Entretien réalisé par José FORT, pour l’Humanité

(1) Chef d’État soviétique décédé en mars 1985.

 

18:36 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : mur de berlin, egon krenz | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

03/11/2009

Marie NDiaye. Les oiseaux de la littérature

Marie-NDiaye.jpgLivres . Le refus de capituler des femmes, ultime refuge de l’humanité. Trois femmes puissantes, de Marie NDiaye. Éditions Gallimard, 318 pages, 19 euros, prix Goncourt 2009

Qu’est-ce que la puissance ? La question se pose d’emblée, dès les premières lignes de ces trois récits, où le sort de ces trois femmes expose une vulnérabilité sans exemple. Norah, Fanta, Khady Demba, sont, à des degrés divers, les victimes d’un acharnement du destin à leur retirer le peu de part de bonheur qu’elles ont pu effleurer.

Récits de femmes

Norah est avocate, vit en France depuis toujours. Elle se rend au Sénégal, à l’appel de son père, qui a abandonné sa femme française et ses filles pour rentrer au pays, avec Sony, son fils de cinq ans. Elle n’a vu son père qu’une fois depuis la séparation de la famille. C’était un homme brillant, élégant, propriétaire d’un village de vacances, un patriarche entouré d’une cour de satellites. Elle le retrouve presque ruiné, vieilli, seul. Le beau Sony, aux impressionnants diplômes anglais, est en prison. À elle de se débrouiller pour l’en sortir, tandis qu’en France son couple se délite et que sa fille s’éloigne d’elle.

Fanta est professeure dans un lycée convoité de Dakar. Elle enseigne la littérature aux fils de diplomates, de hauts fonctionnaires et d’entrepreneurs. On imagine ce que cela a pu coûter d’énergie à la petite vendeuse de cacahuètes qu’elle était. On la retrouve dans une petite ville de Gironde, sans travail, avec un mari français déchu de l’enseignement et un fils de deux ans. Accablée, elle assiste passivement à la dégringolade du brillant médiéviste qui n’arrive même pas à conserver un poste de vendeur de cuisines aménagées.

Khady Demba assure en quelque sorte le lien entre Norah et Fanta. On l’aperçoit chez le père de Norah, où elle est domestique. Plus tard, on apprend qu’elle est la cousine de Fanta. Khady est mariée avec un homme bon, mais l’enfant qu’ils désirent ne vient pas. Sa seule ressource est de trouver refuge dans sa belle-famille, où on la traite comme une bouche inutile, avant de la confier à un passeur qui doit la faire embarquer sur un bateau pour l’Europe, en un voyage où chaque étape est un pas de plus vers le dénuement.

La « puissance » évoquée par le titre impose de ne pas lire les trois récits qui composent ce roman comme une fresque de l’humiliation et de la capitulation. Si on se demande où elle se situe, c’est avant tout dans le refus de se reconnaître comme une victime. Ne pas s’avouer vaincue : par ce seul geste, Norah, Fanta et Khady retournent la situation et affichent leur souveraineté, chacune à sa manière. Norah, en colère contre son père, désemparée face à un milieu auquel elle n’appartient que par les gènes qu’elle porte mais dont elle se sent très éloignée, refuse d’abord de s’impliquer. Peu à peu, elle va accepter cette culture, ce pays, et la mission que lui a confiée son père : faire acquitter Sony. Fanta, même si elle y occupe une place centrale, n’est pas le personnage porteur du deuxième récit. C’est son mari, Rudy Descas, qui occupe le devant de la scène. L’histoire de la déchéance de cet homme doué, consciencieux, qui aimerait tant se vouer au bien, montre, en creux, comment Fanta peut sortir, et sort, de la résignation. Quant à la troisième femme, la veuve stérile dont personne ne veut, son obstination à se dire, dans les pires épreuves, « je suis Khady Demba », à réaffirmer en silence son identité comme trésor inaliénable impressionne par son caractère radical, par la pureté de ce cri intérieur face au malheur. On pense à l’affirmation pascalienne de la souveraineté de l’homme, surpassant l’univers qui l’écrase. C’est peut-être au nom de l’humanité tout entière que ces femmes refusent le malheur et redressent la tête.

Avant tout, c’est la faute des pères, pourtant, qu’elles expient. Le crime, même. Le vertige tranquille et aveugle de domination qui les y conduit se transmet en héritage aux fils : beaux, intelligents, élégants, ceux à qui l’avenir sourit, Sony, frère de Norah, Rudy, mari de Fanta, descendent aux enfers parce que, d’une manière ou d’une autre, consciemment ou non, volontairement ou non, ils endossent la violence des pères, et y entraînent à leur suite les femmes, soeurs ou épouses. Pas de rédemption pour eux écrite dans le livre du destin. Sauf peut-être, à passer par cette « puissance » dérisoire des femmes, dérisoire et infinie.

une fable réaliste

Méditation presque métaphysique sur cette capacité des femmes à trouver au fond du malheur de quoi sauver l’humanité, Trois femmes puissantes n’est pas une fable philosophique abstraite. Les récits que nous fait vivre Marie Ndiaye sont profondément, puissamment incarnés. Jamais elle n’avait offert au lecteur de texte si sobre et si réaliste, si proche de la matière, de la sensation. Maisons africaines vides ou surpeuplées, routes de l’exil, violence des parloirs ou des postes frontières, présence des corps pesants ou légers, tout est dit en quelques mots précis, efficaces. Parfois cependant, l’auteur des récits « magiques » reprend la parole. L’image quitte le sol, emporte le lecteur vers le rêve : juste quelques phrases qui trouent le quotidien et ouvrent l’espace du réel vers un ailleurs où la méditation trouverait son lieu. Comme le vieux marabout perché sur un flamboyant, la buse qui fond sur Rudy ou les corbeaux qui ponctuent l’ascension de Khady vers les barbelés des frontières de l’Europe, ces phrases sont les oiseaux qui, d’un récit à l’autre, nous disent que derrière les apparences, la littérature prend son vol, dans un des plus beaux romans que nous propose cette rentrée.

Alain Nicolas, pour l'Humanité du 09 octobre 2009

BIOGRAPHIE

Marie NDiaye, née à Pithiviers (France) le 4 juin 1967 d'un père d'origine sénégalaise et d'une mère française, est une femme de lettres française. Elle est la sœur de Pap Ndiaye, historien et maître de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales et l'épouse de l'écrivain Jean-Yves Cendrey, avec lequel elle a écrit un ensemble de trois pièces de théâtre intitulé Puzzle en 2007.

Ayant à écrire vers l'âge de 12-13 ans, elle n'a que 18 ans lors de la publication de son premier ouvrage. Elle a obtenu une bourse qui lui a permis d'étudier pendant un an à la Villa Médicis à Rome.

Marie NDiaye a reçu le Prix Femina en 2001 avec son roman Rosie Carpe et sa pièce Papa doit manger figure au répertoire de la Comédie-Française.

Romans :

* Quant au riche avenir - Minuit, 1985 (ISBN 2-7073-1018-2)
* Comédie classique - P.O.L, 1988 (ISBN 2-86744-082-3)
* La femme changée en bûche - Minuit, 1989 (ISBN 2-7073-1285-1)
* En famille - Minuit, 1991 (ISBN 2-7073-1367-X)
* Un temps de saison - Minuit, 1994 (ISBN 2-7073-1474-9)
* La Sorcière - Minuit, 1996 (ISBN 2-7073-1569-9)
* La naufragée - Flohic, 1999 (ISBN 2842340620)
* Rosie Carpe - Minuit, Prix Femina 2001 (ISBN 2-7073-1740-3)
* Tous mes amis, nouvelles - Minuit, 2004 (ISBN 2-7073-1859-0)
* Autoportrait en vert - Mercure de France, 2005 (ISBN 2-7152-2481-8)
* Mon cœur a l'étroit - Gallimard, 2007 (ISBN 978-2-07-077457-9)

théâtre :

* Hilda - Minuit, 1999 (ISBN 2-7073-1661-X)
* Papa doit manger - Minuit, 2003 (ISBN 2-7073-1798-5)
* Rien d'humain - Les Solitaires Intempestifs, 2004 (ISBN 2-84681-095-8)
* Les serpents - Minuit, 2004 (ISBN 2-7073-1856-6)
* Providence - in Jean-Yves Cendrey et Marie NDiaye, Puzzle, Gallimard, 2007 (première édition : Comp'Act, 2001)
* (avec Jean-Yves Cendrey) Toute vérité - in Jean-Yves Cendrey et Marie NDiaye, Puzzle, Gallimard, 2007.

Romans jeunesse :

* La diablesse et son enfant, illustration Nadja - École des loisirs, 2000 (ISBN 2211056601)
* Les paradis de Prunelle, illustration Pierre Mornet - Albin Michel Jeunesse, 2003 (ISBN 2226140689)
* Le souhait, illustration Alice Charbin - École des loisirs, 2005 (ISBN 2211079628)

LA POLEMIQUE

Eric Raoult, maire UMP du Raincy et député de Seine-Saint-Denis, veut faire taire Marie Ndiaye. Dans une question écrite transmise au ministère de la Culture la semaine dernière, le député UMP réagit violemment à un entretien publié par Les Inrockuptibles au mois d'août et en appelle au « devoir de réserve dû aux lauréats du prix Goncourt » :

Bien sûr le droit de réserve invoqué par Eric Raoult est un fantasme qui n’existe pas. Ci-dessous se trouve le passage de l’entretien concerné.

Vous sentez-vous bien dans la France de Sarkozy ?

Je trouve cette France-là monstrueuse. Le fait que nous (avec son compagnon, l’écrivain Jean-Yves Cendrey, et leurs trois enfants – ndlr) ayons choisi de vivre à Berlin depuis deux ans est loin d’être étranger à ça. Nous sommes partis juste après les élections, en grande partie à cause de Sarkozy, même si j’ai bien conscience que dire ça peut paraître snob. Je trouve détestable cette atmosphère de flicage, de vulgarité… Besson, Hortefeux, tous ces gens-là, je les trouve monstrueux. Je me souviens d’une phrase de Marguerite Duras, qui est au fond un peu bête, mais que j’aime même si je ne la reprendrais pas à mon compte, elle avait dit : “La droite, c’est la mort.” Pour moi, ces gens-là, ils représentent une forme de mort, d’abêtissement de la réflexion, un refus d’une différence possible. Et même si Angela Merkel est une femme de droite, elle n’a rien à voir avec la droite de Sarkozy : elle a une morale que la droite française n’a plus.

14:08 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : marie ndiaye, prix concourt | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

30/10/2009

LE CHANT DES TOURTERELLES

tourterellles0001.jpgL’HISTOIRE

Alep, 1943, la belle Djémilé vient de perdre Rassime, l’époux que son père lui avait imposé. Alors elle s’en ira, à pied avec ses cinq enfants, comme s’en va le fleuve Asi qui coule depuis les montagnes du Liban jusqu’au cœur d’Antakya, en Turquie, la ville où elle est née.

Elle va recommencer sa vie, puis ses enfants et petits-enfants y feront la leur, jusqu’au départ, jusqu’à l’exil final.

sema4.jpgL’AUTEUR

Sema Kiliçkaya est née en Turquie en 1968, mais elle a grandi en France. Elle y devient enseignante et traductrice. Elle a également publié un recueil de nouvelles, Anadolu : Contes, récits et anecdotes de Turquie.

LA CRITIQUE

Le chant des tourterelles est le premier roman écrit par Sema Kiliçkaya (une suite est prévue), et son deuxième livre après « Anadou : Contes, récits et anecdotes de Turquie ».

Ce roman est universel. Même si ici il puise dans les sources de la Turquie, de l’Anatolie, de la Syrie, du Liban, de l’Arménie, l’histoire de cette famille peut se répéter, avec ses coutumes propres dans tous les continents de la Planète, dans toutes les régions de notre pays.

Chacun ici, peut se reconnaître.

L’immigration, qui concerne de nombreux Turcs qui partent vers la Suisse, l’Allemagne ou la France est abordée :

« -Maudits soient ces pays qui nous arrachent nos fils, pleurèrent les mères

-Qu’importe le pays où l’on naît, c’est celui qui nous nourrit qui compte, répondaient les fils.

-Hors de votre patrie vous serez loin de la mémoire des vivants. L’oubli sera votre tombe !

- L’exil avec la richesse, c’est une patrie. La pauvreté chez soi, c’est un exil, ripostaient-ils »

Le sujet est bien universel.

La religion, les croyances sont aussi traitées.

-le poète a dit : « Ouvre vraiment  les yeux, ma fille, et regarde. Tu verras ton image dans toutes les images. Ouvre bien grand tes oreilles et écoute, tu entendras ta propre voix dans toutes les voix. Regarde-toi dans la glace et Dieu t’apparaîtra . Il n’est pas d’autres Dieu que l’homme, le reste n’est qu’histoires à vivre tranquillement ».

Ce livre à la riche écriture est une invitation à un voyage dans le temps, l’espace et la vie en compagnie d’une famille, d’un village, d’un peuple finalement pas si étranger que cela.

Le Chant des tourterelles de Sema Kiliçkaya, édition l’Argentier, 15 €.

19:11 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le chant des tourterelles, sema kiliçkaya, roman, l'arganier | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!