16/09/2010
Contre Sarkozy, l'appel citoyen des sommets
La semaine dernière, sur une dizaine des plus hautes montagnes du pays, des alpinistes citoyens
ont affiché leur colère face aux politiques contraires aux valeurs essentielles de la République. Retour sur une manifestation inédite.
Là-haut, l’air est plus pur. Sous les nuages, la France de tout en bas, celle des terrains évacués et des chasses privées, celle des retraites sabrées et du bouclier fiscal, celle d’une Révolution effacée et d’un Ancien Régime restauré, un pays où, méthodiquement, le pouvoir en place aujourd’hui, Sarkozy et consorts, arase les libertés, écrête l’égalité et ratiboise les fraternités. Le week-end dernier, des dizaines d’alpinistes, professionnels de la montagne ou amateurs, femmes et hommes, jeunes ou vieux, ont escaladé plusieurs montagnes emblématiques des Alpes et des Pyrénées pour contester au sommet des politiques du gouvernement contraires aux valeurs essentielles de la République. Du Mont-Blanc (4 810 mètres) au pic du Midi d’Ossau (2 885 mètres) en passant par la Meije (3 983 mètres), la dent Parrachée (3 697 mètres), le Grépon (3 482 mètres), l’aiguille de la République (3 305 mètres), bien sûr, et d’autres cols encore, les participants à ces « ascensions républicaines » ont voulu souffler au pays, depuis ses cimes, la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » pour dissiper les vents mauvais.
Traque des Roms, crise économique, contre-réformes sociales, affaire Woerth-Bettencourt étouffée... C’est à la fin du mois d’août que l’idée a germé dans la tête de Yannick Vallençant. Diplômé d’écoles de commerce, d’ingénieurs et de journalisme, aujourd’hui consultant et guide de haute montagne dans les Alpes, l’homme, « toujours un peu à contre-courant », revendique-t-il, ne décolère pas devant les politiques de Nicolas Sarkozy depuis son élection à la présidence de la République en mai 2007. « Je ne suis pas membre d’un parti, mais je suis assez politisé, raconte-t-il. Je m’efforce de réfléchir comme citoyen et à cet égard, je suis révolté par Nicolas Sarkozy, pas simplement depuis cet été, mais depuis des années ! Les politiques qu’il mène, sa non-exemplarité, ses coups de com, sa vulgarité... Je suis opposé à toutes ses options et, plus grave, je considère qu’il bafoue les valeurs républicaines les plus élémentaires. Traditionnellement, le milieu de la montagne cherche à se dégager de la politique, mais là, la proposition d’action citoyenne a bien pris, et vite ! Ce projet d’ascensions républicaines a été accueilli comme un appel d’air. Enfin ! On n’est pas obligés de subir ces atteintes à nos valeurs sans réagir. L’énergie collective qui se dégage nous regonfle pour la suite. »
Les opérations se montent en quelques jours, sans budget mais avec toutes les bonnes volontés. Et les 11 et 12 septembre, deux semaines après avoir été imaginées, les « ascensions républicaines » ont lieu. Le mouvement s’étend même aux Pyrénées où quelques guides envisagent d’organiser un pique-nique républicain et de déployer une banderole au sommet de l’Ossau. Mais à la veille de l’événement, la direction du parc national des Pyrénées interdit la « manifestation » au motif assez piquant que la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » pourrait être assimilée à une « publicité ». Dans la République des Pyrénées, le directeur du parc naturel, qui affirme n’avoir subi aucune pression politique, prétend « ne pas vouloir créer de précédent » : « Imaginez que la prochaine fois que d’autres veuillent se servir du parc pour lancer un message de haine ! » Le jour venu, les alpinistes pyrénéens prennent le parti de désobéir et, au sommet de l’Ossau, ils affichent leur message sans porter de banderole... « Nous sommes des montagnards d’horizons différents, tous là à titre individuel, explique Rémi Thivel, un des guides. Pour moi, c’est le discours de Grenoble qui a tout déclenché. Je ne me reconnais pas dans le pays que Nicolas Sarkozy façonne. Et ma vie, mon domaine, c’est la montagne : du coup, pour nous, c’est naturel de nous exprimer aussi là-haut ! Que les autorités aient voulu interdire un message aussi républicain que “Liberté, Égalité, Fraternité”, c’est tout de même assez invraisemblable ! »
Dans les Alpes, après avoir reconstitué, samedi matin, la scène de La Liberté guidant le peuple, le tableau de Delacroix, sur la mer de Glace dans le massif du Mont-Blanc (l’image a déjà été diffusée dans notre édition de lundi), les alpinistes citoyens sont partis dimanche à l’assaut des différents sommets. Membre de l’association Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui (CRHA) qui organise chaque année un rassemblement sur le plateau des Glières (lire l’Humanité du 17 mai 2010), Isabelle Velarde s’est retrouvée, tout en haut du mont Blanc, à brandir une banderole avec un copain, un guide et ses clients qui ont tenu à s’associer à l’initiative. « C’est une occasion de discuter dans un froid de canard, avec un vent de 60 km/h, témoigne-t-elle. C’est ce qui est intéressant dans cette affaire : d’un coup, on permet à tout le monde de s’engager physiquement, de se faire entendre face à l’inacceptable. » Pour Yannick Vallençant, qui a gravi, avec une cordée de neuf alpinistes et dans des conditions dantesques, l’aiguille de la République, ces « ascensions républicaines » ont une autre vertu. « Alors qu’Éric Woerth ou Christian Estrosi médiatisent leurs virées en montagne afin de récupérer l’imaginaire de la montagne pour leur propre propagande, nous voulons défendre les valeurs profondes de la pratique de l’alpinisme. C’est une activité qui exige des qualités humaines comme la solidarité, le courage et l’altruisme, qui fait partie de ces expériences extrêmes, hors normes, un peu à l’instar de la Résistance. L’alpinisme offre l’occasion à l’homme de donner le meilleur de lui-même, de grandir en humanité, en développant des qualités morales essentielles. L’éthique et l’élégance sont au cœur de cette activité, quand elle est bien pratiquée. Je refuse ainsi viscéralement de voir la symbolique de la montagne et de l’alpinisme constamment récupérée par les acteurs d’une action politique médiocre, vile, voire inhumaine. »
Photos Rémi Thivel, article l'Humanité
Pour visualiser quelques-unes des images des "ascensions républicaines", cliquez ici.
18:37 Publié dans Cactus | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : montagne, sarkozy, photos | |
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05/09/2010
LE DESSIN DU MOIS DE SEPTEMBRE
18:51 Publié dans Le dessin du mois | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : retraite | |
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02/09/2010
Chômage : le triomphalisme excessif de la majorité


Même satisfaction, ou presque, dans la bouche de Christine Lagarde. "On a des raisons de penser que non seulement on a stabilisé le chômage mais on est peut-être passé du bon côté de la stabilisation. On s'installe, je l'espère, durablement dans la diminution du chômage", explique la ministre de l'économie à l'agence Reuters.
DES CHIFFRES PAS SI RÉJOUISSANTS
Pourtant, l'examen attentif des statistiques livrées par l'Insee relativise très fortement l'enthousiasme de la majorité. D'une part, le chiffre donné par Frédéric Lefebvre ne tient pas compte de l'outre-mer. En réalité, le chômage est passé de 9,9 % à 9,7 % sur le territoire français, outre-mer compris.
Ensuite, le chiffre cité par le porte-parole de l'UMP, issu de "l'enquête emploi" semestrielle de l'Insee, prend seulement en compte les personnes au chômage total, c'est-à-dire inscrites au Pôle Emploi et qui n'ont pas travaillé du tout durant le semestre. Il n'intègre ni des temps partiels non souhaités, ni des personnes en formation.
Le sous-emploi, c'est-à-dire les salariés à temps partiel désireux de travailler plus, ou les chômages techniques ou partiels, touche ainsi 1,48 million de personnes, soit 5,8 % des personnes en situation d'emploi. Il est en recul de 0,3 % par rapport au trimestre précédent.
Le nombre de personnes dites "proches du chômage", à savoir sans emploi mais qui ne remplissent pas les critères pour être comptabilisées comme chômeurs (car ils ne sont pas disponibles pour une recherche active, par exemple), est, lui, en nette hausse sur un an : 3,3 millions de personnes sont dans ce cas, soit 47 000 de moins qu'au premier semestre, mais 84 000 de plus qu'en septembre 2009.
PRÉCARITÉ EN HAUSSE
De plus, les emplois créés sont le plus souvent précaires. L'Insee note une hausse de la part des CDD et des contrats d'intérim, et une baisse constante des CDI. Pôle Emploi admet également une hausse des personnes en contrat aidé (+ 45,5 % en un an) et des stages (+ 11,7 %), qui sortent de fait des statistiques du chômage.
L'Insee rappelle par ailleurs les écarts abyssaux entre la moyenne du chômage et le taux constaté chez les jeunes. Le chômage de 15-24 ans en activité est en légère hausse, à 24,1 % contre 24 % au premier semestre en comptant l'outre-mer. Un chiffre qui cache une disparité hommes-femmes, le chômage de ces dernières étant en hausse de 2,3 % sur le trimestre, à 24,7 %, tandis que celui des jeunes hommes recule de 2 % à 22 %.
Chez les seniors, le taux d'emploi continue d'augmenter légèrement (42,1 % pour les 55-64 ans, en hausse de 0,3 point sur un an), mais reste bas. Le chômage des 55-64 ans, lui, s'établit à 6,3 % avec l'outre-mer, en baisse de 0,5 % sur le trimestre, mais en hausse de 1,1 % en deux ans.
Le vice-président de l'assurance-chômage, Geoffroy Roux de Bézieux, a d'ailleurs nettement tempéré l'enthousiasme de la majorité. S'il a reconnu, sur LCI, "qu'on peut dire que la hausse du chômage s'est stabilisée", il estime que "l'économie française n'est pas en train de reprendre les créations d'emploi, en dehors de l'intérim, alors que la population active continue de croître". Dès lors, estime-t-il, "se hasarder à un pronostic sur l'emploi est difficile". Depuis la crise en 2008, la France a détruit près d'un demi-million d'emplois salariés.
Journal Le Monde
18:13 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chômage, chiffres | |
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19/08/2010
SACCAGE DES VIGNES : UNE ATTEINTE A LA LIBERTE DE CHERCHER
Invitée de Bourdin Direct sur RMC, Marion Guillou, présidente directrice générale de l’INRA (Institut national de recherche agronomique), est notamment revenue sur le saccage des vignes OGM d’une unité de l’Inra à Colmar la semaine dernière.
« Le grand public n’a pas l’air de se rendre compte de la situation » a déploré Marion Guillou. « Ce sont huit ans de travail qui sont ainsi piétinés. C’est un acte extrêmement violent. D’abord, il y a franchissement de clôture. Ils sont entrés dans les locaux de l’Inra et ils ont détruit un outil de travail de chercheur. Dire que c’est non violent, ce n’est pas correct du tout. Les chercheurs envisagent de ne pas continuer. Tout notre travail va être de les remotiver pour garder cette compétence en France » a-t-elle déclaré, ajoutant : « Imaginez-vous l’image de la France aux yeux des scientifiques qui savent qu’il est presque impossible en France de faire un essai en champ pour savoir ce qu’il se passe dans un OGM en réalité ».
Pour ces raisons, l’Inra a porté plainte en raison de « l’atteinte à la liberté de chercher ».

« 60% des vignes françaises sont atteintes par la maladie du court-noué. C’est la mort du vignoble sur quelques années si cela continue. Le vignoble français et, plus largement, mondial, est menacé par ce virus. Les viticulteurs le savent bien. Ils ont des pertes très significatives chaque fois que la vigne est atteinte. La maladie gagne inexorablement année après année. On avait un produit de traitement chimique pour la soigner qui est désormais interdit. On explore donc actuellement trois voies de lutte contre le court-noué : l’expérimentation OGM n’était jamais qu’une des expérimentations dans le cadre de cette recherche de solutions. On pensait qu’un bois de vigne génétiquement modifié pouvait éventuellement ralentir le virus. En laboratoire, cela marchait. Nous n’avons pas pu aller au bout de l’expérimentation, ce qui est grave pour l’expertise française. »
15:53 Publié dans Entretiens | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : inra, vigne, ogm | |
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